Bonjour. J'aimerais remercier le comité de nous avoir invités, mon collègue, M. Courtneidge, et moi.
Canada sans pauvreté, ou, officiellement, l'Association nationale antipauvreté, est une société sans but lucratif apolitique dont l'objectif est d'éliminer la pauvreté au Canada. Fondé en 1971, Canada sans pauvreté, dont le siège social se trouve à Ottawa, est gouverné par un conseil d'administration dont chacun des membres a vécu dans la pauvreté à un moment ou à un autre de sa vie.
Nos administrateurs viennent d'un peu partout au pays, de St. John's à Victoria, de la plus grande ville du pays, Toronto, à l'une des collectivités les plus petites et les plus éloignées, Old Crow, village de la première nation Vuntut Gwitchin du Yukon. L'expérience vécue par nos administrateurs et par nos membres définit notre mission, notre vision, nos valeurs et notre travail.
La pauvreté, dont Gandhi disait qu'il s'agit de la pire forme de violence, est un affront aux valeurs d'équité, de justice et d'inclusion de la société canadienne. Ainsi, nous envisageons non pas la simple réduction de la pauvreté, mais bien la disparition de la pauvreté au Canada. En faisant la promotion de l'élimination de la pauvreté comme obligation dans le cadre des engagements en matière de droits de la personne que le Canada a pris envers d'autres pays, nous pensons qu'il est possible de faire disparaître la pauvreté, si la volonté politique y est, si les sociétés assument leurs responsabilités face à la population et si les collectivités se mobilisent.
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Je voudrais vous faire part de mes impressions en anglais parce que c'est ma langue maternelle. Il s'agit de l'anglais d'Angleterre.
[Traduction]
J'admets et je comprends que, même pour les Canadiens, mon accent peut parfois poser problème.
Je vais d'abord parler d'un document dans lequel ma situation est expliquée, et qui s'intitule My Own Life Situation. Vous allez en recevoir des exemplaires, puisque j'en ai fourni 20 en anglais à la greffière. Le document a été en grande partie rédigé par ma femme. Il explique que nous avons vécu dans la pauvreté pendant 15 ans, après que je suis parti d'Ottawa pour retourner en Angleterre, en 1994. J'aimerais simplement vous lire le dernier paragraphe, et j'espère que les interprètes arrivent à me comprendre malgré mon accent.
Depuis 1994, malgré mon doctorat en chimie et ma réputation internationale de chercheur dans ce domaine, il y a de longues périodes pendant lesquelles j'ai été au chômage. On pourrait dire que je n'ai pas vraiment souffert, puisque l'un de nous deux avait déjà un emploi, puisque nous avons toujours eu un toit et puisque nous avons toujours eu quelque chose à mettre sur la table. Cependant, nous n'avons jamais eu d'argent pour des choses superflues. Toutes les dépenses sont prévues à un sou près. Nous menons une existence frugale. C'est ce qui fait que nous sommes continuellement malades.
Ma femme a rédigé ce document pour moi parce qu'elle est continuellement malade à cause du stress que nous vivons — et c'est la conséquence habituelle de la pauvreté.
J'ai apporté deux livres sur lesquels les membres du comité pourront jeter un coup d'oeil. Le premier s'intitule The Age of Insecurity, et le second, The Impact of Inequality.
Vous savez probablement que l'inégalité au chapitre du revenu et l'inégalité économique — ce que nous appelons la pauvreté — est au coeur de l'accroissement du niveau d'insécurité et de criminalité à l'échelle mondiale. C'est également cette inégalité qui est à l'origine de la mauvaise santé qui affecte toutes les couches des sociétés. Si vous voulez que je résume ça en une seule phrase, je dirais que la pauvreté est un poison; c'est vraiment un poison. Il y a des molécules dans votre sang, même si vous ne vivez peut-être pas dans la pauvreté, qui réduisent votre longévité, qui accroissent la probabilité que vous soyez victimes d'homicide et que vous tombiez malade. Cette molécule, c'est le cortisol.
J'aimerais conclure ce volet en récitant un court poème intitulé Que vive l'amour.
[Français]
Veuillez m'excuser de lire ces mots en anglais.
[Traduction]
Si nous arrivons à vivre du mieux que nous pouvons,
si nous arrivons à faire du mieux que nous pouvons,
si nous pouvons vivre comme nous le dicte l'amour,
tout ira bien.
Vous nous avez demandé de vous fournir des indicateurs de l'ampleur de la pauvreté au Canada. Vous allez recevoir le document, mais nous ne pouvons vous le fournir qu'en anglais, vu que nous n'avons pas eu le temps de le faire traduire.
J'aimerais vous parler de deux mesures caractéristiques. La première, c'est celle que j'appelle la mesure de la pauvreté Canadian Tire. Vous avez probablement vu l'annonce, à la télévision, dans laquelle un garçon demande un emploi au propriétaire d'un casse-croûte qui lui dit « Tu devrais être en train de jouer au hockey », et le garçon lui répond « C'est pour ça que je suis ici ». La mesure Canadian Tire — officieusement, bien sûr —, c'est que le tiers des enfants vivent dans la pauvreté au Canada, avec leur famille.
