:
La séance est ouverte, et je vous souhaite la bienvenue à tous.
Mesdames et messieurs, la réunion de ce matin comportera deux volets. Le premier se voudra une continuation de la réunion précédente consacrée au chapitre 8 du rapport de la vérificatrice générale de l'automne 2009 intitulé « L'amélioration de l'efficacité de l'aide — Agence canadienne de développement international ».
Vous vous souviendrez que nous avions amorcé cette réunion, mais que nous avons dû nous arrêter après seulement une heure en raison d'un vote. Le comité a donc décidé de consacrer une autre heure ou une heure et quart à la continuation de cette réunion et aux questions.
La vérificatrice générale, Sheila Fraser, est avec nous aujourd'hui et elle est accompagnée de John Reed, directeur principal; comme elle a présenté une déclaration préliminaire à la réunion précédente, elle n'en présentera pas aujourd'hui.
De l'ACDI, nous recevons Margaret Biggs, présidente et administratrice des comptes. Elle est accompagnée de David Moloney, premier vice-président. Je crois que Mme Biggs a une déclaration préliminaire modifiée à nous présenter, bien qu'elle en ait présenté une la dernière fois.
Avant de demander à Mme Biggs de prendre la parole, j'aimerais souligner que la deuxième partie de notre réunion sera consacrée à une discussion avec six ou sept vérificateurs généraux de différents pays, y compris la Barbade, la Guyane, le Kenya, le Vietnam et Sainte Lucie. Ces gens vont se joindre à nous pour les 40 à 45 dernières minutes de la réunion. Je pense que nous allons pouvoir procéder à la première série de questions, puis nous inviterons nos visiteurs à prendre part à la discussion.
Nous sommes très honorés de les recevoir. Je vais vous les présenter de façon plus officielle au début de la deuxième partie de notre réunion.
Au nom de chacun des membres du comité et de chaque député du Parlement, j'aimerais souhaiter à tous nos visiteurs la plus cordiale bienvenue au Canada et à la réunion.
Sans plus tarder, je vais maintenant demander à Mme Biggs de présenter sa déclaration préliminaire. Je pense que nous allons être en mesure de faire un premier tour. Nous suspendrons ensuite la séance et nous inviterons nos distingués invités à se joindre à nous.
Madame Biggs, la parole est à vous.
:
Merci beaucoup, monsieur le président. Je vous remercie de l'occasion qui m'est donnée de me présenter à nouveau devant le Comité permanent des comptes publics pour discuter plus à fond du rapport de la vérificatrice générale du Canada rendu public à l'automne de 2009 en rapport avec l'Agence canadienne de développement international.
Lorsque j'ai pris la parole devant le comité en décembre, j'ai souligné les progrès majeurs que l'ACDI avait faits pour mettre en oeuvre le programme du gouvernement sur l'efficacité de l'aide, et j'ai expliqué qu'actuellement nous nous attaquions premièrement à cibler davantage nos programmes, deuxièmement à assurer une meilleure gestion et une mise en oeuvre soutenue, et troisièmement à simplifier nos processus opérationnels. J'ai indiqué que l'ACDI avait déjà donné suite à nombre de changements proposés par la vérificatrice générale. Aujourd'hui, je peux dire que tous les principaux jalons du plan d'action de l'ACDI adopté en réponse au rapport de la vérificatrice générale ont été atteints.
Abordons le premier point, c'est-à-dire cibler davantage nos programmes. En ce qui a trait à la concentration géographique, l'ACDI a déjà atteint son objectif, qui était de concentrer 80 p. 100 de l'aide bilatérale dans les quelque 20 cibles. Les stratégies pour tous les pays ont déjà été élaborées et approuvées. Comme prévu, on peut consulter les résumés de ces stratégies sur le site Web de l'ACDI, lesquels décrivent la façon dont le Canada répond aux besoins précis de chacun des pays tels qu'ils sont définis dans le plan de développement national et dans la stratégie de réduction de la pauvreté. En outre, de nouveaux cadres de programmation-pays ont été élaborés pour tous les pays ciblés, soit en mars 2010, comme prévu.
