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AGRI Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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37e LÉGISLATURE, 1re SESSION

Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire


TÉMOIGNAGES

TABLE DES MATIÈRES

Le lundi 18 février 2002




¾ 0845
V         Le président (M. Charles Hubbard (Miramichi, Lib.))

¾ 0850
V         

¾ 0855
V         L'hon. Rosann Wowchuk (ministre de l'agriculture et de l'alimentaire du Manitoba, Assemblée législature du Manitoba)
V         

¿ 0900
V         

¿ 0905
V         

¿ 0910
V         Le président
V         M. Howard Hilstrom (Selkirk--Interlake, Alliance canadienne)
V         Mme Rosann Wowchuk
V         M. Hilstrom
V         Mme Rosann Wowchuk
V         M. Hilstrom

¿ 0915
V         Mme Rosann Wowchuk

¿ 0920
V         M. Hilstrom
V         Le président
V         M. Desrochers
V         Mme Rosann Wowchuk
V         M. Desrochers
V         Mme Rosann Wowchuk
V         M. Desrochers
V         Mme Rosann Wowchuk
V         

¿ 0925
V         M. Desrochers
V         Le président
V         M. Proctor
V         Mme Rosann Wowchuk
V         M. Proctor
V         Mme Rosann Wowchuk
V         Le président
V         M. Borotsik
V         

¿ 0930
V         Mme Rosann Wowchuk
V         M. Borotsik
V         Mme Rosann Wowchuk
V         M. Borotsik
V         Mme Rosann Wowchuk
V         M. Borotsik
V         Mme Rosann Wowchuk
V         M. Borotsik
V         Le président
V         Mme Ur
V         

¿ 0935
V         Mme Rosann Wowchuk
V         Mme Ur
V         Mme Rosann Wowchuk
V         Mme Ur
V         Mme Rosann Wowchuk
V         Mme Ur
V         Le président

¿ 0940
V         M. Anderson
V         Mme Rosann Wowchuk
V         M. Anderson
V         Mme Rosann Wowchuk
V         M. Anderson
V         Mme Rosann Wowchuk
V         Le président
V         

¿ 0945
V         M. Fred Homann, (directeur général, Manitoba Chicken Producers)
V         

¿ 0950
V         Le président
V         M. William Swan (président, Manitoba Milk Producers)
V         

¿ 0955
V         Le président
V         M. Marcel Hacault (président, Manitoba Pork Council)
V         

À 1000
V         Le président
V         M. Ken Yuill, (président, Nu Gen Ag Ventures Inc.)
V         
V         Le président
V          M. Glen Tully, (président, Association coopérative canadienne)

À 1005
V         

À 1010
V         Le président
V          Mme Betty Green (vice-présidente, Manitoba Cattle Producers Association)
V         

À 1015
V         

À 1020
V         Le président
V          M. Herb Schultz (Animal Nutrition Association)
V         

À 1025
V         Le président
V          M. Randy Eros (Fédération canadienne des moutons)
V         

À 1030
V         Le président
V          M. Gordon Grenkow (président, South Interlake Agricultural Society)
V         

À 1035
V         Le président
V         M. Howard Hilstrom
V         Glen Tully
V         

À 1040
V         Le président
V         M. Desrochers
V         M. Marcel Hacault
V         M. Desrochers
V         M. Marcel Hacault
V         M. Desrochers
V         M. Marcel Hacault
V         M. Odina Desrochers
V         Le président
V         M. Proctor

À 1045
V          Mme Betty Green
V         M. Proctor
V         Mme Betty Green
V         M. Proctor
V         Mme Betty Green
V         M. Borotsik
V         M. Borotsik
V          M. Herb Schultz
V         M. Borotsik
V          M. Herb Schultz
V         M. Borotsik

À 1050
V         M. Marcel Hacault
V         M. Borotsik
V         M. Marcel Hacault
V         M. Borotsik
V         Mme Betty Green
V         M. Borotsik
V         Mme Betty Green
V         M. Borotsik
V         Le président
V         Mme Ur
V         Mme Betty Green
V         Mme Ur
V         Mme Betty Green
V         Mme Ur
V         Le président
V         Mme Ur
V          M. Randy Eros
V         Mme Ur
V          M. Randy Eros

À 1055
V         Le président
V         Mme Ur
V         Le président
V         Mme Ur
V          M. Randy Eros
V         Mme Ur
V         Le président
V         M. Fred Homann
V         Le président
V         Le président

Á 1110
V          M. Calvin Vaags (témoignage à titre personnel)
V         

Á 1115
V         Le président

Á 1120
V         M. Henry Penner (témoignage à titre personnel)
V         
V         Le président
V         M. Dennis Gallant (témoignage à titre personnel)

Á 1125
V         Le président

Á 1130
V          M. Stan Fryza (témoignage à titre personnel)
V          M. Bill Matheson (témoignage à titre personnel)
V         

Á 1135
V         Le président
V          M. John Morrisson (témoignage à titre personnel)
V         

Á 1140
V         Le président
V         M. Bill Ridgeway (témoignage à titre personnel)
V         
V         Le président
V         M. Bill Ridgeway

Á 1145
V         Le président

Á 1150
V         M. Les Felsch (témoignage à titre personnel)
V         Le président
V          M. Les Felsch
V         

Á 1155
V         Le président
V         M. Bill Uruski (vice-président, Manitoba Turkey Producers
V         

 1200
V         Le président
V         M. Borotsik
V         Le président
V         M. Howard Hilstrom
V         Le président
V         M. Edgar Scheurer (témoignage à titre personnel)
V         

 1205
V         

 1210
V         Le président
V          M. Ian Wishart (témoignage à titre personnel)
V         Le président
V         Mme Rae Trimble (témoignage à titre personnel)

 1215
V         Le président
V         M. Wilfred Harder (témoignage à titre personnel)
V         

 1220
V         Le président
V         Mme Shirley Galbraith ( témoignage à titre personnel)
V         

 1225
V         

 1230
V         Le président
V         Mme Shirley Galbraith
V         Le président
V         Mme Shirley Galbraith
V         Le président
V         M. Walter Kolisnyk (témoignage à titre personnel)
V         
V         Le président
V          M. Charles Fossay (témoignage à titre personnel)

 1235
V         

 1240
V         Le président
V          M. Marvin Dyck (témoignage à titre personnel)
V         

 1245
V         Le président
V         M. Eric Thornhill (témoignage à titre personnel)
V         

 1250
V         Le président
V          M. Jack Penner (témoignage à titre personnel)
V         

 1255
V         Le président
V         M. Howard Hilstrom
V         Le président
V         M. Proctor
V         Mme Shirley Galbraith
V         M. Proctor
V         Le président
V         M. Borotsik
V         M. Ian Wishart

· 1300
V         M. Borotsik
V         M. Ian Wishart
V         M. Borotsik
V          M. Henry Penner
V         M. Borotsik
V          M. Henry Penner
V         Le président
V         Mme Ur
V         M. Henry Penner
V         Mme Ur
V         M. Wilfred Harder
V         Le président










CANADA

Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire


NUMÉRO 044 
l
1re SESSION 
l
37e LÉGISLATURE 

TÉMOIGNAGES

Le lundi 18 février 2002

[Enregistrement électronique]

¾  +(0845)  

[Traduction]

+

    Le président (M. Charles Hubbard (Miramichi, Lib.)): La séance est ouverte.

    Bonjour et bienvenue à tous aux audiences du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire, à Stonewall, qui se dérouleront conformément au paragraphe 108(2) du Règlement. Il s'agit du premier arrêt de deux au Manitoba. Notre comité se penchera au cours de ces audiences sur le rôle que jouera le gouvernement dans le domaine de l'agriculture

¾  +-(0850)  

+-

     Nous désirons d'abord vous informer que des audiences auront lieu cette semaine dans les quatre provinces de l'Ouest. Les membres du comité permanent sont ici pour prêter une oreille attentive aux représentants agricoles et aux agriculteurs qui viendront se prononcer sur le rôle que le gouvernement devrait jouer selon eux en matière d'agriculture.

    Notre greffière, Mme Verville, ainsi que nos recherchistes sont ici présents. Vos exposés seront enregistrés. Notre comité les étudiera en regard des commentaires des recherchistes et des grandes lignes qu'ils ont dégagées. Par la suite, nous présenterons nos recommandations, ainsi que celles formulées par les agriculteurs, à la Chambres des communes.

