Je remercie tous les membres du Comité d'avoir invité notre organisation à comparaître aujourd'hui. C'est vraiment un plaisir pour moi d'être avec vous. Il s'agit de la première occasion pour notre organisation d'être entendue devant vous. J'ai bien hâte de pouvoir échanger avec vous.
Je me présente. Je suis Simon Telles, président de Force Jeunesse. Cela fait plus de quatre ans que je m'implique dans l'organisation. À la sortie d'une crise comme celle que nous vivons depuis un peu plus d'un an, il est particulièrement important de s'impliquer.
Force Jeunesse est un organisme sans but lucratif qui a été fondé au début des années 2000 pour améliorer les conditions de travail des jeunes, mais la mission de l'organisme s'est beaucoup élargie au fil du temps. Il regroupe de jeunes bénévoles, principalement de 18 à 35 ans, qui proviennent de différents milieux. Certains sont de jeunes professionnels du domaine de la santé et de l'éducation et d'autres, des étudiants. Bref, Force Jeunesse est une coalition de jeunes bénévoles qui veulent s'impliquer et présenter des propositions concrètes pour améliorer les politiques publiques.
Notre mission s'articule principalement autour de trois axes: défendre les droits et les intérêts des jeunes, assurer une certaine équité intergénérationnelle dans les politiques publiques ainsi que promouvoir l'engagement des jeunes et la place des jeunes dans les sphères décisionnelles.
Au quotidien, on entend beaucoup de préjugés sur les jeunes. Selon mon expérience, par contre, notre jeunesse est plutôt solidaire, déterminée et engagée.
Il est vrai que, au sortir de la crise de la COVID-19, notre jeunesse est fragilisée. Il est donc important de faire preuve d'un souci particulier à son égard dans l'ensemble des décisions relatives aux politiques et aux programmes mis en avant. On n'a qu'à penser aux pertes d'emplois très importantes subies par les jeunes, qui évoluent souvent dans des domaines plus précaires. De plus, comparativement au reste de la population, on retrouve chez les jeunes des indicateurs de santé mentale beaucoup plus inquiétants et des taux de détresse psychologique plus élevés. Bref, les jeunes font déjà face dans leur quotidien à de nombreuses barrières, et celles-ci sont encore plus hautes pour les jeunes de la diversité. La crise que nous venons de traverser ne vient qu'accentuer ces inégalités.
Nous ne sommes pas des spécialistes de tous les domaines abordés dans le budget fédéral, mais nous l'avons examiné sous l'angle de l'équité intergénérationnelle. Quatre éléments nous ont particulièrement interpellés et c'est de ceux-ci que je vais vous parler aujourd'hui. Il s'agit de la santé mentale, des transferts fédéraux en santé, de l'environnement et des changements climatiques et, finalement, du logement.
Commençons par la santé mentale.
Comme je l'ai mentionné en introduction, les jeunes ont été particulièrement touchés. Nous sommes donc heureux de constater que le budget a prévu une enveloppe de 100 millions de dollars sur trois ans destinée aux personnes les plus touchées par la COVID-19, dont les jeunes font partie. Le défi sera désormais que ces sommes se rendent sur le terrain rapidement et que les jeunes aient davantage accès à des soins de santé psychologiques, car c'est ce qui manque le plus actuellement, selon nos constatations.
Ce qui nous inquiète, c'est que ce sont les assurances collectives des jeunes, qu'elles soient pour étudiants ou pour travailleurs, qui déterminent si un jeune a accès ou non à des soins de santé psychologique. Pour nous, cette situation n'est pas acceptable. On doit trouver des solutions qui vont garantir à l'ensemble des jeunes Canadiens un accès à des soins de santé psychologique.
Plusieurs propositions sont possibles, mais celle que nous privilégions est un accès universel aux soins de psychothérapie. Au Québec, nous avons déjà accès à une assurance-médicaments universelle. Au Canada, nous avons accès un peu partout à des soins de santé universels. Pour nous, il serait tout à fait cohérent et logique que les soins de santé psychologique soient également couverts pour tous les Québécois et tous les Canadiens.
Le deuxième sujet qui nous interpelle beaucoup, c'est la question des transferts fédéraux en santé.
Le sujet a fait l'objet de beaucoup de discussions dans l'actualité au cours des derniers mois. Nous constatons que, partout au pays, la population est vieillissante et que les coûts du système de santé augmentent plus rapidement que les autres dépenses publiques et que l'économie. De plus, la crise de la COVID-19 a accentué la situation et révélé les vulnérabilités de notre système de santé. Des investissements supplémentaires dans les transferts en santé sont donc urgents.
Nous constatons que les dépenses en santé exercent une pression de plus en plus forte sur les finances publiques des provinces. La part du gouvernement fédéral dans le financement du système diminue, parce que la croissance des transferts fédéraux ne suit pas celle des dépenses en santé des provinces. Nous sommes donc déçus de voir que le budget n'a pas prévu d'augmentation des transferts en santé, alors qu'il s'agit d'une demande unanime de toutes les provinces. Il y a peu d'enjeux qui nous rassemblent autant, mais celui-ci en est un.
C'est un véritable enjeu d'équité intergénérationnelle. On peut penser que les jeunes sont moins préoccupés par la santé parce que, statistiquement, ils ont moins de problèmes de santé, mais c’est tout le contraire. Si on ne prend pas des mesures maintenant pour s’assurer du financement adéquat du système de santé, c’est notre génération qui va avoir des choix déchirants à faire plus tard. L’accès aux soins de santé est un des fondements de notre modèle social.
L’autre sujet dont je suis heureux de vous parler, c’est l’environnement et la lutte contre les changements climatiques.
Quand on demande aux jeunes quels sont les sujets qui les interpellent le plus, l’environnement et la lutte contre les changements climatiques arrivent souvent au sommet des priorités. Cela me touche beaucoup. Nous sommes donc très heureux de voir que, dans le budget fédéral, une part importante du financement a été consacrée à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il y a notamment un investissement de 5 milliards de dollars sur sept ans. C’est un pas dans la bonne direction.
Cela dit, il faut en faire encore plus, selon nous, notamment pour réduire les gaz à effet de serre, mais surtout pour mettre en place des mesures d’écofiscalité qui vont véritablement faire changer le comportement des consommateurs. À notre avis, il faut assujettir la pollution à des conséquences, financières en grande partie, et assurer une plus grande responsabilité des parties prenantes et des pollueurs, que ce soit les consommateurs, les citoyens ou les entreprises.
Finalement, le dernier sujet que j’aimerais aborder avec vous de façon générale, c'est la question du logement.
Nous faisons face à une véritable pénurie de logements abordables un peu partout au Québec, et ce phénomène ne se limite pas aux grandes villes comme on pourrait le penser. Cela touche encore plus spécialement les jeunes sur le marché du travail, parce qu'ils ont généralement un revenu un peu moins élevé en début de carrière. Nous constatons que la portion de leur budget qui est consacrée au logement ne fait qu’augmenter continuellement, ce qui a une incidence sur d’autres aspects de leur vie et d’autres besoins tout aussi fondamentaux.
