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La séance est ouverte. Bienvenue à tous à la 35
e séance du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes.
Le Comité se réunit aujourd'hui pour examiner la situation d'urgence à laquelle les Canadiens font face avec la pandémie de COVID-19, en s'intéressant particulièrement à la teneur de la réponse d'urgence nationale du Canada.
Je voudrais souhaiter la bienvenue à nos témoins. Nous recevons Mme Lorian Hardcastle, professeure agrégée à la faculté de droit et à la Cumming School of Medicine de l'Université de Calgary; M. Wesley Wark; ainsi que le Dr Brian Schwartz, coprésident de la table de consultation scientifique de l'Ontario sur la COVID-19, qui témoignent à titre personnel.
Sur ce, j'inviterai les témoins à présenter leurs exposés.
Soit dit en passant, je brandirai ces cartes. La carte jaune indique que votre temps est presque écoulé. Je la montre habituellement quand il vous reste une minute, bien que je perde le fil du temps à l'occasion. La carte rouge vous signale que votre temps est écoulé. Si vous voyez la carte rouge, vous n'avez pas à arrêter sur le champ, mais essayez de clore votre exposé.
Je vous remercie.
Nous entendrons d'abord Mme Hardcastle pour six minutes.
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Avant de commencer, je veux vous remercier tous de m'avoir offert l'occasion de parler devant le Comité aujourd'hui.
Je commencerai en traitant d'abord des moyens juridiques qui s'offrent au gouvernement fédéral avant de formuler des observations plus générales sur le rôle du gouvernement fédéral pendant la pandémie.
On a souvent l'impression que la santé, y compris la santé publique, relève des compétences provinciales à quelques exceptions près, comme la Loi sur la mise en quarantaine. Cette perception erronée et l'approche non interventionniste que le gouvernement fédéral adopte souvent dans le domaine de la santé résultent vraisemblablement du fait que ce sont les provinces qui fournissent la plus grande partie des services de santé, ainsi que de certaines questions politiques relatives au financement des services de soins de santé et à la Loi canadienne sur la santé.
En fait, le gouvernement fédéral joue un rôle important dans le domaine de la santé publique. La Cour suprême du Canada a admis à maintes reprises que la santé est un domaine qui chevauche plusieurs sphères de compétences. En outre, à l'heure actuelle, la COVID-19 n'est pas seulement un problème de santé publique. Ce qui a peut-être commencé par un problème de santé publique est maintenant devenu le plus gros problème social et économique de notre vie. La COVID a une incidence sur toutes les facettes de la vie des Canadiens.
En ce qui concerne les moyens juridiques précis qui s'offrent au gouvernement fédéral, le premier et celui qui reçoit le plus d'attention est la Loi sur les mesures d'urgence, laquelle autorise le gouvernement fédéral à intervenir pour réagir à un sinistre. Il peut s'agit d'une maladie qui comporte ou pourrait comporter le risque de pertes humaines et matérielles, de bouleversements sociaux ou d’une interruption de l’acheminement des denrées ou de services. Tout cela s'est produit dans une certaine mesure pendant la pandémie.
Quand un sinistre est déclaré, le gouverneur en conseil peut prendre un décret et des règlements à propos d'un certain nombre de questions, notamment pour interdire les voyages, demander à quelqu'un de fournir de l'aide, réglementer les biens essentiels et établir des hôpitaux. Ces pouvoirs auraient pu être utilisés, par exemple, pour éviter la propagation de la COVID d'une province à l'autre quand les variants ont fait leur apparition ou pour établir des hôpitaux pour servir de lieu de dépistage quand de nombreuses provinces éprouvaient des difficultés à cet égard. Même si la loi prévoit des consultations, le gouvernement fédéral n'a pas besoin de l'aval des provinces pour agir.
Le gouvernement fédéral pourrait aussi élaborer une loi propre à la COVID. Contrairement à la loi déjà élaborée à ce sujet, laquelle est de nature principalement financière, le gouvernement fédéral pourrait rédiger une loi qui mettrait l'accent sur les aspects de la COVID qui touchent la santé publique.
Il pourrait le faire en exerçant son pouvoir de prendre des lois pour la paix, l'ordre et le bon gouvernement, conformément à l'article 91 de la Constitution. Ce pouvoir lui permet d'agir à des urgences ou à des problèmes d'envergure nationale. La Cour suprême a déclaré qu'une pestilence se qualifierait certainement au titre de la disposition sur la paix, l'ordre et le bon gouvernement. Même si ce terme est tombé en désuétude, la COVID constitue certainement une pestilence.
Enfin, le gouvernement aurait pu envisager d'utiliser les pouvoirs, que lui confère l'article 11.1 de la Loi sur le ministère de la Santé, de prendre des arrêtés d'urgence pour des questions de santé publique. Bien que ce moyen n'ait pas fait autant l'objet de commentaires de spécialistes que la Loi sur les mesures d'urgence ou la disposition sur la paix, l'ordre et le bon gouvernement, je crois comprendre que le Comité a entendu parler de la Loi sur le ministère de la Santé lors de sa dernière séance.
Passant maintenant aux observations plus générales sur le rôle du gouvernement fédéral pendant la pandémie, je ferais d'abord remarquer que je trouve étonnant qu'alors que le pays est confronté à ce qui pourrait être la plus importante urgence depuis la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement fédéral ne se soit pas prévalu des pouvoirs exceptionnels que lui accorde la Loi sur les mesures d'urgence ou n'ait pas adopté de loi propre à la COVID comme le lui permet la disposition sur la paix, l'ordre et le bon gouvernement. S'il n'invoque pas la Loi sur les mesures d'urgence dans la situation actuelle, je ne sais pas quand il le fera.
Non seulement le gouvernement fédéral n'a pas utilisé ces pouvoirs, mais il semble leur avoir accordé bien peu d'attention. De façon générale, j'ai entendu le et d'autres instances formuler des commentaires assez vagues sur le fait que le recours à la Loi sur les mesures d'urgence était une possibilité ou qu'ils envisageaient toutes les options, sans faire preuve de transparence envers la population pour expliquer pourquoi ils n'utilisaient pas ces pouvoirs. J'aimerais qu'ils soient plus transparents à cet égard.
Le gouvernement fédéral considère-t-il qu'il s'agit d'un problème juridique tel que la Loi sur les mesures d'urgence ne permet pas de résoudre ces questions? Si c'est le cas, alors je me demande pourquoi cette loi n'a pas été modifiée l'an dernier afin d'être prête pour l'arrivée des variants et de la troisième vague.
Je crains que la véritable raison pour laquelle le gouvernement fédéral n'est pas intervenu davantage soit politique. Les premiers ministres provinciaux ont clamé qu'ils ne voulaient pas que le gouvernement fédéral invoque la Loi sur les mesures d'urgence, affirmant pouvoir gérer eux-mêmes la situation. Le premier ministre Moe a déclaré qu'il pouvait gérer efficacement la crise, ce qui n'est manifestement pas le cas. La Saskatchewan n'a pas géré efficacement la crise, pas plus que ne l'ont fait des provinces comme le Québec, avec le problème des soins de longue durée, ou l'Alberta, qui enregistre les pires chiffres en Amérique du Nord.
Les provinces s'en sont remises au gouvernement fédéral pour le soutien financier et la préparation des fournitures, mais le rôle qu'il a joué pour limiter la propagation de la COVID a été fort restreint, puisqu'il a mis l'accent sur les répercussions financières. Je sais que l'imposition de restrictions de santé publique a un prix politique, mais je pense qu'en tentant de trouver un compromis politique pour faire plaisir aux provinces et à tout le monde, il a affaibli ces règles. Je voudrais que le gouvernement fédéral envisage de manière transparente l'utilisation du pouvoir d'urgence et prenne des décisions en fonction des intérêts des Canadiens plutôt que des aspects politiques des relations fédérales-provinciales.
Je vous remercie.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie de cette invitation à comparaître devant vous dans le cadre de votre étude sur l'urgence sanitaire actuelle.
De nombreux éléments associés à notre préparation et à notre intervention relatives à la pandémie de COVID-19 ont fait défaut. Le premier a été notre système d'alerte précoce et d'évaluation des risques. Je crois qu'il faut comprendre pourquoi et qu'il faut régler le problème. L'alerte précoce et la juste évaluation des risques sont essentielles à la préparation et à l'intervention. Elles nous permettent de gagner du temps précieux pour la prise de décisions éclairées et les communications publiques. Elles sauvent des vies.
