Bienvenue à la 13e séance du Comité permanent des finances de la Chambre des communes. Comme tout le monde le sait maintenant, nous nous réunissons dans le cadre de nos consultations prébudgétaires en vue du budget de 2021.
La séance d’aujourd’hui se déroule selon un modèle hybride, conformément à l’ordre adopté par la Chambre le 23 septembre. Les délibérations seront affichées sur le site Web de la Chambre des communes. Pour votre information, la webdiffusion montrera toujours la personne qui parle, plutôt que l'ensemble des membres du Comité. De plus, si les gens pouvaient mettre leur micro en sourdine lorsque les autres parlent, cela faciliterait grandement l’interprétation.
Nous avons quelques travaux du Comité à régler avant d’entendre nos témoins.
C’est bien que Gabriel Ste-Marie se joigne à nous après avoir passé tant de temps assis dans le grand fauteuil de la Chambre des communes. Il est bon de le voir redescendre au niveau du commun des mortels avec nous. Vous avez fait du très bon travail, monsieur Ste-Marie.
Les députés ont pris connaissance du budget de 9 150 $ consacré aux consultations prébudgétaires. Quelqu'un peut présenter une motion pour autoriser essentiellement une dépense de 9 150 $ pour les consultations prébudgétaires en vue du budget de 2021?
Allez-y monsieur Julian.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour. Je vous remercie de m’avoir invité à prendre la parole dans le cadre de ces consultations prébudgétaires en vue du budget de 2021. Je félicite le Comité d’avoir demandé l’avis d'économistes du milieu universitaire sur cet important processus.
On a dit à maintes reprises que la pandémie de COVID-19 est un événement sans précédent dans l’histoire récente, et ce contexte encadre ma contribution à ce processus.
L’Énoncé économique de l’automne 2020 a documenté les effets sans précédent de la pandémie de COVID-19 et les mesures d’intervention à son égard. Pour l’exercice 2020-2021, les revenus réels par habitant ont diminué de 20 % par rapport à l’exercice précédent, tandis que les dépenses ont augmenté de 70 %. En termes réels, il s’agit du montant par habitant le plus élevé jamais dépensé dans l’histoire financière du Canada, soit près de 16 000 $. En proportion du PIB, les déficits prévus seront les deuxièmes en importance de l’histoire financière du Canada, dépassés seulement par ceux de la Seconde Guerre mondiale.
L’Énoncé de l’automne révèle que les dépenses finiront par diminuer et que le déficit s’approchera de 1 % du PIB d’ici 2025-2026, mais aussi que la dette fédérale nette augmentera à 1,5 billion de dollars et que le ratio de la dette nette au PIB demeurera supérieur à 50 %. Même si les faibles taux d’intérêt actuels permettent de gérer la dette, il n’en demeure pas moins que tout choc futur soudain sur l’économie ou les taux d’intérêt pourrait être plus difficile à gérer à mesure que le fardeau de la dette augmentera.
L’ampleur de l'intervention financière initiale au déclenchement de la pandémie au cours de la période de février à avril 2020 était justifiée. Cependant, l'intervention financière continue et sans précédent a produit des résultats qui n'arrivent pas à la hauteur du soutien financier fourni. L’assurance budgétaire de l'intervention fédérale à la pandémie n’a pas pour autant permis de cibler l'intervention comme cela aurait pu être possible en vertu du pouvoir de dépenser du gouvernement fédéral ou du pouvoir de mise en quarantaine qui existe en vertu de la Constitution. De plus, une grande partie des dépenses a été consacrée à des transferts de revenu individuels qui dépassaient les pertes de revenu causées par la pandémie. Après toutes ces interventions sans précédent, nous sommes maintenant au milieu d’une deuxième vague plus grave qui menace la reprise économique qui avait commencé au cours de l’été.
Le gouvernement doit tirer des leçons du passé en prévision du budget fédéral de 2021 et mieux cibler toute intervention budgétaire supplémentaire à prévoir en vue de la reprise économique et de la croissance à long terme. Les dépenses supplémentaires doivent servir à stimuler l’investissement dans la productivité. Même avant la pandémie, le ratio de l'investissement au PIB des entreprises était chancelant. Même si le soutien du revenu à court terme offert au plus fort de la pandémie a été important, si nous voulons continuer à dépenser à ces niveaux records, les résultats concrets doivent être plus nombreux.
Les priorités de dépenses du gouvernement doivent être orientées vers des initiatives visant à stimuler notre productivité à long terme au moyen d'investissements dans les infrastructures matérielles et humaines. Les infrastructures publiques des routes et des transports, les ponts, les communications, les écoles, les soins de santé, les réseaux d’aqueduc, d’égout et environnementaux nécessitent tous des investissements. L’éducation a subi un coup dur pendant la pandémie, et nous devons veiller à ce que les élèves et étudiants des niveaux primaire, secondaire et postsecondaire ne prennent pas de retard sur le plan de la réussite scolaire et des possibilités, et à ce que ces retards ne ralentissent pas la croissance future de la productivité du travail.
Il y a aussi la question de la défense nationale et de la sécurité dans un monde plus multipolaire et instable qui a besoin d’équipement, de ressources et de vision.
Il faut aussi que le secteur privé investisse dans des secteurs qui produisent des biens et des services que nous pouvons exporter pour que nous puissions continuer à gagner notre place dans le monde. Si nos marchés d’exportation faiblissent et que nos revenus diminuent, nous ne recevrons pas de paiements d’intervention d’urgence internationale. Le gouvernement fédéral doit donc travailler de concert avec le secteur privé pour évaluer ses besoins en matière d’investissement.
Historiquement, les dépenses publiques excessivement élevées ne se traduisent pas par une croissance économique à long terme. Cela ne veut pas dire que le gouvernement ne peut pas aider l’économie, mais pour être efficace, un gouvernement doit savoir quand dépenser et quand ne pas le faire et, plus important encore, à quoi l’argent doit servir.
Si nous nous lançons dans un programme de dépenses en infrastructure, nous devons nous assurer que les projets qui donnent le meilleur rendement sont choisis. Divers projets publics doivent être évalués par un groupe indépendant de chefs de file ayant une expertise en affaires, en comptabilité, en ingénierie et en économie et pouvant formuler des recommandations dans des domaines d’intérêt national. Il serait extrêmement malheureux que l’argent fédéral destiné aux infrastructures soit versé aux centres communautaires ou sportifs plutôt que, disons, aux routes et aux égouts, simplement parce qu’il y a des plans prêts à mettre en oeuvre pour les premiers et non pour les seconds.
Merci beaucoup de m’avoir donné l’occasion de m’adresser à vous tous, et je suis impatient de participer à la discussion.
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Merci, monsieur le président et membres du Comité. C’est un plaisir d’être ici virtuellement aujourd’hui.
Au milieu de la deuxième vague d’une pandémie qui ne se produit qu’une fois par siècle, il est difficile de penser au-delà des effets immédiats de la COVID-19. Cependant, même si nous continuons à nous soutenir les uns les autres aujourd’hui, nous devons aussi commencer à regarder à l’horizon le monde post-COVID-19. Nous devons commencer à planifier la façon dont notre pays et notre économie peuvent en sortir plus forts.
Le rétablissement complet est encore loin, mais le rétablissement commence par la résilience. Le soutien d’urgence offert a épargné de nombreuses entreprises canadiennes d’une catastrophe économique et aidera de nombreux Canadiens à traverser un hiver difficile. Des mesures comme la Subvention salariale d’urgence du Canada et le Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes ont fourni une aide d’urgence aux travailleurs et aux entreprises du Canada, ce qui a contribué à faire en sorte qu’ils soient là pour stimuler notre reprise économique. Toutefois, ces mesures de soutien financier liées à la pandémie ont coûté énormément d’argent, soit plus d’un quart de billion de dollars jusqu’à maintenant selon les estimations. Leur coût continuera d’augmenter au cours des prochains mois et par la suite. Le fardeau du coût sera supporté par une infrastructure économique qui a été gravement endommagée.
Alors que nous nous préparons à la vaccination d’une grande majorité de Canadiens, le Canada doit également se préparer à une transition qui s’éloigne d’une intervention fondée sur les subventions face à une crise vers une relance économique et le retour au travail des Canadiens tout en assurant leur santé et leur sécurité. Tous les Canadiens comprennent qu’il faut des dépenses d’urgence ponctuelles pour aider les gens et les entreprises à traverser la crise, mais ce n’est pas le moment d’ajouter de nouveaux programmes de dépenses permanents qui hypothéqueront l’avenir de la prochaine génération de Canadiens en créant des déficits structurels. Nous devrons favoriser les investissements et les activités commerciales qui créeront des emplois et généreront les revenus nécessaires pour compenser le niveau extraordinairement élevé des dépenses publiques pendant la crise.
Ce ne sera pas une mince tâche. Au cours des prochains mois et des prochaines années, nos concurrents à l'échelle internationale seront déterminés à attirer des investissements et à créer des emplois. Pour que le plan de relance du Canada réussisse, nos décideurs devront mettre l’accent sur les facteurs économiques fondamentaux et promouvoir la croissance. Les gouvernements doivent être aussi agiles et déterminés à poursuivre la croissance économique qu’ils l’ont été en réaction au virus.
Les recommandations contenues dans notre mémoire prébudgétaire ont été élaborées en partenariat avec notre vaste réseau de plus de 450 chambres de commerce et plus de 100 associations de gens d’affaires du Canada. Le mémoire énonce huit domaines stratégiques et des mesures précises que nos dirigeants politiques doivent prendre en considération pour assurer une reprise rapide et durable.
Près de 600 000 Canadiens sont toujours au chômage à cause de la pandémie. La priorité doit consister à assurer leur retour au travail pour relancer la reprise. Pour ce faire, il faudra obtenir des données sur le marché du travail local au sujet des compétences dont les employeurs ont besoin et établir des bassins de talents de concert avec les établissements d’enseignement au niveau communautaire pour satisfaire à ces besoins.
En même temps, les dernières données montrent qu’il y a 70 000 entreprises de moins au Canada qu’il y en avait avant la pandémie. Pour favoriser le plus grand nombre possible d’ouvertures et de réouvertures d’entreprises nécessaires à la reprise, il faudra également que nous mettions l’accent sur la mise à profit de notre régime fiscal afin de stimuler la croissance — par exemple, en accordant un congé temporaire de la taxe à la consommation pour stimuler les achats locaux, ou en suspendant la taxe ascenseur sur l’alcool. Il faudra aussi adopter la technologie et l’innovation, renforcer la résilience de la chaîne d’approvisionnement, réduire le fardeau réglementaire, assurer la résilience du secteur des ressources, planifier la continuité des petites entreprises et renforcer l’infrastructure de santé publique.
Nous demandons au gouvernement de travailler en étroite collaboration avec le milieu des affaires à l’élaboration d’une feuille de route pour une reprise dirigée par les entreprises. Un plan axé sur la croissance, assorti d’une cible budgétaire claire et fondé sur une vaste consultation débloquera la capacité économique, stimulera la création d’emplois et favorisera de nouveaux investissements des entreprises. En travaillant ensemble, nous pouvons tracer la voie d’une reprise inclusive, respectueuse de l’environnement et novatrice.
Tout comme chaque ralentissement se fait d'abord ressentir sur la rue principale lorsque les lumières commencent à s’éteindre, chaque reprise commence lorsque les écriteaux annonçant que les commerces sont ouverts commencent à réapparaître. Malgré toute l’incertitude qui entoure ce qu’il faut faire, nous savons avec certitude que la véritable mesure de chaque reprise est la croissance de l’emploi, et que tout le monde se rétablit lorsque les entreprises se relèvent.
Je vous remercie de m'avoir invité cet après-midi. Je suis impatient de discuter avec vous.
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Merci. Je suis très heureux de prendre la parole devant vous. Je n'allais sûrement pas rater cette occasion.
L’industrie du conditionnement physique a été décimée par les fermetures et les restrictions entourant la COVID-19. Pour mettre les choses en contexte, à l’heure actuelle, les installations qui sont ouvertes fonctionnent à environ 50 % des revenus d’avant la pandémie. Les installations qui sont fermées sont exploitées à un taux de revenus inférieur à 10 %, mais nous occupons encore de grands locaux à coût fixe.