    Avant de commencer, j'aimerais présenter une personne de la région que vous connaissez sans doute déjà, M. Howard Hilstrom, qui assume le rôle de vice-président de notre comité. M. David Anderson, de la Saskatchewan, et lui sont des députés de l'Alliance canadienne. M. Desrochers, député du Bloc québécois, est issu d'une famille d'agriculteurs et est lui-même agriculteur de profession. Il connaît bien l'agriculture en général et l'exploitation laitière. Député NPD de la Saskatchewan, M. Proctor possède lui aussi de l'expérience en agriculture. M. Rick Borotsik, du sud du Manitoba, et Mme Ur, de l'Ontario, sont également avec nous.

    Nous sommes un peu déconcertés en ce qui concerne l'annonce de la tenue des audiences. Au début de janvier, nous avons indiqué aux agences de transmission canadiennes notre intention de tenir des audiences dans diverses régions du pays. Depuis, des communiqués ont également été émis en mon nom en tant que président du comité. Il se peut que certains organismes de presse n'aient pas été informés. J'espère que les populations que nous visiterons seront conscientes que nous avons fait de notre mieux pour annoncer la tenue des audiences et que nous comptons recueillir le plus de commentaires possible des communautés agricoles.

    Nous tenons aussi à souligner que, même si vous êtes bien représentés par les organismes qui viennent à Ottawa faire pression sur le gouvernement et présenter des exposés devant des comités, ce qui nous intéresse le plus, c'est d'entendre les opinions des agriculteurs. Nous tenons à ce qu'ils fassent partie du processus de détermination du rôle du gouvernement.

    Nous désirons souhaiter la bienvenue à la ministre Wowchuk, notre premier témoin. Mme Wowchuk a su défendre les intérêts des agriculteurs manitobains lors de ses passages à Ottawa. Nous sommes heureux de l'accueillir de nouveau au sein de ce comité. Nous savons très bien que l'agriculture occupe une place importante dans l'économie du Manitoba. Mme Wowchuk a toujours su présenter à tous les Canadiens un portrait réel de la situation des agriculteurs manitobains.

    Bienvenue madame. Nous sommes ravis de vous avoir avec nous ce matin et nous avons hâte de vous entendre.

¾  +-(0855)  

+-

    L'hon. Rosann Wowchuk (ministre de l'agriculture et de l'alimentaire du Manitoba, Assemblée législature du Manitoba): Je vous remercie pour votre présentation. Au nom du gouvernement du Manitoba et en tant que ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, je désire vous souhaiter la bienvenue au Manitoba. Je suis ravie que le comité ait accepté de venir ici pour entendre ce que les familles agricoles ont à dire sur l'importance de l'industrie agricole et les défis auxquels elles font face.

    Je vais m'inspirer de l'exposé que j'ai fait le 5 juin dernier à Ottawa en insistant sur les défis que doivent relever ces familles.

+-

     L'année dernière, les membres de l'Assemblée législative du Manitoba ont adopté à l'unanimité une résolution demandant au gouvernement fédéral de se pencher sérieusement sur la situation précaire des producteurs de céréales et d'oléagineux, y compris la question des subventions excessives accordées aux agriculteurs d'autres pays.

    Donnant suite à cette résolution, le Comité permanent de l'agriculture du Manitoba a tenu des audiences publiques partout dans la province. Les familles agricoles nous ont parlé des répercussions désastreuses de la crise financière sur leur famille et leur communauté. Nous avons appris que la plupart des familles agricoles tentaient par divers moyens d'augmenter leurs revenus, en diversifiant leurs activités, en acquérant d'autres terres agricoles afin de devenir plus rentables ou en acceptant un emploi à l'extérieur de la ferme. Nous avons également appris que, malgré tous les efforts déployés, la situation de beaucoup de familles s'est détériorée, surtout pour les producteurs de céréales et d'oléagineux.

    La plupart des intervenants aux audiences étaient d'avis que les subventions excessives accordées aux États-Unis et dans les pays de l'Union européenne étaient à l'origine de la crise du revenu actuelle. On nous a également dit que les agriculteurs tentaient de diversifier leurs activités, mais que cela exigeait d'importants investissements et que, dans dans de nombreux cas, les risques augmentaient pour les exploitations qui se trouvaient déjà en difficulté financière. Les intervenants ont insisté sur l'importance d'un programme à long terme qui assure aux producteurs un appui financier suffisant pour maintenir la rentabilité de leur exploitation agricole.

    Ils nous ont dit que le programme ACRA n'a pas été très efficace pour faire face à la crise du revenu. Les marges décroissaient continuellement «à petit feu» au lieu de chuter soudainement, ce qui aurait justifié un remboursement par l'ACRA. Ils nous ont aussi dit que le programme était trop complexe et que les sommes étaient remboursées deux ans après la date d'échéance des factures.

    Le CSRN a été jugé utile mais insuffisant pour remédier aux problèmes financiers actuels. De plus, le programme ne fonctionne pas bien dans le cas des agriculteurs débutants ou dont l'entreprise prend de l'expansion qui ont d'importantes obligations en liquidités et ne sont pas en mesure de préserver les fonds suffisants.

    Les commentaires recueillis à ce moment-là sont toujours pertinents. Bon nombre des difficultés qui nous ont été signalées par les intervenants constituent encore un défi aujourd'hui. Ces problèmes doivent être étudiés par les gouvernements fédéral et provincial en étroite consultation avec les organismes de producteurs et les fermes familiales.

    J'aimerais souligner que la réduction en 1995 des programmes de protection du revenu agricole et l'élimination de la Subvention du Nid-de-Corbeau ont plus durement frappé les Prairies que les autres provinces. Dans mon exposé en octobre 1999 devant ce comité, j'ai indiqué que les Prairies avaient dû subir une réduction de 2 milliards de dollars dans les montants accordés pour la protection du revenu et l'aide en matière de transport pour la période allant de 1987 à 1999, comparativement à une baisse de 300 millions de dollars dans les autres provinces. Au Manitoba, nous avons perdu 350 millions de dollars au cours de cette période, ce qui équivaut à la baisse qu'ont connu toutes les autres provinces.

    Même si certains fonds fédéraux ont été rétablis, ils n'ont pas été distribués en fonction de la réduction subie par les provinces. De fait, l'importance de l'industrie dans les provinces a été le facteur déterminant dans l'attribution des fonds, peu importe les besoins. Les provinces produisant plus de céréales que d'oléagineux ont reçu beaucoup moins d'argent que les provinces à l'extérieur des Prairies, qui fournissent la plupart des produits soumis à la gestion de l'offre.

    Nous savons que le groupe de travail fédéral-provincial vient tout juste de terminer une évaluation des programmes de protection du revenu, pour laquelle il avait été mandaté par les ministres de l'agriculture lors de notre rencontre en juin 2001. Je suis très satisfaite de constater que cette évaluation a été menée à bien, étant donné que j'avais exercé des pressions au nom des producteurs pour que cette évaluation ait lieu afin de déterminer l'efficacité de nos programmes de protection du revenu actuels et d'évaluer dans quelle mesure des règles du jeu équitables existent dans l'ensemble du Canada.

    L'évaluation soutenait que les programmes actuels atteignaient leurs objectifs de façon convenable, mais qu'il existe néanmoins des lacunes et des chevauchements au niveau de leur étendue. Le rapport permettait également de remarquer que la formule d'allocation des fonds fédéraux en matière de protection du revenu favorisait des iniquités dans l'ensemble du Canada.

    L'évaluation a permis de déterminer que les subventions excessives aux États-Unis et en Europe ont grandement contribué à la baisse des cours --une diminution, par exemple, d'environ 1,12 $ par boisseau de blé et de 1,44 $ par boisseau de soya.

¿  +-(0900)  

+-

     Si on examine la situation au Manitoba, la production est d'environ 155 millions de boisseaux de blé par année. La baisse des prix a donc coûté aux producteurs et à l'économie du Manitoba 175 millions de dollars. De plus, la diminution de 1,44 $ par boisseau de soya est comparable à la perte subie pour notre récolte de colza, qui équivaut à une production d'environ 75 millions de boisseaux. Cela représente une perte de 108 millions de dollars au Manitoba pour ces produits seulement. Pour ces deux produits seulement, nos producteurs auraient reçu 283 millions de dollars de plus si d'autres pays n'avaient pas obtenu des subventions excessives. Si on tient compte des produits connexes, les répercussions de ces diminutions sont encore plus importantes.