En ce qui a trait à la concentration thématique, l'ACDI a retenu trois priorités et stratégies thématiques: les deux premières, accroître la sécurité alimentaire et assurer un avenir aux enfants et aux jeunes, ont été élaborées et affichées sur le site Web de l'ACDI; la troisième, stimuler une croissance économique durable, sera rendue publique sous peu. L'ACDI a procédé à un examen exhaustif de ses programmes multilatéraux et mondiaux. Par la suite, elle a élaboré sa toute première stratégie sur l'efficacité de l'aide pour ses programmes multilatéraux afin qu'ils soient ciblés, efficaces et conformes à ses priorités.
[Traduction]
Pour ce qui est d'améliorer la gestion et de soutenir la mise en oeuvre, l'ACDI a élaboré un plan d'action pour accroître l'efficacité de l'aide qui définit, pour l'ensemble de l'agence, des interventions claires et une orientation concrète pour la mise en oeuvre de tous les éléments du programme du gouvernement sur l'efficacité de l'aide. La vérificatrice générale a recommandé que ce plan d'action soit pris en compte dans l'application de chacune des stratégies relatives à ces pays. C'est ce que nous avons fait lors de l'élaboration de cadres de programmation propres à chaque pays.
Comme je l'ai mentionné en décembre, l'ACDI a mis en place une politique qui guide le recours aux approches-programmes dans l'ensemble de l'organisation. Depuis ma dernière comparution devant le comité, nous avons procédé à une évaluation complète de ces approches, dont les programmes en faveur du Ghana, du Bangladesh, de l'Éthiopie, du Malawi, du Mozambique et du Vietnam, qui comportent chacun un important volet lié aux approches-programmes. De façon générale, les constatations ont été positives. Nous tenons aussi compte des leçons tirées de nos programmes. Ce rapport d'évaluation a également été établi en temps voulu.
L'ACDI a également respecté un autre engagement avant la fin de mars, c'est-à-dire s'assurer de pouvoir compter sur un solide groupe de spécialistes internes qui faciliteront la mise en oeuvre des programmes de l'agence et l'exécution de projets à l'appui des priorités thématiques. Pour ce faire, nous avons tout d'abord défini les aptitudes et les compétences requises, relevé des lacunes et mis en place un plan visant à prévoir les ressources en fonction des besoins à l'aide d'un processus d'attribution du travail. Nous avons ensuite procédé à des activités intenses de recrutement, de formation et de perfectionnement professionnel continu. Cela donne suite à une autre recommandation de la vérificatrice générale.
En ce qui a trait à la simplification de nos processus opérationnels, dont nous avons parlé à la dernière réunion, l'ACDI continue d'aller de l'avant avec des réformes qui visent à accroître son efficience. Comme je l'ai indiqué en décembre, la décentralisation d'un plus grand nombre d'activités sur le terrain fait partie intégrante de notre plan d'action pour accroître l'efficacité de l'aide. Le fait de détacher plus d'employés sur le terrain permet à l'ACDI de mieux répondre aux besoins, de faire de meilleurs choix sur place et d'obtenir des résultats plus concrets. Grâce à la décentralisation, l'ACDI s'assure que ses décisions en matière d'investissement sont opportunes, efficaces, conformes aux besoins et aux plans des pays hôtes et mieux coordonnées avec les interventions d'autres donateurs sur le terrain. La première vague de ces décentralisations à part entière débutera cet été dans cinq de nos pays de concentration, à savoir le Bangladesh, la région des Caraïbes, le Ghana, la Tanzanie et l'Ukraine. Pour ce faire, il faudra transférer d'importantes fonctions organisationnelles et de programmes, dont le soutien à la passation des marchés, des conseillers financiers et des spécialistes, au besoin. Un ambitieux projet de modernisation de tous les processus opérationnels accompagne la décentralisation à l'ACDI. Le but est de réduire le temps et l'effort requis pour planifier et concevoir des projets et pour passer les marchés connexes. Pour ce faire, l'ACDI a piloté avec succès un nouveau processus opérationnel compétitif qui réduit de jusqu'à 70 p. 100 le temps de traitement des projets bilatéraux. Depuis notre dernière rencontre, ce nouveau processus a été mis en place dans l'ensemble de l'organisation. L'agence a également réduit de 60 p. 100 le temps de traitement des demandes relatives à ses projets de partenariat canadien.
[Français]
En conclusion, l'ACDI a atteint ou est en voie d'atteindre tous les objectifs qu'elle s'est fixés et qui ont été ancrés dans son plan d'action adopté en réponse au rapport de la vérificatrice générale.
