:
Merci, monsieur le greffier.
Une fois de plus, je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la 25e séance du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes.
Le Comité se réunit aujourd'hui pour étudier le Budget supplémentaire des dépenses (C) 2020-2021: crédits 1c et 5c sous la rubrique Agence canadienne d'inspection des aliments; crédit 5c sous la rubrique Instituts de recherche en santé du Canada; crédits 1c et 10c sous la rubrique Ministère de la Santé; et crédits 1c, 5c et 10c sous la rubrique Agence de la santé publique du Canada.
J'aimerais vous rappeler à tous que vous avez le droit de participer aux délibérations dans la langue officielle de votre choix. Si vous éprouvez des difficultés à entendre l'interprétation, veuillez me le dire aussitôt, comme M. Thériault vient de le faire, pour que nous puissions régler le problème.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à nos témoins.
Nous accueillons aujourd'hui l'honorable Patty Hajdu, ministre de la Santé. Elle est accompagnée de Mme Siddika Mithani, présidente de l'Agence canadienne d'inspection des aliments; de Mme Catherine MacLeod, présidente par intérim des Instituts de recherche en santé du Canada; et de M. Stephen Lucas, sous-ministre du ministère de la Santé. Elle est également accompagnée de représentants de l'Agence de la santé publique du Canada: M. Iain Stewart, président; la Dre Theresa Tam, administratrice en chef de la santé publique; et le major-général Dany Fortin, vice-président de la logistique et des opérations de la Force Opérationnelle sur le déploiement des vaccins.
Cela dit, j'invite la ministre à faire sa déclaration préliminaire. Vous disposez de 10 minutes. Allez-y, s'il vous plaît.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vais faire mon exposé en anglais pour éviter le passage d'un canal à l'autre.
Je vous remercie de m'avoir invitée à comparaître devant le Comité permanent de la santé. Je vous informe que de nombreux fonctionnaires m'accompagnent aujourd'hui, dont le sous-ministre, M. Stephen Lucas; le président de l'Agence de la santé publique du Canada, M. Iain Stewart; l'administratrice en chef de la santé publique, la Dre Theresa Tam; le vice-président de la logistique et des opérations de la Force Opérationnelle sur le déploiement des vaccins, le major-général Dany Fortin; la présidente de l'Agence canadienne d'inspection des aliments, Mme Siddika Mithani; et la présidente par intérim des Instituts de recherche en santé du Canada, Mme Catherine MacLeod.
Lorsque j'ai comparu devant le Comité le mois dernier, j'ai donné un aperçu de la stratégie de vaccination du Canada contre la COVID-19. Aujourd'hui, j'aimerais commencer par une brève mise à jour sur la vaccination contre la COVID-19 et la situation actuelle au Canada.
Jusqu'à maintenant, nous avons livré plus de 3,8 millions de doses de vaccins contre la COVID-19 aux provinces et aux territoires. Plus de deux tiers d'entre elles — un total de 2,6 millions de doses — ont déjà été administrées. Nous nous attendons à ce que ces chiffres augmentent rapidement, car les livraisons des fabricants de vaccins continueront de s'accélérer ce mois-ci et dans les mois à venir. La récente autorisation des vaccins d'AstraZeneca et de Janssen par Santé Canada nous donne deux autres outils pour lutter contre la pandémie.
À la suite de l'autorisation du vaccin d'AstraZeneca, la a annoncé que le Canada avait obtenu 2 millions de doses dans le cadre d'une entente avec Verity Pharmaceuticals Canada Inc. et le Serum Institute of India. Cela s'ajoute aux 20 millions de doses déjà prévues dans le cadre d'une entente antérieure conclue avec AstraZeneca.
Le vaccin de Janssen est administré en une seule dose et peut être entreposé et transporté à des températures réfrigérées régulières. Le Canada a conclu une entente avec Johnson & Johnson pour 10 millions de doses de ce vaccin d'ici septembre.
Bien que nous ayons observé une diminution de l'activité de la COVID-19 de la mi-janvier à la mi-février, le nombre quotidien de cas ne fait que se stabiliser depuis et les variants de la COVID-19 pourraient menacer les progrès que nous avons réalisés si nous assouplissons les mesures de santé publique trop tôt. C'est pourquoi nous devons tous continuer à suivre les mesures de santé publique qui, comme nous le savons, permettent de détecter et d'arrêter la propagation de la COVID-19. Ces mesures comprennent les tests, le dépistage, la recherche des contacts et, bien entendu, l'isolement. De plus, nous devons continuer de participer aux efforts visant à nous protéger mutuellement. Cela veut dire continuer à porter un masque et limiter nos interactions avec d'autres personnes.
