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Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue, tout le monde, à la réunion numéro 19 du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes.
Le Comité se réunit aujourd'hui pour étudier la situation d'urgence à laquelle les Canadiens font face avec la deuxième vague de la pandémie de la COVID-19.
J'aimerais souhaiter la bienvenue aux témoins.
Du Comité consultatif national de l'immunisation, nous recevons la Dre Caroline Quach-Thanh, présidente et professeure titulaire à l'Université de Montréal.
De l'Agence de la santé publique du Canada, nous accueillons Stephen Bent, directeur général; Kimberly Elmslie, vice-présidente principale; Bersabel Ephrem, directrice générale, Centre de la lutte contre les maladies transmissibles et les infections; Cindy Evans, vice-présidente, Gestion des urgences; Dr Guillaume Poliquin, directeur général scientifique intérimaire; et Dr Roman Szumski, vice-président principal, Acquisitions thérapeutiques de vaccins contre la COVID-19.
Je souligne simplement que les témoins susmentionnés sont priés de faire leurs exposés sur les points suivants: a) les épidémies actuelles, les occurrences et la modélisation de la propagation des variants de la COVID-19 au Canada en ce qui concerne les calendriers prévus de déploiement de la vaccination; b) la capacité de surveiller la prévalence et la propagation des variants en situation d'urgence; c) les hypothèses actuelles du gouvernement fédéral concernant l'efficacité des vaccins contre les variants dans le contexte du portefeuille de vaccins du gouvernement fédéral; d) l'achat par le Canada de doses de rappel associées aux variants.
Conformément à la motion qui a demandé la convocation de ce groupe de témoins, je vais demander à la Dre Quach-Thanh de prendre la parole pendant sept minutes maximum, puis les témoins de l'Agence de santé publique du Canada auront la parole pour un maximum de 15 minutes.
Docteure Quach-Thanh, la parole est à vous pour sept minutes.
[Français]
Je tiens d'abord à remercier le président et les membres du Comité permanent de la santé de m'avoir invitée à témoigner.
Je suis pédiatre, microbiologiste-infectiologue et clinicienne-chercheuse au CHU Sainte-Justine et professeure titulaire au Département de microbiologie, infectiologie et immunologie de l'Université de Montréal. Mon expertise tant en clinique qu'en recherche est dans le domaine de la prévention des infections, de l'hôpital à la communauté, et elle s'étend également au domaine de la vaccination. Je suis titulaire de la Chaire de recherche du Canada de niveau 1 en prévention et contrôle des infections: de l'hôpital à la collectivité. Toutefois, je témoigne aujourd'hui à titre de présidente du Comité consultatif national de l'immunisation, ou CCNI, et je me limiterai donc au mandat de ce comité.
[Traduction]
Le Comité consultatif national de l'immunisation, ou CCNI, est un comité consultatif externe de l'Agence de la santé publique du Canada qui existe depuis 1964.
Le travail du CCNI et la participation au comité des 15 membres votants et du président se font sur une base volontaire et font l'objet d'un examen approfondi pour détecter tout conflit d'intérêts.
Le CCNI fait des recommandations à l'Agence de la santé publique du Canada sur les questions relatives à l'immunisation, pour la grande majorité, sur les vaccins qui ont été autorisés par Santé Canada. Dans un seul cas, le CCNI a été invité à faire des recommandations sur un vaccin non encore autorisé pour soutenir la préparation aux situations d'urgence, le vaccin contre l'Ebola.
Le CCNI fonde ses recommandations sur divers éléments, dont la charge de morbidité, les caractéristiques du vaccin telles que l'innocuité, l'immunogénicité et l'efficacité, l'éthique, l'équité, la faisabilité, l'acceptabilité et les facteurs économiques.
Afin de s'assurer que le CCNI dispose des compétences adéquates, il a élargi le nombre de ses membres votants ces dernières années pour inclure un spécialiste des sciences sociales, deux économistes de la santé et un épidémiologiste, et il consulte régulièrement le Groupe consultatif d'éthique en matière de santé publique.
Le CCNI utilise une approche systématique pour examiner la littérature médicale et la science des vaccins, ce qui peut prendre plus de temps qu'un examen narratif, mais garantit la reproductibilité et la qualité, de sorte que les provinces et les territoires sont confiants quant au produit de synthèse des connaissances qu'ils peuvent ensuite utiliser dans la formulation de leurs recommandations locales.
[Français]
Compte tenu du besoin croissant de recommandations pour la vaccination contre la COVID-19, le CCNI a augmenté la fréquence de ses rencontres, et il en tient parfois une par semaine. Le secrétariat qui soutient le CCNI au sein de l'Agence de la santé publique a travaillé de manière diligente afin de lui fournir les données nécessaires à la prise de décisions, au moyen, par exemple, de revues de la littérature scientifique, d'analyses éthiques et de tableaux d'options de gestion permettant diverses approches en fonction de l'épidémiologie provinciale et des valeurs propres à chacune des provinces.
Depuis le début de la pandémie, le CCNI a publié divers énoncés: une déclaration sur les priorités de recherche visant à orienter les essais randomisés de phase III des fabricants afin qu'ils répondent aux questions d'importance susceptibles de permettre au CCNI de faire des recommandations sur l'utilisation des vaccins pour les diverses populations, dont les populations vulnérables; quatre recommandations sur les groupes prioritaires à vacciner en diverses circonstances; et deux recommandations sur l'utilisation des vaccins contre la COVID-19, dont une pour chacun des vaccins autorisés par Santé Canada.