Le meilleur indicateur de la pauvreté reconnu partout dans le monde, c'est le coefficient de Gini. Ça vaut la peine de faire des recherches là-dessus dans Internet; il y a une section sur le coefficient de Gini même dans Wikipedia, le site tant critiqué. C'est le coefficient qu'utilisent les Nations Unies et la « Criminal Intelligence Agency », parce que les gens de la CIA savent que l'inégalité et la pauvreté engendrent des crimes, de la violence et des guerres — comme Hugh Segal l'a souligné dans l'exposé qu'il a présenté vendredi soir dans le cadre de la conférence Gow. Nous avons ces données, et nous pouvons vous les fournir.
Je vais céder la parole à ma collègue.
Des millions de Canadiens aspirent à une vie sans pauvreté — les gens qui ont faim, les sans-abri, les gens privés de leurs droits, les travailleurs pauvres, les chômeurs, les assistés sociaux, les Autochtones, les immigrants, les personnes de couleur, les personnes handicapées, les parents et les pensionnés.
Pour les aider à réaliser leurs rêves, un certain nombre d'organisations de différents secteurs se sont mobilisées dans le cadre d'une campagne pluriannuelle, apolitique et organisée par de multiples partenaires, la campagne Dignity for All. La vision des organisateurs de la campagne, c'est d'éliminer la pauvreté et d'accroître la sécurité sociale au Canada d'ici 2020. Leur conviction, c'est que les Canadiens doivent respecter et défendre le droit de chacun de vivre dans la dignité.
Les deux principaux objectifs de notre campagne sont les suivants: l'établissement d'un plan fédéral complet d'élimination de la pauvreté et l'adoption d'une loi fédérale visant l'élimination de la pauvreté, la promotion de l'inclusion sociale et l'accroissement de la sécurité sociale.
Pour terminer, nous voulons souligner le fait que la pauvreté est à l'origine d'un coût inacceptable pour l'ensemble des Canadiens, vu le lien bien établi entre la pauvreté et les coûts des soins de santé, la pauvreté et les résultats dans le domaine de la justice pénale et la pauvreté et la diminution de la productivité au travail. Les Canadiens ont tout intérêt à voir la pauvreté réduite et même éliminée. Le Canada serait un pays plus en santé, plus sûr, plus juste et plus prospère s'il n'y avait plus de pauvreté.
Merci.
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Merci beaucoup de m'avoir invité à participer au travail important que fait votre comité.
Je veux commencer par vous dire que nous sommes vraiment contents que le comité ait entrepris l'étude qu'il effectue en ce moment. Nous vous souhaitons la meilleure des chances.
Plus d'un milliard de personnes vivent avec moins de un dollar par jour, et la moitié de la population mondiale vit avec moins de deux dollars par jour. Plus de trois millions de Canadiens vivent dans la pauvreté. Selon la mesure de la pauvreté utilisée, de 10,5 à 11,9 p. 100 des Canadiens sont pauvres. Chez les premières nations, un enfant sur quatre vit dans la pauvreté, et le taux de chômage dans les communautés des premières nations est quatre fois plus élevé que la moyenne nationale.
Il n'y a rien là d'inévitable. Nous disposons collectivement des ressources, des outils technologiques et du savoir requis pour mettre fin à la pauvreté, à l'échelle tant mondiale que nationale. Il nous faut un plan pour éliminer la pauvreté aussi bien dans le monde qu'au Canada et chez les peuples autochtones.
Il existe un plan mondial pour réduire de moitié l'extrême pauvreté d'ici 2015. Il s'agit des « objectifs du millénaire pour le développement ».
Là où des gouvernements démocratiques ont fait de cela une priorité, où l'on a annulé des dettes et où l'on offre vraiment de l'aide, il y a de réels progrès. Les données montrent que l'élaboration d'un plan avec des objectifs et des dates précises fonctionne, malgré que la crise économique mondiale et les changements climatiques menacent les progrès accomplis et malgré le danger que la situation régresse.
Je crois que, pour réussir à réduire la pauvreté au pays, il faut avoir un plan assorti d'un mandat, d'objectifs et d'échéances prévus par la loi. C'est pourquoi les représentants de la campagne Abolissons la pauvreté Canada, depuis que la campagne a été lancée, en 2005, pressent le gouvernement fédéral de faire participer les groupes touchés par la pauvreté, notamment les peuples autochtones, les femmes, les minorités et les jeunes, à la conception et la mise en oeuvre d'une stratégie nationale de réduction de la pauvreté.
Les gouvernements du Québec, de Terre-Neuve-et-Labrador, de l'Ontario, et, plus récemment, de la Nouvelle-Écosse, qui représentent un vaste éventail de partis politiques et d'idéologies, ont pris l'initiative d'élaborer des stratégies globales de réduction de la pauvreté. Des progrès significatifs en matière de réduction de la pauvreté se manifestent déjà au Québec et à Terre-Neuve-et-Labrador.
Les gouvernements provinciaux ne disposent pas de tous les outils stratégiques nécessaires pour réduire et éventuellement éliminer la pauvreté. C'est pourquoi tous les ordres de gouvernement, c'est-à-dire le gouvernement fédéral, les gouvernements provinciaux, les gouvernements territoriaux, les administrations municipales et les gouvernements autochtones doivent être mobilisés. Cependant, le leadership du gouvernement fédéral est nécessaire pour faire participer tous les ordres de gouvernement à l'élaboration d'une stratégie exhaustive de réduction de la pauvreté au Canada.
Une stratégie de réduction de la pauvreté doit comporter un large éventail de politiques sociales et économiques englobant des stratégies de développement économique communautaire et de création d'emplois, des programmes d'éducation et de formation, des politiques budgétaires, de même que l'amélioration des programmes sociaux. L'idée, c'est qu'il ne s'agit pas seulement de programmes sociaux ou d'aide sociale; il faut prendre toute une série de mesures.