Le Canada avait amplement la possibilité d'évaluer rapidement et de manière appropriée la menace que représentait la COVID-19. En raison de ce que je qualifie d'échec monumental des systèmes et de l'imagination, nous avons ignoré de nombreux signaux importants alors que la pandémie entreprenait son avancée implacable à travers la Chine et dans le monde entier.
Le système d'alerte précoce du Canada n'a pas fonctionné ne manière efficace. Le premier rapport spécial du Réseau d'information sur la santé mondiale au sujet d'une éclosion de pneumonie virale à Wuhan, en Chine, a été publié le 1er janvier 2020, mais aucune alerte visant une clientèle mondiale plus vaste n'a été autorisée. Par la suite, le RISM a publié une série de rapports quotidiens — des sommaires destinés aux médias — de plus en plus volumineux, qui n'étaient pas utiles pour les décideurs canadiens.
Au cours de la période entre le 7 janvier et le 16 mars 2020, l'ASPC a produit six évaluations des risques sur la COVID-19. J'ai analysé ces rapports en détail alors que j'étais expert-conseil pour le Bureau du vérificateur général. Jusqu'à l'évaluation finale des risques du 16 mars, l'ASPC a livré un message rassurant voulant que la COVID-19 représente un faible risque pour le Canada et les Canadiens. Comme l'a constaté la vérificatrice générale dans son rapport percutant, la méthodologie utilisée par l'ASPC pour préparer ces évaluations des risques était profondément déficiente et n’avait pas été testée. Les évaluations des risques n'ont pas tenu compte des risques de pandémie prospectifs; elles n'ont pas fait l'objet de discussions et n'ont pas été intégrées au processus décisionnel.
L'ASPC a accepté le rapport de la vérificatrice générale, comme vous le savez, et a promis de procéder à un examen des leçons tirées, mais ne le fera pas avant décembre 2022, au plus tôt.
Pour comprendre comment nous en sommes arrivés à un échec aussi cuisant, il faut remonter à la période qui a suivi la crise du SRAS. En avril 2004, alors que la crise du SRAS était encore fraîche dans sa mémoire, le gouvernement a publié sa toute première politique canadienne de sécurité nationale, intitulée Protéger une société ouverte, qui énonçait ce qui suit:
Le gouvernement entend prendre à l'avenir toutes les mesures nécessaires pour intégrer pleinement sa démarche relative aux urgences touchant la santé publique dans le programme de sécurité nationale [...] le volet de la santé publique occupera une place importante dans les évaluations intégrées de la menace réalisées par le gouvernement [...]
Malheureusement, rien de tout cela ne s'est produit après 2004.
Le Canada doit maintenant bâtir un système de renseignements sur la santé qui comprend et utilise le modèle classique du cycle des renseignements, afin de pouvoir atteindre les objectifs suivants: collecte rapide de renseignements de toutes sources; production d'évaluations rigoureuses et de grande qualité; intégration des évaluations aux processus décisionnels. Lorsque la COVID-19 a frappé, aucun élément de ce système n'était en place au sein du gouvernement fédéral. Nous devons aussi renforcer la dimension internationale, notamment par le partage complet et opportun des renseignements sur la santé avec l'OMS, conformément au Règlement sanitaire international.
Un tel système ne saurait fonctionner en étant cloisonné à l'ASPC. Pour sortir de cette approche cloisonnée, nous devons prendre certaines mesures. Nous devons mettre sur pied une stratégie en matière de sécurité nationale. Nous devons aussi, à mon avis, créer une structure de conseil national de la sécurité au cœur du gouvernement, qui évaluera les menaces, notamment celles contre la sécurité sanitaire, de façon holistique. Nous devons mettre sur pied un centre de surveillance et de fusion des renseignements sur la santé, et nous devons permettre la contestabilité par la mobilisation des experts et des parties intéressées. Tous ces concepts sont pris en compte dans le cadre d'un projet de recherche inédit visant à réinventer la stratégie canadienne en matière de sécurité nationale pour le XXIe siècle, réalisé par le Centre pour l'innovation dans la gouvernance internationale de Waterloo.
Nos plus proches alliés comprennent le besoin de faire les choses autrement. En mai 2020, la Grande-Bretagne a mis sur pied un centre conjoint de biosécurité afin de mieux gérer et utiliser l'information et les évaluations pour éclairer la prise de décisions. En janvier 2021, le président Biden a publié un mémorandum sur la sécurité nationale, qui demande la mise en place d'un centre national de prévision et d'analyse des épidémies, dans le but de moderniser la détection précoce à l'échelle mondiale.
Le Canada pourrait, en collaboration avec ses alliés, être un chef de file mondial en matière de renseignement sur les épidémies, mais pour ce faire, il faut une pensée novatrice, un engagement à faire des changements significatifs — notamment des changements organisationnels — et un sentiment d'urgence. J'espère que le Comité partagera mes préoccupations à propos de ces enjeux et demandera lui aussi un programme de réforme essentiel.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de m'avoir invité à témoigner devant le Comité aujourd'hui. Je suis ici à titre de coprésident de l'Ontario COVID-19 Science Advisory Table, un groupe composé de 54 scientifiques — principalement bénévoles — des domaines de la médecine, de la science et des mathématiques.
Nous ne faisons pas partie du gouvernement provincial. Nous sommes entièrement indépendants. Bien que certains de nos membres — dont moi — soient des professionnels de la santé qui peuvent aussi travailler pour des organismes gouvernementaux, nous ne faisons pas partie de l'appareil de la santé publique de l'Ontario. Nous ne publions pas d'ordonnances de santé publique ni de recommandations. Nous ne conseillons pas les collectivités au sujet des pratiques en matière de santé publique.
Nous avons pour seul mandat de rechercher et d'analyser les données scientifiques qui aideront le gouvernement, la santé publique, les professionnels de la santé et les Ontariens à gagner la bataille contre la COVID-19. Nous informons régulièrement les divers organes du gouvernement de l'Ontario. Notre travail est rendu public.
Aujourd'hui, je suis heureux de vous expliquer ce que les données scientifiques démontrent au sujet de la situation en Ontario, mais je demande aux membres du Comité de garder quelques éléments en tête dans le cadre de cette discussion.
Premièrement, nous formons un groupe scientifique indépendant. Il n'est donc pas approprié pour nous de commenter les politiques du gouvernement. Nous pouvons vous parler des chiffres et vous expliquer ce qu'ils signifient. Nous pouvons vous parler de ce que les données probantes nous disent au sujet des mesures qui nous donnent les meilleures chances de vaincre la COVID. Nous pouvons vous dire si de telles choses risquent de se produire. Nous ne pouvons toutefois pas examiner, critiquer ou évaluer le rendement du gouvernement.
Deuxièmement, nous nous centrons uniquement sur l'avenir. Je suis médecin et bien que bon nombre des scientifiques du groupe ne le soient pas, nous croyons que nous devons servir la population au même titre qu'un médecin doit servir son patient. Les arguments au sujet du passé n'ont pas leur place. Seule la perspective de l'avenir aidera le patient.
Enfin, la science est un processus. Les données probantes évoluent alors que les faits sur le terrain changent. Nous en apprenons tous les jours. Nous en avons encore beaucoup à apprendre. En science, l'incertitude ne représente pas l'échec; elle fait partie du processus.
Sur ce, je vais résumer un document que nous avons préparé le mois dernier, qui s'intitule Fighting COVID-19 in Ontario: The Way Forward. Il représente notre meilleure réflexion au sujet des données probantes et des mesures que doit prendre l'Ontario en fonction de celles-ci.
Depuis sa formation en juillet, l'Ontario Science Advisory Table fonctionne selon trois principes. Premièrement, nous misons sur les plus récentes données scientifiques. Deuxièmement, nous faisons preuve de transparence: tous nos dossiers scientifiques sont rendus publics. Troisièmement, nous sommes indépendants. Bien que nous conseillions habituellement le gouvernement provincial en fonction de ce que nous disons publiquement, aucun organisme ou bureau gouvernemental ne contrôle notre contenu scientifique ou nos communications de quelque façon que ce soit.