Cela me fait plaisir de répondre maintenant à vos questions. Merci beaucoup.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Mesdames et messieurs les membres du comité, madame Fraser, je vous suis très reconnaissant d'avoir invité nos visiteurs étrangers afin qu'ils puissent constater de visu les liens qu'entretient le Comité permanent des comptes publics avec la vérificatrice générale de manière à assurer une reddition de comptes sans faille au sein de notre pays.
Sont présents aujourd'hui M. Leigh Trotman, vérificateur général de la Barbade; M. Deodat Sharma, vérificateur général de la Guyana; M. Anthony Gatumbu, vérificateur général du Kenya; Mme Averil James Bonnette, vérificatrice générale de Sainte-Lucie; M. Hoang Hong Lac, vérificateur général adjoint du Vietnam, qui est accompagné de son interprète; et M. Nguyen Van Quoc, directeur des relations internationales.
Nos collègues sont venus au Canada pour participer à la célébration du 30e anniversaire du volet des bourses d'études du Programme international d'aide à l'amélioration de la gouvernance et de la reddition de comptes. Au cours de leur visite, ils souhaitent également apprendre les uns des autres dans le but de renforcer ce programme — un projet qui s'étendra sur les 10 prochaines années. Disons que c'est un voyage d'affaires, monsieur le président.
Grâce aux bourses d'études offertes par le programme, les vérificateurs des pays en développement effectuent un séjour de 10 mois au Canada afin d'étudier nos méthodes de vérification législative. À leur retour chez eux, ils travaillent avec les vérificateurs généraux de leur pays de manière à mettre en oeuvre ce qu'ils ont appris ici. Le programme est financé par l'ACDI et est administré par la Fondation canadienne pour la vérification intégrée, dont je suis le président.
Le Bureau du vérificateur général du Canada appuie ce programme depuis de nombreuses années et offre aux participants des formations techniques et en milieu de travail. Au cours des 30 dernières années, au-delà de 150 boursiers provenant de plus de 45 pays ont réussi leur stage au Canada. Le programme peut aussi compter sur l'appui du Bureau du vérificateur général du Québec et, plus récemment, des bureaux de vérification législative de l'Alberta et de la Colombie-Britannique.
Je terminerai sur cette note. Je vous rends la parole, monsieur le président. Corrigez-moi si je me trompe, mais je crois que le temps qui reste jusqu'à 11 heures sera consacré à une période de questions et réponses.
Encore une fois merci de nous recevoir ce matin.
:
Merci, monsieur Thompson.
Encore une fois, nous sommes heureux de vous accueillir.
J'ai fait circuler une courte présentation en PowerPoint sur le rôle et les responsabilités du Comité des comptes publics du Canada. J'aimerais la passer en revue pour vous donner un aperçu du fonctionnement et du rôle de ce comité en six ou sept minutes. Mais j'aimerais d'abord faire quelques remarques.
Premièrement, j'ai dit en commençant que nous avions parmi nous quelques vérificateurs de pays d'Afrique et des Caraïbes. Un des membres a fait remarquer que le Vietnam ne faisait pas partie de l'Afrique ni des Caraïbes, évidemment, alors j'aimerais m'excuser.
Deuxièmement, avant de poursuivre, j'aimerais souligner un autre point, encore plus important: dans toutes nos discussions ici — et nous avons eu l'occasion de rencontrer des représentants de bien des pays jusqu'à maintenant — nous avons trouvé qu'il était très utile de parler de la façon dont nos systèmes politiques respectifs fonctionnent, de nos meilleures pratiques, et ainsi d'apprendre les uns des autres. Il est clair qu'il n'existe pas de bonne ou de mauvaise façon de faire. Mais nous pouvons échanger de l'information sur le fonctionnement des systèmes et sur les manières d'améliorer le nôtre.
Dans la dernière heure et quart, vous avez pu voir comment le Comité des comptes publics du Canada fonctionnait. C'est comme ça que nous procédons, et je ne prétends pas que ce soit la bonne ou la mauvaise façon, mais c'est le système qui a été mis en place au Canada. J'aimerais vous le présenter brièvement.
Je voudrais dire d'abord que tous les pays qui sont représentés, à l'exception du Vietnam, font partie du Commonwealth et utilisent le système de Westminster. Il semble que le Vietnam dispose d'un système qui fonctionne davantage comme un congrès.
Je ne vais pas lire le document PowerPoint, mais je vais en faire un survol.
