Bienvenue à tous à la 21e séance du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes. Nous nous réunissons aujourd'hui pour discuter de la situation d'urgence à laquelle font face les Canadiens en raison de la deuxième vague de la pandémie de la COVID-19.
Je tiens à rappeler à chacun que vous avez le droit de participer aux délibérations dans la langue officielle de votre choix. Si vous éprouvez des difficultés à entendre l'interprétation, avertissez-nous aussitôt pour que nous puissions régler le problème.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à nos témoins.
Nous accueillons, à titre personnel, la Dre Joanne Langley, professeure de pédiatrie et de santé communautaire et d'épidémiologie. Elle est accompagnée de M. Roger Scott-Douglas, secrétaire du Groupe de travail sur les vaccins contre la COVID-19, qui ne présentera pas d'exposé, mais qui lui prêtera main-forte pour répondre aux questions. Nous accueillons aussi, à titre personnel, le Dr Andrew Morris, professeur de maladies infectieuses. Nous avons enfin M. Michael Villeneuve, directeur général, et Mme Aden Hamza, responsable de l'élaboration des politiques, de l'Association des infirmières et infirmiers du Canada, de même que le Dr Jason Nickerson, conseiller aux affaires humanitaires, de Médecins Sans Frontières.
Avant de passer aux déclarations, je veux vous mentionner que je brandirai un carton jaune pour vous indiquer qu'il vous reste environ une minute, et un carton rouge, pour vous indiquer que votre temps est écoulé. Essayez alors de conclure, s'il vous plaît.
Nous allons commencer par la Dre Langley.
Docteure Langley, vous avez cinq minutes. Allez-y, s'il vous plaît.
Bonjour.
Je me présente, Joanne Langley, et je vous parle aujourd'hui de la Nouvelle-Écosse. J'aimerais commencer par dire que mon lieu de travail ici, à l'Université Dalhousie, et le IWK Health Centre se trouvent sur les terres ancestrales et non cédées des Micmacs.
Je vous remercie de votre invitation à témoigner devant le Comité permanent de la santé de la Chambre des communes.
Mesdames et messieurs les députés, je vous remercie également de servir notre pays.
Je suis pédiatre, spécialisée dans les maladies infectieuses. Je suis également chercheuse en vaccins et épidémiologiste clinique. J'ai eu l'honneur de travailler pendant plusieurs décennies avec des collègues de la santé publique sur le contrôle des maladies transmissibles et les vaccins pour prévenir et limiter la propagation des maladies infectieuses. Parmi les défis sur lesquels nous avons travaillé ensemble, citons l'épidémie de SRAS de 2003, diverses épidémies locales et régionales et la dernière pandémie de grippe en 2009. La pandémie actuelle, qui a affecté le bien-être physique, mental, social et économique de l'humanité dans le monde entier, a été sans précédent.
Nous avons tous été réconfortés par la rapidité avec laquelle la science et des êtres humains dévoués et infatigables ont mis au point des vaccins sûrs et très efficaces contre la COVID-19. Ces progrès dans le développement des vaccins sont également sans précédent, mais le travail n'est pas terminé. D'importantes tâches nous attendent cette année et, à mon avis, probablement pendant quelques années.
Nous ne devons pas nous habituer à cette souffrance, qui a touché tout le monde, y compris les enfants. L'heure est venue de se fixer des objectifs ambitieux et de faire preuve de solidarité. Les mots et les actes comptent. Nous devons soutenir nos professionnels de la santé dans leur prise en charge des malades. Nous devons soutenir nos travailleurs de la santé publique dans la mise en œuvre de ce qui est le plus grand déploiement de vaccins de l'histoire de notre pays. Nous devons poursuivre les mesures de santé publique et les soutenir jusqu'à ce que nous comprenions l'histoire naturelle de ce virus.
Il reste beaucoup de recherches en sciences fondamentales et cliniques à faire, et nous devons continuer à nous efforcer de collaborer au-delà des barrières artificielles qui existent actuellement pour travailler ensemble. Tout en protégeant les personnes à l'intérieur de nos frontières, nous devons continuer à penser à la protection des autres peuples de la terre, des habitants des pays à faibles et moyens revenus, et à la manière dont nous pouvons les servir.
J'aimerais faire quelques observations finales sur le rôle des vaccins dans le maintien d'une société saine. La vaccination a été citée comme l'une des 10 plus grandes réalisations du siècle dernier en matière de santé publique. Lorsqu'il n'y a pas de pandémie, je dirais que les vaccins ne reçoivent pas toujours l'attention qu'ils méritent. À l'heure actuelle, les enfants canadiens sont protégés contre 16 infections différentes. La vaccination peut prévenir la coqueluche, la mort, l'invalidité et des maladies graves. Les adultes aussi disposent d'un calendrier de vaccination qui peut prévenir la grippe, le zona, la pneumonie et d'autres infections aux effets dévastateurs. La vaccination est un système solide et dynamique, mais quelque peu fragile.
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Merci, monsieur le président, et honorables membres du Comité. C'est un honneur de pouvoir prendre la parole devant vous.
D'abord et avant tout, je tiens à préciser que je vous parle actuellement depuis ce que je considère être le territoire ancestral non cédé du peuple haudenosaunee où se trouve ma résidence familiale.
Je suis professeur de médecine à l'Université de Toronto et consultant spécialisé en maladies infectieuses pour les réseaux Sinai Health et University Health Network. Avant la pandémie actuelle, la plus grande partie de mon travail universitaire était axé sur la résistance aux antimicrobiens, c'est-à-dire que je m'intéressais aux infections pharmacorésistantes. J'ai d'ailleurs travaillé pour le compte de l'Agence de la santé publique du Canada, en collaboration avec Gerry Wright, pour établir un réseau pancanadien de lutte contre les infections résistant aux antimicrobiens.
C'est ma troisième comparution en quatre ans devant le Comité permanent de la santé pour parler des maladies infectieuses. Je me sens vraiment privilégié d'avoir été invité de nouveau. Je veux vous rappeler — comme je vois de nombreux nouveaux visages, et je ne reconnais que M. Davies — que la plupart des mesures que j'ai exhorté votre comité à prendre par le passé n'ont jamais été mises en œuvre.
Bien que cela était manifeste au début de la pandémie lorsque le virus a pu être isolé une première fois, il vaut la peine de rappeler à tous que la COVID-19 n'est qu'une infection pharmacorésistante parmi bien d'autres. Chaque année, de nombreuses infections semblables affectent les Canadiens. Nous estimons malheureusement à quelque 22 000 le nombre de personnes qui sont mortes de la COVID-19 au cours des 12 derniers mois parmi toutes celles qui ont contracté la maladie. Nous déplorons annuellement environ le quart de ce nombre de décès des suites d'infections pharmacorésistantes à un coût de 1,4 milliard de dollars pour le système de santé canadien en plus d'une diminution d'environ 2 milliards de dollars de notre PIB. Nous prévoyons que ces chiffres atteindront d'ici 2050 environ 7,6 milliards de dollars pour les coûts en santé et 21 milliards pour le PIB.
Environ une année s'est écoulée depuis le début de cette pandémie, et on peut dire que les pertes de vie qui vont continuer de s'accumuler partout dans le monde, y compris au Canada, seront attribuables à une combinaison de deux facteurs. Il y a d'abord une vaccination insuffisante, surtout en raison d'un approvisionnement limité, mais il y a aussi l'inefficacité des traitements antimicrobiens utilisés. Je tiens à souligner, comme la Dre Langley l'a fait avant moi, que nous sommes des citoyens du monde et que nous ne devrions pas perdre de vue que ces deux problèmes se font ressentir partout sur la planète.