Nous pensons que la surchauffe du marché immobilier compromet la capacité d’accéder à la propriété. Les jeunes n’ont plus les moyens d’accéder à la propriété ou doivent attendre beaucoup plus longtemps que leurs parents pour le faire. C’est donc aussi une question d’équité intergénérationnelle.
Nous trouvons intéressant que le gouvernement, dans son budget, ait proposé une taxe de 1 % pour diminuer la spéculation étrangère sur le marché. Par contre, pour nous, ce n’est pas le nerf de la guerre. C’est une mesure, mais ce n'est pas la plus importante. Ce que le gouvernement devrait faire, c'est construire davantage de logements abordables, aider les jeunes à accéder à la propriété au moyen de crédits d’impôt et de subventions, venir en aide directement aux jeunes qui sont le plus dans le besoin et qui n’ont pas un revenu suffisant pour se loger adéquatement, et surtout repenser les programmes pour s’assurer qu’ils répondent aux objectifs.
Un exemple que je peux vous donner, c’est le fameux RAP, le régime d’accession à la propriété, qui permet aux jeunes d’aller puiser dans leur REER un certain montant en guise de mise de fonds pour leur première maison. Intuitivement, on a tendance à penser que c’est une mesure intéressante, mais la plupart des jeunes n’ont pas encore accumulé suffisamment d’argent dans leurs REER. C’est donc une mesure qui est disponible, mais elle permet seulement d’aider une portion minime de la population. Alors, il faudrait trouver des façons directes de rendre le logement plus accessible pour tous les jeunes.
Évidemment, dans sa stratégie, le gouvernement doit vraiment se demander si chaque personne qui a besoin d’aide au logement reçoit effectivement une aide. Ce que nous voyons dans le budget actuellement, c’est qu’il y a plusieurs angles morts, et nous pensons qu'il devrait y avoir davantage d'aide.
Il faut aussi que le gouvernement fédéral, à notre avis, collabore davantage avec les gouvernements provinciaux et municipaux pour s’assurer que les efforts sont coordonnés, pour éviter le travail en double et pour que personne ne soit laissé pour compte.
En conclusion, nous trouvons très intéressant que le gouvernement évalue l’incidence intergénérationnelle de chacune des mesures contenues dans le budget. Pour nous, c’est un exercice très inspirant, parce que cela nous sensibilise aux répercussions de nos décisions sur les générations futures. Les provinces et les municipalités devraient même adopter une approche semblable.
Cela dit, pour rendre l’exercice encore plus intéressant, plutôt que de simplement cerner la population cible, c'est-à-dire déterminer si la mesure vise les jeunes ou les aînés, il faudrait se demander quelle est la véritable incidence des mesures mises en place sur l’équité intergénérationnelle. Nous pensons que cela permettrait d’aller encore plus loin et d'instaurer des mesures plus structurantes et plus pérennes.
Je termine en vous disant que nous, les jeunes, souhaitons contribuer aux travaux des commissions, des comités et des sphères décisionnelles en général. N'hésitez pas à nous consulter en amont des différents programmes. Cela nous fera toujours plaisir de contribuer aux travaux du Comité.
Je vous remercie de votre écoute. Je demeure disponible, si vous avez par la suite des questions plus pointues.
:
Merci, monsieur le président.
Je n'en ai que pour cinq minutes. Cela nous donnera plus de temps pour les questions.
[Français]
Je vous remercie de l'invitation à m'adresser à vous aujourd'hui.
[Traduction]
Je m'appelle Susie Grynol et je suis présidente et chef de la direction de l'Association des hôtels du Canada.
Je comparais au nom de la Coalition des entreprises les plus touchées, qui représente plus d'une centaine d'organisations des secteurs du tourisme, des voyages, des arts et de la culture, des événements et des festivals, de l'hébergement et de l'accueil. Une liste des membres de la Coalition a été communiquée à l'avance au Comité.
Les politiques de santé publique, qui étaient nécessaires, ont entraîné l'annulation de milliers de festivals, de concerts, de congrès, d'expériences touristiques autochtones, de foires, d'expositions, d'événements d'affaires et sportifs. Malheureusement, aucun événement majeur n'est prévu pour cet été ou cet automne.
Lorsque la troisième vague sera terminée, la plupart des industries touchées par la COVID reprendront vie rapidement. Comme si on actionnait un simple interrupteur, les activités vont recommencer dès le lendemain de la levée des restrictions. Dans le secteur canadien du tourisme, des voyages et de l'événementiel, ce sera comme si on actionnait un rhéostat: la reprise sera progressive et s'étalera sur toute l'année prochaine.
L'ouverture de la frontière internationale est compliquée. La planification de grands concerts et congrès dans un nouveau monde après la COVID prendra du temps, et aujourd'hui, nous n'avons aucune information sur les critères qui mèneraient à une reprise des voyages à l'intérieur du Canada, à la réouverture de la frontière américaine ou au retour des vacanciers étrangers. Nous ne savons pas comment le Canada prévoit permettre aux Canadiens vaccinés de recommencer à voyager, ni ce que supposerait un plan de réouverture progressive.
Tout ce que nous savons, c'est que les fonctionnaires de la santé publique ne recommandent pas de voyager cet été. La plupart des Canadiens passeront leur été dans leur cour arrière ou dans des chalets et des emplacements de camping. Les centres-villes seront déserts parce qu'aucun événement majeur n'est prévu, les voyages d'affaires seront inexistants et l'argent qu'ils ne peuvent consacrer pour l'instant aux voyages, les Canadiens le dépenseront probablement dans le Sud cet automne et cet hiver, plutôt qu'au Canada. En termes simples, notre relance n'est pas imminente.
Où en sommes-nous? Le budget fédéral prévoit des investissements utiles dans le tourisme. Il y a des fonds pour le marketing, d'autres fonds prévus expressément pour faciliter le rétablissement des entreprises de l'événementiel, et des programmes de soutien des entreprises qui peuvent être bénéfiques, une fois la pandémie terminée, mais cela ne nous redonne pas l'été 2021 et ne changera rien au fait que l'automne sera notre trimestre le plus difficile de la pandémie.
Comment la situation peut-elle être pire qu'en 2020? Parce que des mesures essentielles pour notre secteur, comme la SSUC et la SUCL, sont réduites uniformément pour tous les secteurs à compter de juin.
Quelle est l'ampleur du problème? Selon le sondage mené auprès des membres de la Coalition à partir de mars, 60 % des entreprises représentées feront faillite à moins que la SSUC et la SUCL ne soient prolongés jusqu'à la fin de 2021. C'est dire que nous pourrions perdre l'infrastructure essentielle qui soutient le secteur de l'événementiel au Canada, les attractions locales uniques qui enrichissent l'expérience des visiteurs et les hôtels qui sont les piliers du secteur touristique. Après la pandémie, notre pays aura donc l'air beaucoup moins dynamique et beaucoup moins canadien. Se trouve ainsi en péril le gagne-pain de plus de deux millions de personnes, surtout des femmes, des jeunes et des immigrants.
