:
Merci, monsieur le président.
[Traduction]
Je m'appelle Kevin Stringer et je suis le directeur général de la Direction des ressources pétrolières au ministère des Ressources naturelles. Je suis accompagné aujourd'hui de M. Hassan Hamza, directeur général du Centre de la technologie de l'énergie CANMET situé à Devon, dans la banlieue d'Edmonton. Je suis également accompagné de Kevin Cliffe, qui est directeur de la Division du pétrole au sein de la Direction générale des ressources pétrolières.
[Français]
Je vais faire une petite présentation sur les sables bitumineux.
[Traduction]
Dans un premier temps, je tiens à dire que, au moment même où vous entamez votre étude — étude dont nous avons hâte d'obtenir les résultats — nous sommes ravis d'avoir l'occasion de vous présenter un aperçu général de ce en quoi consiste les sables bitumineux et des grandes questions auxquelles sont confrontés le gouvernement du Canada et les citoyens canadiens en général, par rapport à ce projet.
La deuxième diapositive donne un aperçu général des sujets que nous aimerions traiter. Nous allons vous parler de ce en quoi consistent les sables bitumineux. Il s'agit d'une question assez complexe, et M. Hamza pourra répondre à toutes vos questions à ce sujet. Pour ma part, je vais vous parler également de l'historique des sables bitumineux. Cette question est rapidement devenue un enjeu important au Canada.
Aujourd'hui, nous aimerions vous parler des possibilités économiques que présente le projet des sables bitumineux pour les Canadiens, de même que des défis économiques et sociaux qui y sont associés.
Je vais également aborder la question des préoccupations environnementales relatives à l'utilisation de l'air, des terres et de l'eau, et des solutions que nous avons élaborées dans ces différents domaines. Les provinces possèdent et gèrent les ressources, mais le gouvernement fédéral a un rôle important à jouer dans ce contexte, et nous travaillons donc en collaboration avec les provinces dans ce domaine.
Je vais ensuite vous parler des années qui viennent et vous exposer notre réflexion concernant la façon de progresser par rapport à cet enjeu très important.
Nous allons donc passer tout de suite à la diapositive numéro 3.
[Français]
Les sables bitumineux sont situés principalement dans le nord-est de l'Alberta. Cependant, il y a aussi d'importants gisements de pétrole en Saskatchewan.
[Traduction]
Il s'agit donc principalement, mais non pas exclusivement, d'une ressource située en Alberta. Il y a aussi des gisements importants de l'autre côté de la frontière avec la Saskatchewan. Mais, il s'agit d'une ressource considérable: 178 milliards de barils de réserve pétrolière au Canada, dont 173 ou 174 milliards de barils sont associés aux sables bitumineux. Cette ressource constitue donc une partie importante des réserves canadiennes. Elle correspond à plus de 40 p. 100 de la production canadienne de pétrole à l'heure actuelle, ce qui permet de répondre à environ 6 p. 100 des besoins en pétrole de l'Amérique du Nord.
Pour ce qui est des différentes zones concernées, il y a celles de l'Athabasca, de Lloydminster et de Cold Lake, ainsi que celle de la rivière de la Paix. Ensemble ces différentes zones représentent une superficie correspondant à deux fois celle du Nouveau-Brunswick, ce qui vous donne une idée générale de la zone dans laquelle sont situés les sables bitumineux, à notre avis, et où se déroulent actuellement certaines activités de production.
La diapositive numéro 4 vous explique ce que sont les sables bitumineux, et les deux ou trois diapositives qui suivent présentent surtout des données scientifiques. Les sables bitumineux sont composés d'argile humide, de sable, de métaux lourds et de bitume. Le bitume est la forme de pétrole la plus lourde et la plus épaisse qui existe et il est composé de grandes molécules d'hydrocarbures. Comparativement à ce qu'on appelle couramment le pétrole brut « conventionnel », il a une plus forte densité, il est plus épais et plus visqueux, il comporte des concentrations de métaux plus élevées, et son rapport carbone-hydrogène est plus élevé. Voilà autant de facteurs qui font que, sur le plan environnemental — et, bien souvent, sur le plan économique également, en ce qui concerne l'extraction de la ressource — c'est une substance difficile. Les sables bitumineux sont normalement exploités au moyen de procédés effectués sur place qui consistent à faire réchauffer le pétrole pour le faire couler librement — j'y reviendrai dans quelques instants.
Comme l'indique la cinquième diapositive, le bitume brut représente une forme de pétrole brut épaisse et poisseuse, qu'on appelle parfois le pétrole brut « extra-lourd ». Bien que les propriétés du bitume varient énormément, à la température ambiante, ce dernier est presque à l'état solide, entre la mélasse et une rondelle de hockey. Le bitume naturel doit être dilué à l'aide d'hydrocarbures plus légers et moins visqueux — ce qu'on appelle des fois un édulcorant — pour être transporté dans les pipelines. Il s'agit essentiellement d'ajouter de la chaleur, en y injectant des solvants, ou d'avoir recours à la combustion in situ ou à la conversion chimique du bitume en réservoir.
Comme l'illustre la diapositive numéro 6, il y a deux méthodes générales qui sont utilisées pour les sables bitumineux en ce qui concerne l'acheminement vers le marché: l'exploitation à ciel ouvert et l'exploitation in situ.