À la page 2, on présente le système démocratique canadien, qui est similaire à celui de bien des pays qui sont représentés ici. Le gouvernement est constitué du premier ministre et du Cabinet. Le conseil exécutif rend compte au premier ministre et au Parlement des activités de chaque ministère. Le premier ministre et le Cabinet sont collectivement redevables au Parlement, et au peuple canadien par l'entremise du Parlement. Le gouvernement doit avoir la confiance de la Chambre pour continuer à gouverner.
À la page 3, on peut voir que dans le système canadien, il faut rendre compte des fonds dépensés. J'ai divisé cette question en deux. L'obligation de rendre des comptes avant les dépenses commence évidemment avec le budget, qui est déposé par le ministre des Finances. C'est le programme politique et financier du gouvernement. Il y a ensuite le budget des dépenses, ou les crédits qui sont approuvés par le Parlement. Dans le processus rattaché au budget des dépenses, les ministères soumettent des rapports sur leur rendement et des rapports sur les plans et les priorités, c'est-à-dire qu'ils présentent ce qu'ils planifient pour les deux années suivantes.
Je passe à l'obligation de rendre des comptes après les dépenses, c'est-à-dire l'information à transmettre une fois les fonds dépensés. Je parle ici des états financiers des ministères et des organismes. Il y a aussi les états consolidés du gouvernement du Canada, qui sont généralement présentés au Parlement en octobre chaque année. Ces documents sont vérifiés par notre vérificatrice générale. De plus, différents rapports sur le rendement, de 25 à 30 habituellement, sont produits par le Bureau du vérificateur général. Un grand nombre de ces documents, 60 à 70 p. 100 en général, sont examinés par notre comité. Dans l'heure et quart qui vient de s'écouler, vous avez assisté à l'examen d'un de ces rapports, celui de l'ACDI. Le Comité des comptes publics accorde une grande attention à l'information qui est transmise une fois que les fonds ont été dépensés, et collabore étroitement avec le Bureau du vérificateur général.
La page suivante porte sur les députés de la Chambre des communes. Je ne m'attarderai pas sur ce point, sauf pour dire que dans notre système, le rôle des membres du Parlement n'est réellement pas de gouverner. Notre rôle est d'approuver les lois, d'approuver le prélèvement de fonds au moyen des impôts, d'approuver l'affectation de fonds, et ce qui est peut-être le plus important, d'obliger le gouvernement à rendre compte de l'exercice des pouvoirs législatifs ou délégués qu'il détient.
Comme vous pouvez le voir, le Comité des comptes publics se compose de 11 députés. Les membres sont nommés en proportion des sièges à la Chambre des communes. Il y a deux membres du Parti libéral, deux membres du Bloc québécois, un membre du Nouveau Parti démocratique, et de ce côté il y a cinq membres du parti au pouvoir, le Parti conservateur.
C'est moi qui préside le comité, en tant que représentant du Parti libéral. C'est la façon de faire dans la plupart des pays du Commonwealth, je crois bien; le président du Comité des comptes publics fait partie de l'opposition officielle.
La page 6 résume en quoi consiste le Comité permanent des comptes publics, sa structure et son mandat, qui est bien sûr d'examiner les rapports de la vérificatrice générale du Canada, et de fournir et d'obtenir de l'information sur la manière dont l'argent des contribuables a été utilisé. Nous sommes fondamentalement différents de tout autre comité parlementaire en ce sens que notre travail n'est pas axé sur les politiques. Nous nous concentrons plutôt sur l'administration du gouvernement. Vous l'avez probablement constaté dans la dernière heure, quand, je crois, certains membres voulaient aborder des questions qui semblaient se rapporter plutôt aux politiques, ce qui ne fait pas partie du mandat du comité.
Le comité se réunit deux fois par semaine. Chaque séance dure deux heures. Nous recevons l'appui de trois membres du personnel. À ma droite, il y a deux analystes qui relèvent de la Bibliothèque du Parlement, qui ne fait pas partie du gouvernement, mais qui est financée par le Parlement du Canada. À ma gauche se trouve la greffière du comité, qui est responsable du calendrier des activités, des dispositions concernant les témoins, etc. Comme les analystes, elle relève du Parlement et non du gouvernement du Canada.