Au nom de nos membres, je tiens à exprimer notre reconnaissance pour la Subvention salariale d'urgence du Canada et l'aide pour le loyer commercial. Bon nombre des plafonds qui étaient en place ont été levés. Les entreprises éprouvent encore des difficultés avec le loyer, les salaires, les prêts aux petites entreprises et les impôts fonciers restants, ainsi qu’avec les dettes contractées pour obtenir de l’équipement de protection individuel et améliorer les mesures de nettoyage et de sécurité.
Cependant, nos exploitants partout au pays se tournent vers l’avenir. Nous voulons faire notre part pour la santé et le bien-être collectifs des Canadiens. Aujourd’hui, je suis ici pour vous parler de la façon d'intégrer notre industrie à la solution pour aider les Canadiens à se sentir bien et ainsi rester productifs.
Nous savons que l’exercice comporte de nombreux bienfaits pour la santé, qui sont bien documentés et ont fait l’objet de recherches par des organismes comme L’exercice : un médicament® Canada. Nous savons que l’activité physique et l’exercice permettent de réduire l’hypertension de 33 à 60 %, l’incidence du diabète de 25 à 58 %, l’incidence des maladies cardiovasculaires de 33 à 50 %, le risque d’accident vasculaire cérébral de 31 à 45 %, le risque de certains cancers de 30 à 60 %, la mortalité de 25 à 50 % et le risque de récidive du cancer du sein de 25 à 50 % le risque de développer la maladie d’Alzheimer de 40 % et le nombre de décès prématurés de 31 à 65 %. Il peut réduire le risque d’anxiété et de dépression et peut en fait traiter l’anxiété et la dépression aussi efficacement que les médicaments ou la thérapie cognitivo-comportementale.
Nous savons que les complications entourant la COVID-19 ont été en grande partie associées à des personnes qui ont un ou plusieurs problèmes chroniques de santé. Nous savons qu’il y aura bientôt un tsunami d’anxiété et de dépression, d’autant plus que les plus récentes mesures de confinement arrivent pendant les journées les plus courtes et les plus sombres de l'année et qu’elles annulent effectivement la période des Fêtes pour de nombreux ménages.
Comment pouvons-nous faire partie de la solution?
Comme industrie, nous aimerions établir un partenariat avec le gouvernement et adopter les mesures suivantes.
Tout d'abord, inclure les frais d’adhésion et les services de conditionnement physique, comme l’entraînement personnel, au titre des dépenses de soins de santé. Comme industrie, nous avons la capacité de fournir des rapports de présence sur demande à des fins d'audit et aussi de déclarer la présence pour les services offerts à distance. Les professionnels de partout au pays sont prêts, disposés et aptes à fournir des services en personne ou à distance axés sur un changement de comportement durable.
Nous aimerions également demander à l’Agence de la santé publique du Canada de financer l’expansion du programme Prescription to Get Active à l’échelle du Canada. Ce programme est unique en ce sens qu’il établit des liens entre les médecins prescripteurs et les professionnels de la condition physique.
Nous aimerions également encourager le gouvernement à continuer d'inciter les Canadiens à demander de l’aide professionnelle pour créer un changement de comportement durable grâce à l'activité physique.
Nous croyons que nous pouvons offrir au gouvernement un rendement de 500 % sur l’investissement en allégeant le fardeau global des soins de santé et en motivant et en inspirant les Canadiens à prendre des mesures proactives pour rester en santé et assurer leur bien-être.
Je vous suis vraiment reconnaissant du temps que vous nous consacrez aujourd’hui. Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie infiniment de me donner l’occasion de m’adresser à vous tous dans le cadre des consultations prébudgétaires en vue du budget de 2021.
Je m'appelle Lynn Napier, mairesse de Fort Smith et présidente de l’Association des communautés des Territoires du Nord-Ouest. Nous représentons fièrement les 33 collectivités des Territoires du Nord-Ouest, dont la taille varie de 52 à 21 000 habitants. Nos membres sont autant des communautés autochtones que des municipalités au sens traditionnel, mais ils sont tous à divers degrés nordiques et éloignés.
Comme vous le savez, ce sont les administrations municipales qui doivent assurer le maintien des services essentiels. Nous constituons l'ordre de gouvernement qui a le plus grand impact immédiat sur la vie des citoyens, et j’aimerais vous rappeler que les municipalités ne peuvent pas légalement afficher de déficit.
Nous avons vraiment apprécié le premier cycle de financement pour la relance sécuritaire. Afin que ce financement soit versé le plus rapidement possible, nous avons travaillé de concert avec le gouvernement territorial pour qu’il soit distribué selon une formule par ventilation de base plus.
En ce qui concerne la planification de la phase critique de relance économique, je suis heureuse de vous annoncer que les administrations locales sont suffisamment agiles pour être des partenaires importants. De plus, ces fonds pourraient servir à faire progresser les quatre piliers que j’aimerais souligner en priorité pour les collectivités des Territoires du Nord-Ouest.
Comme administration où le manque d’infrastructure est flagrant, notre premier pilier est le financement des infrastructures. Il est très encourageant de voir que des fonds supplémentaires ont été affectés aux infrastructures municipales dans les plus récents budgets fédéraux. Le doublement du Fonds de la taxe sur l’essence a été particulièrement bien accueilli. Nous aimerions que ce programme soit maintenu, qu'il soit amélioré et qu'il soit rendu permanent.
Le Fonds de la taxe sur l’essence fonctionne très bien dans les territoires du Nord, en raison de sa souplesse et de sa prévisibilité, et parce qu’il n’exige pas de partage des coûts. L’octroi de fonds aux administrations communautaires est l’un des moyens les plus efficaces de stimuler l’économie rapidement et efficacement et d’optimiser ainsi l’effet sur la reprise après la COVID-19. De plus, il sert à régler des problèmes et des lacunes de longue date.
En outre, les programmes qui favorisent l’élaboration de projets territoriaux qui faciliteront le commerce et l’exploitation des ressources, comme la route de la vallée du Mackenzie, auront des répercussions importantes sur le développement économique, en plus d’accroître la résilience des collectivités touchées par les changements climatiques, qui constituent notre deuxième pilier.
Dans les Territoires du Nord-Ouest, les changements climatiques ne sont pas un problème lointain et abstrait. Nous les visons maintenant, et les collectivités des Territoires du Nord-Ouest sont à l’avant-garde du défi des changements climatiques.
Le réchauffement rapide, qui se produit de deux à quatre fois plus vite que dans le reste du Canada, entraîne des changements importants dans notre milieu naturel, y compris la glace, le pergélisol, l’eau, la végétation et la faune. La fréquence et la gravité des phénomènes météorologiques extrêmes augmentent également.
Bien que des fonds pour l’adaptation aux changements climatiques soient disponibles dans les Territoires du Nord-Ouest, ils sont systématiquement surutilisés et à une échelle qui ne sert qu’à appuyer les études ou la conception. Il faut que les niveaux de financement appuient la construction dès maintenant.
Notre troisième pilier ne doit pas en fait relever d’une administration communautaire, mais il a une grande incidence sur le bien-être de nos collectivités. Comme plus de 50 % des logements sont surpeuplés et insuffisants, la probabilité d’une propagation rapide de la COVID-19 dans nos collectivités est élevée.
La Société d’habitation des Territoires du Nord-Ouest signale régulièrement des listes d’attente pour plus de 400 demandeurs. Même si des progrès ont été réalisés à cet égard dans le cadre de l’Initiative pour la création rapide de logements, des investissements accrus sont encore nécessaires. L'effacement du déficit du logement dans notre territoire représente un énorme stimulant économique, car il pourrait créer des emplois et permettre aux collectivités de profiter d'une plus grande part des bienfaits.
Notre dernier pilier est celui des télécommunications. Pendant les nombreux mois de la pandémie de COVID-19, le manque de connectivité à large bande dans nos collectivités a vraiment été mis en lumière et s'est avéré un obstacle sans précédent à la gouvernance, à l’éducation, au travail à domicile, à la télésanté et à la participation à l’économie numérique.
L’accès Internet à large bande est devenu essentiel à la vie dans le monde moderne, et l'insuffisance de cet accès ou les limites de bande passante dans le Nord sont depuis longtemps considérés comme un obstacle à la croissance de nos collectivités et de l’ensemble des Territoires du Nord-Ouest. Il est inacceptable aujourd’hui que tous les réseaux de télécommunications soient hors service pendant des jours, mais c'est pourtant assez courant dans le Nord.
Nous avons été très heureux d’apprendre que le CRTC accordait un financement important pour améliorer le service Internet grâce à l’utilisation de la fibre optique et des satellites en orbite basse terrestre, mais il reste encore du chemin à faire.
Même si des améliorations considérables ont été apportées pour assurer un service de téléphonie cellulaire à toutes les collectivités des Territoires du Nord-Ouest, les automobilistes sont encore très vulnérables, car il n’y a pas de service de téléphonie cellulaire entre les collectivités — sur des distances pouvant atteindre des centaines de kilomètres. Il faut aussi s’attaquer à ce problème.
Nous vous remercions de nous avoir invités devant vous cet après-midi. Nous vous remercions de l’intérêt que vous portez aux collectivités des Territoires du Nord-Ouest.
Merci.
Je vais commencer par la taxe ascenseur sur l’alcool, qui devrait être suspendue selon nous. Je ne sais pas si bien des experts des politiques publiques estiment que c’est une bonne politique fiscale que d’avoir une taxe qui augmente à perpétuité chaque année sans qu’il y ait de fin en vue, ou sans qu’il y ait de motivation, surtout au milieu du plus important ralentissement économique depuis près d’un siècle.
Cela impose un lourd fardeau à un certain nombre d’entreprises différentes, mais en particulier à certaines des entreprises les plus durement touchées ou à celles des secteurs les plus durement touchés, comme les restaurants et les bars, ou même les arts. C’est assurément une mesure que nous préconisons très fortement. Nous croyons qu’il faudrait mettre cette mesure sur pause avant qu’elle n’entre en vigueur, soit en avril prochain si j'ai bonne mémoire.
Dans ce contexte, nous demandons un certain nombre de différents changements fiscaux. Je sais qu’un certain nombre d’associations de gens d’affaires réclament un examen complet depuis un certain temps. Je ne suis pas certain qu'en plein milieu de la pandémie, le moment soit bien choisi pour procéder à un examen structurel du régime fiscal. Nous avons nous-mêmes remis cet examen à plus tard.
Pour ce qui est des mesures à court terme que les gouvernements peuvent prendre concernant le régime fiscal pour nous aider à nous sortir de cette situation, les options sont nombreuses.
Pour l’aide aux Canadiens, la déclaration de revenus pourrait être simplifiée, de sorte que chaque Canadien puisse avoir accès à ses avantages fiscaux, par exemple, en produisant automatiquement une déclaration de revenus simplifiée. De plus, il serait très utile d’améliorer la TPS et la TVH ou le crédit pour les personnes à faible revenu pour tous les Canadiens. Nous nous sommes certainement réjouis de l’élimination du formulaire T2200 pour les gens qui travaillent à domicile, comme cela a été annoncé dans l’Énoncé économique de l’automne. C’était un formulaire que les employeurs devaient remplir. De plus, il serait très utile pour les petites entreprises de simplifier les règles d’imposition sur le revenu fractionné dans le contexte actuel.
Nous avons réuni certains des meilleurs fiscalistes du pays pour dresser une liste de 30 recommandations sur ce que nous pouvons faire immédiatement pour le régime fiscal. Je serai heureux de communiquer cette liste au greffier du comité.
Comme le député le sait probablement, la connectivité à large bande dans les collectivités nordiques et éloignées est, et je pèse mes mots, affreuse. Nous n’avons même pas la fibre optique dans beaucoup de collectivités. Dans les collectivités très éloignées, nous ne pouvons même pas vraiment écouter la vidéo. Nous faisons face à des défis partout dans le Nord. Brancher nos administrations publiques constitue un défi. En ces temps-ci, surtout dans le contexte de la pandémie, nous essayons de nous connecter, tout comme nous le faisons ici aujourd’hui, par voie électronique, sur Zoom, et nous ne sommes pas en mesure de le faire. Nous n’avons pas de service uniforme, de base, fiable et abordable dans toutes les collectivités du territoire.
Quand j'organise des réunions virtuelles, je ne peux jamais avoir la certitude que je vais réussir à communiquer avec mes interlocuteurs virtuels. Nous avons le même problème dans les écoles, où l'on essaie de faire l'enseignement à distance, mais c’est inabordable pour beaucoup de familles. Le service n’est pas fiable. Bon nombre de familles n'ont pas les moyens d'acheter leur propre équipement pour se connecter.
