:
Je suis aussi à l'aise de m'exprimer en anglais.
[Traduction]
Allons-y en anglais.
Je vous remercie de m'accueillir aujourd'hui.
Comme le président l'a dit, je suis président de l'Association des chirurgiens cardiovasculaires et thoraciques du Québec et ce, depuis trois ans. Je suis également chirurgien à l'Institut de cardiologie de Montréal depuis 25 ans.
J'en ai pour bien plus de six minutes, mais bien sûr, je serai ouvert à répondre à vos questions.
Ma perspective d'un quart de siècle du système de santé me permet de bien diagnostiquer ce qui s'est passé pendant la pandémie, particulièrement chez les patients non infectés par la COVID, mais atteints d'une maladie cardiovasculaire.
Au début de la pandémie, nous avons vu beaucoup d'hôpitaux libérer des lits en prévision d'un débordement du système. Pendant des semaines et des mois, nous n'avons pas opéré les patients à la cadence normale. Nous ne faisions plus que des opérations d'urgence. Cela a eu des conséquences sur nos listes d'attente.
La plupart des hôpitaux du Québec ont des listes d'attente. Nous essayons de maintenir le pourcentage des patients au-delà des délais acceptables inférieur à 10 %. Ce calcul se fonde sur la sécurité. Dès qu'on dépasse les 10 %, on prend des risques, parce qu'il est très difficile de prévoir comment évoluera une maladie cardiovasculaire.
Pendant la pandémie, même si nous n'étions pas exactement à 10 % avant, mais probablement plus autour de 20 %, le pourcentage des patients au-delà des délais acceptables pour une chirurgie a bondi jusqu'à 40 % et parfois même à 45 %. On joue véritablement à la roulette russe. L'oncologie est importante, mais dans le domaine cardiovasculaire, on se bat contre la mort soudaine, et il est parfois très difficile de prévoir l'évolution d'une maladie. C'est l'une des choses que je déplore: il y a une très grande augmentation du nombre de patients au-delà des délais acceptables.
La deuxième chose que je déplore, c'est que l'inaccessibilité à des soins cardiovasculaires a pour effet que certains patients attendront longtemps chez eux avant de se présenter à l'hôpital, dans une situation instable, bien pire que celle dans laquelle ils se seraient trouvés autrement. Évidemment, cela entraîne plus de complications, et ils resteront ensuite plus longtemps à l'hôpital en cas de survie. Cela nécessite plus de ressources et laisse moins de place aux autres patients, y compris aux patients atteints de la COVID qui sont aux soins intensifs.
La troisième conséquence, c'est que comme les patients ont également moins accès aux interventions diagnostiques, ils se rendent plus tardivement à l'hôpital, quand la maladie est rendue plus grave et que leurs chances de récupération et de retour au travail, par exemple, sont moindres. Normalement, ils se seraient présentés à l'hôpital dès la survenue d'une légère crise cardiaque, mais s'ils ne s'y présentent que quand elle devient grave, ils perdront de leurs fonctions et se mettront à faire de l'insuffisance cardiaque. Ils deviendront par conséquent un fardeau pour le système, alors que ce ne serait pas arrivé s'ils avaient pu être traités rapidement.
Certaines des conséquences à long terme de la pandémie que nous mentionnons aujourd'hui sont des problèmes chroniques découlant d'un sous-financement, à tout le moins dans le domaine cardiovasculaire. Il est évident qu'il y aura de longues listes d'attente, pour les chirurgies cardiaques comme pour la cardiologie en général, parce que ce sont les mêmes patients. Je pense qu'il faut agir de toute urgence et envisager des investissements à long terme, parce que certains des problèmes auxquels nous sommes confrontés actuellement perdurent depuis une bonne vingtaine d'années, voire plus, mais n'ont jamais été réglés adéquatement.
Avez-vous des questions?
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Je vous remercie infiniment de me permettre d'échanger avec vous aujourd'hui.
Je m'appelle Michael Braithwaite. Je suis PDG de Blue Door, un organisme qui s'occupe de nos plus vulnérables depuis près de 40 ans, grâce à des services d'aide au logement et à l'emploi dans la région de York.
Quand la COVID-19 a frappé notre secteur, nous avons dû, pour des raisons de sécurité, abaisser notre offre de services et donc, venir en aide à un moins grand nombre de personnes dans le besoin. Si la pandémie touche tout le monde très durement, elle est particulièrement difficile pour les plus vulnérables de notre région, et nous savions que nous devions faire quelque chose. Nous entendions les personnes âgées et les familles que nous aidons et savions qu'elles avaient peur pour leur santé et leur bien-être, qu'elles se sentaient pleines d'incertitude devant l'avenir, ce qui est toujours le cas pour beaucoup d'entre elles.
Grâce au financement provincial et fédéral que nous avons reçu dans la région, nous avons eu la chance de travailler avec une équipe extrêmement talentueuse et dévouée, ainsi qu'avec des partenaires communautaires incroyables, dont les gens de 360 Enfants qui sont représentés par M. Grant aujourd'hui, et nous nous sommes rapidement mis à la recherche de solutions pour loger et aider les personnes dans le besoin; nous avons dû agir vite.
Par exemple, nous avons pu réaffecter un bâtiment de Parcs Canada vacant depuis des années. Deux familles s'y installeront sous peu et bénéficieront ainsi d'un logement abordable et supervisé à long terme, au-delà de la pandémie. De même, nous avons pu réaffecter des espaces qui faisaient déjà partie de notre parc de logements d'urgence, afin d'augmenter notre capacité et d'offrir de nouveaux logements supervisés aux hommes âgés.
Il y a beaucoup de quoi nous réjouir dans notre secteur, mais il y a encore beaucoup de pain sur la planche. Beaucoup de gens tiennent le coup, mais sont en train d'utiliser leurs dernières économies, de sorte qu'ils devront bientôt choisir entre se nourrir et se loger, un choix qu'aucun Canadien ne devrait jamais avoir à faire.
Il faut déployer beaucoup d'efforts et investir dans la prévention de l'itinérance, grâce au soutien du revenu et à la construction de nouveaux logements vraiment abordables, où les gens auront accès à des services. Je dis « vraiment abordables », parce que selon l'une des définitions courantes à l'heure actuelle, un logement abordable coûterait 80 % de sa valeur sur le marché, ce qui est encore beaucoup trop pour beaucoup de personnes en situation d'itinérance.
Il faut aussi veiller à ce que nos plus vulnérables aient facilement et rapidement accès à des soins de santé, un élément important pour aider les personnes en situation d'itinérance à trouver et à conserver un logement.
Enfin, il faut insister sur la nécessité d'une stratégie du logement pour les Autochtones des régions urbaines, rurales et nordiques. C'est vraiment une mesure qui manquait dans le plus récent budget.
Nous avons pu constater, pendant la pandémie, à quelle vitesse notre secteur peut s'adapter quand il reçoit l'aide nécessaire rapidement. Nous avons ainsi pu offrir un logement à des milliers de personnes très vite, chose qui nous prendrait normalement des années à réaliser. Nous l'avons fait rapidement, en acquérant des hôtels et en faisant preuve de créativité, en unissant nos forces pour loger les gens.
Nous sommons le gouvernement de ne pas perdre cet élan et de continuer de tabler sur ces avancées. Nous sommes reconnaissants au gouvernement fédéral de son appui continu et de sa promesse de mettre fin à l'itinérance d'ici 2030. Cela montre que la volonté politique est là et qu'elle nous fournit et nous fournira les ressources nécessaires pour garder nos plus vulnérables en sécurité à long terme.
Au nom de Blue Door, de notre région et de notre pays, je vous exprime notre sincère gratitude. Nous nous réjouissons des possibilités de nouveaux logements abordables qui se profilent à l'horizon, pour que chacun, au Canada, ait un chez-soi sûr, comme il se doit.
Merci.