Comme je le disais, le rôle du comité consiste à tenir des audiences publiques. Les séances sont ouvertes au public; n'importe qui peut y assister. Nous tenons des audiences sur les comptes publics du Canada, et sur environ 60 à 70 p. 100 — c'est un chiffre qui varie d'une année à l'autre — de tous les rapports sur le rendement produits par le Bureau du vérificateur général.
Normalement, nous ne nous occupons pas des budgets des dépenses, sauf dans le cas du budget du Bureau du vérificateur général. La vérificatrice générale se présente devant le comité pour recommander l'affectation de crédits. Elle doit nous présenter le rapport sur le rendement et le rapport sur les plans et les priorités de son bureau.
Contrairement à ce qui se fait dans d'autres pays, le Bureau du vérificateur général ne fait pas partie du comité. Ce n'est pas la vérificatrice qui décide de notre programme. Et inversement, nous ne décidons pas de ce que doit faire son bureau, bien que nous puissions faire des recommandations.
Si vous allez à la page 8, vous verrez que dans la plupart des audiences du comité, les témoins sont la vérificatrice générale ou un haut fonctionnaire désigné, si elle n'est pas disponible. La plupart du temps, le ministère ou l'organisme dont il est question est représenté par le sous-ministre, qui est le fonctionnaire le plus haut placé. Il est très rare que le comité convoque des ministres. Ce sont normalement les ministres qui établissent les politiques, mais l'administration des politiques est la responsabilité des fonctionnaires de haut niveau.
Après chaque audience, le Comité des comptes publics prépare un rapport. Nous le faisons à huis clos, en privé, et une fois que le rapport est approuvé par le comité, il est présenté au Parlement. Le gouvernement dispose de 120 jours pour réagir au rapport.
J'aimerais mentionner ici que le comité a mis en place un processus de suivi rigoureux qui permet de voir comment les recommandations sont appliquées. Le gouvernement accepte de faire un certain nombre de choses, comme vous l'avez vu dans le cas du dernier témoin, et en tant que comité, nous faisons un suivi pour savoir si le gouvernement fait bien ce qu'il a accepté de faire.
Le comité inclut un petit groupe de cinq personnes qui représentent tous les partis. C'est le comité directeur. Le comité directeur fait des recommandations sur les dossiers à aborder. Ce qu'il recommande doit être approuvé par le comité dans son ensemble.
Je voudrais dire également qu'environ 95 p. 100 du temps du comité est consacré aux rapports du Bureau du vérificateur général, qu'il s'agisse de les examiner, d'obtenir des précisions ou de produire des documents à leur sujet. Nous sommes parfois appelés à nous pencher sur des questions d'envergure auxquelles il faut consacrer plusieurs réunions, mais dans la plupart des cas, nous prenons une réunion, donc deux heures, pour examiner un rapport. Puis nous prenons au moins la moitié d'une réunion ou une réunion pour rédiger le rapport.
Je me dois de souligner — sans connaître la situation qui prévaut dans vos pays — qu'il y a environ quatre ans, le Canada a adopté le concept d'administrateur des comptes en fonction duquel chaque sous-ministre ou dirigeant d'organisme est désigné administrateur des comptes. Cette personne devient donc personnellement responsable devant le Parlement des trois points présentés à la page 10: s'assurer que tous les fonds soient dépensés conformément aux politiques et aux procédures du gouvernement; que des comptes appropriés soient maintenus et produits; et qu'un système efficace de contrôle interne soit établi et maintenu.
Avec cette disposition, nous voulons que l'administrateur des comptes prenne en charge tout rapport de rendement parce qu'il est personnellement responsable devant le Parlement de s'assurer que tous les fonds soient dépensés conformément aux politiques en vigueur. À mon avis, ce concept a grandement aidé le comité et les fonctionnaires à délimiter la responsabilité personnelle et l'obligation de s'expliquer.
Le Comité des comptes publics et le Bureau du vérificateur général ont une étroite relation et ils travaillent en collaboration. Le Comité des comptes publics est là pour appuyer et fournir un forum public ou une interface visant à présenter les constatations et les recommandations du Bureau du vérificateur général. Le comité doit s'assurer que le Bureau du vérificateur général soit une entité indépendante qui conserve cette indépendance, et que le bureau dispose de ressources suffisantes pour faire le travail qui lui a été confié.
Le Comité des comptes publics et le Bureau du vérificateur général sont des institutions indépendantes ayant des rôles distincts, et nous nous gouvernons en conséquence.