Si les gisements se trouvent près de la surface — c'est-à-dire, à environ 75 mètres ou moins — on opte pour l'exploitation à ciel ouvert. Les gisements peu profonds sont exploités à l'aide de la méthode d'exploitation à ciel ouvert. Ce type d'exploitation exige l'élimination des couches de fondrières de mousse, de végétation à la surface et de couvert arboré. C'est cet environnement que vous avez sans doute vu représenté dans des images — ou peut-être avez-vous été sur place — où on voit des camions géants, des pelles géantes, etc. C'est l'opération minière proprement dite. Elle se déroule dans la zone de l'Athabasca seulement, et non dans la zone de la rivière de la Paix, ni dans la zone du lac Cold, car c'est uniquement là-bas que la profondeur est inférieure à 75 mètres. Cette zone comprend environ 20 p. 100 des réserves, soit un infime pourcentage des réserves de sables bitumineux, même si une très grande partie des opérations d'extraction se sont déroulées dans cette zone jusqu'ici. Les deux tiers, ou 67 p. 100, des activités de production cumulatives jusqu'à maintenant correspondent aux opérations minières proprement dites, car l'extraction est plus facile dans cet environnement-là par rapport aux zones où le bitume est situé plus en profondeur.
Les gisements plus profonds nécessitent la méthode dite in situ. Cette méthode est utilisée lorsque le gisement est trop profond pour permettre l'exploitation à ciel ouvert de façon économique. Des puits in situ sont forés dans la zone des sables bitumineux, et des techniques de récupération spéciale sont utilisées afin de séparer le bitume du sable, in situ, et de ramener le bitume à la surface grâce aux puits. Là nous parlons d'un environnement où le gisement se trouve à plus de 75 mètres de profondeur. En fait, plus on descend, plus l'extraction devient plus facile. Bien que 80 p. 100 des sables bitumineux soient susceptibles d'être exploités in situ, jusqu'ici, seulement 33 p. 100 des réserves ont été exploitées en utilisant cette méthode.
L'empreinte écologique de la méthode in situ est bien moindre, par rapport aux opérations minières traditionnelles, pour des raisons évidentes: il n'y a que des puits. Il peut y avoir des problèmes sismiques et autres, mais les enjeux sont d'un tout autre ordre.
À l'heure actuelle, environ les deux tiers du bitume transformé sont enrichis, puisqu'ils sont transformés en pétrole brut synthétique avant d'être acheminés aux raffineries. Le pétrole brut synthétique est un mélange d'hydrocarbures semblables au pétrole brut léger, et les établissements d'enrichissement sont essentiellement des raffineries qui convertissent le bitume en pétrole brut synthétique; comme je viens de le dire, ce dernier est comparable au pétrole brut léger peu sulfuré de grande qualité. C'est une technique coûteuse, mais c'est ce que demande le marché. À l'heure actuelle, le bitume est toujours enrichi et transformé en pétrole brut synthétique dans le cadre des opérations minières. Les opérations d'exploitation in situ donnent lieu à un pétrole brut plus lourd qui doit être dilué avant d'être acheminé par pipeline aux raffineries.
La diapositive numéro 8 vous présente un peu l'historique des sables bitumineux. Cette diapositive commence en 1967, mais l'origine de cette exploitation remonte en réalité à 1915. En 1915, Sidney Ells, un ingénieur fédéral, a démontré la possibilité d'avoir recours aux sables bitumineux pour une utilisation commerciale en particulier, soit le revêtement des routes à Ottawa et Edmonton. C'est au début des années 1900 que l'on a commencé à examiner les utilisations commerciales possibles des sables bitumineux. Pour ce qui est de véritables projets commerciaux, c'est en 1936 que Athabasca Oils Ltd. a utilisé de l'eau chaude et des solvants pour extraire le bitume. Ce procédé a continué d'être utilisé jusque peu de temps après la Seconde Guerre mondiale.
Mais c'est en 1967 qu'a été lancé le premier projet d'exploitation minière des sables bitumineux du monde, projet entrepris par le Great Canadian Oil Sands, qu'on connaît actuellement sous la raison sociale de Suncor. La mine de Syncrude, qui est la plus grande du monde, a suivi en 1978, et cette compagnie est un chef de file depuis le début. Des projets d'exploitation in situ ont commencé en 1979, lorsque la société Shell a lancé son projet pilote à Peace River, projet qui a donné lieu à des opérations commerciales en 1986. En 1985, au lac Cold, Imperial Oil a également amorcé la production in situ. À l'heure actuelle, environ 35 grandes sociétés pétrolières sont actives dans le secteur des sables bitumineux et environ 70 grands projets sont en cours ou à l'étude dans la zone des sables bitumineux.
Les sables bitumineux présentent d'énormes possibilités. Le tableau que vous avez à la diapositive numéro 9 indique que les gisements de pétrole traditionnel, dans l'ouest du Canada notamment, sont en déclin et qu'il est prévu que ce déclin continue au cours des prochaines années, au fur et à mesure que ces gisements s'épuiseront. À mesure que de nouvelles technologies deviennent disponibles, on peut en extraire davantage, mais voilà la projection actuelle. On pense que les sables bitumineux pourront compenser, et compenseront certainement, la perte de ces gisements qui auront été épuisés. Au fur et à mesure que nous adopterons des énergies de remplacement, comme l'énergie éolienne, et que notre efficacité sera plus grande, les combustibles fossiles continueront néanmoins d'être la principale source d'énergie pour l'Amérique du Nord dans un avenir prévisible, et ce d'après l'AIE, l'ONA et les autres personnes qui examinent ce genre de choses. Les chiffres sont vraiment assez considérables.