En outre, le Canada impose de fortes restrictions aux voyageurs qui arrivent au pays. En plus de subir un test de dépistage de la COVID-19 avant leur arrivée, les voyageurs doivent maintenant subir un test le premier jour de leur arrivée au Canada et un autre au 10e jour de leur quarantaine. Tous les tests positifs seront évalués pour déterminer s'il est question d'un variant préoccupant. Ces exigences renforcées aident à protéger les Canadiens les plus vulnérables, et je tiens à remercier les nombreux voyageurs canadiens qui collaborent et protègent leurs voisins en suivant ces nouvelles règles.
Depuis le tout premier jour, la pandémie nous a tous obligés à nous adapter et à changer nos comportements pour protéger la santé publique. Les Canadiens ont dû le faire, tout comme les gouvernements. La pandémie a évolué, tout comme la réponse fédérale, et nos besoins budgétaires le reflètent.
Je vais maintenant vous donner un aperçu financier pour 2020-2021, tel qu'énoncé dans le Budget supplémentaire des dépenses (C). Pour cet exercice, je demande 684,5 millions de dollars au nom du portefeuille de la santé, qui comprend Santé Canada, l'Agence de la santé publique du Canada, l'Agence canadienne d'inspection des aliments et les Instituts de recherche en santé du Canada. Cette augmentation par rapport au Budget principal des dépenses de 2020-2021 permettra de poursuivre le travail déjà en cours dans un certain nombre de domaines importants.
En commençant par Santé Canada, je demande 603,1 millions de dollars supplémentaires. Cela augmentera les dépenses législatives du ministère de 553,6 millions de dollars et ses autorisations de dépenses votées de 49,5 millions de dollars. Ce financement servira à faire face aux pressions associées à la réponse du Canada à la COVID-19, ainsi qu'à nos obligations en vertu de la Loi d'exécution de l'énoncé économique de 2020. Cela comprend des investissements dans les soins de longue durée, la santé mentale et la consommation de substances dans le contexte de la COVID-19, ainsi que le soutien d'approches novatrices pour le dépistage de la COVID-19.
Pour l'Agence de la santé publique du Canada, je demande une augmentation totale de 66,5 millions de dollars. Cela reflète une augmentation de 5,634 milliards de dollars des autorisations votées, qui est compensée par une diminution des dépenses législatives de 5,567 milliards de dollars.
L'augmentation des autorisations votées servira aux recherches novatrices et à l'acquisition de technologies de dépistage liées à la pandémie; à la capacité de pointe; et au soutien aux initiatives en matière de santé mentale et de toxicomanie.
Pour l'Agence canadienne d'inspection des aliments, ou l'ACIA, je demande 13 millions de dollars. Cela augmentera les dépenses législatives de l'Agence de 1,8 million de dollars et ses autorisations de dépenses votées de 11,2 millions de dollars. La majorité du financement servira à l'amélioration des systèmes de contrôle de la sécurité nationaux et des importations existants grâce à une surveillance et à des inspections accrues; au soutien des exportations canadiennes par l'inspection et la certification des marchandises; et à la numérisation continue des activités internes et publiques de l'Agence.
Un autre montant de 1,5 million de dollars appuiera le Réseau canadien d'information sur la salubrité des aliments, qui améliorera la confiance dans le système de salubrité des aliments en reliant les autorités et les laboratoires d'une administration à l'autre.
Enfin, pour les Instituts de recherche en santé du Canada, je demande 2 millions de dollars. Cela réduira les dépenses législatives de 126,7 millions de dollars et augmentera les autorisations de dépenses votées de 128,7 millions de dollars. Ces investissements dans la recherche contribueront à notre compréhension globale de la COVID-19 et continueront d'éclairer l'approche du Canada en matière de santé publique.
Monsieur le président, la route a été longue, mais avec la vaccination en cours partout au pays, nous sommes plus près que nous l'avons été depuis longtemps d'un avenir prometteur. Le gouvernement du Canada travaille sans relâche pour cet avenir, en prenant des mesures qui protègent les Canadiens et les progrès que nous avons réalisés.
Santé Canada et les organismes du portefeuille de la Santé sont fiers de diriger ces efforts. Nos plans de ressourcement témoignent de notre engagement à assurer la santé et la sécurité des Canadiens pendant la pandémie de COVID-19 et au-delà. Mes collègues et moi serons heureux de répondre à vos questions.
Merci.
Monsieur le président, je pense que la députée reconnaît à juste titre que je n'oublierai jamais les morts tragiques survenues dans ces établissements. Nous les avons pleurées cette semaine et pendant la COVID-19.
Nous savons également qu'il faut faire plus. Le a très clairement affirmé que nous appuierions les provinces et les territoires, alors que nous entreprenons l'élaboration de normes pour ces soins.
