:
Merci, chers collègues.
Conformément à l'article 108(3)g) du Règlement, et à la motion adoptée par le Comité le jeudi 9 décembre 2010, Rapport de la vérificatrice générale du Canada, « La commissaire à l'intégrité du secteur public du Canada », nous accueillons Rob Walsh, légiste et conseiller parlementaire et, du Commissariat à la protection de la vie privée du Canada, Chantal Bernier, commissaire adjointe à la protection de la vie privée ainsi que Nathalie Daigle, avocate générale par intérim.
Avant de débuter, je tiens à remercier nos témoins de s'être déplacés. Veuillez m'accorder une minute ou deux, le temps pour moi de mettre le comité au courant de deux ou trois questions qui intéressent nos discussions.
Premièrement, nous avons reçu du commissaire à l'intégrité du secteur public cette documentation que les députés avaient réclamée à la réunion de décembre. Il y en a une partie qui est arrivée la semaine dernière et qui a été distribuée à tous les membres.
Les documents ont été envoyés par le bureau de la greffière, par messager, au bureau des députés, les 31 janvier, 7 février et 14 février. Comme toute la documentation originale reçue n'était pas dans les deux langues officielles, et comme certains collègues le savent peut-être, j'ai demandé à la greffière de vous remettre ceux qui étaient dans les deux langues au moment de la réception et d'attendre la traduction pour le reste.
Vous devriez maintenant avoir en main la totalité de la documentation, car je crois que la dernière pièce est arrivée hier soir.
Je vais également vous mettre au courant de deux autres choses. Soit dit en passant, vous avez déjà reçu... Il y a notamment la lettre du Conseil privé. Nous allons pouvoir en reparler dans un instant.
Le plus important sans doute, c'est que nous avons reçu une lettre d'un avocat d'Heenan Blaikie. J'ai appelé cet avocat et me suis entretenu avec son adjointe qui m'a déclaré que seul Me Whitehall traiterait de ce dossier. Je lui ai alors demandé de me mettre en communication avec lui. Vendredi, vers 17 heures, nous avons eu tous deux une conversation que je qualifierais de courtoise. Je lui ai demandé s'il était bien l'avocat responsable du dossier. Il m'a répondu par l'affirmative. Je lui ai alors demandé où se trouvait Mme Ouimet. Il m'a dit qu'il pouvait me confirmer son absence du pays et, quand je lui ai demandé où il se trouvait lui, il m'a répondu qu'il était hors du pays également.
Je lui ai souligné que le comité tenait beaucoup à accueillir Mme Ouimet pour deux raisons: d'abord, pour lui donner la possibilité de s'exprimer au sujet des questions soulevées à son propos dans le rapport de la vérificatrice générale et, deuxièmement, parce que le comité devait compléter ses travaux et que, pour cela, il devait accueillir cette témoin qui est au centre du dossier.
Troisièmement, je lui ai dit que, comme sa cliente avait été nommée dans ce poste, elle s'attendait forcément à ce que le comité veuille lui parler. Nous avons un peu parlé du subpoena. Je lui ai demandé de réfléchir à cette question et de me rappeler à ce sujet. Je lui ai dit qu'il n'avait pas besoin de le faire le samedi, ni le dimanche, mais que je m'attendais à ce qu'il le fasse le lundi après s'être entretenu avec Mme Ouimet.
Hier soir, vers 17 h 30, l'avocat m'a rappelé. Je lui ai demandé s'il s'était entretenu avec sa cliente. Il m'a dit que non, mais qu'ils s'étaient échangé des courriels. Il m'a laissé entendre qu'elle était en Floride.
Je vous fais part de ce fait qui n'a vraiment d'importance que dans la mesure où certaines rumeurs la situaient ailleurs.
Nous avons parlé des problèmes que constitue la signification d'un subpoena hors des frontières canadiennes. Nous avons eu un bref échange à ce sujet. Je lui indiqué que je ferais rapport de ses préoccupations à cet égard. Je lui ai aussi dit que je ferais rapport du fait qu'il ne s'était pas entretenu avec Mme Ouimet.
Au début, il m'a dit qu'il lui serait logistiquement impossible de la voir en personne avant le courant du mois d'avril — premièrement, parce qu'il serait hors du pays en vacances jusqu'au 7 mars, je crois, et deuxièmement parce qu'il devait se préparer pour une comparution devant le tribunal qui va le mobiliser fin mars et début avril. Ce n'est donc qu'après cela que tous deux seraient en mesure de parler de cette affaire. Je lui ai dit que je ferais part de tout ça au comité.
Hier, il m'a rappelé pour m'annoncer que tous deux étaient prêts à comparaître devant le comité le 10 mars parce qu'il avait réussi à libérer son agenda.
Je lui ai fait savoir que je n'étais pas en train de négocier, que je lui faisais simplement part de l'intérêt 'du comité d'accueillir Mme Ouimet afin qu'il puisse s'acquitter du travail qui lui a été confié. Je lui ai rappelé que nous essayions d'obtenir la présence de sa cliente depuis le 9 ou le 10 décembre, que le comité ne faisait pression sur personne, et je lui ai demandé s'il était disposé à recevoir le subpoena au nom de Mme Ouimet, puisqu'il était son avocat, ce à quoi il m'a répondu par l'affirmative. Toutefois, 10 minutes plus tard, il m'a rappelé pour me dire que cette acceptation ne serait valable qu'en fonction de la date du 10 mars.
Je lui ai répété que je ne négociais pas pour le comité, que je ne faisais que lui faire part de la position du comité. Je lui ai dit que le comité désirait rencontrer Mme Ouimet, qu'il savait où elle se trouvait et que nous aimerions qu'elle vienne témoigner devant nous. Je lui ai dit que je m'en remettrais à la décision du comité.