    Le rapport d'évaluation des programmes de protection du revenu citait plusieurs exemples d'iniquités attribuables à la formule d'allocation actuelle de financement fédéral aux provinces. L'allocation de financement pour la protection du revenu au Manitoba provenant du gouvernement fédéral permet à notre province de subventionner seulement les programmes de base tels que l'assurance-récolte, le CSRN et les avances de fonds pour l'automne. La Saskatchewan se trouve dans une position semblable. Non seulement les autres provinces profitent d'une allocation de financement pour la protection du revenu suffisante pour subventionner leurs programmes de base, mais 40 p. 100 ou plus de ces fonds servent à financer le soutien complémentaire ou des programmes suppplémentaires. Résultat: une telle iniquité a entraîné une couverture plus vaste du programme de protection du revenu pour les producteurs qui se trouvent à l'extérieur du Manitoba et de la Saskatchewan.

    Il est aussi important de souligner que l'évaluation a permis de déterminer que les formules actuelles de partage des frais des programmes de protection du revenu constituent un fardeau considérable pour les provinces dont les secteurs agricoles sont importants, proportionnellement à leur population. Au Manitoba, le coût par habitant et en pourcentage du PIB est de cinq à dix fois plus élevé que celui de la plupart des provinces qui ne font pas partie des Prairies.

    Le gouvernement fédéral a récemment proposé une option unique en matière de protection du revenu, soit un seul et unique programme dicté par les primes et basé sur les marges de bénéfices visant à remplacer les programmes existants. Ce programme global est présenté comme la seule approche réaliste pour répondre aux problèmes soulevés dans l'évaluation effectuée par Ottawa. Le Manitoba est disposé à considérer cette option de programme unique, de même que d'autres options. Cependant, je suis d'avis que nous devons considérer l'option de modifier les programmes existants de manière à résoudre les lacunes, les chevauchements et toutes les questions découlant de l'évaluation, ainsi que les iniquités dans l'ensemble du pays. Les mesures de protection du revenu doivent tenir compte de manière efficace des risques auxquels font face les agriculteurs du Manitoba, y compris les problèmes causés par les conditions météorologiques qui peuvent retarder la production d'une et même de plusieurs années. Mise sur pied il y a plus de 40 ans, l'assurance-récolte a été la composante essentielle dans la stratégie de gestion des risques pour les producteurs agricoles du Manitoba. À preuve, plus de huit millions d'acres sont présentement assurés par ce programme, ce qui représente environ 85 p. 100 des terres labourables de la province.

    Les producteurs de céréales et d'oléagineux ont besoin d'un programme pour les aider à affronter l'impact des subventions offertes au niveau international. Nous nous tournons vers le gouvernement fédéral pour qu'il appuie financièrement les producteurs, dont l'avantage concurrentiel est sapé par les trésoreries des autres nations. Les trésoreries provinciales n'ont tout simplement pas les moyens d'offrir un tel soutien. Cette réalité est particulièrement vraie lorsque le secteur qui connaît les plus importantes anomalies en matière de soutien, soit le secteur des céréales et des oléagineux, est prépondérant dans les provinces dont la population et la base de revenu sont relativement faibles.

    Les programmes doivent également tenir compte du fait que notre industrie se diversifie. Certains agriculteurs ont déjà diversifié leurs activités. Les programmes de protection du revenu ne doivent pas prévoir des mesures incitatives qui privilégient les entreprises à vocation unique au détriment des exploitations agricoles mixtes.

    En bout de ligne ce qui importe, c'est de consulter nos producteurs au cours du processus. Nos agriculteurs doivent avoir leur mot à dire à mesure que des propositions sont soumises.

¿  +-(0905)  

+-

     Je crois que l'un des aspects cruciaux dont le comité permanent doit être entièrement conscient est le déséquilibre fondamental qui existe au niveau des politiques canadiennes en matière d'agriculture. Ce déséquilibre se perçoit par la façon dont un groupe de producteurs spécialisés est traité par rapport aux autres groupes. Il faut souligner que les provinces des Prairies produisent principalement des céréales. Il faut aussi parler d'où proviennent nos recettes et à quel point elles sont protégées. La plupart des produits des provinces de l'Est sont des produits soumis à la gestion de l'offre. Par exemple, environ 6 p. 100 des recettes du commerce agricole des Prairies proviennent de produits soumis à la gestion de l'offre; les autres provinces, elles, reçoivent environ 34 p. 100 de leurs recettes de tels produits. Il faut tenir compte de cela dans l'élaboration de programmes.

    J'ai parlé de cela dans mon mémoire; je ne passerai donc pas en revue tous les commentaires que j'ai faits. Je désire cependant vous dire que notre gouvernement est content de pouvoir participer avec le fédéral et d'autres partenaires à la construction d'un meilleur système de soutien pour nos exploitations familiales et notre industrie. Nous avons pris certaines mesures pour tenter de surmonter les défis, mais nous ne sommes pas en mesure d'accomplir tout le travail tout seul. J'ai souligné dans mon mémoire certaines des mesures déjà prises, pour tenir compte entre autres du vieillisement des agriculteurs et pour inciter les jeunes agriculteurs à se lancer en affaires. À cet égard, nous avons lancé un programme, en collaboration avec notre société de crédit agricole, qui s'appelle Bridging Generations.

    Nous désirons continuer de travailler avec le fédéral pour faire prospérer cette industrie. La question qui nous préoccupe le plus est celle des subventions excessives accordées aux producteurs d'autres pays. Nos producteurs de céréales et d'oléagineux ont du mal à faire face aux défis. Ils sont de bons agriculteurs, ils ont diversifié leurs activités, mais il leur est impossible de soutenir la concurrence sur le marché international en grande partie à cause de ces subventions. Actuellement, ils essaient tant bien que mal d'affronter ce marché. Il faut examiner le montant accordé aux producteurs d'autres pays et celui accordé à nos producteurs.

    En conclusion, je considère que le comité fait face à une tâche monumentale. J'encourage les membres du comité à écouter attentivement aujourd'hui les exposés que feront les membres des exploitations familiales. Je vous conseille aussi de comparer les mémoires qui vous ont été présentés l'année dernière à Ottawa avec les conclusions auxquelles arrivera ce comité.

    Je tiens à vous remercier de m'avoir donnée l'occasion de me présenter devant ce comité et d'être venus dans cette région rurale du Manitoba afin d'entendre des témoignages sur l'importance de cette industrie et des exploitations familiales, ainsi que des points de vue sur les éléments essentiels à la prospérité de notre province. Nous espérons pouvoir continuer de travailler avec vous afin de mettre sur pied les programmes visant à assurer l'avenir de cette industrie.

¿  +-(0910)  

+-

    Le président: Merci beaucoup.

    Howard, je vous laisse maintenant poser quelques questions. Madame la ministre est présente ainsi que ses collègues.

+-

    M. Howard Hilstrom (Selkirk--Interlake, Alliance canadienne): Merci, monsieur le président.

    Certes, les problèmes de l'industrie agricole sont bien connus et ont fait couler beaucoup d'encre depuis 1998. Le défi maintenant, c'est de trouver des solutions. Je crois que les pourparlers de l'Organisations mondiale du commerce sont censés prendre fin en 2005. Il s'agit là de notre espoir de faire diminuer les subventions accordées aux producteurs d'autres pays. Entre-temps, nous devons régler les problèmes actuels dont vous avez fait mention madame la ministre. Le gouvernement du Manitoba a-t-il un plan d'action à nous proposer? Si oui, comporte-t-il une composante relative au coût de production?

    De plus, il semble que la ministre et le fédéral prétendent que nous sommes en train d'élaborer un plan que vous serez obligés de mettre en action. Ma question est la suivante: le Manitoba a-t-il été suffisamment consulté quant au type de plan qu'il désire?

    Pouvez-vous répondre à ces questions?

+-

    Mme Rosann Wowchuk: En ce qui a trait à la question de savoir si nous avons été suffisamment consultés, je vous avoue que nous avons appris la nouvelle de la proposition du fédéral par le journal. On ne nous a jamais demandé notre avis. Ce n'était pas le sujet de nos délibérations à Whitehorse, mais nous avons cependant entamé des discussions. Un comité se penche actuellement sur la question. Je pense que nous devons examiner toutes les options. Des propositions ont été soumises par d'autres provinces. J'ai aussi insisté sur l'importance de l'assurance-récolte que nous ne voulons surtout pas perdre.