De plus, nous n'avons pas tergiversé. Par exemple, grâce à l'Accord sur la relance sécuritaire, nous avons versé 740 millions de dollars aux provinces et aux territoires pou renforcer leurs mesures de protection et de prévention et de contrôle des infections. Nous avons également proposé 1 milliard de dollars dans l'Énoncé économique de l'automne pour créer le Fonds pour les soins de longue durée. Nous avons versé des suppléments de salaire, qui, à mon avis, étaient essentiels pour appuyer la sécurité des préposés dans les établissements de soins de longue durée et nous avons mis sur pied le Programme d'intervention rapide par lequel nous avons financé la Croix-Rouge canadienne et l'avons autorisée à aller dans beaucoup de ces établissements secourir les personnes âgées qui y éprouvaient d'assez grandes difficultés.
Enfin, bien sûr, les Forces armées canadiennes... Je pense que tous les Canadiens seront reconnaissants de leur travail pendant la première vague pour protéger, particulièrement, les Ontariens et les Québécois âgés.
Monsieur le président, je veux d'abord féliciter la députée pour sa défense incroyable des diabétiques. Nous nous sommes rencontrées un certain nombre de fois. Je sais qu'elle s'est beaucoup donnée à cette cause.
La maladie pose des difficultés particulières. Beaucoup parmi nous connaissent un diabétique. La maladie frappe bon nombre de Canadiens. Encore une fois, les soins de santé relèvent des provinces et des territoires. Nous investissons des millions dans la recherche. Nous appuyons ainsi les provinces et les territoires dans la compréhension du diabète — non seulement pour le prévenir, mais également, pour le traiter et pour savoir comment appuyer les diabétiques.
Ces cinq dernières années, nous avons investi 230 millions par l'entremise des Instituts de recherche en santé du Canada. De plus, ces instituts investiront plus de 30 millions dans de la nouvelle recherche, au cours des sept prochaines années, dans le cadre de l'initiative « L'insuline a 100 ans: accélérer les découvertes canadiennes pour lutter contre le diabète. C'est notre engagement important pour les diabétiques pour les provinces et les territoires, pour, tout d'abord, prévenir la maladie mais, également, appuyer les malades.
J'ai personnellement consacré plusieurs années de ma vie à ce domaine avant de me lancer en politique. En fait, c'est sous le gouvernement conservateur antérieur que nous avons assisté aux changements d'orientation de la politique publique les plus cruels, qui ont entraîné des sursauts de mortalité attribuables aux surdoses d'opioïdes, un manque de soins de soutien, une absence de compassion dans la politique antidrogues et l'incrimination de nombreux toxicomanes. Ces cinq dernières années, nous avons continûment pris des mesures pour renverser ces tendances, notamment par un appui assuré à des centres plus sûrs d'approvisionnement, l'investissement dans de tels centres et dans des programmes permettant la consommation et le traitement communautaire sans danger et le retour à la réduction des méfaits pour que les toxicomanes sachent qu'on se soucie d'eux et qu'on veut qu'ils aillent mieux.
Nous collaborons avec les provinces et les territoires pour examiner les options juridiques pour la réduction des méfaits. En fait, la Colombie-Britannique vient de m'écrire pour examiner une éventuelle décriminalisation.
Nous continuerons d'appuyer les Canadiens et leurs familles. C'est une crise de santé publique, comme vous l'avez dit. Nous devons persister, pour les familles de partout dans le pays aux prises avec des problèmes de toxicomanie.
:
Merci, monsieur le président.
Bienvenue, madame la ministre.
À la lumière de nos anciennes conversations, j'imagine que vous vous doutez du sujet dont je vais vous parler aujourd'hui. Je sais que vous n'êtes pas dans une situation facile. En fait, il est difficile de convaincre un premier ministre du Canada d'investir dans les transferts en santé. Il est difficile aussi de convaincre une ministre des Finances d'être proactive et d'investir dans les transferts en santé. Cependant, je vous tends la main, aujourd'hui. Dans les discussions que nous aurons aujourd'hui, mon objectif est donc de vous tendre la main. Vous savez que j'ai un esprit de collaboration, que j'ai démontré d'ailleurs lors des discussions sur l'aide médicale à mourir. Alors, peut-être qu'après nos discussions, vous aurez des arguments supplémentaires. Je vais essayer de vous donner des chiffres qui vous permettraient de convaincre vos collègues.
En fait, il a été établi devant ce comité que, avant la première vague de COVID-19, les réseaux de santé du Québec et des autres provinces étaient déjà fragilisés à cause du sous-financement chronique. La pandémie est arrivée, mais nous n'étions pas prêts. Les réseaux se sont fragilisés encore davantage au point où il y a maintenant deux groupes de patients victimes de la COVID-19: les victimes directes de cette maladie et les patients non atteints par la COVID-19. Cela veut dire que des personnes ont fait l'objet d'un délestage.