Je voulais vous mettre au courant de ces échanges parce qu'il est important que nous sachions exactement ce vers quoi nous nous dirigeons. Je ne veux rien vous cacher. Je pourrais, certes, entrer dans les détails de la conversation, mais je ne crois pas que ce serait à propos.
Il y a quelque chose de particulier dans la lettre du BCP. Dans notre motion de jeudi dernier, nous avions indiqué que nous souhaitions obtenir les documents avant le 19 février. Le BCP nous a envoyé une lettre, que vous avez sous les yeux, pour nous indiquer qu'il lui fallait une semaine de plus.
Je vais évidemment faire ce que souhaite le comité, mais mon premier réflexe a été de rappeler que nous avions réclamé tout cela pour la réunion du 19 et que nous aimerions nous en tenir là.
Pour ceux qui n'auraient pas encore imprimé tout ça à partir de leur ordinateur, sachez que la greffière a des photocopies.
Je suppose que nous sommes d'accord au sujet de la lettre du BCP...
Monsieur Bains.
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Merci beaucoup de nous avoir mis au courant, monsieur le président.
Depuis tout le temps que je suis à la Chambre — et je suis ici depuis 2004 — je n'ai jamais été confronté à ce genre de comportement chez un témoin. C'est très grave. Nous avons parlé de cette affaire à de nombreuses reprises. Personnellement, je trouve cela totalement inacceptable.
La commission avait été mise sur pied pour améliorer la responsabilité et l'intégrité. C'est très simple, ça n'est pas compliqué. Il a fallu trois longues années et 11 millions de dollars pour la mettre sur pied, comme je l'ai déjà dit, et 228 plaintes plus tard, il n'y a eu aucun suivi.
Que reste-t-il après tout cela? Qu'avons-nous sur les bras aujourd'hui? Nous traitons d'une commission qui est en crise. Nous traitons d'une commission qui, aujourd'hui, essuie les plâtres derrière Mme Ouimet. Tout cela est confirmé par le fait que, dans son rapport, la vérificatrice générale a clairement indiqué que sa conduite avait été inappropriée et inacceptable. Voilà le problème. En ce qui me concerne — et beaucoup de membres du comité seront d'accord avec cela — je veux la voir devant le comité.
Le comité est investi de la responsabilité de s'occuper de cette affaire. Ce n'est pas le comité des opérations gouvernementales qui doit s'en charger, ni le comité à l'éthique, c'est nous. Nous travaillons main dans la main avec le Bureau du vérificateur général. Nous sommes sur cette question depuis le 9 décembre et, si j'en crois mes propres notes — corrigez-moi si j'ai tort — nous avons déjà siégé à six reprises sur cette même affaire. Par six fois, nous avons essayé de voir comment faire venir Mme Ouimet devant nous.
Nous lui avons téléphoné et envoyé des lettres. Nous lui avons envoyé une assignation à témoigner et, aujourd'hui, nous accueillons Me Walsh et des représentantes du Commissariat à la protection de la vie privée. Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir.
Je suis d'avis que tout cela dure depuis trop longtemps. Nous ne négocions pas avec les avocats. C'est la première fois que j'entends quelque chose comme ça, qu'on essaie de négocier avec un avocat. Nous ne négocions pas avec les avocats.
Vous avez dit qu'elle se trouve en Floride. Parfait, mais puisqu'elle passe par un avocat, j'estime qu'elle été a assignée. Elle sait que nous voulons la faire venir devant le comité. C'est très simple: comme elle a retenu les services d'un avocat, elle est forcément consciente que nous avons tenté de la faire comparaître devant le comité et pas simplement une fois, deux fois ou trois fois; nous avons eu recours à toutes les solutions s'offrant à nous.
Ça suffit. Il est temps d'agir et de faire rapport de cette question à la Chambre.
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Merci, monsieur le président...
Mon micro est branché?
Une voix: [Note de la rédaction: inaudible]
M. David Christopherson: Ah, il est ouvert. Parfait.
Vous vous attendiez à ce que je jette instinctivement un coup d'oeil à gauche, n'est-ce pas?
Des voix: Oh, oh!
M. David Christopherson: Je voudrais obtenir une petite clarification, monsieur le président, au sujet de la présence d'avocats accompagnant des témoins. Cela s'est produit à plusieurs reprises au comité et s'il convient que Me Walsh soit ici, quelqu'un pourrait-il me rappeler la politique à ce sujet?
Je sais que tout témoignage rendu par un témoin devant un comité de la Chambre des communes ne peut être repris et utilisé ailleurs; il ne peut pas être utilisé devant un tribunal. C'est ce dont je me souviens, mais je n'ai pas tous les détails. Il n'est donc pas question du droit d'un avocat d'accompagner son témoin et de s'exprimer en son nom, puisque le témoin est de toute façon protégé, que tout ce qu'il va déclarer au comité ne pourra pas être repris contre lui ailleurs.
Que dit précisément notre politique à ce sujet? Les témoins peuvent-ils être accompagnés d'un avocat et le consulter avant de répondre?
Si je pose cette question, monsieur le président, c'est que la participation de Mme Ouimet dépend de la disponibilité de son avocat. La question du statut de l'avocat lors de séances du comité se trouve à déterminer s'il est légitime ou pas de demander un report de la comparution jusqu'à ce que l'avocat soit disponible.
:
Merci, monsieur le président.