Le vrai drame, c'est qu'il s'agit d'un problème de décalage et non d'un changement du comportement humain. Dès qu'ils seront permis, les voyages reprendront avec un dynamisme renouvelé. C'est ce que nous avons observé dans d'autres pays. Les Canadiens voudront assister à des manifestations sportives et à des concerts. Ils voudront retourner au théâtre et participer à des congrès en personne. Ils ont hâte de célébrer leur mariage dans une grande salle bondée de gens qu'ils aiment. Les déplacements et les rencontres en personne reviendront, mais nous avons besoin d'un plan: comment le gouvernement entend-il préserver l'intégrité de notre secteur jusqu'à ce que nous puissions nous relancer après la pandémie?
Aujourd'hui, nous adressons deux demandes au gouvernement fédéral. Premièrement, il doit produire un plan de réouverture clair assorti de critères et de jalons auxquels nous pourrons nous fier pour commencer à planifier de grands événements et la reprise des voyages. D'autres pays ont déposé des plans de réouverture, et nous croyons que le Canada devrait leur emboîter le pas.
Deuxièmement, nous avons besoin d'un programme de soutien propre à notre secteur pour l'automne, afin de nous aider à payer les salaires et les charges fixes et à survivre jusqu'au printemps et à l'été 2021, au moment où s'amorcera une véritable reprise. Seul le gouvernement fédéral peut désarmer la bombe à retardement qui menace notre industrie. À défaut d'une approche propre à notre secteur, la bombe explosera. Reste à savoir quand.
Merci.
En 2019, le gouvernement du Canada a publié « La haute vitesse pour tous: la stratégie canadienne pour la connectivité ». La stratégie prévoit notamment que les régions les plus difficiles à rejoindre auront un service 50/10 d'ici 2030. En somme, les régions rurales et éloignées seront les dernières desservies.
De plus, le milliard de dollars récemment annoncé pour le Fonds pour la large bande universelle est insuffisant pour répondre aux besoins actuels. Le ministre de Service Alberta, M. Glubish, a déclaré que l'Alberta à elle seule aurait besoin d'un milliard de dollars pour offrir Internet haute vitesse à l'ensemble de l'Alberta.
Le modèle de subvention avec mise en concurrence donne la priorité aux zones les plus peuplées au détriment des régions rurales. La stratégie fédérale pour les services à large bande fera en sorte que les régions les plus difficiles à atteindre seront desservies en dernier. Les efforts devraient viser en priorité les régions rurales, sans quoi le fossé numérique ne fera que se creuser.
Les cartes d'admissibilité utilisées par le gouvernement du Canada ne reflètent pas fidèlement les niveaux de service, et il est presque impossible de respecter les critères de contestation des décisions sur l'admissibilité. Les administrations municipales devront donc assurer seules les services à ces régions, car elles n'ont toujours pas droit aux fonds fédéraux, et aucune analyse de rentabilité ne justifie des investissements du secteur privé.
Le secteur privé n'a pas réussi à répondre aux besoins des régions rurales en matière de service Internet haute vitesse parce que ce n'est pas rentable. Le rendement du capital investi est plus élevé dans les régions densément peuplées, où il y a évidemment plus d'abonnés, de sorte que lorsque les fournisseurs investissent dans l'infrastructure à large bande en milieu rural, ils tirent habituellement profit de ce qui est le plus lucratif dans les zones les plus densément peuplées.
Toute intervention gouvernementale doit tenir compte de cette difficulté économique tout en veillant à ce que le service Internet soit abordable pour garantir des taux d'abonnement élevés et l'équité entre les Albertains des villes et, je dirais, les Canadiens vivant en milieu urbain.
Les Albertains ont un meilleur accès à des services Internet plus abordables, mais ces services coûtent plus cher dans les régions rurales. En plus d'un engagement financier accru, le gouvernement fédéral doit également réexaminer les critères actuels d'admissibilité aux subventions fédérales.
L'Outil cartographique d’admissibilité utilisé par Innovation, Sciences et Développement économique Canada surestime considérablement le niveau de service Internet offert dans les régions rurales de l'Alberta, ce que confirment des tests de vitesse effectués dans le comté de Sturgeon ainsi que dans les municipalités rurales de l'Alberta et de nombreuses autres municipalités par l'Autorité canadienne pour les enregistrements Internet, l'ACEI.
De plus, les programmes de subventions doivent également donner plus de temps aux municipalités et aux fournisseurs de services Internet pour préparer leurs demandes. Cela permettra de former les bons partenariats et d'utiliser les fonds publics le plus efficacement possible.
Compte tenu des problèmes actuels de la chaîne d'approvisionnement, il faudrait prévoir plus de temps pour réaliser les projets de services à large bande. Certains programmes de subventions exigent que les fonds soient dépensés au cours d'un exercice donné, ce qui précipite les processus d'approvisionnement, soulève des questions de disponibilité de l'approvisionnement et risque de compromettre la qualité du service pour privilégier les solutions commodes.
C'est en Alberta que les services Internet haute vitesse sont les plus accessibles: 94,7 %. Toutefois, alors que plus de 95 % des citadins ont un service Internet haute vitesse avec des données illimitées, seulement 33 % des ménages ruraux bénéficient de ce niveau de service. Les ruraux continuent de considérer qu'une connectivité Internet non fiable et lente est l'obstacle le plus important. La conséquence, c'est que les enfants des régions rurales font souvent leurs devoirs dans les cafés ou les bibliothèques locales pour avoir accès au réseau Wi-Fi et, bien sûr, nous savons tous que ces installations ont été fermées pendant la majeure partie de la dernière année.
Le besoin soudain pour les Albertains d'apprendre, de travailler et d'avoir accès à des services de soins de santé et de communiquer avec leurs amis et leur famille à partir de chez eux a placé le fossé numérique à l'avant-plan des préoccupations politiques. Il s'agit d'une occasion unique, d'une occasion stratégique pour les gouvernements d'envisager d'importants investissements pour la prochaine génération afin d'améliorer la qualité de vie des Albertains et des Canadiens des régions rurales. La grande majorité des collectivités rurales ont dit que l'incapacité d'avoir accès à Internet haute vitesse à prix abordable était le principal obstacle à leur croissance économique.
Non seulement le manque de services Internet pousse les travailleurs et les employeurs vers les villes, ce qui affaiblit la productivité dans les régions rurales, mais l'amélioration des services Internet dans les régions rurales peut aussi jouer un rôle essentiel dans la reprise économique de l'Alberta. Une récente analyse réalisée pour l'Edmonton Metropolitan Region Board en 2020 a révélé qu'une amélioration des services à large bande et de la connectivité dans l'ensemble de la région pourrait permettre la reprise économique et une augmentation du PIB pouvant atteindre un milliard de dollars par année, avec une augmentation d'environ 1 % du PIB de la région.