Jusqu'à maintenant, j'imagine que tout va bien et que nous sommes toujours d'accord, puisque, pour pouvoir régler un problème en médecine, il faut d'abord établir le diagnostic. C'est ce que j'essaie de faire avec vous.
Savez-vous à combien s'élève le nombre de personnes ayant fait l'objet d'un tel délestage? Savez-vous combien de cas de cancer ont fait l'objet d'un délestage, durant la première vague ?
:
Merci, monsieur le président. Je salue tous les témoins.
Il y a beaucoup de gens à remercier durant cette pandémie sans précédent. Vous faites partie des nombreuses personnes qui travaillent à l'avant-scène et dans les coulisses, et, dans certains cas, devant et derrière les caméras, alors, en mon nom et celui de mes électeurs, je vous remercie tout spécialement.
Mes questions s'adressent à la ministre. Bonjour, madame la ministre.
J'aimerais parler un peu des services de santé dans les collectivités rurales et éloignées comme la mienne en Nouvelle-Écosse et dans ma circonscription, Cape Breton—Canso. Un grand nombre de mes électeurs, madame la ministre, n'ont pas facilement accès à un hôpital. Certains vivent dans des collectivités où il n'y a aucune clinique, mais ils ont tout de même besoin d'obtenir les soins qu'il leur faut au moment opportun.
Je sais que votre lettre de mandat précise que vous devez travailler avec la ministre du Développement économique rural pour vous assurer que tous les Canadiens aient accès à davantage de services de santé. Pourriez-vous nous en dire davantage au sujet des progrès réalisés à cet égard, particulièrement dans l'optique de la pandémie de COVID-19?
Ce que je veux, c'est donner aux gens la possibilité de répondre et de s'exprimer. Je sais que quelqu'un a dit que vous vouliez utiliser tout le temps alloué. J'aime obtenir des réponses réfléchies, approfondies, empathiques et fondées sur des données probantes. Dites-vous que c'est le moment pour fournir une telle réponse.
:
Je vous remercie beaucoup.
Par votre entremise, monsieur le président, j'aimerais d'abord mettre en lumière les difficultés auxquelles sont confrontés les Canadiens vivant dans des collectivités rurales et éloignées. Je sais que beaucoup de kilomètres nous séparent, mais dans la circonscription que je représente, il y a aussi des collectivités rurales et éloignées.
Vous avez tout à fait raison d'affirmer que les problèmes d'accès à des services de santé dans ces collectivités sont grands. Le député ne sera pas surpris de m'entendre dire que les personnes qui vivent dans ces collectivités doivent souvent se rendre plusieurs fois par semaine dans des grands centres pour obtenir des services spécialisés. Pour voir un professionnel autre qu'un généraliste, ces personnes doivent souvent se déplacer. Dans certaines collectivités, il n'y a même pas de généraliste, alors, il y a des disparités importantes entre les collectivités. J'étais très enthousiaste à l'idée de travailler sur ce dossier lorsque j'ai été nommée au poste de ministre, bien avant le début de la pandémie, il y a une éternité on dirait, car je connaissais très bien le dossier, en tant que députée représentant des collectivités rurales.
D'une certaine façon, la pandémie de COVID-19 a eu un effet positif, bizarrement, car elle a favorisé le développement des soins primaires virtuels. On n'a pas tendance à penser que la pandémie a apporté quoi que ce soit de bon, mais elle a amené les provinces et les territoires à accélérer l'accès aux soins virtuels, par exemple, en modifiant les codes de facturation afin de permettre aux médecins et à divers autres professionnels de la santé de facturer des consultations virtuelles.
Cela constitue une véritable avancée pour les collectivités rurales et éloignées qui ne parviennent pas toujours à maintenir en poste des professionnels dans leurs collectivités et qui, à mon avis, continueront d'éprouver ce problème pendant encore très longtemps. Nous savons que, souvent, les professionnels ne veulent pas aller s'établir dans de petites collectivités. Nous essayons de les attirer. Chaque province a recours à une panoplie de moyens pour attirer des professionnels dans ces belles collectivités et les maintenir en poste, notamment en leur présentant des gens merveilleux qui pourraient être des épouses ou époux potentiels, mais, malheureusement, cela demeure un défi important pour certaines des petites collectivités.
Les soins virtuels se sont révélés être une bénédiction durant la pandémie. Les provinces et les territoires ont constaté qu'ils pouvaient accélérer l'accès aux soins virtuels. Ce ne sont pas tous les soins qui peuvent être prodigués virtuellement, mais les soins virtuels comblent une lacune dans le domaine des soins de santé primaires.