Je serai bref, car je sais qu'on a des témoins à entendre. Or, certaines des choses que vous avez mentionnées dans votre sommaire des événements des derniers jours ne s'appliqueront pas à la présentation. Une chose qui est certainement incompréhensible, c'est que vous avez mentionné qu'un avocat représente actuellement quelqu'un avec qui il n'a jamais eu de discussions. On commence à remettre cela en question: comment quelqu'un peut-il défendre ou représenter une personne quand ils ne se sont même pas parlé?
Comme par hasard, il est question d'une personne qui semblerait être en vacances dans le Sud et d'un avocat qui se voit dans l'impossibilité de la représenter parce qu'il a trop de travail. À ma connaissance, monsieur le président, la firme Heenan Blaikie compte certainement plus d'un avocat. Si c'est la firme qui représente actuellement Mme Ouimet, elle devrait être en mesure d'affecter des gens pour s'occuper de son cas, plutôt que de simplement s'excuser de ne pas pouvoir comparaître devant nous parce que les avocats ont trop de travail ou sont en vacances. D'autres avocats devraient être prêts à s'occuper de ce cas.
Ni un avocat, ni une firme d'avocats, ni un témoin ne doivent nous dicter à quel moment ils vont décider de venir témoigner. Ce serait inacceptable.
[Traduction]
Ni un avocat, ni une firme d'avocats, ni un témoin ne doivent nous dicter à quel moment ils viendront répondre à nos questions.
[Français]
Dans le cadre de notre travail, nous voulons donner la chance à Mme Ouimet de venir s'expliquer. Aujourd'hui, on constate encore une fois que ces gens essaient de nous niaiser depuis des semaines, voire des mois. Vraiment, ce n'est plus acceptable. Ça fait longtemps que ce n'est plus acceptable, mais là, on est en train de jouer avec nous comme si nous étions des jouets. Je pense que ces gens devront maintenant subir des conséquences. Ils ne peuvent pas nous dicter ainsi la façon dont ils vont se comporter avec nous.
J'aimerais soulever un dernier point, monsieur le président, à propos de la lettre qu'on a reçue du Bureau du Conseil privé. Je ne comprends pas une chose dans la réponse du BCP, qui dit avoir besoin de plus de temps. Je trouve cela inacceptable. Ces agents du Parlement — je pense qu'il y en a sept, mais dites-le-moi si je me trompe —, ces agents supérieurs de la Chambre des communes, qui sont censés être indépendants, ont beaucoup de correspondance avec le Bureau du premier ministre. Comment se fait-il qu'ils ne soient pas en mesure de nous remettre à temps les documents que nous exigeons?
J'avais déjà exigé que les documents nous parviennent hier; pas dans deux semaines, hier. J'ai accepté qu'on prolonge le délai jusqu'au 19 février, sauf erreur. Or aujourd'hui, jour de séance du comité, le Bureau du Conseil privé nous envoie comme par hasard une lettre nous informant qu'il ne peut pas nous remettre les documents. Compte tenu de la grande correspondance entre le Bureau du premier ministre et Mme Ouimet ou son commissariat, comment se fait-il qu'on ne soit pas en mesure de nous fournir les documents dans un délai opportun?
Je n'accepte pas ces réponses. Si ces gens ont de l'information, qu'ils nous la fournissent au fur et à mesure; ils ont jusqu'au 19 février pour nous fournir ces documents.
:
Merci, monsieur le président.
Je vais parler de deux choses.
Premièrement, je vais répéter ce que mon collègue, M. Kramp, vient de dire. J'estime que nous devrions entendre les témoins et leur poser des questions. Ils sont présents et nous avons l'occasion de profiter de cette présence.
Je tiens à rappeler à mon collègue, M. D'Amours, qu'en fonction de sa première motion, le Bloc désirait que ces documents parviennent au comité avant le 24 février. Ainsi, par rapport à cette première motion, il n'est question que d'une prolongation du 24 au 28 février.
Peu importe les dates, puisque nous avons reçu une lettre indiquant que les fonctionnaires travaillent sur cette question, qu'ils coopèrent et qu'ils ont l'intention de nous remettre ce que nous leur avons demandé. C'est une requête raisonnable; ils ont besoin de plus de temps parce qu'il y a beaucoup de documents et je ne vois pas là grand problème. Les documents nous parviendront en temps voulu et M. D'Amours devrait comprendre les contraintes auxquelles le BCP est soumis.
Une voix: [Note de la rédaction: inaudible]
M. Andrew Saxton: Monsieur le président, je pense que nous devrions effectivement entendre les témoins. Ils sont ici. Poursuivons.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de nous avoir invités à témoigner devant le comité, aujourd'hui, dans le cadre de l'étude du rapport du Bureau de la vérificatrice générale sur le Commissariat à l'intégrité du secteur public du Canada.
Tout d'abord, je veux vous transmettre les excuses de notre commissaire, qui est malade et ne pouvait donc pas se joindre à vous aujourd'hui. Comme l'a dit M. le président tout à l'heure, je suis accompagnée de Me Nathalie Daigle, l'une de nos conseillers juridiques.
Je veux vous présenter le sommaire des dispositions de la Loi sur la protection des renseignements personnels portant sur la communication des renseignements personnels qui soulèvent des enjeux que le comité pourrait être appelé à considérer lorsqu'il procédera à son étude du rapport.
Les deux points principaux à prendre en considération sont les suivants: d'abord, il s'agit de déterminer si les documents en question contiennent des renseignements personnels; ensuite, il faut considérer la communication de ces renseignements.