Des recherches font ressortir les avantages économiques des liens entre les femmes à l'échelle mondiale, notamment l'augmentation des possibilités de revenu, une plus grande indépendance et l'autonomisation individuelle.
Le temps presse. Le fossé numérique continue de se creuser au rythme de l'évolution de la technologie, et on ne peut pas se permettre d'abandonner les collectivités rurales. Investir dans les services à large bande en milieu rural, c'est investir dans la reprise économique de l'Alberta. Toutes les parties doivent être à la table.
Je dirais qu'avec le navettage numérique auquel nous sommes tous confrontés, l'absence d'Internet dans les foyers ruraux équivaut à l'absence de routes menant aux maisons ou aux ascenseurs dans les immeubles de grande hauteur. Il s'agit d'un service de base à assurer à tous les Canadiens, tout comme le gaz naturel et l'électricité l'ont été au cours des décennies précédentes.
Merci de m'avoir accordé du temps.
Merci beaucoup de comparaître de nouveau. J'espère que, parce que nous aurons pris des mesures propres à satisfaire votre secteur, vous n'aurez pas à revenir nous rencontrer.
Je m'adresse maintenant à M. Telles.
[Français]
Je vous remercie de votre présentation.
Je ne parle pas très bien en français, alors je vais vous parler en anglais.
[Traduction]
Je tiens à vous remercier d'être parmi nous. J'ai un neveu à l'université en ce moment, et je suis constamment ses progrès. Je tiens à vous adresser un énorme merci et, par votre entremise, à tous les jeunes pour tout ce que vous faites. Ce sont les jeunes qui sont au poste dans les cafés et qui nous aident en occupant un grand nombre d'emplois à court terme et d'emplois contractuels dans notre société, et je tiens à vous dire un grand merci.
Dans le budget, nous avons prévu 5,7 milliards de dollars de plus. Il y a une volonté tout à fait délibérée de s'assurer que les jeunes d'aujourd'hui ne seront pas la génération perdue. Monsieur Telles, il est vraiment important que vous nous disiez si les mesures que nous avons mises en place sont vraiment utiles ou si elles ne sont pas du tout efficaces.
Nous avons porté à 40 000 $ le seuil à partir duquel il faut commencer à rembourser les prêts d'études fédéraux. On m'a dit que cela changerait la donne du tout au tout. Cela aide-t-il vraiment les jeunes?
Nous avons également doublé les bourses canadiennes pour étudiants, ce qui représente un ajout moyen d'environ 2 600 $. Est-ce utile? De plus, nous avons maintenu la suspension des intérêts sur les bourses canadiennes pour étudiants jusqu'en mars 2023. Est-ce utile? Enfin, nous avons investi beaucoup d'argent pour nous assurer d'offrir beaucoup de débouchés aux jeunes. Est-ce utile? Dans ma propre circonscription, qui ne fait que 12 kilomètres carrés, il y a actuellement 400 emplois disponibles pour les jeunes. Est-ce utile?
Vous pourriez peut-être répondre à ces questions, puis, je voudrais vous parler des changements climatiques.
:
Merci, monsieur Ste-Marie.
C'est une question importante. Je peux vous dire que les choses vont mieux qu'auparavant. Parmi les éléments qui ont grandement amélioré la situation pour les jeunes, il y a évidemment la Prestation canadienne d'urgence et la Prestation canadienne d'urgence pour les étudiants, qui sont venues donner une aide financière directe aux jeunes et aux étudiants dans le besoin. Comme je l'ai mentionné dans mon allocution d'ouverture, les jeunes ont souvent des emplois dans des domaines particulièrement fragiles, par exemple les domaines des services, de la restauration et du tourisme. Les jeunes ont perdu leur emploi dans une plus grande proportion que le reste de la population, et ont eu besoin de cette aide fédérale d'urgence. Cela a compté pour beaucoup dans la vie des jeunes.
Les perspectives de vaccination améliorent aussi beaucoup la situation. Pour des raisons tout à fait normales, établies par les services de santé publique, les jeunes font souvent partie des derniers groupes à se faire vacciner. Ils commencent à retrouver un certain espoir d'un retour à la vie normale. Par contre, la crise a fait des dommages importants.
Il y a deux sujets précis dont j'ai parlé dans mon allocution où il y a encore du travail à faire: le logement et la santé psychologique.
Déjà, sous l'aspect de la santé mentale, on sentait sur le terrain qu'il manquait d'investissements, que les listes d'attente étaient longues et que le processus était compliqué pour avoir accès à des soins de psychothérapie, et que seulement une petite partie de la population y avait accès. Maintenant, la demande est encore plus importante. La pandémie a fait ressortir des problèmes, a fait émerger de nouvelles réalités de stress assez important en lien avec la vie personnelle, le travail, les perspectives, l'emploi, les projets des jeunes, qui ont dû être mis de côté. Ils ont donc besoin d'une aide supplémentaire.
Le logement n'est pas juste un problème ponctuel; il constitue une préoccupation très pressante. Les jeunes doivent parfois changer de région pour pouvoir se loger. Souvent, le logement va constituer plus de la moitié du budget total des jeunes. C'est beaucoup trop. Cela les empêche de subvenir à leurs autres besoins de base.
Il y a encore beaucoup de travail à faire. Le nouveau budget contient des éléments positifs, mais il ne faut pas arrêter d'analyser les programmes et les mesures qu'on propose en se demandant quelles en seront les conséquences sur les jeunes. Il faudra certainement encore les accompagner dans cette sortie de crise, pour s'assurer de leur donner tous les outils dont ils ont besoin.
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Merci, monsieur le président.
Je vais devoir consulter la transcription, mais je pense avoir entendu Mme Jansen dire qu'elle ne voterait peut-être pas en faveur du budget, ce qui m'a beaucoup étonné. Nous en sommes sans doute tous très surpris.
Je conseille également à Mme Jansen et à mes collègues conservateurs de bien vouloir consulter les données les plus récentes. Depuis plusieurs semaines, elles situent le Canada aux premiers rangs, parmi les pays du G20, pour le nombre de vaccins inoculés chaque jour. Il est parfois le premier, parfois le deuxième et parfois le troisième. Jamais à un rang inférieur.
Il y a certainement là une information à rectifier. Oui, nous pouvons faire mieux, bien sûr, mais nous nous en sortons extrêmement bien en ce moment. Monsieur le président, ce discours pessimiste suscite des préoccupations et même des craintes injustifiées. Si le Comité s'intéresse à ces questions, qu'il se concentre sur les faits plutôt que de contribuer à ces mythes que les collègues de l'opposition colportent depuis quelque temps.
C'est une question tout à fait différente, mais nous avons vu ce qui s'est passé avec le projet de loi . Les théories complotistes au sujet de la censure ont proliféré ces derniers jours sur Facebook, alors que nous les savons tous sans fondement aucun.
Venons-en toutefois au sujet de la séance, monsieur le président. Je voulais néanmoins exprimer clairement ces points de vue.
Monsieur Telles, merci beaucoup de représenter les jeunes. Merci beaucoup de vous faire leur défenseur.