Nous devons investir dans la prévention, la surveillance, le diagnostic et le traitement des maladies infectieuses. Je vais peut-être modérer mes propos, question de gagner du temps, mais je veux tout de même souligner que nos systèmes de surveillance en particulier demeurent si médiocres qu'il nous a fallu mobiliser un ensemble disparate de ressources de séquençage génomique pour obtenir des données de surveillance que des pays comme le Danemark, qui a le dixième de la population du Canada, et le Royaume-Uni, qui en a à peu près le double, peuvent fournir directement à leurs citoyens. Nous n'avons pas en outre la capacité de concevoir des médicaments antimicrobiens, et nous ne pouvons pas produire de vaccins pour nos propres citoyens.
Nous ne sommes pas parvenus à mettre en place une stratégie coordonnée de lutte contre les maladies infectieuses, et j'aimerais vous parler un moment de pharmacothérapie. Je veux d'abord souligner qu'il existe deux traitements scientifiquement éprouvés pour la COVID-19 qui ont permis sans l'ombre d'un doute de sauver la vie de patients hospitalisés. Il s'agit de la dexaméthasone, un médicament de la série des corticoïdes, et du tocilizumab, un anticorps monoclonal qui bloque une composante du système immunitaire. Ce sont deux agents d'importance vitale ayant des effets comparables et additifs.
À l'heure actuelle, nous disposons partout au pays d'un approvisionnement suffisant en dexaméthasone. C'est un médicament générique qui est peu coûteux. En revanche, nous n'avons pas assez de tocilizumab pour répondre aux besoins des Canadiens. Bien que je sois conscient des efforts déployés par le gouvernement fédéral et les provinces pour nous assurer un approvisionnement suffisant, les autorités provinciales sont hésitantes à utiliser le tocilizumab pour les patients dont l'état de santé l'exigerait en raison de l'incertitude qui plane quant à l'approvisionnement. Il est pourtant incontestable que ce médicament sauve des vies.
Je voudrais en terminant établir une comparaison entre la situation de ces deux médicaments et celle du remdesivir et du bamlanivimab. Comme vous pouvez le constater, dans mon rôle de spécialiste des maladies infectieuses, j'ai appris à bien prononcer les noms de ces organismes et médicaments qui causent bien des difficultés au reste de l'humanité.
Le remdesivir est un médicament antiviral dont l'efficacité demeure incertaine à mes yeux comme aux yeux de bien d'autres, y compris l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Le bamlanivimab est un anticorps monoclonal qui cible le virus lui-même. L'Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé a jugé que ce médicament n'était pas utilisable dans la pratique et qu'il n'avait pas de valeur clinique.
Par l'entremise de Santé Canada, le gouvernement fédéral a acheté du remdesivir à un coût qui n'a pas été rendu public, mais que j'estimerais à 75 millions de dollars. Le gouvernement a aussi acheté du bamlanivimab à un coût que j'évaluerais à 32 millions de dollars. On a ainsi dépensé quelque 100 millions de dollars pour l'acquisition de médicaments qui sont en fait inutiles alors même que l'on doit composer avec une pénurie pour deux traitements déjà existants qui permettent de sauver des vies.
Il convient de former de toute urgence un comité pancanadien d'experts nationaux possédant l'expérience des guides de pratique clinique et une expertise pertinente à la COVID-19, suivant le modèle du Comité consultatif national de l'immunisation (CCNI), pour permettre la mise en commun des connaissances et des données et la formulation de recommandations adaptées à la situation.
Je peux comprendre qu'il soit difficile pour notre gouvernement fédéral de convaincre les provinces et les territoires de coordonner leurs efforts pour tendre vers le même objectif. De toute évidence, le gouvernement n'y est pas vraiment parvenu. C'est ce qui nous a incités, plusieurs collègues responsables d'établir les orientations à suivre à l'échelle provinciale et moi-même, à nous mobiliser. Le besoin est trop urgent à combler et l'enjeu est trop important aux yeux des Canadiens pour que nous continuions de laisser ainsi notre sort entre les mains des différents ordres de gouvernement.
Dans ce contexte, il serait bon que le Comité et le gouvernement fédéral puissent déterminer les moyens à mettre en oeuvre pour appuyer le travail de notre groupe d'experts nationaux dans l'immédiat de même qu'à plus long terme avec la création d'un comité semblable pour toutes les maladies infectieuses. Comme je l'indiquais au départ, les infections pharmacorésistantes ne sont pas près de disparaître, et nous devons envisager leur traitement dans une perspective pancanadienne fondée sur des données probantes en misant sur l'expertise de tous les intéressés dans les différentes régions du pays.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président, et je suis désolé d'avoir dû m'absenter temporairement. Nous avions une urgence technique à régler ici, ce qui m'a fait rater l'allocution des deux premiers témoins.
Je tiens à vous remercier, monsieur le président, ainsi que les membres du Comité, d'avoir invité l'Association des infirmières et infirmiers du Canada (AIIC) à témoigner devant vous aujourd'hui. Je m'appelle Mike Villeneuve et je suis directeur général de l'AIIC. Je suis heureux d'être accompagné aujourd'hui de ma collègue Aden Hamza, notre responsable de l'élaboration des politiques.
Comme vous le savez tous, l'arrivée des premières doses du vaccin au Canada a marqué un jalon très attendu dans la lutte contre la COVID-19. Le début des programmes d'immunisation partout au pays a donné au personnel infirmier et à la population canadienne l'espoir que cette crise mondiale sans précédent puisse être maîtrisée. Jamais auparavant, les scientifiques de toute la planète ne s'étaient coalisés de la sorte pour lutter contre une menace pesant sur l'humanité toute entière. Partout dans le monde, des scientifiques ont déployé de nouvelles techniques, partagé ouvertement leurs conclusions et travaillé sans relâche avec les gouvernements et les organismes de réglementation, tout en s'assurant de préserver la sécurité.
Dans deux semaines, nous soulignerons le premier anniversaire de l'annonce de la pandémie de COVID-19 par l'OMS. Depuis lors, ce sont les travailleurs de la santé et les populations vulnérables qui souffrent le plus de cette pandémie. Comme cela est essentiel pour éliminer le virus paralysant notre société, l'Association des infirmières et infirmiers du Canada recommande fortement à toute la population canadienne de se faire vacciner dès que ce sera possible. Nous estimons de plus que l'efficacité du déploiement d'un programme de vaccination de masse contre la COVID-19 doit passer par la clarté des lignes directrices émises et par l'efficacité du personnel en soins infirmiers et en santé.
Le personnel infirmier joue un rôle essentiel dans l'administration des vaccins contre la COVID-19 partout au Canada. C'est d'ailleurs une infirmière du Royaume-Uni qui a administré à une patiente la première dose de vaccin contre la COVID-19. En tant que membres du personnel infirmier, nous avons toujours été en première ligne des programmes de vaccination. Une grande partie de l'administration des vaccins est assurée par des infirmiers et des infirmières, lesquels ont toujours été d'ardents défenseurs de la science. On a pu le constater au Canada alors que de nombreux infirmiers et infirmières ont été les premiers à relever leurs manches pour se faire vacciner en décembre.
Le personnel infirmier, qui constitue le groupe de professionnels de la santé le plus nombreux au Canada, joue un rôle essentiel non seulement dans l'administration des vaccins, mais aussi dans l'éducation du public et dans le renforcement de la confiance envers les vaccins. Dans l'exercice de ses fonctions, le personnel infirmier est appelé à fournir aux patients des informations fondées sur des données probantes qui sont exactes, à jour et dénuées de tout jugement. L'AIIC est engagée dans ce processus depuis le début et joue un rôle clé dans la promotion de l'acceptation des vaccins et dans le soutien au personnel infirmier au moyen de messages clairs et cohérents et de ressources fiables.
