Soyez toutes et tous les bienvenus à la réunion 43 du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes.
Le Comité se réunit aujourd'hui pour étudier la situation d'urgence à laquelle les Canadiens font face avec la pandémie de COVID‑19.
J'aimerais accueillir les témoins.
Comparaissant à titre personnel, nous avons Mme Jillian Kohler, professeure, Faculté de pharmacie Leslie Dan de l'Université de Toronto. Comparaissant également à titre personnel, nous avons M. Yannick Labrie, économiste de la santé.
M. Labrie sera des nôtres dans les deux groupes. Je crois savoir qu'il parlera, en fait, du Conseil d'examen du prix des médicaments brevetés.
Nous avons, de la Fondation Dan's Legacy, Mme Barbara Coates, directrice exécutive, et M. Tom Littlewood, psychologue et directeur des programmes.
J'inviterai maintenant les témoins à présenter brièvement leurs observations.
Avant cela, toutefois, je ferai remarquer que j'ai des cartons — des cartons magiques. Je montrerai le carton jaune quand il vous restera à peu près une minute de temps de parole et le carton rouge quand votre temps de parole sera terminé. Quand vous voyez le carton rouge, vous n'avez pas à vous arrêter instantanément, mais essayez de conclure.
Cela étant dit, nous commencerons par Mme Kohler.
Madame Kohler, vous avez la parole, Vous disposez de cinq minutes.
Mesdames et messieurs les députés, je vous remercie de me donner l'occasion de parler aujourd'hui,
Je parlerai essentiellement des conséquences pour les Canadiens du manque de transparence et de reddition de comptes dans l'approvisionnement en vaccins contre la COVID. La pandémie de COVID‑19 a amplifié le rôle capital des gouvernements pour ce qui est de garantir l'accès de leurs populations à des vaccins sûrs et efficaces.
Le déploiement des vaccins contre la COVID‑19 montre toute l'importance de la transparence. Les fonds publics considérables investis dans le processus de recherche-développement, le besoin urgent pour tous les pays d'avoir des vaccins et la nécessité de renforcer la confiance du public à leur égard sont autant de raisons pour lesquelles nous avons besoin de transparence. Qui plus est, des fonds publics ont financé en partie la mise au point des vaccins contre la COVID‑19, ce qui confère à la population mondiale un droit à beaucoup de transparence au sujet de leur achat.
Les vaccins contre la COVID‑19 sont un bien public mondial. Ils peuvent aider tout le monde, partout.
Quand l'information sur l'approvisionnement en vaccins et sur leur déploiement n'est pas publique, la population n'est pas informée, ce qui crée un terrain propice à la méfiance du public à leur égard et peut contribuer à une hésitation à se faire vacciner, en plus de favoriser la propagation d'informations erronées.
L'opacité de la déclaration des effets indésirables relevés dans les essais cliniques peut également contribuer à une hésitation à se faire vacciner. D'après un récent sondage mondial de Gallup, cette hésitation fait qu'environ 32 % de la population mondiale est réticente à l'idée de se faire vacciner. C'est un coup dur porté aux efforts que nous déployons pour venir à bout de cette pandémie.
Seule la communication fréquente et claire de données probantes peut contrer l'incertitude et la désinformation. Plus cette communication se fait, plus nous avons de chances de susciter la confiance du public et de renforcer la campagne de vaccination.
Dans « For Whose Benefit? », une étude récente à laquelle mon équipe a participé avec des collègues de Transparency International UK, nous constatons que le Canada s'en sort relativement bien pour ce qui est de publier les rapports d'essais cliniques. Cependant, le Canada participe également à la tendance alarmante des gouvernements à censurer des détails clés dans leurs commandes aux sociétés pharmaceutiques ou à ne pas les publier du tout. Cela crée, à juste titre, l'apparence de pouvoir asymétrique entre les représentants de ces sociétés et les autorités publiques.
En temps normal, l'approvisionnement est une fonction gouvernementale où le risque de corruption est le plus élevé. Dans des situations d'urgence, ces risques sont amplifiés en raison de la nécessité d'agir vite et de faire preuve de souplesse. Il n'y a pas de temps à perdre. C'est pourquoi des processus d'approvisionnement en situation d'urgence publique transparents et responsables sont essentiels pendant une pandémie.
La responsabilité aide à faire en sorte que l'institution concernée réponde à celles et ceux qui sont touchés par les décisions ou les mesures qu'elle prend. Elle peut aussi réduire le risque d'abus, garantir la conformité aux normes et aux procédures, et améliorer le rendement et l'apprentissage organisationnel. Les institutions doivent expliquer et justifier leurs résultats aux surveillants ou aux intervenants internes et externes et, quand le rendement n'est pas à la hauteur, nous devons le leur faire savoir.
Nous avons été témoins d'un déficit de transparence et de responsabilité de la part du gouvernement canadien, notamment en ce qui a trait aux négociations et aux accords d'achat conclus avec les sociétés pharmaceutiques. Plus de transparence permettra au public de savoir quels ont été les prix payés. Elle permettra de prendre des décisions plus éclairées et elle peut, avec le temps, aboutir à un meilleur pouvoir d'achat pour négocier les prix avec les fournisseurs. La transparence des données relatives aux prix peut mettre en évidence des tendances et des aberrations, comme des trop-payés, des dessous‑de-table, etc.
Les systèmes d'approvisionnement sans mécanismes de transparence et de reddition de comptes créent un réel risque en ce qui concerne la crédibilité et la confiance dans le processus.
Nous savons que cette pandémie ne se terminera que lorsque nous serons tous en sécurité. Autrement dit, les Canadiens doivent se préoccuper non seulement de leur propre approvisionnement en vaccins, mais aussi de celui d'autres pays, non seulement pour des raisons sanitaires, mais aussi pour des raisons humanitaires.
Nous avons affaire à l'industrie pharmaceutique, qui est souvent secrète afin de protéger ses intérêts commerciaux. Cela n'a jamais été acceptable. Comme le dit le proverbe, à quelque chose malheur est bon. La pandémie mondiale est l'occasion pour le gouvernement du Canada d'insister pour que l'industrie pharmaceutique se montre transparente, ce qui lui permettra de renforcer sa propre reddition de comptes aux Canadiens. Il doit dire combien il paie, ce qu'il négocie et pourquoi, afin de renforcer la confiance du public, notamment dans notre approvisionnement en vaccins contre la COVID‑19.
Au début, avant que Santé Canada autorise quelque vaccin que ce soit contre la COVID, le gouvernement fédéral a acheté plus de doses qu'il n'en faut pour la population canadienne. Dans notre étude, nous avons constaté que le Canada a 11 accords en place, ce qui représente environ 16,33 doses par personne. En comparaison, les États-Unis ont 8 accords au total, soit environ 10,2 doses par personne.
Au Canada, nous avons cette abondance, mais les fabricants n'ont pas respecté les calendriers de livraison. Résultat, l'approvisionnement était irrégulier et incertain au premier trimestre de 2021, ce qui a été source d'exaspération et de peur chez les Canadiens.
Même si le gouvernement a conclu avec les fabricants des accords sur des quantités nettement supérieures aux besoins de la population, il s'est aussi servi dans COVAX, autrement dit l'initiative multilatérale destinée à aider à garantir un accès équitable aux vaccins contre la COVID dans le monde entier. La réputation de chef de file mondial en matière de santé du Canada est maintenant remise en question, car il se tourne vers COVAX, alors que la majorité des pays à faible revenu continuent d'avoir du mal à se procurer suffisamment de vaccins pour vacciner leurs travailleurs de la santé.