Malheureusement, Mme Dzerowicz m'a coupé l'herbe sous le pied, car je voulais vous poser une question sur l'endettement des étudiants. Il est formidable que le budget de 2021 ait prévu des mesures pour aider les étudiants qui ont des dettes. C'est très important pour moi, car avant de devenir député, j'ai enseigné à l'Université Western pendant un certain nombre d'années. J'ai vu des étudiants durement touchés par des problèmes d'endettement.
J'ai aussi vu les problèmes de santé mentale que des jeunes éprouvent. Nous savons tous, pour en avoir entendu parler dans nos milieux, à quel point la pandémie a exacerbé les problèmes des jeunes. Pourriez-vous nous en parler? Le budget prévoit un investissement considérable dans la santé mentale au Canada et dans l'amélioration des services.
Nous partageons tout à fait vos questionnements. Nous nous expliquons mal pourquoi le gouvernement ne veut pas discuter de la question des transferts en santé actuellement.
C'est un problème qui existait déjà avant la pandémie. Il y a un déséquilibre entre le fédéral et les provinces en ce qui touche le financement de la santé. Les dépenses en santé augmentent de plus en plus, même au Québec. Officiellement, nous avons fait plus de la moitié des dépenses prévues pour les programmes de santé. Plusieurs études démontrent que d'ici 2030, et même plus loin, cela va augmenter de plus en plus. Si l'on ne fait rien, d'autres missions de l'État comme l'éducation ou l'environnement devront être sacrifiées.
Ce n'est pas aujourd'hui qu'il fallait avoir cette discussion, mais hier. Profitons donc de l'occasion pour avoir cette discussion. L'ensemble des provinces et des territoires ont cette préoccupation, et nous ne comprenons pas en quoi le contexte nous empêche d'en parler. Nous avons les chiffres à l'appui et la réalité a été bien démontrée. Nous cherchons, nous aussi, des réponses à cette question.
Quant à l'environnement, nous saluons les investissements qui ont été faits. Il s'agit d'un changement comparativement aux politiques passées. On a voulu montrer que l'environnement était important et qu'il fallait en faire plus.
Par contre, nous croyons qu'il faudrait en faire davantage pour encourager les changements de comportements individuels. On pourrait essayer de mettre en place des mesures d'écofiscalité comme la taxe carbone. Je sais que c'est un autre sujet chaud à l'heure actuelle. Au Québec, cette mesure est en place depuis déjà plusieurs années et elle est efficace. Il faut arrêter de se mettre la tête dans le sable: si nous voulons atteindre nos cibles, il faut changer les comportements individuels, et l'efficacité des mesures d'ordre financier pour inciter les gens à ne pas polluer a été prouvée. Nous pensons que le gouvernement devrait avoir encore plus de courage politique et prendre cette avenue. Bien entendu, cela va brusquer les gens et cela va demander des changements de comportements, mais je pense que nous sommes rendus là.
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C'est exact. Merci, monsieur le président et distingués membres du Comité.
J'ai comparu devant le Comité il y a environ un mois, juste avant la publication du budget fédéral. J'avais alors souligné la nécessité de réinvestir dans la Stratégie pour les femmes en entrepreneuriat et d'affecter des fonds importants à la relance des entreprises dont les propriétaires s'identifient comme femmes.
Aujourd'hui, j'aimerais aborder trois sujets en particulier, soit la garde d'enfants, la conception des programmes et, bien sûr, la Stratégie pour les femmes en entrepreneuriat.
Je sais que je suis ici pour parler de la garde d'enfants et répondre aux questions à ce sujet. Le programme d'apprentissage et de garde des jeunes enfants annoncé dans le budget peut certainement promouvoir l'équité et l'égalité entre les sexes au Canada s'il est mis en œuvre de façon réfléchie. Pour vraiment faire bouger les choses, il doit être conçu de manière à soutenir tous les types de travailleurs, quel que soit leur genre, et bien sûr à permettre aux enfants de partir du bon pied dans la vie.
Comme je l'ai déjà dit, notamment lors de ma dernière présence devant le Comité, des services de garde abordables et accessibles sont essentiels à la promotion de l'équité et de l'égalité entre les sexes, mais ce n'est pas une panacée. Si on avait établi un programme national de garderies il y a 50 ans, comme le recommandait la Commission royale d'enquête sur la situation de la femme, la pandémie aurait quand même obligé les enfants à rester à la maison et fermé les garderies. Qu'est-ce qui aurait pu être différent, cependant, si nous étions entrés dans la pandémie forts de 50 années de services de garde universels, abordables et accessibles?
Nous aurions peut-être des normes différentes à l'égard des sexes, un plus grand pourcentage de femmes dans les postes de haute direction et peut-être aussi une valeur différente attribuée aux femmes dans l'économie. Ce sont des changements systémiques et culturels comme ceux-là qui auraient atténué ou même empêché la « récession au féminin » que nous connaissons aujourd'hui, et non la seule existence de services de garde d'enfants. Ce que j'essaie de dire, c'est qu'il y a encore beaucoup à faire.
Lorsque je lis le budget proposé, je constate qu'il perpétue malheureusement bon nombre des erreurs et des faux pas commis en 2020. Les soutiens financiers et les programmes d'aide à la relance ne sont tout simplement pas conçus pour inclure les femmes et les personnes racialisées qui sont propriétaires d'entreprise.
Prenons par exemple le Programme d'embauche pour la relance économique du Canada, dont l'objet est d'aider les petites entreprises à se rétablir et à grandir, et d'accroître les possibilités d'emploi pour les particuliers. De nombreuses entreprises appartenant à des femmes dans le secteur des services ont peu d'employés, sinon pas du tout, et passent plutôt des contrats de durée variable avec des travailleurs autonomes. Si le programme était élargi pour inclure ce type de contrat ou d'arrangement indépendant, il aiderait à relancer un plus grand nombre d'entreprises et offrirait des perspectives aux travailleurs autonomes. Ce n'est qu'un exemple pour montrer à quel point l'accessibilité de programmes bien conçus est essentielle à l'étape de la planification et de la mise en œuvre, et comment on marginalise davantage et on exclut de la relance des entreprises appartenant à des femmes, à des personnes racialisées et à d'autres groupes mal desservis.
Quant à la Stratégie pour les femmes en entrepreneuriat, je suis d'avis que le budget fédéral de 2021 laisse tomber les femmes entrepreneures en y affectant un montant dérisoire. On parle d'environ 150 millions de dollars pour les quatre prochaines années, soit moins de 40 millions par année, après une année où tout indique que les femmes, y compris les propriétaires d'entreprises, ont été le plus durement touchées, exclues de l'aide financière et obligées d'assumer davantage la responsabilité des soins, et donc de consacrer moins de temps à leur entreprise. Après une année où tant de femmes ont été aussi durement touchées, je m'attendais à beaucoup mieux de la part de notre gouvernement féministe.