Après plus d'un an de pandémie de COVID-19, nous savons que les six éléments suivants réduiront la transmission, protégeront notre système de soins de santé et nous permettront de reprendre nos activités en toute sécurité le plus rapidement possible.
Le premier consiste à ouvrir uniquement les milieux de travail essentiels. Certains lieux de travail intérieurs doivent demeurer ouverts, mais seuls les milieux réellement essentiels doivent l'être, et doivent appliquer des mesures de sécurité strictes relatives à la COVID-19. Par exemple, les travailleurs essentiels doivent porter un masque en tout temps lorsqu'ils travaillent à l'intérieur ou lorsqu'ils sont à proximité les uns des autres à l'extérieur, et doivent être appuyés en ce sens.
Le deuxième vise à payer les travailleurs essentiels afin qu'ils restent à la maison lorsqu'ils sont malades, qu'ils ont été exposés au virus ou qu'ils doivent être vaccinés. Le SRAS-CoV-2 se propage lorsque les gens se rendent au travail alors qu'ils sont malades ou qu'ils ont été exposés au virus. Les travailleurs le font souvent parce qu'ils n'ont pas le choix. Ils doivent nourrir leur famille et payer leur loyer. Une prestation d'urgence permettra de restreindre la propagation du virus si elle offre un revenu approprié, est facilement accessible et est versée immédiatement, et si elle est offerte aux travailleurs essentiels lorsqu'ils sont malades, qu'ils ont été exposés au virus ou qu'ils ont besoin de temps pour passer un test de dépistage ou se faire vacciner, et ce tout au long de la pandémie.
Le troisième a trait à l'accélération de la vaccination des travailleurs essentiels et des personnes qui vivent dans les zones névralgiques. Les vaccins sont essentiels pour ralentir la pandémie. Nous devons offrir le plus grand nombre de doses possible aux habitants des quartiers chauds, aux populations vulnérables et aux travailleurs essentiels, accélérer la distribution des vaccins et faciliter l'accès des groupes à risque à la vaccination.
Le quatrième élément vise à réduire la mobilité. Il faut réduire les déplacements entre les provinces et au sein de celles-ci. La COVID-19 n'est pas une pandémie uniforme: les diverses régions de l'Ontario et du Canada font face à des problèmes distincts. Les déplacements dans le pays peuvent créer de nouveaux points chauds parce que les variants se transmettent très rapidement. Les gens doivent rester dans leur collectivité dans la mesure du possible.
Le cinquième vise à miser sur les lignes directrices éprouvées en matière de santé publique: ne pas se réunir à l'intérieur avec des gens qui ne font pas partie de notre ménage; se rencontrer à l'extérieur; garder une distance de deux mètres; porter le masque; se laver les mains.
Le dernier élément porte sur le maintien des liens de façon sécuritaire. L'entretien des liens sociaux et le maintien des activités extérieures sont importants pour notre santé physique et mentale générale. Ainsi, on peut permettre à de petits groupes de personnes provenant de divers ménages de se rencontrer si tout le monde porte un masque et garde une distance de deux mètres. On peut également garder les terrains de jeux ouverts et encourager les activités extérieures sécuritaires.
Les politiques qui nuisent aux personnes racisées et marginalisées ou aux autres populations vulnérables ne fonctionnent pas. Elles ne permettent pas de lutter efficacement contre une maladie qui affecte déjà ces groupes de façon disproportionnée. Ainsi, les politiques visant à lutter contre la pandémie doivent tenir compte de l'équité.
En conclusion, il n'y a pas de compromis à faire entre les priorités économiques, sociales et sanitaires lorsque la pandémie atteint un sommet, comme c'est le cas en Ontario et dans certaines autres provinces. Pour prendre le contrôle de cette maladie le plus rapidement possible, il faut travailler ensemble.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Ma question s'adresse à vous, monsieur Wark. Je partage vos préoccupations. Vous savez, nous aurons beaucoup de temps pour les enquêtes, mais nous devons bien faire les choses maintenant. En décembre 2022, il sera trop tard pour songer aux façons de changer les choses. Je souligne qu'un des importants variants de l'Inde a été identifié en octobre passé, mais le Canada... Nous sommes réactionnaires aux menaces émergentes, même en plein cœur d'une pandémie.
Je me suis un peu éloignée du sujet. Je voulais parler des recommandations pour combler certaines des lacunes immédiatement et pour l'avenir, que nous pouvons intégrer à notre rapport. Le rapport de la vérificatrice générale a fait valoir que le Canada n'avait pas tenu compte des risques à venir, et jugeait le risque faible au pays, ce qui a entraîné des conséquences accablantes, comme vous l'avez dit. Que pourrions-nous faire différemment maintenant?
Je me demande s'il y a une sorte de... Premièrement, il n'y a pas de méthode centralisée de collecte de renseignements. Vous en avez parlé. Je crois que nous devons d'abord régler ce problème. Ensuite, nous devons consigner ces renseignements dans un système d'évaluation des risques clair qui peut servir à évaluer un large éventail de risques pathogènes — un peu comme le système de niveaux DECON — afin de les communiquer clairement à la population. Enfin, il faut associer à chacun de ces niveaux de risque des mesures que prendra le gouvernement, qu'il s'agisse d'interdictions de voyager, d'avis aux voyageurs ou de mesures de quarantaine.
C'est ce qui m'est venu en tête lorsque j'ai lu le rapport de la vérificatrice générale, et je me demande si nous pouvons prendre des mesures immédiatement en vue de nous réorganiser pour ne pas être vulnérables, surtout face aux variants.
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Je vous remercie pour votre question, madame Rempel Garner.
Je suppose que je dois m'adresser à la présidence, mais j'ai toujours trouvé cette formalité étrange. Vous m'en excuserez.
Je crois que vous soulevez un excellent point, mais je dirais deux choses en réponse à votre question, sur les mesures que nous pouvons prendre maintenant. La première, c'est qu'il y a de nombreuses mesures d'application spéciales qui peuvent être prises pour miser sur les capacités et le talent au sein du gouvernement fédéral.
La communauté du renseignement de sécurité sait très bien comment recueillir des renseignements provenant de toutes les sources et réaliser une évaluation des risques professionnelle. Le problème, c'est que — comme je l'ai dit plus tôt — l'ASPC était cloisonnée en ce qui a trait à ces activités et à cette expertise. Il faut veiller à ce que l'expertise et les capacités des divers organismes du système canadien du renseignement de sécurité soient mises à la disposition de l'ASPC dans le cadre du processus d'évaluation continue des risques. C'est peut-être ce qui se passe derrière les murs de la communauté du renseignement sur la sécurité.
Je ne sais même pas dans quelle mesure les évaluations des risques peuvent être maintenues. On a essentiellement cessé de faire ces évaluations en mars 2020 lorsqu'on a réalisé que la pandémie était arrivée. Elles ont peut-être repris. Je ne le sais pas; je n'ai rien vu de public à ce sujet.
Il faudrait établir une capacité d'évaluation continue des risques. Si une telle capacité avait été en place, nous aurions peut-être pu nous préparer pour les deuxième et troisième vagues, et les variants.
Enfin, je dirais qu'il faut veiller à ce que les mesures spéciales que nous prenons dans le but de gérer une crise ne deviennent pas des mesures permanentes. Nous devons garder en tête notre objectif.
Voilà quelles sont les mesures structurelles et stratégiques importantes que nous devons prendre, à mon avis. Une stratégie nationale en matière de sécurité... Il faut que la structure du conseil national de la sécurité soit au coeur du gouvernement. Nous avons besoin d'une capacité pangouvernementale en matière de collecte et d'évaluation des renseignements non seulement pour face face aux urgences sanitaires, mais aussi pour lutter contre un large éventail de menaces non traditionnelles qui planent sur le Canada.
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Merci, monsieur le président.
Mes questions s'adresseront au Dr Schwartz.
Tout d'abord, j'aimerais vous remercier, vous et vos collègues. Je suis certaine que parfois, vous sentez que vous faites ce travail sans reconnaissance, mais sachez que nous apprécions grandement votre expertise unie en ces temps difficiles.
J'aime que vous ayez exposé très clairement les six éléments prioritaires qui nous permettront d'aller de l'avant. Je les ai notés.