Je dirais que l’abordabilité est la principale priorité, puis ensuite vient l’accès à la fibre optique ou à des satellites en orbite basse, tout ce qu’il faut faire pour assurer la connectivité dans le Nord afin que nous puissions même être sur un pied d’égalité avec l'offre de services dans le Sud à l’heure actuelle.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je tiens d'abord à saluer les témoins et à les remercier de leurs présentations, qui étaient toutes très intéressantes.
Mes premières questions s'adresseront à Mme Napier, la mairesse de Fort Smith et la présidente de l'association qui représente les communautés des Territoires du Nord-Ouest.
Madame Napier, j'ai trouvé votre présentation et vos réponses aux questions de M. McLeod très touchantes. Je vais donc reprendre là où vous aviez arrêté.
En 2020, et même en 2000, l'accès à Internet devait être considéré comme un service essentiel, et ce l'est encore plus durant la pandémie. Vous avez donné des exemples qui en démontraient l'importance, notamment pour pouvoir tenir des réunions par Zoom ou par webdiffusion. Si j'ai bien compris, les communautés que vous représentez n'ont pas accès aux services Internet par fibre optique, car celle-ci ne se rend pas jusqu'à elles.
Est-ce bien cela?
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Merci beaucoup, monsieur le président, et merci à tous nos témoins d’aujourd’hui. Nous espérons que vous et vos proches demeurez en santé et en sécurité pendant cette pandémie.
Je commencerai par vous, madame Napier. Je voudrais saluer deux résidants de Fort Smith, soit mon ancien colocataire Dennis Bevington et Joan Bevington. La prochaine fois que vous les verrez à Fort Smith, j’aimerais que vous les saluiez.
Vous avez parlé avec beaucoup d’éloquence des changements climatiques, du manque de connectivité et du manque de logements. Cette semaine, bien sûr, le directeur parlementaire du budget a révisé son estimation du coût du pipeline Trans Mountain. Les coûts de construction, maintenant révisés, se chiffreront probablement à 14 milliards de dollars. Bien entendu, nous savons que les contribuables canadiens perdront beaucoup d’argent dans ce dossier, une autre conclusion contenue dans le rapport du directeur parlementaire du budget. C’est le choix que le gouvernement peut faire, c’est-à-dire investir dans le projet Trans Mountain ou faire les investissements qui vont vraiment résoudre bon nombre des problèmes que vous soulevez.
J’aimerais savoir combien il en coûterait, selon vous et selon l’Association des communautés des Territoires du Nord-Ouest, pour répondre aux besoins en matière d’énergie propre afin que les Territoires du Nord-Ouest et les collectivités du Nord fassent partie du réseau d’énergie propre et aient accès à ces options. Combien cela coûterait-il de répondre aux besoins en matière de logement et de remédier à la pénurie de logements dans le Nord, particulièrement dans les Territoires du Nord-Ouest? Y a-t-il des coûts liés à l’interconnexion des collectivités par les télécommunications?
J’aimerais avoir une idée de ce qu’il faudrait pour résoudre ces problèmes dans le Nord.
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Merci, monsieur Julian.
Je vais certainement saluer M. Bevington. Il assiste chaque mois à notre « déjeuner avec la mairesse ».
Je suis désolée de ne pas connaître les coûts que cela représenterait. C’est certainement bien moins que 14 milliards de dollars.
Nous savons que la situation du logement est catastrophique partout sur le territoire. Il y a beaucoup de « sans-abri cachés », comme nous les appelons. La situation de ces personnes n'est pas la même que dans le Sud. Le surpeuplement des logements est extrême.
Comme nous l’avons vu au Nunavut au cours du mois dernier, s’il y a une éclosion de COVID, la maladie se propagera en raison de l’interconnexion des collectivités. Nous n’avons pas les mêmes services médicaux que dans le Sud — qui, encore une fois, sont déjà surchargés pour les gens qui reçoivent des services.
La situation lamentable de l’insuffisance de logements et le déficit de l’offre de logements dans les Territoires du Nord-Ouest nécessiteront une affectation extraordinaire de fonds fédéraux. Un engagement financier fédéral à long terme est essentiel pour répondre aux besoins non comblés en la matière.
Je suis vraiment désolée de ne pas avoir de chiffres pour vous aujourd’hui. Nous pouvons certainement nous pencher là-dessus et présenter quelque chose au Comité du mieux que nous pourrons.
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C’est une excellente question.
Si vous regardez la subvention pour le loyer, elle a été très bien reçue, avec les modifications apportées, par de nombreux petits joueurs, les petits studios uniques. Une entreprise de la taille de GoodLife serait plafonnée à 300 000 $ pour ce soutien au loyer. Elle a plus de 500 installations. L'ampleur de la subvention pour le loyer n’aide pas vraiment une entreprise de cette taille. Il y a d’autres joueurs régionaux, comme Movati ou GYMVMT, qui sont presque trop petits pour être gros et trop gros pour être petits.
En tant qu’association, nous avons fait pression pour que des modifications soient apportées au soutien au loyer. Bon nombre de ces modifications ont été acceptées, et nous en sommes très reconnaissants, mais pour les entreprises de taille moyenne ou plus grande, on rate encore la cible dans une certaine mesure.
Cela dit, en tant qu’association du secteur, nous nous concentrons sur la reprise et sur la façon dont nous pouvons aider. Les incitatifs fiscaux, de même que les messages positifs, permettront à un plus grand nombre de personnes de démarrer, ce qui aura évidemment une incidence à long terme sur les installations et sur les professionnels partout au pays.
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Merci, monsieur le président, et bonjour à vous et aux membres du Comité. Je vous remercie de m’avoir invité à témoigner aujourd’hui.
Pour ceux d’entre vous qui ne connaissent pas notre organisation, l’ACHRU représente le secteur du logement social, sans but lucratif et abordable partout au Canada. Notre secteur gère environ 600 000 logements abordables qui, ensemble, abritent plus d’un million de personnes au Canada.
Dans le cadre des délibérations du Comité sur le contenu du prochain budget fédéral qui, bien sûr, sera fortement influencé par la pandémie de COVID, je tiens à rappeler aux membres du Comité la toute première directive de santé publique émise aux Canadiens lorsque la COVID a frappé, qui était de rester à la maison.
Monsieur le président, il n’est pas possible de rester à la maison si vous n’en avez pas, ou s'il n'y a pas de logement abordable ou qui répond à vos besoins. Cette année, nous avons prouvé que le logement est une question de santé. C’est pourquoi, au moment où votre comité examine la manière de mieux reconstruire grâce au prochain budget, nous vous exhortons à placer le logement au cœur du programme de reprise post-pandémique.
[Français]
Au cours des dernières années, un certain nombre de programmes ont été lancés dans le cadre de la Stratégie nationale sur le logement pour renforcer le secteur du logement social et sans but lucratif, et ces programmes ont fourni une base solide sur laquelle on peut bâtir. En ajout à ces programmes existants, l'ACHRU recommanderait d'élargir la Stratégie nationale sur le logement dans quatre domaines clés.
[Traduction]
Premièrement, l'oubli le plus évident dans la Stratégie nationale sur le logement est l’absence d’une stratégie spécifique pour le logement des Autochtones des régions urbaines, rurales et nordiques. Étant donné que 80 % des Autochtones vivent dans ces milieux, et que les Autochtones sont confrontés à des taux beaucoup plus élevés de besoins impérieux en matière de logement et d’itinérance, il est essentiel de se doter d’une stratégie urbaine, rurale et nordique. Plusieurs lettres de mandat ministériel contenaient un engagement à établir une stratégie pour les régions urbaines, rurales et nordiques que les peuples autochtones allaient élaborer et gérer eux-mêmes. Nous exhortons le gouvernement fédéral et le Comité à concrétiser cet engagement dans le budget de 2021.
Deuxièmement, en septembre, le gouvernement a annoncé un investissement de 1 milliard de dollars dans une nouvelle Initiative pour la création rapide de logements, ce qui, je dois préciser, est une recommandation que nous avons faite dans notre mémoire prébudgétaire initial publié cet été. Nous remercions donc le gouvernement d’avoir tenu compte de nos conseils dans son annonce. Les représentants de la SCHL et nos membres nous ont dit que ce programme reçoit un nombre important de demandes; par conséquent, un milliard de dollars n’est tout simplement pas suffisant. Nous demandons un financement supplémentaire d’au moins 5 milliards de dollars pour répondre à la demande et accroître l’offre de logements. Nous demandons aussi que le gouvernement fédéral entame des discussions avec les provinces et les territoires pour fournir le soutien social nécessaire aux personnes qui seront logées dans ces nouveaux logements.
Troisièmement, un programme de la Stratégie nationale sur le logement qui offre un potentiel inexploité important est l’Initiative des terrains fédéraux. Il s’agit actuellement d’un programme de 20 millions de dollars par année qui appuie la cession de terrains fédéraux excédentaires à des fournisseurs de logements pour la construction de logements abordables. Ce programme pourrait être considérablement élargi pour permettre au gouvernement fédéral d’acquérir des terrains provinciaux, territoriaux, municipaux et même privés, afin qu’ils puissent également être cédés à des fournisseurs de logements abordables. Comme tous les projets d’habitation commencent par des terrains, ce serait un bon coup de pouce pour accélérer la construction de logements abordables.
[Français]
Finalement, le Fonds national de co-investissement pour le logement est l'un des outils dont dispose la SCHL pour accroître l'offre de logements abordables. Ce fonds dispose de 13 milliards de dollars sur 10 ans et accorde des subventions et des prêts pour rénover des logements existants et construire de nouveaux logements abordables.
L'accès à ce programme est très difficile sur le plan de l'administration et de la rapidité, et le ratio subventions-prêts est très faible. Nous pensons que la bonification de ce programme contribuerait à augmenter l'offre globale, mais seulement si cela s'accompagne d'améliorations administratives et opérationnelles du Fonds.
Nous savons que la SCHL a commencé ce travail, et nous espérons que cela se traduira par un processus rationalisé et simplifié, surtout si le Fonds peut être élargi.
[Traduction]
Monsieur le président, pour conclure, en 2019, le Parlement — vous tous — a reconnu le logement comme un droit de la personne par voie législative. Cette année, nous avons souligné l’importance du logement pour la santé et, bien sûr, pour le bien-être. La question n’est pas de savoir si nous devrions placer le logement au cœur d’un programme de relance post-pandémie. La question est la suivante: « Notre pays peut-il permettre de ne pas le faire? »
Merci, monsieur le président.
Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Bonjour. Merci beaucoup de m’avoir invitée à vous parler aujourd’hui.
Je m’appelle Margaret Eaton. Je suis la PDG nationale de l’ACSM. Nous sommes une fédération nationale de 87 fournisseurs de soins de santé mentale communautaires qui offrent des services essentiels de promotion, de prévention et de soins en santé mentale à plus d’un million de Canadiens, dans 330 sites, chaque année.
Comme vous le savez, les Canadiens traversent une période sans précédent d’anxiété nationale extrême. Un sondage de l’ACSM et de l’Université de la Colombie-Britannique a révélé que la pandémie a aggravé les inégalités persistantes en matière de santé mentale, surtout chez ceux qui étaient déjà vulnérables. Les résultats les plus récents révèlent des niveaux alarmants de détresse, de pensées suicidaires et de désespoir.
Par exemple, au cours d’une année moyenne, 2,5 % des Canadiens ont des pensées suicidaires. Notre sondage montre qu'en septembre dernier, 10 % des Canadiens ont déclaré avoir des pensées ou des sentiments suicidaires. Cela signifie que si vous avez une bulle de 10 personnes, c’est vous ou l’un de vos proches qui est en crise. Quarante pour cent des Canadiens disent que leur santé s’est dégradée depuis mars, et il y a beaucoup plus de gens, dans certains groupes, qui disent que leur santé mentale s’est détériorée, surtout ceux qui sont au chômage, ceux qui ont des problèmes de santé mentale préexistants, les jeunes, les Autochtones et les personnes qui s’identifient comme LGBTQ2S+. Leur santé mentale s’est considérablement détériorée.
D’après les données probantes tirées d’autres pandémies et catastrophes, nous savons que les troubles de santé mentale persisteront peut-être pendant des années après qu’un vaccin aura été déployé à grande échelle. De plus, une bonne santé mentale est essentielle à la reprise économique. Pour assurer la bonne santé mentale de la main d'œuvre, nous devons mettre en place des mesures de soutien en santé mentale pour ceux qui retournent au travail ou qui ont travaillé dans des circonstances stressantes et dangereuses.