    Il ne faut pas oublier non plus que nous comptons deux secteurs : celui des céréales et celui du bétail. Si nous mettons en oeuvre un programme s'adressant à la fois aux deux secteurs, qui en bénéficiera? Les agriculteurs obtiendront-ils de l'argent de l'assurance-récolte dans les plus brefs délais dans le cas de mauvaises récoltes, comme c'était le cas cette année, si nous optons pour un tel programme? Le programme ressemblera-t-il au contraire à l'ACRA, un programme où les agriculteurs doivent attendre presque deux ans avant d'obtenir de l'argent?

    Pour ce qui est du calcul du coût de production, beaucoup de suggestions ont été faites. Le Manitoba n'est pas en mesure à lui seul d'entreprendre un tel projet et je crois qu'il serait difficile et qu'il serait coûteux de le faire nous-mêmes. Il faudra examiner cette question de même que toutes les formes que pourraient prendre les nouveaux programmes de protection du revenu.

+-

    M. Howard Hilstrom: Merci pour vos commentaires.

    Nous savons que les pourparlers sont censés prendre fin en 2005 mais, entre-temps, les agriculteurs doivent faire face à une concurrence déloyale. Nous savons comment les montants des subventions agissent sur la quantité de céréales produite. La formule servant au calcul du montant de financement, qui a été modifiée l'année dernière, réduit le montant que reçoivent le Manitoba et la Saskatchewan. Nous sommes bien conscients de cela.

    A-t-on établi le montant dont auraient besoin le Manitoba et la Saskatchewan? Cela est-il impossible? Combien devons-nous demander de plus au gouvernement fédéral par rapport au montant calculé?

+-

    Mme Rosann Wowchuk: Je ne suis pas en mesure de vous fournir un chiffre exact, mais je sais que nous manquons d'argent. Lorsque la formule de calcul a été modifiée, le montant accordé au Manitoba et à la Saskatchewan est demeuré inchangé. Toutes les autres provinces ont reçu plus d'argent. Tout ce que nous pouvons offrir en ce moment à nos agriculteurs, c'est l'assurance-récolte, tandis que les autres provinces peuvent offrir des programmes complémentaires. La situation dans laquelle nous nous trouvons est très difficile.

    À mesure que les coûts grimpent, particulièrement en ce qui concerne le CSRN, la situation devient encore plus difficile. Nous n'avons qu'une petite somme en réserve, mais les coûts des programmes sont à la hausse. Nous avons du mal à répondre aux besoins de nos producteurs. En fait, nous serons peut-être obligés d'imposer un contingentement, tandis que les autres provinces peuvent offrir des suppléments.

+-

    M. Howard Hilstrom: Je tiens à souligner un dernier point avant que nous passions à autre chose. Je crois que la contribution de dix ministères fédéraux--qui pourrait s'élever à un milliard de dollars--pourrait permettre d'améliorer la situation sans qu'il soit nécessaire d'accorder des subventions directes. Je pense, par exemple, au ministre de la Santé qui est responsable entre autres de l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire. Il existe de nombreux moyens d'améliorer la situation sans avoir recours aux subventions directes.

    Avez-vous fourni une liste des provinces prévoyant peut-être adopter une réglementation relative à l'élevage intensif de bétail, comme c'est le cas en Alberta? On a interdit la présence de porcheries dans la municipalité rurale de St. Laurent, un endroit comme vous le savez qui est très près d'ici, pour ne pas soulever la controverse. La province pourrait peut-être songer à élargir ses exploitations d'élevage pour remédier en partie aux problèmes de revenu.

¿  +-(0915)  

+-

    Mme Rosann Wowchuk: L'industrie du bétail est importante dans notre province, et nous tentons de trouver des moyens d'alléger les défis au sein de la municipalité. Vous avez parlé des secteurs où le fédéral pourrait nous venir en aide. Je pense qu'il faut tout d'abord déterminé les sphères d'activité où le fédéral s'est déchargé de ses responsabilités. Le fédéral a refilé une bonne partie des dépenses aux provinces, coûts que nous sommes dans l'impossibilité d'assumer. La question des pesticides en est une de grande importance. Nous travaillons de près avec nos collègues américains pour régler certains problèmes. Le gouvernement fédéral s'est chargé de ce dossier.

¿  +-(0920)  

+-

    M. Howard Hilstrom: Merci, monsieur le président.

+-

    Le président: Merci, Howard.

    Monsieur Desrochers.

[Français]

+-

    M. Odina Desrochers (Lotbinière--L'Érable, BQ): Merci, monsieur le président.

    Madame la ministre, j'ai écouté votre présentation avec beaucoup d'attention. Il semblerait que vous soyez très mal à l'aise face à la tentative du gouvernement fédéral de faire des programmes de stabilisation du revenu avec des normes nationales qui ne tiennent pas compte des dispositions régionales pour les régions comme la vôtre. Alors, au lieu de faire un programme dont les normes sont les mêmes d'un océan à l'autre, pensez-vous que le gouvernement devrait prendre le temps d'examiner le côté très spécifique de vos besoins au Manitoba, compte tenu du profil agricole de votre province?

[Traduction]

+-

    Mme Rosann Wowchuk: Merci.

    Ce que nous avons dit, c'est que nous voulons participer avec le gouvernement fédéral à l'élaboration de programmes et de normes nationales. Il faut que ces programmes soient souples afin de tenir compte des différences d'une région à l'autre. Nous voulons aussi que le gouvernement fédéral soit conscient des effets néfastes pour le Canada des subventions accordées aux producteurs d'autres pays, qui sont encore plus graves dans le cas des producteurs de céréales et d'oléagineux des Prairies que pour ceux des autres régions.

[Français]

+-

    M. Odina Desrochers: Est-ce que vous considérez présentement que le gouvernement fédéral vous donne cette souplesse que vous souhaitez pour pouvoir appliquer les programmes actuels?

    Est-ce que vous croyez, madame la ministre, que le gouvernement fédéral vous donne actuellement la souplesse que vous souhaitez pour pouvoir appliquer des programmes qui correspondent véritablement au contexte actuel dans votre province?

[Traduction]

+-

    Mme Rosann Wowchuk: Nous croyons que les programmes actuels sont souples. Nous sommes prêts à travailler, nous manquons tout simplement de ressources. Il y a aussi la question de latitude. Les autres provinces peuvent se permettre de financer des programmes complémentaires. Nous, ce dont nous avons besoin, c'est la souplesse en plus des fonds pour nous permettre d'appuyer nos producteurs.

[Français]

+-

    M. Odina Desrochers: Madame la ministre, j'en suis à ma première visite dans votre province. Est-ce que vous avez ce que l'on appelle une agriculture axée sur la ferme familiale, la petite ferme, ou si, comme au Québec, on assiste à la montée d'une agriculture plus industrielle? Si c'est le cas et que vous avez une agriculture plus industrielle, est-ce que la montée de cette agriculture se fait en conformité des besoins de la communauté rurale?

[Traduction]

+-

    Mme Rosann Wowchuk: Je crois que le Manitoba pourrait tout comme les autres provinces faire grossir ses petites exploitations. Au Manitoba, on trouve de petites, de moyennes et de grandes exploitations agricoles, et nous tenons aux exploitations familiales. C'est pourquoi nous avons décidé de lancer le programme Bridging Generations, un programme visant le transfert de terres d'une génération à une autre en vue d'assurer la rentabilité des petites exploitations familiales.

+-

     Nous venons en aide aux petites fermes familiales par l'entremise de divers programmes, offerts d'ailleurs à tous les agriculteurs. Tout comme dans les autres provinces cependant, les exploitations prennent de l'expansion.

¿  +-(0925)  

[Français]

+-

    M. Odina Desrochers: Est-ce que j'ai encore du temps? C'est tout? Merci.

[Traduction]

+-

    Le président: C'est à vous, Dick.

+-

    M. Dick Proctor: (Palliser, NPD): Merci, monsieur le président.

    Merci pour vos commentaires, madame la ministre. Ce qui m'a le plus frappé dans votre exposé écrit, c'est la section traitant des programmes de protection du revenu où vous dites que le Manitoba et la Saskatchewan ne disposent que de l'assurance-récolte, du CSRN et du programme d'avances de fonds pour venir en aide aux agriculteurs. Ma question est la suivante : comment le gouvernement fédéral réagit-il face à une telle situation? Admet-il du moins que ces provinces ne sont pas traitées de façon équitable? Y a-t-il un espoir pour qu'il remédie à la situation?

+-

    Mme Rosann Wowchuk: Pour en venir à la formule de calcul actuelle, de nombreuses négociations ont eu lieu entre les provinces. Huit ont voté en faveur de la nouvelle formule et deux contre. Les provinces qui s'y opposaient étaient celles qui étaient désavantagées par la formule. Nous continuons de soulever la question auprès du gouvernement fédéral.