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Je vous remercie chaleureusement de m'entendre aujourd'hui.
Je représente ici quatre organisations différentes. Je suis directeur général de la Huntington Hills Community Association. Je suis également président fondateur de la Minds Over Matter Mental Health Society. Je suis fondateur d'Open Arms, un organisme de défense des patients, ainsi que président de Mothers Against Drunk Driving, à Calgary.
La première chose dont je souhaite vous parler, c'est des services communautaires de Huntington Hills. Notre organisation offre de nombreux services humanitaires, jusqu'à tout récemment, du moins. Nous avions un réseau de chefs de famille monoparentale, un centre de liaison pour les parents, de même qu'un centre de ressources pour tout le centre nord de Calgary. Grâce à ces programmes, nous aidons les familles, et particulièrement les chefs de famille monoparentale, à trouver les ressources et les outils dont ils ont besoin dans les divers programmes pour être les meilleurs parents possible. Nous aidons les personnes itinérantes et à faible revenu, dans le nord-ouest de Calgary, à obtenir les ressources nécessaires pour répondre à leurs besoins de première nécessité. Nous offrons également des services de garde, si bien que nous nous occupons de beaucoup de petits membres de notre société aussi.
Notre organisation de santé mentale s'appelle Minds over Matter Mental Health. Nous offrons des services à des personnes âgées, à des groupes culturels, à des entreprises, à des organisations, à des enfants et à des jeunes.
Je suis également président de Mothers Against Drunk Driving et ce, depuis deux ans. Nous faisons de la sensibilisation sur l'ivresse au volant et les mesures de prévention pour endiguer ou réduire la conduite en état d'ébriété, en plus de venir en aide aux victimes de la conduite en état d'ébriété.
Si je regarde les effets de la COVID dans la communauté, notre association communautaire distribue de la nourriture et des articles essentiels à des mères monoparentales et à des personnes âgées. J'ai moi-même eu l'occasion de parler avec beaucoup de personnes âgées. La première chose que je peux vous dire, c'est que bon nombre des personnes âgées à qui je parle quand je vais leur porter de la nourriture (parce que je le fais moi-même) ont peur parce qu'elles ne savent pas comment elles trouveront leur prochain repas ni quand et comment elles obtiendront les ressources dont elles ont besoin pour survivre. De nombreuses personnes âgées n'ont pas de famille ni d'amis pour les aider. Elles dépendent d'une association communautaire pour la livraison de nourriture.
Quoi qu'il en soit, je dois vous dire qu'il manque de ressources. Pour les trois formes de ressources humaines que nous offrons, le plus grand problème, c'est de faire le lien entre les gens et les banques alimentaires. J'ai rencontré un homme qui venait d'Afrique, qui venait tout juste d'arriver au pays, et qui n'avait pas de nourriture ni de couches pour sa famille et lui. Nous avons essayé de lui trouver des ressources. Malheureusement, pendant la pandémie de COVID, les services n'étaient même pas ouverts. Il m'a rappelé en me disant qu'il avait laissé des messages aux numéros que nous lui avions donnés, mais que personne ne l'avait rappelé. C'est épouvantable, parce que non seulement ces personnes ne recevaient pas de ressources, mais il n'y avait aucune accessibilité. Ces gens avaient très peur aussi.
Pour ce qui est des organismes de service en santé mentale pour les personnes âgées, je me spécialise moi-même dans les services aux personnes âgées. Quand je leur parle, je vois bien qu'elles ont peur de la COVID. Elles vivent leurs dernières années de vie. Elles sont isolées. L'isolement des personnes âgées est un problème énorme aussi. Avant la COVID, 6,2 millions de Canadiens souffraient déjà de maladie mentale dans ce pays. Ces chiffres vont exploser, tout comme les problèmes d'accessibilité, parce que le plus grand problème, quand on souffre de maladie mentale, c'est l'inaccessibilité des services de santé mentale.
Pour ce qui est de Mothers Against Drunk Driving, on s'attendrait, étant donné toutes les restrictions imposées par les gouvernements, à ce que la conduite en état d'ébriété ait énormément diminué. Elle a diminué un peu, mais pas énormément. La consommation d'alcool et de cannabis est en hausse depuis le début de la pandémie. Nous travaillons avec le Service de police de Calgary et nous nous inquiétons beaucoup de la conduite en état d'ébriété après la COVID, parce que les gens sont assis à ne rien faire chez eux depuis longtemps. Ce sera encore pire qu'avant.
Les gens continuent de boire et de conduire. La quantité d'alcool et de cannabis consommés a augmenté. Il y a justement un jeune de 38 ans, la semaine dernière, qui a tué quelqu'un au volant en état d'ébriété. Nous sommes très inquiets quant à la façon dont tout cela va évoluer.
Les problèmes dans la communauté sont vastes. Au sein de notre organisation, nous connaissons bien les ressources et comprenons le système, et même nous avons du mal à avoir accès à tous les services nécessaires pour aider les gens de toutes les façons que je viens de mentionner.
La COVID a un effet dévastateur sur la communauté, la communauté de Huntington Hills, qui se situe au nord-ouest de Calgary. Elle a un effet dévastateur sur la santé mentale et la maladie mentale, et je ne sais bien pas comment tout cela va finir.
Notre économie était déjà fragilisée, puis est arrivée la COVID et toutes les difficultés d'accès à des ressources en santé mentale pour qui que ce soit — les enfants, les jeunes, les personnes âgées, les chefs de famille monoparentale —, c'est horrible. Je me sens très mal pour toutes les personnes qui essaient tant bien que mal d'obtenir de l'aide, parce que l'aide n'est pas accessible.
Merci, monsieur le président.
Je m'appelle Queenie Choo et je suis PDG de S.U.C.C.E.S.S.
S.U.C.C.E.S.S. est l'une des plus grandes agences de services sociaux en Colombie-Britannique, elle vient en aide aux Néo-Canadiens, aux personnes âgées et aux bénéficiaires d'un logement abordable. Je vous remercie de m'avoir invitée à témoigner devant le Comité aujourd'hui.
Je suis heureuse de me joindre à vous depuis les territoires non cédés des peuples salish du littoral, qui comprennent les Squamish, les Tsleil-Waututh et les Musqueam.
La pandémie de COVID-19 continue de se répercuter sur notre organisme et la population à qui nous venons en aide. S.U.C.C.E.S.S. est une organisation de service social à but non lucratif et à ce titre, elle a su rapidement modifier son offre pour répondre à l'évolution des besoins de nos populations. Par exemple, nous offrons de l'aide aux nouveaux arrivants qui ont du mal à s'orienter dans les diverses prestations et les systèmes gouvernementaux; nous avons des équipes de coordination de bénévoles pour la livraison de paniers d'épicerie ou de repas aux personnes âgées ou des visites téléphoniques ou virtuelles; enfin, bien sûr, nous veillons à ce que les personnes âgées qui résident dans nos centres de soins de longue durée demeurent en santé et en sécurité.
Nous constatons également les effets de la pandémie sur les immigrants et les groupes racialisés. Bon nombre de ces personnes sont des travailleurs essentiels de première ligne, elles occupent souvent plus d'un emploi à faible revenu offrant une faible sécurité d'emploi, ce qui les expose, elles-mêmes et leur famille, à un risque accru de contracter la COVID-19. De plus, nous observons une augmentation du racisme à l'encontre des personnes asiatiques. Selon un sondage réalisé récemment par Insights West, 43 % des Britanno-Colombiens d'origine asiatique ont subi du racisme au cours de la dernière année. Pour être honnête, c'est probablement bien plus que cela dans la réalité, parce que beaucoup de gens sous-estimeront leur propre expérience du racisme et de la haine et ne dénonceront pas les incidents subis. Vous êtes sûrement nombreux à avoir des proches, des amis, des voisins ou des collègues qui subissent du racisme.
