Au nom de tous les membres du comité, j'aimerais vous souhaiter la bienvenue.
Bienvenue à tous.
Ce matin, conformément au Règlement, nous nous penchons sur l'un des chapitres du rapport du commissaire à l'environnement et au développement durable. Ce chapitre porte sur les risques liés aux substances toxiques, une question préoccupante pour tous les Canadiens, ou si ça ne l'est pas, ça devrait l'être. Il s'agit du rapport de l'automne 2009 du commissaire.
Nous sommes heureux d'accueillir un grand nombre de témoins ce matin.
Du Bureau du vérificateur général du Canada, nous recevons M. Scott Vaughan, commissaire à l'environnement et au développement durable. M. Vaughan est accompagné de son directeur principal, Jim McKenzie.
Du ministère de l'Environnement, nous recevons Brian Gray, sous-ministre adjoint. Il est accompagné de Cynthia Wright, sous-ministre adjointe par intérim, de Margaret Kenny, directrice générale des secteurs des produits chimiques, et de George Enei, directeur général des sciences et de l'évaluation des risques.
Enfin, du ministère de la Santé, nous recevons Glenda Yeates, sous-ministre et administratrice des comptes. Mme Yeates est accompagnée de Karen Lloyd, directrice générale, et d'Athana Mentzelopoulos, directrice générale.
Ce sont les témoins que nous allons entendre aujourd'hui.
Encore une fois, bienvenue. Nous allons maintenant vous demander de présenter vos déclarations préliminaires.
Vous êtes le premier, M. Vaughan. Vous avez cinq minutes.
:
: Bonjour, monsieur le président, et merci.
[Français]
Monsieur le président, nous sommes heureux d'être ici ce matin pour discuter des constatations du chapitre 2 de mon rapport de l'automne 2009, intitulé « Les risques liés aux substances toxiques ».
Au cours de cette vérification, nous avons examiné 7 des 85 substances inscrites sur la liste des substances toxiques aux termes de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement. Sur les sept substances que nous avons examinées, certaines sont bien connues, comme le plomb et le mercure. D'autres sont nouvelles et donc moins bien connues, comme les PBDE, qui peuvent être tout aussi dommageables pour la santé des Canadiens. Ces substances toxiques peuvent être présentes dans une gamme de produits allant des jouets pour enfants aux produits électroniques.
Nous avons constaté que, dans l'ensemble, Santé Canada et Environnement Canada ont mis en place ou proposé une gamme de mesures de contrôle, allant du règlement à des plans antipollution, conçues pour gérer les sources d'émission et pour atténuer les risques liés à l'exposition à ces substances toxiques.
[Traduction]
Nous avons également constaté que les deux ministères évaluent les concentrations réelles de mercure, de plomb et d'autres substances présentes dans l'organisme des Canadiens. Nous avons noté que les niveaux actuels de plomb et de mercure dans le sang des Canadiens sont faibles, et que, dans le cas du plomb, ces niveaux ont diminué de façon importante au cours des trois dernières décennies.
Néanmoins, ces substances posent toujours des risques pour les personnes qui y sont exposées. Cette situation met en lumière une observation clé de la vérification. Malgré des progrès, les risques posés par les substances toxiques telles que le plomb et le mercure nécessitent encore une gestion active.
[Français]
Monsieur le président, j'aimerais soulever quatre questions particulières qui posent des défis de taille aux ministères alors qu'ils s'efforcent de gérer et d'atténuer les risques liés aux substances toxiques.
La première question concerne les stratégies de gestion de risques. Bien que ce type de stratégies existe pour cinq des sept substances que nous avons examinées, le plomb et le mercure n'en comptent toujours pas.
Nous avons recommandé que des stratégies intégrées soient préparées pour gérer le plomb et le mercure. Nous nous attendions à ce que de telles stratégies permettent d'étudier les progrès réalisés à ce jour, d'établir et d'atteindre des objectifs et des priorités clairs et de prendre en compte les résultats des recherches scientifiques. Par exemple, je pense à la recherche sur la concentration du plomb actuellement considérée comme acceptable dans le sang qui, en fait, pourrait être trop élevé.
[Traduction]
La deuxième question concerne la capacité des programmes des ministères à promouvoir et à faire respecter la conformité. Environnement Canada a adopté une approche visant à promouvoir des politiques et des règlements sur le respect et la mise en application de la conformité. Cette approche lui permet d'établir des priorités pour bien affecter ses ressources, qui sont limitées.
La troisième question traite des produits de consommation. Notre vérification a révélé que, même s'ils sont relativement rares, les risques liés à des niveaux inacceptables de plomb dans les jouets et les bijoux posent toujours un risque pour ceux qui sont les plus vulnérables dans la société canadienne, nos enfants. Parmi les produits de consommation mentionnés dans le chapitre, il y a les sucettes pour bébés et les articles en vinyle qui contiennent des phtlalates, une substance inscrite sur la liste des substances toxiques en 1999 et pour laquelle des mesures de contrôle ont été proposées en 2009.
[Français]
Le chapitre aborde la question de l'étiquetage sur les dangers chroniques posés par les substances toxiques des produits de consommation. L'étiquetage est obligatoire pour informer le consommateur des dangers liés aux substances toxiques et pour lui donner des instructions sur la manipulation sécuritaire du produit afin d'éviter l'empoisonnement.
Il reste à savoir si les ministères ne devraient pas aller plus loin, comme le font certains pays visés par une initiative de l'ONU, en prévenant les consommateurs des dangers chroniques de l'exposition tels que les risques de cancer.
[Traduction]
La quatrième question concerne les programmes de biosurveillance entrepris par le gouvernement fédéral pour comprendre les concentrations de substances toxiques présentes dans l'organisme des Canadiens. Santé Canada, en collaboration avec d'autres partenaires fédéraux, a lancé plusieurs études d'envergure, telles que l'Enquête canadienne sur les mesures de la santé, pour mieux évaluer la présence de substances toxiques dans l'organisme des Canadiens. On s'attend à ce que la portée de cette enquête soit étendue aux enfants de trois à cinq ans, tandis que des efforts sont réalisés pour mener des programmes de biosurveillance chez les premières nations. Ce sont là d'importantes initiatives qui fourniront les données clés nécessaires pour déterminer si les efforts déployés par les ministères en matière de contrôle permettent vraiment d'améliorer la santé.
Environnement Canada et Santé Canada ont accepté toutes nos recommandations. Le comité voudra peut-être se pencher sur le caractère adéquat des plans d'action des ministères, sur la stratégie globale de gestion des risques liés aux substances toxiques présentes dans les produits de consommation, sur les efforts déployés par les ministères en matière de conformité, de promotion et de mise en application des mesures, y compris la capacité de maintenir ces activités à la lumière de la croissance prévue des substances toxiques dans les produits de consommation et des mesures de contrôle qu'elles susciteront, de même que sur les plans mis en place pour donner suite aux données tirées des programmes nationaux de biosurveillance.
Monsieur le président, voilà qui conclut ma déclaration préliminaire. Nous serons heureux de répondre à vos questions. Merci.
:
Merci, monsieur le président, mesdames et messieurs.
Au nom d'Environnement Canada, et en compagnie de mes collègues de Santé Canada, je suis heureuse de comparaître devant le comité aujourd'hui et d'avoir l'occasion de parler de cet important chapitre.
Vous savez peut-être que la Loi canadienne sur la protection de l'environnement, ou la LCPE 1999, est la principale loi du Canada en matière d'environnement qui régit l'évaluation et la gestion des substances chimiques. Au moyen de la LCPE, Environnement Canada et Santé Canada collaborent avec leurs partenaires d'autres champs de compétence et avec divers intervenants pour protéger la santé et l'environnement des Canadiens.
La complexité que présente la protection de l'environnement et de la santé des Canadiens exige un solide processus de gestion. Le processus appliqué en vertu de la LCPE 1999 peut être décrit comme un cycle. Ce cycle comprend l'évaluation des risques, la gestion des risques, la promotion de la conformité, l'application de la loi, la recherche et la surveillance.
Dans la phase d'évaluation, les substances comme celles qui ont été examinées lors de cette vérification sont évaluées sous un angle scientifique pour cerner tout risque qu'elles sont susceptibles de poser pour la santé humaine et l'environnement. L'évaluation des risques permet aussi de déterminer les sources de pollution, qui à leur tour nous aident à prendre des décisions éclairées quant aux mesures à adopter.
Heureusement, la LCPE 1999 prévoit divers instruments pouvant servir à prendre des mesures au titre de la gestion des risques en vue de protéger l'environnement et la santé humaine, des mesures qui sont rentables et qui tiennent compte des facteurs sociaux, économiques et technologiques. Il faut ensuite faire un suivi pour vérifier que les mesures de gestion des risques sont exécutées. Quand il y a un problème lié à la non-conformité, nous entreprenons diverses activités, de la sensibilisation aux mesures requises jusqu'à l'application de la loi, s'il y a lieu. L'information relative à la conformité sert à évaluer les processus et les mesures prévus dans la LCPE 1999 et, par la suite, à les améliorer.