Je terminerai, monsieur le président, en disant que notre association demeure extrêmement préoccupée par les sérieux problèmes que nous avons connus pendant la pandémie. Les établissements de soins de longue durée continuent d'être les plus touchés et, malgré les leçons tirées de la première vague de la pandémie, la deuxième vague a révélé les vulnérabilités persistantes dans ces établissements, ce qui a entraîné de nouvelles éclosions et de nombreux décès de personnes âgées.
Nous sommes aussi extrêmement préoccupés par la santé mentale et l'épuisement professionnel du personnel infirmier et de tous les travailleurs de la santé au Canada. La détérioration de la santé mentale du personnel infirmier pourrait avoir des effets à long terme sur les infirmiers et les infirmières individuellement de même que sur notre système de santé, notamment avec l'amplification des pénuries de personnel infirmier, un problème critique dans certaines régions du Canada. L'an dernier, nous avons sondé nos membres et nous avons constaté que leur santé mentale s'était détériorée considérablement tout au long de l'année, plus de la moitié d'entre eux ayant déclaré que leur santé mentale était passable ou moins que passable.
Les gouvernements doivent agir rapidement pour s'attaquer à ces problèmes. Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux doivent demeurer vigilants et continuer d'écouter les avis d'expert des infirmiers et infirmières et des professionnels de la santé au Canada.
Merci, monsieur le président. Mme Hamza et moi-même ferons de notre mieux pour répondre à toutes vos questions.
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Bonjour à tous et merci au Comité de m'avoir invité de nouveau à comparaître cet après-midi.
Je ne suis pas le premier à vous dire que c'est une pandémie planétaire qui exige que l'on se montre solidaires et que des gestes soient posés à l'échelle de la planète. En plus de protéger les Canadiens, notre gouvernement doit absolument participer aux efforts déployés pour offrir une solution qui pourra vraiment s'appliquer partout dans le monde. Les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) ont été témoins de la gravité de la seconde vague de la pandémie dans bon nombre des endroits oùelles travaillent. Dans des pays comme le Mozambique, le Malawi et le Zimbabwe, le régime de santé arrive difficilement à composer avec l'afflux soudain de nouveaux patients. Plusieurs pays africains ont enregistré un plus grand nombre de cas de COVID-19 pendant le mois de janvier 2021 que pendant toute l'année 2020, et les impacts indirects de la pandémie, et plus particulièrement la perturbation de services de santé essentiels, ont entraîné un plus grand nombre de décès que la COVID elle-même.
Voici le message principal que je souhaite vous transmettre aujourd'hui. Notre priorité absolue dans l'immédiat doit être de veiller à ce que les travailleurs de la santé et les personnes les plus à risque dans les pays à revenu faible ou intermédiaire profitent de toute urgence d'un accès équitable aux vaccins pour la COVID-19 les plus efficaces et les mieux adaptés à leur situation. Si nous ne parvenons pas à rendre le vaccin accessible partout dans le monde, nous risquons de nous retrouver avec de nouvelles pandémies dues à des variants de la COVID-19 résistant aux vaccins. Sans une distribution équitable de ces vaccins, c'est la santé publique qui va en souffrir partout sur la planète. C'est aussi simple que cela. Ce serait une véritable catastrophe du point de vue moral, sans compter les risques considérables pour la santé publique de toutes les populations, y compris celles du Canada.
Il y a des milliards de personnes dans le monde qui dépendent presque exclusivement du mécanisme Covax pour avoir accès à des vaccins, et ce n'est pourtant que mercredi de cette semaine que les premières doses en provenance du Covax sont arrivées dans le premier pays à en bénéficier. C'est parce que le Covax lui-même arrive difficilement à obtenir des doses assez rapidement, une situation en grande partie attribuable au fait que les stocks disponibles sont monopolisés jusqu'à maintenant par les pays les mieux nantis.
Je tiens à souligner que la création même du Covax fait suite à la déficience du mode de fonctionnement adopté pour concevoir, fabriquer et livrer de nouveaux médicaments et de nouveaux vaccins dans l'ensemble de la planète. On cherche seulement à maximiser les profits. L'industrie pharmaceutique n'est pas structurée de manière à pouvoir réagir rapidement à l'émergence de pathogènes pouvant être à l'origine d'une pandémie. Elle n'est pas conçue de façon à pouvoir accélérer la mise au point de nouvelles technologies sanitaires pour répondre à la demande mondiale. De plus, comme nous pouvons le constater aujourd'hui et comme c'est le cas depuis des décennies, elle ne permet pas d'assurer un accès équitable aux nouveaux médicaments et aux nouveaux vaccins, au détriment surtout des populations des pays les plus pauvres.
Nous devons changer la façon dont les médicaments et les vaccins sont mis au point dans le monde afin d'accorder la priorité à la conception des outils nécessaires pour réagir en cas de menace pour la santé publique, tout en nous assurant de les rendre facilement accessibles. Il y a de vastes pans du secteur médical qui ne se prêtent carrément pas à une mise en marché. Ils sont voués à l'échec du point de vue commercial. De toute évidence, c'est le cas de la COVID-19. Il y a un an et demi, il n'y avait aucun intérêt commercial pour des vaccins contre les coronavirus. Il en va de même de l'Ebola et des infections pharmacorésistantes. Alors que le Canada s'apprête à envisager la biofabrication de médicaments et de vaccins, il est essentiel que le débat ne porte pas uniquement sur les moyens à prendre pour inciter des entreprises privées à construire des usines dans notre pays. Les échanges doivent plutôt avoir comme objectif de transformer notre vision de la manière dont les médicaments et les vaccins sont découverts, mis au point, fabriqués et livrés.
Votre comité s'est d'ailleurs penché sur cet enjeu en 2018 dans le cadre de son étude sur la recherche en santé subventionnée par le fédéral. Aucune des recommandations formulées par le Comité dans son rapport n'a été mise en oeuvre, même si elles auraient pu permettre d'éviter certains effets de la crise actuelle en exigeant des prix équitables, une plus grande transparence, une mise en commun des technologies et un accès planétaire aux médicaments et aux vaccins conçus grâce au financement public canadien.
Lorsque le Canada investit dans la conception d'un vaccin ou d'un médicament, il serait logique qu'il veille à ce que le produit final soit disponible à un prix équitable partout sur la planète, y compris au Canada, mais ce n'est pas ce qui arrive. Nous savons que c'est une situation qui préoccupe les Canadiens, car plus de 90 000 d'entre eux ont signé la pétition de Médecins Sans Frontières demandant au gouvernement fédéral d'assortir son financement de conditions de telle sorte que les médicaments et les vaccins dont nous finançons la conception soient accessibles à un coût abordable à tous ceux qui en ont besoin.
Nous avons trois recommandations à adresser au Comité aujourd'hui. Premièrement, le Canada doit établir un calendrier pour indiquer à quel moment une proportion de ses doses de vaccins pour la COVID-19 sera rendue disponible pour l'immunisation des travailleurs de la santé et des autres personnes à risque dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Le Canada a déjà indiqué à quel moment il prévoyait se retrouver avec un surplus de doses, si bien qu'il devrait préciser également quand il compte partager ce surplus. C'est une demande que votre comité devrait faire.
Deuxièmement, il convient d'exercer des pressions pour que l'on donne suite à l'étude de 2018 sur la recherche en santé subventionnée par le fédéral et la science ouverte qui recommandait que le Canada rende conditionnel le financement consenti pour la mise au point de nouveaux médicaments et vaccins en exigeant que ces produits soient rendus accessibles partout dans le monde à un prix abordable.