Aux termes de la Loi sur la protection des renseignements personnels, « renseignements personnels » s'entend des « renseignements, quels que soient leur forme et leur support, concernant un individu identifiable ». D'après l'alinéa f) de cette définition, les renseignements personnels comprennent également « toute correspondance de nature, implicitement ou explicitement, privée ou confidentielle envoyée par [l'individu identifiable] à une institution fédérale, ainsi que les réponses de l’institution dans la mesure où elles révèlent le contenu de la correspondance de l’expéditeur ».
Les ministères et organismes fédéraux assujettis à la Loi sur la protection des renseignements personnels ne peuvent communiquer de renseignements personnels sans le consentement de la personne concernée. Néanmoins, des exceptions à cette disposition sont prévues au paragraphe 8(2) de la loi.
Je vais maintenant parler un peu plus en détail de ces exceptions, particulièrement des alinéas 8(2)m) et 8(2)c).
L'alinéa 8(2)m) de la Loi sur la protection des renseignements personnels permet la communication des renseignements personnels lorsque, de l'avis des responsables de l'institution fédérale en question, l'intérêt public justifierait nettement une éventuelle violation de la vie privée, ou lorsque la communication des renseignements personnels conférerait à la personne concernée un avantage certain. Il incombe aux dirigeants de l'institution de juger si l'intérêt public l'emporte sur le droit à la vie privée.
Je voudrais mettre en lumière les deux volets de l'alinéa 8(2)m). D'abord, la communication des renseignements personnels est discrétionnaire, mais elle est également assujettie à une norme selon laquelle elle doit être manifestement nécessaire à l'intérêt public.
[Traduction]
La protection des renseignements personnels va au-delà de la protection de l'individu; elle constitue une valeur sociale fondamentale dans les sociétés démocratiques. La protection des renseignements personnels est un droit constitutionnel en vertu de l'article 8 de la Charte canadienne des droits et libertés et la Loi sur la protection des renseignements personnels est une mesure législative qui a acquis un statut quasi constitutionnel.
Conformément à ces principes, les comités devraient étudier, de concert avec les ministères, des mesures respectueuses de la protection de la vie privée qui créeraient un équilibre entre l'autorité propre aux comités et les responsabilités légales des institutions fédérales. Cet exercice pourrait être effectué, entre autres, au moyen de réunions à huis clos; de restrictions et de lignes directrices exécutoires sur la manière dont les documents sont diffusés, soit électroniquement, soit en version papier, et de procédures appropriées régissant l'utilisation de ces renseignements.
J'ai constaté que cela a déjà été fait par le comité le 14 décembre 2010, après avoir effectué des demandes de renseignements concernant 228 divulgations d'actes répréhensibles, les membres avaient décidé de ne pas tenter d'obtenir le nom des personnes concernées. Je crois que, ce faisant, ils ont choisi d'adopter une approche raisonnable et je félicite le comité d'avoir réussi à trouver un moyen d'accéder à l'information tout en évitant de brusquer le principe de la protection de la vie privée.
[Français]
Il est important de noter que le seuil de divulgation, en vertu de la Loi sur la protection des fonctionnaires divulgateurs d'actes répréhensibles, est fixé à un niveau assez élevé.
L'article 22.2 de la Loi sur la protection des renseignements personnels, qui a été ajouté à la suite de la mise sur pied de l'ISPC, stipule que le « commissaire à l’intégrité du secteur public est tenu de refuser la communication des renseignements personnels demandés au titre du paragraphe 12(1) qui ont été créés » à la suite d'une enquête. Il s'agit d'un seuil encore plus élevé que ce que nous utilisons pour nos enquêtes, au commissariat.
Ensuite, et même si je ne suis pas une spécialiste de la Loi sur la protection des fonctionnaires divulgateurs d'actes répréhensibles, je vous mentionnerais l'article 44 de cette loi, qui précise que cette information, et non pas seulement les renseignements personnels relatifs à l'enquête, ne devrait être divulguée qu'« en exécution d’une obligation légale », et non pas seulement à la suite d'une autorisation par la loi.
Pour conclure, nous reconnaissons le pouvoir du Parlement de contraindre à la production de documents essentiels à son travail, mais nous croyons également que les demandes de communication de renseignements personnels devraient se limiter à ce qui est nécessaire pour assurer la responsabilité des fonctionnaires, et ce, sans mettre indûment en péril la finalité de la Loi sur la protection des fonctionnaires divulgateurs d'actes répréhensibles.
Je vous remercie. Je serai heureuse de répondre à vos questions.
[Traduction]
Je suis prête à répondre à vos questions.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Mon intervention a été rédigée avant que je ne sois mis au courant des échanges que vous avez eus avec l'avocat en question. Quoi qu'il en soit, je vais vous lire cette intervention, parce que ça ne change fondamentalement rien.
On m'a demandé de présenter brièvement les mesures pouvant être prises dans le cas où un témoin ne répond pas aux invitations à comparaître devant le comité et semble vouloir éviter les communications. Je crois savoir que certains membres du comité estiment qu'il faudrait sans tarder signaler l'affaire à la Chambre et lui demander de l'aide pour obliger le témoin à comparaître, peut-être même en ayant recours à la procédure d'outrage au Parlement.
Je crois comprendre que le témoin se trouve actuellement à l'extérieur du Canada et ne doit pas revenir avant la fin avril. Un avocat aurait récemment communiqué avec le greffier du comité pour faire savoir que le témoin a retenu ses services, mais que lui aussi se trouvait à l'étranger et ne prévoyait pas de revenir au pays avant plusieurs semaines.
Néanmoins, il semble qu'une voie de communication ait été établie avec le témoin par l'intermédiaire de cet avocat. Je propose que le comité demande à l'avocat s'il serait prêt à accepter au nom de sa cliente, le témoin, la signification de la convocation du comité. Il ne faut pas oublier que, dans la présente affaire, le témoin, pour une raison quelconque, n'a pas encore reçu signification personnelle de la convocation du comité.