À l'heure actuelle, environ 1,2 million de barils sont produits chaque jour dans la zone des sables bitumineux, et d'après les prévisions, ce chiffre devrait augmenter de façon considérable, pour atteindre 3,3 millions de barils par jour d'ici 2020, d'après l'ONA. À ce moment-là, cela correspondra à environ 80 p. 100 de la production canadienne totale. À l'heure actuelle, c'est environ 50 p. 100. Juste pour vous donner un ordre de grandeur, sachez que 380 000 barils sont produits chaque jour au large de la côte de Terre-Neuve. C'est déjà un chiffre impressionnant, mais nous parlons d'un nombre beaucoup plus important pour les réserves et la production liée aux sables bitumineux.
La diapositive numéro 10 vous indique la situation du Canada par rapport au reste du monde, et vous présente notamment les 10 producteurs de pétrole les plus importants du monde à l'heure actuelle. Si nous réussissons à produire les 3 millions de barils par jour projetés par l'ONA, et plus précisément 3,3 millions de barils d'ici 2002 et 2,8 millions de barils d'ici 2015 — le Canada devrait progresser du septième au quatrième rang des producteurs de pétrole du monde, après la Russie, l'Arabie saoudite et les États-Unis.
Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, les réserves de pétrole prouvées du Canada correspondent à environ 178 milliards de barils. Sur ce nombre, environ 173 ou 174 milliards de barils sont situés dans les sables bitumineux. C'est vraiment une énorme quantité de pétrole. Ainsi le Canada serait au deuxième rang des producteurs de pétrole du monde après l'Arabie saoudite en raison de ses réserves de pétrole. Si vous voulez avoir une idée de la production cumulative, par rapport aux 174 milliards de barils des sables bitumineux, jusqu'ici, seulement 5,4 milliards de barils ont été produits. Voilà ce à quoi correspond la production cumulative.
Les réserves évaluées qui font actuellement l'objet d'exploitation active — en d'autres termes, les projets d'exploitation qui sont en préparation ou qui sont déjà en cours — disons que si l'on réussissait à extraire tout le pétrole qui s'y trouve, ce serait environ 21 milliards de barils. Donc, il y a encore énormément de réserves dont la quantité précise de pétrole qui s'y trouve n'a pas été encore définie.
Le dernier point sur cette diapositive est également digne de mention. Les prévisions de l'Agence internationale de l'énergie montrent que la production des sables bitumineux du Canada correspondra environ au tiers de la production totale de pétrole de l'OCDE d'ici 2030. La production associée aux sables bitumineux canadiens est donc très considérable.
Nous avons parlé de 178 milliards de barils comme correspondant aux réserves prouvées, mais le fait est qu'on soupçonne qu'il y en a encore bien davantage. Quand on parle des réserves prouvées, on parle du pétrole qu'il est possible d'exploiter, d'après les prix et les technologies actuels. Plus tard — les technologies n'ont pas encore été inventées et les prix sont loin maintenant d'être ce qu'ils seront à cette époque — il y en aura encore une énorme quantité à extraire, soit 1,7 billion de barils, selon les estimations. Je ne suis pas tout à fait sûr de savoir comment ils ont fait ce calcul, par rapport à 1,6, mais on pense néanmoins qu'il s'agit d'un gisement énorme.
Je devrais également vous faire remarquer que 80 p. 100 des réserves restantes sont récupérables uniquement par exploitation in situ. Autrement dit, c'est un gisement plus profond. La partie facile… et ceux qui mènent ces opérations minières me diraient qu'il ne convient pas de parler d'une partie facile, mais disons que la partie relativement facile est faite, si bien qu'il nous reste les opérations plus difficiles in situ. Mais, encore une fois, ces dernières ont une empreinte écologique moins importante que les opérations minières traditionnelles.
Les projets d'exploitation in situ produisent du pétrole brut, dont le prix est différent de celui du pétrole brut léger non corrosif, et leur empreinte écologique en ce qui concerne la terre, l'eau et les gaz à effet de serre est moindre pour de tels projets. À l'heure actuelle, il y a une plus vaste gamme de technologies qui peuvent être utilisées et les acteurs sont plus conscients des méthodes qui permettent de faire preuve de responsabilité environnementale. En même temps, beaucoup de recherches se font actuellement dans ce domaine.
[Français]
Les répercussions socioéconomiques importantes pour l'ensemble du pays.
Les sables bitumineux ont généré des emplois pour les Canadiens: 120 000 emplois directs et indirects, 1 300 Autochtones employés directement et 310 millions de dollars de contrats.
Les investissements ont eux aussi été substantiels. Au cours des 10 dernières années, l'industrie a dépensé 47 milliards de dollars pour de nouveaux projets d'immobilisation, et on prévoit de 110 à 125 milliards de dollars en nouveaux investissements pour les 10 prochaines années.
[Traduction]
Donc, les investissements dans les sables bitumineux ont constitué un important moteur économique au Canada, et ont donné lieu à des possibilités et des défis économiques importants. La diapositive suivante présente un certain nombre de ces défis sociaux économiques. Je pense qu'ils sont déjà assez bien connus.