Je conclurai en disant qu'il est essentiel d'intégrer de meilleures mesures de transparence et de reddition de comptes dans nos accords avec l'industrie pharmaceutique, si nous voulons gagner la confiance du public. Le Canada a la possibilité à l'heure actuelle de promouvoir la transparence des prix, de devenir un chef de file mondial de la transparence des essais cliniques et aussi de publier toute l'information relative aux négociations sur les vaccins avec les fournisseurs.
Je vous remercie de votre attention.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Bonjour, tout le monde.
D'abord, je tiens à remercier les membres du Comité permanent de la santé de me donner l'occasion de témoigner aujourd'hui, à titre personnel, au sujet des changements réglementaires envisagés par le Conseil d'examen du prix des médicaments brevetés, ou CEPMB.
Je m'appelle Yanick Labrie. Je suis économiste de la santé. J'ai enseigné l'économie dans divers collèges et universités du Québec. Au cours des 15 dernières années, j'ai réalisé, pour le compte de plusieurs centres de recherche, plus d'une trentaine d'études portant sur des enjeux liés précisément aux politiques pharmaceutiques. Ma présentation d'aujourd'hui s'inspire en grande partie des recherches que j'ai menées et qui ont été publiées au cours des dernières années.
En mars 2020, le directeur exécutif du CEPMB affirmait que le resserrement des contrôles de prix envisagé n'aurait pas d'effet négatif sur les investissements en recherche-développement ni sur les lancements de médicaments au Canada. Il s’agit d'une affirmation pour le moins surprenante, qui est contredite à la fois par la théorie économique et par la littérature empirique sur le sujet.
D'abord, la théorie économique et l'expérience nous apprennent que les compagnies pharmaceutiques classent les projets d'investissement potentiels par ordre décroissant quant au taux de rendement attendu de chaque projet. Évidemment, dans un contexte de resserrement des contrôles de prix, où augmente l'incertitude entourant les projets de recherche-développement alors que diminuent les profits anticipés, il est manifeste que l'on devrait s'attendre à une baisse des investissements en recherche-développement pharmaceutique au Canada, si le CEPMB décidait de mettre en œuvre sa réforme réglementaire. C'est tout l'écosystème des sciences de la vie au pays, particulièrement dans les provinces du Québec et de l'Ontario, qui serait touché.
De plus, il ne fait aucun doute que les compagnies pharmaceutiques auront tendance à donner la priorité au lancement de leurs médicaments dans les pays où les profits anticipés seront potentiellement les plus élevés. Dans la mesure où les contrôles de prix plus stricts feront baisser les profits anticipés des compagnies, on verra diminuer l'incitation à donner la priorité au marché canadien, relativement petit à l'échelle mondiale, en ce qui concerne le lancement des nouveaux médicaments.
Ces prédictions ne sont pas que théoriques. L'an dernier, j'ai effectué une revue exhaustive de la littérature scientifique au sujet des liens qui existent entre la réglementation des prix, les investissements pharmaceutiques en recherche-développement et l'accès aux médicaments. Cette étude révisée par les pairs a été publiée dans la revue Canadian Health Policy en juin 2020. Parmi les 49 études universitaires recensées, seulement quatre n'ont pas pu établir de lien significatif entre les contrôles de prix et les retards de lancement de nouveaux médicaments, et une seule n'a pas trouvé de preuve voulant que ces contrôles de prix réduisent les dépenses en recherche-développement pharmaceutique. Les 44 autres études ont toutes montré que les politiques entourant les contrôles de prix découragent les investissements en recherche-développement et réduisent ou retardent les lancements de médicaments dans les pays qui les imposent. Les petits marchés pour les compagnies pharmaceutiques, comme celui du Canada, sont particulièrement à risque de voir la commercialisation des nouveaux médicaments être retardée.
Il faut aussi comprendre que des lancements plus tardifs de médicaments génèrent des coûts d'un point de vue sociétal, puisqu'ils empêchent de nombreux patients d'en tirer plus rapidement les bénéfices sur le plan de la santé. Non seulement ces retards font augmenter les risques de complications et de mortalité précoce, mais ils ont également des effets négatifs sur la qualité de vie des patients. Ils alourdissent aussi le fardeau économique que doivent supporter très souvent les patients durant l'attente d'un médicament plus efficace.
Entre 2009 et 2018, il a fallu en moyenne 690 jours, soit près de deux ans, avant que les gouvernements provinciaux n'acceptent de couvrir les nouveaux médicaments approuvés pour la commercialisation au Canada. Malheureusement, le resserrement de la réglementation des prix qui est envisagé par le CEPMB risque de nuire grandement à l'innovation pharmaceutique et de contraindre les patients à se priver de médicaments dont ils ont besoin ou à attendre encore plus longtemps avant d'y avoir accès.
Les changements réglementaires proposés par le CEPMB s'appuient sur l'idée que l'arrivée grandissante de médicaments onéreux, au cours des dernières années, viendrait compromettre la capacité des régimes d'assurance à supporter les dépenses accrues qui y seraient associées. Or, les données qu'a publiées l'Institut canadien d'information sur la santé sur l'évolution des dépenses totales de médicaments prescrits ces 10 dernières années montrent que ce n'est pas du tout le cas.
En fait, malgré l'arrivée croissante de médicaments plus onéreux au Canada, on assiste depuis plusieurs années à un ralentissement de la croissance des dépenses pharmaceutiques totales, y compris les services de distribution et de pharmacie. Si l'on tient compte de l'inflation, les dépenses réelles de médicaments par habitant ont connu une croissance nulle au Canada depuis 2010.
Les autres catégories principales de dépenses de santé ont toutes progressé à un rythme plus rapide que les dépenses de médicaments prescrits ces 10 dernières années. En 2019, la part des dépenses de médicaments prescrits représentait 13 % des dépenses totales de santé au Canada, un pourcentage qui décline depuis 2010. De plus, la part du PIB consacrée aux dépenses de médicaments prescrits diminue également au pays. Ces dépenses sont passées de 1,7 % en 2010 à 1,5 % en 2019.
Comme elles ne tiennent pas compte des rabais confidentiels obtenus par les régimes d'assurance-médicaments des provinces et du fédéral ainsi que par les régimes privés, ces dépenses pharmaceutiques tendent, dans les faits, à être surestimées.
En conclusion, je ne recommande pas aux membres du Comité permanent de la santé d'appuyer les changements réglementaires envisagés par le CEPMB. Contrairement à ce que l'on entend dire fréquemment, les dépenses en médicaments et en services pharmaceutiques ne sont pas hors de contrôle au Canada. Depuis 2010, les dépenses en médicaments prescrits comptent pour une part de plus en plus petite de l'économie et du budget de la santé du Canada.
Le resserrement de la réglementation des prix qui est envisagé par le CEPMB risque fort d'entraîner des conséquences négatives pour la population canadienne. Il aura pour effet non seulement de retarder le lancement de nouveaux médicaments au Canada ou d'en réduire le nombre, mais aussi de décourager les investissements en recherche-développement, qui sont pourtant indispensables pour assurer le développement et la disponibilité de nouveaux médicaments pour les Canadiens dans l'avenir.
Je vous remercie de votre attention.