[Français]
Si l'avocat n'est pas prêt à accepter la signification de la convocation au nom du témoin, le comité pourrait essayer de signifier les documents directement au témoin s'il sait où il se trouve. Bien que les comités de la Chambre n'aient pas compétence pour exercer ces pouvoirs d'application de la loi à l'étranger, la signification d'un document ne relève pas de l'application de la loi, mais tout simplement de la livraison de documents, ce qui peut se faire partout. Toutefois, il serait impossible de faire exécuter la convocation à l'extérieur du pays.
[Traduction]
Une solution immédiate pour le comité serait de faire rapport de l'affaire à la Chambre afin de lui demander de l'aide pour obliger le témoin à comparaître devant le comité. Dans son rapport, le comité devrait exposer en détail ses nombreuses tentatives pour entrer en communication avec le témoin afin de lui signifier une convocation et mentionner que le témoin n'a pas comparu au moment prévu.
Il ne faudrait pas oublier de souligner que le témoin ne s'est pas vu signifier personnellement la convocation à comparaître devant le comité, bien que des tentatives en ce sens aient été faites.
[Français]
Le rapport du comité pourrait également faire valoir que l'omission par le témoin de comparaître au moment prévu et, si le comité est de cet avis, sa conduite visant apparemment à éviter les communications portent atteinte au privilège du comité et, indirectement, à ceux de la Chambre. Puisque les questions de privilège ne font pas partie des responsabilités de ce comité, celui-ci ne peut pas conclure lui-même que le témoin a porté atteinte au privilège du comité ou de la Chambre, ou que le témoin s'est rendu coupable d'outrage au Parlement. Cette décision ne peut être prise que par la Chambre, habituellement après examen de l'affaire par le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, qui a notamment la responsabilité d'examiner les questions de privilège qui lui sont soumises par la Chambre une fois que le Président a jugé qu'il y avait, à première vue, atteinte au privilège.
[Traduction]
Lorsque le rapport est déposé à la Chambre, un membre ou le président du comité peut, au nom de celui-ci, soulever à la Chambre une question de privilège et faire valoir qu'il y a, à première vue, atteinte au privilège. Habituellement, après avoir exposé ses arguments, il mentionne au Président de la Chambre que, si celui-ci juge la question fondée à première vue, il est prêt à présenter la motion appropriée. En général, la motion demande le renvoi de l'affaire au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre pour examen et rapport à la Chambre.
[Français]
Les questions de privilège ne sont pas toujours renvoyées au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. Lorsque le Président conclut qu'il y a, à première vue, atteinte au privilège, le député ayant soulevé la question peut présenter une motion selon laquelle la Chambre est d'avis que le témoin a manqué aux privilèges de la Chambre et de ses comités et s'est rendu coupable d'outrage au Parlement. La motion peut aller plus loin et, par exemple, déclarer le témoin persona non grata dans l'enceinte de la Chambre et ainsi lui en interdire l'accès, sauf pour rencontrer son député, jusqu'à ce que l'outrage soit lavé par une comparution devant le comité.
[Traduction]
Puisque aucune convocation n'a été signifiée au témoin, une décision d'outrage au Parlement pourrait sembler prématurée pour le moment, bien que la Chambre ait le pouvoir de rendre une telle décision.
En 2003, le commissaire à la protection de la vie privée a été jugé coupable d'outrage au Parlement pour avoir donné des renseignements erronés au Comité permanent des opérations et des prévisions budgétaires. On prévoyait de prendre d'autres mesures à son endroit, mais il a démissionné peu avant que la motion soit présentée et aucune autre mesure n'a été prise — je dois ajouter qu'il s'est excusé, puis a démissionné.
En 2008, un officier supérieur de la GRC a été déclaré coupable d'outrage au Parlement pour avoir délibérément trompé ce comité dans son témoignage. Aucune autre mesure n'a ensuite été prise par la Chambre.
Dans la présente affaire, le témoin est une ancienne haut fonctionnaire du gouvernement puisqu'elle était commissaire à l'intégrité de la fonction publique.
Voilà qui met un terme à mes remarques générales portant sur les options qui sont ouvertes au comité. Monsieur le président, je serai maintenant heureux de répondre aux questions des députés.
:
Monsieur le président, j'estime que nos échanges devraient être publics pour l'instant, puisque nous parlons du processus. Nous sommes en train de déterminer ce que nous devons faire. Nous réclamons un avis juridique qui va porter sur un cas particulier ou sur une option. Après cela, je suis on ne peut plus d'accord pour que nous entendions M
e Walsh à huis clos.
Toutefois, j'estime que la procédure que nous allons suivre devrait être connue publiquement. Il s'agit d'une chambre publique. Le public a le droit de savoir ce qui se passe. Il doit savoir comment le gouvernement fonctionne, comment les règles sont appliquées et comment tout s'emboîte. Nous sommes en train de parler de processus et de procédure. Nous ne sommes pas en train de parler d'éléments particuliers, propres à l'affaire en question.
Si Me Walsh estime qu'une question risque de gêner l'adoption d'une mesure quelconque dans l'avenir, je suis certain que, fort de son expérience, il pourra indiquer au comité qu'il n'est pas disposé à y répondre à ce moment-là, pour toute une foule de raisons possibles.
J'estime donc qu'à ce stade, comme nous parlons du processus et non pas de l'affaire elle-même, l'intérêt du public serait mieux servi si nous entendions, en séance publique, les représentantes du Commissariat à la protection de la vie privée et notre conseiller juridique afin qu'ils nous donnent leur avis sur la façon dont le comité doit fonctionner.