Dans la même veine, ma question porte sur les plus gros risques en Ontario à l'heure actuelle. Des données nous démontrent que plus de 60 % des éclosions surviennent dans les milieux de travail et les milieux scolaires — on parle de 43 % dans les milieux de travail et de 21 % dans les milieux scolaires. Dans la même veine et en fonction des six éléments prioritaires que vous avez mentionnés, quelle est, selon vous, la plus grande menace de propagation de cas qui met le plus à mal notre système de santé ontarien à l'heure actuelle?
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Tout d'abord, j'aimerais vous remercier de vos bons mots, madame O'Connell.
Je crois que la plus grande menace aura trait aux milieux de travail bondés et, entre autres, à ceux qui se trouvent dans les points chauds. Je pense, en particulier, moins au milieu scolaire, mais plutôt aux milieux de travail dans le domaine de la distribution et du transport, où des travailleurs vivent dans des points chauds, dans des logements surpeuplés ou alors avec d'autres travailleurs dans des logements multigénérationnels, surtout dans le Nord-Ouest de Toronto et dans la région de Peel.
Voilà pourquoi nous avons recommandé de distribuer des vaccins de façon ciblée dans ces régions, ce qu'a fait la province. Nous nous réjouissons à l'idée que ces recommandations, qui sont basées sur certaines des modélisations que nous avons faites, vont — du moins nous l'espérons — commencer à réduire efficacement la transmission du virus dans ces milieux.
Dans une autre vie, j'étais aussi dans le milieu politique, mais à l'échelle municipale et régionale en Ontario. Nous avions certaines responsabilités en matière de santé par l'entremise de nos agences de santé locales. Parmi ces responsabilités, on compte la communication et la sensibilisation des citoyens, afin qu'ils sachent, dans ce cas-ci, ce qu'ils peuvent faire pour aider à réduire la propagation du virus et qu'ils soient conscients des risques.
Vous avez dit que les milieux de travail sont la principale préoccupation présentement. J'ai remarqué que les frontières ne faisaient pas partie de vos six éléments prioritaires. Ce genre de décision politique... J'ai bien compris ce que vous avez dit. Je ne vous demanderai pas de critiquer une décision politique, mais si l'on parle de préoccupations et si les milieux de travail sont bel et bien la plus grande menace, lorsqu'il s'agit de ressources et d'efforts de communication auprès des Ontariens, ne serait-ce pas bénéfique pour les mesures de santé publique globales d'investir des ressources dans les points chauds et dans les milieux préoccupants afin d'outiller et de sensibiliser les citoyens dans ces régions les plus affectées par le virus à l'heure actuelle? En priorisant des enjeux comme celui des frontières, qui représentent moins de 2 % des cas de transmission en Ontario, dans nos efforts de communication, ne ratons-nous pas l'occasion de sensibiliser et d'aider les Canadiens à stopper la propagation du virus? Ratons-nous l'occasion de sensibiliser nos communautés?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je suis très heureuse d'être parmi vous aujourd'hui, en remplacement de mon honorable collègue M. Thériault.
Les deux messages que nous avons entendus m'ont amenée à réfléchir. Maintenant que nous avons eu cette pandémie-ci, il y en aura d'autres. C'est ce que je comprends.
Par ailleurs, je m'interrogeais sur le rôle des provinces et du Québec. Pendant que vous parliez, je suis allée voir le sens du mot « confédération », lequel signifie alliance d'États indépendants. De fait, durant une pandémie, les États indépendants qui forment une confédération doivent être consultés. L'article 25 de la Loi sur les mesures d'urgence mentionne effectivement que les lieutenants-gouverneurs doivent être consultés avant que l'état d'urgence soit déclaré.
J'aimerais que les témoins nous expliquent quelles consultations ont été faites et quels en ont été le résultat. En toute logique, un transfert en santé aurait dû résulter de ces consultations, pour pallier les besoins criants durant la pandémie.
Une telle situation ne doit plus se reproduire. Évidemment, il faut respecter les pouvoirs de chacun, mais chaque État doit avoir les outils et les moyens nécessaires, en fonction de facteurs comme la culture, la langue ou le territoire. Comme je l'ai si bien entendu dire, c'est à géométrie variable.
En premier lieu, j'invite la professeure Hardcastle à commenter sur ce qu'il est possible d'imposer à l'ensemble des provinces.
Madame Hardcastle, pour poursuivre dans la même veine que la dernière réponse de Dr Schwartz, je crois qu'il est désormais communément admis, comme l'a dit M. Wark, que les pays qui ont le plus réussi à réduire la transmission du virus sont ceux qui ont stoppé rigoureusement les déplacements. On l'a constaté au Canada avec les fermetures des frontières rapides dans la région de l'Atlantique.
J'ai l'article 8 de la Loi sur les mesures d'urgence sous les yeux. Si le gouvernement invoquait la Loi sur les mesures d'urgence, son premier pouvoir serait « la réglementation ou l’interdiction des déplacements à destination, en provenance ou à l’intérieur d’une zone désignée si cela est nécessaire pour la protection de la santé et la sécurité de personnes physiques ».
Ma question est la suivante: Le gouvernement fédéral est-il le seul à avoir le pouvoir constitutionnel de réglementer les déplacements interprovinciaux et entre les provinces et les territoires? Si le gouvernement y renonçait, les provinces pourraient-elles utiliser un tel pouvoir?
J'ai beaucoup de compassion pour la collectivité de Brampton. Elle a été très durement touchée.
L'Ontario Science Advisory Table a suivi avec inquiétude l'évolution de la situation en Grande-Bretagne en décembre et en janvier. Nous suivions le variant B.1.1.7 et ses répercussions en Grande-Bretagne et en Europe occidentale.
Pour ce qui est de l'avenir et de la prévention d'une quatrième vague, le maintien de restrictions les plus rigoureuses possible le plus longtemps possible est un principe très important. Comme nous l'avons indiqué, limiter le nombre de lieux de travail considérés comme essentiels et restreindre les déplacements... Il est très difficile de revenir en arrière. Bien entendu, je compatis avec les décideurs qui doivent composer avec divers facteurs autres que les données scientifiques de santé publique, comme l'économie, etc. Je ne voudrais pas remettre en question les décisions qui ont été prises.
Pour l'avenir, il est très important de maintenir le confinement le plus longtemps possible pour tirer parti de la vaccination.
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Merci, monsieur le président.
Merci à mon collègue de me donner l'occasion de poser une question. En fait, c'est une question qui s'adresse à l'ensemble des témoins.
Comme vous le savez, le Québec a été plus largement touché au début de la pandémie, l'année dernière. Cela est attribuable au fait que nous avons eu la semaine de relâche plus tôt que les autres provinces, mais aussi au fait que nous étions à proximité de l'épicentre nord-américain de la pandémie, soit l'État de New York.
À la lumière de ces faits, pensez-vous qu'il aurait été bon que le gouvernement cesse immédiatement les liaisons aériennes et terrestres, notamment celles assurées par les autobus de voyageurs qui se déplacent fréquemment entre les deux pays? Est-ce une mesure que le gouvernement aurait dû prendre rapidement?
Je fais allusion à l'un des témoins qui a dit tantôt que le gouvernement n'était pas préparé à la pandémie, contrairement à d'autres pays comme l'Australie ou la Nouvelle-Zélande. Après tout, on aurait dû apprendre de l'épidémie de SRAS vécue précédemment.
Donc, est-ce qu'on aurait dû agir plus rapidement?
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Je suis heureux de commencer.
Très rapidement, la réponse à la question est oui, absolument. Je pense que diverses mesures auraient été utiles, notamment la fermeture plus précoce de la frontière.
Au Québec, la semaine de relâche et le retour des snowbirds, entre autres, tombaient à un bien mauvais moment. L'Ontario a eu une expérience similaire.
Si nous avions pris plus au sérieux toutes les preuves que nous avions sous les yeux au sujet de la propagation de la COVID-19 à l'échelle mondiale et si nous avions été prêts à agir en conséquence, le Canada aurait pu être bien mieux placé pour se protéger à l'échelle nationale et provinciale à la fin de février au plus tard, voire plus tôt, et on n'aurait certainement pas attendu à la mi-mars pour que des mesures concrètes soient prises.
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L'ordre me laisse un peu perplexe.
Nous accueillons un extraordinaire groupe de témoins. J'aimerais poser des questions à tant de gens.
Je suis désolé, docteure Hardcastle, je n'aurai pas l'occasion de vous poser des questions.