Voici quelques-unes des choses que le gouvernement fédéral pourrait faire: faire passer la prestation fiscale pour enfants à 5 100 $ par enfant; mettre en oeuvre une stratégie nationale en matière de logement; mettre en oeuvre un programme national de services éducatifs et de garde pour la petite enfance; améliorer le programme d'assurance-emploi, ce qui est très urgent — et Armine va en reparler dans un instant —; réinstaurer un salaire minimum à l'échelon fédéral et le fixer au-dessus du seuil de la pauvreté; permettre aux organisations sans but lucratif, aux entreprises sociales et aux coopératives de jouer un plus grand rôle dans le développement économique et dans la création d'emplois; créer un programme national d'assurance-médicaments; mettre en oeuvre l'accord de Kelowna ou un plan comparable afin de réduire l'écart entre le niveau de vie des peuples autochtones et du reste de la population du Canada; majorer le supplément de revenu garanti; créer un fonds de réduction de la pauvreté pour soutenir les initiatives provinciales.
Investir dans la réduction de la pauvreté et soutenir la participation au marché du travail au moyen d'incitatifs positifs engendrera de nombreux bénéfices économiques et sociaux, notamment l'accroissement de la productivité, l'amélioration de la santé des populations, la réduction du coût des soins de santé, la réduction du crime et des coûts d'incarcération, ainsi que l'accroissement de la main-d'oeuvre disponible sur le marché du travail, ce qui contribuera à réduire le manque prévu en raison du vieillissement de la population active.
Enfin, j'aimerais dire quelque chose au sujet du régime fiscal et de ce qu'il peut et ne peut pas faire pour ce qui est d'abolir la pauvreté.
Un certain nombre de mesures fiscales peuvent être utiles dans la stratégie de réduction de la pauvreté. Cependant, en soi, ces mesures ne sont pas efficaces pour réduire la pauvreté. Les mesures fiscales peuvent être un élément de la stratégie de la réduction de la pauvreté. Un bon exemple, ce serait la prestation fiscale pour le revenu gagné, qui faisait partie des deux ou trois derniers budgets. C'est une bonne chose, mais il faut préciser que ça ne permet pas d'assumer pleinement le coût lié au fait de quitter l'aide sociale et de commencer à occuper un emploi faiblement rémunéré. Ce qui serait beaucoup mieux, ce serait de créer un régime d'assurance-médicaments, parce qu'il s'agit de l'un des principaux obstacles qui empêchent les gens de quitter l'aide sociale, surtout les gens qui ont besoin de médicaments d'ordonnance. Le gouvernement de Terre-Neuve, par exemple, a investi dans un régime d'assurance-médicaments dans le but de réduire les obstacles qui empêchent les gens de quitter l'aide sociale. Au bout du compte, les coûts s'en sont trouvés réduits, parce qu'il y a moins de gens qui dépendent de l'aide sociale. C'est donc une bonne stratégie.
De même, en l'absence d'un salaire minimum se situant au-dessus du seuil de la pauvreté, la prestation fiscale pour le revenu gagné peut simplement subventionner des salaires inadéquats.
Les mesures fiscales doivent être conçues avec beaucoup de soin pour qu'elles contribuent à l'atteinte des objectifs de réduction de la pauvreté. Un bon argument à l'appui de cette affirmation, c'est la différence entre la prestation fiscale pour enfants et le crédit d'impôt pour enfants. Le crédit d'impôt pour enfants, annoncé dans le budget de 2007, tout en offrant un modeste avantage aux familles avec enfants qui ont un revenu imposable, n'apporte absolument rien aux enfants les plus pauvres dont les familles n'ont pas de revenu imposable. Ce crédit coûtera 1,5 milliard de dollars une fois qu'il sera pleinement mis en oeuvre. On aurait beaucoup mieux fait d'utiliser ces fonds pour améliorer la prestation fiscale canadienne pour enfants et le supplément à la prestation nationale pour enfants, qui procurent de l'aide à un large éventail de familles. Mais ces mesures en procurent davantage aux familles dans le plus grand besoin, notamment celles qui n'ont aucun revenu imposable.
Je veux simplement ajouter quelque chose là-dessus. Savez-vous que, si vous avez vécu dans la pauvreté quand vous étiez enfant, même si vous avez échappé à la pauvreté par la suite, c'est un prédicteur des maladies du coeur plus important que le fait que vous fumiez ou non? Il faut agir rapidement pour enrayer le fléau de la pauvreté chez les enfants, parce que celle-ci a des répercussions à long terme.
Enfin, je conclurais en disant que, en général, les réductions d'impôt ne sont pas un bon moyen de réduire la pauvreté car elles sont souvent injustes. Les riches ont profité beaucoup plus que les autres des réductions d'impôt effectuées au cours des dernières années. En réalité, les réductions d'impôt du budget de 2006 ont profité 12 fois plus aux familles dont le revenu était supérieur à 100 000 $ par année qu'à celles dont le revenu était de 15 000 $.
Les réductions d'impôt sont souvent inefficaces. Pratiquement aucune place en garderie n'a été créée à la suite de la mise en oeuvre de l'initiative lancée à cet égard dans le budget de 2006, et les REER et les REEE ne permettent pas tout à fait d'atteindre le but, si le but est de rendre les programmes d'éducation plus accessibles ou de réduire la pauvreté chez les personnes âgées.