Tel que mentionné précédemment, le Bureau du vérificateur général doit rendre des comptes au Parlement, ce qui se fait par l'intermédiaire de ce comité. Une fois par année, au moins une réunion du comité est consacrée à l'examen des budgets des dépenses du Bureau du vérificateur général ainsi que des rapports sur le rendement et des rapports ministériels ou des organismes sur les plans et les priorités. Bien sûr, après la réunion, un rapport est produit puis déposé au Parlement.
Le défi auquel ce comité est aux prises — et je suis convaincu que vous avez sans doute ce même défi à relever dans vos pays —, est l'intérêt décroissant des médias à l'égard du travail du Comité des comptes publics. Les médias semblent mettre davantage l'accent sur les opinions que sur la présentation de faits ou d'analyses éclairées sur ce qui se déroule au Parlement. La compréhension du rôle de surveillance du Parlement est limitée. Bien sûr, à mon avis, il y a un manque de concordance entre l'obligation redditionnelle et les motivations et les ressources de la plupart des députés.
Voilà quelques renseignements généraux sur le rôle de ce comité.
Vous nous avez vu en action pendant une heure et 15 minutes. Je laisserai maintenant place à la discussion et au dialogue ainsi qu'à toutes vos questions. On peut dresser une liste, mais j'aimerais peut-être, avant de procéder, demander à Mme Fraser si elle souhaite faire des commentaires.
Madame Fraser, souhaitez-vous ajouter quelque chose?
(Traduction de l'interprétation):
Tout d'abord, j'aimerais remercier le président de son exposé ainsi que les autres membres du comité.
Aujourd'hui, notre délégation est très honorée de prendre part à cette discussion. À la suite des échanges qui ont eu lieu ce matin, nous prenons conscience des rapports entre le Comité des comptes publics et le Bureau du vérificateur général du Canada, qui ressemblent grandement à ceux que nous entretenons dans notre pays. Nous aimerions vous en parler et partager notre expérience pour pouvoir expliquer en détail les rapports entre le Comité des comptes publics et le Bureau du vérificateur général.
Notre bureau d'audit national ou Bureau d'audit d'État a été mis sur pied au Vietnam il y a 16 ans, en 1994. En 2006, l'Assemblée nationale a adopté une nouvelle loi concernant les audits d'État, laquelle est entrée en vigueur le 1er janvier 2006. Le bureau, qui a été établi par l'Assemblée nationale, est un bureau indépendant. Nous exerçons toujours nos activités en conformité avec la loi.
Nous avons un bureau centralisé du gouvernement central au niveau des districts, dans d'autres pays. Actuellement, nous conseillons les unités qui relèvent de notre contrôle et nous avons 1 500 employés. Nos fonctions se rapportent principalement à trois types d'audits: audits financier, de la conformité et du rendement. Des principes guident notre travail; nous sommes justes dans notre travail et nous suivons uniquement la loi.
Nous privilégions maintenant deux types d'audits. Nous cherchons des travaux sur lesquels concentrer nos efforts et réaliser des audits prochainement.
Nous auditons toutes les organisations et agences, et nous utilisons la brochure d'État.
Nous sommes ravis de vous donner des précisions au sujet des rapports entre l'Assemblée nationale du Vietnam et notre bureau. Nous avons un comité exécutif qui fonctionne de manière similaire à votre Comité des comptes publics. Nous soumettons le rapport d'audit à l'Assemblée nationale ainsi qu'au gouvernement et aux agences. Nous soumettons le rapport d'audit à tous les membres de l'Assemblée nationale. Nous faisons d'abord rapport au comité exécutif de l'Assemblée nationale. Nous entretenons des rapports très étroits avec le comité des finances et le comité exécutif de l'Assemblée nationale, mais nous sommes tout à fait indépendants de chacun des comités. Nous avons également beaucoup de rapports qui sont similaires à ceux qui existent entre le Comité des comptes publics, l'Assemblée nationale et le Bureau du vérificateur général du Canada.
J'aimerais vous poser une question. Pouvez-vous expliquer en de plus amples détails les types de travaux auxquels collaborent ensemble le Comité des comptes publics et le Bureau du vérificateur général? Par exemple, en ce qui concerne la consultation relative à l'élaboration de plans d'audit, est-ce que le Comité des comptes publics pourrait faire des demandes au Bureau du vérificateur général pendant le processus de planification des audits?