Dans le budget, nous demandons une somme de 47 millions de dollars pour les soins virtuels. Ce montant fait partie d'un investissement plus substantiel de 150 millions de dollars. Cet investissement vise à poursuivre le travail entamé en raison de la pandémie de COVID-19 en vue d'améliorer les soins virtuels et d'aider les provinces et les territoires à solidifier les gains réalisés sur le plan de l'accès aux soins dans ces lieux qui posent des défis en raison de leur emplacement géographique.
Comme vous le savez tous, j'ai tendance à épuiser le temps par moi-même avec mes longues questions.
Permettez-moi d'abord de préciser que ma question s'adresse à la Dre Tam et au Dr Stewart. J'espère que vous allez écouter.
Je veux poser une question sur les produits thérapeutiques. Comme vous tous, je sais que les soins de santé relèvent principalement des provinces. Cependant, nous sommes tous conscients que le gouvernement fédéral a investi des milliards et des milliards de dollars pour aider les provinces à réagir à la pandémie. Il y a également un groupe de travail national sur les thérapeutiques, et ma question est la suivante.
Elle porte sur le bamlanivimab, un anticorps monoclonal qui est fabriqué ici au Canada par AbCellera. Plusieurs études ont démontré que lorsqu'il est utilisé à un stade précoce de la maladie chez des personnes qui présentent un risque élevé, il semble les empêcher d'avoir les symptômes graves de la COVID. D'autres études ont également été menées sur des anticorps monoclonaux différents. Comme les spécialistes des maladies infectieuses me l'ont fait remarquer, aucune ne montre que ce produit n'est pas efficace.
Un problème se pose, en Ontario du moins: il est difficile de mettre ce traitement à la disposition de la population. Il serait pourtant utile, surtout à un endroit comme Thunder Bay, où l'unité de soins intensifs se remplit de patients atteints de la COVID. Pourtant, l'hôpital n'a pas pu l'utiliser — et tout cela relève de la province.
Je sais que six groupes de spécialistes des maladies infectieuses ont essayé pendant un mois d'obtenir le bamlanivimab partout en Ontario, mais en vain. Les personnes ayant subi une transplantation ont un taux de mortalité de 20 % lorsqu'elles contractent la COVID, mais elles n'ont pas pu recevoir le traitement. Dans l'ensemble de l'Ontario, voire du pays, les gens ont du mal à obtenir ce médicament, ainsi que le financement pour l'administrer. En effet, il faut emmener les gens dans des tentes chauffées ou dans une installation semblable, puis faire une transfusion de deux ou trois heures.
Étant donné que c'est un problème pancanadien, sommes-nous au courant de la situation? Que pouvons-nous faire pour aider les provinces à mettre la main sur ce traitement possiblement important?
Pour ce qui est de la certitude entourant son utilisation, un spécialiste des maladies infectieuses m'a dit qu'un médecin informé devrait être en mesure de l'utiliser pour traiter un patient averti. Or, il y a un problème de distribution.
:
Vu que j'ai la parole pour seulement deux minutes et demie, je ne vais pas brûler toutes mes cartes.
Madame la ministre, vous savez que j'ai beaucoup de difficulté à comprendre votre logique selon laquelle on va régler la pandémie d'abord et on règlera la question des transferts en santé par la suite, comme si nous demandions d'instituer un programme de transferts en santé. Cela existe déjà.
Ce que nous disons au sujet du sous-financement chronique, c'est que, depuis 30 ans, les différents gouvernements fédéraux n'ont pas fourni leur contribution. Cela a fragilisé les systèmes. Les systèmes fragilisés en pandémie ont créé deux classes de patients, soit les patients atteints de la COVID-19 et les autres.
Les statistiques que je vous donne émanent du rapport du ministère de la Santé et des Services sociaux. Le Dr Champagne, président de l'Association des médecins hématologues et oncologues du Québec, disait qu'on vit grâce à la carte de crédit et que cela va coûter cher à la société, tant sur le plan humain que financier. En effet, un cancer diagnostiqué plus tard devient un lourd fardeau à guérir. Dire qu'il faut régler la pandémie avant de commencer à investir pour s'occuper des patients non atteints de la COVID-19, c'est ne pas comprendre les leçons que nous avons à tirer de la pandémie, madame la ministre.
Comment pouvez-vous tenir une logique comme celle-là?
Madame la ministre, la Dre Quach-Thanh du Comité consultatif national de l'immunisation, le CCNI a carrément dit que le Canada a dû prendre des mesures de rationnement des vaccins, essentiellement à cause d'un approvisionnement insuffisant. Elle l'a très clairement mentionné à plusieurs reprises. Un exemple de rationnement est le report à quatre mois de l'administration d'une deuxième dose.
