:
En fait, monsieur le président, c'est moi qui suis désolé. J'avais préparé un document qui, je l'espérais, allait vous être distribué avant mon arrivée, mais il semble que cela n'ait pas été fait. Je vais faire en sorte qu'il vous soit distribué pendant la séance, en espérant que cela sera utile.
Entre-temps, je vais vous présenter mon exposé. Il porte sur l'évaluation environnementale fédérale des projets de sables bitumineux. Cet exposé est assez long. J'espère que cela vous convient.
Monsieur le président, je vais me concentrer sur quatre thèmes principaux pendant cette séance d'information technique. Premièrement, je vais vous donner un aperçu du processus fédéral d'évaluation environnementale, en me concentrant particulièrement sur l'évaluation environnementale des projets de sables bitumineux. Je pense qu'il vous sera utile pendant cette discussion technique de bien comprendre comment fonctionne notre processus.
J'aimerais également vous parler un peu de notre collaboration avec la province de l'Alberta lors d'évaluations environnementales. Comme vous le savez certainement, la gestion des ressources naturelles est une compétence provinciale; toutefois, le gouvernement fédéral a certains intérêts touchant les projets de sables bitumineux qui font l'objet d'évaluations environnementales fédérales.
Ensuite, je parlerai un peu d'évaluations environnementales récentes et d'exemples concrets afin de démontrer comment ces évaluations ont permis de traiter certains problèmes qui, je le crois, intéressent votre comité, y compris les problèmes liés à l'eau ou la gestion de l'eau, les oiseaux migrateurs et les changements climatiques.
Pour terminer, je parlerai de ce à quoi nous pouvons nous attendre au cours des prochaines années au plan des évaluations environnementales, certains des changements ou améliorations qui pourraient être faits au cours des prochaines années.
[Français]
J'aimerais maintenant expliquer ce qu'est une évaluation environnementale. C'est un processus qui doit s'appliquer au début de la planification d'un projet. Ce n'est pas une décision réglementaire, mais un outil de planification. L'évaluation environnementale permet d'analyser et de prévoir les effets environnementaux potentiels, et de proposer des mesures d'atténuation, surtout par rapport aux effets négatifs. Un aspect très important de ce processus est la participation publique. Les évaluations fournissent une véritable occasion aux citoyens et aux communautés d'influencer les décisions liées aux projets. Finalement, c'est un outil très important pour ce qui est de la promotion du concept de développement durable.
[Traduction]
Maintenant, je vais décrire le fonctionnement du processus d'évaluation environnementale.
La Loi canadienne sur l'évaluation environnementale, la loi qui régit le processus le processus d'évaluation environnementale fédérale, s'applique aux projets proposés à propos desquels une agence ou un ministère fédéral doit prendre une décision. Le ministère ou l'agence peut être un participant au projet; une source d'aide financière qui permettra au projet d'aller de l'avant, comme dans les situations où le gouvernement fédéral rend disponible des terres ou permet l'utilisation de terres pour que le projet se fasse; ou finalement, ce peut être un organisme de réglementation.
Dans le cas des projets de sables bitumineux, les décisions réglementaires que peut prendre le gouvernement fédéral à propos des projets de sables bitumineux sont en quelque sorte le déclencheur principal du processus d'évaluation environnementale fédérale. Ce sont généralement des autorisations en vertu de la Loi sur les pêches, et dans certains cas, des approbations ou des permis émis en vertu de la Loi sur la protection des eaux navigables, dont Transports Canada est responsable.
Une telle décision fédérale n'est pas requise pour tous les projets de sables bitumineux, et dans ces cas, on ne déclencherait pas le processus d'évaluation environnementale fédérale. Cela comprendrait notamment des projets locaux, des projets à DGMV ou des projets à drainage par gravité au moyen de vapeur qui peuvent très souvent être conçus d'une façon qui permette d'éviter tout effet néfaste envers les habitats de poissons ou tout interférence à la navigation, parce qu'ils ne touchent pas directement aux cours d'eau.
D'autres parts, les projets de sables bitumineux de type minier requièrent très souvent et généralement une certaine décision ou permission fédérale.
Avant qu'un ministère fédéral puisse donner son approbation réglementaire, il doit compléter une évaluation environnementale afin de déterminer que les effets du projet ne seront pas trop importants ou inacceptables.
La loi fédérale prévoit différentes sortes d'évaluation environnementale. Les examens préalables constituent la forme d'évaluation la plus commune. Je décrirai plus tard les facteurs qui doivent être pris en compte lors d'un examen préalable.