Enfin, la recherche et la surveillance permettent de relever les conséquences associées aux risques pour l'environnement et pour la santé et d'en faire le suivi. Ces renseignements forment le fondement de ce processus décisionnel en matière de santé publique et d'environnement et permettent de jauger l'efficacité des mesures de contrôle, ce qui éclaire et relance le processus dans d'autres phases du cycle.
Prenons l'exemple du mercure, l'une des substances sur lesquelles portait la vérification. Le mercure préoccupe le gouvernement fédéral depuis de nombreuses années. Nous réglementons le mercure depuis plus de 30 ans, et nous en sommes maintenant au point où la recherche et la surveillance nous montrent que les émissions de mercure d'origine humaine ont diminué de plus de 90 p. 100 depuis que nous avons commencé à intervenir.
La gestion des risques a été amorcée à la fin des années 1960 et s'est concentrée sur les niveaux de mercure dans le poisson puisque c'était, et c'est encore, la principale source d'exposition au mercure pour les Canadiens. Une stratégie de gestion des risques pour les concentrations de mercure dans le poisson vendu au détail a été mise en oeuvre au cours de cette période. Dans les années 1970, au fur et à mesure que nos connaissances du sujet s'enrichissaient, des règlements ont été promulgués sous le régime de la Loi sur les pêches et de la Loi sur la lutte contre la pollution atmosphérique, qui fait maintenant partie de la LCPE, pour s'attaquer à une source ponctuelle qui était associée aux quantités de mercure libérées dans l'eau et dans l'air par les usines de cellules à mercure qui manufacturaient le chlore nécessaire à la fabrication du PVC.
Ces mesures n'étaient que le début de notre activité de gestion des risques associés au mercure et, aujourd'hui, 20 textes de loi sont en vigueur et diverses autres mesures sont prévues à court terme, dont un nouveau règlement visant le mercure dans les produits.
Et nous en sommes maintenant au point où des réductions réelles des dépôts de mercure vont nécessiter une intervention internationale et, d'après nos recherches et notre programme de surveillance, plus de 95 p. 100 des dépôts de mercure observés au Canada émanent de sources étrangères. C'est pour cette raison que le Canada prend une part active au Programme des Nations unies pour l'environnement en vue de créer un instrument international ayant force obligatoire pour réduire les émissions de tous les pays.
Nos programmes de gestion des risques continuent d'évoluer et, plus récemment, nous avons instauré le Plan de gestion des produits chimiques, ou le PGPC, dans le but de nous rapprocher des objectifs de la LCPE. Géré conjointement par Environnement Canada et Santé Canada, le PGPC a mis le Canada à l'avant-garde de l'évaluation et de la gestion des risques associés aux substances utilisées dans bon nombre de produits industriels et de consommation.
Quand le PGPC a été lancé en 2006, nous avons effectué le tri de 23 000 produits chimiques qui n'avaient pas encore été évalués au titre du régime moderne, et nous en avons recensé 4 300 qui nécessitaient une attention plus poussée. Depuis, nous avons publié 120 évaluations portant sur près de 1 300 substances, nous avons tiré des conclusions définitives relativement à plus d'une centaine de substances hautement prioritaires, et nous avons pris des mesures pour 31 d'entre elles.
Notre engagement à l'égard des stratégies de gestion des risques se traduit dans le PGPC, où elles sont les principaux outils de la détermination d'objectifs concrets, de la surveillance des progrès et de la présentation de rapports à cet égard.
La gestion des produits chimiques est un processus continu. Au fur et à mesure que nous réalisons des progrès en matière d'évaluation, de surveillance et de gestion des substances, nous continuons de mieux cibler nos efforts pour protéger l'environnement et la santé des Canadiens contre les substances nocives.
Merci.
:
Merci beaucoup monsieur le président, mesdames et messieurs.
[Français]
Monsieur le président, membres du comité, je suis très heureuse d'être ici aujourd'hui pour discuter avec vous du rapport du commissaire à l'environnement et au développement durable.
[Traduction]
Je suis très heureuse d'être ici et j'aimerais remercier le commissaire pour ses commentaires à propos du ministère.
Il s'agit de ma première comparution devant votre comité en tant que sous-ministre de la Santé, et je suis très heureuse que le sujet abordé soit d'une importance aussi grande pour les Canadiens.
[Français]
Santé Canada est pleinement engagé à protéger la santé et la sécurité de la population canadienne. Le ministère prend très au sérieux la tâche qui lui a été confiée et qui consiste à gérer les substances posant un danger pour la santé humaine.
Santé Canada et Environnement Canada se sont déjà dotés de politiques de gestion des risques détaillées dans l'optique de contrer les dangers associés à plusieurs produits dangereux, y compris le mercure et le plomb. Quoique ces stratégies ne fussent pas préparées dans une forme consolidée, comme nous le faisons aujourd'hui, des mesures de gestion de risques pour le plomb et le mercure ont été conçues et mises en oeuvre. Nous faisons aussi la vérification de l'efficacité.
[Traduction]
On sait depuis plusieurs décennies que le plomb est un produit chimique dangereux. Au cours des 40 dernières années, le gouvernement canadien a mis sur pied plusieurs initiatives dans le but de réduire les taux d'exposition au plomb. Ces efforts ont entraîné une chute radicale des taux de plombémie au sein de la population canadienne. Il s'agit d'une belle réussite sur le plan de la santé publique. Au cours de cette même période, le Canada est arrivé à réduire de 90 p. 100 ses émissions de mercure attribuables à l'activité humaine, comme l'a souligné ma collègue du ministère de l'Environnement.
Mais nous poursuivons nos efforts en vue de protéger la santé des Canadiens en misant sur un plan de gestion des produits chimiques efficace fondé sur un savoir scientifique solide et rigoureux. C'est un plan qui nous permet d'évaluer et de gérer les risques que posent les produits chimiques pour la santé humaine et pour l'environnement.
Dans le cadre de ce plan, nous nous sommes donnés pour tâche d'évaluer 200 produits chimiques d'intérêt prioritaire d'ici 2011 et d'engager toute mesure de gestion des risques nécessaire. J'ai grand plaisir à vous dire que nous avons respecté le calendrier fixé à ce chapitre, ayant déjà terminé l'évaluation finale de 120 des produits figurant sur cette liste.
Pour mettre les choses en contexte, nous avons tellement accéléré le rythme de nos évaluations que leur nombre est passé de 70 en 18 ans à 70 par année. Comme je l'ai mentionné, nous serons en mesure de mener à bien le reste des évaluations d'ici 2011, conformément au calendrier fixé.
[Français]
Santé Canada poursuit ses recherches pour arriver à mieux comprendre les dangers posés par d'autres produits chimiques et à mieux orienter les efforts de surveillance pour déceler leurs effets sur la santé humaine.
En raison de notre évaluation des dangers posés par le bisphénol A, le Canada est devenu le premier pays au monde à interdire les biberons contenant ce produit chimique. Le Canada a aussi été le premier pays à limiter le taux de plomb dans les bijoux pour enfants. Les restrictions canadiennes relatives aux concentrations de plomb sont parmi les plus sévères au monde.
[Traduction]
Nous continuons de prendre connaissance des nouvelles données scientifiques sur les produits chimiques pour déterminer s'il faut engager des mesures additionnelles. Comme nous l'avons souligné dans la vérification, c'est ce à quoi nous nous affairons actuellement dans le cas du plomb. À mesure que nous ajusterons notre stratégie de gestion des risques, nous donnerons suite aux recommandations du commissaire en produisant une description intégrée et complète des mesures engagées et du progrès réalisé par Santé Canada jusqu'ici, en ayant soin de préciser les autres mesures à prendre et les dates d'échéance prévues.
En ce qui concerne l'observation du rapport touchant l'étiquetage des produits de consommation, nous avons agi de façon très réfléchie et avons mis l'accent sur le fait que l'un des trois piliers de notre approche réglementaire est la prévention active. Cela confirme que, pour assurer la sécurité des produits de consommation, il est absolument nécessaire que le consommateur soit bien informé. En ce sens, nous convenons que l'étiquetage figure parmi les divers outils de la trousse de réglementation. Cependant, de vives discussions ont toujours cours à l'échelle internationale quant au moment et à la façon d'utiliser cet outil pour qu'il soit le plus utile possible.