:
Merci, monsieur le président.
Nous avons demandé et obtenu l'avis de nos deux experts et il me paraît donc maintenant tout à fait logique d'entendre en séance publique ce que la commissaire adjointe à la protection de la vie privée veut nous dire. Nous devons, dans toute la mesure du possible, toujours chercher à tenir des séances publiques et à épuiser toutes nos questions et tous nos thèmes de discussion dans ces conditions. Me Walsh nous a bien dit que...
Vous savez, il y a déjà longtemps que je siège à ce comité et il n'est pas inhabituel pour nous de passer à huis clos pour entendre un avis juridique. J'invite mes collègues à se rappeler qu'il n'est pas simplement question pour nous de faire de la petite démocratie pour le public qui suit nos débats, parce que nous avons aussi des obligations, par exemple, envers la Chambre. Nous sommes un comité de la Chambre.
Si nous posons des questions... si, dans les propos que nous tenons en public, nous limitons d'une façon quelconque les options dont nous pourrions nous prévaloir ou dont la Chambre pourrait se prévaloir pour ne pas avoir suivi l'invitation du légiste parlementaire de passer à huis clos pour entendre ce qu'il a à nous dire, alors la Chambre pourrait fort bien se retourner contre nous et nous dire: « À quoi pensiez-vous donc? Vous avez demandé au légiste parlementaire si vous deviez passer au huis clos, il vous a indiqué que le mieux, pour lui, serait de décréter le huis clos afin qu'il puisse vous donner des réponses franches et complètes, mais vous ne l'avez pas écouté. Vous vous êtes lié les mains. Merci beaucoup aux membres du Comité permanent des comptes publics. »
Je représente le quatrième parti ici. Je suis celui pour qui il serait le plus facile de dire que nous devons tout faire en séance publique et que nous n'avons pas à nous soucier d'éventuelles torpilles. Mais ce serait irresponsable, parce que les torpilles, il ne faut pas les négliger.
De plus, monsieur le président, M. Kramp a dit que nous n'allons pas discuter des différentes facettes de l'affaire qui nous intéresse. Eh bien, je ne suis pas d'accord: c'est exactement ce que nous sommes en train de faire. Certes, et je vous le concède, les réponses concernant la procédure sont semblables, mais les questions que nous allons poser toucheront de près au cas qui nous préoccupe. Voilà pourquoi nous l'avons invité.
Je n'ai donc pas de problème à écouter l'avis de la commissaire adjointe à la protection de la vie privée à partir de son exposé, en séance publique, après quoi il nous faudra passer à huis clos, suivant l'avis du légiste parlementaire pour avoir des échanges francs et poussés. Nous pourrons après cela revenir en séance publique.
Merci.
:
Je veux faire un rappel au Règlement parce que, sauf le respect que je lui dois, mon collègue s'est trompé dans ce qu'il a dit. Il a déclaré que nous traitons d'un cas en particulier. Ce n'est pas exact.
Cette séance de comité était destinée à nous permettre d'entendre les témoins au sujet du processus et pas de parler du cas d'espèce. Si tel devait être le cas, si nous devions en parler et si nous acceptions de le faire, eh bien, nous le ferions.
Cela étant, je vous dirais très honnêtement que nous risquons de ne pas être en mesure de poser directement des questions aux témoins sur l'affaire soulevée par la vérificatrice générale sans avoir d'abord entendu ce qu'ils ont à nous dire.
Je crois sincèrement que nous ferions fausse route si nous agissions de la sorte parce que nous consacrerions alors cette séance, non pas à fixer les paramètres de l'étude, mais à déterminer ce que le comité devra faire pour mener son enquête.
Ce sont deux choses différentes. Les paramètres de l'étude sont une chose, mais l'enquête elle-même, c'est autre chose. Ce serait entièrement différent si nous devions nous lancer dans l'enquête maintenant.
Si mes collègues envisagent de suivre cette voie, j'estime que nous devrons nous montrer particulièrement prudents. Nous risquerions de compromettre nos travaux futurs parce que nous ne respecterions pas forcément le mandat du comité.
Je vais rappeler une chose à mes collègues avant de passer à l'étape suivante.
Conformément à nos motions, nous avions invité Me Walsh pour qu'il nous conseille au sujet des mesures à prendre dans l'avenir, étant entendu qu'il nous donnerait au besoin des avis à caractère juridique, au fur et à mesure.
J'ai invité Mme Bernier, au nom du comité, pour qu'elle nous situe par rapport aux questions de protection des renseignements personnels susceptibles de découler de... bien que le comité ait voté contre cette motion, c'est ce que nous avons fait. Je la remercie encore une fois de s'être déplacée et je remercie aussi Me Walsh.
Tout cela pour dire, monsieur Christopherson et madame Faille, qu'il est certainement possible de tenir compte de vos deux perceptions, mais qu'il vaudrait mieux commencer par entendre Me Walsh avant de décider de ce qu'il faudra faire au sujet des questions posées à Mme Bernier.
Je propose donc que nous poursuivions en séance publique — puisque nous allons commencer par parler des prochaines mesures à prendre et de leurs répercussions éventuelles — avant de suspendre pour passer à huis clos, puis de revenir en séance publique pour d'autres questions éventuelles à poser à Mme Bernier.
Qui veut en faire une motion?
C'est M. Bains qui a recommandé que nous passions à huis clos.
Faites-en une motion pour que nous sachions tout de suite où nous nous en sommes, à moins que tout le monde soit d'accord d'entrée de jeu.
Monsieur Bains.