L'étude approfondie est une autre forme d'évaluation un peu plus rigoureuse qui prend en compte des facteurs qui ne l'avaient pas été lors de l'examen préalable.
La dernière forme d'évaluation est la commission, qui consiste essentiellement en des audiences publiques qui sont parfois, ou même le plus souvent, menées pour des projets de sables bitumineux.
[Français]
J'aimerais maintenant parler brièvement des exigences du processus.
Toutes les évaluations doivent tenir compte des effets environnementaux — y compris les effets qui pourraient résulter d'accidents et les effets cumulatifs —, de l'importance de ces effets, des mesures d'atténuation et des commentaires du public, s'il y a lieu.
Les études approfondies, les études plus détaillées, que j'ai appelées plus tôt comprehensive studies, et les examens par une commission doivent aussi porter sur l'objectif du projet — on doit déterminer pourquoi il s'agit d'un projet important —, sur les autres façons d'assurer l'exécution du projet et sur la capacité des ressources renouvelables touchées de façon importante par le projet de satisfaire aux besoins actuels et futurs du pays.
[Traduction]
Je vais maintenant comparer le rôle de notre agence aux rôles des autres ministères, et je vais parler également du Bureau de gestion des grands projets, dont notre président a parlé il y a deux semaines lors de son témoignage ici à propos du Budget principal des dépenses.
Ce que nous appelons le processus d'autoévaluation constitue une caractéristique essentielle du processus d'évaluation environnementale. Cela signifie que chaque ministère qui doit prendre une décision à propos d'un projet doit mener une évaluation environnementale. Il n'y a pas d'agence centrale qui mène les évaluations environnementales au nom du gouvernement fédéral. C'est une responsabilité partagée par tous les ministères décideurs.
Notre agence est l'administrateur général du processus — le gardien du processus, en d'autres mots. Notre agence a un autre rôle important, celui d'appuyer les travaux des commissions d'évaluation environnementale.
Suite à l'initiative visant à améliorer l'efficacité du système réglementaire des grands projets d'exploitation des ressources, l'initiative du Bureau de gestion des grands projets, notre agence s'est vue confier de nouvelles responsabilités. Cela signifie que l'agence assume un plus grand rôle que ce qui est prévu par la loi pour la gestion du processus d'évaluation environnementale. Évidemment, cela comprend des projets comme ceux de sables bitumineux. Nous avons aussi de plus grandes responsabilités en matière de coordination et de mise en oeuvre de consultations auprès des Autochtones dans le cadre de l'évaluation environnementale.
[Français]
Au cours du processus d'évaluation, d'autres autorités fédérales, des ministères experts, sont responsables de fournir des renseignements spécialisés et de l'information scientifique ou technique. Par exemple, Environnement Canada est expert dans le domaine des oiseaux migrateurs, des espèces en péril, des émissions atmosphériques et de la qualité de l'eau; Santé Canada a de l'expertise quant aux incidences potentielles sur la santé et la qualité de l'eau potable; et le ministère des Ressources naturelles, quant à lui, est expert en sciences de la Terre.
Les ministères experts sont très importants dans le processus, car ce sont eux qui avisent les autorités concernées responsables des aspects techniques ou scientifiques.
Le Bureau de gestion des grands projets est un nouvel organisme de coordination intégré à Ressources naturelles Canada. Ce bureau fournit une gestion globale pour les grands projets de ressources naturelles pendant le processus de réglementation fédéral. Cela inclut le processus d'évaluation environnementale et le processus réglementaire après l'évaluation.
Un aspect très important du processus d'évaluation environnementale est la coopération ou la collaboration avec les autres territoires de compétence, surtout les provinces. Nous avons conclu des ententes de collaboration avec toutes les provinces, sauf les provinces Atlantiques. Cela inclut le Québec, l'Ontario et les provinces de l'Ouest, dont l'Alberta. Ces ententes de collaboration sont très importantes afin d'éviter le chevauchement ou le redoublement et de promouvoir la coordination des processus environnementaux.
Sur le plan opérationnel, cette collaboration donne très souvent lieu à des commissions d'examen mixtes. Il y a des exigences communes en matière d'information de la part du promoteur. Cette collaboration met à profit l'expérience et l'expertise des deux paliers de gouvernement pour relever les défis environnementaux liés à des projets spécifiques.
[Traduction]
Je vais maintenant passer à la question de la participation du public.
Comme je l'ai mentionné plus tôt un élément très important du processus d'évaluation environnementale consiste à encourager une participation adéquate du public. Cela permet aux participants et aux décideurs gouvernementaux d'être mieux informés des effets possibles des projets proposés.