Troisièmement, nous demandons que le directeur parlementaire du budget examine tout médicament et vaccin découverts et mis au point grâce à des fonds publics canadiens afin de comprendre si un modèle de production différent nous donnerait des options plus abordables et accessibles pour certains produits comme le vaccin contre l'Ebola, le rVSV-ZEBOV. Ce vaccin a été développé avec des fonds publics canadiens et coûte actuellement 98,60 $ la dose, ce qui en fait sans aucun doute le vaccin le plus cher utilisé en santé mondiale.
Comme toujours, je serai ravi de discuter de tout plus en détail. Merci encore de m'accueillir à nouveau.
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Je pense que la grande nouvelle pour tous les Canadiens, aujourd'hui, par rapport aux vaccins, est l'approbation du vaccin d'AstraZeneca. Apparemment, nous avons commandé 20 millions de doses.
À voir les chiffres, je ne sais trop quoi en penser. Je souligne que Santé Canada a indiqué que certains pays n'ont pas autorisé son utilisation chez les personnes de plus de 65 ans. Selon les autorités de réglementation de Santé Canada, les données sont insuffisantes pour en estimer l'efficacité chez ce groupe d'âge. Il semble y avoir une mise en garde quant à son utilisation chez les personnes de plus de 65 ans.
Son efficacité semble remise en question. Les premiers essais montraient un taux général de 62 %, je pense, mais lorsqu'on utilisait une demi-dose à la première inoculation, cela montait jusqu'à 90 %. Je constate que Santé Canada fait maintenant état d'un taux de 62 %, tandis que l'OMS évoque un taux de 63 % après 8 à 12 semaines. Toutefois, un certain nombre d'études font état de taux d'efficacité de 76 % à 82 % après 8 à 12 semaines, avec une seule dose. C'est plutôt déroutant.
L'Écosse, où plus d'un million de personnes ont été vaccinées, a le taux le plus élevé et l'étude la plus intéressante, dont on ne parle pas beaucoup. Ce sont les données les plus probantes, à mon avis. Plus de 400 000 personnes ont reçu le vaccin d'AstraZeneca. On rapporte une baisse de 94 % des hospitalisations chez les personnes ayant reçu ce vaccin. Les hospitalisations sont étonnamment inférieures comparativement aux personnes qui ont reçu le vaccin de Pfizer. En outre, ces données sur la prévention des hospitalisations pour le vaccin d'AstraZeneca concernent principalement les personnes âgées de plus de 80 ans.
Je demanderais d'abord à la Dre Langley et au Dr Scott-Douglas, du groupe de travail, de parler du vaccin de Pfizer ou de celui d'AstraZeneca, en particulier de son utilisation chez les personnes âgées. Comment cela s'inscrira-t-il dans notre approche si nous ne l'utilisons pas pour les personnes âgées?
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Je peux commencer, monsieur le président.
Merci beaucoup pour la question et l'excellent résumé des données jusqu'à maintenant.
Je pense que vous avez mis deux ou trois points en évidence, et je vais les aborder brièvement. Premièrement, chaque essai montre un taux d'efficacité légèrement différent. Lorsque vous comparez un essai dont le résultat est un test PCR positif avec un symptôme à un essai comme celui d'AstraZeneca, dont le résultat est une maladie grave ou une sorte de maladie clinique importante, cela revient à comparer des pommes à des oranges. Donc, dans tous ces essais, nous devons être très conscients de ce que nous comparons. En outre, aucun d'entre eux n'a fait l'objet d'un essai comparatif.
Deuxièmement, nous voyons maintenant les données de la quatrième phase de la recherche clinique, soit l'autorisation post-commercialisation. Cette étape très importante de l'apprentissage sur les vaccins nous permet d'en connaître l'efficacité et l'efficience dans le contexte d'une véritable campagne de vaccination. Donc, nous devons continuer à observer la situation. Je pense que nous avons une confiance totale à l'égard de l'examen réalisé par Santé Canada dans ce dossier et qu'il s'agit d'un vaccin sûr et efficace qui est un élément important de notre arsenal thérapeutique pour lutter contre cette pandémie sur le terrain.
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Je ne sais pas exactement quelle est la question, mais je peux faire un commentaire à ce sujet.
Je dirais que jusqu'à maintenant, les données que nous avons à partir des essais sont nettement limitées. Le nombre de critères d’effet est assez faible.
Le bamlanivimab présente deux véritables défis. L'un d'entre eux consiste à identifier les sujets chez qui il sera bénéfique, ce qui est difficile à faire au début. Pour éviter une seule hospitalisation, il faut administrer le médicament à une centaine de personnes.
Plus important encore, comme ce médicament doit être administré par voie intraveineuse, la durée du traitement est de deux heures, soit une heure pour l'administration et une heure d'observation. Cela devrait être fait au début chez les personnes les plus contagieuses, précisément au moment où la contagion serait la plus forte. En outre, il faut qu'elles aient eu un test positif pour que nous puissions les identifier. Normalement, dans la plupart des centres du pays, une personne passe un test, puis reçoit son résultat deux ou trois jours plus tard. Il faudrait alors faire revenir la personne, alors que les avantages potentiels du début seraient en grande partie perdus. Pour toutes ces raisons, les difficultés d'application et le manque d'information, ce médicament n'est pas très prometteur pour le moment, d'après ce que nous savons.
Je tiens à souligner un autre constat des essais BLAZE: lorsque le bamlanivimab est utilisé en monothérapie, donc utilisé seul, il s'échappe des mutants, c'est-à-dire des variants qui, dans une certaine mesure, résistent au système immunitaire. Nous préconisons, comme l'indiquent les données probantes, une thérapie combinée. Nous n'avons pas de deuxième médicament, et cela accroît évidemment la complexité et les coûts.
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Je pense que ce que vous voulez dire, c'est qu'il s'agit d'une urgence de santé publique mondiale et que ce qui se passe dans un pays a une incidence sur tous les autres. Si elles sont appliquées de manière inéquitable ou dans un seul pays, les mesures de contrôle de la maladie et les interventions de santé publique ne réussiront tout simplement pas à mettre fin à la pandémie. Nous vivons dans un monde interconnecté; la maladie ne connaît pas de frontières.
Concernant les vaccins et l'accès aux vaccins, je pense qu'il est tout à fait évident, comme nous l'avons constaté ces trois derniers mois après l'approbation des vaccins, c'est que la grande majorité des doses de vaccin — presque la totalité — a été administrée dans des pays à revenu élevé. Comme je l'ai dit, certains pays ont reçu leurs premières doses de vaccin contre la COVID-19 seulement cette semaine, par l'intermédiaire du mécanisme COVAX, principalement parce que les pays à revenu élevé ont, jusqu'à présent, grandement monopolisé l'approvisionnement en vaccins. Le problème auquel nous sommes confrontés, c'est que les besoins sont élevés, la demande est forte et l'offre est extrêmement limitée jusqu'à maintenant.
Concernant l'initiative COVAX en soi, je veux qu’il soit très clair que je pense que la participation du Canada à cette initiative en tant que pays acheteur était appropriée d'entrée de jeu. L'objectif était la mise en place d'un mécanisme d'approvisionnement mondial fondé sur des principes d'accès équitable afin d'accorder la priorité, à l'échelle mondiale, aux travailleurs de la santé à haut risque et aux autres personnes vulnérables. Voilà l'entente. Il s'agit de vacciner d'urgence les personnes les plus à risque dans tous les pays du monde. Je pense qu'il était approprié que les pays acheteurs participent à cette initiative, pour démontrer qu'il ne s'agissait pas seulement d'une fonction caritative, mais aussi de créer un mécanisme permettant de changer les modes d'acquisition et de distribution des vaccins.