L'objectif déclaré de la Stratégie pour les femmes en entrepreneuriat annoncée dans le budget de 2018 était de doubler le nombre de femmes entrepreneures d'ici 2025. En lançant cette stratégie et en annonçant cet objectif, le gouvernement a encouragé des femmes à prendre le risque personnel et financier de fonder leur entreprise. Lorsqu'une catastrophe mondiale s'est abattue soudainement deux ans plus tard, où était l'aide à ces propriétaires d'entreprises vieilles de deux ans? Où est l'aide aujourd'hui pour rebâtir et relancer ces entreprises?
Lorsqu'une de ces propriétaires devra déclarer une faillite personnelle et vendre les actions de sa société ou l'actif net de son entreprise individuelle, est-ce que le gouvernement va intervenir? Lorsque cette femme voit son crédit personnel ramené au plus bas et qu'elle a du mal à s'offrir un logement ou une automobile, sans parler de ses aspirations d'entrepreneure et de propriétaire d'entreprise, le gouvernement n'a-t-il pas le devoir de lui venir en aide?
Nous voyons des femmes fermer boutique ou se détourner de leur entreprise à un rythme que nous ne pouvons pas accepter. Je mets le gouvernement au défi d'agir, de faire mieux et d'appuyer ces entrepreneures.
Merci.
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Merci, monsieur le président, et bonjour aux membres du Comité. Je vous remercie de me donner l'occasion de discuter du projet de loi .
Je m'appelle Kim Moody. Je suis comptable professionnel agréé et chef de la direction de Moodys Tax Law et de Moodys Private Client à Calgary, en Alberta, bien que je me trouve aujourd'hui sous la neige à Edmonton. Il y a longtemps que j'occupe des postes de direction dans le domaine de la fiscalité au Canada, dont ceux de président de la Fondation canadienne de fiscalité, de coprésident du Comité mixte du droit fiscal de l'Association du Barreau canadien et de CPA Canada, et de président de la Society of Trust and Estate Practitioners, pour ne nommer que ceux-là.
Étant donné le peu de temps dont nous disposons cet après-midi, je vais m'en tenir à des observations plutôt brèves sur trois questions, soit l'ampleur du déficit prévu, la longueur du projet de loi, qui fait 366 pages, et le temps qu'il a fallu pour produire le budget fédéral.
Commençons par l'ampleur du déficit.
Bien que je ne sois pas économiste, je me sens obligé de parler de la taille du déficit projeté pour l'année à venir: 155 milliards de dollars, après un déficit record d'environ 354 milliards l'année précédente. Les adeptes de la théorie monétaire moderne ne s'inquiètent peut-être pas de pareils déficits, mais je pense qu'une personne le moindrement rationnelle et sensée a des réserves à ce sujet et des raisons de redouter des conséquences pour l'avenir de notre pays. Selon un récent sondage mené par Nanos pour le Globe and Mail, je compte parmi les 74 % de Canadiens qui s'inquiètent devant des déficits de cette ampleur.
Certains soutiennent que les faibles taux d'intérêt actuels permettent de contracter de tels déficits et de tels emprunts, mais si l'inflation et les taux d'intérêt augmentent, le Canada peut s'attendre à de lourdes conséquences. À mon avis, le contrôle du déficit, c'est-à-dire la réduction de sa taille, devrait être une priorité immédiate si nous voulons réduire le risque que les coûts d'emprunt futurs viennent compromettre des services gouvernementaux essentiels.
J'aimerais maintenant parler brièvement de la longueur et du contenu des mesures fiscales du projet de loi .
Certaines ont été annoncées précédemment, comme les mesures relatives aux options d'achat d'actions, et sont regroupées dans ce grand projet de loi. Certaines sont bienvenues, comme la déduction pour amortissement accéléré de certains biens amortissables. Certaines ne sont pas bienvenues, comme les modifications au régime absolument affreux du crédit d'impôt pour les journalistes canadiens. D'autres sont des modifications techniques, comme celles qui permettent de convertir les fiducies de santé et de bien-être en fiducies de soins de santé au bénéfice d'employés. Au total, il y a 30 mesures relatives à l'impôt sur le revenu dans le projet de loi, ce qui est loin d'être négligeable, et elles sont toutes regroupées dans un document de 366 pages.
Avec un projet de loi aussi volumineux, je me demande si un parlementaire peut en toute franchise comprendre chaque modification proposée et se prononcer intelligemment sur son contenu. À mon avis, un projet de loi de cette taille, il faut le diviser en morceaux plus digestes afin de permettre une bonne compréhension des lois qu'on veut adopter. Cela dit, je comprends que le travail du gouvernement est d'agir dans l'intérêt des Canadiens.
Cela m'amène à ma troisième et dernière observation. Le 19 mars 2019 est la dernière fois, avant le 19 avril 2021, que le gouvernement fédéral a déposé un budget. C'est un record, comme nous le savons tous, et notre gouvernement s'est servi de la COVID comme excuse pour ne pas publier un plan financier. Comme je l'ai déjà dit devant ce comité, l'ancien directeur parlementaire du budget Kevin Page disait en octobre 2020 que les budgets « ... sont des plans financiers. Alors dire que “parce qu'il y a trop d'incertitude, nous allons gérer sans plan”, c'est un peu bizarre [...] Nous faisons des plans justement à cause de l'incertitude. »
Je suis tout à fait d'accord. À notre époque d'incertitude, il faut des budgets et des plans financiers prudents. Après avoir lu les 700 pages et quelques du budget de 2021, il est difficile d'y voir autre chose que des dépenses massives. Les Canadiens méritent mieux. Ils s'attendent à des budgets présentés en temps voulu et mûrement réfléchis, accompagnés de plans intelligents qui tiennent compte de facteurs de choc possibles comme des taux d'intérêt élevés et des hausses de l'inflation.
Plus jamais les Canadiens ne devraient avoir à attendre un budget pendant plus de deux ans. Je recommanderais même que le temps alloué pour déposer un budget fasse l'objet d'une loi. Il faudrait aussi envisager des journées budgétaires fixes.
Enfin, comme de nombreux intervenants vous l'ont dit dans le passé, notre pays a besoin d'un examen complet et d'une réforme globale de sa fiscalité. Votre comité a en d'ailleurs fait la recommandation, tout comme le Comité sénatorial des finances. Il y a peut-être quelque chose à retenir de tous ces gens brillants qui ont comparu devant vous. Au lieu de barboter dans un projet de loi de 366 pages contenant 30 modifications à la Loi de l'impôt sur le revenu, les Canadiens veulent un changement réel et exhaustif.
Oubliez les appels à des solutions de raccommodage comme celles contenues dans ce projet de loi. À mon avis, l'avenir financier de notre pays passe absolument par un examen complet et une réforme globale de sa fiscalité. Le moment ne pourrait être mieux choisi.
Merci.
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Merci, monsieur le président et distingués membres du Comité.
Je m'appelle Chris Aylward et je suis le président national de l'Alliance de la Fonction publique du Canada, l'AFPC. Nous représentons 210 000 travailleurs dans tout le pays, dont la plupart sont des fonctionnaires fédéraux, mais nous représentons aussi des travailleurs du secteur parapublic et du secteur privé.