[Traduction]
Vu les questions sur les variants posées par le comité HESA et conformément au mandat du CCNI, je ne peux pas faire de commentaires sur le déploiement du vaccin. Cependant, le CCNI a des variants préoccupants, VP, à considérer, ayant ajouté au fil du temps de nombreuses questions de recherche dans nos recommandations sur l'utilisation des vaccins contre la COVID-19; la dernière version reste à être publiée. Ces questions de recherche alimentent à la fois le plan de travail du Réseau canadien de recherche sur l'immunisation et le nouveau groupe de référence pour la surveillance des vaccins — groupes de travail sur la sécurité et l'efficacité — afin de cerner les lacunes dans les connaissances et de tirer parti des cohortes ou des infrastructures de surveillance existantes pour répondre à ces questions.
Les questions suivantes portent sur les VP: quel est le rôle de l'immunité humorale par rapport à l'immunité cellulaire dans la prévention de l'échappement immunitaire des variants viraux? Comment les variants viraux influeront-ils sur l'efficacité, l'efficience, l'immunogénicité et l'innocuité d'un vaccin en ce qui concerne le décès, la maladie grave, la maladie symptomatique, l'infectiosité et la transmission? Quel est l'effet de l'utilisation de vaccins de rappel contenant des antigènes hétérologues et quel est le moment optimal pour la vaccination de rappel?
À ce stade, le CCNI a demandé que soient présentées des données sur l'efficacité des vaccins au Royaume-Uni, où le variant B.1.1.7 est le plus répandu pour le SRAS-CoV-2, dans un pays où les vaccins AstraZeneca et Pfizer-BioNTech sont tous deux utilisés avec un intervalle prolongé de 12 semaines. Les données ont été présentées confidentiellement au CCNI le 8 février 2021, après quatre semaines de suivi auprès des personnes ayant reçu le vaccin Pfizer. Public Health England fera de nouveau le point sur les résultats la semaine prochaine, lors de la réunion régulière du CCNI.
D'après les données tirées de la littérature, le CCNI considère que les vaccins à ARNm disponibles restent efficaces contre les VP apparus au Royaume-Uni. Les études montrent qu'après une dose de Pfizer-BioNTech, les sérums des participants présentaient un large éventail de titres neutralisants contre le virus de type sauvage qui étaient légèrement réduits par rapport au variant B.1.1.7.
L’introduction de la mutation E484K dans un contexte de B.1.1.7 a entraîné une perte plus importante de l'activité de neutralisation. Les anticorps neutralisants étaient plus faibles chez les personnes âgées de 80 ans et plus, selon une étude distincte. Toutefois, la réponse des anticorps, aussi essentielle soit-elle, n'est pas le seul type d'immunité qui importe: l'immunité cellulaire joue également un rôle important dans la protection de la personne.
Comme il n'existe pas de corrélats de protection connus, et comme nous allons probablement assister à l'émergence d'autres nouveaux variants au fil du temps, il est primordial que le Canada et le monde entier investissent dans la surveillance et le suivi des variants, en repérant ceux qui sont préoccupants, en analysant la sensibilité des nouveaux variants à la neutralisation par le sérum des personnes vaccinées, en étudiant la protection des animaux contre l'attaque par de nouvelles souches et en séquençant les virus qui réussissent une percée infectieuse chez les personnes vaccinées. On pourra ainsi surveiller l'efficacité des vaccins en temps réel, tout en identifiant et en surveillant les VP.
La propagation du VP apparu en Afrique du Sud, le B.1.351, pourrait être plus préjudiciable. Les données récentes d'essais cliniques à caractère aléatoire où circulaient ces VP ont montré que bien que ces vaccins, les vaccins à base de vecteurs et Novavax, restent efficaces contre le variant B.1.1.7, ils ont une efficacité moindre contre le variant d'Afrique du Sud.
Les études de phase 3 qui ont été menées pour les vaccins à ARNm ont été réalisées à un moment où les VP n'étaient pas encore répandus. Cependant, nous savons que certains des principaux fabricants de vaccins travaillent déjà sur de nouvelles versions de leurs vaccins COVID-19 adaptées à la cible B.1.351 ou à d’autres variants. Le CCNI surveille les données et publiera une déclaration si un rappel ou une nouvelle dose est nécessaire, en tenant compte de tout nouveau candidat vaccin autorisé par Santé Canada.
Le CCNI surveille également l’utilisation des calendriers de vaccins hétérologues. Les résultats préliminaires d’une étude animale ont montré qu'une combinaison d'ARNm et d'AstraZeneca permettait d'obtenir une immunité à médiation cellulaire plus forte. Le Royaume-Uni a lancé une étude dans le cadre de laquelle l'AstraZeneca et le Pfizer seront administrés selon un calendrier mixte. Le recrutement a commencé au début du mois de février et le CCNI suivra les résultats de cette étude.
Depuis plus de 50 ans, le CCNI fournit au gouvernement du Canada des conseils d'experts fondés sur des données probantes en matière de vaccins. Les variants viraux ou les différentes souches de maladies ne sont pas un phénomène nouveau, et nous avons une longue tradition d'adaptation des programmes de vaccination à l'évolution des données dans des domaines tels que la grippe — où de nouveaux vaccins sont nécessaires chaque année — ou les maladies à pneumocoques, où différentes souches ont connu une évolution positive et négative, nécessitant des technologies vaccinales dynamiques et une refonte des programmes au fil des ans. Le CCNI est prêt à adapter ce nouveau programme de vaccination si nécessaire, à mesure que les données probantes évoluent.