Par contre, je pense qu'il n'était pas approprié, par la suite, de signer des accords bilatéraux pour un grand nombre de doses de vaccins, comme l'ont fait le Canada et d'autres pays à revenu élevé, puis de puiser dans le mécanisme COVAX tout en monopolisant en réalité l'approvisionnement mondial. La solution, dans ce cas, c'est que le Canada ne participe pas à ce premier tour, parce que nous avons besoin que ces doses de l'initiative COVAX soient données aux pays qui dépendent entièrement de ce mécanisme pour leur approvisionnement et qui n'ont pas d'accords bilatéraux comme le Canada et d'autres pays.
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Nous reprenons les travaux.
Je suis heureux de vous revoir.
Nous reprenons la séance 21 du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes.
Le Comité se réunit aujourd'hui pour étudier la situation d’urgence à laquelle les Canadiens font face avec la deuxième vague de la pandémie de la COVID-19.
J'aimerais présenter les témoins.
Nous recevons premièrement la Dre Cécile Tremblay, qui est professeure titulaire à l'Université de Montréal, et qui comparaît devant nous à titre personnel. Nous recevons également le Dr Alan Drummond et le Dr Atul Kapur, tous deux coprésidents du Comité des relations publiques de l'Association canadienne des médecins d'urgence. Nous recevons enfin les représentants de l'Agence de la santé publique du Canada: le président, M. Iain Stewart, et le vice-président, Logistique et Opérations de la Force Opérationnelle sur le déploiement des vaccins, le major-général Dany Fortin.
Nous allons maintenant entendre vos déclarations préliminaires. Je vous rappelle que j'utiliserai le carton jaune lorsqu'il restera environ une minute à votre temps de parole — si je ne l'oublie pas—,et le carton rouge lorsqu'il ne vous restera plus de temps.
Nous allons d'abord entendre la Dre Tremblay.
[Français]
Docteure Tremblay, vous avez la parole pour six minutes.
Je suis Cécile Tremblay. Je suis spécialiste des maladies infectieuses et microbiologiste médicale au Centre hospitalier de l'Université de Montréal. Je suis titulaire de la chaire Pfizer de recherche translationnelle sur le VIH de l'Université de Montréal.
Je travaille depuis des décennies à l'étude des corrélats de protection qui pourraient être utilisés pour la conception de vaccins contre le VIH. Cet objectif nous a longtemps échappé pour le VIH, et c'est pourquoi nous avons été ravis de voir la conception de vaccins à efficacité virale contre la COVID-19 en si peu de temps.
Plusieurs défis subsistent. Les vaccins n'arrêtent pas les pandémies; c'est la vaccination qui les arrête. Trois facteurs détermineront si l'immunité collective peut être atteinte au Canada par la vaccination.
Le premier est la disponibilité de l'approvisionnement en vaccins. Les chercheurs canadiens travaillent d'arrache-pied à la mise au point de nouveaux vaccins. Ces travaux ont été soutenus par le gouvernement canadien par l'entremise des IRSC et d'autres mécanismes de financement. Toutefois, le calendrier de conception d'un nouveau vaccin susceptible d'être soumis à des essais cliniques au Canada ne permettra probablement pas d'obtenir des produits disponibles en 2021.
Je parle des vaccins conçus au Canada. Ces efforts de recherche doivent cependant continuer à être soutenus, car ils pourraient devenir utiles si la pandémie persiste ou si des variantes rendent nos vaccins actuels obsolètes.
Pour l'instant, nous devons nous appuyer sur les vaccins existants, qui sont en pénurie non seulement au Canada, mais dans le monde entier. En raison de l'insuffisance de notre infrastructure pour fabriquer des vaccins au Canada, nous avons dû recourir à l'importation de vaccins produits ailleurs, avec tous les retards que cela entraîne.
Les leçons tirées des précédentes pandémies avaient mis en évidence la nécessité de produire des vaccins au Canada comme étant une priorité, dans le cadre d'un plan de préparation à la pandémie. Malheureusement, peu de mesures ont été prises, et bien que certaines entreprises fabriquent des vaccins au Canada, comme Sanofi Pasteur à Toronto et GSK à Québec, la capacité de production à grande échelle est limitée.
La récente initiative du gouvernement fédéral visant à construire une usine de fabrication de vaccins dans le district de Royalmount à Montréal est louable. D'autres installations associées à des centres de recherche sont également en train d'être construites, comme celle de Saskatoon.
Toutefois, si nous voulons mettre en place une infrastructure durable pour le développement et la production de vaccins au Canada, nous devons également soutenir la présence de diverses industries pharmaceutiques, des biotechnologies locales comme Medicago à Québec, aux grandes sociétés pharmaceutiques. Cela permettra de maintenir l'expertise scientifique au Canada et d'éviter l'exode des cerveaux de nos jeunes chercheurs vers les États-Unis.
Cela signifie qu'il faut inverser une tendance malheureuse de la dernière décennie. En 2007, AstraZeneca et Bristol Myers Squibb ont cessé leurs activités de fabrication. En 2010, le centre de recherche de Johnson & Johnson et Merck à Montréal ont fermé leurs portes. Plusieurs autres entreprises comme Pfizer, Abbott et d'autres installations de recherches établis au Québec ont déménagé à l'étranger.
Si nous voulons être sûrs de disposer de réserves suffisantes de vaccins pour la prochaine pandémie, nous devons disposer d'une infrastructure qui comprend à la fois une capacité de fabrication administrée par le gouvernement et une forte présence de l'industrie pharmaceutique.
Le deuxième facteur pour obtenir une immunité collectivité est la capacité de mettre en place des programmes de vaccination de masse accessibles à l'ensemble de la population. D'après ce que nous pouvons observer au Québec, cela semble être assez bien organisé.
Le troisième facteur est l'hésitation à se faire vacciner. Ce facteur n'est pas propre à la COVID-19. La désinformation sur les vaccins circule depuis des décennies et s'est accélérée ces dernières années sur les médias sociaux. La COVID-19 a intensifié les théories de conspiration, qui ont suscité la peur chez une proportion importante de la population.
Pour obtenir une immunité collective, on estime que 75 à 85 % de la population doit être vaccinée. Pour l'instant, un bon pourcentage de la population attend avec impatience son vaccin. Ce sont les cibles faciles. Le défi consistera à atteindre ceux qui hésitent et qui ne sont pas nécessairement contre la vaccination, mais qui ont besoin d'obtenir des réponses à leurs questions.
Pour l'instant, je ne sais pas trop quel est le plan de communication. Les personnes qui hésitent à se faire vacciner sont réparties dans toute la société, dans tous les groupes d'âge et dans toutes les couches socioéconomiques. Des stratégies de communication précises doivent être élaborées pour répondre à leurs diverses préoccupations.
Enfin, les essais cliniques de phase 3 des vaccins excluent généralement certaines populations, telles que les personnes immunodéprimées et séropositives, les patients ayant subi une transplantation, les patients atteints de cancer qui reçoivent des traitements immunosuppresseurs et les femmes enceintes ou allaitantes. Nous savons cependant que ces populations pourraient bénéficier des vaccins, mais nous sommes toujours dans la zone grise, car les données n'ont pas été colligées. Il se pourrait, en raison de leur immunosuppression, que leur réponse immunitaire ne soit pas aussi forte ou efficace. Nous pourrions avoir besoin d'utiliser une stratégie différente, comme l'ajout de doses de rappel.