Le gouvernement mérite des félicitations pour son portail Espace Mieux-être, pour son financement des programmes et de la recherche en santé mentale et en toxicomanie, pour ses investissements dans la santé mentale des Autochtones et pour les nouveaux fonds annoncés dans l’énoncé économique de l’automne.
Cependant, on sait déjà que ce ne sera pas suffisant. Même avant la pandémie, on estimait que, chaque année, 1,6 million de Canadiens ont des problèmes de santé mentale qui ne sont pas traités, et 87 % des Canadiens nous ont dit qu’ils n’ont pas accès au soutien en santé mentale dont ils ont besoin. Toutefois, avec un financement gouvernemental adéquat et la mise en place d'un bon système de soutien, l’ACSM croit que nous pourrons répondre à l’énorme besoin de soins, aider les Canadiens à se rétablir et, au bout du compte, sauver des vies.
Dans notre mémoire prébudgétaire, nous formulons quatre recommandations.
Premièrement, nous avons besoin d’un plan national de rétablissement de la santé mentale pour avoir une population en bonne santé mentale et physique, prête à travailler et à contribuer à la relance nationale. Ce plan devrait être à long terme, bien financé et axé sur la promotion de la santé mentale, la prévention et les soins au niveau communautaire. Il doit être mis en œuvre de manière à toucher les personnes les plus vulnérables, surtout dans les collectivités éloignées.
Deuxièmement, nous demandons un investissement de 13,5 millions de dollars pour élargir notre programme de thérapie cognitivo-comportementale fondé sur des données probantes, intitulé Retrouver son entrain, afin de servir un plus grand nombre de personnes qui souffrent d'inquiétude, de stress ou de dépression légère à modérée. Avec plus de financement, nous pourrions offrir ce programme rentable à beaucoup plus de Canadiens. Le programme est fondé sur des données probantes et il fonctionne.
Troisièmement, nous recommandons que le gouvernement investisse 9 millions de dollars dans le programme de soutien par les pairs, Resilient Minds, de l’ACSM afin d’élargir l’initiative pour offrir un soutien aux travailleurs de première ligne. Nos travailleurs de la santé subissent des pressions incroyables, et l’ACSM peut leur fournir les ressources nécessaires pour les aider à surmonter les traumatismes et à composer avec le stress psychologique et pour améliorer la santé des équipes de première ligne.
Enfin, nous recommandons que le gouvernement augmente considérablement le financement des soins de santé mentale gérés par les Autochtones afin de continuer à combler les écarts en matière de santé entre les communautés autochtones et non autochtones. Les Autochtones ont des taux de suicide historiquement élevés et sont une population particulièrement vulnérable. Leur santé mentale est encore plus compromise par le racisme. Nous encourageons le gouvernement à s’inspirer du Cadre du continuum du mieux-être mental des Premières Nations et à augmenter considérablement le financement accordé aux nombreux organismes de soins de santé mentale dirigés par des Autochtones.
N’attendons pas que notre système de santé mentale se retrouve aux soins intensifs avec un respirateur. Investissons maintenant. Les gens sont en difficulté et ils ne peuvent pas se permettre d’attendre. Si nous finançons des interventions communautaires, cela allégera la pression sur un système de soins de courte durée déjà durement touché par la COVID-19 et permettra aux gens d’obtenir l’aide dont ils ont besoin plus rapidement.
Une relance économique complète exige une population en bonne santé mentale. Nous vous exhortons à élaborer un plan de rétablissement à long terme qui conduira notre pays au succès.
Merci. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Distingués membres du Comité permanent des finances, je vous remercie de me recevoir aujourd'hui.
Avant d'entrer dans le détail de nos recommandations, j'aimerais remercier tous les législateurs ici présents pour deux choses: d'abord, pour les efforts déployés afin d'assurer la sécurité des Canadiens et des Canadiennes et les mesures d'aide économique pour les travailleurs et les entreprises; ensuite, pour leur appui au principe de loi sur la carboneutralité, que ce soit par l'entremise d'un projet de loi gouvernemental ou d'initiative parlementaire.
Il reste encore beaucoup de travail à faire pour assurer l'atteinte des résultats et une reddition de comptes accrue, notamment en 2025, mais avec de la bonne volonté, on y arrivera. Il le faut, car les défis économiques d'aujourd'hui et de demain sont liés aux enjeux environnementaux.
Je suis ici aujourd'hui pour représenter Équiterre, une organisation de plus de 156 000 membres et sympathisants. Nous intervenons depuis plus de 25 ans dans les débats liés à l'agriculture, à l'alimentation, aux transports et à la mobilité, ainsi qu'aux politiques climatiques et énergétiques au Québec et dans le reste du Canada.
En ce qui concerne le secteur des transports, nous sommes ravis de constater que l'électrification des véhicules personnels est une priorité du gouvernement et du Comité permanent de l'environnement et du développement durable.
Pour atteindre l'objectif de 100 % de véhicules zéro émission d'ici 2040, les incitatifs à l'achat sont un bon point de départ, mais, comme nous le mentionnons dans notre mémoire écrit, pour accroître l'offre de véhicules zéro émission, nous recommandons que le gouvernement fédéral mette aussi en œuvre une mesure à coût nul dont l'efficacité a été prouvée tant au Québec qu'en Colombie-Britannique et à l'international, c'est-à-dire une norme pancanadienne sur les véhicules zéro émission.
Du côté de la demande, les incitatifs et les infrastructures de recharge ne suffisent pas. Nous avons besoin d'une combinaison structurante d'approches réglementaires et fiscales efficaces pour accélérer la transition. En plus de la norme VZE, nous suggérons une réforme et une intégration des programmes iZVE et d'écoprélèvement, qui devraient être administrés par une même instance, afin d’implanter un véritable système de redevance-remise, une autre mesure neutre sur le plan fiscal pour le gouvernement.
Toujours en lien avec les transports, la pandémie de la COVID-19 a accéléré le virage vers le commerce en ligne. Cela a une incidence sur les services de livraison en milieu urbain, ce qui entraîne de plus en plus d'externalités négatives, comme la pollution atmosphérique, des GES, du bruit ou des problèmes de sécurité pour les usagers et les usagères les plus vulnérables.
Si le commerce en ligne continue de croître et qu'aucun plan structurant de décarbonation des services de livraison n'est déployé, les conséquences que je viens de nommer seront accentuées et entraîneront des coûts sociétaux supplémentaires liés à la santé publique.
Hier, la Ville de Montréal a présenté le Plan climat, avec, comme mesure phare, la création d'une zone zéro émission au centre-ville d'ici 2030. Par voie de conséquence, en plus des autos, il faudra des camions et des vélos cargo électriques pour transporter les gens et les marchandises. Nous recommandons donc de travailler en collaboration avec les municipalités canadiennes afin d'élaborer, de mettre en œuvre et de financer une stratégie de décarbonation du transport de marchandises en zones urbaines.
En ce qui concerne l'agriculture, il est important de mettre en contexte notre principale recommandation avec les discussions qui ont lieu en ce moment sur la réforme des programmes de gestion de risques et du renouvellement du Partenariat canadien pour l'agriculture.
Je cite ici le communiqué du ministère de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire à l'issue de la récente rencontre des ministres de l'Agriculture du pays:
Les différents ordres de gouvernements sont à l'écoute des groupes de producteurs et d'intervenants, qui demandent la modification ou le remplacement de l'approche actuelle en gestion des risques des entreprises agricoles. Les ministres ont convenu que les programmes doivent être améliorés afin de mieux cibler les risques émergents qui menacent la viabilité des exploitations agricoles [...]
À cet effet, nous proposons que le gouvernement procède à la création, avec un financement approprié, d'un programme Agri-résilience pour accompagner les agriculteurs dans la transition vers des pratiques agricoles qui favorisent la santé des sols et pour qu'ils soient plus sobres en carbone, et ainsi réduire le risque climatique croissant dans ce secteur.
Les producteurs et les productrices agricoles sont parmi les premiers à éprouver les effets de plus en plus marqués des changements climatiques, comme les pertes de récoltes, les répercussions sur le PIB, la rentabilité, la viabilité des communautés rurales, la santé mentale et les programmes d'assurance gouvernementaux, dont les dépenses vont vraisemblablement augmenter.
Nous avons applaudi à l'annonce, lors du dévoilement de l'énoncé économique de l'automne, d'investissements de 98 millions de dollars sur 10 ans afin d'établir un nouveau fonds pour des solutions climatiques naturelles. Nous apprenons à l'instant que le gouvernement a annoncé de nouveaux investissements de 165,7 millions de dollars sur sept ans pour le nouveau plan environnemental. Nous applaudissons à ces nouvelles, mais ces sommes ne seront pas suffisantes pour couvrir les besoins du secteur et ne couvriront pas non plus les toutes les solutions. En comparaison, la coalition Fermiers pour la transition climatique, dont nous sommes membre, réclame une enveloppe de 300 millions de dollars pour les programmes environnementaux dans le budget de 2021 seulement.
En conclusion, je tiens à rappeler une demande traditionnelle d'Équiterre concernant les subventions aux énergies fossiles. J'espère qu'il s'agit du dernier jour de la marmotte pour cette demande. Nous demandons au gouvernement fédéral de publier, dans le budget de 2021, une feuille de route menant à l'élimination des subventions inefficaces aux combustibles fossiles d'ici 2025, afin de respecter l'engagement du Canada envers le G20 à cet égard. Le Canada doit prendre acte du fait que les gestionnaires d'actifs sont de plus en plus réticents quant aux risques associés à l'exploitation du secteur des énergies fossiles canadiennes.
Il serait plus avantageux de suivre le mouvement de transition et de créer des emplois dans des secteurs d'avenir, plutôt que de rester aux prises avec la facture de la résistance à la transition en cours. Il faut être proactif dans l'accompagnement des travailleurs des secteurs industriels touchés par la transition, et non simplement réactif.
J'aimerais vous remercier d'avoir pris le temps de m'écouter. Je suis disponible pour répondre à vos questions.
Mesdames et messieurs, bonjour. Je m’appelle Manny Jules et je suis le commissaire en chef de la Commission de la fiscalité des Premières nations, l’une des trois institutions créées par la Loi sur la gestion financière des Premières nations ou LGFPN. J’ai également été chef de la bande indienne Tk’emlúps, de 1984 à 2000.
Je vous remercie de me donner l’occasion de m’adresser au Comité. J’ai déjà comparu devant votre comité pour promouvoir la LGFPN comme un modèle de loi pour la réintégration des Premières nations dans la fédération et l’économie canadienne.
Le modèle de la LGFPN a fonctionné. Aujourd’hui, plus de 300 Premières Nations se servent de cette loi avec succès. Elles développent leur économie, fournissent de meilleurs services et infrastructures, y compris de l’eau potable, et établissent de meilleures relations avec les gouvernements voisins.
Aujourd’hui, j’aimerais discuter de la façon dont nous pouvons aller plus loin en élargissant la portée de la Loi sur la gestion financière des Premières nations. Notre plan visera à aider les économies autochtones à se rétablir. Il rendra les services et l’infrastructure conformes aux normes canadiennes. Il démontrera l’engagement à l’égard d’une véritable réconciliation.
Les pandémies passées ont ouvert la voie à la colonisation et à l'adoption de lois qui ont mis les peuples autochtones à l'écart de l’économie et de la fédération. Elles ont servi de justification pour nous enlever notre titre et nos pouvoirs fiscaux. Elles ont fait de nous des personnes à charge et des pupilles de l’État. Mais nous sommes résilients. Nous avons tiré des leçons de notre histoire. Cette fois-ci, nous étions prêts.
Le 24 mars, les institutions de la LGFPN ont écrit pour avertir le gouvernement fédéral de la crise économique et sanitaire imminente dans nos communautés. Le 9 avril, nous avons envoyé une deuxième lettre, dans laquelle nous fournissions une estimation de la valeur de ses répercussions et proposions une stratégie de relance. Nous avons indiqué que l’impact sur nos économies serait dévastateur. Nous estimions que nos gouvernements et nos entreprises pourraient perdre des milliards de dollars et des milliers d’emplois. Malheureusement, jusqu’à maintenant, nous avons eu raison.