Les commissions d'examen conjoint, par exemple, permettent à population d'intervenir et notre agence administre l'aide financière aux participants afin d'encourager leurs participations.
Les études approfondies comprennent également certaines exigences liées à la consultation publique et à la participation de la population. Ici aussi, le financement public est disponible pour encourager la participation.
Lors d'examens préalables, ce sont les autorités responsables ou les ministères menant l'évaluation qui décident d'inviter ou non la population à participer.
Nous venons également de mettre en place une enveloppe de financement pour le développement de la capacité des groupes autochtones en soutien aux consultation sur les projets assujettis à une étude approfondie ou à un examen par une commission afin de s'assurer du respect des obligations gouvernementales liées aux consultations autochtones et ce, lors d'études approfondies et d'examens conjoints.
Les résultats des évaluations environnementale sont importants. Le but principal d'une évaluation environnementale est de permettre aux décideurs gouvernementaux de prendre une décision informée sur les effets néfastes environnementaux possibles d'un projet, et de décider si le gouvernement devrait ou non appuyer un projet.
Différents résultats sont possibles. Le résultat le plus commun est que l'on juge qu'un projet n'a pas d'effets environnementaux néfastes importants, et l'autorité fédérale est alors en mesure d'offrir les approbations réglementaires ou le financement ou de prendre toute autre décision liée au projet.
Si, à la suite d'un examen préalable, on conclut que les effets seront importants, on renvoie le projet à une commission d'examen afin d'examiner les raisons de ces effets. C'est alors la commission d'examen qui recommandera au gouvernement par l'entremise du gouverneur en conseil de permettre ou non le projet selon l'importance des conséquences du dit projet.
Si l'on en arrive à la conclusion à la fin du processus que les conséquences sont importantes et ne sont pas justifiées, l'autorité fédérale ne pourrait pas alors prendre des mesures qui permettraient au projet d'aller de l'avant.
Je vais maintenant me détourner de la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale pour parler d'une question liée aux sables bitumineux qui soulève des préoccupations depuis quelques années et continue de le faire, elle porte sur les effets cumulatifs.
Vers la fin des années 1990, nous avons compris que l'évaluation des effets cumulatifs des projets de sables bitumineux sur la base de projets individuels étaient relativement inefficace et gravement limitée. La concentration de tels projets dans une région représente des défis dépassant tout autre regroupement de projets d'exploitation passés.
Conséquemment, la Cumulative Effects Management Association a été fondée en 2000, c'est une association constituée de plusieurs intervenants y compris l'Agence canadienne d'évaluation environnementale et d'autres ministères fédéraux, et cette association fournit les données relatives aux effets cumulatifs qui peuvent être utilisés lors d'évaluation environnementale.
La CEMA est surtout financée par le secteur de l'industrie et appuyée en partie par le gouvernement de l'Alberta. C'est vraiment une initiative constituée de plusieurs intervenants. Elle s'attaque aux questions soulevées lors d'évaluations environnementales de projet mais qui touchent plus d'un projet. Ce sont donc des questions d'ensemble, le but étant d'élaborer des cadres de mesure qui permettraient de régler ces questions.
Je dois également souligner que l'association vise à élaborer un système de gestion de l'environnement fondé sur le consensus pour la municipalité régionale de Wood Buffalo, où se concentre la majorité des projets de sables bitumineux. Ce système sera mis en oeuvre par l'entremise de la stratégie régionale de développement durable des sables bitumineux.
Jusqu'à présent, six cadres de gestion ont été établis et deux autres sont prêts de l'être. Nous avons maintenant des cadres de mesure pour les métaux traces, l'ozone, les outils des écosystèmes, la capacité et la classification des terres et les dépôts acides. Les deux qui sont en préparation concernent l'eutrophisation et les écosystèmes terrestres.
Je vais maintenant vous présenter des exemples récents démontrant comment les évaluations environnementales ont contribué, selon nous, à améliorer les projets de la région des sables bitumineux en réduisant les répercussions de l’exploitation des sables bitumineux, et je vais établir des liens avec les questions auxquelles s'intéresse votre comité. Ces questions touchent à la gestion de l'eau, aux oiseaux migrateurs — et je parlerai peut-être de l'incident où des oiseaux sont morts dans un bassin de résidus — et au changement climatique.
Le projet d'exploitation des sables bitumineux de Kearl, l'expansion de la mine de la rivière Muskeg, et celui de la mine Jackpine, de même que le projet d'exploitation des sables bitumineux Horizon sont parmi les exemples récents. Pour tous ces projets, nous croyons que les évaluations environnementales ont entraîné des modifications à la conception du projet qui ont permis d'améliorer dans une certaine mesure les projets d'un point de vue environnemental.