    Nous avons signé l'entente sur la protection du revenu à la condition que la formule fasse l'objet d'une révision avant la prochaine série de négociations. Vous voyez, le montant accordé au Manitoba et à la Saskatchewan n’a pas changé et, si la formule avait été employée, notre montant aurait diminué. Nous avons déjà assez de mal à fournir une aide financière à nos agriculteurs.

    Le gouvernement est bien au courant de la situation et nous devons continuer d'insister sur l’importance de cette industrie. Nous devons sensibiliser la population aux risques que courent les agriculteurs. Les risques sont plus grands dans le secteur de la production de céréales que dans celui des produits soumis à la gestion de l’offre.

    Voilà les défis auxquels nous faisons face. Il est à espérer que le comité prendra nos préoccupations au sérieux et qu'il les soumettra au gouvernement fédéral afin que la formule de calcul soit modifiée et qu'elle soit plus équitable.

+-

    M. Dick Proctor: Mon autre question se rapporte à l’augmentation des subventions aux États-Unis, visant peut-être le marché des légumineuses. Je me demande si nous nous occupons véritablement du problème. Pendant que l'on continue d’offrir ou d’accroître le soutien financier accordé aux agriculteurs, nous savons que le gouvernement américain s'apprête à accorder des milliards de dollars de plus en subventions selon les prévisions, mettant ainsi le gagne-pain de nos agriculteurs en péril, tandis que nous attendons que les négociations de l’OMC permettent de réduire les subventions.

+-

    Mme Rosann Wowchuk: Absolument et, compte tenu du montant de subventions envisagé dans les modifications de la loi agricole américaine, il y a lieu de s’inquiéter. Si les Américains décident de subventionner le marché des légumineuses ce sera catastrophique pour nous.

    J'ignore si le comité sait que le Manitoba est le plus important producteur de haricots au Canada. L’importance de notre industrie est impressionnante. Nous sommes aussi le deuxième producteur de pommes de terre. Nous avons diversifié nos activités mais, si les Américains vont de l’avant en subventionnant le marché des légumineuses, l’industrie canadienne risque de péricliter.

+-

    Le président: Merci, Dick.

    C’est à vous, Rick.

+-

    M. Rick Borotsik (Brandon--Souris, PC/RD): Merci, monsieur le président.

    Merci, madame la ministre. J'ai trouvé votre exposé très intéressant. Nous avons entendu les opinions de nombreux intervenants sur la question des subventions.

    Vous avez cependant fait valoir un point important--et vous venez d'en reparler--en ce qui a trait au fait que le Manitoba et la Saskatchewan produisent principalement des céréales et des oléagineux par rapport au marché des produits soumis à la gestion de l’offre. Le thème de cette réunion est le rôle du gouvernement en matière d’agriculture. Croyez-vous qu'une plus forte proportion de produits soumis à la gestion de l’offre devrait provenir du Manitoba et de la Saskatchewan au lieu d’autres provinces, comme c’est le cas actuellement?

+-

     Il s’agit là d’une question bien difficile.

¿  +-(0930)  

+-

    Mme Rosann Wowchuk: Ce n'est pas si difficile, Rick, pardon, monsieur Borotsik.

    Nous cherchons toujours des moyens de nous lancer dans la production de produits à peu de risques pour les producteurs. Il faut aussi souligner que, lorsque la Subvention du Nid-de-Corbeau a changé, d’autres conditions sont demeurées les mêmes. Il faut donc prendre en compte tous les facteurs.

    Nous savons que notre coût de production de certains produits a diminué en raison de la modification de la Subvention du Nid-de-Corbeau. Nous devons essayé de voir comment nous pouvons profiter de cette situation pour offrir plus de possibilités aux producteurs et diminuer leurs risques. Nos producteurs cherchent à offrir des produits à valeur ajoutée et, s’ils pouvaient en produire davantage à moindre risque, ils le feraient.

+-

    M. Rick Borotsik: Faites-vous valoir ce point de vue au gouvernement fédéral? Voulez-vous que le fédéral examine les formules de calcul actuelles par rapport à la question des produits soumis à la gestion de l’offre? Cette question a-t-elle été abordée à la table des négociations?

+-

    Mme Rosann Wowchuk: Oui, la question a été soulevée. Lorsqu’on regarde la situation dans son ensemble et les moyens permettant de diminuer les risques--

+-

    M. Rick Borotsik: Exactement.

+-

    Mme Rosann Wowchuk: Oui, la question a été soulevée, et d'autres fonds nous ont été attribués dans certains secteurs, dont celui de l’élevage de volailles.

+-

    M. Rick Borotsik: Merci de votre réponse.

    J'ai une autre question.

    Vous avez aussi fait mention d’un programme appelé Bridging Generations offert par l’entremise de la Société du crédit agricole du Manitoba. Je ne connais pas bien ce programme, mais je crois qu’il traite d’une question fondamentale, plus importante encore que la protection du revenu. Nous savons que les subventions rendent la vie dure aux agriculteurs et nous avons pris certaines mesures pour remédier à la situation. Pensez-vous que la Société du crédit agricole du Manitoba devrait travailler plus étroitement avec la Société du crédit agricole Canada? Envisagez-vous, madame la ministre, des changements à la politique fiscale ou à la politique financière qui pourraient être mis en oeuvre maintenant pour inciter les jeunes agriculteurs à se lancer en affaires? Ou bien la Société du crédit agricole du Manitoba devrait-elle se fusionner avec la Société de crédit agricole Canada?

+-

    Mme Rosann Wowchuk: Nous collaborons avec la Société du crédit agricole Canada et nous avons déjà discuté de ce programme. Il s'agit d'un programme unique offert en collaboration avec la Société du crédit agricole du Manitoba. La société nous aide à financer les dépenses relatives au transfert de terres d'une génération à une autre. Il ne s'agit pas tout simplement d'une entente avec les banques. Il s'agit d'un partenariat entre la personne cédant ses terres et celle qui les achète, et ces personnes s'entendent sur le taux d'intérêt à payer. Le programme permet aussi à l'acheteur de louer une partie des terres. Ce programme, que je considère comme excellent, comporte plusieurs volets. Et oui, la Société du crédit agricole Canada et la Société du crédit agricole du Manitoba ont discuté de la question.

    Mais voulez-vous dire qu'elles devraient fusionner? Il s'agit d'une question de compétence fédérale et non provinciale.

+-

    M. Rick Borotsik: C'était un élément de ma question.

    Existe-t-il une autre politique pouvant être mise en oeuvre?

+-

    Le président: Il faut céder la parole à quelqu'un d'autre.

    C'est à vous, madame Ur.

+-

    Mme Rose-Marie Ur (Lambton--Kent--Middlesex, Lib.): Merci, monsieur le président.

    Moi aussi, je tiens à vous remercier, madame Wowchuk, pour votre exposé. C'est merveilleux de vous voir défendre les intérêts des gens du Manitoba tout comme vous le faites à Ottawa.

    Je vais tout d'abord faire un commentaire positif. Je suis ravie que Grain Growers of Canada, un organisme se portant à la défense des intérêts des producteurs de céréales et d'oléagineux, ait été créé. Avant sa formation, les producteurs n'étaient assez bien représentés à Ottawa. Il s'agit d'un pas dans la bonne direction pour les producteurs de céréales.

    Le point auquel je veux en venir, c'est que nous entendons beaucoup parlé des subventions accordées aux États-Unis, et il s'agit en effet de l'un des obstacles les plus importants auxquels les producteurs canadiens doivent faire face. Mais, je n'ai jamais entendu parler de ministres qui défendaient la cause des agriculteurs canadiens devant l'OMC ou d'autres instances.

+-

     Si vous y étiez, que diriez-vous à l'UE? Que diriez-vous aux États-Unis au sujet des subventions? Comment prévoyez-vous vous prononcer plus clairement et plus précisément de sorte que des mesures relatives aux taux de subventions des fermiers soient prises?

¿  +-(0935)  

+-

    Mme Rosann Wowchuk: Je leur dirais que des règles écrites que nous avons tous acceptées existent, et que le niveau de subvention est censé diminuer. Le Canada a réduit les subventions, en bonne foi, en croyant que les autres agiraient de la même façon et qu'ils répondraient aux exigences en vertu de l'accord commercial. Si vous avez des accords commerciaux, ils n'ont aucune valeur si un seul parti respecte les règles. Les négociateurs font une chose, tandis que le gouvernement fait autre chose. La pression est forte dans diverses régions. Je leur demanderais donc de simplement respecter les règles. Je crois que le Canada doit adopter une position ferme et réaliser que d'autres pays réduisent leurs subventions, ou encore il doit mettre en oeuvre un programme de protection du revenu pour protéger adéquatement nos producteurs dans cet environnement.