Le projet de loi couvre beaucoup de terrain, comme il se doit. Ces temps extraordinaires exigent une intervention extraordinaire de l'État. La pandémie a mis en évidence de nombreuses failles. Des personnes âgées ont été infectées et beaucoup sont mortes dans des établissements de soins de longue durée à cause de nombreux échecs des politiques gouvernementales. Les travailleurs à faible revenu, qui sont en majorité des femmes, des Noirs, des Autochtones, des Asiatiques, des personnes racialisées et des personnes handicapées, ont souffert tragiquement et plus que les autres parce que les politiques gouvernementales n'ont pas su régler les inégalités inhérentes à chacun de nos systèmes. Il est maintenant temps de corriger les erreurs du passé.
Nous saluons la promesse de normes nationales applicables aux soins de longue durée, même si nous regrettons que le financement soit retardé jusqu'en 2022. Bien que le projet de loi n'en parle pas, nous espérons que le gouvernement repensera ses efforts pour améliorer les soins de longue durée en veillant à ce que le régime de pensions du secteur public se départisse de Revera Incorporated, et qu'il fera passer à l'État la propriété et le contrôle de ce qui est en importance le deuxième réseau canadien d'établissements de soins de longue durée à but lucratif. Revera est une filiale en propriété exclusive de l'Office d'investissement des régimes de pensions du secteur public, qui gère les placements des régimes de la fonction publique fédérale, des Forces armées canadiennes, de la Gendarmerie royale du Canada et de la Force de réserve. L'AFPC a demandé que la propriété de Revera change de main parce qu'il s'avère de plus en plus que l'incidence de décès et de maladies attribuables à la COVID-19 est disproportionnée dans les établissements privés à but lucratif.
Nous sommes heureux de voir que les travailleurs continueront de bénéficier d'un soutien temporaire pendant la pandémie, mais nous avons aussi besoin d'améliorations permanentes de grande portée dans les programmes de revenu comme l'assurance-emploi. Un salaire minimum fédéral est une très bonne chose, mais un salaire de 15 $ l'heure reste un faible revenu. Les travailleurs méritent un budget qui favorise la création de bons emplois, avec des congés de maladie payés, un salaire et des avantages sociaux décents dans toutes les administrations.
De plus, le gouvernement ne prévoit pas dans son budget le régime national d'assurance-médicaments recommandé par sa propre commission, ce qui signifie évidemment encore des difficultés financières et un pire bilan de santé pour des millions de Canadiens. Personne ne devrait avoir à choisir entre payer les médicaments essentiels et payer l'épicerie, ou devoir sauter des renouvellements d'ordonnance pour payer le loyer.
L'élément inédit du budget de 2021 est la promesse d'un système pancanadien d'apprentissage et de garde des jeunes enfants, auquel on affecterait 30 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années. Le projet de loi autorise des transferts aux provinces et aux territoires de 2,9 milliards de dollars en 2021-2022, versés selon des modalités établies dans des ententes bilatérales. L'AFPC fait campagne pour une intervention fédérale de cette ampleur depuis déjà 40 ans. En réduisant les frais de garde à 10 $ par jour en moyenne et en augmentant le nombre de places en garderie agréée, on éliminera les obstacles qui empêchent les mères d'occuper pleinement leur place dans la population active rémunérée. On offrira aux femmes une meilleure sécurité sociale et économique et on aidera en particulier celles qui subissent actuellement les plus grandes iniquités.
De plus, un meilleur accès des femmes aux emplois rémunérés ne peut que stimuler énormément l'économie d'aujourd'hui et de demain. La pandémie mondiale nous l'a prouvé hors de tout doute. Lorsque les services de garde d'enfants ont disparu à chaque épisode d'éclosions et de confinement, ce sont les femmes qui en ont subi le contrecoup et qui ont dû quitter le marché du travail. La perte économique a été incommensurable.
Toutefois, pour concrétiser ces avantages, le gouvernement fédéral doit utiliser ses 30 milliards de dollars pour négocier des changements importants dans la prestation des services de garde. L'économie a besoin d'une offre sûre de places en garderie financées et gérées par l'État. Le système doit être principalement public ou sans but lucratif. La qualité doit être élevée, et les travailleuses et travailleurs de garderie doivent être qualifiés et rémunérés en conséquence. Le projet est ambitieux et coûteux, mais s'il est bien mené, il s'autofinancera. Nous vous exhortons à l'appuyer et à rappeler au gouvernement son engagement à mettre sur pied le système de garde d'enfants dont le Canada a besoin.
Enfin, malgré certaines lacunes, nous saluons les efforts en faveur d'une plus grande équité pour tous les Canadiens et Canadiennes. Nous soutenons l'engagement à lutter contre le racisme systémique et le racisme dont sont victimes les Noirs, tant dans la fonction publique fédérale que dans tout le pays.
Nous sommes encouragés par le financement consacré à la protection des droits des personnes handicapées, le financement destiné à soutenir le travail du Secrétariat LGBTQ2 et l'élaboration d'un plan d'action, ainsi que le financement continu destiné à s'attaquer aux problèmes de longue date dans les communautés autochtones.
Monsieur le président, je vous remercie de votre temps. Je me ferai un plaisir de répondre aux questions.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
[Français]
Monsieur le président et chers membres du Comité, j'aimerais vous remercier d'avoir invité notre association à comparaître aujourd'hui.
[Traduction]
Oui, je suis déjà venue ici et me voici de nouveau. L'Association de l'industrie touristique du Canada, ou AITC, est le porte-parole national de l'industrie touristique et réclame depuis le début de la pandémie un soutien particulier pour le secteur du tourisme.
Nous avons été heureux de constater que le budget présenté le mois passé mentionne spécialement le tourisme et y accorde un soutien, et nous sommes ici aujourd'hui pour discuter du travail qu'il reste à faire si nous voulons que l'économie du tourisme du Canada reprenne son élan d'avant la pandémie.
Le budget propose de nombreuses mesures de soutien qui ont une incidence sur notre secteur, mais aujourd'hui, je me concentrerai sur quelques mesures pertinentes, notamment le fonds d'aide au tourisme, la Subvention d'urgence du Canada pour le loyer et la Subvention salariale d'urgence du Canada.
Le programme d'aide au tourisme, qui prévoit un milliard de dollars sur trois ans, est très prometteur, mais nous cherchons encore à comprendre les détails entourant les mesures de soutien et la façon dont elles seront administrées afin de reconnaître véritablement l'aide qu'elles apportent au tourisme. Il en va de même pour le financement proposé pour les festivals et autres événements. Nous devons nous assurer que les besoins particuliers de notre industrie seront satisfaits. Le fonds d'aide au tourisme de 500 millions de dollars, administré par les agences de développement régional, ou ADR, sera un excellent soutien pour les entreprises si le financement est offert sous forme de subventions et si nous encourageons une approche nationale pour l'administration afin que les ADR suivent les mêmes politiques partout au pays.