Enfin, les réductions d'impôt réduisent le champ des options, en réduisant la somme dont le gouvernement dispose pour investir dans les programmes sociaux et dans des programmes de stimulation économique dont les résultats seraient atteints de façon plus directe et plus efficace.
Merci beaucoup.
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Merci, madame la présidente. Il me fait grand plaisir d'être ici aujourd'hui. Je vais parler en anglais.
[Traduction]
Je veux vous dire que, si j'avais présenté cet exposé il y a six mois ou un an, le ton en aurait été très différent du ton que je veux donner à mon exposé d'aujourd'hui. Je ne peux pas insister suffisamment sur l'urgence avec laquelle vous vous réunissez aujourd'hui pour faire quelque chose au sujet de la prévention de la pauvreté.
Vous êtes ici pour discuter de stratégies de réduction de la pauvreté. Je tiens à saluer les efforts du député de Sault-Ste-Marie, Tony Martin, ainsi que ceux de Mike Savage. Je tiens aussi à saluer les efforts déployés par le sénateur Segal, qui a décidé de se consacrer à cette question, ainsi que du leader du Bloc québécois, qui n'a pas cessé de rappeler la nécessité d'améliorer le régime d'assurance-chômage afin d'empêcher que la pauvreté ne devienne très répandue. J'aimerais enfin saluer les efforts des comités sénatoriaux qui ont abordé les questions de la pauvreté en milieu rural, la pauvreté en milieu urbain, la pauvreté chez les gens âgés ainsi que la pauvreté comme déterminant social de la santé.
Le Parlement du Canada a beaucoup discuté de l'importance de la question de la pauvreté dans la période qui a précédé la récession. Aujourd'hui, vous devez relever les manches et assurer un leadership quant à la façon dont nous allons nous y prendre pour agir à cet égard, et non plus seulement en discuter.
Permettez-moi de vous dire pourquoi je pense que c'est si important. Nous disons depuis plus de 15 ans, peut-être 20 ans, que la meilleure politique sociale, au pays, c'est un emploi. Qu'est-ce qui arrive quand il n'y a plus d'emplois? Nous allons publier un rapport demain par l'intermédiaire du Centre canadien de politiques alternatives, et ce rapport montre que la présente récession est la plus importante à laquelle nous ayons fait face depuis les années 1930. Les pertes d'emploi au cours des premiers mois de la récession sont plus graves que celles que nous avons subies au cours de la récession de 1981-1982 et au cours de celle de 1990-1991. Comme Canadiens, nous sommes aussi davantage exposés à un degré élevé d'endettement des ménages, l'endettement étant plus important que jamais, le taux d'épargne ressemblant davantage à ce qu'il était dans les années 30 que tout ce que nous avons connu depuis et le régime d'assurance-chômage ayant fait l'objet de tant de compressions qu'il ressemble à ce qu'il était dans les années 40.
Nous ne sommes pas du tout prêts à affronter la situation désastreuse que vont créer les pertes d'emplois qui s'en viennent. Les données relatives à l'assurance-chômage montrent que le nombre de demandes présentées à la commission de l'assurance-emploi ce mois-ci est plus élevé qu'il ne l'a été depuis les compressions dont le régime a fait l'objet. Je pense que 325 000 demandes ont été présentées ce mois-ci. C'est quelque chose que nous n'avons pas vu depuis que nous avons modifié le régime d'assurance-emploi, la dernière série de modifications ayant eu lieu en 1996.
Je veux dire que ces emplois perdus par centaines de milliers — et les pertes d'emplois vont se multiplier au cours des prochains mois si la récession actuelle ressemble à ce que nous avons connu auparavant — vont avoir pour effet que de nouveaux pauvres vont joindre les rangs des gens qui sont déjà pauvres.
Vous savez comme moi que la façon dont on mesure la pauvreté détermine le nombre de personnes qui entrent dans la catégorie. Choisissez une mesure, n'importe laquelle. La plus courante, c'est le seuil de faible revenu. Si on utilise cette mesure, environ 3,5 millions de Canadiens ont un revenu inférieur au seuil de faible revenu. Malheureusement, il y a de plus en plus de travailleurs pauvres qui appartiennent à cette catégorie, après dix années extraordinaires sur le plan de la création d'emplois au Canada, le pays ayant connu une croissance à cet égard plus importante que tous les autres pays du G7 au cours des dix dernières années. Ça n'a donc pas permis d'éliminer la pauvreté, même si la pauvreté a été considérablement réduite au cours des dix dernières années.
Je veux dire que les Canadiens ont besoin de votre aide, et qu'ils doivent la recevoir rapidement. Il y a environ 300 parlementaires à la Chambre des communes. Vous êtes les seuls à pouvoir modifier le régime d'assurance-chômage afin de protéger les Canadiens qui perdent leur emploi. À l'heure actuelle, six chômeurs sur dix n'ont pas accès aux prestations. Au moment de la dernière récession, cette proportion n'était que de un Canadien sur dix.
Je ne sais pas quel genre de choses doivent arriver aux gens pour qu'ils épuisent leurs économies, pour qu'ils vendent leurs biens et pour qu'ils cherchent un endroit moins cher où vivre, ce qui est très rare aujourd'hui, à moins que vous ne soyez prêts à agir. Ce qui nous attend, ce sont de grands bouleversements économiques, et il est tout à fait possible de prévenir la catastrophe qui se prépare.