Lors de l'examen de l'ancien projet de loi , la Loi canadienne sur la sécurité des produits de consommation, les membres d'un comité de la Chambre des communes ont abordé la question de l'étiquetage et ont convenu qu'il n'existait pas de solution simple. Le projet de loi a été par la suite modifié pour inclure, entre autres, la création d'un comité consultatif chargé de fournir des avis sur divers éléments, comme l'étiquetage. Le fait que le comité consultatif se penche sur les questions touchant l'étiquetage et nous donne des avis éclairés pourrait aider à enrichir le travail que nous faisons quant aux produits chimiques utilisés par les consommateurs et sur les lieux de travail.
[Français]
Finalement, je veux assurer le comité que Santé Canada collabore efficacement avec Environnement Canada. Les scientifiques et les gestionnaires des deux ministères coopèrent étroitement pour mettre au point des stratégies de gestion des risque qui visent à protéger la santé humaine et l'environnement.
[Traduction]
En ce sens, nous comptons donner suite aux recommandations du rapport du commissaire à l'environnement. Je tiens également à assurer à tous les membres du comité que Santé Canada est pleinement engagé à poursuivre la collaboration avec Environnement Canada afin d'améliorer nos stratégies de gestion des risques et de surveiller leur rendement.
Merci beaucoup.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous et à toutes. Je vous remercie d'être ici.
Nous parlons d'un sujet extrêmement important pour la santé des Canadiens et la santé de notre environnement, soit les produits toxiques que nous envoyons dans l'air et qui peuvent nous affecter de toutes sortes de façons.
Au fil des décennies, les nouvelles sont assez bonnes. D'après le rapport, dans les années 1970 — alors qu'on était tous en culottes courtes —, le quart des Canadiens avait des taux de plomb trop élevé. Maintenant, c'est réduit à 1 p. 100. Vous avez mentionné qu'on avait réduit les émissions de mercure par l'activité humaine de 90 p. 100. Je suppose qu'il s'agit des activités humaines canadiennes et que les sources de mercure qui proviennent de l'étranger, elles, augmentent. Vous pourrez me contredire si c'est le cas, mais je ne pense pas.
C'est très bien, cela dit, mais il ne faut pas qu'il y ait de complaisance. Il faut qu'on scrute ce rapport avec beaucoup d'attention. C'est un sujet trop important. Je suis certain que mes collègues ont beaucoup de questions poser, alors j'y vais tout de suite.
Le rapport reproche aux deux ministères de ne pas avoir fait de rapport exhaustif sur la question du plomb et du mercure. Dans vos présentations, vous ne répondez pas à cette critique. Cependant, dans le rapport, il est dit à la page 16 de la version française que Santé Canada annonce une évaluation complète du plomb pour consultation prévue à la mi-2010 — on y est presque. Environnement Canada prévoyait aussi publier, en hiver 2009-2010 — c'est passé — une stratégie intégrée en matière de mercure.
Puis-je demander aux représentants des deux ministères où les ministères en sont? Ont-ils comblé la lacune qu'avait signalée le rapport du commissaire?
:
Je vous remercie de la question. Pour contextualiser, j'aimerais souligner que les stratégies de gestion de risques sont un nouvel outil qu'on utilise chaque fois qu'on fait une évaluation de substance.
[Traduction]
C'est une nouvelle procédure dont nous sommes très fiers. Cet outil est en voie de devenir un modèle pour le gouvernement, en ce sens que, lorsqu'un risque est évalué, on met en place une stratégie pour mesurer les progrès réalisés. Nous le faisons systématiquement pour toutes les substances maintenant.
Pour ce qui est du mercure, nous disposons déjà de nombreuses stratégies. Par contre, comme le commissaire l'a souligné, nous n'avions pas de document qui les réunissait toutes. Alors nous nous sommes d'abord tournés vers notre site Web, que les Canadiens consultent souvent pour obtenir de l'information. Je suis très heureuse de dire que, sur notre site Web, si on tape le mot « mercure », on peut voir les 20 mesures qui sont en place; on peut y trouver de l'information sur les sources et sur la façon dont elles sont gérées; les mesures que nous avons prises y sont aussi décrites, y compris l'intervention internationale, parce que, comme nous l'avons souligné, l'intervention internationale est devenue un élément extrêmement important dans la réduction de l'exposition des Canadiens au mercure.
La prochaine étape sera de réunir toutes ces mesures dans un seul document qui serait accessible au public, aussi bien sur le Web que sur papier. Nous estimons donc, nous aussi, être sur la bonne voie en vue de remédier aux lacunes soulevées par le commissaire pour ce qui est de pouvoir communiquer efficacement aux Canadiens ce qui est en place et ce qui est à venir.
:
Merci pour votre question.
Tout d'abord, comme vous l'avez souligné et comme les témoins l'ont dit, la question de l'étiquetage fait l'objet de discussions depuis longtemps, et nous avons indiqué où en est le débat à l'heure actuelle, à notre avis. Comme l'un des témoins l'a dit, cela est attribuable en partie au fait qu'il y a toujours de vives discussions à savoir si les dangers sont chroniques ou aigus et s'ils existent réellement.
On dirait que nous n'avons pas amorcé et que nous n'allons pas amorcer ce qui semble être une discussion stratégique sur ce que sera le résultat. Cependant, nous avons aussi remarqué que certains pays avaient adopté des mesures relatives à l'étiquetage dans le cadre d'une initiative des Nations Unies et que, selon l'information dont nous disposions sur cette question, le Canada voulait harmoniser ses activités avec celles des États-Unis.
En ce qui a trait plus particulièrement à la question du plomb dans les jouets et dans des produits de nature plus générale, de ce que nous comprenons, il y a eu diverses tentatives de conclure des ententes volontaires avec le secteur privé, y compris avec des partenaires de l'étranger, du côté de l'importation, et que l'étiquetage a été l'une des solutions sur lesquelles les ministères se sont penchés. Au bout du compte, ils ont décidé de s'entendre sur un seuil acceptable; tout produit affichant des concentrations supérieures à ce seuil serait inacceptable ou illégal, essentiellement.
Enfin, la raison pour laquelle nous n'avons pas formulé de recommandation, c'est que le projet de loi faisait toujours l'objet de discussions au moment de notre vérification.
En ce qui a trait aux 200 produits chimiques d'intérêt prioritaire sur lesquels porte notre évaluation, nous procédons de la façon suivante: nous évaluons le risque, nous consultons des gens qui peuvent nous renseigner à ce sujet et nous tirons des conclusions. Quand les évaluations sont publiées, nous amorçons des discussions avec des parties intéressées sur les mesures que nous allons prendre pour gérer les risques relevés. Comme nous en sommes à publier les évaluations finales pour la plupart de ces produits, nous commençons à discuter sérieusement de ce que nous allons faire. Le seul produit à l'égard duquel nous avons jusqu'à maintenant pris des mesures fermes, c'est le bisphenol A, dont nous avons interdit dans la fabrication des bouteilles pour bébé. Tous les autres produits font toujours l'objet de discussions.
Bon nombre de ces produits, s'ils sont utilisés dans des cosmétiques, seront ajoutés à la liste critique des ingrédients et leur utilisation sera restreinte ou interdite dans les cosmétiques. Pour d'autres produits, nous avons recours à un mécanisme de contrôle pour nous assurer que ces produits ne reviendront pas au Canada pour quelque utilisation que ce soit ou en grande quantité sans que nous en soyons informés; nous pourrons ainsi en évaluer l'utilisation de sorte que l'exposition à ces produits chimiques n'augmente pas au fil du temps. Dans d'autres cas, nous créerons un règlement dans le but de diminuer les rejets dans l'environnement.
:
Cela ne m'étonne pas. C'est pour cette raison que je soulève la question. Ce n'est pas votre dossier; c'est à nous, les parlementaires, de nous occuper de cela.
Mais c'est pour cela que vous êtes ici, avec nous, et que nous collaborons ensemble. Nous croyions bien avoir compris que l'autre comité ne s'occupait pas de cette question, ce que je trouve surprenant. Espérons qu'il va bientôt s'y mettre parce qu'en réalité, l'autre partie du travail, quand on procède à une vérification, c'est de prendre les résultats, de les analyser et de se dire: « Qu'est-ce qu'on fait maintenant? ». Et c'est le rôle qui est dévolu à notre comité.
À mon sens, le Comité de l'environnement devrait faire la même chose. De toute façon, il s'agit de questions internes, et nous nous occuperons de cela plus tard.
Je tiens à dire que je suis sidéré par le fait que nous semblons vivre dans un monde où les choses peuvent prendre l'ampleur d'une crise constitutionnelle dès lors que quelqu'un invoque la sécurité nationale. Quand il s'agit de nos policiers, de nos pompiers ou de tous les autres intervenants d'urgence de première ligne, nous ne pouvons jamais en faire assez. Cependant, nous sommes loin d'accorder autant d'importance à la menace que représente l'empoisonnement progressif des Canadiens.