Je vous remercie de votre attention et répondrai volontiers à vos questions, dans la mesure où elles concernent le mandat du CCNI.
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Monsieur le président et honorables membres, je vous remercie de me donner l'occasion de vous parler des variants de la COVID-19 et des mesures que prend l'Agence de la santé publique du Canada pour protéger la population canadienne pendant cette pandémie.
J'aimerais commencer par quelques renseignements généraux sur les variants. Tous les virus connaissent des mutations au fil du temps. Il est donc normal que le virus qui cause la COVID-19 en connaisse aussi. Par mutation, je veux dire que le matériel génétique du virus change. Bien que tous les virus connaissent des mutations, ce ne sont pas toutes les mutations qui sont préoccupantes. Un variant préoccupant est une mutation qui pourrait avoir des effets sur certaines caractéristiques du virus. Un variant est jugé préoccupant lorsqu'il a une incidence sur la propagation de la maladie, la gravité de la maladie, les tests qui servent à détecter le virus, ou les vaccins et les traitements.
Nous travaillons avec nos partenaires internationaux, dont l'Organisation mondiale de la Santé, afin d'élargir nos connaissances sur les variants de la COVID-19 et de mieux comprendre les conséquences de leur propagation. Au cours des derniers mois, plusieurs variants préoccupants de la COVID-19 sont apparus à l'étranger. En date d'hier, nous savons que trois variants préoccupants sont présents au Canada — ceux identifiés pour la première fois au Royaume-Uni, en Afrique du Sud et au Brésil.
La situation des variants préoccupants au Canada continue d’évoluer rapidement. En date du 16 février, un total de 637 cas liés à des variants préoccupants dans les provinces avaient été signalés. Jusqu’à présent, aucun variant préoccupant n’a été détecté dans les territoires.
Dans la majorité des cas de variants signalés dans les provinces, il s'agit du variant provenant du Royaume-Uni. La majorité de ces variants sont liés à des voyages. Toutefois, il existe des preuves de propagation communautaire, car dans certains cas où il n'y avait pas de lien direct, ou indirect, avec des voyages ou des voyageurs internationaux.
Cinq provinces — la Colombie-Britannique, l'Alberta, l'Ontario, le Québec et la Nouvelle-Écosse — ont signalé la présence du variant B.1.351 provenant de l'Afrique du Sud. Jusqu'à présent, le variant P.1 provenant du Brésil n'a été signalé qu'en Ontario.
Entre la mi-janvier et la mi-février 2021, 21 éclosions de COVID-19 au Canada ont été associées à un variant préoccupant. Ces éclosions sont survenues dans divers milieux, notamment les soins de longue durée, les lieux de travail, les soins de santé, les garderies, les écoles, les appartements résidentiels et les rassemblements sociaux.
L'Ontario a signalé la majorité de ces éclosions, soit un total de 13. Le Québec en a signalé quatre, l'Alberta, deux, et le Manitoba et Terre-Neuve-et-Labrador en ont chacun signalé une. Les variants préoccupants continuent de se transmettre au Canada, et il est probable qu'ils se répandront à grande échelle au fil du temps.
Nous continuons de suivre de près les variants émergents tant au Canada qu'à l'étranger. Et, à mesure que notre connaissance sur ces variants augmente, nous actualisons nos directives sur la gestion des cas et des contacts et les mesures communautaires. Les données probantes provenant d'autres pays montrent que l'activité de la COVID-19 peut être maîtrisée même lorsque la présence de variants préoccupants est généralisée.
Des mesures de santé publique strictes ainsi que des contrôles frontaliers rigoureux et un respect strict des pratiques de protection individuelle peuvent ralentir la propagation et l'incidence des variants préoccupants. Ralentir la propagation nous donnera le temps nécessaire pour que la population canadienne puisse être vaccinée.
Les fabricants de vaccins étudient les conséquences des variants connus sur l'efficacité de leurs vaccins. Selon certains rapports, certains types de vaccins pourraient être moins efficaces contre les variants préoccupants identifiés pour la première fois en Afrique du Sud et au Brésil. Cependant, compte tenu des données limitées sur les nouveaux variants préoccupants, de plus amples recherches devront confirmer les premiers résultats.
Alors que de nouveaux variants sont identifiés, il est plus important que jamais de suivre les mesures de santé publique recommandées.
Depuis le début de la pandémie, la sensibilisation du public et les communications jouent un rôle crucial dans la réponse du gouvernement à la COVID-19. Nous travaillons en étroite collaboration avec les provinces et les territoires, les partenaires de la santé publique, les organisations multiculturelles et autochtones, et d’autres intervenants, pour nous assurer que l’information est accessible pour l’ensemble des Canadiens et que les renseignements et les directives de santé publique les plus à jour sont disponibles selon différents modes de communication.
Je cède maintenant la parole à mon collègue, le Dr Guillaume Poliquin. Il vous parlera du séquençage, de la surveillance et des vaccins.
Comme ma collègue l'a mentionné, je vais vous parler de séquençage, de surveillance et de vaccins.
Le Canada a une approche fédérale, provinciale et territoriale à l'égard de la surveillance des établissements de soins de santé de première ligne et des laboratoires de partout au pays. Cette approche a permis d'équiper efficacement le pays en vue de détecter les maladies respiratoires, y compris la COVID-19.