Cette double pandémie de COVID-19 et de racisme contre les Asiatiques se répercute négativement sur la santé et le bien-être des communautés d'immigrants et de personnes racialisées. Bon nombre des clients de S.U.C.C.E.S.S., particulièrement les femmes et les personnes âgées asiatiques, ont vraiment très peur pour leur propre sécurité et celle de leurs proches, pas seulement à cause de la COVID mais aussi à cause du racisme et de la haine ambiante. Cela fait augmenter leur niveau de stress et d'anxiété. Nous recevons beaucoup d'appels de membres de la communauté qui ont besoin d'aide. En même temps, nous savons qu'il y aura toujours beaucoup d'autres membres de la communauté qui n'en demanderont pas à cause de la stigmatisation et des barrières linguistiques.
Il y a tant à faire. J'aimerais vous faire part de quelques pistes de réflexion.
Premièrement, il faut reconnaître et examiner l'effet démesuré de la COVID sur les membres des communautés immigrantes et racialisées. Pour cela, nous devons améliorer beaucoup la façon dont nous recueillons des données fondées sur la race, en consultation avec les communautés elles-mêmes. Il faut non seulement recueillir des données, mais aussi faire preuve d'ouverture sur la façon dont elles seront utilisées pour susciter des changements positifs. J'ai toujours peur qu'on s'arrête à la collecte de données, que ces données soient mentionnées dans un rapport, mais que celui-ci soit tabletté, sans qu'on ait fait quoi que ce soit pour améliorer la vie des gens.
Ensuite, il faut approfondir nos études pour bien comprendre les effets à court et à long terme du racisme. Tout le monde reconnaît que le racisme pose problème, mais on n'en fait pas assez pour véritablement comprendre les effets à très long terme et les effets intergénérationnels du racisme sur la santé et le bien-être des gens. Nous devons adopter une perspective intersectionnelle pour bien comprendre les interactions entre le racisme et la xénophobie, le classisme, la misogynie et les autres formes d'oppression.
Nous avons également besoin d'un financement plus durable pour offrir des services en santé mentale et en bien-être aux membres des communautés immigrantes et racialisées, et plus particulièrement de ressources culturellement adaptées. Nos lignes d'aide téléphoniques et nos services de psychothérapie sont très en demande. Nous avons besoin d'un financement accru pour répondre à la demande croissante.
La demande ne disparaîtra pas avec la COVID, c'est la raison pour laquelle je dis que nous avons besoin d'un financement durable et non d'une aide ponctuelle. Nous devons nous préparer aux effets à long terme des traumatismes causés par la COVID-19 et le racisme, particulièrement chez les personnes en première ligne de la pandémie.
Comme nous le savons tous, les établissements de soins de longue durée ont été durement touchés par la COVID. Il faut de toute urgence élaborer des normes nationales relatives à ces établissements afin d'assurer la santé et la sécurité de leurs résidents aînés qui se retrouvent dans une situation de grande vulnérabilité. Il nous faut également veiller à ce que ces normes tiennent compte de la diversité des besoins et des expériences des aînés en prévoyant des soins adaptés à leurs différentes cultures.
Nous devons aussi mieux garantir la viabilité des organismes de services sociaux et la poursuite du travail de ceux qui œuvrent dans le secteur. Leur apport est essentiel à la santé des communautés. De nombreux organismes ont su réagir en transformant leurs services pour faire, il faut bien le dire, bien plus que le nécessaire afin de répondre aux besoins criants de leur communauté. Tout cela a pu être réalisé dans un contexte où les dons et le financement étaient en chute libre alors que le personnel était au bord de l'épuisement. Nous devons faire en sorte que non seulement ces agences de services sociaux survivent à la pandémie, mais qu'elles obtiennent le soutien nécessaire pour être en mesure de mieux réagir aux nouvelles situations d'urgence qui affectent les communautés qu'elles servent.
Merci pour le temps que vous m'avez consacré. J'espère avoir pu vous offrir quelques pistes de réflexion intéressantes.
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Merci, monsieur le président, et merci à nos témoins d'aujourd'hui de bien vouloir nous faire bénéficier de leurs expériences.
Je suis heureux que nous puissions accueillir un représentant de Blue Door qui nous permet de donner une perspective locale à notre étude. Je vais donc adresser mes questions à M. Braithwaite.
Lors de la dernière séance du Comité, nous avons commencé à discuter de l'itinérance au Canada, surtout dans le contexte de la pandémie. Depuis bien des années déjà, Blue Door offre un soutien essentiel et un toit à des personnes vulnérables de la région de York.
Monsieur Braithwaite, je dois vous féliciter pour votre capacité à mobiliser les membres du gouvernement régional. Vous avez notamment réussi à convaincre le chef de police de passer une nuit à essayer de trouver le sommeil dans des boîtes de carton. C'est le genre d'initiative créatrice qui vous a valu un grand soutien au sein de la communauté.
D'après ce que vous avez pu constater au cours de la dernière année, pouvez-vous nous parler des répercussions ressenties par les gens en situation d'itinérance et des risques qu'ils encourent, notamment en raison de leur réticence à demander de l'aide en raison des craintes de transmission de la maladie? Comment avez-vous pu composer avec cette situation?
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Merci. Je suis vraiment heureux de vous revoir, monsieur Van Bynen.
Il y a un manque de confiance chez les itinérants. Au départ, les gens ne font pas tellement confiance aux systèmes. C'est ce qu'on peut constater également avec l'hésitation de certains à se faire vacciner. On craint beaucoup de fréquenter les endroits achalandés. C'est malheureusement parfois le cas des sites d'hébergement d'urgence. Il y a des chambres qui sont partagées. Il y a des espaces communs où les gens se réunissent, où ils prennent leur repas, etc.
Depuis le début de la pandémie, nous demandons bien sûr aux gens de manger dans leur chambre, ce qui contribue à leur isolement social. Ils sont nombreux à préférer demeurer à l'extérieur, plutôt que de devoir s'isoler pendant deux semaines. Nous avons aussi moins de places à offrir.
Nous avons également des mesures de transition — tout à fait justifiées pour que chacun puisse demeurer sain et sauf — prévoyant une période d'isolement de 14 jours, ce qui est vraiment difficile, surtout pour ceux qui ont des problèmes de toxicomanie ou de santé mentale. Ceux qui participent à un programme de sevrage de l'alcool ou de drogues n'y ont pas nécessairement accès lorsqu'ils sont en isolement. Il y a vraiment différents éléments qui peuvent inciter les gens à demeurer à l'extérieur.
Ce n'est pas pour rien que nous offrons différents types d'hébergement d'urgence pour les jeunes, les aînés et les femmes. Les jeunes ne veulent tout simplement pas s'isoler avec les adultes et les familles. Les jeunes demeurent donc à l'extérieur, non pas par choix, mais parce que c'est la seule possibilité qui s'offre à eux.
Nous ne sommes pas venus à bout de l'itinérance chez les jeunes; je pense que 17 % des jeunes itinérants ont eu accès à notre programme d'hébergement de transition et à la sécurité qu'il leur procure.
Il est bien évident que l'aspect isolement n'est pas facile. Il y a un manque de confiance et beaucoup de crainte.
Nous devons nous montrer vraiment novateurs et créatifs, comme nous l'avons fait avec une maison vacante du parc de la vallée de la Rouge. Parcs Canada possède 44 maisons vacantes dans ce parc de la région de York, et nous avons accès à ces maisons qui nous permettront d'offrir du logement abordable pendant bien des années encore.
Nous avons aussi la campagne 200 Doors qui a vu 10 organisations conjuguer leurs efforts pour faire des démarches auprès de propriétaires afin qu'ils louent un appartement à une personne en situation d'itinérance, l'objectif étant d'en trouver 200. Nous ne leur demandons pas de réduire le loyer, mais simplement d'être disposés à louer un appartement à une personne vulnérable. Nous devons vraiment nous montrer très créatifs, car c'est encore loin d'être chose facile.