Les chercheurs lancent habituellement des projets de recherche, comme moi, pour tester des vaccins dans ces populations. Ils font des demandes de subventions et, s'ils ont de la chance, ils obtiennent des fonds. Il y a toujours un problème d'accès au produit que nous voulons tester pour mener ces essais cliniques.
Avec la phase 4, c'est particulièrement vrai lorsque l'offre est limitée, comme c'est le cas actuellement, de sorte que la mise à l'essai de nouveaux vaccins dans ces diverses populations ne doit pas être laissée aux initiatives individuelles. Ces projets devraient être mandatés par le gouvernement, et des ressources ainsi que des vaccins devraient être automatiquement disponibles pour mener ces essais à la phase 4 une fois que les vaccins sont approuvés.
Au milieu de cette pandémie dévastatrice, les vaccins sont la lumière qui brille à l'horizon. Tirons des leçons des pandémies précédentes et construisons une infrastructure durable qui englobe la recherche et le développement ainsi que la fabrication et la distribution afin d'être prêts pour la prochaine fois.
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Je suis désolé. Je croyais que le Dr Drummond allait commencer.
Merci de nous donner l'occasion de comparaître. Nous prévoyons utiliser le temps dont nous disposons pour nous concentrer sur la question pressante de la vaccination et sur la nécessité de collaborer avec les travailleurs de première ligne et leurs associations. Il y a d'autres points que nous mentionnerons plus tard.
Tout d'abord, nous souhaitons réitérer notre appel à une plus grande transparence en ce qui concerne l'établissement des priorités d'immunisation, l'administration des vaccins contre la COVID-19 et les plans de vaccination à venir. Malheureusement, il subsiste une certaine confusion, un manque de transparence et des messages contradictoires concernant l'établissement des priorités. Il faut que les efforts soient coordonnés de façon centralisée à l'échelon fédéral et que les messages soient clairs, cohérents et transparents.
Pourquoi revendiquons-nous cela? C'est en raison du fait que les personnes travaillant dans les services d'urgence canadiens n'ont pas encore toutes été vaccinées ou complètement vaccinées, ce qui illustre bien l'ampleur de la situation. La situation des personnes qui travaillent dans de petites collectivités rurales ou isolées est particulièrement préoccupante. Nous attirons l'attention sur les travailleurs de la santé, vu l'état précaire du système de santé et sa dépendance envers ses travailleurs surmenés. En clair, si les travailleurs de la santé sont incapables de travailler en raison d'une infection à la COVID-19, le système ne pourra plus prendre soin de la population. Comme je l'ai dit, mais il faut insister là-dessus, le plus troublant est le fait que la vaccination du personnel d'urgence a été retardée dans les collectivités rurales et isolées. Comme le bassin de professionnels et de personnel de remplacement y est restreint, lorsque la population de travailleurs de la santé est petite, les travailleurs qui tombent malades ne pourront pas être remplacés. Le risque d'effondrement du système dans les communautés rurales est beaucoup plus élevé. La frustration éprouvée par le personnel de la santé s'ajoute aux conditions de travail qui étaient déjà pénibles avant la pandémie, en raison de la surcharge du système.
La société nous a remerciés, les travailleurs de la santé, à maintes reprises. Nous avons été qualifiés de héros. Or, il n'en reste pas moins que nous sommes des travailleurs qui avons besoin, comme tous les autres, d'un environnement de travail sécuritaire. Au lieu de cela, nous avons trop souvent tenu pour acquis que nous allions simplement accepter les risques accrus, sans qu'ils aient été évalués à la lumière de données probantes et sans que des mesures d'atténuation aient été prises. En fait, pas plus tard que la semaine dernière, un des gouvernements provinciaux n'a pas su reconnaître que le personnel infirmier des services d'urgence constituait un groupe à risque élevé et que ce personnel traitait souvent les patients atteints par la COVID-19 avant même qu'ils aient été déclarés positifs.
Nos membres et nos collègues de première ligne ont pris en charge, et continuent de prendre en charge, les patients les plus malades de nos collectivités. En retour, ils devraient à tout le moins avoir droit à de la transparence, à une bonne communication et au respect d'un cadre éthique régissant l'établissement des priorités et l'administration des vaccins. Nous avons vu de nombreuses erreurs jusqu'à présent. Nous nous réjouissons des améliorations, mais nous voulons l'assurance que ces erreurs ne seront pas amplifiées en cours de route.
Nous voulons également parler des conditions qui ont entravé la réponse à la pandémie de COVID-19 et qui doivent être redressées si nous voulons prévenir une troisième vague pire que la seconde, soutenir la capacité d'intervention du système de santé et corriger les faiblesses avant la prochaine crise sanitaire. Pensez à l'idée d'un système qui soit résilient et capable de réagir. Il faut une capacité à gérer les pics, ce qui disparaît lorsqu'il y a une surcharge chronique. Il faut des effectifs suffisants, ce qui nécessite une planification de la part des ressources humaines en santé. Il faut un approvisionnement adéquat, ce qui nécessite des stocks d'EPI et d'autres fournitures, une capacité de production nationale et une stratégie visant à prévenir la pénurie de médicaments et de fournitures. Il faut un environnement de travail adéquat, ce qui nécessite une conception de l'hôpital. Il faut un leadership et une capacité de prise de décisions adéquats, notamment un système de gestion des incidents et de communications claires.
Au début, nous avons insisté sur le fait de maintenir le système résilient, ce qui nécessite du personnel de vaccination pour que la capacité soit en place. Je vais aborder quelques-uns de ces points plus précisément.
Lorsque nous parlons de capacité d'intervention, nous avons vu que les hôpitaux ont complètement fermé lors de la première vague afin de créer la capacité de traiter les patients prévus pour la COVID-19. Les hôpitaux fonctionnent de manière plus adéquate et appropriée à une capacité de 85 %. Même avant la COVID, la plupart des hôpitaux de ce pays fonctionnaient à 100 % de leur capacité ou plus. Ce n'est pas convenable; ce n'est pas approprié. Ce n'était pas le cas à l'époque. Ce n'est pas le cas à l'heure actuelle, et ça ne le sera pas à l'avenir.
Nous ne pouvons pas revenir à l'ancienne normalité. Cela a intensifié la pression sur les travailleurs des services d'urgence. Nous avons vu et continuons de voir le personnel des services d'urgence quitter le service des urgences pour travailler ailleurs ou quitter la profession. Malheureusement, nous avons également au moins un collègue qui s'est suicidé l'année dernière.
Je vois que mon temps de parole tire à sa fin. Nous avons soumis un mémoire écrit avec plus de détails et nous serons heureux de répondre aux questions du Comité.
Merci.
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Merci, monsieur le président, ainsi qu'aux membres du Comité permanent de la santé, d'avoir invité le major-général Fortin et moi-même à revenir aujourd'hui pour approfondir votre étude sur les vaccins.
Le gouvernement du Canada a adopté une approche pangouvernementale pour la plupart des travaux que nous avons entrepris en réponse à la pandémie. Nous comptons sur la collecte des données scientifiques et des nouvelles preuves, ainsi que sur des conseils d'experts pour éclairer nos décisions, stratégies et recommandations. Nous participons aussi à des communautés de pratique internationales afin de bénéficier des expériences et des nouveautés dans d'autres pays.
Comme vous le savez, nous avons amorcé notre approche progressive de la vaccination des Canadiens. Je suis heureux de dire que nous sommes sur la bonne voie pour terminer la première phase d'ici la fin du mois de mars. Et, comme prévu, nous sommes prêts à passer à la phase deux en avril. Le major général Fortin parlera davantage du « grand déploiement » dont nous avons besoin pour l'influx de doses de vaccin additionnelles.