Nous avons travaillé avec les provinces et les territoires ainsi qu'avec d'autres intervenants pour accélérer la capacité des tests de dépistage à détecter les cas de COVID-19 et de ses variants.
Grâce à une analyse continue des bases de données génomiques au Canada, le Laboratoire national de microbiologie surveille les cas de COVID-19 au Canada, en collaboration avec les provinces et les territoires.
Depuis le début de la pandémie de COVID-19 au Canada, l'Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada et les Instituts de recherche en santé du Canada ont collaboré avec Génome Canada et des partenaires provinciaux et territoriaux aux travaux liés au séquençage.
Le séquençage est utilisé pour déterminer l'ARN du virus afin d'aider à identifier les différents variants. Ces données sont un outil essentiel pour surveiller la manière dont le virus change et se propage. Cette méthode peut nous aider à détecter rapidement les variants émergents potentiels dont il faut se préoccuper.
En avril 2020, le gouvernement du Canada a versé 40 millions de dollars pour soutenir la création du Réseau canadien de génomique COVID-19, ou RCanGéCO. Cet investissement soutiendra les efforts de séquençage à l'échelle du pays afin d'aider à comprendre les variations génétiques du virus au fur et à mesure de son évolution.
Ces investissements précoces ont permis au Canada d'occuper une place de chef de file pour ce qui est de détecter rapidement les variants préoccupants qui apparaissent dans le monde entier et d'intervenir tout aussi rapidement. Le Laboratoire national de microbiologie et le Réseau canadien de génomique COVID-19 ont travaillé avec des scientifiques des gouvernements fédéral et provinciaux, des universités, des épidémiologistes et des cliniciens spécialistes des maladies infectieuses pour établir les priorités en matière de séquençage.
Ces activités visent à identifier les variants existants préoccupants en procédant de façon régulière à l'échantillonnage des cas positifs, notamment les cas de réinfection suspectés et les échecs vaccinaux. Le séquençage vise également les scénarios à haut risque qui pourraient signaler la présence de nouveaux variants préoccupants potentiels. Le Canada séquence plus de 5 % des cas positifs au pays, taux comparable à celui de la plupart des meilleurs programmes de surveillance d'autres pays. De plus, nous déployons des capacités supplémentaires afin d'atteindre notre objectif de 10 % et de réduire les temps de traitement.
Le Laboratoire national de microbiologie travaille avec des partenaires provinciaux pour accélérer le dépistage des cas positifs de variants préoccupants connus. La capacité de dépistage augmente dans de nombreuses provinces.
Parallèlement, l'Agence de la santé publique du Canada compile quotidiennement le nombre de variants préoccupants dans tout le Canada. Elle a aussi travaillé avec des partenaires provinciaux et territoriaux pour parvenir à des accords afin de suivre les cas ayant été désignés comme des variants préoccupants. Cet accord inclut l'échange de données épidémiologiques nécessaires aux analyses comparatives des cas qui ont pour souche un variant préoccupant et des cas qui n'en ont pas. Ces analyses nous permettent de détecter les caractéristiques pouvant nous aider à mieux comprendre la manière dont les mesures de santé publique doivent s'adapter à un variant préoccupant.
Pour soutenir davantage nos efforts, le gouvernement investit 53 millions de dollars dans une stratégie intégrée de détection des variants préoccupants. Cet investissement augmentera notre capacité de trouver les variants préoccupants et de suivre leur propagation au Canada. Il aidera également à intensifier rapidement les activités de surveillance, de séquençage et de recherche nécessaires pour éclairer les mesures à prendre en matière de santé publique.
Cette stratégie nationale associe la santé publique et le séquençage génomique à l'épidémiologie, à l'immunologie, à la virologie et à la modélisation mathématique. Grâce à ce partenariat, nous tirons parti de l'expertise et des laboratoires existants pour mener des enquêtes en matière de santé publique et prendre rapidement des mesures de santé publique.
Pour mettre en œuvre la stratégie, le Laboratoire national de microbiologie de l'Agence de la santé publique du Canada fournit 20 millions de dollars. RCanGéCO fournit 8 millions de dollars pour accroître le séquençage génomique et la capacité de fournir des données en temps réel. Les Instituts de recherche en santé du Canada fournissent quant à eux jusqu'à 25 millions de dollars pour intensifier la recherche canadienne afin d'améliorer notre compréhension des variants émergents. Cela aidera à fournir aux décideurs des conseils rapides sur la pharmacothérapie, l'efficacité des vaccins et d'autres stratégies de santé publique.
L'Agence de la santé publique du Canada a pour responsabilité de soutenir et de mettre en œuvre les recommandations du Groupe de travail sur les vaccins contre la COVID-19. En s'appuyant sur les recommandations des experts de ce groupe de travail, les renseignements cliniques et les autorisations de Santé Canada, l'Agence a collaboré avec Services publics et Approvisionnement Canada ainsi qu'avec d'autres ministères pour élaborer une stratégie de vaccination fondée sur des données probantes qui vise à garantir un portefeuille diversifié de candidats vaccins contre la COVID-19 de premier plan.
Le portefeuille de candidats sert à fournir à chaque personne au Canada un accès à des vaccins sécuritaires et efficaces dès qu'ils sont disponibles.