M. Wark a aussi fait un excellent témoignage.
Docteur Schwartz, je vais vous mettre quelque peu sur la sellette, car j'ai quelques désaccords avec le conseil scientifique au sujet de l'utilisation des anticorps monoclonaux par les spécialistes des maladies infectieuses en Ontario, qui veulent certainement les utiliser.
Deux ou trois essais contrôlés randomisés sur l'utilisation du bamlanivimab — que notre gouvernement a acheté pour une valeur 40 millions de dollars —, publiés dans des revues prestigieuses comme le JAMA et le New England Journal of Medicine, montrent que le produit a un effet bénéfique lorsqu'il est utilisé tôt chez les personnes à risque élevé.
Une autre étude cas-témoins réalisée récemment et publiée dans Clinical Infectious Diseases a montré qu'il faut traiter huit personnes pour éviter une seule hospitalisation.
Concernant le bamlanivimab, je sais que la FDA a modifié son approbation. Toutefois, pour les variants que nous avons en Ontario, il est toujours efficace chez 90 à 92 % des gens.
L'approbation de Santé Canada se fait toujours attendre pour diverses nouvelles combinaisons d'anticorps monoclonaux. Il y a cependant eu un certain nombre d'études, pas encore publiées, dans lesquelles les fabricants font état de données assez probantes indiquant une réduction de 70 à 80 % des hospitalisations, lorsqu'utilisées tôt, encore une fois chez les personnes à risque élevé.
En fait, un essai récent de GlaxoSmithKline sur son traitement à base d’anticorps monoclonaux a été interrompu parce qu'on a jugé que poursuivre l'essai était contraire à l'éthique en raison de la diminution du nombre d'hospitalisations.
Malgré cela, les spécialistes des maladies infectieuses en Ontario, dont 12 avec lesquels j'ai récemment écrit une lettre d'opinion, qui veulent utiliser les anticorps monoclonaux, ne peuvent s'en procurer. Pourquoi?
Il semble que des gens influents, qui ne sont pas élus, dont certains membres de la table de consultation scientifique, estiment qu'il manque de preuves pour en autoriser l'utilisation. Ce qui me pose problème, c'est pourquoi des gens qui ne sont pas élus — il s'agit de quelques spécialistes des maladies infectieuses —, puissent décider des produits thérapeutiques que d'autres spécialistes peuvent utiliser. Par conséquent, je me demande si la table de consultation scientifique sert vraiment le public avec ses conseils.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
On cherche à savoir ce qui s'est passé entre le 7 janvier et le 7 mars. Moi, je vais vous répondre: on était déboussolé à cause de la joute parlementaire. Puisque mon parti est le seul à ne pas souhaiter prendre le pouvoir, je peux me permettre de dire ces choses-là. Quand la joute parlementaire prédomine, on met du temps à agir lorsque surviennent des crises comme celle qu'on a vécue.
Tantôt, j'entendais ma collègue dire que, en ce qui concerne la transmission de la COVID-19, la frontière était en cause dans seulement 2 % des cas.
Monsieur Wark, je ne comprends pas comment on peut dire à la fois que le gouvernement n'a pas agi assez vite, qu'un variant est arrivé d'un autre pays et que la gestion de la frontière n'est pas si importante que cela.
J'aimerais entendre votre opinion à ce sujet.
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Bienvenue, tout le monde.
Nous reprenons la 35e réunion du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes. Le Comité se réunit aujourd'hui pour étudier la situation d'urgence à laquelle les Canadiens font face avec la pandémie de la COVID-19. Nous examinerons plus précisément aujourd'hui le système national d'intervention d'urgence du Canada.
J'aimerais souhaiter la bienvenue aux témoins. Nous accueillons aujourd'hui, à titre personnel, Lisa Barrett, professeure adjointe. Également à titre personnel, nous recevons le révérend Michael Garner, prêtre anglican.
J'inviterais les témoins à faire leurs déclarations. Je vais commencer avec Mme Barrett.
Je dois également informer les témoins que j'utiliserai ces cartes pour vous laisser savoir quand votre temps de parole est presque écoulé. Je brandirai ce carton lorsqu'il restera environ une minute — mais c'est approximatif — et celui-là lorsque votre temps sera officiellement écoulé. Si vous voyez le carton rouge, vous n'avez pas à vous arrêter immédiatement, mais essayez de conclure vos remarques.
Merci.
Sur ce, nous allons entendre Mme Barrett.
La parole est à vous pour six minutes, s'il vous plaît.
Je vous suis très reconnaissante de l'invitation à témoigner ici cet après-midi. Merci au Comité de m'avoir invitée.
Je suis médecin et clinicienne en maladies infectieuses, scientifique et chercheuse à l'Université Dalhousie, et c'est dans cette optique que je m'exprime aujourd'hui. Bien que je travaille en collaboration avec l'autorité sanitaire de la Nouvelle-Écosse et le ministère de la Santé publique du gouvernement de la Nouvelle-Écosse, je m'exprime aujourd'hui à titre personnel.
Je veux fournir un peu de contexte, peut-être un peu comme un microcosme de la réponse de la pandémie du Canada atlantique, plus précisément de la Nouvelle-Écosse et de notre réponse. En tant que spécialiste des maladies infectieuses, je pense que les éléments qui ont fait de notre réponse une réussite sont les suivants... Nous avons, même avec la vague actuelle, 346 personnes sur 100 000 qui ont été infectées par la COVID-19. Pour mettre cela en contexte, les autres provinces comprennent l'Ontario avec 3 200 pour 100 000 et la Saskatchewan avec 3 800 pour 100 000. Encore une fois, comme je l'ai dit, il y a eu 346 personnes infectées pour 100 000 ici en Nouvelle-Écosse.
Nous pouvons dire que nous avons eu une réponse réussie et, en tant que spécialiste des maladies infectieuses, je dirais qu'il y a plusieurs éléments de la réponse qui sont assez importants.
Premièrement, nous avons compris assez vite la rapidité de la réponse, car dans le domaine des maladies infectieuses, la rapidité est toujours importante. Deuxièmement, cette rapidité a permis d'accroître la distanciation entre les êtres humains, ce qui, dans le cas d'une infection respiratoire, est une chose incroyablement importante à faire. Troisièmement, en outre, il y a eu une prise de conscience de l'infection et de sa localisation grâce à l'utilisation, principalement, d'un nombre exceptionnel de tests, à la fois chez les personnes symptomatiques et asymptomatiques, tout au long de la pandémie. Le quatrième élément, moins quantitatif, et je pense, exceptionnellement important, que nous avons réussi à faire dans le cadre de notre réponse à la pandémie, c'est de faire participer les communautés, pas seulement en tant que membres passifs de la réponse à la pandémie, mais en tant que membres actifs, en se faisant tester, en étant les testeurs et en s'engageant activement tout au long du processus. Je vais vous parler brièvement de chacun de ces éléments.
En ce qui concerne la première partie, la rapidité, je vais utiliser notre vague la plus récente comme exemple. Nous sommes passés entre zéro et six cas par jour à partir de juin dernier environ jusqu'en novembre, où nous avons enregistré un petit nombre de cas supplémentaires, dans le bas de la fourchette à deux chiffres. Jusque-là, nous étions redescendus entre zéro et six cas, toujours par jour, avec presque aucun cas épidémiologique non lié. Pour ceux qui ne passent pas leur vie à étudier les microbes et les maladies infectieuses, cela signifie que la propagation communautaire était limitée, ce qui est très important. On savait d'où venaient les cas et comment la propagation avait eu lieu. La situation a changé en avril. Entre le 15 et le 21 avril, nous avons commencé à enregistrer un nombre de nouveaux cas à deux chiffres par jour, et le 27 avril, nous avons commencé à recevoir le signal d'une propagation communautaire lorsque nous avons atteint 97 cas par jour. À ce moment-là, nos restrictions sont passées de relativement souples à très resserrées.
Dans la période de cas intercurrents entre nos vagues, la bulle atlantique existait encore, et je dirais qu'en ce qui concerne la distanciation, lorsque les gens venaient dans la région, ils devaient se mettre en quarantaine. En fait, notre bulle a éclaté il y a quelques mois, lorsque nos cas ont commencé à augmenter un peu, et même les personnes venant des provinces de l'Atlantique devaient se mettre en quarantaine pendant 14 jours.