Votre gouvernement a dit à maintes reprises qu'il se fie à la science, mais la conseillère scientifique en chef, la Dre Mona Nemer, qui conseille vraisemblablement votre gouvernement, a dit avec tout le respect que « cela équivaut maintenant à une expérience menée essentiellement à l'échelle de la population » et qu'elle pense qu'« il est très important que nous nous en tenions aux données et aux excellentes connaissances scientifiques qui nous donnent ces formidables vaccins, et de ne pas les remanier. »
La semaine dernière, le président de Pfizer Canada a dit ce qui suit à propos du délai de quatre mois: « La réalité, c'est que nous n'avons pas de données pour connaître l'effet d'une seule dose après un délai de deux mois. »
En tant que ministre de la Santé, pouvez-vous nous dire comment Santé Canada respecte la science et les données en recommandant de prolonger le délai à quatre mois après avoir entendu ce point de vue du CCNI et de votre conseillère scientifique en chef?
Par votre intermédiaire, monsieur le président, il y avait en fait une autre fausse prémisse dans l'introduction du député. Dans les faits, les surdoses mortelles d'opioïdes ont diminué à Vancouver juste avant que la COVID-19 frappe. Je crois que c'était en partie attribuable à un engagement de la Colombie-Britannique et du gouvernement fédéral pour accroître l'accès à un approvisionnement sûr et à des centres de consommation supervisée, dans le but de rétablir la réduction des méfaits dans la stratégie canadienne antidrogue et de prendre un certain nombre d'autres mesures, sans mentionner, bien entendu, l'approbation par la Chambre des communes de la Loi sur les bons samaritains secourant les victimes de surdose, qui a été présentée par votre président et qui donne aux gens qui appellent à l'aide pour secourir une personne en surdose l'assurance qu'ils ne feront pas l'objet d'accusations criminelles.
Il s'est passé beaucoup de choses dans ce dossier, et, bien entendu, nous nous penchons sur la demande de la Colombie-Britannique. J'ai parlé avec la ministre Malcolmson la semaine dernière et avec le maire Stewart de leurs plans, et nous nous penchons actuellement sur le cadre à adopter.
:
Mais vous avez 4,2 milliards de dollars inutilisés, et ils vous demandent plus d'argent. Je sais que les provinces pourraient prodiguer ces soins. C'est ce qu'elles feraient.
Il y a des pays dans le monde où la vaccination se poursuit 24 heures sur 24, sept jours sur sept. C'est parce qu'ils ont des vaccins. Ce n'est pas ce que nous faisons au Canada, car nous n'en avons pas, et c'est donc très frustrant pour les provinces.
Je suis certain que la ministre — ou le — échange avec les responsables des provinces et qu'elle comprend la situation. En fait, le a affirmé ce matin avoir parlé avec eux à 28 reprises, mais nous n'avons toujours pas de mécanisme de livraison nous permettant d'avoir assez de vaccins pour en administrer 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Nous devons accélérer la cadence, et nous le ferons, mais nous avons pris des mois de retard.
Je suppose que je vais me contenter de demander à la ministre, lorsque le plan sera présenté, de dire à ces personnes qui attendent une opération non urgente et qui sont sur une liste d'attente à quel moment elles pourront s'attendre à être opérées.
Au cours des dernières semaines, nous avons entendu divers témoins et experts nous parler des vaccins contre la COVID-19 et des recommandations à ce sujet. Nous avons entendu beaucoup de termes scientifiques, certains que nous connaissons bien et d'autres, moins, comme ceux que les responsables de la santé publique utilisent pour se parler entre eux.
Madame la ministre, j'aimerais savoir si vous ou l'un des responsables de la santé publique pourriez nous expliquer la différence entre les termes « efficacy » et « effectiveness », en anglais, ou l'efficacité théorique et l'efficacité réelle, puis la différence entre les résultats des essais cliniques et les résultats dans le monde réel. Si nous en avons le temps, quels sont les différents rôles que jouent l'ASPC et le CCNI dans l'immunisation?
J'aimerais avoir des définitions que la population générale pourra comprendre.
:
Je suis très heureuse que la population canadienne ait autant augmenté son niveau de connaissances scientifiques.
On parle généralement de l'« efficacité théorique d'un vaccin » ou de l'« efficacy »pour décrire les données issues des essais cliniques réalisés dans des circonstances très circonscrites, dans le respect d'un grand nombre de protocoles. Comme vous avez pu le constater lors des essais de phase 1, 2 et 3, quand on arrive à la phase 3, les essais sont généralement menés sur des dizaines de milliers de patients. On compare ensuite les résultats des personnes vaccinées avec ceux des personnes ayant reçu un placebo ou un autre vaccin pour tirer des conclusions, et c'est ainsi qu'on obtient ces taux d'efficacité très élevés. L'efficacité élevée des vaccins est celle mesurée à partir des résultats de ces essais. On surveille également l'innocuité des vaccins pendant les essais cliniques.