:
Je vous remercie, monsieur McKinnon.
Bonjour, mesdames et messieurs. Je m'appelle Barbara Coates. Je suis directrice exécutive de la Fondation Dan's Legacy. Je suis accompagnée aujourd'hui de mon collègue, Tom Littlewood. Nous vous remercions de votre invitation à comparaître devant le Comité.
Je suis avec vous par Zoom depuis Delta, en Colombie-Britannique, qui se trouve sur le territoire ancestral non cédé des Premières Nations de Tsawwassen et Musqueam. M. Littlewood est des nôtres depuis Coquitlam, dans la circonscription de M. McKinnon, c'est‑à‑dire sur le territoire ancestral non cédé de la Première Nation Kwikwetlem.
Mon collègue, M. Littlewood, qui est psychologue, a plus de 45 ans d'expérience auprès des jeunes à risque dans la collectivité et nous sommes ici aujourd'hui afin de vous offrir nos deux témoignages sur l'incidence de la pandémie de coronavirus sur la crise des opioïdes dans la région métropolitaine de Vancouver et de vous présenter nos recommandations en matière de solutions pour la réduction des méfaits.
Je vais céder la parole à M. Littlewood.
Je vous remercie.
:
Je vous remercie, madame Coates.
En ce qui concerne la COVID‑19 et ses répercussions sur la santé mentale, les surdoses, les comportements autodestructeurs et les épisodes de psychose ont augmenté de 50 % chez nos jeunes clients. Nous servons environ 300 clients par an actuellement, et ce chiffre est sur le point de doubler. Les hospitalisations, pour ces raisons, coûtent de 1 500 $ à 2 500 $ par jour, au minimum.
Nombreux sont ceux qui souffrent d'angoisse et de dépression. Ces problèmes de santé mentale paralysent les jeunes, en poussant beaucoup à se cloîtrer dans leur chambre ou leur appartement en sous-sol.
La crise des opioïdes s'est aggravée pendant la pandémie de COVID‑19. Nous prévoyons que la situation ne fera qu'empirer, car des milliers de jeunes sont sur le point de former la prochaine vague de toxicomanie qui déferlera dans nos rues.
Tous les ans, un millier de jeunes n'ont plus accès aux services à l'enfance en raison de leur âge et un millier d'autres se retrouvent à la rue, car ils fuient des foyers dysfonctionnels. Plus de 60 % des jeunes qui n'ont plus accès aux services à l'enfance en raison de leur âge sombreront dans la toxicomanie pour oublier leur douleur psychologique.
Cependant, il y a une période critique, entre 15 et 25 ans, où ces jeunes demandent généralement de l'aide. Si une thérapie tenant compte des traumatismes leur est offerte gratuitement et sans liste d'attente, 75 % d'entre eux y répondront et réussiront à l'école et au travail, se désintoxiqueront, trouveront un logement et suivront une formation professionnelle. Il est possible de les faire dévier de la trajectoire qui les conduit à l'itinérance, à une toxicomanie bien ancrée, aux surdoses et au suicide, et de les amener vers une vie qu'ils seront heureux de vivre.
Les premiers effets des traumatismes passés, qui comprennent la violence physique, mentale et sexuelle, la pauvreté et le traumatisme intergénérationnel subi par nos clients autochtones, s'expriment normalement, pour commencer, par de l'angoisse, de la dépression, des troubles de l'alimentation et du sommeil, et un comportement d'automédication.
Notre intervention thérapeutique de quatre mois de counselling tenant compte des traumatismes coûte environ 2 500 $. Une fois que les jeunes sombrent dans la toxicomanie, le coût pour la collectivité s'élève à des millions de dollars, si l'on tient compte des services de police, des premiers intervenants, des hôpitaux, du système correctionnel, etc. Ce qui ne prend pas du tout en compte ce que le toxicomane doit voler, ou les prestations sexuelles qu'il vend pour avoir de quoi acheter les drogues dont il a besoin.
La prévention des méfaits, plus particulièrement la thérapie tenant compte des traumatismes, peut détourner les jeunes de la toxicomanie et de l'itinérance, ce qui non seulement sauve de précieuses vies, mais fait aussi économiser des millions de dollars à la collectivité.
La désintoxication qui tient compte des traumatismes est une nouvelle idée qui est encore controversée. Au lieu des programmes de désintoxication par l'abstinence en 12 étapes, qui ne sont pas des pratiques exemplaires pour les jeunes, surtout en ce qui concerne la dépendance aux opioïdes, la désintoxication qui tient compte des traumatismes fait intervenir un médecin, un thérapeute et un client qui passent un contrat aux termes duquel le médecin prescrit au client un produit de substitution aux opioïdes pendant qu'il suit des séances de counselling post-traumatique.
Dans le travail avec un thérapeute, qui dure généralement quatre mois, le client commence par apprendre des techniques d'autorégulation. Ensuite vient le travail de counselling post-traumatique, afin d'aider le jeune à mieux comprendre les traumatismes qu'il a subis.
Une fois le travail sur les traumatismes terminé, le client n'a plus besoin de s'automédiquer pour oublier la douleur psychologique et c'est alors qu'intervient le médecin pour fournir quelque chose comme du subuxone, qui est un produit de substitution aux opioïdes, afin de l'aider à ne pas faire de crises de manque.
Cette approche est nouvelle et controversée, mais elle devient un modèle de pratique exemplaire pour les jeunes dépendants aux opioïdes. On étudie aussi la possibilité d'utiliser des stimulants prescrits en remplacement de drogues illicites comme le crack ou la méthamphétamine.
La crise des opioïdes et la crise des surdoses ont pour effet secondaire un nombre croissant de lésions cérébrales irréversibles causées en ramenant quelqu'un au moyen du narcan ou de la naloxone. Certains jeunes se vantent du nombre de fois où ils ont récupéré en utilisant de la naloxone. Cependant, en tant que thérapeutes, nous voyons la détérioration progressive des facultés cognitives après plusieurs utilisations de naloxone à la suite de plusieurs surdoses.
Je proposerai, en ce qui a trait à la réduction des méfaits, de mettre en place un programme d'exonération du remboursement de la PCU pour les jeunes qui suivent pendant une année une désintoxication, font des études, travaillent ou acquièrent une formation. L'argent s'est envolé. Vous ne le récupérerez pas. Ces jeunes ne l'ont pas, mais cette obligation de remboursement créera un obstacle insurmontable pour eux et en poussera des milliers à abandonner et à retourner dans l'anonymat de la rue, ce qui les conduira plus vite à la toxicomanie et à l'itinérance. J'ai connu un jeune qui s'est suicidé parce qu'il se retrouvait avec 1 000 $ d'amendes attrapées dans les transports en commun, amendes qui doivent être réglées quand le contrevenant passe son premier permis de conduire. Imaginez le chaos que ce sera quand des milliers de jeunes se verront demander de rembourser les milliers de dollars qu'ils ont reçus frauduleusement au titre de la PCU.
Pour résumer, notre objectif est de prendre une longueur d'avance sur la COVID‑19 et sur la crise des opioïdes en employant des stratégies de réduction des méfaits s'appuyant sur la thérapie tenant compte des traumatismes, la formation et la désintoxication.
Je vous remercie.
:
Ma question est également pour Mme Kohler. Permettez-moi de vous dire d'abord que je suis tout à fait d'accord pour ce qui est de renoncer aux droits de propriété intellectuelle sur les vaccins pour que les pays en développement y aient plus facilement accès.