Nous intervenons également auprès d'un grand nombre de gens de la région pour leur offrir le soutien nécessaire afin qu'ils ne perdent pas leur logement et ne viennent pas ainsi gonfler les rangs des sans-abri.
Nous avons un refuge d'urgence pour les jeunes, Kevin's Place, qui est situé à Newmarket. Comme c'est une maison où tous les espaces sont communs, il n'était pas possible au départ de continuer à y accueillir des jeunes. Nous avons dû déplacer ceux-ci vers Porter Place, notre refuge d'urgence pour les hommes, ce qui n'est pas l'idéal. Ce n'est pas pour rien que nous voulons les séparer. Leurs besoins sont différents. Ce refuge a donc fermé ses portes pendant une certaine période. Il a maintenant repris ses activités, mais à échelle réduite.
Pour nos familles, nous avons travaillé avec la région. Notre refuge pour les familles a servi de site d'isolement pour l'ensemble de la région, soit pour les neuf municipalités. Nos familles ont déménagé à l'hôtel pendant une période d'environ huit mois, puis sont revenues au refuge. Nous avons dû en réduire légèrement le nombre pour permettre la distanciation nécessaire. Elles ne peuvent pas se servir des pièces communes et les enfants ne peuvent pas jouer ensemble, ce qui est difficile. La situation a été plutôt contraignante.
Pour ce qui est des hommes que nous aidons, il faut savoir que le passage préalable par un site de transition pendant une période de 14 jours a été obligatoire pour tous dans la région de York. Auparavant, chacun se retrouvait directement dans le refuge adapté à ses besoins. Maintenant, tout le monde passe par le site de transition. Les clients que nous servons dans le cadre de nos différents programmes sont les plus difficiles à loger. Dans les cas plus faciles, comme ceux des personnes qui ont seulement besoin d'un soutien financier ou d'une aide pour la recherche d'un logement, on peut trouver une solution avant la fin des 14 jours au site de transition.
Blue Door et les autres organismes du milieu constatent que ces clients — grandes familles, chômeurs, toxicomanes, personnes souffrant de problèmes de santé mentale — ayant des besoins plus criants qui les rendent plus difficiles à loger, compte tenu du nombre de personnes que nous pouvons maintenant accueillir... Il y a aussi le fait qu'il est plus difficile de visiter les logements, car on doit se contenter, dans le meilleur des cas, de visites virtuelles. Il devient alors très ardu de trouver un logement à ces individus et ces familles.
:
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Je veux remercier l'ensemble des témoins de leurs témoignages. Cela nous aide à comprendre les effets collatéraux de la pandémie. Je vais d'abord m'adresser au Dr Perrault.
Docteur Perrault, je veux d'abord vous remercier de prendre le temps de venir nous rencontrer. Vous pratiquez une médecine d'urgence, et nous allons donc profiter de votre présence. Je voudrais aussi vous remercier de la qualité de votre témoignage, qui a été d'une précision chirurgicale, si j'ose dire. Vous avez résumé la situation de façon claire, ce qui m'a donné froid dans le dos. Votre voix s'ajoute à celles de la Dre Bélanger, de l'Association des gastro-entérologues du Québec, du Dr Champagne, de l'Association des médecins hématologues et oncologues du Québec, de représentants de la Société canadienne du cancer et du Dr Shabah, de l'Association médicale canadienne.
Premièrement, vous dites essayer de maintenir le pourcentage de patients pour qui le délai d'attente est supérieur au délai acceptable autour de 10 %, mais que le pourcentage a atteint jusqu'à 45 %. On joue à la roulette russe, et l'enjeu, c'est la mort subite.
Pouvez-vous nous expliquer cela davantage?
Les experts ayant comparu devant le Comité dès la première vague de la pandémie nous ont dit que le système de santé était déjà fragilisé à cause d'un sous-financement chronique depuis les 30 dernières années. Personne ne pouvait dire comment la situation allait évoluer. C'était au moment de la première vague. Nous affrontons maintenant la troisième vague.
Êtes-vous inquiet?
:
Je pense que, par-dessus tout, cela revient à ce que vous venez de dire. J'ai mentionné que nous devions reconnaître et examiner le racisme systémique dans toutes les institutions. Nous devons collecter des données fondées sur la race en consultation avec des intervenants dans les communautés, afin qu'ils comprennent les données collectées et la façon de les utiliser pour améliorer la situation.
Nous devons disposer d'un financement adéquat pour les initiatives de lutte contre le racisme, c'est-à-dire d'un financement qui n'est pas ponctuel, mais qui est durable, afin d'avoir des effets à long terme.
De plus, il est important de bâtir des collectivités sûres et solidaires, par exemple en finançant des initiatives qui donnent aux membres de la collectivité les moyens d'intervenir contre le racisme lorsqu'ils en sont témoins dans leur collectivité. Il peut s'agir de soutiens comme le counselling en cas de crise et les lignes d'assistance téléphonique pour les victimes de racisme et de traumatismes connexes à long terme.
Enfin, et surtout, je pense qu'il est très important de financer l'éducation sur le racisme historique et contemporain au Canada sous toutes ses formes. Il y a des gens qui sont directement touchés par le racisme, mais il y a aussi des gens qui n'ont aucune idée de l'impact qu'ils ont sur leurs voisins, leurs pairs et les membres de leur collectivité. C'est important. Il faut adopter une approche holistique qui tient compte des soutiens aux personnes, de l'éducation et de la formation.
:
Bienvenue à la 32
e réunion du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes.
Le Comité se réunit aujourd'hui pour étudier la situation d'urgence à laquelle les Canadiens font face avec la pandémie de la COVID-19. Aujourd'hui, nous nous concentrerons sur les effets collatéraux de la pandémie.
Tout d'abord, voici nos témoins. Nous accueillons Clovis Grant, directeur général de 360ºEnfants. Nous accueillons également Dr Serge Legault, vice-président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec. Nous entendrons aussi Paul Taylor, directeur général de FoodShare Toronto. Enfin, de Madikale Touring, nous avons Georges Canyon, propriétaire et directeur général de Reiny Dawg Productions.
J'aimerais informer les membres du Comité que le greffier a bien envoyé un casque d'écoute à M. Canyon, mais qu'il ne l'a pas reçu. C'est l'une des raisons importantes pour lesquelles nous devons donner un préavis suffisant au greffier en ce qui concerne les témoins, afin que nous puissions leur envoyer l'équipement nécessaire et le tester.
Je vous remercie tous d'être ici aujourd'hui. Nous entendrons d'abord les déclarations préliminaires de nos témoins.
Nous entendrons maintenant M. Clovis Grant, de 360ºEnfants.
Vous avez la parole. Vous avez six minutes.
Par votre entremise, monsieur le président, je vous remercie de me donner l'occasion de m'adresser au Comité cet après-midi au nom de 360°Enfants.
À titre de l'un des principaux organismes pour la jeunesse de la région de York, 360°Enfants offre depuis 32 ans des services aux jeunes sans-abri, notamment aux victimes et aux survivants de la traite des personnes. Chaque année, nous servons environ 4 000 jeunes âgés de 16 à 26 ans, en leur offrant des soutiens en matière d'éducation, de logement, d'emploi, de santé et de bien-être. Notre mission est de permettre aux jeunes de passer d'un état de crise à la stabilité.