En plus des défis écologiques, il y a eu une forte croissance dans une zone qui n'avait ni la population ni les travailleurs qualifiés requis. Des zones comme Fort McMurray ont connu une croissance exponentielle, passant d'une population de 1 500 dans les années 1970 à 35 000 il y a quelques années, et plus de 56 000 maintenant, et sa population devrait atteindre 80 000 d'ici deux ou trois ans. Il y a donc eu une croissance absolument énorme dans la zone de Wood Buffalo. Il existe une pénurie de travailleurs qualifiés dans tous les secteurs du marché. Cela ne concerne pas uniquement les sables bitumineux, mais le problème est particulièrement grave dans ce secteur.
Il en est résulté également une perturbation du marché du travail, vu les mouvements importants de travailleurs qui quittent leur région pour s'installer dans cette zone. Il y a donc les avantages salariaux, par opposition aux préoccupations que suscite la délocalisation de la main-d'oeuvre.
De même, il y a de plus fortes pressions en ce qui concerne la main-d'oeuvre, la fabrication et les livraisons, qui ont fait augmenter les prévisions des coûts du projet initial. Cela a créé un problème de taille. Le coût de l'acier requis pour certains projets de pipeline a beaucoup augmenté, alors que nous essayons d'acheter tout l'acier du monde pour certains des projets qui sont prévus, à la fois pour les sables bitumineux proprement dits et les pipelines qui transportent le produit.
La capacité des pipelines constitue également un problème de taille. Les projets Keystone, Alberta Clipper et Southern Lights vont s'amorcer bientôt afin d'augmenter la capacité qui est requise pour les projets des sables bitumineux.
De plus, il existe une pression accrue sur l'infrastructure locale. Les logements, l'eau, les égouts et tous les éléments de l'infrastructure de base posent vraiment problème, notamment à Fort Macleod et à Fort McMurray, mais également à Edmonton et d'autres zones en Alberta — peut-être même en Saskatchewan. Par conséquent, il y a de véritables problèmes socioéconomiques dans ces zones-là.
La diapositive suivante présente les enjeux environnementaux. Il y en a un quatrième dont il est question ici, et c'est là que je vais commencer, puisqu'il s'agit d'une question à la fois économique et environnementale, et c'est l'utilisation de l'énergie. Les sables bitumineux requièrent l'utilisation d'énormément de gaz naturel, dont on a également besoin ailleurs, et à l'heure actuelle, beaucoup de recherche et de travail est en cours afin de réduire la quantité d'énergie utilisée et d'en arriver à utiliser plus efficacement cette énergie.
Les trois grands domaines sont l'air, l'eau et la terre. En ce qui concerne l'air, les activités de production et d'enrichissement des sables bitumineux sont des activités à plus forte consommation d'énergie, par rapport à la production du pétrole léger. En conséquence, les émissions de gaz à effet de serre sont plus importantes. Le secteur des sables bitumineux correspond actuellement à plus de 4 p. 100 des émissions totales du Canada.
Pour ce qui est de l'eau, qui est, d'après ce qu'on nous a donné à entendre, le sujet de l'étude que vous comptez mener, il y a plusieurs préoccupations environnementales liées à l'utilisation accrue de l'eau dans le secteur des sables bitumineux. Il s'agit, entre autres, de l'éventuel impact négatif sur l'écosystème aquatique, du retrait de l'eau du bassin hydrologique, à la fois l'eau de surface et l'eau souterraine, et des énormes bassins de résidus miniers créés par les opérations minières — non pas les opérations in situ, mais les opérations d'exploitation minière.
Pour ce qui est des terres, le gisement des sables bitumineux de l'Athabasca est situé entièrement dans la forêt boréale canadienne, avec d'importantes zones d'exploitation individuelle. En ce qui concerne le procédé in situ, aucune excavation n'est requise et la zone d'exploitation en surface est moins importante, mais il reste qu'on y associe de la fragmentation, alors que de nouvelles routes, des essais sismiques et d'autres activités sont nécessaires dans les zones où sont situés les puits traditionnels et où se déroulent les activités plus conventionnelles d'exploitation du pétrole.
Voilà donc les trois grands enjeux environnementaux. Je vais vous parler de l'air et de l'eau dans quelques instants, mais je voudrais pour le moment vous demander de regarder la diapositive numéro 16, au sujet des champs de compétence et la façon de régler ces problèmes.
Je vous ai dit au départ que les provinces possèdent les ressources et établissent le cadre relatif à leur exploitation, l'approbation des projets, les régimes de redevances et les règlements. Par contre, le gouvernement fédéral a un rôle important à jouer dans ce contexte, et nous travaillons donc en étroite collaboration avec les provinces de l'Alberta et de la Saskatchewan dans ce domaine. Au niveau fédéral, nous avons des responsabilités et nous sommes actifs dans les domaines de l'environnement et de la protection de l'habitat et de la faune et de la santé humaine: de plus, nous tenons des consultations auprès des Autochtones. Nous avons aussi des responsabilités partagées pour ce qui est d'établir un cadre fiscal et réglementaire qui crée un climat favorable à l'investissement au Canada tout en atteignant nos objectifs environnementaux.