Le Canada a été l'un des premiers investisseurs dans la technologie de mise au point du vaccin contre la COVID-19, et il a conclu des accords d'achat anticipé avec sept grands fabricants de vaccins. À ce jour, les vaccins de Pfizer et Moderna ont été autorisés par Santé Canada. Trois autres, soit AstraZeneca, Janssen et Novavax, ont déposé des demandes d'autorisation auprès de Santé Canada et d'autres progressent bien dans les essais cliniques. L'approche adoptée par le Canada pour sa stratégie en matière de vaccins a été conçue en tenant compte des incertitudes et des nombreux risques inhérents aux chaînes mondiales d'approvisionnement en vaccins ainsi que de la nature évolutive du virus et de ses répercussions sur les vaccins.
L'émergence mondiale actuelle de variants préoccupants a renforcé l'intérêt de disposer d'un portefeuille diversifié de vaccins. Le Canada surveille les preuves des répercussions qu'ont les variants préoccupants sur l'efficacité des vaccins de notre portefeuille.
L'Agence de la santé publique du Canada appuie grandement la prise de décisions fondées sur des données probantes et continue de travailler en étroite collaboration avec ses partenaires pour surveiller les données probantes sur tous les fronts. Par ailleurs, nous continuons à adapter nos efforts lorsque cela est nécessaire.
L'Agence travaille avec les provinces et les territoires, les partenaires internationaux, la communauté scientifique et les systèmes de santé pour recueillir des éléments probants sur les variants. Cela nous aidera à déterminer leur incidence sur les efforts d'immunisation du Canada et d'autres pays.
En même temps, l'Agence travaille avec ses partenaires fédéraux pour inciter les fabricants de vaccins à expliquer comment leurs vaccins offriront une protection contre les variants, y compris le besoin éventuel de doses de rappel.
Dans notre portefeuille actuel, nous avons obtenu suffisamment de vaccins pour que tout le monde au Canada ait accès à un vaccin autorisé d'ici septembre. Nous avons confiance en notre portefeuille de vaccins et nous reconnaissons qu'il n'est pas statique. Au fur et à mesure que nous en apprendrons davantage, nous adapterons la stratégie pour qu'elle continue d'être efficace.
Nous explorons activement toutes les options qui peuvent nous aider à renforcer notre portefeuille de vaccins et à répondre à nos besoins immédiats et à long terme. Nous veillons notamment à ce que tous les Canadiens aient accès à des vaccins de rappel, au besoin.
Dire que l'année dernière a été difficile est un euphémisme, mais nous avons parcouru un long chemin. Nous avons constaté l'effet positif des mesures de santé publique que nous avons mises en pratique. Elles sont efficaces et contribuent à prévenir la propagation de la COVID-19, y compris de ses variants préoccupants.
Ce n'est pas le moment d'abandonner. Nous sommes allés trop loin pour cela. Jusqu'à ce nous soyons tous vaccinés, il est plus important que jamais que nous maintenions les pratiques qui nous ont menés jusqu'ici.
Je vous remercie de votre attention.
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Je peux répondre, si vous le voulez bien, monsieur le président.
Comme vous l'avez vu, le CCNI avait recommandé, à partir des données disponibles au moment de la parution de sa déclaration, que les 2 doses soient données de préférence à l'intérieur d'un délai de 42 jours. Cette recommandation était fondée sur le fait que dans les 2 essais de phase 3, ceux de Pfizer et de Moderna, les participants ont reçu leur deuxième dose dans un intervalle de 21 ou 28 à 42 jours, en moyenne. Aujourd'hui, nous avons accès aux données du Royaume-Uni et du Québec, et nous savons que le Québec administre les deux doses dans un intervalle de trois mois.
Nous allons émettre une nouvelle recommandation; nous y travaillons actuellement. L'objectif principal est de trouver un équilibre entre l'avantage de protéger un plus grand nombre de personnes à 80 % et le risque que les répercussions sur la santé de la population soient plus grandes. Cependant, d'après moi, la question qui demeure sans réponse, c'est combien de temps dure la protection de 80 %. Nous avons donc demandé au Royaume-Uni de nous fournir la semaine prochaine une vue prolongée de leurs six semaines de suivi. Le Québec présentera également des données à jour sur l'efficacité des vaccins à une date ultérieure.
À mesure que nous avancerons, nous connaîtrons mieux notre marge de manœuvre, ce qui nous permettra de prolonger l'intervalle. Or il ne faut pas que l'efficacité des vaccins diminue au point où les variants risquent de devenir problématiques. Cet équilibre n'est pas facile à trouver sans données.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je vais profiter de votre présence, docteure Quach-Thanh, pour vous poser des questions.
D'abord, je voudrais vous remercier d'être de nouveau parmi nous. Vous êtes venue nous voir à quelques reprises. J'espère que nous pourrons obtenir une copie de votre discours ainsi que de tous ceux prononcés aujourd'hui. Comme le vôtre était très technique, j'aimerais essayer de vulgariser un peu tout cela. Les gens ont des préoccupations. M. Powlowski a parlé tantôt de la question d'administrer une seule dose et de l'intervalle entre deux doses. On se demande s'il doit y avoir des vaccins de rappel.
Les données qui ont été présentées hier par l'Institut national de santé publique du Québec, ou INSPQ, étaient assez intéressantes. C'était une bonne nouvelle. Au fond, l'INSPQ nous disait que la première dose du vaccin était efficace à 85 % et que la deuxième ne ferait qu'augmenter l'efficacité de 10 %. De plus, la deuxième dose pourrait augmenter la durée de protection, mais on ne sait pas exactement quelle est cette durée. Par ailleurs, il n'est pas exclu qu'une seule dose puisse mener à une revaccination.