L'automne dernier, le Groupe de travail sur le déploiement des vaccins a été créé par l'Agence de la santé publique du Canada afin de fournir aux décideurs des conseils en matière de santé publique et de politique stratégique et de superviser la gestion du portefeuille de vaccins. Cela incluait la planification logistique et le suivi des données sur une plateforme sécurisée à mesure que les vaccins sont déployés et distribués dans l'ensemble du Canada, ainsi qu'un leadership et un soutien aux divers forums d'experts en vaccination, y compris le Comité consultatif national de l'immunisation ou le Comité consultatif spécial. Il gère également les programmes de surveillance des vaccins pour des questions telles que la sécurité, l'efficacité et la couverture des vaccins à mesure que nous les administrons.
Afin de remplir son mandat, le groupe de travail travaille en étroite collaboration avec les provinces, les territoires et les dirigeants et les communautés autochtones pour soutenir une approche cohérente de l'immunisation contre la COVID-19 à l'échelle du Canada. Les conseils d'experts et le leadership du groupe de travail seront inestimables, alors que nous avançons vers la deuxième phase.
Tout au long de la pandémie, les pratiques de santé publique et les efforts de tous les Canadiens se sont avérés être le cheval de bataille pour contenir la propagation du virus. Nos efforts nous ont menés jusqu'ici, mais nous devons continuer à porter nos masques, à nous laver les mains et à pratiquer la distanciation physique jusqu'à ce que la campagne d'immunisation soit bien avancée.
Nous devons également compter sur des mesures efficaces à la frontière pour limiter l'introduction et la propagation du virus et de ses variants au Canada. C'est pourquoi, à partir de ce mois-ci, les voyageurs arrivant au Canada devront subir un test moléculaire avant leur arrivée au Canada. Ils sont testés à leur arrivée et au 10e jour de leur quarantaine. Ils devront également présenter un plan de quarantaine qui est approprié et des coordonnées pour que nous puissions assurer un suivi.
Des variants du virus de la COVID-19 préoccupants sont apparus dans des pays du monde entier. Il est prouvé que ces variants se transmettent plus facilement. Il y a un risque qu'ils provoquent une maladie plus grave. Ces variants nécessitent notre attention et nous devons les surveiller. Nous devons en savoir plus sur eux et nous devons utiliser la science pour nous guider.
Pour ce faire, le gouvernement du Canada a annoncé un financement de 53 millions de dollars pour une stratégie intégrée sur les variants préoccupants afin de créer une capacité de séquençage, de recherche et de surveillance pour détecter les variants et éclairer les mesures de santé publique. Ce travail essentiel fournira aux décideurs les dernières données scientifiques sur les variants préoccupants et nous permettra de réagir en conséquence et d'explorer des options, telles que les rappels de vaccins pour contrôler la propagation.
Le Canada a réussi à obtenir un portefeuille diversifié de vaccins pour le Canada, en quantité plus que suffisante, pour vacciner tous les Canadiens qui souhaitent se faire vacciner d'ici la fin de septembre. À cette fin, le Canada a négocié des accords d'achat anticipé avec sept sociétés pharmaceutiques, avec une diversité de technologies vaccinales, y compris deux vaccins à ARNm, qui sont Pfizer et Moderna. Depuis ce matin, comme les annonces vous le révéleront, le vaccin d'AstraZeneca a été autorisé par Santé Canada également.
Plusieurs autres vaccins font actuellement l'objet du processus d'examen accéléré que Santé Canada a élaboré. AstraZeneca contribuera à la campagne d'immunisation qui commencera sous peu. Je crois qu'aujourd'hui, une annonce a été faite à propos de doses précoces initiales, ce qui nous aidera à approuver ces nouveaux vaccins à vecteurs viraux dans le cadre de notre campagne d'immunisation.
L'automne dernier, le CCNI — le Comité consultatif national de l’immunisation — a identifié les populations prioritaires qui seraient vaccinées en premier. En prévision d'une augmentation de l'offre, le CCNI va revoir ses directives concernant les populations prioritaires. Nous allons continuer de nous appuyer sur leurs données probantes et sur leurs conseils pour accomplir notre travail.
Merci beaucoup, monsieur le président.
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Je vous remercie, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité permanent. Je suis ravi de présenter au Comité une mise à jour sur les progrès que nous avons réalisés jusqu’à présent et sur nos plans pour fournir des vaccins à tous les Canadiens d'ici cet automne.
À ce jour, le Centre national des opérations, à l’ASPC, a distribué près de 2,5 millions de doses des deux vaccins approuvés — Pfizer-BioNTech et Moderna —, et 3,5 millions de doses supplémentaires vont nous arriver le mois prochain, ce qui correspond à l’engagement des deux fabricants de nous fournir 6 millions de doses.
Depuis décembre dernier, nous travaillons à un plan qui nous permettra de distribuer les vaccins autorisés de manière sûre et efficace, et le plus rapidement possible, aux provinces et aux territoires. Nous avons opté pour une approche par étapes afin d'établir notre capacité de distribuer les vaccins et d'aider les provinces et les territoires à les administrer. Nous avons effectué une série de simulations et avons mené diverses discussions et répétitions avec les provinces et territoires pour nous assurer de combler toutes les lacunes importantes en matière de capacités, d'identifier et d'atténuer les risques, d'assurer la résilience du plan et de mettre en place des mesures d'urgence pour sécuriser la chaîne d'approvisionnement en vaccins. Cela se poursuit aujourd'hui.
En décembre dernier, dans le cadre de notre démarche de lancement progressif, nous avons commencé, le 14 décembre, par des livraisons anticipées de vaccins autorisés à 14 points d'utilisation désignés dans tout le Canada. Au fil du temps, nous avons augmenté le nombre de sites de distribution. La semaine dernière seulement, ce sont 107 sites de vaccination qui ont été utilisés pour Pfizer et 83 pour Moderna.
De plus, j'ai personnellement tenu de nombreuses réunions bilatérales avec mes homologues responsables du déploiement des vaccins dans les provinces et les territoires ainsi qu'avec des intervenants fédéraux de manière à garantir que nous sommes tous sur la même longueur d'onde. Nous continuons de tenir de telles réunions.
[Français]
Au cours des deux derniers mois, le Canada a été fortement touché par les pénuries et les retards de livraison des vaccins contre la COVID-19, alors que Pfizer-BioNTech et Moderna ont réduit leur production dans leurs installations en Europe. Cela a causé un retard temporaire dans les livraisons destinées au Canada, mais les améliorations apportées à la fabrication permettent désormais une plus grande productivité. Nous sommes maintenant en train de sortir de ce creux de la vague.
Depuis le début, nous avons fait preuve d'ouverture envers nos partenaires et les parties prenantes sur l'instabilité de l'approvisionnement et le besoin de mettre en place de solides plans d’urgence.
Je tiens à souligner que nous attendons 444 000 doses hebdomadaires du vaccin de Pfizer-BioNTech pour les cinq semaines de mars et que Moderna enverra la totalité des 2 millions de doses qui manquent. Nous sommes sur une très bonne voie, selon notre perspective.
Dès le mois d'avril, nous prévoyons une forte augmentation de la disponibilité des vaccins autorisés contre la COVID-19. Comme nous l'avons annoncé ce matin, nous recevrons deux nouveaux vaccins d'AstraZeneca et ces quantités seront ajoutées aux totaux de ces deux productions.