Nous avons présenté au gouvernement une stratégie économique pour sauver les économies émergentes des Premières Nations qui comprenait des propositions pratiques pour aider à maintenir les services en cas d'effondrement des revenus. La réponse économique du gouvernement à notre proposition a été mitigée. Au fur et à mesure que les mesures ont été mises en œuvre au printemps et à l’été, certaines de nos propositions ont été appuyées, tandis que d’autres ne l’ont pas été.
Une stratégie de relance autochtone fondée sur le succès éprouvé du cadre de gestion financière améliorera la relance économique globale du Canada. À cet égard, nous recommandons les mesures suivantes pour le budget de 2021.
Premièrement, il faut élargir la portée de la Loi sur la gestion financière des premières nations pour y inclure l’Institut sur l’infrastructure des Premières Nations que nous proposons de créer. Une fois opérationnel, cet institut accélérera le développement de notre infrastructure et fera en sorte que nous en ayons plus pour notre argent. Nous estimons qu’en établissant une base législative et des normes, nous pourrons commencer à construire l’infrastructure des Premières Nations cinq fois plus rapidement qu’avec le cadre réglementaire actuel.
Deuxièmement, il faut monétiser les transferts fédéraux existants en matière d’infrastructure afin que plus d’infrastructures puissent être construites plus tôt. C’est la façon la plus rentable de stimuler l’économie. Aux taux d’intérêt actuels, 150 millions de dollars sur 10 ans peuvent fournir pour 1,3 milliard de dollars de projets d'infrastructure prêts à démarrer dès maintenant plutôt qu'au cours des 10 prochaines années.
Troisièmement, il faut élargir les pouvoirs fiscaux des Autochtones pour inclure les ventes, les ressources, le tabac, le cannabis, la taxe d’accise et l'impôt sur le revenu, ou les taxes. Nous sommes le gouvernement qui dépend le plus des transferts au Canada. Moins de 5 % des recettes de notre gouvernement proviennent de nos impôts. C’est la raison pour laquelle la plupart des Premières Nations ont une infrastructure et des services médiocres et que cette infrastructure se détériore plus rapidement.
Quatrièmement, il faut élargir le mandat des institutions de la LGFPN afin qu’elles puissent offrir un plus grand soutien à tous les gouvernements et organismes autochtones intéressés.
Cinquièmement, il faut pratiquement mettre en œuvre le paragraphe 28(1) de la DNUDPA et combler l’écart de 172 milliards de dollars en matière de crédits autochtones au moyen d’un registre des titres fonciers autochtones.
Le succès incroyable de la LGFPN a prouvé que les lois facultatives administrées par les Premières Nations fonctionnent et que les institutions des Premières Nations sont la clé de ce succès. Les Premières Nations veulent savoir que leur soutien institutionnel sera toujours là, peu importe la voie économique qu’elles choisiront.
La stratégie de rétablissement autochtone proposée jettera les bases d’un climat d’investissement autochtone plus solide. Cela signifie que nous aurons les mêmes possibilités de participer au programme national de relance que tous les autres Canadiens.
Je sais que, par le passé, le Comité a fortement appuyé la loi sur la gestion financière et le travail de ses institutions. J’espère que nous pourrons, encore une fois, compter sur l’appui des membres du Comité à l’égard de ces modestes recommandations visant à élargir la Loi, à renforcer les institutions et à fournir aux Premières Nations les outils financiers dont elles auront besoin pour se remettre de la COVID-19.
Cependant, l’espoir ne suffit pas. Nous ne pouvons pas laisser cette pandémie nuire à une autre génération. Nous avons maintenant l’occasion d’apporter des changements. Merci.
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Merci beaucoup, et merci à tous les témoins.
Je viens de Kamloops et j’aimerais tout particulièrement souhaiter la bienvenue à M. Jules. Je vais certainement commencer par vous.
J’en ai été témoin. Il y a un mois et demi, M. Jules et moi avons assisté à une inauguration historique. Il s’agissait d’un nouveau réservoir d’eau financé principalement au moyen de droits d’aménagement. Cela signifie que 5 millions de dollars, sur un projet de 6,2 millions de dollars, ont été financés par la bande.
Puis, bien sûr, la semaine dernière, le gouvernement actuel a reconnu qu’il n'arriverait pas à fournir de l’eau potable aux Premières Nations. Au bout de cinq ou six ans et de milliards de dollars d’engagement, ce sera un échec. Je pense que nous devons reconnaître que le système n'arrive pas à livrer des éléments d’infrastructure.
J’aimerais d’abord en savoir un peu plus sur votre première recommandation, parce que nous avons un système qui ne fonctionne pas malgré des milliards de dollars et j’ai été témoin du succès d’une façon différente de faire les choses.
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Il est très clair que le cadre institutionnel que nous avons élaboré au moyen d’une loi facultative fonctionne parfaitement. Cela a été prouvé par l’exemple que vient de donner la députée Cathy McLeod.
La bande a été en mesure d’utiliser les outils prévus dans la LGFPN pour obtenir des droits d’aménagement, en mettant de côté un certain montant d'argent chaque année et en créant un réseau d’aqueduc incroyable qui permettra d’agrandir les zones de développement industriel et commercial dans notre réserve et d’offrir une eau de meilleure qualité.
Ce qui se passe d’un bout à l’autre du pays, c’est que le gouvernement fédéral, par le biais de son régime de réglementation, a essayé de s’occuper de la qualité de l’eau et de l’eau potable, mais n’a pas été en mesure de respecter ses propres critères de mesure, si vous voulez.
Nous proposons la création, par voie législative, d’un institut d’infrastructure des Premières nations, afin que le gouvernement fédéral puisse monétiser ses propres dépenses en matière de développement des immobilisations et d’infrastructure. En même temps, cela permettrait d'exploiter le potentiel des transferts fiscaux que nous devrions recevoir.
À titre d’exemple, à l’heure actuelle, nous percevons environ 110 millions de dollars en impôt foncier partout au pays sur les terres des Premières nations. Sur ces mêmes propriétés, les gouvernements fédéral et provincial recueillent 700 millions de dollars.
Nous demandons que cette politique soit modifiée pour que nous puissions conserver les fonds générés dans nos communautés afin de pouvoir bâtir une meilleure infrastructure prête à fonctionner et de créer le climat d’affaires dont le Canada et les Premières Nations ont besoin pour se remettre de la pandémie.
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À l’heure actuelle, à cause de la COVID, le ministère des Relations Couronne-Autochtones et des Affaires du Nord n’a pas été en mesure d’enregistrer les transferts de terrains, particulièrement en ce qui concerne les baux des bandes et les baux des titulaires d'un billet de location. Cela a eu une incidence directe sur les secteurs d'activité des gens et des communautés.
Ce que j’ai dit dans mon exposé, c’est le manque de crédit, de l'ordre de 172 milliards de dollars, qui empêche les Premières nations de réaliser leur potentiel. Un des témoins a parlé du logement. L’une des raisons pour lesquelles les Premières nations ne peuvent pas répondre à la demande de logements, c’est que le gouvernement fédéral considère le logement comme un élément de passif.
Nous voulons renverser la vapeur afin que les gens puissent monnayer leur propriété et s’adresser aux marchés du crédit pour construire leur propre maison, avoir une valeur nette dans leur maison et pouvoir conserver le titre sous-jacent de leurs propres terres. Nous ne demandons pas que ces terres soient cédées, mais que le gouvernement fédéral mette en place un mécanisme que nos ancêtres ont demandé en 1910 pour avoir notre propre système de titres fonciers afin que nous puissions mieux concurrencer les Blancs, pour que nous ayons notre propre registre foncier et pour que tous les gouvernements sachent que ce sont nos terres.
Le plus gros problème, c’est que le gouvernement fédéral est propriétaire de ces terres en vertu du paragraphe 91(24) de la Loi constitutionnelle, de sorte que l’intérêt est dévolu à la reine Elizabeth.
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Je vous remercie de vos questions, madame la députée.
Pour ce qui est de la première question, je pense qu'il faut une combinaison de mesures pour arriver à mettre en œuvre une bonne stratégie de véhicules zéro émission qui permettra de réduire, non seulement les émissions de notre secteur des transports, mais également le parc automobile en général.
En ce qui a trait à l'électrification des transports, nous pouvons arriver à remplacer une auto à essence par une auto électrique, mais cela ne règle pas les problèmes de congestion. Il faut donc qu'il y ait un transfert modal vers du transport collectif et vers du transport actif. Il faut des infrastructures pour le transport actif, qu'il s'agisse de vélo conventionnel ou de vélo à assistance électrique. Il y a un énorme potentiel qui n'est vraiment pas exploité, en ce moment, et qui devrait l'être.
Pour revenir un peu en arrière, disons que le nouveau plan annoncé ce matin par le gouvernement aborde un peu cette question. La norme VZE fait partie d'une approche réglementaire selon laquelle les constructeurs doivent rendre disponibles des véhicules zéro émission pour les consommateurs, selon un système de pointage assez complexe. Je n'entrerai pas dans les détails. On remarque que c'est en Colombie-Britannique et au Québec, là où cette norme existe, que les ventes de véhicules zéro émission sont les plus élevées. Cette partie réglementaire est destinée à s'attaquer à la question de l'offre.
Pour ce qui est des incitatifs, on a reconfirmé dans le plan annoncé aujourd'hui les incitatifs financiers à l'achat. De notre côté, nous proposons qu'un système de redevance ou de remise, que l’on connaît aussi sous le nom de « bonus-malus », fasse en sorte que ce soit le marché lui-même, et non le gouvernement, qui assure la redevance. Selon ce système, ce sont en effet les acheteurs de véhicules plus polluants qui paient pour les acheteurs de véhicules moins polluants. C'est un principe que nous faisons valoir.
On parle donc de l'aspect réglementaire, de l'incitatif fiscal et des politiques qui accompagnent le transfert modal.
Votre seconde question concernait le gouvernement du Québec, je crois.
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C’est un objectif important, et je pense qu'une des raisons pour lesquelles l'idée nous est venue, c’est que nous avons des soins de santé universels, mais pas des soins de santé mentale universels. Ce qu’on trouve dans d’autres pays du G7, à l’exception des États-Unis, c’est un système de soins de santé mentale entièrement financé qui comprend tout, depuis les traitements de base que nous avons décrits pour la dépression et l’anxiété, jusqu’au traitement des maladies mentales graves.
À l’heure actuelle, nous avons au Canada un système financé pour les soins cliniques. Nous finançons les hôpitaux et les psychiatres, mais nous ne finançons pas les psychologues, les psychothérapeutes, les soins et le traitement de la dépression et de l’anxiété. Nous voulons du financement pour un cycle complet de soins, le modèle de soins complets, comme on l’appelle. Ce qui manque, c’est une intervention précoce pour les soins de santé mentale en milieu communautaire.
À l’heure actuelle, au Royaume-Uni, si vous souffrez de dépression ou d’anxiété, vous pouvez vous adresser à un centre communautaire pour obtenir des soins en personne ou virtuellement. Cela a connu un succès phénoménal. C’est peu coûteux et cela allège la pression sur le système de soins intensifs. C’est le genre d’investissement que nous aimerions voir à long terme.
Que doit faire le gouvernement fédéral? Nous croyons qu’il faudrait probablement modifier la Loi canadienne sur la santé, dans un premier temps, et qu’il faut des mécanismes pour que le gouvernement fédéral puisse financer les provinces afin de s’assurer que des fonds soient alloués pour ces autres aspects des soins progressifs en santé mentale.
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Monsieur le président, vous avez parlé d'une motion unanime adoptée cet avant-midi à la Chambre. Avant de passer aux questions, j'aimerais préciser qu'elle vise à créer un numéro de trois chiffres, comme aux États-Unis, le 988, pour les gens qui sont en détresse psychologique ou qui ont des pensées suicidaires. La motion a reçu l'appui unanime de la Chambre.
Malheureusement, cet après-midi, on a failli adopter une motion qui aurait pu recevoir un appui unanime. C'était une motion d'ajournement qui nous aurait permis de poursuivre les travaux de ce comité la semaine prochaine. Le Parti libéral et le Parti conservateur n'ont pas été capables de s'entendre sur une courte motion qui aurait permis aux comités de se rencontrer la semaine prochaine et à nous, au Comité permanent des finances, de poursuivre nos consultations prébudgétaires. Hier, on nous a dit qu'on était prêt à continuer si la Chambre allait de l'avant, mais cela n'a pas été le cas, alors le Comité ne siégera pas à la fin du mois de janvier. C'est déplorable.