La raison pour laquelle c'est important, c'est que nous avons pu suivre l'évolution des cas et savoir où ils étaient. Lorsque nous avons enregistré 97 cas, notre gouvernement a fermé les lieux publics où l'on pouvait être à l'intérieur sans masque, qu'il s'agisse de magasins, de restaurants, etc. Les salles d'entraînement ont été fermées très rapidement, et on a demandé aux gens de rester chez eux. Puis le nombre de cas a encore augmenté, jusqu'à atteindre la centaine, et toute la province a été fermée. C'est ce qui s'est fait rapidement.
L'augmentation du nombre de cas et de la propagation dans la communauté répondait aux critères quantitatifs que nous avons mis en place ici: un nombre élevé de cas non liés, un taux élevé de reproduction du virus et une augmentation du nombre de cas dans la communauté par 100 000 habitants. Cela a été fait très rapidement, et la distanciation a été ajoutée. À l'intérieur, et dans les endroits où les gens ne peuvent pas porter le masque, on leur a demandé de le porter très souvent.
Ensuite, on a fait de la sensibilisation. Nous avons toujours maintenu les tests chez les personnes asymptomatiques entre les vagues, afin de savoir quand il y avait un virus asymptomatique dans la communauté. Nous avons également augmenté ce dépistage à 1,5 % de la population par jour lorsque nous sommes entrés dans cette vague il y a une semaine et demie et à 5 % de la population par jour dans nos régions névralgiques. En outre, la sensibilisation par l'entremise de nos tests chez les personnes symptomatiques a été maintenue.
En ce qui concerne l'engagement, dont je me ferai un plaisir de vous parler plus tard, nous avons réalisé une grande partie de ces tests en dehors de nos laboratoires. Des bénévoles de la communauté faisaient ce travail. On leur apprenait à faire des tests, à prendre des échantillons et à fournir une ressource exceptionnelle aux gens à ce moment-là, de manière à ce que nous ayons un système d'alerte pour le virus dans la communauté.
Je pense qu'ensemble, cela a été un exemple de la façon dont nous pourrions nous améliorer au Canada et dans différentes régions du monde à mesure que nous progressons dans cette pandémie. Il ne faut pas sous-estimer les effets de la rapidité d'intervention, de la distanciation entre les personnes, de la sensibilisation par le diagnostic et de l'engagement de la communauté. Je serai ravi de répondre aux questions à ce sujet par la suite.
Merci de m'avoir permis de comparaître.
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Bonjour, monsieur le président et honorables membres du Comité. Je vous remercie de m'avoir invité à m'entretenir avec vous aujourd'hui.
Je suis Michael Garner. Je suis un prêtre anglican et un épidémiologiste spécialisé dans les maladies infectieuses. J'ai travaillé à l'Agence de la santé publique du Canada de 2006 à 2019. J'ai été invité aujourd'hui pour fournir des précisions sur les observations que j'ai faites dans l'édition du 25 juillet du Globe and Mail.
Lorsque l'Agence de la santé publique du Canada a été créée après le SRAS en 2004, le gouvernement de l'époque a décidé que l'administrateur en chef de la santé publique devait être l'administrateur général de l'Agence, car ainsi le pouvoir et la responsabilité de la santé publique au Canada relevaient d'une seule personne qui serait un expert responsable des ressources de santé publique du gouvernement fédéral. Cette structure de leadership faisait écho à la plupart des autres instituts nationaux de santé publique dans le monde.
J'espère que vous avez tous lu le récent rapport de la vérificatrice générale sur le rendement de l'ASPC pendant la pandémie. La conclusion de la vérificatrice générale a confirmé la réalité qu'ont vécue tous les Canadiens. Elle a fait la déclaration suivante: « L'Agence n'était pas suffisamment préparée à intervenir face à la pandémie et elle a sous-estimé l'incidence possible du virus au début de la pandémie. »
Même si elle a relevé une foule de problèmes à l'ASPC, la vérificatrice générale n'a pas réussi à trouver la source du problème. Elle n'a jamais demandé pourquoi les systèmes ont été autorisés à ne pas être testés. Pourquoi les évaluations des risques effectuées de janvier à mars 2020 n'ont-elles pas examiné adéquatement la possibilité que la COVID-19 devienne une pandémie mondiale?
En clair, nous avons un institut national de santé publique qui est dirigé par des non-experts.
Il y a six ans et demi, le gouvernement Harper a transféré la direction de l'ACSP, dont le responsable est un médecin de la santé publique, à l'ASPC, dont le responsable est un président bureaucrate de carrière. Cette décision a mis l'ASPC sur une voie qui a gravement influencé sa capacité de mettre en place les assises nécessaires pour se préparer de manière proactive à la pandémie de coronavirus et y répondre efficacement. Elle a également créé un effet de boule de neige où les experts en santé publique ne sont plus présents aux échelons supérieurs de l'Agence. Ils ont largement été forcés de quitter leur poste et ont été remplacés au fil du temps par des bureaucrates n'ayant aucune expérience ou compréhension des principes de base de la science de la santé publique.
Ce qui est peut-être encore plus inquiétant, c'est qu'au beau milieu de la pandémie, alors qu'il fallait mettre en poste un nouvel administrateur de l'ASPC en septembre 2020 et que les échecs de la réponse à la crise étaient évidents pour tous les Canadiens, le , plutôt que de mettre en poste un médecin ayant une expertise et une expérience en matière de santé publique et de réponse aux pandémies, a choisi un autre bureaucrate de carrière sans diplôme en santé publique, qui devrait apprendre sur le tas au milieu de la plus grande crise sanitaire du dernier siècle.
Il est intéressant de noter que les CDC des États-Unis ont été confrontés à une situation semblable, où ils devaient trouver un nouveau directeur. Ils ont remplacé le directeur sortant — un médecin et un virologue — par un médecin et un expert en santé publique.
Au milieu de la catastrophe de la réponse fédérale à la pandémie, le gouvernement a poursuivi sa longue pratique de dévalorisation de l'expertise et des compétences en la matière en faveur des bureaucrates. Cependant, je vous dirais que les échecs de la réponse de l'ASPC à la pandémie ne devraient pas être imputés uniquement à la direction de l'ASPC par des bureaucrates. Si on me plaçait dans le cockpit d'un avion et que les lumières se mettaient à clignoter, je ne saurais pas ce qu'il faut faire car je n'ai pas été formé pour être pilote. Il est injuste d'attendre de M. Stewart ou de tout autre non-expert à la tête de l'ASPC qu'il gère adéquatement la réponse canadienne à la pandémie. Ils n'ont ni la formation ni l'expérience requises.
Lorsque nous émergerons de la pandémie — comme ce sera sûrement le cas —, j'espère que ce comité et d'autres entreprendront de réexaminer les besoins en experts de la santé publique au sein du gouvernement fédéral. J'espère que la Loi sur l'Agence de la santé publique du Canada sera rétablie dans sa forme originale, que le poste de président de l'Agence de la santé publique sera supprimé et que ce pouvoir sera redonné à l'ACSP.
Idéalement, cela créera un nouvel effet boule de neige, où la formation et l'expertise en santé publique seront valorisées davantage que la capacité des bureaucrates qui font le travail dans leur intérêt personnel. Ce sont les décisions prises par les gouvernements Harper et Trudeau pendant près d'une décennie qui nous ont menés au plus profond de cette crise. Les décisions de M. Harper et de M. Trudeau ont eu un coût — un coût qui a été payé par la vie de Canadiens qui sont morts inutilement de la COVID-19.
Merci. J'ai hâte à notre discussion.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Mes questions s'adressent à la Dre Barrett.
Docteure Barrett, je tiens à vous remercier chaleureusement de prendre le temps d'être avec nous aujourd'hui. Vous êtes une spécialiste et vous avez joué un rôle clé dans la réponse de la Nouvelle-Écosse à la COVID-19. Je peux vous dire, au nom des gens de ma circonscription, que je suis extrêmement fier que des gens comme vous représentent notre province.
Nous avons démontré — clairement, à mon avis — que les provinces peuvent limiter la propagation du virus en adoptant une position ferme et en suivant les conseils des autorités provinciales de la santé publique. J'ai quelques questions pour vous à ce sujet.