Je voulais faire un commentaire ou vous interroger sur votre article paru dans le Globe and Mail en février, qui était intitulé « Developing countries won't forget Canada's 'me-first' approach to vaccines » et où vous parliez d'une approche ethnocentrée des vaccins.
Un article vient de paraître dans le Globe, je crois, d'après lequel nous nous engageons à donner 100 millions de doses aux pays en développement. Je pense que nous comprenons que nous sommes un des plus gros donateurs de COVAX.
Il s'agit de savoir quand nous allons commencer à envoyer ces doses de vaccin. Voici ma question. Je suis député de Thunder Bay—Rainy River. J'ai une obligation envers mes concitoyens. J'ai travaillé pendant sept ans dans des pays en développement pour 1 000 $ par mois, alors que j'aurais évidemment pu gagner beaucoup plus d'argent ici. Mes enfants ont attrapé la malaria, moi aussi, et mes enfants ont eu la dengue, mais je crois absolument que l'égalité mondiale en matière de soins de santé devrait être un des principaux objectifs de notre société.
Cela dit, si nous préconisions de commencer à donner des doses de vaccin maintenant, alors que les Canadiens ne sont pas complètement vaccinés... Par exemple, mes parents, qui sont octogénaires, ont seulement reçu une dose. Si nous sommes infectés par le variant delta, apparemment, une seule dose ne réduit le risque de maladie symptomatique que de 33 %. Ce n'est pas bon.
Que pouvez-vous nous dire, à nous parlementaires? Comment devrions-nous concilier ces deux considérations importantes et le fait que des personnes dans ma circonscription diraient probablement qu'elles sont d'accord pour donner ces vaccins, mais qu'il faut d'abord protéger sa propre population?
:
Je vous remercie. C'est un très bon commentaire.
Je vais revenir en arrière. Le monde a changé depuis que j'ai écrit mon éditorial.
Je ne pense pas que ce devrait être ou nous ou eux. Je tiens à être très claire à ce sujet. Bien entendu, je ne veux pas être accusée de dire que j'essaie de priver les Canadiens de vaccins, car il n'en est évidemment rien. Encore une fois, je ne pense pas que ce devrait être ou nous ou eux. C'est mon principal argument. Nous sommes tous dans le même bateau. C'est un cliché, parce que ce n'est pas vraiment le cas, si vous regardez les inégalités. Mais prenons cette image pour cadre.
Tout en cherchant à faire vacciner tous les Canadiens, nous devons réfléchir à ce que nous pouvons faire pour aider, que ce soit avec des fonds, des fournitures médicales ou, lorsque c'est possible, en fournissant des doses, comme vous disiez. Le Globe and Mail vient d'en parler. Je l'ai vu ce matin aussi, et j'en suis évidemment très heureuse.
Je crois que nous devons regarder les choses autrement, sans opposer les uns aux autres. La question est de savoir comment tous collaborer à ce sujet.
Comme le directeur général de l'OMS l'a plusieurs fois répété, nous avons affaire à une pandémie mondiale et, même si nous ne voyons pas la nécessité de répondre aux besoins d'autres pays, nous n'en sortirons jamais si tout le monde ne peut pas se faire vacciner. L'attention se porte ainsi sur la nécessité d'une plus grande équité en matière de vaccins, de médicaments et d'autres fournitures.
Je dirai que nous devons veiller à ne pas laisser croire que nous nous privons pour eux, car ce n'est pas la bonne approche. L'idée est plutôt de savoir comment nous pouvons aider au mieux et quand.
:
Ce que vous dites est juste et tout à fait vrai. La fabrication des vaccins est très complexe. Il y aura toujours des retards, mais cela renvoie à mon principal message sur le manque de transparence.
Ce que les Canadiens devaient savoir... Encore une fois, je ne pars pas du principe que tous les Canadiens étaient intéressés par les nuances ou les détails du système d'approvisionnement ou qu'ils voulaient les connaître. Cependant, ça n'a pas été clairement expliqué. Les gens avaient peur, ils s'inquiétaient. Mieux aurait valu les informer que tout ne se déroulerait pas forcément sans anicroche — qu'il y aurait des inconnues à régler et, peut-être, des problèmes de production, ce qui est arrivé.
Le message était que nous allions tous les recevoir à certaines dates, et ces annonces visaient à apaiser les craintes du public, mais en même temps, tout n'était pas dit. Le gouvernement n'a pas donné assez de détails sur ce qu'il faisait, comment et pourquoi. Encore une fois, en étant mieux informés, les Canadiens se seraient beaucoup moins angoissés. Pour ne parler que de personnes que je connais et de ma propre expérience, savoir quand et comment nous recevrions des vaccins était une vraie source de stress.
Heureusement, les choses vont mieux maintenant, mais les Canadiens ont fait face à beaucoup d'incertitude. Si nous y avions été préparés, peut-être que ça aurait été un peu plus facile. Je ne dis pas que ça l'aurait été totalement, mais un peu plus.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je voudrais remercier l'ensemble des témoins de leurs témoignages aujourd'hui.
Nous, les parlementaires, sommes ici pour trouver des solutions et faire des recommandations. Vos propos sont très intéressants dans la perspective de solutions éventuelles.
Ma question s'adresse à M. Labrie.
Sur son site Internet, Santé Canada se vante de l'allégement réglementaire qu'il a mis en place pour pouvoir rendre le Canada attrayant en matière de recherche et d'essais cliniques sur les vaccins et les médicaments liés à la COVID‑19. Cela me semble être en contradiction avec la réforme et le resserrement de la réglementation mis en avant par le CEPMB. En effet, plusieurs intervenants sont venus nous dire le contraire, c'est-à-dire que ce resserrement aurait un effet sur le lancement de nouveaux médicaments et sur les essais cliniques. J'ai voulu savoir s'il y aurait le même genre d'allégement réglementaire pour les autres maladies, et il semblerait que non. De plus, on ne reportera pas de nouveau l'entrée en vigueur de la réforme, prévue pour le 1er juillet.
J'y vois donc une contradiction, dans la mesure où vous nous dites que cette réforme aura une incidence sur l'écosystème des sciences de la vie, sur la recherche-développement, de même que sur le lancement de nouveaux médicaments. Le CEPMB semble y aller à l'aveuglette. D'un côté, il nous dit que ces conséquences n'arriveront pas et que c'est de la frime. D'un autre côté, des témoins nous ont dit en comité qu'en cinq ans, le CEPMB n'avait fait aucune étude pour déterminer quels seraient les effets négatifs sur l'écosystème des sciences de la vie.
Que pensez-vous de cette omission, d'un point de vue méthodologique?
:
Merci de la question, monsieur Thériault.
D'abord, vous avez tout à fait raison de soulever la contradiction; elle est évidente.
En fait, le CEPMB avoue, par ses agissements et son assouplissement réglementaire en matière de vaccins, que sa réforme va effectivement mener à des retards de lancement et à des difficultés. S'il était conséquent, il poursuivrait dans la même tendance et ferait la même chose, c'est-à-dire un resserrement des contrôles de prix pour les vaccins également. Vous avez tout à fait raison de dire que le fait qu'il les écarte en ce moment est contradictoire. Cela vient confirmer ce que j'avance.