+-

    Mme Rose-Marie Ur: En gros, ces questions ont été posées lorsque nous avons rencontré différents fonctionnaires à Ottawa. Ils ont affirmé par le passé que les producteurs se situaient dans la catégorie jaune ou verte. Ils nient toujours qu'ils vivent à l'extérieur de ces catégories. Je ne suis pas certaine si cette affirmation est vraie ou fausse.

    Dans une autre partie de votre exposé, vous avez mentionné qu'il y a un déséquilibre dans les politiques agricoles du Canada. J'ai peut-être mal interprété ce que vous avez dit. Pensez-vous vraiment que l'initiative du gouvernement consiste à dire à une province qu'elle devrait intensifier la gestion de l'offre ou la production de céréales et d'oléagineux? C'est bien ce que vous avez dit? Vous dites qu'il y a un déséquilibre, car certaines provinces disposent d'une meilleure gestion de l'offre que d'autres et que, étant donné que le Manitoba ne se situe pas dans cette catégorie, cette province est pénalisée. Vous n'étiez pas tout à fait claire dans votre exposé.

+-

    Mme Rosann Wowchuk: Je soulignais simplement le fait que certaines régions bénéficient plus de la gestion de l'offre que d'autres et, par conséquent, sont moins exposées aux risques. Nous avons moins de gestion de l'offre, donc nous sommes plus exposés aux risques. Nous devons établir un programme qui protégera nos producteurs de ces risques. Je dois toutefois indiquer le déséquilibre au niveau des coûts pour les personnes qui vivent dans une province où la gestion de l'offre est moins importante et où il y a moins d'habitants, ainsi que les surplus quelles doivent payer.

    En ce qui concerne votre commentaire antérieur à propos des négociations, nous devons nous rappeler que le Canada est allé au-delà de ce qui était nécessaire pour éliminer le soutien aux producteurs. Le gouvernement canadien a éliminé bien plus que cela aux négociations du commerce mondial. S'il avait éliminé moins d'éléments, il aurait pu avoir un peu plus de pouvoir de négociation.

+-

    Mme Rose-Marie Ur: J'aimerais poser une brève question. Lors de la présentation sur la vision de l'agriculture, étiez-vous à Toronto en janvier?

    Mme Rosann Wowchuk: Oui.

    Mme Rose-Marie Ur: Quel est votre point de vue sur cette question?

+-

    Mme Rosann Wowchuk: Il s'agit d'une vision. C'est une perspective qui nous permet de travailler ensemble afin de rassembler tous les aspects nécessaires à l'amélioration de l'agriculture au Canada. Je crois que l'énoncé des perspectives d'avenir est très bien, mais nous devons maintenant trouver des mesures concrètes. L'énoncé comporte plusieurs aspects, mais l'un des aspects les plus importants pour nous est le programme de protection du revenu. Si vous ne présentez pas la section sur le programme de protection du revenu et que vous offrez cette protection, vous trouverez les autres aspects un peu plus difficiles. Toutes les questions sont importantes. J'ai signé et j'appuie l'entente cadre conclue à Whitehorse, et je veux continuer à l'améliorer en comprenant les producteurs et en leur offrant la meilleure protection possible.

+-

    Mme Rose-Marie Ur: Merci, madame la ministre.

+-

    Le président: Merci.

    Monsieur Anderson.

¿  +-(0940)  

+-

    M. David Anderson (Cypress Hills--Grasslands, Alliance canadienne): J'aimerais poser une brève question. Il y a un an et demi, j'étais producteur. Au fur et à mesure que ce programme s'est développé, de nombreuses questions me sont venues à l'idée. Je crois qu'il sera très cher pour les fermiers.

    Je veux revenir à l'assurance-récolte. Je connais bien le programme de la Saskatchewan. Savez-vous ce que sera le coût si vous ajoutez un élément des prix ainsi qu'un élément de production au Programme d'assurance-récolte du Manitoba? Combien cela vous coûtera-t-il pour l'offrir efficacement aux producteurs?

+-

    Mme Rosann Wowchuk: Oui, nous avons fait des calculs. Nous présumons que le coût serait deux fois plus élevé qu'il l'est maintenant.

+-

    M. David Anderson: Je me demande pourquoi les gouvernements n'ont pas traité cette question avec plus de rigueur, car il s'agit d'une solution évidente à un problème. On peut régler une partie du problème au moyen d'un programme de protection du revenu en donnant aux personnes le choix d'acheter des assurances.

+-

    Mme Rosann Wowchuk: C'est pourquoi il faut toujours considérer l'assurance-récolte comme un moyen que nous pouvons utiliser et qu'il faut examiner les options que nous pouvons offrir aux producteurs. Les producteurs ont dit qu'ils verseraient une plus grande somme pour obtenir une meilleure protection. C'est pourquoi nous voulons que l'assurance-récolte soit examinée de plus près, car elle pourrait nous permettre d'offrir une plus grande protection aux producteurs.

+-

    M. David Anderson: Il y a une autre question que vous n'avez pas soulevée aujourd'hui. En Saskatchewan, le MPO s'est déclaré roi des zones d'aménagement. Je me demande si vous avez des questions au sujet de son programme et de ce qu'il fait au Manitoba. D'autres provinces suggèrent au ministère de retourner à la côte et je me demande ce que vous lui proposez.

+-

    Mme Rosann Wowchuk: Lorsque les fonctionnaires du ministère sont venus au Manitoba, ils ont suscité beaucoup d'inquiétude à propos des impacts qu'ils auraient sur la province. Ils ont laissé venir les gens et sont maintenant un peu plus disposés à discuter avec les éleveurs de bovins et avec d'autres personnes pour voir comment nous pouvons travailler ensemble. Mais certaines questions nécessitent une attention particulière.

    Si j'avais un peu plus de temps, je vous expliquerais la situation actuelle dans ma circonscription. La municipalité doit verser une somme d'argent considérable pour apporter des changements à un cours d'eau. Les gens ne considèrent pas cette question comme importante. Il y a donc une tension qui entoure cette question, mais les gens trouveront une solution. Nous admettrons toutes les possibilités, mais certaines questions ont été soulevées en ce qui concerne les fossés dans lesquels les poissons ne nagent plus et la responsabilité présumée du MPO; donc, on sent la frustration qui s'installe.

    M. David Anderson: Merci.

+-

    Le président: Merci, monsieur Anderson et madame la ministre.

    Nous avons pris un peu plus de temps que prévu, mais votre exposé a été bien reçu. Je crois que notre comité commence à mieux comprendre la diversité de l'agriculture, c'est-à-dire les différents secteurs. Bien sûr, les céréales et les oléagineux sont les secteurs les plus importants pour le moment.

    Pouvez-vous m'indiquer, compte tenu de l'auditoire, combien de personnes représentent les céréales et les oléagineux? Pouvez-vous lever la main? Vous êtes nombreux.

    Madame la ministre, si cela est possible, nous aimerions que vous restiez avec nous un peu plus longtemps. Je sais que vous avez un horaire chargé, mais si vous voulez vous asseoir avec Mme Ur à la table, vous êtes la bienvenue.

    Examinons maintenant les différents producteurs. Avancez à la table, s'il vous plaît. Réservons une partie de la table au groupe Manitoba Chicken Producers, au groupe Manitoba Milk Producers, au Manitoba Pork Council, au groupe Nu Gen Ag Ventures, à la Canadian Cooperative Association, à la Manitoba Cattlemen Association, à la Fédération canadienne du mouton, à la Animal Nutrition Association et à la South Interlake Agricultural Society.

+-

     Pour cette partie de la réunion, nous n'avons attribué que cinq minutes à chaque exposé. Étant le président, je dois être strict sur ce point. Vous pouvez cependant prendre moins de temps. En fait, ce serait mieux, mais nous voulons nous assurer que tous les secteurs représentés ont cinq minutes pour leur exposé.

    Premièrement, je cède la parole à M. Fred Homann, directeur général du groupe Manitoba Chicken Producers.

    Monsieur Homann, vous avez cinq minutes.