Parmi les instruments qui permettent au gouvernement fédéral d'agir, citons la Loi canadienne sur la protection de l'environnement, la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale, la Loi sur la protection des eaux navigables et la Loi sur l'accord de 1986 concernant les terres indiennes. De plus, nous avons collaboré avec l'Alberta à la préparation d'un certain nombre de documents conjoints, tels que le Cadre de gestion de l'eau, qui a été élaboré par le MPO de concert avec le gouvernement de l'Alberta.
Pour ce qui est de l'air, en 2007, le Canada a établi son plan national de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et d'autres détails y ont été ajoutés en mars 2008. Les installations actuelles — c'est-à-dire, celles qui existent depuis avant 2004 — devront réduire de 18 p. 100 l'intensité de leurs émissions, par rapport au seuil de 2006, d'ici 2010, et devront de plus réaliser une réduction annuelle de 2 p. 100 par la suite. Les installations plus récentes, qui existent depuis 2004, devront respecter des normes relatives aux carburants plus propres et devront, elles aussi, améliorer leur intensité de 2 p. 100 par année.
D'autres mesures s'appliquent exclusivement à l'exploitation des sables bitumineux et au secteur des centrales alimentées au charbon, y compris la nécessité, pour les opérations d'exploitation des sables bitumineux in situ et les installations d'enrichissement en production après 2011, de réaliser des réductions importantes grâce au respect des normes de piégeage et de stockage du carbone. Nous sommes toujours en train de définir les exigences de cette norme concernant le piégeage et le stockage du carbone, mais nous estimons que l'activité de piégeage et de stockage du carbone constituera une solution importante à l'avenir, non seulement en ce qui concerne les sables bitumineux, mais dans d'autres secteurs également.
Je vous fais remarquer, cependant, qu'entre 1990 et 2002, l'intensité des émissions de GES résultant de cette production s'est améliorée de 27 p. 100. Par contre, il y a eu une augmentation absolue des émissions de GES en raison de la croissance des opérations d'exploitation des sables bitumineux — c'est-à-dire le nombre de projets qui sont actuellement en cours. Mais, l'intensité s'est réellement améliorée, et nous avons tous établi des objectifs — le gouvernement de l'Alberta a également fixé des objectifs en ce qui concerne les améliorations futures.
Je vais maintenant vous parler de l'utilisation de l'eau, soit la diapositive numéro 18. Dans le secteur des sables bitumineux, l'eau est importante. Elle est nécessaire pour les opérations d'extraction et d'autres procédés, tels que le transport des boues de forage, la séparation du pétrole des sables dans le contexte des opérations minières, et la production de vapeur pour l'extraction. Dans les opérations minières à ciel ouvert, environ 70 p. 100 de l'eau sont recyclés, et dans celles qui se déroulent in situ — c'est-à-dire les gisements plus profonds, qui correspondent à l'activité future — environ 90 p. 100 de l'eau sont recyclés. Ces chiffres représentent une amélioration par rapport à la situation il y a quelques années. Selon la personne à qui l'on parle, l'efficacité de l'utilisation de l'eau s'est améliorée de 30 à 45 p. 100 au cours des 10 ou 15 dernières années.
Le gouvernement de l'Alberta, qui a cette responsabilité, a établi un objectif qui exige d'autres améliorations d'ici 2015. Le ministère de l'Environnement de l'Alberta, chargé de surveiller la qualité de l'eau et l'utilisation de l'eau dans les opérations d'exploitation des sables bitumineux de la région, a établi cet objectif-là, et nous travaillons de pair avec ce dernier, par l'entremise du MPO notamment — qui a élaboré un plan diffusé en février 2007 — soit le Cadre de gestion de l'eau pour les opérations d'exploitation des sables bitumineux en Alberta.
La dernière diapositive présente une sorte de résumé. Nous parlons d'une ressource absolument énorme, d'une ressource qui revêt une importance critique pour le Canada, pour l'Amérique du Nord et pour le monde entier. Les prix élevés du pétrole et les progrès technologiques sont susceptibles de créer d'autres possibilités de développement, et ce plus rapidement qu'on pensait. Pour nous, le défi consiste à nous assurer que ces ressources seront exploitées d'une manière durable et responsable au plan environnemental, tout en tenant compte des défis socioéconomiques dont nous avons déjà parlé et de méthodes de développement viable.
En ce qui nous concerne, les partenariats constituent la voie de l'avenir: des partenariats avec le gouvernement de l'Alberta et d'autres gouvernements provinciaux; des partenariats à l'échelle internationale, où nous collaborons avec de nombreux autres pays en ce qui concerne le piégeage et le stockage du carbone et beaucoup d'autres aspects de la question environnementale; des partenariats avec l'industrie; des partenariats avec des groupes écologiques, et, des partenariats avec des groupes autochtones, notamment ceux qui habitent dans cette zone, soit le Conseil tribal de l'Athabasca et d'autres de la même région.
Là-dessus, je termine mon exposé en vous remerciant de votre patience. Nous avons encore quelques diapositives, que je ne vais pas vous présenter maintenant, mais vous pouvez vous y reporter pour avoir de plus amples renseignements.
Nous sommes maintenant à votre disposition pour répondre à vos questions. Je me rends compte que j'ai pris plus de temps que prévu, et je vous en remercie.
:
Merci, monsieur le président.
Je m'appelle Colleen Killingsworth et je suis présidente du Centre canadien d'information sur l'énergie.