Vous avez soulevé le fait que le CEPMB n'avait pas mené d'étude d'impact pour déterminer quelles conséquences la réforme réglementaire pourrait avoir sur l'écosystème des sciences de la vie. Vous avez tout à fait raison. Pour ma part, je n'ai pu mettre la main que sur une seule analyse très simple, je dirais même simpliste, à la limite. Il s'agit d'une analyse de corrélation qui comporte quelques variables et quelques pays, mais qui n'incorpore pas de facteurs de confusion. Or, il est extrêmement important en science d'avoir ce type d'études. Les économistes et les autres chercheurs en sciences sociales vous diront qu'il est très important, lorsqu'on mène ce genre d'études, d'essayer d'évaluer non seulement la corrélation, mais aussi les liens de cause à effet. Il faut aussi des variables explicatives. Si on les omet, l'étude ne vaut à peu près rien.
Alors, je ne suis pas surpris qu'il n'y ait pas eu d'étude d'impact. L'étude sur laquelle j'ai pu mettre la main est très peu rigoureuse pour une entité publique comme le CEPMB.
:
Je vais glisser une dernière question.
Il y a manifestement une disparité dans les prix. De toute évidence, je vais simplement supposer qu'en tant que vendeurs monopolistiques du produit, les sociétés pharmaceutiques ont intérêt à les garder secrets. Je ne sais pas si c'est dans l'intérêt du client.
Selon l'analyse que vous avez publiée dans Transparency International, les économies à revenu moyen supérieur, comme l'Afrique du Sud, ont payé en moyenne 25 % de plus par dose que les économies à revenu élevé comme l'Union européenne. Nous avons vu dans un document, qui heureusement n'avait pas été caviardé au départ, qu'il y avait une grande disparité dans ce que les différentes administrations publiques ont payé pour AstraZeneca. En réalité, le Canada a payé l'un des prix les plus élevés, beaucoup plus que l'Union européenne, l'Afrique du Sud et d'autres pays, ce qui dément l'argument selon lequel nous aurions payé un prix plus bas afin de garder le secret.
Comment expliquez-vous cette disparité des prix? Le fait de garder tout cela secret ne profite‑t‑il pas à l'industrie pharmaceutique plutôt qu'aux consommateurs?
Lors de mon allocution, j'ai mentionné que cette réforme était peu susceptible de générer des bénéfices à long terme pour les Canadiens. Au contraire, il y a beaucoup de risques sur le plan de l'accès aux nouveaux médicaments. On pourrait retarder cet accès ou nuire aux investissements en recherche-développement. Vous connaissez la suite; j'ai déjà mentionné tout cela, alors je ne le répéterai pas.
Une chose est certaine, c'est que les différentes parties prenantes de cette industrie pourraient s’asseoir autour de la même table et montrer que les médicaments ne sont pas que des pilules. En arrière-plan, il y a un écosystème, un savoir-faire et de la recherche, qu'elle soit fondamentale ou appliquée. Il est très important que tous ces gens, y compris les groupes de patients, aient une voix dans cette discussion.
Assurément, il faut être transparent et honnête envers les Canadiens. Ce n'est pas vrai que cette réforme n'offre que des bénéfices; elle comporte des coûts non négligeables. C'est ce qu'on doit présenter aux gens pour en arriver à des décisions éclairées.
:
Reprise des débats. Bienvenue à tous à la 43
e réunion du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes. Nous nous réunissons aujourd'hui pour étudier la situation d'urgence à laquelle les Canadiens font face avec la pandémie de la COVID‑19.
J'aimerais souhaiter la bienvenue aux témoins. À titre individuel, nous avons M. Yanick Labrie, économiste de la santé.
À titre personnel, nous avons le Dr Joel Lexchin, médecin. Représentant Jacobs Engineering, nous accueillons M. Ansar Ahmed, vice-président.
Sur ce, j'invite les témoins à faire leur déclaration.
J'informe les témoins et tout le monde que lorsque votre temps de parole sera presque écoulé, je lèverai un carton jaune, et lorsqu'il sera effectivement écoulé, un carton rouge. Quand vous verrez le carton rouge, vous n'êtes pas obligé de vous arrêter immédiatement, mais essayez de conclure sans délai.
Je vous remercie tous.
Sur ce, j'invite M. Labrie à faire sa déclaration. Allez‑y, je vous en pris, vous disposez de cinq minutes.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie de nouveau les membres du Comité permanent de la santé de me donner l'occasion de témoigner aujourd'hui, à titre personnel, au sujet des changements réglementaires envisagés par le Conseil d'examen du prix des médicaments brevetés, le CEPMB.
Plus tôt cet après-midi, j'ai démontré que les dépenses de médicaments prescrits n'étaient pas hors de contrôle au Canada, contrairement à l'affirmation fréquemment entendue. En fait, les dépenses de médicaments prescrits représentent une part de plus en plus petite de l'économie et du budget de la santé au Canada.
J'ai aussi soulevé le risque que le resserrement de la réglementation des prix envisagé par le CEPMB fasse diminuer le nombre de nouveaux médicaments lancés au Canada ou retarde leur lancement, en plus de décourager les investissements en recherche-développement pharmaceutique.
Je compte maintenant aborder la question des prix et de la valeur des médicaments.
Au cours des deux dernières années, le débat public sur les changements réglementaires envisagés par le CEPMB s'est largement concentré sur le prix de lancement des nouveaux médicaments.
D'ailleurs, selon une idée qui circule, les Canadiens paieraient leurs médicaments plus cher que les citoyens d'autres pays. Par exemple, le plus récent rapport annuel publié par le CEPMB présente une analyse comparative selon laquelle le prix moyen de l'ensemble des médicaments brevetés au Canada, en 2017, était supérieur de 19 % à celui de la moyenne des pays de l'OCDE. Cela dit, c'est avant la prise en compte des rabais des fabricants. Dans le cas des médicaments pour traiter les maladies rares, les données du CEPMB montrent qu'en 2019, les prix courants au Canada étaient supérieurs de 3 % aux prix médians dans l'ensemble des pays de l'OCDE.
Il faut cependant être prudent lorsqu'on compare les prix des produits pharmaceutiques canadiens avec ceux en vigueur dans les pays à niveau de vie beaucoup plus faible, comme la Grèce, le Chili et la Turquie, pour n'en nommer que quelques-uns. La comparaison internationale des prix des médicaments est complexe, puisque l'on doit tenir compte de nombreux facteurs, notamment des différences au chapitre des produits consommés dans chaque pays, des parts de marché respectives des médicaments génériques et novateurs, des coûts de distribution et de vente au détail, des fluctuations des taux de change et du pouvoir d'achat des différentes monnaies.
En outre, l'information sur les prix réels est limitée dans la plupart des pays. Lorsqu'elle est disponible, cette information brosse un portrait trompeur qui ne reflète pas les véritables prix des médicaments, en raison des rabais confidentiels versés aux payeurs par les compagnies pharmaceutiques. Ces remises et rabais sont généralement exigés par les régimes publics d'assurance-médicaments au Canada dans le cadre d'ententes d'inscriptions sur les formulaires provinciaux. À titre d'exemple, le gouvernement du Québec a reçu une remise totale de plus d'un milliard de dollars de la part des fabricants de médicaments novateurs au cours des quatre dernières années.
La situation des prix des médicaments ne peut pas non plus s'analyser en vase clos, sans qu'on regarde la valeur qui y est rattachée.