J'espère que je vous ai bien fait ressentir mon sentiment d'urgence quant au fait que vous vous penchiez très sérieusement, dans le cadre du processus de prévention de la pauvreté, sur les choses que vous pourriez faire dès aujourd'hui, sur les choses qui n'exigent ni loi, ni réflexion à long terme, mais qui peuvent prévenir la pauvreté dès aujourd'hui, de façon à ce que, lorsque vous commencerez à faire quelque chose au sujet de la réduction de la pauvreté, ce ne soit pas à partir d'un degré plus élevé encore de pauvreté.
Si le gouvernement a une tâche prioritaire, en période de récession, c'est de freiner la chute. C'est quelque chose que vous pouvez assurément faire. Le gouvernement a pris des mesures très rapidement pour venir en aide aux banques, en mettant 125 milliards de dollars à la disposition des banques et de la SCHL afin qu'on puisse protéger les hypothèques.
Il y a aussi 32 p. 100 des Canadiens qui vivent dans un logement loué, et, lorsque ces gens perdent leur emploi, ils sont aussi susceptibles que les autres de perdre leur logement. Nous devons réfléchir très sérieusement à ce que nous pouvons faire du côté du logement aussi, pendant la récession, pour prévenir, comme je le dis, une période de bouleversement économique comme nous n'en avons jamais vue depuis les années 1930, mais qu'il est tout à fait possible de prévenir et qui n'est pas inéluctable
Nous sommes ici pour discuter de la réduction de la pauvreté. Je suis économiste, et je veux dire quelque chose au sujet des coûts qui découleront de la pauvreté si vous ne faites rien. L'Ontario Association of Food Banks a publié un document rédigé en collaboration avec M. Don Drummond, économiste en chef de la banque Toronto Dominion. Ce document montre que les coûts liés à la pauvreté en Ontario seulement, les coûts de soins de santé strictement liés au traitement fourni aux gens pauvres, étaient de 2,9 milliards de dollars. La perte de productivité en Ontario se situait entre 5,5 p. 100 et 6,5 p. 100 du PIB en raison de la pauvreté, ce qui correspond à 25 ou 30 milliards de dollars, et les pertes de revenus pour les gouvernements fédéral et provincial étaient de l'ordre de 4 à 6 milliards de dollars. Vous voyez donc qu'un coût réel découle du fait de ne pas régler le problème de la pauvreté. Oubliez les coûts humains; ça a un coût global.
Notre société vieillit, et je pense que nous devrions vraiment avoir honte du fait que l'incidence de la pauvreté est plus élevée chez les enfants que chez n'importe quel autre groupe démographique au pays. Je dois dire que c'est le Canada qui a fait le plus de progrès pour ce qui est de réduire la pauvreté chez les gens âgés de 65 ans et plus, non seulement au cours de la dernière décennie, mais depuis plusieurs décennies. Cependant, l'incidence de la pauvreté chez les enfants continue d'être élevée. En 1989, les parlementaires ont fait une déclaration unanime selon laquelle la pauvreté chez les enfants était une chose honteuse, dans un pays aussi riche que le Canada. En passant, le Canada demeure au neuvième rang des grandes économies de la planète, alors que sa population ne correspond qu'à une fraction de la population mondiale. Notre société vieillit, et nous ne pouvons pas vraiment nous permettre de laisser tomber 11 p. 100 des enfants qui vont nous soutenir, nous qui sommes ici, dans 15 ou 20 ans.
Il est temps de régler le problème de la pauvreté chez les enfants. Et je veux simplement dire que, lorsqu'on examine l'incidence de la pauvreté dans l'ensemble du Canada à l'aide de la mesure que j'utilise habituellement — le seuil de faible revenu de Statistique Canada —, on constate qu'il y a des écarts importants entre les provinces et les territoires, notamment sur le plan du groupe démographique envisagé.
Il a déjà été mentionné que c'est au Québec et à Terre-Neuve-et-Labrador qu'on a fait le plus de progrès dans le domaine de la réduction de la pauvreté. C'est vrai de la réduction de la pauvreté chez les enfants. Les mesures prises au Québec ont permis de faire passer la proportion d'enfants pauvres de 22,4 p. 100 à 9,7 p. 100 en dix ans. C'est très impressionnant. À Terre-Neuve-et-Labrador, la proportion d'enfants pauvres, qui était de 18,2 p. 100, est passée à 9,3 p. 100. Dans cette province, la proportion de personnes âgées qui sont pauvres est de 2,3 p. 100. Au Québec, province qui a vraiment connu une diminution spectaculaire de la pauvreté chez les personnes âgées, cette proportion est de 9,3 p. 100. Il y a des écarts énormes entre les provinces et les territoires, ce qui nous permet de constater que la réduction de la pauvreté ne dépend pas seulement de l'économie, puisque, si on réduit la pauvreté chez les enfants ou chez les personnes âgées, ce n'est pas seulement parce que la meilleure politique sociale, c'est un emploi. Nous faisons autre chose, à part le fait de demander aux gens de travailler, pour réduire la pauvreté.
L'autre chose que je dois dire, c'est que ça ne dépend pas de la croissance économique, parce que certaines provinces et certains territoires ont connu une croissance économique très forte, et d'autres pas. Il faut donc dire quelque chose au sujet du principe du « oui, nous le pouvons ». Oui, nous pouvons réduire la pauvreté — mais allons-nous le faire?