Je tiens à faire savoir aux ministères représentés ici aujourd'hui que je ne suis pas impressionné du tout. Je ne suis nullement impressionné par le bilan de vos ministères en ce qui concerne ces dossiers, ni par vos déclarations d'aujourd'hui. J'ai été particulièrement déçu par la déclaration de la sous-ministre adjointe du ministère de l'Environnement. À mes yeux, il n'y a rien, dans tout cela, qui permettra de faire avancer les choses. Ce n'est que du verbiage.
Pourquoi est-ce que la situation m'irrite à ce point? Eh bien! dans bien des cas, ce sont de nos enfants que nous parlons; d'eux, et de leur exposition à des substances toxiques. Nous empêchons que des bombes explosent dans leurs cours d'école, mais nous ne faisons rien quand ils s'empoisonnent.
La situation n'est pas nouvelle, et c'est ce qui m'exaspère vraiment. En 1999, on a procédé à une vérification. Je vais vous citer un extrait tiré du rapport de vérification du commissaire qui a été produit cette année-là: « Dans ces chapitres, les équipes de vérification ont soulevé des préoccupations relativement au peu de progrès accomplis par le gouvernement en ce qui a trait à l’élaboration et à la mise en oeuvre de stratégies de gestion des risques. » En 2002, un rapport de suivi a été produit, et on pouvait notamment lire, dans les conclusions, que « même si le gouvernement fédéral avait fait des progrès, sa capacité à déceler, à comprendre et à prévenir les effets nocifs des substances toxiques était encore limitée ».
Donc, une première vérification a été effectuée, et nous avons mis le doigt sur le problème. Puis, trois ans plus tard, on a procédé à une autre vérification, et on a constaté que le problème persistait. Et aujourd'hui, nous avons le commissaire à l'environnement devant nous, et il nous dit ceci, dans sa déclaration préliminaire: « Cette situation met en lumière une observation clé de la vérification » — c'est-à-dire de celle-ci, de la troisième — « les risques posés par les substances toxiques telles que le plomb et le mercure nécessitent encore une gestion active. » Plus loin, au huitième paragraphe, il affirme ceci: « La première question concerne les stratégies de gestion des risques. »
Je voudrais savoir ce qui se passe. Trois vérifications distinctes ont permis de conclure que la gestion du risque n'était pas adéquate en ce qui concerne l'exposition des Canadiens aux substances toxiques. Monsieur le président, à mon sens, les représentants des ministères que nous avons entendus n'ont donné aucune réponse qui nous permettrait de croire que la situation est sous contrôle.
Je vais donner aux représentants des ministères l'occasion de répondre, mais je suis très déçu et très inquiet, et c'est pour cette raison que je suis tellement irrité par la situation. C'est parce que, dans une large mesure, c'est de nos enfants qu'il s'agit.
Voilà ce que j'avais à dire. Mais je tiens à être aussi juste que possible et à vous donner l'occasion de répondre.
:
Merci pour vos observations. Il est certain qu'à Santé Canada, la protection des Canadiens nous passionne et nous préoccupe autant que vous.
À nos yeux, nous avons accompli des progrès considérables. Nous sommes d'avis qu'un certain nombre d'étapes ont été franchies, et nous sommes heureux d'entendre les commentaires du commissaire selon lesquels des progrès ont été réalisés depuis les vérifications précédentes, dont vous avez parlé.
Grâce aux fonds que nous avons obtenus pour procéder aux évaluations du risque de manière plus méthodique, mieux planifiée et selon un calendrier mieux défini, la cadence s'est accélérée considérablement, comme je l'ai déjà dit. Des montants importants ont été investis, et on a considérablement progressé dans l'examen de la liste de produits chimiques selon la classification établie. Nous reconnaissons qu'il reste beaucoup de travail à faire, mais nous déployons tous nos efforts pour que le calendrier de travail soit respecté.
En ce qui concerne l'absence d'une stratégie de gestion du risque pour le plomb et le mercure, je crois que le commissaire a mentionné que de nombreuses stratégies distinctes ont été mises en oeuvre, et des mesures ont été prises pour évaluer l'efficacité de ces stratégies. Je crois que nous pouvons nous réjouir de constater les résultats positifs de la biosurveillance et des autres méthodes que nous avons employées pour évaluer la vingtaine de régimes de réglementation, par exemple en ce qui concerne le plomb ou le mercure, afin de vérifier s'ils donnent de bons résultats.
Je crois que le commissaire a bien raison de dire qu'il serait préférable de fusionner en une seule stratégie de gestion du risque tous les mécanismes particuliers, ou toutes les mesures réglementaires qui ont été prises au fil des ans. Nous approuvons cette recommandation. D'une certaine façon, parce que le plomb et le mercure sont réputés toxiques depuis si longtemps et qu'on se penche sur la menace qu'ils constituent depuis des décennies, on n'a pas abordé ces métaux selon l'approche que nous adoptons à l'égard des produits chimiques modernes, c'est-à-dire une approche coordonnée d'évaluation du risque.
Il y a deux choses sur lesquelles je veux insister. D'abord, en ce qui concerne les nouveaux produits chimiques, nous évaluons le risque en fonction d'une approche globale. Par ailleurs, dans le cas des anciens produits, le plomb et le mercure, nous estimons qu'il y a un certain nombre de mesures très efficaces, mais nous convenons également que toutes ces mesures devraient être fusionnées.
La dernière chose que je veux dire, c'est que nous continuons d'aller de l'avant en proposant des lois à jour, comme la Loi canadienne sur la sécurité des produits de consommation, par exemple.
:
Oui. Je suis désolée que ma déclaration n'ait pas suffi à bien vous faire comprendre ce que nous faisons actuellement. Ma collègue a mentionné que nous avons reçu des fonds importants du gouvernement pour accélérer les processus d'évaluation et de gestion des substances qui ont été mises en marché avant la mise en oeuvre du régime moderne.
Le régime moderne date de 1994. Depuis, aucun produit chimique n'est fabriqué, importé ou autorisé au Canada sans qu'une évaluation du risque ait été menée et que des instruments de contrôle appropriés aient été mis en place, suivant les besoins — ou alors ils sont frappés d'interdiction et leur importation est interdite au Canada.
C'est donc essentiellement un héritage du passé qui a fait l'objet de la vérification dont nous parlons. Le Canada a été le premier pays à s'attaquer à ce problème. On vient tout juste de s'y mettre en Europe, et on en parle aux États-Unis. En 2007, le gouvernement a investi 300 millions de dollars sur une période de quatre ans pour lancer ce processus. Nous nous attendons à ce qu'il soit mené à terme d'ici 2020. Nous serons les premiers à compléter un tel processus si nous respectons cette échéance.
Les choses vont bon train, comme l'a mentionné ma collègue. C'est un travail très considérable, mais nous avons de bonnes nouvelles. Pour un grand nombre de ces substances, nous avons constaté... À partir de la liste des 23 000 produits que nous avons évalués, nous avons conclu que 4300 produits devaient faire l'objet d'un examen plus poussé. Or, de ces 4300 produits, un grand nombre ne sont plus commercialisés. Le secteur industriel comprend le message, et il le comprend depuis 1994, c'est-à-dire depuis que la réglementation empêche la mise en marché de telles substances.
Nous avons donc un programme établi en fonction du legs ou du passé, et nous sommes en voie de le mener à terme. Je veux également mentionner que nous avons fait des investissements dans le domaine de l'application des lois. Le montant des amendes a également été augmenté, par suite du nouveau projet de loi sur le contrôle d'application de lois, qui a été adopté l'année dernière, ainsi que des investissements supplémentaires au chapitre de la conformité et de l'application des lois.
En ce qui concerne le mercure, comme je l'ai dit, il y a plus de 20 instruments en place, que nous évaluons pour nous assurer de leur efficacité. D'autres instruments sont par ailleurs en cours d'élaboration, y compris ceux qui concernent les produits. D'autres travaux sont évalués, au fur et à mesure que nous cernons de nouveaux problèmes grâce à nos activités de recherche et de surveillance. Nous collaborons activement avec d'autres pays, puisque nous savons que 95 % des produits toxiques présents au Canada ne proviennent pas du Canada. Ils viennent en grande partie d'Asie, des États-Unis ou d'autres pays.
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En effet, monsieur le président. J'aimerais simplement souligner qu'en 2008, nous avons indiqué que des progrès satisfaisants avaient été accomplis en ce qui concerne l'évaluation du risque. Il me semble, comme l'a mentionné l'honorable député, que nous avions indiqué, dans les rapports précédents, que les choses n'avançaient pas aussi rapidement qu'il l'aurait fallu.