¿  +-(0945)  

+-

    M. Fred Homann, (directeur général, Manitoba Chicken Producers): Bonjour, mesdames et messieurs. Mon intention, ce matin, est de vous donner une meilleure perspective de la façon dont la gestion de l'offre s'inscrit dans l'ensemble de la situation agricole qui a déjà été abordée ce matin dans l'exposé de la ministre.

    Notre entreprise oeuvre dans le domaine des poulets à griller, et nous nous occupons de la gestion de l'offre de cinq marchandises au Manitoba. Je représente 124 producteurs, qui produisent l'équivalent de 57 millions de dollars en recettes brutes chaque année. Nous produisons 26 millions de poulets chaque année. Nous faisons partie du système national qui comporte 2 800 producteurs et 1,4 millions de dollars en recettes et qui produit environ 630 millions de poulets chaque année, selon la demande des consommateurs nationaux. Par exemple, le Manitoba a doublé sa production au cours des dix dernières années et je crois que c'est la même chose partout dans le reste du pays.

    Notre industrie est gérée par les producteurs, en collaboration avec les parties intéressées de l'industrie. Nous sommes responsables de l'établissement d'une gestion de l'offre équilibrée et de prix-producteur acceptables. Nous sommes financièrement indépendants. Mon budget est fondé sur les prélèvements fiscaux des producteurs, à partir desquels nous exploitons notre Bureau national à Ottawa, Les Producteurs de poulet du Canada.

    Nous fonctionnons en vertu de l'accord fédéral-provincial. L'année dernière, il a été signé par les dix provinces et les ministres fédéral et provinciaux. Je ne m'inquiète pas des questions provinciales et nationales de cet accord, car nous pouvons exploiter nos entreprises en fonction de cet accord. Il assure la stabilité de toutes les parties intéressées; l'approvisionnement constant en poulets; la qualité continue des produits vendus aux consommateurs; un revenu juste aux producteurs; et, ce que nous oublions souvent dans ces collectivités qui bénéficient d'une gestion de l'offre, de fortes collectivités locales.

    Oui, nous sommes un exemple à suivre, et vous vous demandez peut-être pourquoi je suis ici. Je veux discuter des questions commerciales qui ont déjà été soulevées dans l'exposé de la ministre. Les négociations commerciales ont commencé récemment à Doha, au Qatar, et ont soulevé des questions relatives à la politique alimentaire intérieure et aux valeurs mobilières indigènes. Les négociateurs commerciaux ont besoin d'une indication claire du gouvernement fédéral pour défendre vigoureusement la gestion de l'offre et d'autres initiatives commerciales. Je vais en nommer cinq et donner quelques exemples des différences entre le Canada et d'autres pays.

    Premièrement, il doit y avoir un soutien interne équitable entre les pays. Par exemple, dans le cadre des programmes d'aide à l'agriculture des États-Unis, le blé coûte moins de 35 $ la tonne, comparativement à 26 $ au Canada. Toutefois, les États-Unis continueront de nous intimider au niveau des importations agricoles. Ils continueront de prendre des mesures comme, par exemple, leur récente réunion qui portait sur le marquage du pays d'origine sur le boeuf. Nous approuvons l'élimination des subventions aux exportations, que ce soit des céréales ou du bétail.

+-

     Troisièmement, les mesures commerciales devraient être fondées sur les principes scientifiques objectifs, et non sur les caprices des inspecteurs des douanes, ce qui se produit parfois.

    Quatrièmement, nous avons un accord zéro-zéro sur le taux de droit applicable dans la limite du contingent. Par exemple, pour ce qui est du poulet au Canada, nous permettons 7,5 p. 100 des importations au Canada, en plus des demandes supplémentaires et de la Liste de marchandises d'importation contrôlée, à laquelle la règle de 13 p. 100 s'applique. Les États-Unis ne permettent que 3 p. 100 des importations et l'Europe, 1 p. 100. Plusieurs pays appliquent les tarifs aux éléments contingentés. Par exemple, l'Australie prétend pouvoir importer tout le poulet qu'elle veut. Elle affiche ensuite une indication selon laquelle il faut le cuire à 143 degrés Celsius pendant 72 minutes--je ne pense pas que vous le mangeriez à ce moment-là.

    Cinquièmement, il faut considérer la gestion du contingent d'extra des tarifs au niveau actuel. Il s'agit probablement de la question la plus importante, c'est-à-dire le fondement de notre industrie. L'idée que seule la gestion de l'offre s'applique est fausse. Ce n'est pas le cas. Le Canada, au total, en a 27, les États-Unis, je crois, en ont 53 et, à l'échelle mondiale, on en compte plus de 1 340. Pourquoi? Nous avons besoin de prévisibilité au niveau des importations, car il s'agit de l'un des principes de l'OMC. Les règles doivent être claires, exécutoires et transparentes.

    Pour terminer, les consommateurs du Canada achètent leurs aliments avec moins de 10 p. 100 de leur revenu brut. En fait, je crois que le 7 février était la journée Food-Free. Elle a eu lieu bien avant le premier jour libre de taxes, qui est à la fin juin. Il faut établir des politiques sur le soutien interne qui assurent un soutien équilibré au niveau du secteur du grain et du secteur de l'élevage. Pour produire du bétail en santé au Manitoba, y compris du poulet, il faut également avoir un secteur du grain solide.

    Merci.

¿  +-(0950)  

+-

    Le président: Merci.

    Maintenant, je cède la parole à M. Swan du groupe Manitoba Milk Producers.

+-

    M. William Swan (président, Manitoba Milk Producers): Merci, monsieur le président. Je suis heureux d'être ici et d'avoir l'occasion de me faire entendre aujourd'hui.

    En guise de survol rapide, il y a au Manitoba 600 éleveurs de bovins laitiers qui génèrent 170 millions de dollars. Sur le plan national, il s'agit de 19 000 exploitants de ferme laitière et de 4 milliards de dollars, soit 9 milliards de dollars au niveau de la vente au détail.

    J'aimerais expliquer une brève affirmation et ensuite discuter de deux ou trois questions que nous considérons comme importantes aujourd'hui.

    Étant donné la concentration nationale et la mondialisation de l'agriculture, la transformation et la distribution des aliments, le gouvernement joue un rôle important dans ce secteur. L'importance du secteur de l'agriculture et de l'agroalimentaire dans l'économie du Canada est énorme. Le Canada ne devrait jamais faire confiance aux autres pays, de quelque façon que ce soit, pour ce qui est de la sécurité alimentaire. Une industrie agricole intérieure solide, qui utilise des moyens d'exportations stratégiques, continuera d'assurer une économie intérieure solide et une balance commerciale positive. Le gouvernement doit participer aux secteurs d'activités suivants.

    Le gouvernement doit fournir aux producteurs agricoles les outils nécessaires pour assurer un développement agricole durable. Précisément, on aura besoin de politiques à long terme qui encouragent les cultures agricoles et l'élevage. Ces politiques doivent comprendre la diversification des cultures et des animaux, le développement végétatif, le développement du système d'élevage, la régularisation des eaux, la gestion de l'environnement et l'adaptation à la technologie.

    Deuxièmement, le gouvernement doit apporter les changements nécessaires aux dispositions législatives pour s'assurer que ce secteur est capable de s'adapter aux nouvelles possibilités du marché.

    Troisièmement, le gouvernement doit négocier des accords commerciaux profitables fondés sur des règles, particulièrement en vertu de l'Organisation mondiale du commerce. Les résultats des discussions de l'Uruguay Round étaient défavorables aux producteurs. Le marché n'était pas avantageux pour les fermiers. Par contre, il l'était pour les négociateurs. La croissance du commerce des produits agricoles n'apportait pas suffisamment de profits aux producteurs primaires. Au cours des cinq dernières années, les prix ont presque été désastreux pour la plupart des produits agricoles, et peu d'exportations à valeur ajoutée reviennent aux fermiers. Les accords commerciaux ultérieurs devront comprendre des règles applicables en ce qui concerne l'accès aux marchés, la gestion des limites du contingent, l'élimination des subventions à l'exportation et les limites des subventions aux industries locales.

    Quatrièmement, le gouvernement doit continuer de soutenir la gestion de l'offre intérieure sous forme de prix administrés, de gestion de la limite du contingent et de système de gestion de production intérieure fondé sur les contingents. Il s'agit des trois piliers de la gestion de l'offre. Le système doit comprendre ces trois piliers pour fonctionner correctement.

    Cinquièmement, le gouvernement doit fournir un soutien scientifique aux recherches agricoles.

    Sixièmement, le gouvernement doit offrir un programme de protection du revenu aux producteurs lorsque le besoin s'en fait sentir.