Dès le premier jour de la pandémie, Dr Strang et son équipe de la santé publique, et bien sûr l'ancien premier ministre McNeil et le nouveau premier ministre Rankin ont pris la COVID-19 au sérieux et ont imposé des mesures de santé publique très strictes.
Docteure Barrett, vous avez parlé des mesures dans votre déclaration préliminaire. Je vais vous donner la possibilité de nous fournir plus de détails à ce sujet. Pouvez-vous nous en dire plus par rapport à la première vague? J'aimerais aussi savoir si, d'après vous, nous devrions en faire davantage maintenant étant donné la gravité de la troisième vague.
Je vais ajouter une dernière question parce que je veux profiter de notre temps avec vous pour obtenir des réponses. Compte tenu des nombres records de cas — je pense qu'il y en a 227 aujourd'hui, pour un total d'un peu plus de 1 400 cas —, pouvez-vous nous dire à quoi les Néo-Écossais peuvent s'attendre au cours des deux ou trois prochaines semaines? Quels conseils donneriez-vous aux gens qui nous écoutent à la maison?
Je vous remercie et je vous cède la parole.
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Je vais répondre d'abord à la dernière partie de votre question.
À mon avis, nous ne sommes pas au bout de nos peines. Le nombre de cas non liés est encore élevé, et nous sommes en confinement depuis 10 ou 11 jours. Il s'agit d'un vrai confinement, pas comme ceux qu'on voit à certains endroits. À mon avis, il faut quelques restrictions supplémentaires, et j'espère qu'elles seront imposées sur-le-champ. C'est difficile parce que la mobilisation compte pour beaucoup, et je crois sincèrement que la population de la Nouvelle-Écosse, de la région atlantique et du Canada en général... Le meilleur bureaucrate ou le meilleur médecin au monde peut diriger une intervention et faire des suggestions, mais sans la mobilisation réelle de la population à l'échelon le plus bas — à l'échelon individuel, dans chaque région et chaque province —, l'effet sera nul parce que les gens ne suivront pas les recommandations. Je pense que les prochaines semaines seront difficiles, mais nous finirons par nous en sortir parce que la mobilisation est incroyablement large.
Devons-nous en faire davantage? Probablement un peu. Les gens doivent changer leur façon de penser; ils doivent se remettre dans l'état d'esprit d'urgence d'avril dernier. Ce facteur entre probablement en ligne de compte dans le contexte global, et on l'a fait ailleurs.
Personne en Nouvelle-Écosse, étant donné les chiffres... J'ai mentionné que nous tenions compte de critères quantitatifs. Pour revenir à l'approche fédérale, je suis choquée et consternée que pour sa part, l'organisme fédéral n'a pas fixé de critères quantitatifs ni établi de lignes directrices concernant la levée progressive des restrictions. De tels critères seraient utiles pour la population et les régions. Nous avons suivi de près nos critères quantitatifs liés à la propagation communautaire, au taux de reproduction du virus et à la moyenne mobile de cas sur sept jours. Ce n'est pas de la physique quantique; ce sont des principes de base de gestion d'épidémies et de pandémies.
Je suis étonnée que l'organisme fédéral n'ait pas obligé huit régions à faire de même à l'échelle provinciale avant qu'elles n'assouplissent les restrictions. Je vois dans les manchettes des régions qui songent à alléger les restrictions alors que le nombre de cas et le nombre de cas non liés sont encore extrêmement élevés. Je sais que ce n'est pas ce que nous ferons ici, et d'après moi, c'est au cœur des mesures qui nous ont gardés en sécurité. Cela nous ramène aux quatre éléments, soit la distance, la rapidité, la prise de conscience au moyen du dépistage et la mobilisation. C'est en grande partie grâce au dépistage que nous arriverons à nous en sortir, mais c'est aussi parce que la population est engagée. On a beau faire des recommandations, si les gens ne les suivent pas, c'est peine perdue.
En somme, premièrement, oui, il faut en faire un peu plus; deuxièmement, il faut amplifier légèrement la mobilisation; et troisièmement, je suis déçue qu'on n'ait pas imposé de directives strictes aux provinces. À mes yeux, il est inadmissible que les conseils de la santé publique varient d'une région à l'autre du Canada, alors qu'il serait possible et utile de définir des critères quantitatifs.
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Merci, monsieur le président. Votre français est excellent. C'est très agréable de vous entendre.
Merci beaucoup à vous, les témoins. J'avoue que cela fait du bien d'entendre parler des bonnes pratiques. Je salue le travail qui a été fait à toutes les étapes, particulièrement de votre côté, madame Barrett. Comme vous l'avez si bien expliqué, au Québec, l'engouement pour le bénévolat était marqué. Les gens se sont unis pour encourager la communauté. On a même créé un site Web qui s'appelle jebenevole.ca. Les gens ont fait preuve d'une si grande solidarité qu'on avait de la difficulté à gérer la quantité de bénévoles prêts à aider la collectivité.
Pour ce qui est de la rapidité d'action, j'avoue que je suis tout aussi outrée du battement de deux mois dont nous avons dû subir les répercussions. Je pense aux vies humaines qu'on aurait pu sauver.
Maintenant, nous sommes dans la troisième vague. J'entends beaucoup de gens dire que les mesures prises par les gouvernements sont nettement insuffisantes. Les propos de M. Garner sont très précis, et je l'en remercie.
Cela dit, j'aimerais entendre vos commentaires, madame Barrett, au sujet de la rapidité d'action du gouvernement. J'aimerais également vous entendre parler des règles et des communications, c'est-à-dire de toute la question des relations publiques gouvernementales dans l'ensemble des provinces et au Québec.
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Je ne suis certainement pas une experte en communications. Je vais vous répondre de la perspective de la science et de l'infectiologie.
La mobilisation est un élément important. Je trouve intéressant... Nous n'avons pas tenté de gérer les bénévoles. Dès le début de la vague de mobilisation, il y avait des possibilités. Nous avons donné aux gens l'occasion de participer, surtout aux activités liées au dépistage, non seulement en se soumettant à des tests, mais aussi en prélevant les échantillons dans les cliniques et en faisant le dépistage au point de service. Toutefois, nous n'avons pas tenté de faire de gestion.
Il importe de souligner que la surveillance — sous la forme de paternalisme, de maternalisme ou autre — occupe souvent une grande place dans la réponse de la santé publique; on essaie d'exercer un certain contrôle. Il s'agit d'une maladie à déclaration obligatoire. Or nous avons quelque peu laissé cela de côté. Nous avons aussi laissé de côté le professionnalisme médical et le protectionnisme des champs pour permettre aux gens de jouer un rôle bien réel parce qu'ils voulaient participer.
À mon avis, pour que notre réponse soit réussie, nous devons accorder aux gens un peu d'autonomie en même temps que nous leur imposons des restrictions, et ce, peu importe la province. Je ne suis pas spécialiste du comportement humain, mais je pense que c'est un élément important des mesures combinées adoptées en Nouvelle-Écosse. J'espère que nous continuerons ainsi.
Vous avez aussi parlé de la rapidité. Les gouvernements doivent absolument agir catégoriquement et rapidement. De plus, la lenteur de la levée des restrictions devrait être équivalente à la rapidité de leur mise en place, et elle devrait également être fondée sur des critères quantitatifs. En assouplissant les restrictions hâtivement, avant que les nombres ne baissent, on risque la catastrophe.
En ce qui concerne la rapidité et les communications, nous avons tout simplement fourni beaucoup de renseignements aux gens, d'une manière concrète et précise.
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Je vous félicite, madame Barrett. Vous êtes un beau modèle à suivre. Cela m'a fait réaliser qu'au Québec, nous avons aussi été très privilégiés en matière de santé publique.
Monsieur Garner, vous avez parlé d'inertie en ce qui a trait à la prise de décision et la relation entre les autorités de santé publique et le gouvernement. À mon avis, au Québec, mais certainement ailleurs aussi, c'étaient les autorités de santé publique qui formulaient toutes les recommandations et qui codifiaient tout ce qui devait se passer, par exemple les restrictions ou la distanciation physique, et c'était le gouvernement qui prenait des décisions. Tout cela devait se faire extrêmement rapidement.
J'aimerais avoir plus de précisions sur le processus: il faut écouter la science, prendre ses responsabilités et mettre de côté la partisanerie, parce qu'on parle de vies humaines. Il nous reste quelques secondes, alors j'aimerais vous entendre à ce sujet, monsieur Garner.