Après leur autorisation par les différentes autorités réglementaires du monde, les vaccins sont administrés à des dizaines de millions de personnes dans le monde. Le rendement réel, sur le terrain du vaccin est ce qu'on appelle son « efficacité réelle » ou « effectiveness ». En général, on peut s'attendre à ce que les résultats réels soient légèrement inférieurs à ceux observés dans des environnements ultra-contrôlés.
Ce sont les résultats de l'administration réelle du vaccin, dans le vrai monde. Le vaccin est administré dans différentes circonstances à différentes populations, parfois en région éloignée, selon une logistique variable. Ce qui est très rassurant, ici, c'est que les données réelles, sur le terrain, sont de bon augure actuellement. Les données de la Colombie-Britannique, du Québec et de l'Ontario témoignent de l'efficacité réelle du vaccin, particulièrement en ce moment, pour réduire grandement l'effet du virus dans les centres de soins de longue durée.
C'est l'efficacité réelle. L'innocuité est aussi…
:
Je vous remercie, madame la ministre.
Il est de votre responsabilité, à titre de ministre et de gouvernement, de revoir les décisions qui sont prises et qui auront des répercussions considérables sur la population canadienne. Si le CCNI prend cette décision, je présume que vous, à titre de gouvernement, avez la prérogative, par exemple, de tenir ce genre de discussions avec les fournisseurs d'assurance-maladie au Canada. De toute évidence, vous n'avez pas vu là un problème.
Je vais passer à ma dernière question.
Nous savons que l'Organisation mondiale de la santé, l'OMS, et la FDA ont des normes minimales dans leurs lignes directrices concernant l'efficacité. Santé Canada a-t-elle une norme d'efficacité minimale?
:
Je vous remercie beaucoup et veuillez transmettre mes salutations à votre mère. Je ne l'ai jamais rencontrée, mais j'ai l'impression que c'est une femme formidable et j'aime bien les histoires que vous racontez à son sujet.
Je dirai que nous savions dès le départ que les personnes âgées se trouveraient dans une situation difficile, notamment parce qu'elles sont souvent isolées. Quand nous demandions aux gens de rester à la maison et d'éviter de sortir, nous savions que les personnes âgées qui ne vivaient pas dans un établissement de soins de longue durée trouveraient cela difficile, mais que ce serait encore plus difficile pour celles qui se trouvaient dans ces établissements.
Nous avons travaillé en très étroite collaboration dans l'ensemble du gouvernement pour accroître l'accès aux programmes d'aide financière pour les personnes âgées, et pour veiller à ce que les programmes Nouveaux Horizons partout au pays reçoivent du financement additionnel pour rapidement être mieux en mesure de joindre les personnes âgées au sein de la communauté. Évidemment, tout le travail que nous avons fait pour aider les provinces et les territoires dans les établissements de soins de longue durée a été crucial. Nous allons, bien entendu, poursuivre notre travail pour aider les personnes âgées.
Partout au pays, les personnes âgées ont été là pour nous dans les moments les plus difficiles, alors le moment est venu pour nous de les aider en retour, et c'est pourquoi je suis si honorée d'être la ministre de la Santé et de travailler à trouver des façons pour notre gouvernement d'aider les personnes âgées à vivre plus en santé et dans la dignité.
:
Madame la ministre, laissez-moi vous sensibiliser à la réalité que peuvent vivre les provinces et le Québec. Je sais que les soins de santé ne relèvent pas de la compétence fédérale. C'est peut-être pour cela que vous êtes un peu éloignée de la réalité qu'ont créée les deux premières vagues de la pandémie.
Le rapport du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec dont je parlais indique que, lors de la première vague, 4 119 personnes ayant un cancer n'ont pas été diagnostiquées au Québec. De plus, d'avril à juin 2020, il y a eu 1 539 chirurgies oncologiques de moins. Pour la même période, le nombre de traitements de radiothérapie a diminué de 9 %. Quant aux tests les plus courants de dépistage du cancer de la prostate, il y en a eu 58 % de moins. Les examens d'imagerie médicale qui permettent de détecter le cancer du poumon, qui est la cause principale de décès chez les femmes et les hommes, ont diminué de 21 % au printemps dernier.
C'est cela, la réalité des patients non atteints de la COVID-19.
Le rapport indique également que le nombre de chirurgies du cancer du poumon pour la période d'avril à juin 2020 a diminué de 18 % par rapport à la même période en 2019. La diminution la plus marquée a été observée en avril avec 42 %.
Quant au cancer colorectal, qui est aussi très répandu, on a observé la même chose. On a vu une baisse incroyable du nombre de tests de dépistage et le nombre de chirurgies a diminué de 30 %. Je pourrais continuer et parler du cancer du sein aussi.