Nous sommes un centre d'information tiers à but non lucratif qui fournit des renseignements sur toutes les sources d'énergie du Canada. Je précise également que nous ne sommes pas un groupe de défense d'intérêts et que nous effectuons un examen minutieux de tout le contenu original fourni par les parties prenantes.
J'ai un long diaporama à vous présenter qui vise à vous fournir d'autres renseignements au sujet de cette industrie. Mais, n'ayez pas peur. Je vais me contenter de vous présenter les faits saillants sur chaque diapositive.
Tandis que la demande de pétrole brut continue à grandir, les gisements de sables pétrolifères du nord de l'Alberta représentent une des quelques sources fiables d'approvisionnement à long terme. La quantité totale de bitume qu'ils contiennent est évaluée à 1,7 billion de barils, dont 174 milliards de barils sont considérés comme des réserves récupérables économiquement et à l'aide des technologies actuelles.
Seulement 10 p. 100 environ des sables bitumineux de l'Alberta sont considérés comme récupérables économiquement à l'aide des technologies actuelles, mais ces réserves seraient suffisantes pour soutenir la production de 3 millions de barils par jour pendant plus de 150 ans.
La diapositive suivante est un graphique indiquant la production de pétrole canadien et les projections de croissance de l'exploitation et de la production des sables bitumineux d'ici 2020.
La diapositive suivante vous indique la place du Canada par rapport aux cinq plus grandes réserves de pétrole du monde. Les réserves des sables bitumineux sont plus importantes que les réserves de l'Iran, de l'Irak, ou de la Russie, et sont deuxième en importance après l'Arabie saoudite seulement.
Les gisements de sables bitumineux reposent sous 140 800 kilomètres carrés de l'Alberta, une superficie plus importante que l'île de Terre-Neuve ou l'État de la Caroline du Nord. De plus petits gisements potentiels de bitume sont également en voie d'évaluation dans le nord-ouest et le centre-est de la Saskatchewan. Les gisements de pétrole lourd conventionnel au Canada sont concentrés autour de Lloydminster sur la frontière de l'Alberta et de la Saskatchewan, mais des gisements de pétrole lourd ont également été trouvés en Colombie-Britannique, au large de la côte de Terre-Neuve-et-Labrador et dans les Îles arctiques.
Je n'ai pas l'intention de vous expliquer cette diapositive, comme M. Stringer vous a déjà fourni cette information, mais comme vous le voyez, elle vous montre la molécule des sables bitumineux et la façon de l'exploiter.
D'après l'Office national de l'énergie, la production issue des sables bitumineux a atteint 1,1 million de barils par jour, dépassant la production pétrolière du Texas; elle représente environ un dixième de la production de l'Arabie saoudite, soit 1,3 p. 100 du total de l'approvisionnement mondial en pétrole brut.
À l'heure actuelle, des dizaines de projets d'exploitation d'une valeur de plusieurs milliards de dollars sont en cours, en vue d'élargir la production issue des sables bitumineux. Le gouvernement albertain envisage une production atteignant 5 millions de barils par jour d'ici 2030, soit l'équivalent de presque un quart de la consommation actuelle de pétrole en Amérique du Nord.
La croissance du secteur des sables bitumineux a été extrêmement avantageuse à de multiples égards. Presque un quart de millions de personnes ont un emploi qui est directement ou indirectement lié à l'exploitation des sables bitumineux. Selon certaines études, l'exploitation des sables bitumineux rapportera aux gouvernements du Canada quelque 123 milliards de dollars entre 2000 et 2025.
Environ 18 p. 100 des réserves récupérables économiquement en Alberta sont suffisamment proches de la surface pour permettre l'utilisation de techniques d'extraction minière. La plupart de ces dernières se trouvent dans une zone située au nord de Fort McMurray.
Au départ, les techniques d'extraction minière ont été empruntées à d'autres procédés d'exploitation à ciel ouvert prévoyant l'utilisation d'énormes pelles à benne traînante, des engins roue-pelle et des convoyeurs à courroie afin d'excaver les sables bitumineux et les transporter aux installations de valorisation. Toutefois, ce système était coûteux et exigeait beaucoup d'entretien, ce qui était problématique dans le climat rigoureux du nord de l'Alberta.
Au début des années 1990, des économies considérables ont été réalisées en passant à l'utilisation de puissantes pelles mécaniques, de camions immenses et d'hydrocarboducs. Ce changement technologique a été critique pour ce qui est de mettre le secteur des sables bitumineux sur un pied d'égalité avec les producteurs de pétrole conventionnel au niveau des coûts.
La diapositive suivante vous donne une bonne illustration du procédé d'extraction minière des sables bitumineux. Une fois que le minerai des sables bitumineux a été extrait, il est transporté par camion vers un système de transformation en boue, appelé hydrotransport, où un procédé de séparation du bitume du sable débute. Par la suite, les boues sont traitées à l'eau chaude dans l'usine d'extraction qui récupère le bitume.
Les résidus, un agrégat d'eau, de particules d'argile et d'un peu de bitume, sont un sous-produit du procédé d'extraction. Ces résidus sont stockés dans des bassins et son récupérés par la suite.
Une fois que le minerai de sables bitumineux a été complètement traité, le site est également retraité pour le ramener à un état comparable à ce qu'il était avant l'exploitation des sables bitumineux.