Je crois que le processus d'évaluation, qui n'a pas été examiné dans le cadre de cette vérification, en raison des constatations de 2008 notamment, a non seulement permis de conclure que des progrès satisfaisants avaient été réalisés, mais également que le plan de gestion des produits chimiques représente, tant pour les intervenants du Canada que pour un grand nombre de partenaires internationaux, un modèle en ce qui concerne la manière d'entreprendre des milliers d'évaluations complexes, et de réaliser ces évaluations de manière expéditive, pour ensuite pouvoir passer à la mise en place des mécanismes de contrôle qui sont nécessaires dès lors qu'on a conclu à la toxicité de certains produits.
En ce qui concerne l'évaluation, je crois, monsieur le président, que Santé Canada et Environnement Canada ont obtenu des résultats importants et utiles.
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Merci, monsieur le président.
Ma première question s'adresse au commissaire. Dans votre déclaration préliminaire, vous avez mentionné que Santé Canada et Environnement Canada ont élaboré des stratégies de gestion du risque pour cinq des sept substances toxiques. Je crois que, dans le rapport, on parle en fait de quatre substances, mais dans votre déclaration, vous avez dit cinq.
En quoi ces stratégies ont-elles contribué à l'amélioration des résultats, et quelles sont les leçons tirées de l'élaboration de ces stratégies, que nous pourrons mettre à profit pour élaborer des stratégies pour le mercure et le plomb?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
M. Saxton a raison. Le ministère a estimé qu'il y avait une cinquième substance pour laquelle il existait quelque chose de comparable à une stratégie de gestion du risque, et c'est pour cela que nous parlons de cinq substances.
Je crois que le processus nous a permis de tirer certaines leçons. Nos collègues des ministères seraient sans doute mieux placés que moi pour vous en parler, mais selon nous — et je crois que c'est ce qui intéresse votre comité —, nous devons établir, à l'égard de toutes les pratiques de gestion qui relèvent du fédéral, une stratégie cohérente en ce qui touche les objectifs que nous souhaitons atteindre, les calendriers d'exécution, les moyens d'atteindre ces objectifs, et la manière de nous assurer qu'ils sont atteints. Cela permettra d'établir une synergie et une logique internes qui aideront à obtenir les résultats visés, à mesurer le degré de réussite, à constater s'il y a des lacunes et à remédier aux problèmes, le cas échéant.
En ce qui concerne les pratiques de gestion générales, les travaux réalisés au Bureau du vérificateur général nous ont permis de constater à maintes reprises que ces approches de gestion fondamentales permettent d'obtenir de meilleurs résultats.
Je vais demander à mon collègue, Jim McKenzie, de vous donner des explications plus détaillées. En gros, les paragraphes 2.8 à 2.11 décrivent les principes fondamentaux de la gestion. Pour commencer, il y a ce dont nous venons de parler: le processus d'évaluation. Quelle est la nature du processus qui nous permet de déterminer si une substance doit être considérée comme toxique?
Ensuite — et notre rapport de vérification est largement axé là-dessus —, on se demande si une stratégie de gestion du risque devrait être mise en place afin d'assurer une coordination interne des pratiques de gestion.
En troisième lieu, il y a la mise en oeuvre. À cette étape, on peut constater, par la mise en pratique, ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Enfin, il y a l'évaluation. Après avoir mis en place ces mécanismes, est-on en mesure de déterminer s'ils sont efficaces?
En terminant, et pour mettre l'accent sur ce que j'ai dit dans ma déclaration préliminaire, je crois que les programmes nationaux de biosurveillance sont une composante cruciale du cycle d'évaluation, pour déterminer si les mesures prises sont efficaces et pour mesurer le niveau de substances toxiques présent chez les Canadiens.
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Je vous remercie beaucoup pour la question.
À mon avis, c'est en partie grâce à l'approche globale de gestion, dont le commissaire vient de parler. Nous établissons un calendrier très rigoureux pour l'examen de cette très longue liste, qui contient des milliers de produits chimiques. Les fonds alloués dans le cadre du plan de gestion des produits chimiques nous ont également aidés. Je parle des 300 millions de dollars attribués sur une période de quatre ans. De cette somme, 193 millions sont alloués à Santé Canada, et le reste va à Environnement Canada.
Nous avons donc bénéficié de fonds supplémentaires pour procéder aux évaluations du risque. Une partie du financement est également dédiée aux autres composantes de l'approche du cycle de vie, dont ont parlé le commissaire et ma collègue d'Environnement Canada. Il y a la composante de gestion du risque dans le cadre du processus et des travaux de recherche, dont nous avons besoin pour nous tenir au courant de l'information la plus récente disponible à l'échelle mondiale. Il y a également le suivi et la surveillance, qui sont des composantes essentielles, exécutées en continu, et qui incluent la biosurveillance, que nous considérons comme une activité cruciale.
Enfin, il y a l'argent attribué pour le regroupement des différentes stratégies. Tous ces investissements ont fait en sorte qu'il a été possible d'accélérer le processus à ce point.
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Je dirais d'abord que nous avons essentiellement défini sept mécanismes, qui sont au coeur de notre processus d'évaluation du risque. Ces sept mécanismes correspondent au processus de catégorisation dont nous avons déjà parlé, et qui nous a permis de ramener les 23 000 substances présentes dans le commerce aux 4300 substances qui, selon nous, présentent un risque pour la santé humaine ou pour l'environnement.
Comme mes collègues l'ont déjà dit, il y a déjà un très bon processus, la déclaration de substance nouvelle, qui s'applique à toute nouvelle substance qu'une entreprise pourrait souhaiter commercialiser. Aucune nouvelle substance ne peut faire son entrée sur le marché canadien sans d'abord avoir été soumise au processus d'évaluation du risque.
En plus de la catégorisation dont je viens de parler, il y a les demandes présentées par les entreprises, sous le régime de la LCPE. Nous nous tenons également au courant des décisions prises par les provinces et à l'échelle mondiale, pour savoir ce qui se fait ailleurs, non seulement au chapitre des évaluations, mais également en ce qui touche les plans de gestion. La LCPE prévoit aussi un processus d'inscription de substances à la demande du public. Si un membre de la population s'inquiète de la présence d'une substance dans le commerce, il y a un processus qui permet à cette personne de soumettre son inquiétude à notre attention, et nous devons donner suite à sa demande.
J'ai parlé du processus de déclaration de substance nouvelle. Il y a également les progrès scientifiques et les évaluations internationales, dont j'ai parlé brièvement, qui permettent à nos scientifiques ainsi qu'à nos évaluateurs et à nos gestionnaires du risque de rester au fait de ce qui se fait dans d'autres pays, tant du côté de la science que de celui de la gestion.
Enfin, et c'est très important — au moins dans mon domaine, qui est celui des sciences et de la technologie —, nous faisons des collectes de données. Nous avons des programmes de biosurveillance, pour mesurer les substances toxiques présentes dans l'eau, chez les animaux sauvages et chez les espèces de poissons, et nous avons également des programmes de recherche. Dans le cadre des plans de gestion des produits chimiques, nous avons mis en place un très bon processus pour faire le relevé des substances dont la présence nous semble préoccupante. Nous réalisons des recherches sur ces substances afin de mieux comprendre ce qu'elles deviennent quand elles se retrouvent dans l'environnement, ou en quoi elles sont dommageables pour les animaux ou pour les conditions environnementales.
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Avec plaisir. Comme nous l'avons dit, la stratégie de gestion du risque combine à la fois les risques, les sources du problème et l'approche que nous devrions adopter.
En ce qui concerne le mercure, les premières sources dont nous nous sommes occupés étaient de grands émetteurs industriels. Depuis, un grand nombre de ces sources ont cessé d'exister, et nous nous attaquons maintenant à d'autres sources, dont un grand nombre de produits. Nous avons un plan de prévention de la pollution qui vise le mercure présent dans certaines lampes. Des mesures seront mises en place... Excusez-moi, c'est plutôt des interrupteurs au mercure que je voulais parler. Nous avons établi des mesures avec les provinces en ce qui concerne les lampes, et nous travaillons sur la question des amalgames dentaires, qui sont une autre source de mercure qui peut contaminer l'eau directement. La solution à ce problème est très simple.
Dans le cadre de la stratégie de gestion du risque, on définit les objectifs qu'on souhaite atteindre et on dresse la liste des principales sources. Puis on prend des mesures à l'égard de celles-ci, en s'appuyant sur un certain nombre d'outils: règlements, codes de pratique, instruments mis en oeuvre conjointement avec les provinces, et plans de prévention de la pollution.
Les activités de surveillance et l'information sur les polluants libérés dans l'environnement nous permettent de savoir s'il reste des sources dont nous devons nous occuper. Dans le cas du mercure, les recherches sont orientées vers des sources extérieures au Canada, principalement situées dans des pays d'Asie et dans d'autres pays, comme les États-Unis.