Cela a fait dire au directeur général de la Fondation québécoise du cancer, M. Mario Décelles, que les chiffres risquent malheureusement d'être pires dans la deuxième vague. Ce rapport a été publié à la fin du mois de janvier 2021, et les chiffres de la deuxième vague seront encore pires.
Vous avez le culot de nous dire, aujourd'hui, qu'il faut d'abord régler le problème de la pandémie, de façon dichotomique, comme si la réalité dont je vous parle n'était pas urgente. Ce sont les transferts en santé qui peuvent régler cette situation.
Qu'allez-vous faire quand les patients non atteints de la COVID-19 vont mourir parce qu'ils n'ont pas reçu de diagnostic, madame la ministre?
Allez-vous dire que cela ne relevait pas de votre compétence et qu'il fallait répondre à la pandémie avant?
Sur cette question, monsieur le président, je voudrais aussi que l’on comprenne bien que nous avons chaque fois un temps de parole de cinq minutes, alors que le parti au gouvernement peut prendre tout le temps qu'il veut pour poser ses questions. Avec le temps qu'il a sa disposition, il peut laisser les témoins prendre plus de temps et faire des détours pour répondre aux questions.
Cependant, lorsqu'on a deux minutes et demie pour poser ses questions et que le témoin s'écarte du sujet, à un moment donné, il faut que vous l'interrompiez. Il me semble que cela doit être compris.
Le parti au pouvoir a beaucoup de temps pour poser des questions, contrairement à M. Davies et à moi, et il faut que les témoins comprennent bien cette dynamique. Quand vous dites que nous disposons d'un temps de parole de deux minutes et demie, cela ne signifie pas que les témoins peuvent éviter une question en disant quelque chose qui n'y répond pas directement.
Je voulais faire ce rappel au Règlement, parce que vous pourriez aussi parfois rappeler aux témoins qu'une question a été posée. Si vous nous rappelez à l'ordre pour que nous laissions parler les témoins, il faudrait aussi que vous rappeliez aux témoins qu'ils doivent répondre aux questions.
Cela dit, je suis de très bonne humeur.
:
Merci, monsieur Thériault.
Je rappelle à M. Thériault et à tous les membres que le temps de parole alloué a été décidé entre les whips et qu'il a été établi dans nos motions de régie interne lorsque le Comité a entrepris ses travaux au début de la session.
Il revient à la présidence d'accorder la parole à quelqu'un. Lors des questions, nous permettons habituellement aux membres de contrôler la fluidité des échanges, mais s'il y a des abus, la présidence doit intervenir.
J'encourage tous les témoins à répondre aux questions du mieux possible, mais je rappelle également aux membres de ne pas mettre des mots dans la bouche des témoins ou de tenter de leur imposer des réponses. Il appartient aux témoins de fournir les réponses.
Je rappelle également aux membres que lorsqu'une ministre comparaît, elle comparaît avec des représentants du ministère qui ont pour tâche de l'assister. Il lui revient de leur demander de répondre à une question si elle le juge plus à propos.
Y a-t-il d'autres rappels au Règlement?
Dans la négative, nous allons passer encore une fois au vote.
AGENCE CANADIENNE D'INSPECTION DES ALIMENTS
ç
Crédit 1c— Dépenses de fonctionnement, subventions et contributions..........10 979 485 $
ç
Crédit 5c — Dépenses en capital..........225 000 $
(Les crédits 1c et 5c sont adoptés avec dissidence.)
INSTITUTS DE RECHERCHE EN SANTÉ DU CANADA
ç
Crédit 5c — Subventions..........126 700 000 $
(Le crédit 5c est adopté avec dissidence.)
ç
Crédit 1c — Dépenses de fonctionnement..........43 968 111 $
ç
Crédit 10c — Subventions et contributions..........47 492 269 $
(Les crédits 1c et 10c sont adoptés avec dissidence.)
AGENCE DE LA SANTÉ PUBLIQUE DU CANADA
ç
Crédit 1c — Dépenses de fonctionnement..........6 035 445 421 $
ç
Crédit 5c — Dépenses en capital..........48 256 000 $
ç
Crédit 10c — Subventions et contributions..........251 947 356 $
(Les crédits 1c , 5c et 10c sont adoptés avec dissidence.)
Le président: Puis-je faire rapport des crédits du Budget supplémentaire des dépenses à la Chambre?
Un député: Avec dissidence.
Le président: Cela met fin à nos travaux aujourd'hui.
J'aimerais remercier tous nos témoins. Je tiens à remercier la ministre et ses collaborateurs. Je sais à quel point vos horaires sont chargés, et je vous remercie du temps que vous nous avez consacré aujourd'hui pour nous faire part de votre expertise et de vos connaissances. Je vous dis merci encore une fois.
Je remercie également tous les membres du Comité.
La séance est levée.