En ce qui concerne l'impact de la COVID-19 sur 360°Enfants, permettez-moi d'abord de vous faire part de quelques commentaires formulés par les jeunes eux-mêmes. Le premier commentaire est le suivant: « Lorsqu'on me dit de rester à l'intérieur et de ne pas sortir, cela me rappelle l'époque où j'étais victime de la traite et... cela me cause beaucoup d'anxiété. » Voici un deuxième commentaire: « Pour ceux qui n'ont pas d'endroit où rentrer chez eux, il est difficile de faire ce qu'on nous dit de faire, comme rester à la maison et se laver les mains. Comment peut-on faire cela quand on n'a pas accès à l'eau? On ne peut même pas prendre une douche. »
Quelles leçons avons-nous tirées de la pandémie? On peut citer cinq choses. Tout d'abord, de grandes réalisations peuvent être accomplies lorsque nous travaillons ensemble. Deuxièmement, la prévention est effectivement le meilleur remède. Troisièmement, les personnes marginalisées le deviennent encore plus pendant une pandémie. Quatrièmement, les jeunes ont besoin de solutions adaptées à leurs besoins particuliers. Enfin, on doit aussi accorder la priorité aux besoins du personnel.
L'une des réussites que nous avons observées pendant la pandémie, c'est la collaboration entre différents organismes. En effet, des fournisseurs de services de divers secteurs de la région de York, y compris des bailleurs de fonds gouvernementaux et des sociétés privées, ont conjugué leurs efforts et partagé leurs ressources et leurs propres réponses à la pandémie pour collaborer dans le cadre de diverses initiatives. Ainsi, nous avons pu cerner très rapidement les lacunes et répondre en temps réel aux besoins en matière de nourriture, de technologie, d'accès au logement, etc. Je crois vraiment que les liens qui ont été établis se maintiendront à l'avenir.
Le travail de prévention de 360°Enfants, qui dirige la stratégie de stabilisation du logement chez les jeunes, a pris encore plus d'importance au cours de la pandémie. Il s'agit d'un groupe composé d'environ 30 partenaires intersectoriels et de jeunes qui travaillent ensemble pour mieux harmoniser les services et les ressources, afin de prévenir l'itinérance chez les jeunes dans la région de York. Pourquoi? Parce que nous savons que les jeunes sans-abri deviennent des adultes sans-abri, et que plus longtemps ils sont sans-abri, plus leur situation s'aggrave.
Nous avons constaté que les personnes marginalisées ont été encore plus marginalisées pendant la pandémie. Dans le cadre de nos programmes, le nombre de jeunes qui font appel à des services de santé mentale a quintuplé, car les traumatismes non résolus, la perte de revenu et l'isolement causé par les fermetures sont tous des facteurs qui contribuent à accroître l'anxiété.
Il faut améliorer l'accès aux soutiens en matière de santé mentale, en particulier pour cette population et pour les Noirs, les personnes racialisées, etc. Les jeunes nous ont dit que le racisme était un facteur important lié à leur itinérance. Pour réduire ces impacts, nous avons dû fournir divers espaces aux jeunes pour qu'ils puissent s'exprimer, nous avons élargi les partenariats avec des organismes culturels particuliers et, en même temps, nous avons revu et mis à jour la stratégie en matière d'équité de notre organisme.
Nous nous sommes rendu compte qu'il était nécessaire de mettre au point des solutions adaptées aux jeunes lorsque nous avons fermé nos centres d'accueil, au début de la pandémie. L'une de mes citations précédentes parlait des défis auxquels font face certains jeunes qui sont dans une situation de logement précaire. Nous avons observé que les jeunes qui vivaient dans des conditions difficiles, c'est-à-dire dans des bâtiments abandonnés, des voitures abandonnées, des espaces abandonnés en général, se cachaient davantage en raison de la fermeture de nombreux espaces qu'ils fréquentaient auparavant.
Pour mieux soutenir les jeunes, plutôt que d'attendre qu'ils viennent à nous, nous sommes allés à eux. Nous avons redéployé du personnel pour faire plus d'interventions. Nous avons même embauché deux de ces anciens jeunes comme intervenants, et nous avons également exercé des pressions pour obtenir un centre d'isolement adapté aux jeunes, afin de faciliter l'accès des jeunes au logement.
Même si nous avons pu loger environ 25 jeunes pendant la pandémie, nous savons qu'il est essentiel d'offrir plus de logements abordables. Nous félicitons certainement le gouvernement d'avoir financé les besoins urgents et à court terme, mais sans logements à long terme et sans soutien global pour aider les gens à rester dans ces logements, ces jeunes marginalisés le deviendront encore plus.
J'aimerais terminer en rappelant l'impact de la pandémie sur les membres de notre personnel. En effet, les messages de santé publique ambigus, les inquiétudes liées aux vaccins, les salaires peu élevés et même le stress lié à leur propre situation familiale représentent des facteurs qui ont eu un impact sur la santé mentale des membres du personnel, et leur état s'est aggravé à chaque fermeture. Notre organisme a réagi en accordant au personnel des jours de congé de maladie payés supplémentaires pour des raisons de santé mentale, et en faisant preuve de souplesse en ce qui concerne les congés de maladie et les besoins en matière de garde d'enfants.
Le supplément de salaire horaire versé par l'État au personnel de première ligne pendant une courte période, l'année dernière, a certainement contribué largement à la reconnaissance de l'importance de ce secteur dont le personnel est chroniquement sous-payé. Nous espérons que cet appui se maintiendra.
Malheureusement, pour de nombreuses agences comme la nôtre, qui ne sont pas suffisamment financées pour leurs programmes, ç'a exercé des pressions sur nos efforts de financement, lesquels ont été frappés de plein fouet par les annulations survenues l'année dernière.
Bref, l'année a vraiment été difficile pour la jeune clientèle de 360 Enfants, et pour le personnel qui l'appuie quotidiennement. Même si les interventions d'urgence sont géniales, de très belles occasions se sont présentées à nous pendant la pandémie, mais, ce qui importe davantage, c'est les mesures de prévention et les mesures globales de soutien, pour loger sans interruption nos bénéficiaires.
Je vous remercie de m'avoir invité à venir témoigner.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les parlementaires de m'avoir invité et de me donner l'occasion de venir discuter des répercussions de la pandémie mondiale de la COVID-19 sur les patients québécois.
Je m'appelle Serge Legault, je suis chirurgien général en pratique active à Laval, près de Montréal. Je suis le vice-président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec.
Depuis le début de la crise, c'est-à-dire en mars 2020, je siège à un comité national baptisé Comité directeur clinique COVID-19, qui a été mis sur pied par le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec. L'objectif de ce comité est de trouver des moyens pour conseiller le ministère quant aux stratégies les plus prudentes pendant la COVID-19.
Je suis aussi le président du Sous-comité clinique COVID-19 — Bloc opératoire, qui s'occupe des stratégies de délestage pendant la crise de la COVID-19. Nous en avons beaucoup appris au cours de la dernière année et nos réponses à la COVID-19 se sont modulées au fil du temps. Nous pourrons en parler, si cela vous intéresse, pendant la période de questions.
La Fédération des médecins spécialistes du Québec est un regroupement de 10 000 médecins spécialistes, qui œuvrent dans 59 spécialités médicales, chirurgicales, d'imagerie et de laboratoire au sein du réseau public de santé.
Depuis mars 2020, les médecins spécialistes travaillent sur deux fronts. Le premier est le combat contre la COVID-19 à l'hôpital, c'est-à-dire aux soins intensifs, sur les étages et au bloc opératoire afin de préserver la vie des patients qui ont été atteints et de tenter d'en sauver le plus possible. Cet assaut d'une maladie infectieuse est l'un des pires de l'histoire moderne de la médecine. Bien évidemment, les médecins, les gestionnaires et les parties prenantes du système de santé ont dû s'adapter le plus rapidement possible.
Le second front consiste à lutter contre les répercussions que cause la COVID-19, et à veiller au maintien des soins de santé et de la prise en charge des patients autres que ceux atteints de la COVID-19. Ces patients existent; ils ont été longtemps oubliés, et ils le sont encore, jusqu'à un certain point, depuis maintenant 14 mois.
Je vais aujourd'hui m'attarder à un volet de la question, qui s'appelle les ressources humaines.