C'est pour cela que nous avons entrepris des démarches dans le cadre du Programme des Nations Unies pour l'environnement. Notre objectif est de collaborer à l'établissement d'un instrument juridiquement contraignant, qui viserait les sources présentes dans tous les pays. Cela aiderait notamment à remédier aux problèmes liés à certains produits qui sont fabriqués à l'étranger, puis importés au Canada. Il n'est pas simple de régler la question de la toxicité quand un produit est importé. Il peut-être très difficile de savoir ce qu'il contient.
Il est donc très important de traiter avec les autres pays, en particulier avec les pays d'Asie, pour faire passer le message que le mercure doit être éliminé des produits, sous réserve des produits essentiels, et que dans le cas de ces produits essentiels, la présence du mercure doit être limitée à un certain seuil, qui devrait être indiqué sur une étiquette.
Mes questions vont porter sur le dépôt des plaintes. Je crois que cette question est abordée dans le premier chapitre du rapport du commissaire à l'environnement. Ma question s'adresse au ministère de l'Environnement. N'importe quel représentant du ministère peut y répondre.
Aux termes de l'article 342, le ministère est tenu de faire rapport au Parlement chaque année, relativement à son administration et à l'application des lois d'une part, et à la recherche d'autre part. Cette exigence d'établissement de rapport est très claire et dépourvue de toute ambiguïté. C'est d'un rapport annuel qu'il s'agit.
Il semble cependant que le ministère a failli à son obligation de déposer un rapport annuel depuis le tout début. Cela remonte à il y a quatre ou cinq ans. Aucun rapport n'a été produit pour l'exercice qui s'est terminé en mars 2009. Il y a une année entière pour laquelle il n'existe aucun rapport. Je voudrais simplement demander, à n'importe quel des témoins, où se trouve le rapport qui concerne cet exercice en particulier.
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Ce sur quoi je voulais insister — et je ne suis pas quelqu'un qui court après les échéances prévues par la loi pour le plaisir —, c'est le fait que ces mécanismes de reddition de comptes sont là pour appuyer les travaux du Parlement. Le rapport n'est présenté nulle part ailleurs. Il est destiné au Parlement. En ne le présentant pas rapidement, les ministères risquent de nuire au Parlement.
Je m'explique. Le fait de ne pas présenter les documents prescrits par la loi pourrait mener à un outrage au Parlement pour votre ministre. Si ça peut vous aider, je vous renvoie aux décisions du président Fraser en 1992 et en 1993. Elles sont assez claires.
Un moment donné, si votre ministère continue à tarder — je serai généreux et je parlerai de retard, mais le ministère n'a jamais présenté de rapport annuel et on a tenté de couvrir deux ans avec un seul rapport —, votre ministère... un député de l'opposition va décider que la récréation est terminée et votre ministre risque d'être pointé du doigt. Ce député, ça pourrait être moi. C'est possible. Je l'ai déjà fait.
Je voulais seulement vos commentaires sur le sujet. Je veux que vous me promettiez que le rapport dont vous parlez est réellement en route, qu'il sera prêt bientôt, et que vous vous conformerez à l'avenir.
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Merci, monsieur le président.
Ma question s'adresse à M. Enei ou aux représentants des ministères de l'Environnement ou de la Santé.
Peut-être même que la toute nouvelle sous-ministre de la Santé aimerait tenter de répondre à la question suivante — je suis sûr que êtes capable d'y répondre, mais ce serait injuste parce que vous venez à peine d'arriver.
J'aimerais savoir pourquoi on utilise le terme « gestion du risque » plutôt que « principe de précaution ». Comment en sommes-nous arrivés à la « gestion du risque »?
Le processus en cours à Santé Canada, soit le Plan de gestion des produits chimiques, est à mon avis le plus substantiel que nous ayons connu: on vise l'évaluation de 200 substances de priorité élevée et jusqu'à maintenant, grâce aux 170 évaluations déjà effectuées, le calendrier est respecté. Je pense aussi que 70 évaluations en un an, c'est toute une réalisation. À mon avis, vous faites bien votre travail.
Lorsque vous avez commencé en 2006, vous veniez de trier 23 000 produits chimiques existants. À partir de ce tri, vous avez identifié 4300 produits chimiques nécessitant un examen approfondi, puis vous en êtes arrivés à la liste des substances de priorité élevée. Je n'ai jamais vu le gouvernement faire un si bon travail sur une question environnementale. Vos réalisations sont considérables.
Je nous félicite d'être le premier pays au monde à interdire le bisphénol A dans les biberons. Je pense que c'était un geste courageux, comme l'a été l'interdiction du plomb dans les jouets pour enfants. Je pense que cette interdiction va sauver des vies et protéger la santé de nos enfants, petits et grands.
Mon inquiétude réside dans l'utilisation du terme « gestion du risque ». Je ne comprends pas l'importance d'utiliser du plomb dans des produits destinés à la consommation. Pourquoi ne pas profiter de votre élan — en fait, le Canada est un pionnier en ce qui concerne le plomb et le bisphénol A — et déclarer qu'en vertu du principe de précaution, vous alliez interdire les substances chimiques dont la sûreté ne peut être garantie, quel qu'en soit l'usage, jusqu'à ce que l'industrie fournisse les preuves nécessaire? Il faut dire à l'industrie qu'il vaut mieux prévenir que guérir.
Tout le monde veut répondre à cette question.
Des voix: Oh, oh!
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Je vais commencer, puis je laisserai la parole à quelques-uns de mes collègues.
Vous avez comparé le principe de précaution à la gestion du risque. En réalité, le principe de précaution nous guide tout au long du cycle, ce qui comprend l'étape de l'évaluation du risque. Je suis certaine que mes collègues pourront en dire plus sur cet aspect.
Comme on l'a mentionné, un grand nombre de ces substances sont omniprésentes. Elles ont leur utilité dans notre société. Par exemple, le mercure est toujours utilisé dans les instruments de mesure. Ce que nous essayons de faire, c'est d'éviter les expositions futures et de contrôler les expositions actuelles. Dans certains cas, il s'agira d'imposer une interdiction — c'est un outil approprié —, dans d'autres, la solution sera plutôt une élimination progressive. Nous nous servons du principe de précaution même dans nos efforts d'application de la loi. Je pense que nous appliquons ce principe partout.
Nous tentons de trouver un équilibre entre l'utilité d'un objet et la possibilité de contrôler les risques, de prévenir les fuites dans l'environnement ainsi que les expositions néfastes pour la santé des personnes. L'utilité d'une substance doit être prouvée dans notre gestion du risque. Nous devons comparer les avantages et les coûts de l'instrument approprié.
De plus, certaines de ces substances existent à l'état naturel. On trouvera toujours des traces de plomb et de mercure à l'état naturel dans l'environnement. Il s'agit de gérer l'exposition à ces substances et de trouver la solution la plus efficace sur le plan économique. C'est là que le principe de précaution nous aide à choisir la mesure appropriée.
J'aimerais revenir quelques instants sur la page 26 et la pièce 2.5: « Des substances toxiques sont présentes dans la poussière domestique ». Mme Faille a soulevé un problème. On dirait qu'il y a toujours une différence entre ce que les consommateurs demandent et ce qui les inquiète vraiment.
Dans cette pièce, vous parlez de la poussière domestique présente, qui vient de toutes ces choses que nous utilisons comme les appareils électroniques et les téléphones cellulaires. On s'est inquiété des téléphones cellulaires et des cancers au cerveau causés par les transmissions. Pourtant, si vous regardez dans cette salle, vous remarquerez que tout le monde en a au moins un. Parce que les consommateurs le demandent, nous repousserons nos craintes en nous disant que ça n'arrive qu'aux autres, quelle que soit l'inquiétude.
On ne parle pas des ampoules écoénergétiques. Pourtant, on trouve toutes sortes de statistiques qui nous permettent de croire qu'il n'y a rien de pire dans une maison en raison des substances qu'elles rejettent lorsqu'elles sont allumées. Si elles se brisent, mieux vaut ne pas être dans les alentours. Je me demandais si ces ampoules étaient envoyées dans les sites d'enfouissement. Pour la plupart de ces ampoules, il n'existe pas d'endroit précis où les envoyer; on les met à la poubelle, et les ordures sont ramassées.
Comment réglementer, dans notre gestion du risque, les demandes des consommateurs qui ne semblent pas toujours refléter leurs préoccupations en matière d'environnement et de santé? J'imagine que le Bureau de la vérificatrice générale, ainsi que Santé Canada et Environnement Canada, pourraient répondre à la question.
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Je vais commencer et je laisserai mes collègues compléter ma réponse.
Vous avez raison, un grand nombre de ces substances ont omniprésentes dans nos produits. C'est pourquoi nous travaillons sur cette réglementation pour gérer, par exemple, la quantité de mercure dans les produits. Nous voyons cette réglementation comme une norme future dans laquelle nous pourrons ajouter d'autres substances dangereuses qui pourraient rapidement être réglementées.