Dans la perspective où il faudrait effectivement vacciner le plus de gens possible pour atteindre l'immunité collective, que pensez-vous de cette nouvelle? Est-ce que la deuxième dose est nécessaire, selon vous? N'est-ce pas juste une prérogative d'une compagnie qui veut promouvoir sa marque de commerce et s'assurer d'avoir les bretelles et la ceinture pour que cela fonctionne? Ces données changent complètement la donne.
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Je vous remercie de la question.
J'ai pris connaissance des données de l'INSPQ, et elles sont effectivement fort intéressantes. C'est déjà très bien d'avoir une efficacité de 85 % chez une population très âgée et très malade en Centre d'hébergement et de soins de longue durée, ou CHSLD.
Selon les données immunologiques, la deuxième dose permet aux anticorps de devenir plus matures et d'être ainsi beaucoup plus solides et avides. C'est comme si la clé était encore mieux adaptée à la serrure, ce qui permet une protection à plus long terme.
Le fait d'utiliser une seule dose comporte actuellement un risque puisque nous n'avons pas de données sur un programme à une dose. Nous finirons peut-être par en avoir.
Par exemple, nous avons des données sur le programme à une dose du vaccin de Johnson & Johnson, mais, pour le peu que nous en savons, le vaccin est légèrement moins efficace contre le variant d'Afrique du Sud. Ce fabricant est donc en train de faire des études concernant l'ajout d'une deuxième dose afin de voir si cela changera quelque chose.
Ce n'est pas tant l'ajout d'une tranche de 10 % d'efficacité qui nous incite à donner une deuxième dose. C'est vraiment pour assurer une protection à plus long terme. Nous ne voudrions pas avoir à recommencer sans cesse le processus de vaccination. Nous voulons que la population soit protégée contre les virus qui circulent.
Par ailleurs, l'étude publiée par l'INSPQ a été menée au Québec à un moment où nous n'avions pas de variants préoccupants. L'efficacité de 85 % a été établie seulement dans le cas du virus sauvage. Il va falloir continuer à faire le suivi. Comme le Dr De Serres l'a dit, quand on va voir que l'efficacité commence à diminuer, ce sera probablement le moment de donner la deuxième dose. Pour l'instant, le Québec prévoit un intervalle de trois mois entre les deux doses. Ainsi les premières livraisons permettront de vacciner beaucoup plus de gens.
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Du point de vue de la conduite d'une campagne de vaccination aussi vaste et complexe, je sais que tout le monde dans cette salle a conscience que cette entreprise est sans précédent pour nous. Toutefois, ce qui n'est pas sans précédent, c'est le fait que nous travaillons très dur chaque jour avec les provinces et les territoires et avec les responsables de la santé publique partout au pays à la préparation et à l'exécution de cette campagne.
En ce qui concerne cette entreprise, nous avons mis en place un centre national des opérations qui gère la logistique de la distribution et assure la livraison des vaccins 24 heures par jour et 7 jours par semaine. Nous avons un comité composé de fonctionnaires fédéraux, provinciaux et territoriaux, et ces personnes, qui sont responsables de l'exécution sur le terrain des programmes de vaccination, expliquent deux fois par semaine, voire plus, les choses qu'elles voient sur le terrain afin qu'à l'échelle fédérale, nous puissions soutenir l'exécution des programmes de vaccination.
Comment le faisons-nous? Nous le faisons, par exemple, en veillant à ce que ces programmes disposent des types de seringues dont ils ont besoin pour vacciner les Canadiens. Lorsque l'entreprise Pfizer est passée d'un flacon de cinq doses à un flacon de six doses, nous avons fourni, à l'échelle fédérale, les seringues dont les provinces et les territoires avaient besoin pour pouvoir obtenir cette sixième dose. Nous travaillons également avec eux à chaque étape, afin d'étudier les questions d'efficacité et de sécurité.
Cela constitue une autre partie importante du déploiement d'une campagne de vaccination. Il ne s'agit pas seulement de vacciner les gens, mais aussi d'assurer la surveillance après la vaccination afin de déterminer l'effet de cette vaccination. Cela implique que nous utilisions, par exemple, les registres de vaccination qui se trouvent dans les provinces et les territoires et auxquels nous avons apporté un soutien supplémentaire afin que nous puissions obtenir de bonnes données et que les provinces et les territoires eux-mêmes soient en mesure de surveiller ce qui se passe sur leur territoire.
Parmi tous ces divers éléments de ce que j'appellerai l'infrastructure et la machinerie... ce sont deux choses qui sont en place depuis très longtemps. Comme l'a dit Dre Quach, chaque année, nous distribuons de 12 à 15 millions de vaccins contre la grippe dans tout le pays. Les provinces et les territoires les distribuent dans les cliniques, les cabinets de médecins et les pharmacies. Donc, nous sommes évidemment très bien préparés pour des entreprises de ce genre, qui sont plus complexes.
Nous avons tout renforcé afin de pouvoir être beaucoup plus uniformes dans notre exécution, et nous nous sommes entraînés. Nous avons fait, au cours de tables rondes, des démonstrations de validation de concept avec nos collègues, en réalisant des exercices de simulation et en faisant le genre de choses que l'on ferait pour se remettre en question les uns les autres au sujet des hypothèses. Et si cela se produisait? Comment allons-nous gérer cela? Toutes ces étapes font partie de la préparation que nous entreprenons régulièrement, en collaboration avec l'ensemble des provinces et des territoires.