Cependant, nous avons quand même un très bon groupe de témoins pour terminer ces consultations prébudgétaires. Je remercie donc tous les témoins présents. Leurs présentations et leurs réponses sont très enrichissantes pour nous tous ici.
Mes questions s'adresseront à vous, monsieur Viau. Je commencerais par votre première recommandation sur les véhicules zéro émission, qui vise à ce que ceux-ci représentent 100 % des ventes de véhicules d'ici 2040.
Comment une telle recommandation se compare-t-elle à ce qui est mis en place dans d'autres pays?
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Comme M. Ste-Marie, je trouve déplorable que l'on n'en soit pas parvenu à une entente cette semaine qui aurait permis au Comité de continuer à siéger pendant la période des Fêtes. À cause de cela, toutes les consultations prébudgétaires se termineront dans quelques minutes. Au début de l'automne, le gouvernement a fait de l'obstruction systématique au Comité et il vient maintenant de refuser cette entente.
Cela étant dit, j'aimerais remercier tous les témoins qui sont ici aujourd'hui. Je souhaite que leurs proches demeurent sains et saufs pendant cette pandémie.
Je vais commencer par vous, monsieur Viau. Cette semaine, le directeur parlementaire du budget a publié un rapport important sur les considérations financières et économiques de l'oléoduc Trans Mountain. Or vous avez parlé des investissements que le gouvernement devrait faire, notamment pour aider l'environnement et lutter contre les changements climatiques.
Pour Équiterre, est-il logique que le gouvernement investisse 14 milliards de dollars pour construire l'oléoduc Trans Mountain plutôt que de privilégier toutes ces priorités en lien avec l'environnement?
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Merci beaucoup de votre réponse. Bien entendu, cela inciterait d’autres gouvernements provinciaux à suivre l’exemple du gouvernement néo-démocrate de la Colombie-Britannique, alors je vous en remercie.
Je voudrais maintenant m’adresser à M. Morrison.
Nous avons vu des niveaux sans précédent de ce que le gouvernement et les organismes fédéraux appellent le « soutien à la liquidité » pour le secteur bancaire. Quelque 750 milliards de dollars ont été fournis.
Dans le secteur bancaire, les grandes banques canadiennes ont réalisé des profits de 29 milliards de dollars pendant la pandémie. C’est en grande partie grâce à la SCHL, qui a mis en place le PAPHA. Les 150 milliards de dollars de liquidités qui auraient pu servir pour le logement coopératif, le logement public et le logement abordable que votre organisation défend si ardemment, ont plutôt servi essentiellement à renflouer les grandes banques du Canada et à améliorer leur bilan.
Vous avez parlé d’un investissement important de 5 milliards de dollars. Croyez-vous qu'au lieu de renflouer les grandes banques, le gouvernement devrait plutôt chercher à utiliser toutes les ressources incroyables à sa disposition — 14 milliards pour Trans Mountain, 750 milliards de dollars en soutien à la liquidité — pour s’attaquer à des priorités comme le logement et fournir les 5 milliards de dollars qui, selon vous, sont essentiels comme première étape pour répondre aux besoins en matière de logement au pays?
Deuxièmement, j’aimerais savoir ce que vous pensez du refus du Parlement d’adopter la stratégie de logement dirigée par les Autochtones que le NPD a présentée à la Chambre des communes, il y a quelques semaines.
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Les 5 milliards de dollars dont je parlais ne concernaient que l’élargissement de l’initiative pour la création rapide de logements qui vient d’être annoncée en septembre. Nous croyons et pensons que le chiffre pourrait être beaucoup plus élevé, bien que ce pourrait être, en grande partie, sous forme de prêts plutôt que de subventions.
Comme je l’ai dit dans ma déclaration préliminaire, le logement est synonyme de soins de santé. Le logement est, comme en témoignait le Parlement en 2019, un droit de la personne. Par conséquent, veiller à ce que chaque Canadien ait un logement abordable qui répond à ses besoins, ce qui est l’objectif de la SCHL d’ici 2030, doit absolument être une priorité.
En ce qui concerne le logement des Autochtones, vos collègues du Comité des ressources humaines de la Chambre des communes mènent actuellement une étude sur la question du logement autochtone en milieu urbain, rural et nordique. Nous espérons vraiment que le Comité examinera son rapport une fois qu’il sera terminé et qu’il en sera tenu compte dans ses recommandations et, au bout du compte, dans le budget, car, comme je l’ai dit, la Stratégie du logement autochtone en milieu urbain, rural et nordique est certainement l’élément qui manquait dans la Stratégie nationale sur le logement.
Nous espérons que vos deux comités se croiseront et que nous finirons par avoir une stratégie qui prévoit des montants appropriés de financement pour le soutien, pour les immobilisations, et qui sera également régie et supervisée par les peuples autochtones eux-mêmes parce que c’est vraiment essentiel — pas seulement pour le logement, mais aussi pour la réconciliation.
Ma question s’adresse au chef Jules, que j’admire beaucoup. Je vais lire une merveilleuse citation qu’il a publiée récemment dans un livre: « Laissez-moi être un homme libre, libre de voyager, libre de s’arrêter, libre de travailler, libre de faire du commerce où je veux, libre de choisir mes propres enseignants, libre de suivre la religion de mes pères, libre de parler, de penser et d’agir pour moi-même. »
Malheureusement, chef Jules, vous et votre peuple avez été privés de ces libertés fondamentales pendant beaucoup trop longtemps dans un système qui impose les pouvoirs paternalistes et coloniaux d'Ottawa, des pouvoirs qui existent encore aujourd’hui. Vous venez de donner l’exemple d’une situation où le gouvernement fédéral, à Ottawa, prélève 700 millions de dollars de taxes dans vos réserves... excusez-moi, dans vos communautés partout au pays, pas seulement dans les réserves, et exige ensuite que vous veniez à Ottawa demander la permission de récupérer une partie de cet argent.
Pouvez-vous nous dire ce que vous pensez de cette idée absurde selon laquelle les politiciens et les bureaucrates d’Ottawa croient pouvoir vous prendre votre argent et vous dire ensuite comment et dans quelles conditions vous pouvez le récupérer?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Comme je n'ai que 2,5 minutes et deux questions, sachez que je vais sans doute couper la parole aux gens pour écourter leurs réponses.
Monsieur Viau, c'est à vous que j'adresse ma première question.
Il est de la plus haute importance pour les habitants de ma circonscription de Davenport que nous éliminions les subventions au secteur des combustibles fossiles le plus rapidement possible. Je suis d'accord avec eux là-dessus. Vous avez demandé, dans l'une de vos recommandations, une feuille de route pour éliminer les subventions inefficaces aux combustibles fossiles.
Abstraction faite des subventions au diesel dans le Nord et de celles qui pourraient être accordées au secteur pétrolier et gazier pour soutenir l'innovation ou la réduction des émissions de carbone, pourriez-vous fournir au Comité des recommandations sur les subventions aux combustibles fossiles à éliminer le plus tôt possible?
Je vous invite à commenter. Je ne m'attends pas à ce que vous ayez cette liste maintenant, mais seriez-vous disposé à la présenter au Comité?
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D'accord. Merci beaucoup.
J'adresse ma deuxième question à Mme Eaton. Merci beaucoup de votre exposé d'aujourd'hui.
L'une des choses que je trouve des plus difficiles, quand je fais du porte-à-porte dans ma circonscription de Davenport, c'est d'entendre parler de grands besoins sur toute la ligne. Il s'agit des besoins relatifs à la santé mentale de nos enfants, de nos jeunes, mais aussi des adultes. Le besoin est extraordinaire et immense.
Il y a quelques années, nous avons donné 2 milliards de dollars de plus en fonds fédéraux aux provinces. Je n'ai pas pu en voir les répercussions dans ma circonscription de Davenport. J'ai l'impression que nous devrons en verser beaucoup plus l'avenir. En supposant que nous maintenons la structure actuelle, nous allons devoir augmenter les fonds fédéraux versés aux provinces.
Quels conseils nous donneriez-vous, quand viendra le temps d'envoyer la prochaine tranche de fonds fédéraux aux provinces, pour faire en sorte qu'ils soient utilisés là où ils doivent aller?
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Merci, monsieur le président.
Ma question s'adresse à M. Morrison, de l'ACHRU.
Tout d'abord, je dirai que j'ai été très heureux de vos observations sur le logement, et notamment sur le logement en milieu urbain, rural et nordique.
J'ai été mêlé à la demande présentée au Comité HUMA pour qu'il étudie la question du logement des Autochtones en milieu urbain et rural dans les collectivités du Nord. Je suis représentant des Territoires du Nord-Ouest, dont plus de la moitié de la population est autochtone. Cependant, les logements pour Autochtones qui sont annoncés ne sont pas pour nous dans les Territoires du Nord-Ouest, en grande partie parce que nous n'avons pas d'organisation autochtone nationale pour nous représenter, si bien que nous passons entre les mailles du filet. C'est certainement un élément qui fait défaut, comme vous l'avez dit.
Même quand il est question du financement pour les régions urbaines, rurales et nordiques, nous demeurons quand même en porte-à-faux du fait que, dans bien des cas, nous sommes amalgamés avec les grandes municipalités ou les grandes villes. Nous pensons qu'il nous faudrait en être détachés pour nous assurer d'obtenir une part de l'argent.
Monsieur Morrison, j'aimerais vous entendre parler du programme de logement en milieu urbain, rural et nordique qu'il nous faudrait, et aussi un peu des gouvernements autochtones autonomes, qui n'ont pas non plus trouvé leur place dans le financement du logement autochtone.
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Bien entendu, comme vous le savez, la Stratégie nationale sur le logement prévoyait des fonds pour ce qu'on appelle le logement « dans les réserves », c'est-à-dire, pour l'essentiel, résultant d'ententes avec l'Assemblée des Premières Nations, l'ITK et le Ralliement national des Métis. Pour cela, ces trois organismes ont pu apporter une solide gouvernance et une réelle participation. Cependant, ce qui a été omis, comme vous l'avez souligné à juste titre, c'est qu'environ 80 % des Autochtones vivent en milieu urbain ou rural et, bien sûr, comme vous le savez, dans le Nord.
Nous avons, au sein de notre organisme, un caucus autochtone composé d'environ 100 fournisseurs de logement autochtones, qui ont des décennies d'expérience de la prestation de logements aux Autochtones dans ces milieux. Nous avons élaboré un cadre, que nous appelons notre stratégie « pour et par les Autochtones ». Nous en avons parlé à vos collègues du Comité HUMA. Il est absolument essentiel qu'il y ait une composante, un marché réservé, pour les communautés et les fournisseurs de logements autochtones dans le Nord parce que, monsieur McLeod, comme vous le savez beaucoup mieux que moi, le logement dans le Nord est dans un état tout à fait déplorable.
Parmi votre dernier groupe de témoins, j'ai entendu un maire du Nunavut, ou peut-être des Territoires du Nord-Ouest, parler du logement dans le Nord. Je peux vous dire que j'ai appris aujourd'hui que le membre de notre conseil d'administration représentant les Territoires du Nord-Ouest, qui vit à Arviat, vient de contracter la COVID et, comme elle vit dans un logement très surpeuplé, que la plupart des membres de sa famille, malheureusement, en sont aussi atteints.
La situation est affligeante, et nous espérons que, grâce à une stratégie ciblant les collectivités urbaines et rurales du Nord, les peuples autochtones qui y vivent auront non seulement accès au financement et au soutien, mais qu'ils pourront aussi jouer un rôle clé dans l'administration et la surveillance de l'utilisation de ces fonds.
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Je veux revenir un instant aux membres du Comité. Comme M. Ste-Marie et Gabriel et M. Julian l'ont mentionné, l'accord ne s'est pas fait. Il n'y a pas eu d'entente à la Chambre pour que le Comité, ni d'ailleurs les autres comités, tienne la semaine prochaine une réunion virtuelle.
Ce qu'il nous faut faire, essentiellement, c'est de déterminer comment achever notre rapport d'ici le début de février.
En temps normal, nous avons une motion qui contient des instructions précisant, pour l'essentiel, les consignes à l'intention des analystes, les délais pour la formulation des recommandations, la façon de les transmettre aux membres, la présentation des rapports dissidents, etc.