J'ai remis à la greffière du comité le document dans lequel nous présentons notre ensemble de mesures de stimulation, document rédigé en collaboration avec le Centre canadien de politiques alternatives. Chaque année, nous établissons notre propre version du budget fédéral, et le processus se fait au sein d'une coalition. Cette année, au début du mois de janvier, nous avons proposé un ensemble de mesures de stimulation. Le gouvernement conservateur a adopté un certain nombre de mesures, mais il y a encore place à l'acte pour prévenir l'accroissement de la pauvreté et pour stimuler l'économie, ce qui doit se faire au cours des prochains mois.
Je veux dire que, au cours de la période de trois semaines allant de la fin septembre à la mi-octobre, le Centre canadien de politiques alternatives a demandé à Environics de faire un sondage à l'échelle nationale pour voir comment les gens perçoivent la pauvreté et la façon dont on pourrait s'y prendre pour réduire la pauvreté. Ça s'est passé précisément au moment des élections fédérales et au moment où la crise économique frappait l'Amérique du Nord et le reste du monde de plein fouet. Au beau milieu de la récession, dans l'ensemble du pays, d'un océan à l'autre, peu importe l'allégeance politique, 77 p. 100 des Canadiens ont déclaré que la récession était le moment idéal pour prendre des mesures de réduction de la pauvreté. C'est précisément le moment où le risque est le même pour tous.
Dans les années 1930, ce qui nous a permis de nous tirer de la situation, c'était l'idée que « cela aurait pu être moi ». Nous avons besoin de protection pour tous. Nous avons besoin de l'assurance sociale pour tous. C'est ce qui a engendré la création du système d'assurance-chômage.
Aujourd'hui, nous constatons que nous nous retrouvons dans une situation semblable. Je veux donc vous dire qu'il n'y a pas de temps à perdre et qu'il y a un vaste consensus sur la façon de réformer le régime d'assurance-emploi et de protéger les Canadiens au coeur de la tempête économique. Il est tout à fait possible de prévenir la catastrophe qui se prépare, et nous vous demandons à vous, nos représentants élus, d'agir dans notre intérêt à tous.
Merci.
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Je voudrais simplement insister sur le fait qu'il y a des choses précises que nous pouvons faire. Il y a un vaste consensus quant au fait que d'établir un critère uniforme dans l'ensemble du pays et de le fixer à 360 heures permettrait à beaucoup plus de gens de s'en tirer. Parallèlement, des prestations correspondant à 55 p. 100 du salaire, c'est très peu. Comme le montre le rapport que je vais publier demain, il y a beaucoup de femmes qui n'arrivent pas à vivre avec 55 p. 100 de leur rémunération.
Dans le passé, le niveau de prestations a varié. Lorsque nous avons lancé le programme d'assurance-chômage, en 1942, il y avait sept catégories de prestations, qui allaient de 33 p. 100 du salaire à 75 p. 100 du salaire, et on tenait compte des personnes à charge. Nous pouvons modifier le régime d'assurance-emploi pour venir en aide aux familles avec personnes à charge, afin d'éviter que les gens se retrouvent dans la pauvreté parce qu'ils touchent 55 p. 100 du salaire qu'ils touchaient auparavant, peu importe ce que ce salaire était.
Dans le même ordre d'idées, Dennis a parlé de certaines des mesures prises dans le cadre du dernier budget au chapitre du logement. On a également annoncé dans le cadre de ce budget que la somme de 1,1 milliard de dollars provenant de l'écart entre les hypothèques détenues par les banques et ce qui pourrait être épargné grâce au faible taux d'intérêt offert par le gouvernement fédéral serait réinvestie dans le logement.
Dans la série de mesures de stimulation que nous avons présentées, nous avons proposé d'utiliser l'intégralité de la somme, 1,1 milliard de dollars, pour aider les villes partout au pays à faire l'acquisition de logements abordables. Il y a des tonnes de condos qui ne se vendent pas. Les promoteurs vont tout simplement voir les prix chuter, et ces condos se trouvent dans les marchés les plus en demande du pays, où il y a quelques mois seulement, on clamait qu'il y avait une véritable pénurie de logements abordables.
Le premier ministre a dit lui-même que la récession offre de bonnes affaires, et, effectivement, c'est le temps de faire l'acquisition d'un parc de logements abordables déjà construit avec l'argent que nous versons aux banques pour leur venir en aide.
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Nous avons recueilli les signatures de plus de 250 000 personnes qui appuient notre campagne Abolissons la pauvreté. Nous avons un réseau électronique. Je suis sûr que vous avez reçu des courriels de la part de personnes qui soutiennent la campagne Abolissons la pauvreté, parce qu'il y en a dans toutes les circonscriptions du pays.
Je pense que même les sondeurs ont commenté le changement qui a touché l'opinion publique. Auparavant, les Canadiens pensaient que les pauvres formaient une petite minorité, et qu'ils n'avaient pas besoin de s'inquiéter de leur sort, puisque eux-mêmes étaient protégés. Ce n'est plus le cas. Les gens sont inquiets. La crise économique a engendré un plus grand appui de la part de la population pour ce qui est de la lutte contre la pauvreté.
L'autre chose qui a changé, c'est que nous avons essayé de faire passer un message positif selon lequel la pauvreté peut être éliminée à l'échelle mondiale comme au Canada, et les gens ont appuyé cette idée. Ils comprennent que c'est la chose intelligente à faire. Il faut que nous cessions de voir la pauvreté sous l'angle de l'aide sociale et comme un gouffre qui existera toujours. Il est possible de l'éliminer.