Je vais laisser passer la prochaine diapositive, étant donné que M. Stringer vous a déjà bien expliqué cet aspect-là.
La diapositive qui suit illustre le procédé DGMV. Il s'agit d'un des procédés employés pour l'extraction in situ qui est récemment devenue plus populaire, et il correspond à présent à la méthode la plus couramment utilisée pour les nouveaux projets à petite échelle. Le sigle DGMV désigne le procédé de drainage par gravité au moyen de vapeur. Cette méthode prévoit le forage de puits horizontaux en parallèle, l'un au-dessus de l'autre, dans un gisement de sables bitumineux, avec injection constante de vapeur dans le puits supérieur. La vapeur chauffe les sables bitumineux, si bien que le bitume se ramollit et coule dans le puits inférieur. À l'aide de pompes, le bitume est ensuite ramené à la surface.
Comme vous le voyez sur la diapositive suivante, les projets actuels d'exploitation in situ ont recours à des chaudières alimentées au gaz naturel pour produire de la vapeur. Certaines technologies ont été mises au point qui permettent d'utiliser le bitume brut comme combustible, le cas échéant, pour produire de la vapeur.
Il existe une technologie qui pourrait permettre de réduire la consommation d'énergie: il s'agit de ce qu'on appelle l'extraction à la vapeur, ou VAPEX. Cette méthode prévoit le forage de puits horizontaux en parallèle, comme c'est le cas pour la méthode DGMV. Mais, à la place de la vapeur, des liquides de gaz naturel tels que l'éthane, le propane ou le butane sont injectés dans le puits supérieur et agissent comme solvants, pour que le bitume ou le pétrole brut coule dans le puits inférieur. Un groupe composé de représentants de l'industrie et du gouvernement évalue actuellement un projet pilote employant la méthode VAPEX, et plusieurs autres exploitants mettent à l'essai cette technologie dans leurs propres concessions.
Comme l'indique la diapositive suivante, on s'attend à ce que ce procédé d'exploitation in situ ne perturbe que 10 p. 100 du terrain de surface dans les zones d'exploitation et à ce qu'il utilise environ 90 p. 100 moins d'eau que les méthodes minières actuelles.
La prochaine diapositive concerne la valorisation. Une fois extrait, le bitume peut être vendu directement sur le marché ou valorisé par les exploitants des sables bitumineux de façon à en produire différents produits de pétrole brut. Comme la plupart des raffineries de pétrole sont conçues pour traiter uniquement le pétrole brut léger et moyen conventionnel, le bitume doit subir une transformation ou valorisation particulière pour produire des biens commercialisables.
La prochaine diapositive est un diagramme présentant les différentes étapes du procédé de valorisation. Ce dernier se déroule normalement en deux étapes. Pendant la première étape, la cokéfaction ou l'hydrotraitement, ou les deux, permettent de fragmenter les molécules. La cokéfaction enlève le carbone, alors que l'hydrotraitement ajoute de l'hydrogène. Pendant la deuxième étape, un procédé qu'on appelle hydroraffinage permet de stabiliser les produits et d'enlever les impuretés telles que le soufre. L'hydrogène qui est utilisé pour l'hydrotraitement et l'hydroraffinage est fabriquée à partir de gaz naturel et de vapeur.
Comme l'indique la prochaine diapositive, la valorisation permet de fabriquer différents produits d'hydrocarbure qui peuvent être mélangés pour former un équivalent de pétrole brut synthétique, ou encore, ils peuvent être vendus ou utilisés séparément. Les projets d'exploitation minière de Syncrude et de Suncor se servent d'une partie de leur production pour alimenter en carburant les moteurs diesel qu'utilisent leurs camions et d'autres équipements dans leurs sites. De plus, Suncor transporte le gasoil par pipeline à Edmonton pour le vendre sur le marché.
La diapositive suivante porte sur le transport des produits issus des sables bitumineux. Qu'il s'agisse de pétrole brut synthétique ou de bitume dilué, ces produits sont transportés de la même manière et dans les mêmes pipelines que le pétrole brut classique. Ce vaste système de pipeline s'étend des régions productrices du nord de l'Alberta à des raffineries situées dans l'est du Canada, le Midwest américain et jusqu'à la côte du golfe du Mexique.
La prochaine diapositive vous présente un plan du réseau nord-américain de pipelines servant à transporter le pétrole brut.
La diapositive suivante vous énumère les importants avantages découlant de l'exploitation des sables bitumineux. On s'attend à ce que les exploitants des sables bitumineux investissent environ 45 milliards de dollars dans les différents projets d'exploitation au cours des quatre prochaines années. Cette somme vient s'ajouter aux 34 milliards de dollars de dépenses en immobilisation engagées jusqu'ici.
Grâce à cette croissance, le nombre de personnes employées directement ou indirectement par l'industrie des sables bitumineux devrait atteindre près d'un quart de million en seulement deux ans.
Les possibilités économiques existent dans tout le Canada et à l'échelle internationale. Selon une étude menée par le Canadian Energy Research Institute, qui a examiné l'impact de l'exploitation des sables bitumineux au cours d'une période de 20 ans, environ 56 p. 100 des effets sur l'emploi se feraient sentir en Alberta, 27 p. 100 dans d'autres provinces canadiennes et 17 p. 100 à l'échelle internationale. La progression du produit intérieur brut en dehors de l'Alberta est principalement due à la demande d'acier, de véhicules et d'autres équipements fabriqués dans d'autres provinces ou pays.