Présentement, le problème le plus criant dans les hôpitaux au Québec est un problème de ressources humaines, et je crois que c'est la même situation partout où la COVID-19 met sous pression le système de la santé. En plus de chambouler nos vies, la COVID-19 a chamboulé le fragile équilibre qui existait entre nos ressources et le milieu hospitalier. Ces ressources, ce sont des gens au chevet du patient qui veillent jour et nuit à s'assurer qu'il est pris en charge dès son entrée à l'hôpital et jusqu'à sa sortie.
Aujourd'hui, à cause de l'impact de la COVID-19, soit par absentéisme, soit par maladie, soit par réorientation de carrière, beaucoup de ces ressources sont absentes, certaines de façon permanente. La baisse des ressources est un phénomène qui en est un des plus alarmants présentement concernant la COVID-19. En raison de ces ressources absentes et de l'effort de délestage demandé partout au Québec, surtout lors de la première vague, beaucoup d'interventions chirurgicales ont dû être annulées ou reportées.
Certaines opérations ont été retardées depuis le début de la crise, tant et si bien que, au début de la crise, sur les listes d'attente nationales au Québec, nous comptions 1 % de patients dont l'attente durait plus d'un an. Maintenant, nous en comptons 12 %. C'est un chiffre astronomique, qui défie l'imaginaire. La semaine dernière, il y avait environ 150 000 patients sur les listes d'attente en chirurgie partout au Québec. Ce nombre est l'équivalent de la population de la ville de Saguenay ou de la ville de Lévis. Trop souvent, on mentionne ces statistiques sans que cela dise quoi que ce soit à qui que ce soit. Cent cinquante mille patients, c'est absolument énorme.
Si nous maintenons le rythme opératoire actuel, qui est réduit à environ 80 % de l'activité habituelle, évidemment en raison du manque de ressources humaines, à la fin de l'année, nous serons rendus à près de 200 000 patients en attente, soit l'équivalent de la ville de Sherbrooke.
La Fédération des médecins spécialistes du Québec a récemment eu le privilège de s'entretenir avec M. Marchbank, qui a participé à la réponse des blocs opératoires de la Colombie-Britannique face à la COVID-19.
Mesdames et messieurs les parlementaires, vous conviendrez avec moi que cette histoire de la Colombie-Britannique est, sans aucun doute, une réussite. Nous comptons mettre en pratique les bonnes idées que M. Marchbank et les gens de la Colombie-Britannique ont mises en application pour essayer de répondre le plus adéquatement possible à la pandémie.
Évidemment, au début de la crise, il y avait un manque important de préposés aux bénéficiaires, au Québec. Vous avez entendu parler de l'initiative d'embauche de préposés aux bénéficiaires. Le Québec a embauché 10 000 préposés, dont plus de 8 000 sont présentement au travail.
Les ressources humaines ne se limitent évidemment pas aux préposés aux bénéficiaires. Il y a aussi des infirmières hautement formées, surtout pour le bloc opératoire; des inhalothérapeutes, qui peuvent être formés pour le bloc opératoire, pour les soins intensifs et pour les étages; et des perfusionnistes. Je ne veux pas mentionner toutes les ressources, sinon je pourrais vous en parler jusqu'à demain matin.
Aujourd'hui, il manque beaucoup de ressources. Je crois que l'une des façons de pallier cela consiste à injecter un peu d'argent. La Fédération des médecins spécialistes du Québec a pris position sur les transferts en santé. Nous croyons que le Québec devrait avoir un peu plus d'argent de la part du fédéral pour recruter le personnel, afin d'augmenter la qualité du travail et la qualité des conditions de travail, et pour augmenter l'attractivité de ces postes, qui sont des postes clés partout dans les hôpitaux, et dont la tâche est excessivement exigeante. Il est très facile pour des travailleurs comme ceux-là de se décourager et de se résoudre à aller voir ailleurs, parce que les conditions financières ne sont pas suffisantes.
Aujourd'hui, un polype qui n'est pas retiré d'un côlon peut devenir un cancer dans quelques années. Les patients qui n'ont pas reçu de diagnostic, nous ne les connaissons pas. Comme mon ami Louis Perrault vient de le dire dans son intervention, la prévention primaire et la prévention secondaire sont mises un peu sur pause en raison de la pression causée par la pandémie sur les ressources humaines.
Le gouvernement fédéral a débloqué rapidement des sommes importantes pour amortir le choc de la crise sanitaire sur l'économie et les citoyens. Nous espérons qu'il pourra débloquer des sommes supplémentaires pour les provinces.
Nous devons répondre aux besoins du système de santé et préserver sa pérennité, car cette crise ne disparaîtra pas en un an ou deux. Elle va perdurer longtemps.
Je vous remercie.
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Je vous remercie de votre invitation.
Je me nomme Paul Taylor. Je suis le directeur exécutif de FoodShare Toronto, un organisme qui travaille en partenariat avec des collectivités de toute cette ville. Nous nous servons de catalyseur à l'application de véritables solutions aux injustices qui entravent l'accès à la nourriture. Nous y parvenons par la préconisation du démantèlement permanent des systèmes oppressifs qui causent d'abord l'insécurité alimentaire, dont nous connaissons l'un d'eux, le racisme.
Le fait même que, au Canada, les ménages noirs sont trois fois et demie plus susceptibles de connaître l'insécurité alimentaire que les ménages blancs est un exemple de l'insécurité alimentaire causée par le racisme contre les Noirs. Ce racisme dont nous sommes les victimes et qui cause de façon disproportionnée l'insécurité alimentaire nous rend littéralement malades et nous enlève la nourriture de la bouche. Il diminue nos revenus, notre accès à l'éducation, au logement, à l'emploi et il provoque des maux dont la liste prendrait plus de temps à lire que celui dont nous disposons.
Pour moi, il importe de commencer par là, parce que la COVID-19 n'a pas créé cette réalité pour nous. Ces injustices existaient bien longtemps avant, mais la superposition de cette maladie augmente excessivement les taux d'infection et d'hospitalisation des Canadiens noirs. Nous sommes également trois fois plus susceptibles de connaître quelqu'un qui a succombé au virus. Chaque jour, je redoute un appel ou un message m'annonçant la mort d'un membre de ma communauté. Hélas, nous sommes pour ainsi dire habitués à cette peine ainsi qu'à l'indifférence qui a répondu à nos appels pour corriger ces injustices.
Et nous voici en plein milieu d'une troisième vague de ce virus mortel, dont les conséquences secondaires sont que notre communauté continue de souffrir exagérément. Ça se manifeste notamment, pendant la pandémie, par les retards provoqués aux chirurgies et aux visites de consultation de nos médecins, que ce soit pour un bilan médical pour corriger un problème existant ou nouveau de santé. Actuellement, nous sommes incapables d'obtenir l'aide dont nous avons besoin.
J'ai longtemps affirmé que, dans notre pays, nous n'avions qu'un réseau de soins, mais, j'ai été finalement obligé d'en dépendre, parce que c'est seulement ce que nos gouvernements semblent considérer comme prioritaire. Je dis « réseau de soins », parce qu'un réseau de santé n'aurait pas abandonné l'objectif d'assurer des choses comme l'accès à des aliments nourrissants et le logement pour nous tous. Encore une fois, c'est tout ce que nous avons pour le moment.
Le résultat est que ces retards dans les chirurgies et les consultations aggraveront notre état de santé et les inégalités sur le plan de la santé pendant une génération. Au lieu de privilégier notre santé, la réalité, pour les Canadiens noirs, est d'être condamnés à des maux tels que l'insécurité alimentaire et, désormais, un accès diminué aux vaccins, au dépistage ainsi qu'une présence policière plus grande dans nos communautés. En fin de compte, plus d'injustice sanctionnée par l'État et visant les Canadiens noirs.