Québec et Terre-Neuve ont montré qu'il y a une façon intelligente de supprimer les obstacles et d'empêcher les gens de sombrer dans la pauvreté à un point tel qu'il devient difficile pour eux d'en ressortir. Le filet de sécurité de l'assurance-emploi, les garderies auxquelles les gens ont accès et l'assurance-médicaments à laquelle ils ont accès ont permis de réduire le nombre de personnes qui vivent dans la pauvreté en leur offrant une façon positive de s'en sortir. Et ça a réduit les coûts pour le gouvernement, non seulement sur le plan de la facture d'aide sociale, mais également sur ceux des soins de santé, de l'incarcération, et ainsi de suite. On dispose donc de l'argent qu'il faut pour faire les investissements nécessaires.
J'admets qu'il faut commencer par faire l'investissement. Il faut d'abord qu'il y ait une volonté politique et il faut commencer par investir, mais c'est extrêmement payant. Non seulement ça permet au gouvernement d'épargner de l'argent, mais ça augmente les recettes fiscales et ça favorise la croissance économique. La meilleure façon d'accroître la productivité, ce n'est pas de donner davantage d'argent au secteur de la haute technologie. Ce secteur est déjà très productif. Le meilleur investissement qu'on peut faire, c'est dans la formation, l'éducation et la stimulation du segment inférieur de l'économie, celui qui est le moins productif. C'est là qu'il y a le plus de gains à réaliser. C'est donc sensé, sur le plan économique. J'affirmerais qu'il est également impératif sur le plan moral que nous nous occupions de la pauvreté. Peu importe d'où on vient, je pense que nous pouvons tous nous mettre d'accord sur le fait que tout le monde au Canada a beaucoup à gagner de la réduction de la pauvreté.
Merci à nos témoins.
Je veux dire de nouveau à quel point je trouve décevant que la séance ne soit pas diffusée. Certains des leaders du mouvement antipauvreté au Canada témoignent devant nous, et ils présentent des exposés avec beaucoup de passion. C'est le but véritable de notre étude, et il est décevant que la séance ne puisse être vue par un vaste public.
Cela dit, je tiens à vous remercier d'être venus. Des groupes comme le CCPA jouent un rôle important dans le paysage des politiques sociales du Canada depuis longtemps, et Abolissons la pauvreté, bien entendu, au pays et, rapidement, chapeau pour le travail sur la scène internationale. Nous allons continuer d'effectuer des pressions par rapport au projet de loi de John McKay sur la responsabilité sociale des entreprises. J'espère que vous allez nous aider dans ce dossier. Et, bien entendu, il y a aussi Canada sans pauvreté.
Je veux aborder la question des impôts. Monsieur Howlett, vous avez mentionné dans votre exposé les réductions d'impôt du premier budget du gouvernement conservateur, en 2006, et le fait que ces réductions n'ont pas vraiment aidé les gens qui en ont le plus besoin. Le budget de 2009 a été présenté comme un budget visant à offrir des mesures de stimulation et à venir en aide tout particulièrement aux gens qui en ont le plus besoin. D'après le Caledon Institute, les gens dont le revenu annuel est de 150 000 $, c'est-à-dire la plupart des gens ici présents, les couples dont les deux membres travaillent et qui comptent deux enfants épargnent 483 $, et les chefs de famille monoparentale ayant un enfant n'obtiennent rien dans le cadre de ce budget. Nous n'avons donc toujours pas vraiment atteint le but. Nous ne comprenons pas.
On entend parfois parler du fait que les gens disent qu'on a réduit les impôts. J'entendais avant, pas autant récemment, heureusement, des gens du côté conservateur dire que la réduction de la TPS était une très bonne chose pour les pauvres, parce qu'ils ne paient pas d'autres taxes. Mais il y a des mécanismes à notre disposition. Il y a le remboursement de TPS, que le CCPA propose de doubler, je crois, plutôt que de procéder à des réductions d'impôt très étalées qui viennent en aide aux gens qui gagnent davantage ou en tout cas leur sont aussi utiles. Il y a donc cette mesure. Il y a la prestation fiscale pour enfants, dont vous avez parlé. Vous avez parlé de l'importance de cette prestation par rapport au crédit d'impôt pour enfants.
J'aimerais entendre ce que chacun d'entre vous a à dire au sujet de l'idée que la lutte contre la pauvreté est quelque chose de compliqué. J'ai l'impression qu'il y a beaucoup de mécanismes qui existent déjà et qui ont simplement besoin d'être réglés. Ils n'ont pas besoin d'être réinventés. L'assurance-emploi est l'un de ces mécanismes, comme la prestation fiscale pour enfants et le SRG. Êtes-vous d'accord avec moi pour dire que nous disposons des mécanismes nécessaires au Canada, et que si nous voulions vraiment combattre la pauvreté dès maintenant, une grande partie de l'infrastructure existe déjà, et n'a qu'à être mise en branle?
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Merci, madame la présidente.
À mon tour, je veux vous remercier d'être ici aujourd'hui et vous souhaiter la bienvenue.
Je vais aller droit au but. Je trouve réconfortant de voir qu'il y a encore des gens comme vous pour s'indigner de la situation dans laquelle on place certaines catégories de concitoyennes et concitoyens.