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La lettre a été cosignée par un groupe assez nombreux.
La portée nationale fait référence à une chose à laquelle j'ai fait allusion à quelques reprises, à savoir que lorsqu'on parle d'une maladie infectieuse comme celle-ci, il existe une science autour de certains des chiffres qui peuvent mener à la suppression et au contrôle. Certaines de ces mesures que j'ai déjà mentionnées concernent la vitesse à laquelle le virus se déplace, le nombre de contacts, le nombre de cas dans une région donnée et la capacité de propagation de personne à personne.
Par conséquent, si vous avez un certain nombre de cas et un certain type d'interaction — la distance était l'un de mes piliers —, il serait absolument sensé à mes yeux de donner des conseils à l'échelle nationale pour les régions où certains éléments d'une pandémie sont hors de contrôle et de proposer les mesures à prendre, à ce moment-là, pour limiter la distance, accroître la sensibilisation ou la surveillance, et augmenter la vitesse de réponse et d'engagement.
En résumé, ce que je veux dire, c'est que oui, il y a des aspects quantitatifs sur lesquels les gens peuvent se disputer jusqu'à la fin des temps en ce qui concerne le nombre exact, mais il existe une très bonne science sur la façon de contenir une épidémie comme celle-ci. Vous prenez ces chiffres, vous allez dans les endroits qui ont besoin de ces conseils et vous leur fournissez le soutien et les directives nécessaires pour y parvenir. Je pense que nous avons besoin de consignes officielles et nationales sur ces points. Il n'est pas nécessaire de les mettre en œuvre de la même manière dans toutes les régions, mais dans les régions qui répondent aux critères, ces lignes directrices doivent être suivies, sinon l'infection va se propager.
Ce n'est pas une hypothèse, c'est un fait avéré, et nous savons comment y remédier.
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Je vous sais gré d'avoir pris le temps de lire l'article. Je n'ai pas écrit cela; je l'ai dit. Je tiens à préciser qu'il s'agissait d'une entrevue, et que ceci est une interprétation et un extrait de l'entrevue.
Cela étant dit, ce que je veux dire, c'est que les orientations doivent être mises en œuvre dans les secteurs et les régions. Il n'est pas nécessaire d'imposer toutes les restrictions de la même manière et en tout lieu. Cela peut être différent pour les voyages et les frontières. Cependant, la mise en œuvre des orientations doit se faire à l'échelle régionale, dans les secteurs où il y a des liens avec les gens.
Ce que je veux dire par là, c'est que toutes les provinces n'ont pas à tout faire en même temps sur l'ensemble de leur territoire, mais les conseils devraient être donnés à l'échelle nationale quand il est question de chiffres, lorsque vous avez un certain nombre de cas, un certain degré de transmission, notamment de transmission inconnue. La mise en œuvre peut être de portée provinciale, régionale, avec le même soutien et les mêmes réponses en dehors des frontières.
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Merci, monsieur le président. Je voudrais revenir à la Dre Barrett.
Docteure Barrett, j'aime beaucoup vos quatre points. La rapidité, la distance, la sensibilisation et l'engagement des gens sont essentiels.
J'aimerais savoir comment les tests rapides s'insèrent dans le modèle de la bulle maritime. Ont-ils été utilisés à grande échelle?
Nous sommes en retard en matière de vaccins par rapport à plusieurs pays du G7, et les vaccins n'ont pas été aussi largement utilisés qu'ils auraient pu l'être.
Je me demande si les tests rapides ont été davantage utilisés dans les Maritimes. Les questions de distance et de sensibilisation sont importantes, mais je pense que la rapidité de la réponse est un élément clé. Pourriez-vous nous expliquer comment les tests rapides s'inscrivent dans ce contexte?
Je sais que le gouvernement a fait une annonce aujourd'hui même, mais mon collègue réclame cela depuis plus de 10 mois. Les nombres continuent d'augmenter, et je me demande donc si les tests rapides pourraient aussi servir dans les régions où les variants sont présents.
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Merci, monsieur le président.
Docteure Barrett, tout d'abord, je vous remercie d'être ici. Je suis sûre que vous êtes incroyablement occupée, et votre témoignage est très utile.
Rapidement, comme je n'ai que trois minutes, je voudrais parler de votre point concernant les restrictions fermes — et je pense que vous avez parlé de vraies mesures, pas de demi-mesures.
De toute évidence, le confinement et les mesures restrictives en tout genre sont difficiles pour tout le monde. Je crois que personne ne refuserait de le reconnaître; cependant, je dirais que la mort et les maladies graves sont bien pires.
La semaine dernière, nous avons eu un débat d'urgence sur la situation en Alberta, et la porte-parole conservatrice en matière de santé, notre collègue ici présente, a notamment fait référence au confinement. Elle a dit que « [l]e confinement est un concept très bourgeois pour de nombreux législateurs » et que « [c]'est un luxe. » Elle a qualifié cela de « discrimination fondée sur la classe sociale ».
La suggestion avancée était d'utiliser simplement les vaccins, ce qui nous éviterait de nous retrouver dans la solution luxueuse du confinement. Ma collectivité ne trouve pas que les confinements sont faciles, mais nous le faisons pour assurer la sécurité de nos collectivités et de nos proches. Dans ce contexte, y a-t-il un endroit où l'on a pu traverser la pandémie uniquement grâce aux vaccins, étant donné que nous savons qu'il faut du temps pour que les effets se fassent sentir après l'administration d'un vaccin? Quelle est l'importance des fermetures strictes en conjonction avec les vaccins, et pourquoi est-ce une mesure de santé publique et non un concept bourgeois, comme cela a été évoqué?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Ma question s'adresse à M. Garner.
Je vous remercie beaucoup de votre témoignage très franc et ouvert. C'est certainement très apprécié compte tenu de la situation dans laquelle nous nous trouvons.
Nous avons parlé avec les témoins précédents de certains faux pas en cours de route, et je sais que vous ne pouvez pas donner cette information privilégiée, mais j'ai appris avec intérêt que l'ASPC avait reporté la simulation nationale de pandémie qu'elle devait réaliser en 2019. Cela aurait été en partenariat avec les provinces et les territoires et en conjonction avec le gouvernement fédéral, qui est le point central de notre étude ici.
Selon votre expertise, qu'est-ce que cela aurait changé au moment de déterminer la capacité des provinces et des territoires de faire face à une pandémie et peut-être aussi d'identifier certains des obstacles ou des lacunes que nous aurions pu avoir dans la relation entre les provinces, les territoires et le gouvernement fédéral?
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Il sera difficile de répondre en l'espace de deux minutes, mais je vais essayer.
Je pense que nous pouvons apprendre de ce qui s'est fait dans le Canada atlantique, de la quatorzaine. Je ne sais pas pourquoi nous ne l'avons pas fait ailleurs au Canada. Ce n'est pas un autre pays, mais c'est là.
Il faut agir tôt. Lorsque le taux de reproduction du virus est de 1,5, ou qu'on enregistre une moyenne de 400 nouveaux cas par jour dans une région, il ne faut pas laisser les gymnases et les restaurants ouverts pendant une semaine et demie ou deux semaines. Ce sont des mesures très concrètes.
Il ne faut pas hésiter à mobiliser des gens. Si des personnes se portent volontaires pour faire certaines choses, comme un test, ne dites pas à un spécialiste de la médecine de le faire alors qu'un jeune de 16 ans qui a été formé peut s'en occuper, comme l'un de mes meilleurs préposés à l'écouvillonnage. Il ne faut pas chercher à protéger son territoire.
Pour ce qui est des autres pays, la Nouvelle-Zélande a toujours été une chef de file, tout comme l'Australie. Ces pays se mobilisent et financent beaucoup la santé publique. Ce sont leurs responsables de la santé publique — pas d'autres personnes sur scène au moment de donner des directives et des conseils — et des scientifiques qui dirigent. Je ne suis pas scientifique, et je suis donc partiale, mais je pense que c'est utile, et lorsque quelqu'un donne ce genre de directive, je l'applique rapidement.
Je reviens sur certaines choses que j'ai mentionnées plus tôt, mais en donnant aussi des exemples précis. Il ne faut pas aller loin. La quatorzaine joue un rôle important. Le recours à une politique définitive est également important, tout comme le dépistage rapide et continu, qui joue un rôle prépondérant.