Au cours des dernières décennies, d'importantes avancées ont été réalisées dans le traitement de nombreux problèmes de santé à l'aide de médicaments novateurs. Ces médicaments de nouvelle génération ont révolutionné le monde et la médecine en répondant mieux aux besoins des patients que les médicaments anciens.
Dans le cas des maladies rares, le CEPMB a lui-même établi que 35 % des nouveaux médicaments lancés au Canada en 2019 apportaient des améliorations modestes ou importantes et que 27 % d'entre eux représentaient des découvertes majeures, par rapport aux thérapies existantes. Non seulement l'arrivée grandissante de ces molécules innovantes intensifie la concurrence, mais elle offre également de nouvelles et meilleures options thérapeutiques aux patients.
À titre d'exemple, des chercheurs de l'Université McGill se sont récemment penchés sur l'incidence à long terme des traitements biologiques pour les patients du Québec souffrant de colites ulcéreuses. Ils ont montré que les risques de subir une opération colorectale avaient diminué de façon notable après l'arrivée des médicaments biologiques sur le marché. Durant l'année où ces médicaments ont commencé à être utilisés, le taux de mortalité a diminué de plus de moitié par rapport à l'année précédente chez les patients québécois nécessitant une colectomie. La diminution du nombre d'interventions chirurgicales et de séjours hospitaliers a ainsi permis de réduire de 25 % le fardeau des dépenses médicales liées aux traitements des colites ulcéreuses au Québec.
On observe des effets bénéfiques similaires dans les cas de cancers, lesquels imposent un fardeau économique substantiel non seulement aux patients, mais à la société au grand complet. Un grand nombre de médicaments novateurs mis au point ces dernières années ont complètement révolutionné le traitement de cancers et amélioré la qualité et l'espérance de vie des patients. Les thérapies médicamenteuses ciblent désormais mieux les gènes et les protéines responsables de la croissance des cellules cancéreuses. Elles permettent ainsi d'accroître dans une large mesure les chances de survie des patients, tout en réduisant les effets secondaires généralement associés à la chimiothérapie. Ces médicaments novateurs, en permettant de réduire les séjours hospitaliers ainsi que l'absentéisme au travail et de minimiser les pertes de productivité, génèrent par conséquent d'importantes économies de coûts d'un point de vue sociétal.
En conclusion, la situation des coûts des médicaments ne doit pas s'analyser en vase clos, sans qu'on prenne en considération les bénéfices qui y sont rattachés.
Encore une fois, je souhaite informer les membres du Comité permanent de la santé des conséquences négatives sur la population canadienne que pourrait entraîner un resserrement de la réglementation des prix comme le CEPMB envisage de le faire. Une telle réforme aurait pour effet non seulement de réduire le nombre de nouveaux médicaments lancés au Canada ou de retarder leur lancement, mais aussi de décourager les investissements en recherche-développement, qui sont pourtant indispensables pour assurer le développement et la disponibilité de nouveaux médicaments pour les Canadiens dans l'avenir.
Je vous remercie de votre attention.
:
Je vous remercie de me donner l'occasion de comparaître devant vous.
Je travaille comme urgentiste au centre-ville de Toronto. Entre 2001 et 2016, j'ai enseigné les politiques de la santé à l'Université York. Au cours des 40 dernières années, j'ai participé à des recherches et à la rédaction d'articles sur des questions de politique pharmaceutique.
Je tiens à aborder la question des réformes proposées au régime de réglementation canadien, mais je vais également aborder certains points soulevés par M. Labrie.
Au début de la pandémie, Santé Canada a publié un arrêt d'urgence afin de permettre l'introduction plus rapide de produits pour traiter et prévenir la COVID‑19. Plus récemment, le ministère a produit un document de discussion sur ce qu'il appelle la « réglementation agile », qui est censée alléger le fardeau réglementaire et accélérer la mise en marché de nouveaux médicaments au Canada.
Le premier point est contraire à celui de M. Labrie. Des recherches indépendantes ont montré que seulement 10 % environ des nouveaux médicaments introduits au Canada — ou, en fait, sur d'autres marchés — offrent un gain thérapeutique substantiel par rapport à ce qui existe déjà. Cela s'applique aux médicaments homologués en général. Cela s'applique aux médicaments homologués au moyen du processus d'évaluation prioritaire de Santé Canada. Cela s'applique aux médicaments homologués avec des données limitées au moyen de l'avis de conformité avec conditions.
Même si nous prenons ce que l'on appelle les médicaments pionniers, soit les médicaments qui ne ressemblent à rien d'autre sur le marché, la proportion de ceux qui sont novateurs n'est que d'environ un sur six. Si nous prenons les médicaments destinés à des maladies orphelines, environ un sur cinq constitue une amélioration thérapeutique substantielle. Ces chiffres ne sont pas fondés sur mon évaluation. Ils sont fondés sur des évaluations indépendantes réalisées par des organisations qui n'ont aucun lien avec l'industrie pharmaceutique.
Lorsque nous envisageons de modifier le régime de réglementation, nous devons aussi penser à l'innocuité des médicaments mis sur le marché. La pression pour une réglementation agile évoque la sécurité, mais elle semble donner préséance à l'allégement du fardeau réglementaire, ce qui est une erreur. Elle ne tient pas compte de ce que nous savons de l'innocuité des médicaments qui arrivent sur le marché en fonction de la durée de leur examen par des organismes comme Santé Canada.
Si un médicament passe par un processus d'examen normalisé, environ un sur cinq fera l'objet d'un avertissement sérieux concernant son innocuité. S'il est soumis à un processus d'examen prioritaire, plus court, soit 180 jours au lieu des 300 jours habituels, un tiers des médicaments feront l'objet d'un avertissement sérieux, contre un sur cinq auparavant. Si nous prenons les médicaments qui passent par un processus d'avis de conformité avec conditions, environ un sur quatre de ces médicaments recevra un avertissement sérieux concernant son innocuité.
La modification du régime de réglementation a des conséquences pour l'innocuité. Actuellement, sur cinq ans, si nous prenons les médicaments retirés du marché canadien, environ 1 sur 20 sera éventuellement retiré du marché pour des raisons liées à l'innocuité. Si nous modifions le régime de réglementation, ce pourcentage risque d'augmenter.
En conclusion, il est raisonnable de changer la façon dont nous mettons les médicaments sur le marché en réaction à une pandémie. En tant qu'urgentiste, je le reconnais. Si nous parlons d'apporter des changements permanents à long terme, nous devons examiner si cela permettra de mettre sur le marché des médicaments plus efficaces et d'accroître ou de réduire l'innocuité des produits qui arrivent sur le marché.
Jusqu'à ce que Santé Canada puisse présenter des données solides pour montrer que nous aurons des médicaments plus efficaces sur le plan thérapeutique et plus sûrs, nous ne devrions pas aller de l'avant.
Je vous remercie.
:
Merci, monsieur le président, et merci, madame la vice-présidente et monsieur le vice-président, de me donner l'occasion de m'adresser au Comité aujourd'hui.
Je suis ravi de représenter Jacobs Engineering ici aujourd'hui. Tout d'abord, au nom de toute l'équipe de Jacobs, j'aimerais offrir nos plus sincères condoléances aux familles des quelque 26 000 Canadiens qui ont perdu la vie durant cette pandémie.