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Je serai heureuse de le faire.
Comme l'a indiqué la Dre Quach-Thanh, le Comité consultatif national de l'immunisation est un comité qui existe depuis longtemps et qui conseille le gouvernement du Canada et l'Agence de la santé publique depuis de nombreuses années sur l'utilisation optimale des vaccins dans la population. Il fait son travail en examinant les données scientifiques et les preuves disponibles. Ses membres sont des experts dans leurs domaines respectifs, à savoir l'immunologie, la pédiatrie, les maladies infectieuses, les sciences du comportement et l'économie. L'organisme consulte le Groupe consultatif en matière d'éthique en santé publique, et son travail consiste à examiner les avantages pour le public canadien d'approches particulières en matière de vaccination, ce qu'il fait en mettant à profit l'ensemble des données et la masse de savoir-faire dont il dispose.
Nous nous appuyons sur cette expertise — et sur l'indépendance du comité — pour façonner l'orientation dont les provinces et les territoires tiendront compte lors de leurs prises de décisions concernant la mise en œuvre de leurs programmes de vaccination.
Comme vous avez pu le voir, le comité publie des déclarations sur la situation de la COVID et il les met à jour au fur et à mesure que de nouvelles preuves sont apportées. L'analyse de données se fait selon des méthodes systématiques et elle est pour cette raison toujours conforme aux normes internationales. Le Comité consultatif national de l'immunisation est l'un d'une série de comités internationaux appelés GTCV, pour groupes techniques consultatifs nationaux pour la vaccination, lesquels travaillent ensemble et de manière indépendante pour fournir des conseils de portée tant mondiale que nationale sur l'utilisation optimale des vaccins.
Ici, au Canada, les avis du comité ont résisté à l'épreuve du temps. Nous sommes à même de constater la réussite des programmes de vaccination ainsi que le succès des efforts déployés pour prévenir les maladies évitables par la vaccination. Le Comité consultatif national de l'immunisation nous permet aussi de voir les domaines où la recherche doit être soutenue et ceux où nos efforts ne sont pas à la hauteur pour garantir une protection efficace de la population contre les maladies évitables par la vaccination.
Merci.
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Vous avez cependant dit que le fait de disposer d'une plus grande quantité de doses n'augmentait pas la rapidité de la vaccination. Selon moi, cela nous permettrait de l'accélérer.
Cela étant dit, en quoi est-ce plus efficace, si les gens qui doivent administrer le vaccin ne peuvent pas extraire les doses?
La décision a été prise le 9 février. Au début de février, M. Rick Hillier avait pourtant dit qu'il était impossible d'extraire la sixième dose dans 80 % des cas et que, pour certaines livraisons, on ne pouvait pas le faire du tout. Au Québec, c'était une fois sur cinq.
Outre le fait que c'est dans notre intérêt d'avoir plus de vaccins et de doses, en quoi est-ce plus efficace ou plus rapide, si l'extraction de toutes les doses pose des difficultés pratiques? Pourquoi avoir donné l'aval à cette décision et changé les paramètres d'un contrat?
Je comprends que les contrats relèvent de Services publics et Approvisionnement Canada. Cependant, en matière de santé publique et d'efficacité quant à la vaccination, les problèmes sur le terrain existent toujours. Colligez-vous tous ces problèmes à l'Agence de la santé publique?
Je vous demanderais de faire parvenir vos réponses par écrit au Comité, si le président décide qu'il ne reste pas assez de temps.
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L'immunité collective, comme vous l'avez mentionné, est un concept dont on entend beaucoup parler. Certains domaines scientifiques y attribuent des pourcentages et affirment que nous devons atteindre un certain niveau d'immunisation dans la population pour obtenir l'immunité collective. D'autres en parleront en termes temporels.
Du point de vue de la santé publique, nous sommes prudents sur le terrain lorsqu'il s'agit de nous prononcer sur un pourcentage particulier de la population nécessaire pour atteindre l'immunité collective, qui est essentiellement un stade où le virus ne peut plus se transmettre efficacement parce que les gens sont protégés. Soit ils ont été immunisés par un vaccin, soit ils l'ont été par une infection naturelle. Lorsque le virus n'a nulle part où aller, il ne peut plus continuer à se transmettre. Vous avez alors atteint l'immunité collective.
Elle protège les personnes qui ne peuvent pas être vaccinées en raison, par exemple, de contre-indications. Des allergies peuvent les empêcher de recevoir le vaccin. Lorsque vous arrivez à un point où le virus n'a aucun moyen efficace de se transmettre entre les personnes, vous avez essentiellement atteint l'immunité collective. Vous constatez une baisse du niveau de la maladie dans la population et, bien sûr, de la transmission.
Nous surveillons tous ces indicateurs à l'Agence de la santé publique. Nous examinons l'efficacité des vaccins, les types de taux de transmission observés au sein de sous-groupes de la population, le facteur de reproduction, tous ces éléments. Comme vous l'avez dit, le concept est complexe, mais en même temps, assez simple. Nous examinerons ces indicateurs à mesure que le déploiement des vaccins se poursuit et que les mesures de santé publique continuent d'être mises en œuvre pour voir la propagation du virus diminuer.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Madame Elmslie, je tiens à vous remercier d'avoir mis le doigt sur le problème. En effet, il s'agit de l'évolution de la science. Cela explique beaucoup de choses. Depuis le début, nous sommes aux prises avec une situation qui évolue rapidement. Je sais que toutes les personnes qui prennent soin des Canadiens et qui veillent à leur santé et à leur sécurité sont constamment à l'affût de nouvelles données.