Je dois aussi mentionner que nous avions déjà invité des témoins à comparaître lundi. La greffière avait inscrit un certain nombre de témoins à l'ordre du jour de lundi. Nous devrons leur téléphoner. Nombre d'entre eux — je ne suis pas sûr que ce soit tous — ont déjà envoyé le texte de la déclaration qu'ils prévoyaient prononcer devant le Comité. Nous devrions peut-être nous demander si ces déclarations peuvent encore être reçues, puis être traduites et transmises aux membres du Comité.
Je vais vous demander, au fond, ce que vous pensez que nous devrions faire. Pour ma part, je proposerais que nous demandions aux analystes de reprendre l'essentiel de la documentation suivant les grandes lignes dont nous avons parlé plus tôt à partir des mémoires présentés avant le 15 août, des témoignages portant sur la COVID-19 — il y en a beaucoup — et des témoignages de ceux qui ont comparu devant le Comité, de récapituler tout cela dans un rapport reprenant les grandes lignes que nous avons déjà définies et de le faire parvenir aux membres du Comité.
Je crois que la Chambre se réunira le 25 janvier. Nous pourrions nous réunir le plus tôt possible par la suite, formuler nos recommandations et arrêter nos conclusions, puis déposer le rapport.
Quoi qu'il en soit, nous allons d'abord entendre M. Julian. Je demande à ceux d'entre vous qui souhaitez intervenir d'aller à la section « Participants » de Zoom, où vous pouvez cliquer sur « Lever la main » ou encore montrer votre main comme ceci. Nous ne sommes pas nombreux ici.
Monsieur Julian, vous avez la parole.
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Dans le cadre du processus budgétaire, nous avons besoin de toute l'information possible, y compris celle portant sur les sources de financement du gouvernement.
J'ai donc présenté une motion qui, je le sais, ne sera pas controversée, puisque c'est la ministre des Finances qui m'a incité de la présenter. Lorsque je l'ai interrogée sur les achats d'obligations par la Banque du Canada, elle m'a répondu de m'adresser à la Banque. C'est pourquoi je présente cette motion, pour laquelle j'ai donné le préavis prescrit. Le Comité l'a maintenant en main depuis 72 heures.
Elle demande simplement, pour des raisons de transparence, des renseignements sur les coûts d'achat et de vente des obligations de l'État. Il s'agit d'un programme de 400 milliards de dollars au sujet duquel nous ne savons pas grand-chose. Lorsque j'ai posé la question à la , elle m'a dit de la poser à la Banque du Canada. Voilà exactement ce que fait la motion.
Je suis sûr que les libéraux l'appuieront à l'unanimité, étant donné que je fais exactement ce que la a demandé.
Puis-je présenter cette motion en ce moment?
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En premier lieu, je pense que nous pouvons, de façon générale, nous accommoder de l'entente proposée par Peter.
Quant à la motion de M. Poilievre, je m'y oppose pour plusieurs raisons. Une grande partie de l'information demandée est déjà accessible au public. Je pense qu'il y aurait peut-être certains points délicats qui résident dans les détails de toute entente commerciale avec la Banque elle-même.
Si les membres du Comité, à leur retour, souhaitent inviter de nouveau la Banque pour lui poser des questions de cette nature, je ne suis pas convaincu que la motion, telle qu'elle est présentée, ne nuirait pas à la capacité de la Banque de faire son travail.
Pour cette raison, je serais enclin à voter contre la motion, mais je serai heureux de discuter des options pour les consultations prébudgétaires que d'autres membres voudront peut-être envisager.
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Si cette motion devait miner la crédibilité de la Banque du Canada, ce serait uniquement parce qu'elle aurait fait quelque chose de répréhensible. Si elle a agi de façon irréprochable, alors ces transactions qui se font, ajouterais-je, sur les marchés publics ne devraient rien receler d'étonnant. Nous devrions pouvoir constater qu'elles ne présentent rien d'inhabituel, que personne ne s'est indûment enrichi et que les contribuables canadiens et les détenteurs de créances canadiennes ont été protégés. Par contre, si ce n'est pas le cas, vous auriez raison, cela pourrait avoir, à juste titre, une incidence sur la crédibilité de la Banque. Je trouve les objections de mes collègues libéraux bizarres et plutôt surprenantes.
Tout d'abord, c'est la ministre des Finances qui m'a dit d'interroger la Banque du Canada, et c'est ce que j'ai fait. Pour revenir aux propos de Mme Julie Dzerowicz, j'ai communiqué avec la Banque et lui ai posé ces questions. Elle n'a pas répondu à mes questions, ni donné l'information que je demandais. La ministre a dit que le Comité devrait poser la question à la Banque du Canada. Je donne suite à la demande de la ministre. Si elle était vraiment sincère, les libéraux présents ici aujourd'hui, qui sont de son parti, voteraient en faveur de cette motion.
Les objections de M. Fraser sont contradictoires. D'une part, il dit que toute cette information est publique et, d'autre part, il ajoute quelques secondes plus tard que toute cette information est trop sensible pour être rendue publique. Il faut bien se demander laquelle de ces deux objections est la bonne. Si l'information est trop sensible pour être rendue publique, comment se fait-il qu'elle soit publique? Eh bien, la réponse est ailleurs. Si elle n'est pas sensible au point de pouvoir être divulguée pour quelque raison légitime, mais n'est pourtant pas divulguée, je soupçonne que c'est parce que la Banque du Canada ne veut pas qu'on examine ce qu'elle a fait des 400 milliards de dollars de notre argent.
Je signale que la Réserve fédérale américaine, qui n'est pourtant pas reconnue pour sa transparence, a fourni plus de détails, selon la SRC, que notre propre banque centrale. La SRC a pu obtenir plus d'information sur les obligations de sociétés achetées par la Réserve fédérale que sur celles achetées par la Banque du Canada. Lorsque j'ai demandé à la ministre quelles sociétés avaient reçu cet argent, elle m'a dit de le demander à la Banque du Canada. C'est ce que je fais dans cette motion. C'est exactement ce qu'elle m'a invité à faire.
Permettez-moi de parler de l'ampleur de l'opération. Il s'agit d'une opération sans précédent de la Banque du Canada. Ce n'est pas d'une activité courante et normale qui est attendue d'une banque centrale.
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En fait, ce sont les libéraux qui politisent la Banque du Canada en l'utilisant comme guichet automatique pour financer les dépenses du gouvernement.
Je signale que la ministre des Finances et le gouverneur de la Banque du Canada y sont allés, le même jour, de déclarations réciproquement complémentaires sur les opérations de la Banque. De son côté, la ministre a annoncé son intention d'emprunter à long terme par le truchement d'obligations à longue échéance. Quant à lui, le gouverneur de la banque centrale a annoncé, quelques heures plus tard, vouloir faire des prêts en achetant des obligations à long terme, faisant ainsi écho aux intentions d'emprunt du gouvernement. La banque centrale est en bonne voie de devenir le détenteur de la moitié de la dette du gouvernement, et cela presque sans contrôle.
La Banque reconnaît que ses décisions ont un effet inflationniste sur le prix des biens et que les gens qui sont au sommet de l'échelle économique, les très riches, vont en bénéficier. Elle a aussi reconnu que si cette politique, qui consiste à imprimer des billets, devait causer une poussée inflationniste, comme cela a été le cas dans le passé, que ce serait les plus pauvres d'entre nous qui en souffriraient le plus. Ce sont les personnes les plus démunies qui auront à payer le plus parce que leurs salaires seront dévalués et que l'argent comptant qui leur sert pour la plus grande partie de leurs transactions sera également dévalué.
Il existe un très grave risque de transfert de richesse de la masse des travailleurs à faible revenu au centième le plus riche de la population, ce qui constituerait un beau démenti à la prétention du gouvernement de vouloir redistribuer l'argent aux pauvres et à la classe moyenne. Vous souvenez-vous de la classe moyenne et de ceux qui travaillent fort pour y accéder? Le gouvernement a vite oublié ces gens-là. Dans l'Énoncé économique de l'automne, il a claironné sa volonté de percevoir 50 millions de dollars en taxes sur les options d'achat d'actions, censément pour redistribuer la richesse. Cinquante millions, cela ne représente même pas une erreur d'arrondissement de la somme colossale qu'il injecte sur les marchés financiers par le truchement de ce programme de détente quantitative.
Selon Bloomberg News, les 15 milliardaires les plus riches du Canada ont vu leur valeur nette augmenter de 32 % depuis le début de la pandémie, même ceux qui se trouvent dans des secteurs qui ont souffert de la pandémie. Pourquoi en est-il ainsi? C'est parce que la valeur de leur avoir est gonflée par les interventions de la banque centrale, interventions qu'elle se propose de maintenir indéfiniment, sans limite.
On nous dit que nous n'avons même pas le droit de poser des questions à ce sujet. Lorsque j'ai demandé à la de me dire devant qui la banque centrale est responsable, elle m'a répondu « le peuple ». Eh bien, nous sommes les représentants du peuple. Pourquoi alors est-ce que nous, représentants du peuple, ne pouvons pas obtenir les données sur ce mouvement massif de devises? C'est notre argent. Il n'appartient pas au gouverneur de la banque centrale. Il n'appartient pas à une seule personne. Il appartient à tous les Canadiens.
L'idée que demander à la Banque de divulguer de l'information sur ses transactions sur les marchés publics puisse constituer en quelque sorte une atteinte à son indépendance est insensée. Ce serait l'équivalent de dire que la publication par le gouvernement de renseignements détaillés sur la façon dont il dépense l'argent des contribuables est une anomalie. Bien sûr que ce ne l'est pas. L'argent appartient au peuple, qui a le droit de connaître les faits.
Ce que je demande, c'est une information détaillée du même genre que celle que les sociétés publieraient dans leurs rapports trimestriels. Toutes ces transactions se sont faites sur les marchés publics, mais il est très difficile d'en faire le suivi parce qu'elles sont tellement importantes et qu'il est très difficile de démêler les obligations vendues par la banque centrale de celles qu'elle a achetées. La Banque a l'expertise nécessaire pour faire ces calculs et suivre ces transactions, et, si elle choisit de ne pas le faire, le directeur parlementaire du budget pourrait le faire à sa place.
Il y a des gens raisonnables qui sont favorables aux interventions de la banque centrale. Il se trouve que j'ai mes critiques, mais je respecte ceux qui m'ont dit être d'avis qu'elle fait ce qu'il faut. Ils ont droit à leur opinion, et toute personne raisonnable et réfléchie pourrait bien arriver à cette conclusion.
Je ne propose pas une motion blâmant la banque centrale ou critiquant ses décisions. Pour cela, je choisirai une autre tribune. Je ne demande pas non plus aux membres du Comité de se prononcer pour ou contre ce que la banque a fait. Je demande simplement que soit rendue publique l'information sur ce qu'elle a fait afin que les Canadiens puissent juger par eux-mêmes.
Vous pouvez être en faveur d'un programme tout en croyant que les détails et les chiffres s'y rapportant devraient être à la disposition de tous. J'ai soutenu la décision du gouvernement Harper d'accroître le financement des forces armées, mais je préconisais aussi la publication de tous les détails sur l'utilisation de ce financement et sur ce que nous en avons obtenu en retour. Lorsque nous étions au pouvoir, j'ai été en faveur du programme des investissements dans l'infrastructure et j'étais d'avis que toute l'information sur ces investissements devait être publiée pour que les contribuables canadiens puissent décider si l'argent avait été bien dépensé.
Comme l'a dit le , « la lumière du soleil est le meilleur désinfectant ». Faisons donc de la lumière et laissons les Canadiens juger par eux-mêmes. Nous obtiendrons peut-être des renseignements confirmant que tout a été fait dans les règles et que les banquiers méritent nos félicitations. Peut-être, cependant, que ce ne sera pas le cas. Il n'y a qu'une seule façon de le savoir, c'est d'obtenir l'information.
Si le gouvernement n'a rien à cacher, les membres du Comité ici présents donneront suite à la suggestion de la ministre et voteront en faveur de cette demande de renseignements à la Banque du Canada.
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Monsieur le président, je suis en désaccord avec M. Poilievre sur bien des points, comme vous le savez bien, mais je suis favorable à cette motion pour la simple raison qu'il nous incombe, conformément au mandat donné par la Chambre des communes, d'examiner tous les aspects des mesures de soutien mises en place en réponse à la COVID-19. Le comité des finances s'est vu confier cette tâche par la Chambre des communes à l'ajournement de ses travaux le 13 mars. Nous avons donc la responsabilité d'aller au fond des choses.