Autre élément important, cette étude sérieuse indique que l'exploitation des sables bitumineux rapportera 123 milliards de dollars de recettes aux divers gouvernements canadiens entre 2000 et 2025. Au cours de la même période, 13,5 milliards de recettes seront générés pour les gouvernements non canadiens, surtout du fait que le secteur des sables bitumineux a recours à des sources de fabrication internationales.
Les défis économiques, environnementaux et sociaux associés aux sables bitumineux découlent de la nature de cette ressource, son emplacement, son immensité et l'accélération rapide des activités d'exploitation depuis la fin des années 1990. La montée en flèche de la demande de main-d'oeuvre et de services pour soutenir les projets d'exploitation, et les incidences de ces derniers sur les collectivités autochtones et non autochtones, constituent des défis sociaux parmi d'autres.
Depuis les années 1970, le gouvernement et les sociétés qui exploitent les sables bitumineux ont créé des programmes visant à former et à recruter des Autochtones comme employés, entrepreneurs et fournisseurs, et les nouveaux projets favorisent, dans la mesure du possible, la participation des Autochtones.
Le tableau que vous voyez à la prochaine diapositive vous donne un aperçu des emplois créés grâce à l'exploitation des sables bitumineux. Ce tableau indique que 56 p. 100 des emplois en Alberta sont liés aux sables bitumineux, 27 p. 100, dans d'autres provinces, et 17 p. 100 à l'échelle internationale. En ce qui concerne les recettes gouvernementales provenant des sables bitumineux, 36 p. 100 de ces recettes sont générées en Alberta. Les autres provinces bénéficient de 23 p. 100 de ces recettes, et le Canada dans son ensemble, en reçoit 41 p. 100.
Selon les estimations de l'Office national de l'énergie, il faut environ 500 pieds cubes — 14 mètres cubes — de gaz naturel pour produire un baril de pétrole synthétique à partir de projets d'extraction et de valorisation. Il faut environ le double pour produire un baril de bitume à partir des projets d'extraction souterraine in situ. S'agissant des autres défis liés à la consommation d'énergie, l'introduction de nouvelles technologies permettant d'améliorer l'efficacité énergétique donne déjà de bons résultats. L'utilisation de l'énergie pour l'exploitation et l'extraction des sables bitumineux a été réduite de 45 p. 100 grâce à de nouvelles technologies comme le transport hydraulique et de nouveaux procédés d'extraction à faible température.
S'agissant des défis liés à l'utilisation de l'eau, comme M. Stringer nous l'expliquait tout à l'heure, le recyclage de l'eau et l'utilisation de l'eau non potable provenant des réservoirs souterrains ont déjà permis de réduire l'incidence sur les ressources en eau douce. De même, l'utilisation de nouvelles technologies pourrait permettre de réduire l'utilisation de grandes quantités d'eau que requièrent les méthodes d'exploitation actuelles des sables bitumineux. Diverses entreprises travaillent également de concert avec des scientifiques, des autorités gouvernementales et des sociétés forestières en vue de réduire les incidences cumulatives sur le sol, la végétation et la faune.
De plus, des programmes coopératifs sont en cours entre le gouvernement et les sociétés pétrolières et forestières afin de réduire les incidences cumulatives sur les paysages, la productivité forestière et la vie animale. Il s'agit, entre autres, de techniques sismiques de remise en état à faible impact, qui permettent une revégétalisation plus rapide; de protection de l'habitat du caribou; de la réintroduction du bison dans les terres défrichées et la plantation de plus de huit millions d'arbres jusqu'à présent.
Des contrôles de pollution améliorés, tels que les débourbeurs de cheminées, ont réduit les émissions d'oxydes de soufre, les oxydes d'azote et les particules par baril qui peuvent causer le smog et les pluies acides.
S'agissant des émissions de gaz à effet de serre, l'extraction et la valorisation du bitume produisent deux fois plus d'émissions de gaz à effet de serre par baril que la production de pétrole conventionnel. Cependant, environ 80 p. 100 des émissions liées à l'utilisation du pétrole se produisent au niveau de la consommation finale, telle que dans les automobiles ou les chaudières.
Plusieurs méthodes ont été proposées en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre. L'une des possibilités consisterait à injecter les émissions dans la terre — c'est ce qu'on appelle le piégeage et le stockage du carbone, ou encore la séquestration du carbone. Une partie du gaz carbonique pourrait servir à améliorer la production issue des gisements de pétrole classique.
En fonction du baril de pétrole produit, les gaz à effet de serre et les autres émissions ont déjà été considérablement réduits depuis les années 1990 mais, étant donné l'accélération rapide de la production ces dernières années, de plus fortes réductions des émissions sont devenues une grande priorité pour les entreprises et les autorités gouvernementales.
La prochaine diapositive présente le cycle de vie des émissions. Si le pétrole brut valorisé des sables bitumineux n'était pas disponible, il faudrait importer une plus grande quantité de pétrole vers l'Amérique du Nord. Certaines importations, comme le pétrole brut lourd du Venezuela, ont en réalité des émissions plus élevées pendant leur cycle de vie que le pétrole brut valorisé des sables bitumineux canadiens.
Voilà qui termine mon exposé.