Nous voulons nous assurer que tous les secteurs du tourisme auront accès aux fonds prévus, y compris les événements d'affaires, les attractions touristiques et les camps de pêche accessibles par avion. Nous ne pouvons pas demander à des entreprises qui ont été forcées de fermer leurs portes et qui ont généré peu ou pas de revenus au cours des 15 derniers mois de s'endetter aveuglément sans avoir de feuille de route pour la relance et sans pouvoir faire de prévisions.
Nous continuons de collaborer avec le gouvernement sur ces détails et nous demandons que l'industrie touristique soit consultée avant qu'ils ne soient mis au point. Comme nous l'avons vu avec le PCSTT, il y a des situations propres aux entreprises touristiques qui doivent être prises en compte. Le PCSTT a été extrêmement bien accueilli, mais les commentaires de l'industrie donnent à penser que le programme n'a pas été utilisé comme prévu en raison de problèmes, comme celui du ratio de service de la dette, qui sont fréquents dans notre secteur, en raison d'immobilisations importantes comme des bateaux et des hydravions. Nous demandons que ce problème soit examiné et réglé avant la date limite.
Nous avons constaté que le manque d'accès au financement est exacerbé pour les entreprises touristiques autochtones, et nous devons nous assurer, à l'avenir, que le soutien financier dont elles ont besoin est également mis en place efficacement et qu'il est possible d'y accéder par l'intermédiaire des institutions financières autochtones.
Les subventions d'urgence pour les salaires et les loyers ont été une bouée de sauvetage pour un grand nombre de nos entreprises, et bien que nous nous réjouissions de la prolongation des programmes, l'échéance imminente de l'automne et la baisse des niveaux de soutien sont de grandes préoccupations pour notre industrie. Nos entreprises ne seront pas dans une situation où le soutien ne sera plus nécessaire à partir de septembre ou même de novembre. Certains secteurs, comme celui des croisières, seront complètement fermés jusqu'au printemps 2022 au moins. De plus, bon nombre de nos membres sont des entreprises saisonnières dont il faut tenir compte dans les programmes de soutien. Leurs moyens de production de revenus et le moment où elles les réalisent sont différents de ceux de la plupart des autres entreprises, et elles se retrouvent face à la perte d'une deuxième saison estivale.
Le nouveau Programme d'embauche pour la relance économique du Canada se veut en quelque sorte une transition maintenant que les programmes de subventions diminuent; cependant, le calendrier établi exige que les entreprises aient une santé financière raisonnablement bonne d'ici juin pour pouvoir profiter du programme. De plus, comme la plupart des entreprises touristiques ont maintenant des liquidités ou des réserves limitées ou inexistantes, elles ne seront peut-être tout simplement pas en mesure de se payer des travailleurs, même si la subvention de 50 % est en place. C'est pourquoi nous recommandons fortement que la SSUC et la SUCL soient maintenues pour les entreprises touristiques aux niveaux actuels aussi longtemps que nécessaire, compte tenu du fait qu'il s'agit d'entreprises saisonnières; que le fonds d'aide au tourisme soit administré par l'intermédiaire des ADR dans le cadre d'une approche nationale, que le financement soit accordé sous forme de subventions et que le PCSTT soit modifié pour permettre aux entreprises touristiques ayant des problèmes de ratio du service de la dette d'être admissibles.
Pour l'avenir, notre priorité numéro un est de retrouver une pleine capacité. Lorsque nous comparons les mesures de soutien proposées dans le budget avec l'échéancier de diminution des mesures de soutien aux entreprises, nous constatons qu'il n'y a pas de correspondance. Nous demandons au gouvernement de tracer une ligne dans le sable et de fixer une date cible pour la réouverture de la frontière, qui sera accompagnée d'un plan définitif concernant la preuve de vaccination pour les voyages à l'étranger, les exigences de dépistage et l'élimination des quarantaines. Il ne suffit pas d'appuyer sur un interrupteur pour que nos entreprises se mettent en marche. Nous avons besoin de temps pour conclure de nouveaux contrats, relancer le marketing, réoutiller et réembaucher, et nous avons besoin de temps en coulisse pour tester les manèges dans les parcs d'attractions fermés depuis un an, remplir les piscines dans les parcs et recycler les pilotes.
L'AITC recommande que le Canada travaille avec ses homologues pour trouver des solutions qui nous permettront d'être en phase avec le système mondial et de continuer à faire partie de l'expérience harmonieuse des voyageurs.
Nous préconisons également une politique de voyage dans « un seul Canada ». Nous demandons au gouvernement de collaborer avec les provinces et les territoires afin d'ouvrir les frontières et d'éviter les tests de dépistage interprovinciaux et les mises en quarantaine, qui sèmeraient la confusion chez les voyageurs nationaux et internationaux.
Enfin, il sera essentiel de changer le discours et de soutenir la confiance des consommateurs. Alors que le nombre de cas diminue, nous demandons au gouvernement d'ouvrir la voie au retour aux voyages et d'encourager les Canadiens à voyager au Canada. Lorsque les restrictions seront ajustées, nos entreprises seront prêtes à offrir des services et des expériences tout en respectant les protocoles sanitaires nécessaires.
Beaucoup d'investissements et de créativité ont été consacrés à la préparation d'une reprise. L'économie du tourisme est prête à remettre le Canada sur la carte comme destination concurrentielle.
[Français]
Je vous remercie beaucoup.
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Je vous remercie de m'avoir accordé du temps, monsieur le président.
Tout d'abord, je tiens à remercier tous les témoins. La discussion est très intéressante.
Ma question s'adresse à la porte-parole de l'association touristique, Mme Potter.
Je représente les Territoires du Nord-Ouest, où plus de la moitié de la population est d'origine autochtone. Il était donc très important pour nous que l'Association du tourisme autochtone établisse enfin un bureau ici, dans les Territoires du Nord-Ouest. Je sais, d'après votre exposé, que cette association fait partie de votre organisation.
Pour nous, les gens de l'Association remplissent une fonction très importante. Ils jouent un rôle vraiment important dans le Nord, et ce rôle est différent de celui de la plupart des autres organismes touristiques du fait que nous avons des défis différents ici dans les Territoires du Nord-Ouest — et au Yukon et au Nunavut, d'ailleurs —, mais nous avons un énorme potentiel. Nos collectivités sont petites. Il est très difficile de trouver des professionnels, comme des consultants ou des comptables, pour s'occuper des petites collectivités et des gens qui y vivent.
Je constate que beaucoup de nos exploitants ont de la difficulté à obtenir une assurance ou des permis, des choses de ce genre, puisqu'il faut se rendre dans un centre régional pour les obtenir. L'Association du tourisme autochtone joue un rôle important en les aidant et en les guidant.
Cette année, l'Association du tourisme autochtone a fait son entrée dans le budget; elle a reçu de l'argent. J'aimerais vous demander si vous croyez que nous devrions encourager les gens à en faire davantage, à obtenir plus d'argent pour le tourisme autochtone afin d'avoir plus de personnel sur le terrain et plus de gens pour faire avancer les choses.