Merci.
Bienvenue à notre comité. J'aimerais simplement dire que je suis heureux que vous ayez pu prendre part à l'échange que nous avons eu plus tôt.
Une chose qui s'est produite à ce comité, et je participe au processus depuis deux ans à peine, c'est que la vérificatrice générale — et vous représentez cette fonction où vous êtes le vérificateur général de votre pays — s'est présentée au Parlement, qui comprend les représentants de tous les partis, avec une très grande crédibilité.
Notre vérificatrice générale — je ne dis pas cela parce qu'elle est ici, mais parce qu'elle est notre vérificatrice générale — a cette crédibilité, et elle a le respect, je crois, de tous les partis parce qu'elle est consciencieuse et raisonnable, et qu'elle amène également une logique sur le plan des affaires ainsi que des recommandations raisonnables et compréhensibles, qui sont transmises à notre comité par l'entremise de l'agence ou des ministères qu'elle vérifie.
Lorsque la vérificatrice générale fait part de ses recommandations à l'agence, les recommandations sont parfois prises en compte, mais parfois elles ne le sont pas; personne ne semble demander pourquoi. Comme vous le voyez ce matin, je crois, chez l'agence devant nous, on respecte énormément les recommandations et beaucoup de mesures sont prises à l'égard de ces recommandations parce que l'agence sait maintenant que si elle prend du retard, le Comité des comptes publics lui demandera de revenir et de rendre des comptes à savoir pourquoi elle n'a pas pris les mesures nécessaires. Peut-être aura-t-elle une bonne raison pour expliquer pourquoi elle ne le pouvait pas, mais cela fait partie de la reddition de comptes.
J'aimerais simplement dire que le fait de mettre en application un plan d'action, d'enregistrer quel était votre état puis de faire rapport au comité parlementaire y est pour beaucoup, et on y arrive en travaillant ensemble. À mon avis, comme l'a décrit le président, l'indépendance qui se traduit par le fait que la vérificatrice générale ne siège pas au comité et ne participe pas aux travaux du comité est une très bonne chose, car cela vous dit qu'elle n'est pas bras dessus, bras dessous avec le Comité des comptes publics, mais qu'elle est en réalité indépendante et qu'elle vient nous présenter les recommandations concernant une agence ou un ministère.
:
Merci, monsieur le président.
Je souhaite la bienvenue aux professionnels en visite.
Nous, les membres du comité, tenons parfois beaucoup de choses pour acquis dans notre travail. Pour que le travail de la vérificatrice générale soit efficace, il y a plusieurs choses qui doivent être en place, et tout est interrelié.
Voici quelques exemples. Il nous faut un Bureau du vérificateur général qui est professionnel, non partisan et hautement compétent. Sans cela, la qualité des vérifications n'y est pas. Il nous faut une fonction publique professionnelle qui est capable de comprendre et de mettre en oeuvre les lignes directrices et les résultats des examens de la vérificatrice générale. Nous avons une très bonne fonction publique professionnelle au Canada — je ne parle pas des politiciens mais des fonctionnaires.
Il nous faut une presse libre qui peut faire la lumière sur ces questions, rapporter les questions et montrer aux Canadiens ce qui se passe.
Il nous faut un gouvernement au pouvoir qui est tenu de rendre des comptes au Parlement. Le gouvernement doit être présent à la Chambre des communes pour rendre des comptes sur tout ce qu'il fait.
En dernier lieu, à notre niveau, il doit y avoir un comité qui dispose d'un plan de travail de qualité qui consiste entre autres à faire la lumière sur bon nombre des questions soulevées par la vérificatrice générale, mais pas toutes; nous n'avons pas le temps de nous pencher sur toutes les questions. Nous prenons les questions importantes et nous écoutons ce qu'elle a à dire. Nous faisons la lumière, nous tenons des audiences publiques et nous faisons un suivi.
Notre président et notre personnel s'assurent que lorsque nous nous attaquons à une question, nous essayons d'en faire le suivi. Des mois plus tard, nous suivons les progrès réalisés par la fonction publique à la suite des recommandations de la vérificatrice générale. Parfois, nous formulons nos propres recommandations, mais habituellement elles coïncident avec celles de la vérificatrice générale.
Voilà environ six éléments distincts qui doivent être mis en place pour que les procédures de vérification à trois volets fonctionnent efficacement.
Merci, monsieur le président.