Je pense que nous sommes tous d'accord, au Comité, pour dire que nous devons faire tout notre possible pour protéger les Canadiens contre la COVID, en particulier compte tenu des nouveaux variants. Un nouveau cas de COVID, c'est déjà un de trop. Je tiens à remercier tous les témoins d'aujourd'hui pour le travail qu'ils accomplissent chaque jour, car j'ai bien l'impression que cela fait partie de leur quotidien. C'est votre réalité depuis probablement un an.
Vous n'avez pas eu l'occasion de répondre à toutes les questions qui vous ont été posées. Les députés sont très pressés par le temps. Nous avons beaucoup de contraintes de temps, et vous n'avez pas pu répondre à toutes les questions. Vous avez parlé notamment de l'importance d'une approche multidimensionnelle pour contrôler et prévenir la COVID-19.
Puisque j'ai déjà commencé avec vous, madame Elmslie, je me demande si vous pourriez nous en dire davantage sur cette approche multidimensionnelle et nous expliquer comment nous devons prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des Canadiens.
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Voilà un sujet qui me passionne. Je crois que c'est le cas pour tous les professionnels de la santé publique. Face à une épidémie, à une pandémie ou à une crise de santé publique, il faut utiliser tous les leviers dont on dispose pour interrompre la transmission et sauver des vies. Dans cette optique, quand nous parlons d'une approche multidimensionnelle, nous faisons allusion à notre trousse d'outils, qui comprend notamment des vaccins et des mesures de santé publique. Avec le temps, nous avons appris à quel point ces mesures de santé publique sont efficaces, que ce soit pour la souche sauvage du vaccin ou pour les variants. Nous savons très clairement que le port de masques, la distanciation physique et le lavage des mains — toutes ces mesures de santé publique — sont efficaces. C'est pourquoi cela fait partie intégrante de notre réponse à plusieurs volets.
Bien entendu, nous comptons aussi sur les Canadiens, et nous savons qu'ils font des sacrifices et ne ménagent aucun effort pour que nous puissions freiner la propagation de ce virus sous toutes ses formes.
La santé publique est un sport d'équipe. Nous le savons, et nous devons travailler en collaboration avec l'ensemble de la société pour nous attaquer à ce problème très complexe. Nous n'avons pas toutes les réponses et nous ne prétendons pas les avoir. Personne ne les a. Mais ce que nous faisons chaque jour, c'est obtenir plus de données, faire des analyses et essayer des choses. Parfois, il s'agit de prendre un risque et d'essayer quelque chose, puis de recueillir des données au fur et à mesure pour voir si les interventions en santé publique, fondées sur les meilleures données, fonctionnent ou non. Voilà donc la situation dans laquelle nous nous trouvons en ce moment. Il en est ainsi depuis le début de cette pandémie. Nous adopterons la même démarche dans le cadre des campagnes de vaccination en cours, tout en renforçant les mesures de santé publique et en collaborant avec les Canadiens au sein des collectivités pour qu'ils continuent à avoir confiance dans les vaccins qui sont distribués et auxquels ils auront bientôt accès, à mesure que le nombre de vaccins disponibles au pays augmentera.
Je vais m'arrêter là. Je me suis sans doute un peu trop laissé emporter. Bref, je crois fermement que nous utilisons nos leviers, que nous les ajustons au besoin, que nous nous appuyons sur des données probantes et que nous les appliquons avec grande efficacité, partout au Canada, pour venir à bout de cette pandémie dévastatrice.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je voudrais dire aux témoins que les réponses qu'ils pourront nous acheminer par écrit dans les prochains jours seront tout aussi importantes que celles qu'ils peuvent nous donner aujourd'hui. C'est important qu'ils comprennent nos préoccupations.
Parmi tous les gens qui sont avec nous aujourd'hui, personne n'aurait pu, le 19 février 2020, imaginer la trame narrative de la crise que nous sommes en train de vivre. Personne n'aurait pu prétendre savoir non plus qu'on poserait autant de questions sur l'efficacité des vaccins, puisque la possibilité de créer un vaccin en aussi peu de temps n'était même pas envisagée. Il y a donc des aspects négatifs et des aspects positifs. Je vais aborder l'un de ces aspects négatifs.
Lors de l'une des réunions du Comité, j'avais demandé à la Dre Tam si, avec le recul, elle était d'avis qu'elle aurait dû recommander plus rapidement la fermeture de la frontière, qui est l'une des plus grandes sur la planète. Elle avait fini par répondre oui. Il faut toujours être modeste et humble quand on aborde une crise comme celle-là, à moins d'avoir la science infuse. L'Agence de la santé publique du Canada a donc une responsabilité quant à la gestion des frontières dans le cadre de la gestion de la pandémie ainsi qu'une responsabilité en matière de consultation et de services-conseils.
Cette semaine, la frontière terrestre était ouverte. Le Québec était inquiet au sujet de la semaine de relâche à venir et il avait demandé un resserrement des règles. Pour nous, au Québec, la semaine de relâche a été le facteur déterminant dans la propagation du virus.
Madame Evans, avez-vous colligé les problèmes liés aux postes frontaliers qui sont survenus cette semaine, notamment au bureau frontalier terrestre de Lacolle? Les avez-vous corrigés?