Mon identité tire sa fierté à la fois de ma négritude et de mon homosexualité. Le fait de grandir dans la pauvreté matérielle, en étant conscient d'être homosexuel et Noir, signifie que beaucoup d'entre nous ne peuvent pas toujours compter sur les systèmes ordinaires de soutien familial en cas de besoin, après la perte de son emploi ou au début d'une épidémie grave comme celle de la COVID-19, sans oublier que beaucoup de membres de la communauté homosexuelle travaillent dans les secteurs des arts et de l'hospitalité où le virus a fait des coupes sombres, ce qui rend, encore une fois, les homosexuels particulièrement vulnérables à l'insécurité alimentaire, au sans-abrisme et aux répercussions des deux sur la santé. Comme n'importe quel autre groupe, nous nous rapprochons de notre communauté en temps de difficultés pour obtenir de l'appui. Beaucoup d'entre nous trouvent une famille choisie dans nos espaces communautaires, qui sont sûrs et accessibles. Ces espaces qui nous ont longtemps échappé en raison de l'embourgeoisement des quartiers.
Semaine après semaine, un autre de nos espaces communautaires ou de nos entreprises appartenant à des homosexuels ferme définitivement ses portes. Nous ne devrions pas avoir à souffrir davantage de la pandémie parce que nous sommes homosexuels, noirs, trans, handicapés, gagne-petit ou réfugiés. Nous méritons tous d'être protégés, particulièrement pendant une crise comme celle-là.
Merci.
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Bonjour. Je remercie tous les membres du Comité et son président pour leur invitation. J'essaierai de ne pas être verbeux, mais je suis né et j'ai grandi en Nouvelle-Écosse, comme M. d'Entremont le sait, où nous sommes des conteurs.
Je vis actuellement en Alberta, où j'ai passé plus de la moitié de ma vie — à cinq minutes à peine au sud de Calgary. Je suis dans l'industrie du spectacle, la musique, depuis une trentaine d'années. La vie m'a choyé. Jusqu'au début de la COVID-19, j'avais une carrière très réussie, sur la scène internationale, dans le créneau du country. Ces 30 dernières années, j'ai enregistré, j'ai été chef opérateur du son et technicien vidéo et, non seulement ai-je travaillé à ma propre carrière, mais, ce qui est plus important encore, j'ai été le mentor de dizaines de jeunes artistes et j'ai aidé des œuvres de charité.
La COVID-19 a provoqué une hécatombe dans notre industrie, dans son ensemble, et dans notre secteur. Immédiatement, nous avons pris des décisions, bien sûr, comme tout bon gestionnaire du changement, pour nous adapter rapidement, essayer de trouver une ressource économique pour toute notre équipe, à peu près comme il y a quelques années, quand notre industrie a introduit l'écoute en continu et que, du jour au lendemain, ma compagnie est passée de six à un seul droit de propriété intellectuelle et a perdu de 60 à 70 % de sa capacité de production de revenus.
Mais après les innombrables heures de concerts gratuits en ligne et de prestations en virtuel, l'amélioration économique n'a pas suivi, même si le produit était de la musique — et je suis sûr que vous tous, vous aimez la musique. Nous nous sentions heureux de consoler et de réconforter nos amateurs grâce à notre pouvoir de donner grâce à la musique. Nous étions l'une des petites entreprises — je dirais l'une des quelques rares, mais, malheureusement, les responsables des plus petites à qui j'ai parlé, particulièrement ici, en Alberta… Nous étions l'une des rares à traverser le filet de l'aide fédérale, n'importe laquelle, qui nous aurait soulagés.
En fait, une merveilleuse équipe de comptables et de gestionnaires d'entreprises qui travaillent pour nous s'y sont essayés, mais en vain. Actuellement, toute notre équipe et tout notre personnel, bien sûr, ont été licenciés. J'aimerais être l'artiste qui arrive à se lamenter sur ce qui est sans remède, mais je ne suis pas le seul concerné. Dans le spectacle, 3,1 millions de personnes directement touchées et sans travail qui les attend ne reçoivent ni financement ni aide.
Plus important, encore, l'espoir est tout pour nous. Nous n'avons rien à espérer, parce que, chaque fois qu'une ouverture semble proche… C'est comme les spectacles auxquels j'étais censé participer, qui ont été déplacés de très nombreuses fois. Tout mon personnel, toute mon équipe, tous nos hôtes éventuels restent dans l'expectative, encore, ne sachant pas ce qui s'en vient. Le moment actuel est absolument le pire pour notre santé mentale, le fait de ne pas savoir ce qui arrivera d'ici un, deux, six mois, si nous pourrons nourrir nos familles ou si nous devrons nous trouver ensuite un emploi.
J'ai parlé à de nombreux artistes, musiciens et techniciens, qui ont eu la chance de trouver d'autres emplois et qui ne reviendront plus dans le monde de la musique, dans celui du spectacle. Ils conserveront les emplois qu'ils ont trouvés parce que — et c'est logique — quand la prochaine pandémie frappera, nous serons encore les premiers à fermer, même si nous accordons à notre clientèle une sécurité extrême, je dirais, par rapport à la plupart des industries. Notre assurance, notre sécurité, notre clientèle ont préséance sur tout dans notre secteur, mais, malheureusement…
M. Marcus Powlowski: Peut-être qu'à 13 heures, nous pourrions aller à l'école prendre ton autre ordinateur.
Le président: Monsieur Powlowski, veuillez désactiver votre micro.
M. George Canyon: De toute manière, je pourrais poursuivre indéfiniment, mais j'estime qu'il est plus important que vous puissiez questionner directement les témoins. Je m'arrête donc et j'attends vos questions.
Merci encore de votre invitation.
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Merci pour votre question.
Voici l'un des plus gros obstacles. Je ne suis pas spécialiste du domaine, même si je me suis occupé des finances de notre entreprise pendant 30 ans. Une entreprise de Vancouver, Yaletown Financial, s'occupe de tous nos besoins en matière de gestion, de toutes les entrées et sorties d'argent. Elle m'a expliqué, et il a fallu de nombreux appels téléphoniques, que l'une des grandes difficultés qu'éprouvent les petites entreprises découle du fait que les propriétaires — ma conjointe et moi, qui sommes les propriétaires de nos entreprises — ne se versent pas de salaires mais, essentiellement, à la fin de l'année, des dividendes, ce qui crée une espèce d'échappatoire économique qui devient la cause du problème.
Elle s'est affairée, auprès des provinces et de l'administration fédérale, à obtenir les sommes en question qui sont rendues tellement nécessaires, seulement en aval, pour soutenir notre équipe, mais en vain.
Économiquement, il existe de nombreuses autres raisons pour éprouver des problèmes internes, mais il semble que, dès le premier jour, elle était en ligne et essayait de se battre avec le système en ligne.
Nous avons parlé à d'autres acteurs du secteur de la musique, pour ne pas me borner à un point de vue, et ils ont pu recevoir du financement, mais c'était une compagnie de taille beaucoup plus modeste, non constituée en société qui prélevait des dividendes. Il me semble que pour beaucoup de petites entreprises, ça semble le principal problème. Dans les entreprises dont les propriétaires se versaient des dividendes au lieu d'un salaire, ç'a constitué un gros problème, dès le point de départ.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour à mes collègues, et je souhaite la bienvenue à nos témoins, de Cape Breton—Canso.
Je vais adresser mes questions à M. Grant.
Premièrement, monsieur Grant, je vous considère vous et votre organisation des experts en matière de jeunesse et de programmes pour les jeunes.
Pendant de nombreuses années, dans la première partie de ma carrière, j'ai travaillé avec un monsieur du nom de Gordie Gosse, et c'était un grand homme. Il est décédé en 2019. Il a travaillé à Whitney Pier en tant que planificateur de programmes pour les jeunes et est devenu plus tard un ministre du NPD au sein du gouvernement provincial. J'ai énormément appris de lui quant à l'importance des programmes et de l'engagement communautaire.