Le deuxième élément sur lequel nous travaillons — et nous travaillons là-dessus avec les provinces —, c'est ce que nous appelons la « responsabilité étendue du producteur ». De nombreuses provinces exigent déjà qu'on récupère les substances dangereuses pour qu'elles soient retournées au fabricant ou pour qu'elles soient éliminées d'une manière précise.
Nous étudions la possibilité d'adopter un règlement national sur la responsabilité étendue des producteurs. Il existe également des initiatives mises sur pied par les municipalités et par le secteur privé.
Il y a deux bouts à une échelle. Tout d'abord, on doit prévenir ou réduire la quantité d'une substance dangereuse dans un produit; ensuite, on doit gérer l'élimination du produit d'une manière sécuritaire. En ce qui concerne des objets comme des ordinateurs, il existe maintenant des endroits qui s'occupent de la collecte et du désassemblage, ici, au Canada. On y trouve parfois des minéraux de valeur qui peuvent être recyclés et réutilisés. Ça se produit maintenant au Canada.
Il existe également des normes pour éviter d'expédier des objets à l'étranger sans avoir une garantie solide que le produit sera éliminé adéquatement. Travaux publics est responsable de cette exigence pour le gouvernement du Canada, mais cette responsabilité est apparue à la suite des règlements et aux instruments que nous avons adoptés.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais poursuivre sur la question du plomb et du mercure. En vous écoutant tous, y compris vous, monsieur Vaughan, on pourrait penser que malgré quelques problèmes, tout va bien et personne ne devrait s'inquiéter de rien. C'est l'impression que vous me donnez.
Je vise particulièrement le commissaire. J'ai pris bonne note de votre défense plutôt détaillée des mesures du ministère.
Je tiens à dire à tous que nous parlons du plomb et du mercure. Je viens du mouvement ouvrier et nous avons dû composer très, très longtemps avec ces substances. À mes débuts, le premier poste où on m'a élu, c'était comme président du comité de santé et sécurité de l'endroit où je travaillais.
De toute façon, monsieur Vaughan, votre tableau montre que sur sept substances, trois d'entre elles ont été inscrites en 1988 sur la liste des produits toxiques en vertu de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement.
Voici les risques potentiels du plomb tels qu'énoncés dans le document du commissaire:
Hypertension artérielle, lésions rénales, troubles du système nerveux, problèmes de mémoire et de concentration, déficience cognitive et difficultés d’apprentissage chez les enfants, difficultés pendant la grossesse, problèmes digestifs, douleurs musculaires et articulaires.
Des cas d’intoxication au plomb ont été constatés chez des espèces sauvages.
Le mercure a été ajouté en 1988 à la liste des produits toxiques en vertu de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement. Parmi les principaux risques, on retrouve les risques suivants:
Lésions permanentes au cerveau et aux reins. Irritation ou lésions pulmonaires, stomacales et intestinales, et au niveau des voies nasales.
Des cas d’intoxication au mercure ont été constatés chez des espèces sauvages
C'est ce dont nous parlons, mais tout semble bien aller ici, et pourtant, monsieur Vaughan, je regarde votre rapport et j'écoute ce que vous avez dit ce matin, et ce n'est pas clair à mes yeux, parce que vous êtes celui qui a écrit la phrase suivante dans ses notes d'allocution: « Cette situation met en lumière une observation clé de la vérification: malgré des progrès, les risques posés par les substances toxiques telles que le plomb et le mercure nécessitent encore une gestion active. » Deux paragraphes plus loin, vous dites: « La première question concerne les stratégies de gestion des risques. »
Je sais qu'en gros, vous avez dit que vous ne saviez pas de quoi je parlais, que j'avais tout à fait tort et qu'ils avaient tout à fait raison, mais je ne fais que citer vos propres mots, monsieur. Dans le même paragraphe, on peut lire: « Bien que ce type de stratégies existe pour 5 des 7 substances que nous avons examinées, le plomb et le mercure n'en comptent toujours pas. »
Alors, monsieur Vaughan, je vous pose la question: y a-t-il un problème, oui ou non?
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Merci beaucoup d'avoir soulevé la question.
Si nous avons produit ce rapport, c'est précisément pour souligner le fait qu'il y a un problème. Alors mon commentaire ne portait pas sur la gestion, l'objet de cette vérification, mais plutôt sur la partie évaluation.
Pour ce qui est de la gestion, la raison pour laquelle nous avons rédigé ce rapport est exactement celle que vous venez tout juste d'évoquer. Nous avons ciblé une gamme de substances toxiques qui présentent des risques à la fois pour la santé et pour l'environnement, qu'il s'agisse de cancer, de problèmes de fertilité, sans oublier les problèmes de développement, particulièrement chez les enfants.
À notre connaissance, les scientifiques savent depuis des années que les enfants et les nourrissons ne sont pas de petits adultes, alors s'ils sont exposés ne serait-ce qu'une minute à de petites quantités de ces substances, ils peuvent avoir des problèmes graves et importants à long terme. Nous avons signalé certains problèmes, particulièrement au niveau des enfants, y compris ce dont nous avons discuté ce matin, à savoir les produits que l'on peut trouver sur les étagères au Canada. Certains de ces produits excèdent les limites jugées acceptables et, par conséquent, présentent des risques pour la santé du segment le plus vulnérable de la population canadienne, les enfants. Voilà mon premier point.
Quant à la deuxième partie, monsieur le président, je dirais que la question précédente du député sur les précautions à prendre est tout à fait au coeur de ce débat. Si je comprends bien, le principe de précaution intervient dans le processus d'évaluation et de gestion... Ce sont des questions compliquées. À quel moment la prépondérance des preuves s'estompe-t-elle devant la présence d'inconnues? Et lorsque l'on ne sait pas, à quel moment doit-on dire que l'on ne peut approuver ou autoriser ces produits ou tolérer l'exposition à des produits qui se retrouvent sur les étagères, là où les Canadiens peuvent y accéder?
À mon avis, c'est un débat important, une discussion importante à poursuivre, qui tient essentiellement à l'objectif visé par le principe de précaution mis de l'avant au Sommet de la terre et même avant. Devant le risque de dommages irréversibles, il vaut mieux pécher par excès de prudence et de précaution. Nous le faisons dans le monde des affaires, pourquoi pas dans d'autres domaines?
Enfin, si vous le permettez, monsieur le président, la raison pour laquelle nous avons retenu ces produits chimiques et ciblé cette gamme de produits, c'est qu'ils durent longtemps. Ils sont à la fois persistants et bioaccumulables. Pour ce qui est des risques liés à une faible exposition à long terme à bon nombre de ces produits chimiques, nous ne connaissons tout simplement pas la réponse. Par ailleurs, ce que nous savons aujourd'hui, c'est qu'au Canada, un adulte sur trois ou quatre recevra un diagnostic de cancer. La Société canadienne du cancer a précisé qu'il y avait de nombreuses raisons à cela, parmi lesquelles les doses d'exposition environnementale.
Je tenais simplement à rappeler la raison pour laquelle nous avons entrepris cette vérification, une raison qui a suscité une excellente collaboration, non seulement de la part des deux ministères mentionnés, mais également de nombreux autres intervenants comme les ONG avec lesquelles nous avons travaillé, à savoir les risques importants liés à l'environnement et les risques graves liés à la santé.
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Merci, monsieur le président.
Permettez-moi d'exprimer mes sincères remerciements à vous tous pour votre présence ici aujourd'hui. Comme bon nombre de mes collègues, je crois qu'en tant que membre du Parlement, il n'y a pas de service plus important que nous puissions rendre que celui de promouvoir la santé et la sécurité ainsi que la protection des citoyens canadiens.
À cet égard, tant les ministères que le commissaire jouent un rôle clé lorsqu'ils portent à notre attention toutes ces questions parce que nous ne pouvons ni élaborer ni proposer des textes de loi ou des résolutions à moins de pouvoir compter, comme le dit M. Lee, sur des renseignements précis et à jour. Il importe, je crois, de le souligner. Je peux vous dire que nous apprécions grandement les efforts que vous déployez. Évidemment, nous sommes en mesure d'apprécier plus particulièrement les améliorations remarquables qui ont été apportées au plan de gestion des produits chimiques, tant au niveau de leur élaboration que des résultats qu'ils ont entraînés. Je joins ma voix à celle de M. Young pour dire que nous sommes très heureux de cette démarche.
Il y a cependant quelque chose qui me préoccupe particulièrement. Ce sont les commentaires du commissionnaire, plus précisément lorsqu'il a parlé de la faible exposition à long terme. Ma question, que je situerai dans son contexte historique, s'adresse aux responsables de la santé.