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Ma question s'adresse à la commissaire adjointe à la protection de la vie privée du Canada. Tout à l'heure, vous avez parlé d'une motion que nous avions proposée. En fait, nous avons demandé au Bureau du Conseil privé, au Secrétariat du Conseil du Trésor et à d'autres organismes de nous fournir les renseignements échangés avec Mme Ouimet. Je veux vous rassurer.
Pourquoi la commissaire à l'intégrité du secteur public aurait-elle parlé d'actes répréhensibles avec le Bureau du Conseil privé ou le Secrétariat du Conseil du Trésor dans ses correspondances? Surtout, pourquoi retrouverions-nous le nom des fonctionnaires divulgateurs dans les correspondances avec le Bureau du Conseil privé et le Secrétariat du Conseil du Trésor?
Normalement, les correspondances recherchées ne devraient pas contenir ces renseignements. C'est donc pour vous rassurer que je vous confirme que, dans les prochains documents qui seront fournis au comité, il n'y aura pas de problème à cet égard. Normalement, quand des échanges ont lieu entre des organismes gouvernementaux, ces noms devraient être cachés par le Commissariat à l'intégrité du secteur public du Canada. Si nous retrouvons ces noms dans les correspondances, c'est que le commissariat a failli à sa tâche. Je crois donc que vous serez rassurée lorsque nous recevrons les documents. Si on ne retrouve aucun nom et aucune information personnelle, cela signifiera que le commissariat a respecté la loi.
Par ailleurs, j'ai une question plus particulière à vous poser. Tout à l'heure, M. Walsh a mentionné un incident malheureux ayant eu lieu en 2003 et qui touche votre commissariat. Malheureusement, ce n'est pas allé plus loin en ce qui a trait aux procédures parlementaires. Ici, vous êtes représentée par votre service juridique.
Comment auriez-vous géré cette situation? On se trouve un peu dans la même situation avec la commissaire Ouimet. Si vous aviez été contrainte à comparaître devant le comité, quels auraient été vos recours? Avec quels organismes et avec qui auriez-vous interagi?
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Merci, monsieur le président.
Ma question s'adresse à Mme Bernier. Je ne suis pas préoccupé uniquement par ce qui se passe maintenant, mais aussi par ce qui pourrait arriver dans l'avenir. Je crains que les dénonciateurs potentiels soient refroidis par cela, parce qu'ils auraient pu penser pouvoir bénéficier d'une protection absolue.
Nous avons appris — de la bouche de Me Walsh, dans la correspondance et de vous-même — que, dans certaines circonstances, un comité pourrait décider d'imposer la divulgation en affirmant essentiellement que c'est au nom du bien public, ce qui reviendrait à passer outre le caractère confidentiel de la divulgation.
Ne craint-on pas que, dans l'avenir, ce genre de perception n'empêche un certain nombre de dénonciateurs potentiels d'aller de l'avant, puisque la confidentialité de leur divulgation ne sera pas absolue? Il n'y a pas de protection complète, puisqu'il est possible, de manière arbitraire, de ne pas tenir compte de ce document signé par un divulgateur.
Maître Walsh, quelle est l'obligation du Parlement? Quand il dépose une requête générale pour obtenir des renseignements, des documents et des dossiers, quelle obligation incombe au Parlement pour assurer l'anonymat des personnes au sujet de qui on va divulguer des informations?
Deuxièmement, maître Walsh, quand un comité a été appelé à traiter avec de tels renseignements délicats — comme nous allons le faire, éventuellement — obtenus en vertu de la Loi sur la protection des renseignements personnels, comment les choses se sont-elles passées? Je ne sais si vous allez pouvoir me répondre. Je pense que cela va toujours nous préoccuper; il est question d'obligations légales. Donc, à quoi allons-nous devoir faire attention?
Cette question s'adresse à Mme Bernier. Le comité a réclamé des documents sensibles. Comment faudrait-il les distribuer? Y a-t-il une façon meilleure qu'une autre? Faut-il le faire en format copie papier? Qui va assurer le suivi des copies distribuées? Nous remettra-t-on ces documents uniquement quand le comité sera en séance? Les documents pourront-ils nous être envoyés en pièces jointes à de courriels, puisqu'il semble que c'est ainsi que nous recevons la majorité de nos renseignements? Ou alors les documents seront-ils déposés lors d'une séance afin que nous les examinions sur place et qu'à la fin de nos travaux, quand tout le monde s'en ira, les documents soient remis?
Ce ne sont là que quelques réflexions, mais j'aimerais obtenir réponse à ces trois questions.
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Merci, monsieur le président.
Je crois que la question est plutôt générale et je n'ai pas de problème à y répondre en espérant que je serai utile aux députés.
Je commencerai par dire que je suis presque entièrement d'accord avec Mme Bernier au sujet de la position dans laquelle le comité se retrouve par rapport à la Loi sur la protection des renseignements personnels.
Premièrement, d'un point de vue juridique, la loi ne s'applique pas, directement et en soi, aux travaux de ce comité. Néanmoins, elle a expliqué, et je n'ai pas besoin de le répéter maintenant, les principes généraux d'intérêt public qui s'appliquent évidemment à son domaine d'activité au regard de la Loi sur la protection des renseignements personnels, intérêt public qui a préséance.