Cette année, monsieur Grant, les Canadiens ont fait de grands sacrifices et, plus particulièrement, les jeunes et les enfants ont renoncé, comme vous le dites, à aller à l'école, à passer du temps avec leurs amis et à profiter pleinement de leur adolescence et de leur enfance. Dans chaque province, des mesures de santé publique sont mises en oeuvre par des agents de santé publique, et elles sont importantes, mais nous avons besoin de soutiens plus nombreux et variés, comme vous l'avez mentionné.
Vous avez notamment abordé un sujet qui me semble très important, à savoir la santé mentale des jeunes. Je pense que vous serez d'accord avec moi pour dire qu'ils sont déjà exposés à un risque élevé, même sans qu'une pandémie mondiale vienne s'ajouter aux facteurs de risque.
Je me demande si vous pouvez dire au Comité à quel point il est important pour les enfants et les jeunes, à l'heure actuelle, d'avoir accès à des plateformes comme l'initiative Espace mieux-être Canada, lancée par notre gouvernement, ou Jeunesse, J'écoute.
Comme nous le savons, avant la COVID, avant la pandémie, les besoins en services de santé mentale pour les sans-abri étaient élevés. Nous savons, à la lumière de recherches, que c'est l'un des défis à relever, que ce soit une cause ou un effet de l'itinérance. Les services de Jeunesse, J'écoute, les services de l'Association canadienne pour la santé mentale, la ligne 310-COPE et toutes ces mesures étaient importants avant la COVID, mais on ajoute maintenant une pandémie, ce qui entraîne énormément d'incertitude pour ces jeunes. Ils ont déjà connu de l'incertitude dans leur vie et la pandémie ne fait qu'exacerber la situation.
Il convient de noter que beaucoup d'argent est consacré à la santé mentale et que nous avons vu les gouvernements augmenter ce financement, mais nous constatons que bon nombre de ces services ne sont pas accessibles aux sans-abri, pour différentes raisons.
Parfois, avec une population de jeunes, la définition de « jeune » est différente. Pour les services provinciaux, il peut s'agir des jeunes de 16 à 24 ans. Pour les services fédéraux, c'est de 14 à 29 ans, et pour certains services de santé, c'est jusqu'à 18 ans. Même en se fondant sur l'âge, il est difficile d'accéder à certains de ces services. Ensuite, il y a la non-disponibilité des soins psychiatriques et des psychiatres capables de poser un diagnostic, ainsi que du soutien de suivi.
Nous constatons que les jeunes sans abri sont encore plus marginalisés lorsqu'il s'agit d'accéder aux services et aux fonds destinés à la santé mentale, d'où l'importance d'offrir des services précis pour cette population.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins de leurs témoignages portant sur les effets collatéraux de la pandémie.
Je m'adresserai au Dr Legault.
Docteur Legault, je vous remercie de votre témoignage. À l'instar de votre collègue le Dr Perrault, vous nous avez offert un témoignage précis et chirurgical. Vous avez pointé votre scalpel là où cela fait mal.
Vous nous dites que 200 000 personnes sont sur des listes d'attente, ce qui n'est pas anodin. C'est l'équivalent de la population de la ville de Sherbrooke, et on ne parle que des patients qui ont été identifiés. On ne sait pas à la population de quelle ville correspond le nombre de patients qui ne sont pas encore identifiés parce qu'ils n'ont pas eu accès au diagnostic.
Les témoins qui ont comparu devant le Comité dès le début de la première vague nous ont dit que les réseaux de santé étaient déjà sous pression et fragilisés à cause du sous-financement chronique. Ce matin, vous nous dites que c'est très bien que le gouvernement ait investi pour soutenir l'économie et les citoyens, mais qu'il devrait dès maintenant répondre aux besoins de nos systèmes de santé en versant aux provinces et au Québec des fonds récurrents et substantiels qui leur permettraient de remettre leurs réseaux de santé sur pied. Vous vous inspirez des meilleures pratiques, et je vous en félicite. Je sais que, au cours des dernières décennies, vous êtes certainement devenu un expert du « faire plus avec moins ». Au Québec, on a développé cette expertise, car on n'avait pas le choix.
Par ailleurs, vous nous dites qu'il y a un sérieux problème. En effet, peu importe comment on organise les soins, cela prend des gens pour les donner. Présentement, la pandémie a des répercussions directes sur les ressources humaines. On pourrait perdre une expertise qui nous coûterait terriblement cher à récupérer.
Vous parliez des blocs opératoires. Même si on engage d'autres personnes, comme on l'a fait dans le cas des préposés aux bénéficiaires, on risque de perdre une expertise incroyable. Je voudrais que vous nous en parliez davantage.
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Lorsque nous avons fait un remue-méninge après la première vague, nous avons fait une première constatation. Tous les hôpitaux du Québec ont été pris d'assaut, et nous avons dû faire un délestage des activités chirurgicales et réaffecter le personnel du bloc opératoire dans d'autres départements de l'hôpital. Nous avons donc dû arrêter la formation des infirmières et de tous les intervenants du bloc opératoire. La formation d'une infirmière ou d'une inhalothérapeute de bloc opératoire peut prendre de six à douze mois, en plus du cours habituel d'infirmière ou d'inhalothérapeute. La plupart du temps, ces employés sont prêts après neuf mois de formation.
Si je voulais augmenter le personnel compétent en bloc opératoire aujourd'hui, cela me prendrait neuf mois dans le meilleur des cas. Or, si jamais la troisième vague frappait aussi fort au Québec qu'elle a frappé en Ontario, il faudrait probablement couper les cheveux en quatre pour déterminer quelles activités nous poursuivons et auxquelles nous mettons fin.
Durant la première vague, nous avions décidé de continuer de faire de la formation, mais, durant la deuxième vague, nous avons dû arrêter de le faire parce que nos équipes étaient déjà trop sollicitées.
Il faut effectivement promouvoir la beauté de ce travail, qui est vraiment difficile. Vous avez raison, monsieur Thériault. Les [difficultés techniques] pandémie à cause des ressources qui étaient déjà très étirées, cela a été difficile. Le sous-financement chronique du système de santé est tel que les conditions ne sont pas optimales. Présentement, la situation est pire qu'elle ne l'a jamais été dans l'histoire de la médecine publique. [Difficultés techniques], j'en suis absolument persuadé.
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Certainement. Ces données proviennent des recherches que FoodShare a menées en collaboration avec PROOF, une initiative de recherche à l'Université de Toronto qui mettait l'accent sur les interventions stratégiques pour l'insécurité alimentaire.
Ces recherches ont remis en question la compréhension générale des causes de l'insécurité alimentaire au pays. Auparavant, quand des groupes examinaient les données globales sur l'insécurité alimentaire au Canada, ils constataient que des éléments comme la composition du ménage, le statut d'immigration et l'accès à un revenu minimum pour les personnes âgées avaient tous une incidence sur l'insécurité alimentaire. Ces recherches ont porté sur une communauté précise, la communauté noire, afin de mieux comprendre ce qui arrive aux Canadiens noirs en matière d'accès à la nourriture.
Nous avons constaté que les Canadiens noirs étaient trois fois et demie plus susceptibles de souffrir d'insécurité alimentaire. Nous avons constaté que 36 % des enfants noirs ont grandi dans des ménages qui souffraient d'insécurité alimentaire, contre 12 % des enfants blancs, et que le pourcentage de propriétaires noirs souffrant d'insécurité alimentaire est à peu près égal au pourcentage de locataires blancs qui souffrent d'insécurité alimentaire au Canada.
Au final, nous avons découvert que la prévalence de l'insécurité alimentaire demeurait élevée chez les ménages noirs, qu'ils soient nouvellement arrivés au Canada ou établis depuis des générations ou qu'ils soient dirigés par un seul parent ou par deux. Essentiellement, nous avons constaté que les facteurs typiques qui contribuaient à protéger contre l'insécurité alimentaire que nous comprenions depuis longtemps, comme la propriété d'une maison ou l'accès à une pension, ne protégeaient pas les familles noires de la même façon que les familles blanches.