Ainsi, il y a 25 ans ou plus, j'oeuvrais dans une municipalité dont la population a été affectée par un empoisonnement au mercure occasionné par les activités de l'entreprise Deloro Smelting. Il y a eu contamination à la suite d'un déversement de mercure et d'arsenic dans la rivière. De toute évidence, cela a suscité de très grandes inquiétudes vis-à-vis des risques de maladies graves ou d'anomalies résultant des toxines, ainsi que nous l'avait présenté le médecin hygiéniste en chef à ce moment-là.
Dans une réunion publique, j'ai demandé au médecin hygiéniste quel processus elle avait mis en place ou, une fois que nous aurions maîtriser la situation, quelles études prévoyait-on mener pour déterminer les conséquences d'une faible exposition à long terme. À ce moment-là, elle m'a répondu qu'on allait mener une telle étude et qu'on répondrait à nos questions. Nous voilà, 25 ans plus tard, et je n'ai toujours pas obtenu une réponse à cette question.
Donc, mène-t-on actuellement des études sur la faible exposition à long terme relativement à ces toxines? Dans l'affirmative, quels sont les résultats? Dans la négative, pourquoi ne mène-t-on pas ce genre d'études?
Bien qu'il s'agisse d'une initiative nationale, il y a un certain nombre de sites de biosurveillance un peu partout au pays. En fait, il y a des sites pilotes dans divers endroits, de sorte que nous ne collectons pas des données uniquement dans une partie du pays par exemple. Les sites sont répartis dans tout le pays.
Parce que nous savons que leurs membres peuvent présenter des risques particuliers, nous avons un programme qui vise les collectivités des premières nations. Nous voulons suivre la situation et nous assurer de réunir le plus de données possibles à partir de l'étude nationale, ce qui nous permettra de déterminer s'il y a effectivement des risques précis associés à ces collectivités.
Plus particulièrement en ce qui a trait au mercure, l'histoire nous a appris que les Inuits ont eu des problèmes liés à l'exposition à cette substance dans l'Arctique. Nous avons donc établi un protocole particulier, le Programme de lutte contre les contaminants dans le Nord, selon lequel nous collaborons avec AINC et d'autres intervenants de la collectivité, avec les territoires et les groupes autochtones de l'Arctique pour mettre en place un mécanisme permanent qui nous permet d'examiner et de suivre ce segment de la population en particulier qui, selon certains travaux de recherche, ont des problèmes de santé précis.
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Comme je vois que je n'ai presque plus de temps, je vais passer la parole aux représentants du ministère de l'Environnement. J'ai travaillé dans le secteur de la vente au détail de matériel de sport et des organisations de sports de plein-air et de pêche. Pendant cette période, les activités de pêche ont été à toutes fins pratiques interdites en raison de la contamination et des taux de concentration élevés de mercure et d'autres substances dans le poisson.
On nous a dit à l'époque que la pêche ne serait probablement jamais autorisée et qu'il fallait s'y faire. Puis, trois ou quatre ans plus tard, toutes les autorisations ont été émises. S'il vous plaît, aidez-moi à y voir clair. Doit-on comprendre que, d'une façon ou d'une autre, nous avons réussi à réduire, selon les rapports, de 90 p. 100 cette contamination au mercure? De plus, si, comme on le dit, 95 p. 100 des toxines proviennent de l'extérieur de nos frontières, comment y sommes-nous parvenus? A-t-on obtenu autant de succès sur la scène internationale? J'aimerais juste comprendre ces chiffres.
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Je peux commencer en parlant plus particulièrement du mercure. Nous partageons vos inquiétudes à la suite des récentes constatations faites dans le cadre de la biosurveillance et selon lesquelles on retrouve des concentrations de mercure chez certaines populations inuites du Canada. Nous avons également des preuves que ces concentrations diminuent, mais nous voulons continuer d'être vigilants.
C'est pourquoi 4 millions de dollars sont répartis entre nos ministères pour le Programme de lutte contre les contaminants dans le Nord. Ce programme ne relève pas entièrement de Santé Canada; il est dirigé par le ministère des Affaires indiennes et du Nord. Il nous permet d'assurer une surveillance permanente et de voir si les risques augmentent ou diminuent. Une fois que nous disposons de renseignements sur la situation, nous pouvons cibler nos interventions de façon appropriée.
Nous nous rendons très bien compte du risque qui existe dans la région arctique et nous déployons beaucoup d'efforts, en collaboration avec d'autres collègues, les territoires, les groupes sur le terrain, les groupes autochtones et autres intervenants, pour assurer l'exécution d'un programme dynamique qui nous permet de bien saisir la nature du risque et ainsi cibler nos efforts pour le contrer.
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Merci, monsieur le président.
C'est une question importante. Pour ce qui est des BCP, comme M. Vaughan l'a fait remarquer, nous avons noté que c'est dans le cadre de nos travaux, en discutant avec diverses organisations responsables de la gestion des substances toxiques, que cette question a été soulevée. Nous nous sommes entretenus avec un expert, un chercheur de Toronto qui s'est penché sur la question, qui nous a dit que des travaux de recherche sont actuellement menés tant en Europe qu'aux États-Unis à ce sujet.
Récemment, l'Environmental Protection Agency des États-Unis a entrepris de nouveaux travaux de recherche sur la présence de BCP dans les produits de calfeutrage utilisés dans des bâtiments plus vieux. Ils ont diffusé des directives à cet égard à l'intention des écoles. C'est un produit désuet. En fait, c'est un problème récent qui concerne une substance désuète. Encore un exemple qui illustre que, bien que nous ayons l'impression d'avoir fait beaucoup de progrès au sujet de certaines de ces substances, la science nous rappelle qu'il y a d'autres problèmes auxquels nous devons nous attaquer.
Pour résumer, je dirais qu'il y a des chercheurs, tant en Europe qu'aux États-Unis et au Canada, qui étudient ce problème.
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Merci de poser cette question.
Nous sommes tout à fait d'accord pour dire qu'il s'agit d'un nouveau problème important. Comme certains l'ont fait remarquer, on parle d'un problème relativement nouveau. Nos scientifiques sont au courant, et nous avons eu des discussions avec l'EPA des États-Unis, par exemple. Comme cet organisme mène des recherches à cet égard, nous voulons être en communication constante avec les responsables pour savoir ce qui en est.
Tel que mentionné précédemment, nous nous efforçons, dans toute la mesure du possible, de travailler en partenariat avec d'autres pays. Si l'un de nous découvre quelque chose de nouveau, un nouveau problème, nous collaborerons afin de trouver une solution. C'est donc une question que nous suivrons de près au fur et à mesure des progrès de la science.
Même si nous n'en sommes qu'à l'étape du travail préliminaire, nous ferons en sorte d'informer nos collègues des provinces et des territoires. Il est possible qu'ils souhaitent obtenir des directives en matière de santé et de sécurité au travail, aux fins de suivi, même si les travaux scientifiques ne font que débuter.
C'est donc un problème que nous surveillons à l'échelle internationale et si nous faisons des percées scientifiques ou que nos partenaires en font, nous partagerons ces renseignements. Si vous disposez de nouveaux renseignements justifiant des mesures complémentaires, nous en tiendrons certainement compte.
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Je vous remercie de cette question.
Le premier cycle dans l'enquête est maintenant terminé comme vous l'avez dit. Les résultats de l'enquête seront divulgués au cours de l'été, ce qui nous permettra de disposer de renseignements très fiables. Le deuxième cycle est en cours. Je crois que la perspective longitudinale de l'évolution de la situation au fil des ans nous sera très utile.
Nous avons commencé à prendre connaissance de quelques constatations initiales sur le plomb. Par exemple, certaines des données dont on a parlé aujourd'hui sont issues des premières constatations de cette étude. Nous prévoyons analyser les constatations et les divulguer cet été. À notre avis, le moment est bien choisi pour rendre ces informations publiques et, comme nous l'avons déjà dit, nous continuerons de surveiller la situation. Selon nous, les tendances observées au fil du temps seront très importantes.
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Merci beaucoup, monsieur Dreeshen.
Pour finir le deuxième tour, j'aimerais poser rapidement une question à Mme Yeates et peut-être à M. Gray.
Les parlementaires reçoivent chaque année certains documents clés, et je pense ici bien sûr au rapport ministériel sur le rendement soumis par chaque ministère, qu'il s'agisse de l'Environnement ou de la Santé. Ces rapports sont utilisés par les législateurs, le public et les médias. D'habitude, je lis les rapports pertinents avant la réunion. Je ne l'ai pas fait dans ce cas-ci, mais je vais le faire, et donc j'aimerais savoir si vos rapports ministériels sur le rendement contiennent un vrai bon résumé sur ce dossier, car c'est un dossier important.