On est en train de constater de façon frappante l'impact des mesures et des politiques des deux gouvernements qui se sont succédé au Canada. Certains collègues ici présents sont en train de réaliser que les mesures prises par le passé ont non seulement rien donné, mais ont aggravé la situation.
À juste titre, vous soulignez que les seules mesures qui se sont avérées efficaces ont été prises par certaines provinces, qu'il s'agisse de lois ou de politiques. Une province a une politique et des stratégies, tandis que d'autres n'ont que des stratégies.
Également, vous indiquez que des catégories de population sont particulièrement touchées: les femmes, les chefs de famille monoparentale, les Autochtones, les handicapés, les immigrants et les personnes seules.
Je vais vous poser une question que j'ai posée à d'autres intervenants qui ont témoigné devant nous. Nous devrons faire des recommandations à la Chambre des communes. Mme Yalnizyan a dit que certaines choses sont urgentes. Vous avez beaucoup insisté sur l'assurance-emploi et je suis tout à fait d'accord avec vous. Cependant, si une mesure devait être mise en place très rapidement qui pourrait avoir un impact sur tous les groupes que je viens de mentionner, quelle serait-elle?
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Merci, monsieur Komarnicki.
[Traduction]
Excusez-moi, je dois vous interrompre.
[Français]
Mme Yalnizyan a répondu directement et j'ai déjà dit que je donnerais à M. Komarnicki un droit de réponse, mais je m'arrête là, monsieur Lessard.
[Traduction]
Je vous remercie tous d'être venus. C'est évidemment une question qui nous tient tous à coeur, même si certains d'entre nous pensons qu'il faut la régler d'une façon alors que d'autres pensent qu'elle doit être réglée d'une autre façon.
Merci beaucoup. Je vous présente mes excuses si vous pensiez que la séance allait être télévisée. Ça ne va pas être le cas, mais, d'après ce que je sais, un enregistrement audio de la séance est accessible dans notre site Web du Parlement, si vous voulez écouter ce qui s'est dit ce matin.
Merci encore.
La première partie de la séance est terminée. Nous allons commencer la seconde partie immédiatement. Ne partez pas, s'il vous plaît.
La vice-présidente (Mme Raymonde Folco): Mesdames et messieurs, j'aimerais poursuivre, s'il vous plaît. Encore une fois, il ne s'agit pas d'une séance télévisée, mais un enregistrement audio de la séance est accessible sur le site Web du Parlement.
Une voix: Je pensais que c'était à la télévision.
La vice-présidente (Mme Raymonde Folco): Bien, oui. Je ne suis pas présidente du comité. Je vais simplement transmettre le message, encore une fois.
Monsieur Komarnicki, vous avez la parole.
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Je veux simplement que M. Komarnicki sache que je comprends ce qui se passe. Franchement, je dois dire que je suis déçu.
Nous sommes saisis d'une motion présentée en toute sincérité par M. Lessard et qui est évidemment très importante pour un groupe exposé à un risque très important et souvent marginalisé dans notre société, aujourd'hui, et c'est une question très sérieuse que M. Lessard veut régler, au profit non seulement de ses électeurs, mais assurément des miens et de nos électeurs à tous. Remettre ça à plus tard, une fois que nous aurons terminé notre étude sur la pauvreté, et n'y accorder qu'un seul jour, à mes yeux, c'est refuser de régler cette question.
Ça m'amène à la chose importante que je veux dire, c'est-à-dire que le comité doit vraiment trouver une façon de régler les problèmes auxquels font face les personnes handicapées. Nous avons une responsabilité à cet égard. Le nom du comité indique que nous devons nous occuper des personnes handicapées, mais nous ne le faisons jamais. Nous n'y arrivons jamais, parce que, comme c'est en train de se passer aujourd'hui, nous laissons le gouvernement remettre ça à plus tard et faire en sorte que nous n'ayons qu'une seule journée pour le faire.
Ça devrait être totalement inacceptable aux yeux de tout le monde ici présent si les gens se préoccupent des personnes handicapées, s'ils ont du respect pour ces personnes et s'ils veulent les aider à participer à leurs collectivités et à l'économie. Je trouve ce que nous sommes en train de faire très décevant et très dérangeant.
J'ai proposé ce qui suit à nombreuses reprises lorsque nous avons abordé cette question, entre autres, et vous vous en souvenez certainement, madame la présidente, parce que vous présidiez le comité en 2004-2005 lorsque nous avons créé un sous-comité et l'avons chargé d'étudier les problèmes auxquels font face les personnes handicapées. Le sous-comité en question a pu s'attaquer à des initiatives assez importantes et il nous a présenté un rapport dont nous avons pu discuter et qui a ensuite été présenté au gouvernement.
Je dirais qu'une façon de nous occuper de la motion de M. Lessard, et aussi d'autres problèmes auxquels font face les personnes handicapées, parce qu'il y en a beaucoup... C'est simplement une chose qui doit être réglée selon moi. Certains des fonds visant à accroître l'accessibilité, par exemple, viennent à échéance en mai, et les groupes concernés n'y auront plus accès pour apporter les modifications nécessaires à leurs installations pour permettre aux personnes handicapées de participer à leurs activités. Il y a d'autres problèmes. En voilà simplement un qui préoccupe les personnes handicapées d'un peu partout au pays.
Nous devons y mettre du sérieux, nous devons nous occuper de cette question et nous devons le faire rapidement. Je pense qu'une façon de le faire, si ça intéresse le comité, c'est de créer un sous-comité qui se concentrerait sur cette question pour vraiment la régler.