En tant qu'ingénieurs et architectes, nous abordons les problèmes d'un point de vue très simple, celui d'une perspective impartiale. Nous examinons les causes et nous déterminons ce qui doit être fait différemment afin d'obtenir des résultats plus favorables à l'avenir.
J'aimerais aujourd'hui concentrer mes remarques sur l'impact de la COVID‑19 dans nos foyers de soins de longue durée.
En janvier, Jacobs a organisé une table ronde de l'industrie pour examiner comment l'environnement bâti — l'intérieur et l'espace aménagé — peut avoir contribué à l'impact disproportionné qu'a eu la COVID‑19 dans nos foyers de soins de longue durée. Le rapport de la table ronde comporte une série de neuf recommandations, et j'aimerais parler de deux d'entre elles aujourd'hui.
Dans de nombreuses administrations, les normes de conception des foyers de soins de longue durée n'ont pas été actualisées depuis des années, voire des décennies dans certains cas. Dans les foyers conçus selon ces normes désuètes, la plupart des résidents étaient confinés dans leur chambre. Ils avaient peu ou pas d'interaction physique ou sociale avec d'autres, tout simplement parce que l'établissement n'avait pas été conçu, ou amélioré au fil des ans, pour relever le défi de contenir la propagation de la COVID‑19.
Les participants à la table ronde ont reconnu que l'environnement bâti est un élément des soins de santé aussi important que toute autre intervention médicale ou clinique. Il faut un cadre législatif qui impose une mise à jour régulière des normes de conception, afin que l'environnement bâti de nos foyers de soins de longue durée suive le rythme des dernières recherches cliniques sur les soins dispensés aux personnes atteintes de déficiences physiques ou cognitives.
À la suite de la table ronde de janvier, Jacobs Engineering et l'Ordre des architectes de l'Ontario, en collaboration avec le ministère des Soins de longue durée de l'Ontario, ont financé une étude menée par le Centre for Design + Health Innovation de l'Université de Toronto afin d'évaluer le rendement des foyers de soins de longue durée. C'est le type de données expérientielles auxquelles les gouvernements doivent avoir accès pour s'assurer qu'ils font les bons investissements dans les bons domaines au bon moment.
Les résultats de ces travaux doivent devenir le fondement d'un approvisionnement fondé sur la valeur. Dans un secteur aussi délicat que celui des soins de longue durée, la recherche des offres les plus conformes sur le plan technique au moindre coût ne devrait pas être le point de référence. Il s'agit plutôt de créer de la valeur sur les plans de la conception, de la construction, de l'entretien et de l'exploitation, afin de garantir le meilleur résultat possible pour nos citoyens les plus vulnérables.
La pandémie de COVID‑19 a représenté un défi pour tous les gouvernements, pour ce qui est de réagir de toute urgence à ses résultats dévastateurs, notamment la perte de plus de 15 000 vies dans les foyers de soins de longue durée. En examinant les causes profondes de ces pertes, il est important de reconnaître la préexistence de vulnérabilités structurelles et systémiques qui ont augmenté le risque de telles conséquences dans nos foyers de soins de longue durée.
Pour tirer le meilleur parti des investissements proposés en matière de soins de longue durée, il est indispensable que les gouvernements cernent d'abord ces vulnérabilités structurelles et systémiques et, au moyen de normes et de directives actualisées, les résolvent. Sans cette première étape cruciale, nous ratons une occasion importante de garantir les meilleurs résultats pour l'investissement des fonds publics.
Si j'avais trois recommandations à présenter, ce serait que tous les ordres de gouvernement s'unissent, premièrement pour établir des programmes de subvention pour que le Canada reprenne vigoureusement la recherche et le développement en santé publique; deuxièmement, pour encourager et mobiliser le secteur manufacturier du Canada à produire de vastes réserves d'EPI et d'autres fournitures et équipements essentiels; et troisièmement, pour exiger une actualisation régulière des normes de conception et d'exploitation des foyers de soins de longue durée, afin de veiller à ce qu'ils demeurent des lieux de soins résilients pour nos citoyens les plus vulnérables.
Pour terminer, j'aimerais faire une dernière observation au sujet de la santé mentale: cette pandémie a fait prendre conscience de l'importance de la santé mentale. À l'issue de cette pandémie, j'espère sincèrement que nous ne perdrons pas l'élan acquis et que l'attention portée à la santé mentale ne s'amenuisera pas. Tous les ordres de gouvernement ont un rôle à jouer pour faire en sorte que les hôpitaux de tout le pays ont accès à un financement stable et à long terme pour les programmes de santé mentale, de même que pour les organisations locales sans but lucratif, qui offrent des programmes d'intervention inestimables.
Je vous remercie beaucoup de votre attention aujourd'hui.
:
Merci, monsieur le président. Je vais partager les deux dernières minutes de mon temps de parole avec Mme Sidhu, qui s'intéresse également aux soins de longue durée.
Je remercie beaucoup tous nos témoins, et particulièrement M. Ahmed d'avoir accepté de se joindre à nous aujourd'hui et de nous faire part de son expérience et de ce qu'il a appris sur les soins de longue durée lors de sa table ronde. C'est à lui que je pose mes questions.
Monsieur Ahmed, plus tôt cette année, Jacobs Engineering a réuni des dirigeants du secteur des soins de santé de toute la province, dont la PDG du Southlake Regional Health Centre, Arden Krystal, pour un débat productif sur les soins de longue durée.
J'ai quelques questions sur le rapport produit à la suite de cette table ronde, mais j'aimerais d'abord vous demander de le déposer auprès du Comité afin que nous puissions en tenir compte dans notre étude. Seriez-vous prêt à le faire pour nous?
:
Le rapport lui-même était axé sur l'Ontario, simplement parce que c'est en Ontario que les gens résidaient et œuvraient dans le domaine des soins de longue durée, mais je crois que les conclusions peuvent s'appliquer à n'importe quelle province ou n'importe quel territoire du Canada.
Neuf recommandations ont été formulées dans ce rapport, et elles ont été communiquées aux responsables de différentes administrations. Je peux vous dire tout de suite que l'une des premières recommandations — et un des moteurs de cette étude, à mon avis, étant donné que nous avons vu un certain nombre de plans d'investissement être déposés et mis en œuvre — était fondée sur une préoccupation parmi les participants à la table ronde au sujet de la surconstruction.
Il est évident que nous n'avons jamais vécu une pandémie mondiale comme celle‑ci, mais dans de telles circonstances, on a tendance à réagir en consacrant beaucoup d'argent au problème et cela peut entraîner une surconstruction. Tant que vous n'aurez pas analysé les lacunes de ces installations — les vulnérabilités structurelles dont j'ai parlé dans mes observations —, vous ne ferez que gaspiller de l'argent. L'une de nos recommandations était essentiellement de freiner un peu, de prendre le temps de faire des recherches, de déterminer quelles sont ces vulnérabilités structurelles et d'y remédier, puis d'encourager la reprise dans ces foyers de soins de longue durée grâce aux investissements prévus par les divers gouvernements.
L'autre recommandation porte sur la nécessité de consulter les parties prenantes, tant les résidents que les personnes œuvrant dans le domaine des soins de longue durée, et de mettre sur pied un solide programme d'accréditation des installations, ainsi qu'un régime de surveillance et de suivi de la conformité. Une fois les normes actualisées, il doit y avoir un programme de visites fréquentes de ces foyers de soins de longue durée — dirigé par la province ou les autorités de santé locales — pour s'assurer qu'ils respectent les objectifs établis par les ministères provinciaux responsables des soins de longue durée et de la santé.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Labrie, vous me direz si ma compréhension est bonne.