En tant que comité parlementaire, ce comité sert évidemment l'intérêt public, mais il le fait à des fins différentes de celles du commissaire à la vie privée qui, lui, sert l'intérêt public au sens de la Loi sur la protection des renseignements personnels. L'intérêt public pour ce comité revêt un sens plus large et c'est pour cela que les comités ne sont pas directement régis par les lois. Selon moi, les comités ne doivent pas perdre de vue la notion d'intérêt public et ils se doivent d'exercer leur pouvoir discrétionnaire d'une façon qui soit le plus possible conforme à l'intérêt public. Cependant, ce qui constitue l'intérêt public dans tel ou tel cas de figure et les mesures que le comité devra prendre suivant la situation sont le résultat d'une décision du comité, sous réserve que celle-ci soit confirmée et non renversée par la Chambre. Peu importe, c'est au comité à décider.
Au sens légal du terme, le comité n'est soumis à aucune obligation. Personne ne peut le traîner devant un tribunal pour obtenir une ordonnance précisant lui interdisant de faire ceci ou cela. Le comité a toute la discrétion voulue pour exercer ses pouvoirs comme bon lui semble.
Je suis toutefois d'accord avec Mme Bernier pour dire qu'il existe, pour tous les comités et pour tous les travaux de comité, une obligation constitutionnelle — si l'on peut s'exprimer ainsi — et plus encore une obligation morale de respecter et de servir l'intérêt public dans tout ce que font les comité. J'affirmerais que la protection des renseignements personnels est devenue une valeur solidement ancrée dans notre société. Dans la mesure où nous espérons tous que les autorités et les institutions publiques, y compris les comités, respectent la règle de droit, celle-ci est fondée sur certaines valeurs dont fait partie la protection des renseignements personnels. J'espère que tous les comités ayant l'intention d'obtenir des renseignements de nature personnelle s'arrêteront d'abord un instant pour se demander s'ils ont vraiment besoin de tels renseignements et si ces renseignements pourront leur servir sans que des informations personnelles ne soient divulguées. Quoi qu'il en soit, cette décision revient aux comités dans tous les cas.
Eh bien, je vais vous expliquer la procédure d'enquête. Nous sommes saisis d'une plainte. Au début, nous disposons à peine de quelques informations. Par exemple, le plaignant peut dire « J'ai peur que mes renseignements personnels soient indûment divulgués » et il nous fournira quelques preuves qui, selon lui... Par exemple, on aura pu leur dire que quelqu'un a reçu une lettre de quelqu'un d'autre contenant des renseignements personnels à leur sujet. Il pourrait s'agir d'un détenu qui, ayant reçu le rapport de détention de quelqu'un d'autre, se serait présenté à notre bureau en prétendant que cette situation constitue un cas de violation de vie privée.
Nous commençons donc par ça. Puis, des enquêteurs rencontrent différentes personnes pour recueillir des informations et constituer un dossier. Ils rédigent ensuite un rapport énonçant des recommandations et des constats, rapport qui est soumis à ma signature.
Donc, la question des renseignements recueillis alors, que ce soit à l'occasion de l'enquête ou pas, ne se pose pas vraiment parce que toute l'information est effectivement rassemblée dans le cadre du processus d'enquête.
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C'est exact. Merci beaucoup, monsieur le président.
Maître Walsh, vous nous avez dit que vous feriez de votre mieux pour répondre à des questions que vous jugez de nature générale. J'apprécierais beaucoup que vous puissiez répondre à celles que je vais vous poser, sinon, j'espère que vous pourrez le faire à huis clos.
Premièrement, je voudrais obtenir une précision sur une chose que vous avez répétée à quelques reprises au sujet des assignations à comparaître. Vous avez dit que ce n'est pas une question d'application de la loi, mais tout simplement de livraison des documents, c'est-à-dire qu'il fallait être certain que le destinataire recevrait la convocation.
Selon vous, peut-on considérer que Mme Ouimet a été signifiée de l'intention de la Chambre par le simple fait qu'elle a eu des contacts avec son avocat? Il est très clair, quant à moi, qu'en admettant la nécessité qu'elle doit comparaître devant le comité, elle admet ou comprend qu'elle a été invitée à le faire.
Je pourrais bien sûr énumérer toutes les tentatives auxquelles nous nous sommes livrés, mais d'après vous, étant donné qu'elle a des contacts avec son avocat, estimez-vous qu'elle a été signifiée?
L'hon. Navdeep Bains: S'il est inapproprié d'en parler maintenant, nous pourrons le faire à huis clos.
M. Rob Walsh: ... dans d'autres contextes, comme vous le savez, il y a une différence entre l'évitement et l'évasion, une différence très nette. Dans ce cas, je ne sais pas si l'on peut effectivement qualifier tout cela de... d'évitement ou d'évasion. Tout ce que je peux dire, c'est qu'il appartient au comité de décider de la façon dont il faut qualifier les faits constatés jusqu'ici.
Vous avez parlé d'« obligation ». Ce comité n'est tenu à aucune obligation de nature légale lui imposant d'attendre pour envoyer officiellement une assignation à témoigner. Tout ce que je dis, c'est qu'il serait inhabituel de le faire.
Si le comité faisait fi de cette coutume — ou s'il passait outre, en matière de protection des renseignements personnels, aux principes présentés par Mme Bernier — il risquerait de provoquer une perception négative chez le public. Tout dépend de la façon dont les travaux du comité sont perçus et si le comité va continuer de jouir du respect de la population canadienne en général dans la façon dont il s'acquitte de ses travaux. C'est de cela dont je veux parler.
Vous pouvez toujours utiliser le mot obligation, si cela vous plaît, mais ce n'est qu'une obligation morale, dans ce contexte, et pas au sens d'obligation légale. À vous de décider si vous estimez qu'il y a lieu de prendre d'autres mesures ou si vous jugez que c'en est assez et qu'il faut débloquer. Plus tard, il appartiendra à la Chambre de décider si elle est d'accord avec vous à ce sujet.