Je retiens une chose qui a été mentionnée à de nombreuses reprises et qui a aussi été très discutée dans les médias sociaux, à savoir le niveau incroyable des liquidités dont disposent les banques et le rôle de la Banque du Canada à cet égard. C'est une question très controversée.
En 2008, sous le gouvernement Harper, nous avons vu les liquidités disponibles atteindre environ 116 milliards de dollars, apportées par divers mécanismes, dont la Banque du Canada, la SCHL et d'autres institutions. Le niveau du soutien actuel est six fois plus élevé.
Il est extrêmement important pour les Canadiens d'obtenir cette information. La question de la transparence est aussi de la plus haute importance et elle retient de plus en plus l'attention de la population. Il est certain que les journalistes posent des questions auxquelles on ne répond pas.
Je pense que, vu le mandat qui nous a été confié le 13 mars relativement à cette pandémie, nous devons au Parlement d'obtenir ces réponses. Nous le devons certainement aux Canadiens. C'est la responsabilité du Comité des finances de le faire.
Je ne vois pas pourquoi il y aurait une controverse autour de cette motion. Ce n'est que du gros bon sens, et c'est tout à fait dans la logique du mandat qui nous a été confié par la Chambre des communes en mars dernier. Je suis donc en faveur la motion.
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Je ne comprends pas le but de cette motion, et je ne suis pas convaincu de sa pertinence.
La Banque du Canada produit ses rapports de politiques monétaires et diffuse l'information. L'ensemble des marchés financiers de la planète scrute cela avec grand intérêt.
Nous vivons une pandémie sans précédent, qui a amené des politiques budgétaires avec des déficits sans précédent. C'était nécessaire et c'est d'ailleurs la position du .
Pour appuyer cela, j'ajouterai que le rôle de la Banque du Canada était de fournir les liquidités et le crédit nécessaires pour s'assurer qu'on ne tombe pas dans une trappe à liquidité ou dans des crises financières telles que celles que nous avons connues dans les dernières décennies un peu partout sur la planète. La banque centrale avait un rôle important à jouer et je salue le travail qu'elle a fait.
D'ailleurs, à la fin de son mandat, M. Poloz était venu expliquer le rôle de la Banque du Canada. Il avait rappelé l'importance du crédit et réitéré que, même s'il y a une injection de liquidités ou une multiplication du crédit en des temps troubles, cela n'a pas de visée inflationniste. D'ailleurs, au cours des derniers mois, c'est ce qu'on a vu. Les marchés n'ont pas attaqué la valeur du dollar canadien à cause de cette politique monétaire. Les taux d'intérêt n'ont pas augmenté, et ainsi de suite. Il n'y a pas de pressions inflationnistes du tout, parce que c'était des liquidités qui étaient nécessaires.
Quand la Banque du Canada fait des achats et des reventes d'obligations du gouvernement, il peut se passer deux choses.
Premièrement, si elle revend ou si elle rachète au même prix qu'elle avait vendu, il n'y a pas d'écart pour le marché. Cela ne coûte rien à la Banque du Canada ni aux contribuables, en fin de compte, parce qu'il n'y avait pas de primes de risque. La mesure n'a servi à rien, elle est juste venue stabiliser ce qui était mis en place.
Deuxièmement, s'il y a un écart, c'est que la Banque est venue jouer un rôle pour, justement, corriger l'inquiétude des marchés et permettre qu'on ait du crédit en quantité suffisante, que ce soit pour les provinces, pour le gouvernement fédéral ou pour les entreprises. Cela permet de venir stabiliser l'économie. S'il n'y a pas cela, on risque de grandes crises, et c'est grave.
Par ailleurs, hier, le sous-gouverneur de la Banque du Canada, M. Paul Beaudry, a pris le temps d'accorder une entrevue à La Presse. Cette entrevue est directement en lien avec cette motion et le sujet qui sont amenés par le député de depuis quelques jours, voire quelques semaines.
M. Beaudry a rappelé que « la faiblesse des taux d’emprunt de la Banque du Canada ne vise pas à faire un cadeau au gouvernement ». Il a ajouté ceci:
[...] le récent programme d’achats obligataires de la banque centrale n’est pas l’équivalent d’imprimer de l’argent ou de faire un prêt sans intérêt au gouvernement, mais plutôt une façon de garder les coûts de l’emprunt à un faible niveau et de soutenir les ménages et les entreprises dans la foulée de la pandémie [...]
Quand on joue avec ces sujets, cela m'inquiète. J'ai trop vu, un peu partout dans le monde, des économies s'effondrer parce qu'on jouait avec la politique monétaire. Elle doit être tenue de façon rigoureuse. Il ne faut pas faire de blagues et de politique avec cela, à mon avis. L'information est transparente et accessible, et, quand elle ne l'est pas, les marchés financiers de partout au monde réagissent extrêmement rapidement.
De plus, j'aimerais rappeler à ce comité qu'on a déjà vu, pendant la crise des années 1930, un refus du financement par la Banque du Canada. C'était la politique du premier ministre créditiste albertain, John Edward Brownlee. Pendant la crise de 1929, telle a été son attitude, et l'Alberta a fait faillite en 1934.
Si la Banque du Canada jouait mal son rôle, il n'y aurait pas un plus gros déficit. Les marchés interviendraient pour dire pour prévenir que ce qu'on fait est mauvais. On verrait une augmentation des primes de risque, une dévaluation de la valeur du dollar ou une augmentation des taux d'intérêt, ce qui n'est pas du tout le cas.
L'information est bien partagée. Si on demandait au directeur parlementaire du budget et à son équipe, qui font déjà un travail colossal depuis le début de la pandémie, de faire un long et difficile travail de recherche et de le remettre juste avant les Fêtes, cela retarderait tous les autres travaux qu'ils ont à faire.
C'est pourquoi, monsieur le président, je n'appuie pas du tout cette motion.
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Je suis très déçu que le Bloc québécois ne veuille pas jouer son rôle de parti de l'opposition et chercher à obtenir plus de transparence en cette matière. Il veut aider le gouvernement et les banques à garder des secrets pour éviter que les gens sachent ce qu'on fait de leur argent.
Le député peut être d'accord sur les interventions de la Banque du Canada tout en appuyant la transparence. C'est exactement ce que le Parlement et ce comité ont fait au sujet des dépenses gouvernementales liées à la réponse à la COVID-19. On a dit oui à la prestation pour les gens ayant perdu leur emploi, on a dit oui à la subvention salariale pour garder les emplois et on a dit oui aux prêts pour les petites et moyennes entreprises, mais on a aussi dit oui à la transparence. Nous voulons voir ce à quoi cet argent a servi.
C'est la raison pour laquelle nous avons demandé à la vérificatrice générale de faire une enquête et d'en publier les résultats. C'est la raison pour laquelle nous demandons au directeur parlementaire du budget d'enquêter davantage là-dessus. C'est aussi la raison pour laquelle nous posons des questions et que nous avons tenu des réunions ici, au Comité, pendant tout l'été, afin de scruter ces dépenses.
On peut tenir un grand débat sur l'ampleur de l'intervention. Je trouve intéressant que mon collègue pense que le gouvernement de l'Alberta contrôlait la Banque du Canada pendant les années 1930. Je ne sais pas s'il est au courant, mais ce ne sont pas les gouvernements provinciaux qui contrôlent la Banque du Canada. Peut-être qu'il ne le sait pas, mais l'Alberta n'a jamais été un pays souverain. C'est une observation historique intéressante qu'il a faite, mais peu importe.
Il a aussi dit que la Banque du Canada n'imprimait pas d'argent, mais ce n'est évidemment pas vrai. La Banque du Canada imprime de l'argent. Ses propres données le montrent. La quantité de billets de banque en circulation a augmenté de 8 % — c'est l'augmentation la plus importante depuis les années 1980 — et l'approvisionnement en monnaie a augmenté de 17 % — c'est l'augmentation la plus importante depuis les années 1980. Alors, dire que la Banque du Canada n'imprime pas d'argent, c'est faux, au propre comme au figuré. Les données qui sont disponibles le démontrent.
En ce qui concerne les crises, il est vrai que, quand les politiciens jouent avec les banques, c'est dangereux. C'est exactement ce que je veux empêcher. Dans cette même période, dans les années 1970 et 1980, la Banque a imprimé trop d'argent. Le taux d'inflation était de plus de 10 %. Plus tard, cela a entraîné une augmentation des taux d'intérêt, bien évidemment. Quand toutes les dettes d'un gouvernement sont rachetées par la banque centrale, les taux d'intérêt deviennent temporairement élevés. La question qu'il faut se poser est la suivante: si cela continue et que cela cause de l'inflation dans quelques années, quel sera le résultat de ces politiques?
Au cours des années 1970 et 1980, les taux d'inflation ont soudainement augmenté de 10 % ou plus, et les taux d'intérêt ont augmenté de 8 % à 22 % en deux ans.
Plusieurs crises ont donc résulté de l'utilisation des banques centrales afin de payer les factures des gouvernements. Si les députés sont convaincus d'avoir raison et d'avoir la bonne approche à ce sujet, pourquoi ne pas publier l'information?
Si tout est bien, on devrait pouvoir publier l'information. Nous la regarderons tous et nous pourrons faire totalement confiance au système et au fait qu'il fonctionne comme il faut. Il me semble que la seule raison de vouloir garder un secret, c'est la peur que la vérité n'appuie pas les opinions exprimées par les politiciens et les banquiers et qu'elle aille à l'encontre de l'histoire qu'on nous vend.
Je dis oui à la transparence, à l'ouverture à l'information et à la responsabilité de tous ceux qui prennent des décisions quant à notre argent et à nos finances. Je suggère que tous ceux qui sont pour la transparence, l'ouverture et la démocratie votent pour la motion et contre le secret.
Je vous remercie.
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Je crois que nous sommes prêts à mettre la motion aux voix. Madame la greffière, pourriez-vous sonder les membres, je vous prie.
(La motion est rejetée par 6 voix contre 5. [Voir le Procès-verbal])
Le président: Très bien, nous revenons maintenant à la discussion initiale sur l'entente. Je pense que nous étions relativement d'accord sur la proposition de M. Julian.
Il s'agissait en quelque sorte de demander aux analystes de récapituler la teneur des mémoires présentés avant la mi-août dans le cadre des audiences sur la COVID-19, des témoignages devant le Comité et des textes de la déclaration des témoins qui avaient été invités, mais qui n'avaient pas été entendus. Les documents seraient ensuite traduits et envoyés aux membres du Comité. Nous tiendrions une réunion à la première occasion après le retour de la Chambre le 25 janvier, afin de mettre la dernière main à notre rapport, de formuler nos recommandations et de déposer le rapport le plus tôt possible.
C'est bien, en gros, sur cela que nous nous entendons?
Des députés: D'accord.
Le président: Bien. Nous nous entendons pour que le processus se déroule ainsi.
Voilà qui met fin à notre dernière réunion de 2020.
Des députés: Oh! Oh!
Le président: Ce serait un euphémisme de dire que l'année a été difficile. Il faut bien reconnaître que le Comité n'a pas eu le temps de s'ennuyer. Au cours de l'année, nous avons entendu de nombreux témoins, beaucoup excellents. Nous avons entendu de brèves et de longues déclarations. Nous avons survécu à bon nombre de journées d'obstruction systématique. Tout au long de cette longue année, chacun, je pense, a accompli son devoir de député.
Vous savez, j'ai constaté que, loin des caméras, personne ne perdait son sens de l'humour même si nous avions de vifs échanges de temps à autre. Personne n'a perdu son sens de l'humour, et il y a toujours une belle collégialité parmi les membres du Comité. Je tiens à vous remercier tous de votre persistance et des efforts que vous avez consentis tout au long de l'année.
Je suis certain d'exprimer le sentiment unanime du Comité en adressant mes remerciements aux nombreux greffiers qui nous ont épaulés tout au long de l'année, aux analystes qui ont travaillé sans relâche pour nous, aux gens qui ont peiné dans les cabines d'interprètes et aussi à ceux qui s'occupent des salles de réunion et de tout le soutien technologique. Au nom du Comité, je tiens à les remercier très sincèrement et à leur souhaiter, ainsi qu'à leur famille, un très joyeux Noël.
Sur ce, je vous souhaite à tous un joyeux Noël. Restez en santé. Nous nous reverrons en 2021.
La séance est levée.