On s'attend donc à ce que plus de 23 millions de doses arrivent entre avril et juin. Cela comprend le devancement de la livraison de 2,8 millions de doses supplémentaires de Pfizer-BioNTech, qui devait avoir lieu cet été, mais qui surviendra maintenant au printemps.
Le centre national des opérations à l'Agence de la santé publique du Canada continue de diriger l'effort de planification pour s'assurer que les provinces et les territoires suivent le rythme de l'augmentation des livraisons des vaccins autorisés. De plus, le centre national des opérations continue d'expédier différents types de congélateurs permettant d'assurer une chaîne frigorifique ultra froide et froide pour les différents produits, renforçant ainsi davantage les capacités des provinces et des territoires.
Nos efforts collectifs des derniers mois et des dernières semaines, les premiers tests de nos systèmes de distribution et de logistique, et le lancement des vaccins de Pfizer-BioNTech et de Moderna ont tous servi à mettre en place les conditions d'une mise à l'échelle rapide en prévision de la disponibilité accrue des vaccins dans les semaines et mois à venir. La même approche sera adoptée au cours des prochaines semaines pour ce qui est des vaccins supplémentaires, en étroite collaboration avec les provinces et les territoires.
La coordination et la collaboration avec nos partenaires fédéraux, provinciaux et territoriaux sont la clé du succès de cette opération. Nous leur communiquons régulièrement les mises à jour ou les modifications liées au plan de distribution et nous nous assurons de leur donner le plus de visibilité possible sur les quantités à venir dès que nous le pouvons.
[Traduction]
En conclusion, monsieur le président, notre travail visant à soutenir nos homologues provinciaux et territoriaux se poursuit de manière proactive et transparente. Il s'agit d'un effort de coopération qui couvre tous les aspects, de la disponibilité des vaccins à l'équipement de base, sans oublier les préoccupations des professionnels de la santé. Nous travaillons en étroite coordination, et nous continuerons à le faire au cours des prochains mois. À chaque étape, pour garantir que les vaccins continuent d'être acheminés efficacement et en toute sécurité dans toutes les régions du Canada, nous collaborons avec toutes les parties prenantes, et nous allons certainement nous efforcer de continuer à le faire.
C'est là-dessus que se termine ma déclaration liminaire, et je suis prêt à répondre à vos questions.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous.
Je remercie les témoins d'être ici.
Je m'adresserai d'abord à vous, major-général Fortin. Cela me fait plaisir de vous revoir.
Dans votre allocution, vous avez un peu parlé de la coordination avec les provinces. Tout d'abord, je veux clarifier une chose pour tout le monde: on vous a chargé de l'aspect logistique de la distribution des vaccins au pays, mais ce n'est pas vous qui avez signé les contrats en amont ou qui avez fait les négociations. Vous, vous êtes chargé de distribuer les vaccins qui sont livrés.
Au début, la quantité de doses à distribuer était très faible, mais là, nous allons recevoir beaucoup de vaccins en même temps.
Les provinces ont-elles soulevé une objection en disant qu'elles n'étaient pas capables de gérer cela, ou est-ce que tout va bien?
S'il y a des problèmes, de quelles provinces s'agit-il?
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Je remercie le député de sa question.
C'est un effort continu qui va se poursuivre au cours des prochaines semaines. Cependant, au cours des dernières semaines, nous nous sommes efforcés de voir, avec les provinces et les territoires, quels étaient leurs besoins et leur capacité d'administration des vaccins.
Je suis content de dire, aujourd'hui, que des provinces sont très avancées dans l'établissement de mégasites de vaccination, de cliniques mobiles et de sites de service au volant. Il y a aussi des plans à tous les niveaux, notamment pour utiliser les systèmes de distribution des pharmacies, ce qui implique également les pharmaciens et les pharmaciennes. On planifie également engager des gens à la retraite ou des gens qui ne sont pas habituellement des vaccinateurs pour contribuer à cet effort.
Puisque les provinces et les territoires sont responsables de leur propre programme d'immunisation, ils apprennent des leçons des uns et des autres.
Nous avons déjà annoncé que nous aurons 23 millions de doses de Pfizer et de Moderna au cours du deuxième trimestre. En ce qui concerne le troisième trimestre, nous recevrons au-delà de 55 millions de doses. Cela nous fera un total de 84 millions de doses pour ces deux manufacturiers seulement.
Aujourd'hui, nous avons ajouté AstraZeneca dans notre portefeuille de vaccins. Les quantités exactes à recevoir au cours du deuxième et du troisième trimestre devront être confirmées. On peut néanmoins facilement voir qu'environ 25 millions de doses viennent s'ajouter à notre portefeuille de vaccins dès le mois de mars, selon l'annonce du Serum Institute.
Cela fait partie des projections que nous avons communiquées aux provinces. Forcément, nous devons rapidement nous tourner vers les provinces pour leur dire quelles sont les quantités que nous recevrons prochainement et pour les informer du processus de distribution, et ce, afin d'éviter que des quantités arrivent à l'improviste sur le seuil de porte d'une clinique.
Nous devons évidemment faire une planification accélérée en ce qui concerne les premières livraisons de doses d'AstraZeneca.
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Merci, monsieur le président.
Ma première question s'adresse à vous, docteure Tremblay.
Je vous souhaite la bienvenue et je vous remercie encore une fois d'être parmi nous.
La venue des variants inquiète les gens. Des modélisations de l'Agence de la santé publique du Canada ont démontré que s'il y avait un relâchement trop rapide des mesures de santé publique, il pourrait y avoir jusqu'à 20 000 nouveaux cas par jour. L'Institut national de santé publique du Québec, ou INSPQ, parlait pour sa part de 2 000 nouveaux cas par jour au Québec seulement.
Croyez-vous qu'il faille relâcher ou resserrer davantage ces mesures? Certaines personnes prétendent qu'il faut les resserrer encore davantage, et ce, jusqu'à ce qu'y ait une masse critique de personnes vaccinées.
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Je vous remercie de votre question, monsieur Thériault.
Il est important de s'inquiéter des variants, parce qu'ils pourraient complètement changer la dynamique de l'épidémie. Présentement, le nombre de cas et d'hospitalisations descend, mais la donne pourrait changer si les variants devenaient dominants.
Dans ce contexte, je ne pense pas que ce soit le moment d'assouplir les mesures de précaution prises jusqu'à présent. Au Québec, on a accepté un certain assouplissement durant la semaine de la relâche scolaire, mais nous avons tous un peu peur que cela n'engendre ensuite une nouvelle flambée de cas.
À mon avis, nous ne devrions pas continuer dans cette direction. Nous devrions plutôt continuer à restreindre les rassemblements le plus possible jusqu'à ce que nous ayons une masse critique de gens vaccinés.
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C'est là le problème. Vous y étiez jusqu'au 1
er septembre. Vous ne connaissez pas la réponse, et quand j'ai posé cette même question au chef du CNRC après septembre, il m'a dit de vous la poser. On dirait donc qu'il y a une faille.
Monsieur Stewart, lorsque vous étiez président du CNRC, au printemps 2020, lorsque le gouvernement fédéral a annoncé un investissement de 44 millions de dollars, c'était précisément pour « faire en sorte que l'installation se conforme aux bonnes pratiques de fabrication (BPF) en matière de développement, d'essai, de mise à l'échelle et de production de candidats vaccins prometteurs ».
Je crois comprendre que la raison qui nous a été donnée pour expliquer que les doses ne seraient pas produites en novembre, comme promis par le , était que l'installation n'a jamais réussi à respecter les bonnes pratiques de fabrication. Donc, si on vous a donné 44 millions de dollars au printemps pour que l'installation se conforme aux bonnes pratiques de fabrication, pourquoi cela ne s'est-il pas réalisé?