Plusieurs intervenants sont venus nous dire que le CEPMB naviguait à l'aveuglette. D'un côté, il nous dit que les prix des médicaments sont excessifs et que cela entraîne des conséquences. De l'autre, il ne disposerait pas de tous les outils lui permettant d'établir exactement dans quelle mesure les gens paient trop cher leurs médicaments.
Par ailleurs, il n'y a pas un si grand manque de transparence, puisque vous venez de nous dire qu'on a été capable d'établir que le gouvernement du Québec avait reçu une remise totale de plus d'un milliard de dollars. On connaît donc le prix réel des médicaments.
Tout cela est un peu difficile à comprendre. Il semble y avoir un double discours. On dénonce le fait que cela coûte cher, mais on ne sait pas vraiment à quel point c'est le cas.
:
Personnellement, j'ai perdu confiance en la capacité du CEPMB d'établir des comparaisons de prix à l'échelle internationale qui soient justes et précises.
Évidemment, c'est aussi lié aux rabais et aux remises que les fabricants offrent aux différents payeurs et dont les montants sont confidentiels. Ce genre de rabais existent au Canada, mais aussi dans d'autres pays.
Pour ce qui est de la transparence, je sais que la question a aussi été abordée dans la première partie de la réunion d'aujourd'hui. La transparence existe à l'échelle globale, c'est-à-dire qu'on peut avoir accès à certaines données agrégées. Je l'ai démontré dans le cas du Québec, lorsque j'ai présenté les chiffres que vous venez d'évoquer. Les compagnies pharmaceutiques novatrices ont remis plus d'un milliard de dollars au gouvernement du Québec au cours des quatre dernières années.
Or, cet état de fait devrait être pris en compte, au moins lorsqu'on brosse le portrait de l'évolution des dépenses pharmaceutiques. À l'heure où on se parle, on dépeint la situation comme étant hors de contrôle, alors que ce n'est pas le cas. D'abord, la population est vieillissante et a besoin de plus de médicaments. Aussi, on doit prendre en considération l'inflation, ce que le CEPMB ne fait pas. On doit également tenir compte de ces rabais dont je vous ai parlé, ainsi que de notre capacité de payer, qui est établie en fonction de notre économie et de la richesse créée. Lorsqu'on rassemble tous ces éléments, on s'aperçoit que la part qu'occupent les dépenses de médicaments dans l'économie et dans le budget de la santé au Canada diminue au fil du temps. Alors, il n'y a pas lieu de paniquer.
:
Oui, c'est exact. C'est une partie du débat qui est complètement occultée. On focalise beaucoup sur la notion des prix, mais la contrepartie de cela, ce sont les bénéfices dans toutes les sphères de l'économie. On ne doit pas s'intéresser qu'aux prix; on doit regarder ce qu'on obtient en échange. Dans le cas des médicaments, comme vous l'avez mentionné, les progrès réalisés au fil du temps sont extrêmement intéressants.
Le Dr Lexchin a fait allusion au fait que, parfois, il y a uniquement des améliorations mineures. Cependant, il faut comprendre comment fonctionnent les processus d'innovation dans le milieu pharmaceutique. De façon générale, le progrès technologique survient à la suite de nombreuses améliorations apportées graduellement aux façons de faire et aux produits existants. D'ailleurs, c'est le cas dans tous les secteurs, et ce l'est encore plus dans le domaine pharmaceutique. Autrement dit, parfois on apprécie le progrès réalisé seulement après plusieurs années.
Dans le cas des vaccins contre la COVID‑19, leur création s'appuie sur d'autres médicaments mis au point et sur d'autres recherches menées dans le passé, notamment celles visant à trouver un vaccin contre le VIH. Maintenant, on en bénéficie.
Si, à l'heure actuelle, on n'accepte pas de couvrir les médicaments supposément parce qu'ils sont trop dispendieux, on risque de se priver, à terme, de médicaments qui sont d'une extrêmement grande valeur pour la population canadienne.
Dans ce débat, il faut avoir une vision beaucoup plus dynamique que statique.
:
Il y a un certain nombre de choses à prendre en compte.
Tout d'abord, les sociétés pharmaceutiques, dans l'ensemble, s'intéressent aux marchés établis. Elles voient qu'un médicament sur le marché se vend bien, et elles veulent avoir une part du gâteau. Elles développent leur propre version de ce produit. Elles manipulent quelques molécules et produisent ce nouveau médicament. Puis elles font un marketing intense auprès des médecins. Les derniers chiffres que j'ai vus montrent que les sociétés pharmaceutiques dépensent environ 450 millions de dollars par an en représentants commerciaux et en annonces dans les revues médicales. Cela représente environ 60 000 $ par médecin, par an, rien que pour ces deux formes de promotion.
Si l'on examine les exigences réglementaires pour l'approbation des médicaments, on constate qu'ils ne sont pas tenus d'être meilleurs que ce qui existe sur le marché. Ils peuvent, en fait, être inférieurs à ce qui existe sur le marché. La seule chose qui est exigée pour qu'un nouveau médicament soit mis sur le marché au Canada et dans d'autres pays, c'est qu'il soit meilleur que les placebos, et la mesure dans laquelle il est « meilleur » est marginale.
:
Merci, monsieur le président.
Merci à vous aussi, monsieur Thériault.
[Traduction]
Docteur Lexchin, je vais simplement exposer la question du CEPMB. D'un côté, vous avez les sociétés pharmaceutiques et les groupes de patients qui soutiennent que les réformes du CEPMB seront mauvaises pour les Canadiens et pour le Canada. Elles réduiront les essais cliniques. Elles retarderont l'introduction de médicaments novateurs sur notre marché, etc.
De l'autre côté, il y a ceux qui disent que ces réformes sont nécessaires pour réduire le coût des médicaments au Canada. Elles augmenteront la transparence dans le processus d'établissement des prix. En fait, c'est un autre exemple de chantage par les sociétés pharmaceutiques à l'égard des Canadiens et de nombreux patients vulnérables, qui menacent de refuser des médicaments aux Canadiens pour tenter d'influencer la politique pharmaceutique canadienne. En fait, un bon exemple de cela est le Trikafta. La communauté de la fibrose kystique a désespérément besoin de ce médicament très efficace, et la société qui le fabrique n'a même pas demandé l'approbation de Santé Canada.
Que pensez-vous de cette situation? Quelle est votre position au sujet de cette question?
:
Je vous remercie. C'est équitable.
La question est la suivante: la décision de la présidence est-elle maintenue? Si vous votez oui, vous êtes d'accord avec le président que la motion n'est pas recevable pour le moment. Si vous votez non, vous déclarez que la motion est recevable pour le moment.
(La décision de la présidence est maintenue par 8 voix contre 3.)
Le président: Merci à tous. La décision de la présidence est maintenue. Je dirais à M. Thériault qu'en tant qu'avis de motion, c'est bon. Il pourra présenter sa motion lors de notre prochaine réunion.
Merci à tous. Les témoins sont partis, mais je voudrais les remercier in absentia pour leur aide, leur excellent témoignage et leur partage du temps avec nous. Je voudrais également remercier les membres du Comité pour leur participation aujourd'hui et pour leur attention et leur minutie.
Cela dit, la séance est levée. Merci.