Les questions principales liées à l'eau sont surtout celles concernant les prélèvements et les volumes d'eau, surtout dans la rivière Athabasca, et la qualité de l'eau. Très récemment, Pêches et Océans Canada et le ministère de l'Environnement de l'Alberta ont décidé d'élaborer un cadre de décision réglementaire et des procédures de gestion des prélèvements d'eau pour les projets de sables bitumineux dans le bas de la rivière Athabasca. Le cadre recommande une approche prudente. Il est mis en oeuvre par étapes de 2007 à 2010.
Du côté de la qualité de l'eau, on a soulevé des préoccupation quant aux prévisions voulant que les effets des projets de sables bitumineux seront négligeables. Conséquemment, lors de la plupart des évaluations environnementales — comme celles de Kearl, Muskeg et Jackpine — des exigences de surveillance de la qualité de l'eau ont été mises en place afin de s'assurer du respect des normes de la qualité de l'eau.
En ce qui a trait aux oiseaux migrateurs — et je vous assure que j'ai presque terminé — Environnement Canada, qui est l'acteur fédéral qui s'intéresse le plus à cet enjeu, travaille en étroite collaboration avec le ministère de l'Environnement de l'Alberta pour que des mesures d'atténuation soient intégrées aux projets afin d'éliminer les répercussions inacceptables sur les oiseaux migratoires. L'adoption de mesures d'atténuation simples, par exemple, l'interdiction de déboiser pendant la période de nidification.
Récemment, des inquiétudes concernant les espèces en voie de disparition ont été soulevées, comme celles concernant le rail jaune, un oiseau migrateur protégé par la Loi sur les espèces en péril. Des études sont menées afin d'obtenir les données nécessaires pour élaborer les mesures d'atténuation qui permettront de protéger les espèces de la région de l'Athabasca.
La mort récente d'environ 500 canards malards dans le bassin de résidus de la mine Aurora Nord démontre le besoin d'améliorer les mesures d'atténuation pour éviter ce genre de d'effet. Un des avantages des évaluations environnementales est d'en tirer des leçons et s'en servir pour les projets futurs.
[Français]
Pour ce qui est des considérations liées aux changements climatiques, la gestion des émissions de gaz à effet de serre est un domaine en évolution dans le cadre de l'évaluation environnementale. Je reconnais que cela représente un grand défi dans le cadre de l'évaluation d'un projet spécifique.
Après avoir identifié les défis qui se posent dans le cadre des projets particuliers, l'agence avait travaillé il y a quelques années en collaboration avec les provinces, afin d'élaborer un document d'orientation, un guide, pour les praticiens en évaluation environnementale, portant sur l'intégration des considérations relatives aux changements climatiques à partir des évaluations environnementales. Concrètement, cela signifie qu'une autorité fédérale spécialisée, comme Environnement Canada, fournit des conseils aux promoteurs sur la manière de réduire l'utilisation de l'énergie par le truchement de la cogénération, de l'entretien régulier des véhicules et d'autres moyens pour minimiser ou réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Au-delà du processus d'évaluation environnementale, comme vous le savez, les règlements sont élaborés en vertu de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement, en vue d'être appliqués aux grands émetteurs, notamment les exploitants des sables bitumineux.
[Traduction]
Vous serez contents de savoir que c'est mon dernier acétate.
En ce qui concerne le regard sur l'avenir, vous êtes sans doute au courant du récent arrêt sur le projet de sables bitumineux de Kearl, dans lequel la Cour fédérale a estimé que la commission d'examen n'avait pas adéquatement justifié ses conclusions quant aux effets insignifiants des émissions de gaz à effets de serre. Je pense que cet arrêt devrait inciter les commissions futures à inclure les justifications pertinentes dans leurs décisions.
Deuxièmement, je pense qu'il serait prudent, à l'agence, de planifier non seulement en fonction du nombre actuel de projets mais également en fonction d'une augmentation prévisible du nombre des projets.
Troisièmement, la stratégie de développement durable du gouvernement albertain est elle aussi à l'étude et nous espérons que ces mises à jour nous fourniront un contexte ou des points de repère supplémentaires pour les futures évaluations environnementales.
Enfin, comme vous le savez peut-être la Loi sur l'évaluation environnementale doit être révisée par un comité parlementaire en 2010. Nous espérons être en mesure de vous faire part de nos expériences sur les projets de ce type à titre d'information pour vos délibérations sur la façon de renforcer le processus d'évaluation environnementale fédérale.
Monsieur le président, voilà qui termine mon exposé.
Je vous remercie de votre attention.