    J'aimerais me concentrer sur quelques points clés qui sont sur l'écran radar aujourd'hui.

+-

     Depuis le 11 septembre, la sécurité alimentaire est devenue une question importante. Nous négocions maintenant au niveau national et provincial avec l'ACIA, mais plusieurs de ces coûts seront attribués aux producteurs. C'est évidemment un problème et je crois que les consommateurs, et non les producteurs, devraient payer une partie de ces coûts.

    Depuis le drame de Walkerton, l'environnement a certainement un impact important sur l'agriculture. Certaines fermes près de Walkerton ont été identifiées comme étant une cause du problème, et nous devons nous assurer que les producteurs ont les ressources nécessaires pour faire face à la musique.

    M. Homann et moi avons parlé un peu du nouvel accord commercial. Nous ne voulons pas choisir certains produits plutôt que d'autres. La gestion de l'offre est très importante pour les Canadiens. Je crois que les Américains prennent les plus grandes mesures protectionnistes possibles -- dans l'industrie laitière. Mais nous n'avons pas accès au marché américain. Nous continuons donc de parler du libre-échange, mais cela ne se produit certainement pas entre le Canada et les États-Unis au niveau de l'industrie laitière.

    Je crois que je vais m'arrêter ici. Je pourrais peut-être aborder d'autres questions. Je ne veux pas me répéter.

¿  +-(0955)  

+-

    Le président: Je cède maintenant la parole à M. Hacault du Manitoba Pork Council.

+-

    M. Marcel Hacault (président, Manitoba Pork Council): Je vais commencer par dire quelques mots en français pour les membres bilingues du comité.

[Français]

    Bonjour, je m'appelle Marcel Hacault. Bienvenue au Manitoba. J'espère que les membres du comité qui sont arrivés hier ont eu le temps d'aller au Festival du Voyageur.

    Je suis le président du Manitoba Pork Council qui représente environ 1 500 membres. La présentation, que j'ai moi-même préparée, tient compte des commentaires des membres de l'exécutif. Il y avait un petit peu d'incertitude quant aux attentes de votre comité, alors, je vous fais part de la direction de notre industrie et de ce qu'on attend du gouvernement dans le futur.

[Traduction]

    Je vais maintenant passer à l'anglais.

    Mon exposé sera disponible plus tard, donc je vais continuer pour gagner du temps.

    Les vrais défis qui se poseront à l'industrie sont l'opposition idéologique à la grande culture, la capacité de produire et d'évoluer; la question des frontières ouvertes2--l'accès aux marchés, la fluctuation des prix et la gestion des risques, la gestion des soins thérapeutiques, la surveillance et le contrôle; les pressions pour la défense des animaux; et les ressources humaines.

    Les tendances que je prévois dans notre industrie sont des exploitations agricoles qui sont probablement plus diversifiées dans l'ensemble, mais plus spécialisées individuellement. Par exemple, une grande ferme aura un gestionnaire responsable de la production porcine et un autre responsable des cultures agricoles, mais ils feront tous partie d'une seule ferme. Il y aura également plus de produits spécialisés. La tendance semble favoriser la production en trois étapes, plutôt que le naissage-engraissage.

    Une autre tendance qui se dessine touche la traçabilité des produits au niveau de la ferme; la chaîne de production, où des groupes de fermiers se rassemblent; et les contrats de prix et de production. Des systèmes de gestion environnementale interviennent. Je prévois également que l'autoréglementation de l'industrie jouera un rôle dominant.

    En tant que cadre supérieur de l'administration publique--le gouvernement fédéral--je veux accroître l'infrastructure de base au niveau local: les routes, l'eau, l'électricité et le gaz naturel; activer les exportations, en concluant des pactes commerciaux et en réglant les différends commerciaux; promouvoir et gérer l'accès aux marchés et aux fournisseurs nouveaux et existants; maintenir les protocoles pour la biosécurité; établir des mesures avancées relatives aux maladies animales d'origine étrangère et des politiques connexes entre les partenaires commerciaux; consigner et promouvoir le programme d'assurance de la qualité; et appuyer les recherches sur les soins des animaux, la sécurité alimentaire et l'environnement. Enfin, il importe de créer, de concert avec les fermiers et les gouvernements provinciaux, des programmes de gestion de la production et des risques qui ne sont pas assujettis aux sanctions compensatoires ou commerciales.

    Voici donc mes recommandations: prendre des mesures incitatives de la SCA pour assurer la diversification des opérations d'élevage; intensifier les recherches sur les questions relatives aux maladies des récoltes pour permettre l'alimentation de ces récoltes au Manitoba, par exemple, la vomitoxine; assurer et rationaliser l'accès à la frontière et le croisement des porcins et des porcs--c'est-à-dire de la viande--et des céréales; éliminer les exercices de recouvrement des coûts sur les frais d'inspection à la frontière; observer intégralement l'argent de l'infrastructure municipale, ainsi que l'acceptation des bétails; accroître les engagements et le soutien du gouvernement fédéral pour garder le Canada exempt de maladie; et, en collaboration avec des groupes de producteurs, établir et gérer une base de données des producteurs pour les cas de maladie.

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     Nous partageons l'objectif du gouvernement qui consiste à accroître la compétitivité de l'agriculture. Notre industrie ne doit pas être défavorisée par des accords internationaux, tels que le Protocole de Kyoto, et doit s'assurer que les règlements traitent des risques réels et des domaines particuliers des risques.

    Le secteur porcin canadien est au premier rang des industries au niveau de la sécurité alimentaire et de la protection de l'environnement, et ce grâce au programme d'assurance de la qualité du Canada et aux travaux menés en collaboration avec le Canadian Pork Council pour établir un système normalisé de gestion de l'environnement destiné aux fermes porcines canadiennes.

    Les nouvelles politiques doivent être conformes aux règles du GATT, ou ne doivent pas être assujetties aux droits compensateurs, étant donné la dépendance de notre industrie face au commerce. Nous devons également être conscients de l'état de nos concurrents mondiaux, au niveau des règlements et des systèmes de soutien interne.

    Le secteur porcin offre plusieurs possibilités visant à renforcer le tissu rural du Manitoba. Nous ne demandons que l'accès aux marchés et la capacité de fournir les produits que nos clients demandent. Au moyen d'une structure réglementaire stable, notre industrie travaillera avec le gouvernement, avec d'autres partenaires industriels et avec les collectivités rurales pour offrir des aliments canadiens de qualité à l'échelle mondiale, et ce en protégeant l'environnement naturel et la qualité de vie des Canadiens qui demeurent en milieu rural.

    Vous pouvez me rencontrer individuellement ou vous adresser aux producteurs si vous le désirez; sur ce, je vous remercie beaucoup du temps que vous avez consacré à mon exposé.

À  +-(1000)  

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    Le président: Merci, monsieur Hacault.

    Je cède maintenant la parole à M. Yuill du groupe Nu Gen Ag Ventures.

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    M. Ken Yuill, (président, Nu Gen Ag Ventures Inc.): Merci, monsieur le président. Nous avons mis à la disposition du comité un exemplaire d'une nouvelle brochure et les quatre pages que nous avons ici--quelqu'un de votre organis ation en a un exemplaire. Je vais essayer de ne traiter que des deux premières pages.

    Je suis fermier praticien. Je pratique un peu moins souvent depuis deux ou trois ans, étant donné que je m'apprête à cesser mes opérations. Je veux cependant qu'il soit clair que je crois fortement à ce que nous tentons de faire ici. Je vais donc poursuivre mon exposé.

    Monsieur le président, je tiens à vous remercier de m'avoir fourni l'occasion de présenter cet exposé au Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire de la Chambre des communes.

    Nu Gen Ag Ventures Inc. est un groupe de fermiers qui a versé de l'argent pour créer de nouvelles possibilités. Il s'agit d'une approche innovatrice que nous n'avons jamais utilisée. Nous croyons que ce que nous avons commencé, il y a un an, repose sur la même vision qui a été exprimée dans plusieurs éléments clés annoncés dans l'accord de Whitehorse. Le groupe Nu Gen Ag Ventures Inc. travaille présentement à un nouveau programme d'innovation prospectif qui utilisera la technologie des sciences biologiques et agronomiques pour mettre au point de nouveaux produits et ouvrir de nouveaux marchés.

    Notre approche est complexe et peut être décrite brièvement en de nombreux volets. Le premier est un nouvel avenir. Les fermiers font face à des concurrents subventionnés, à des prix de marchandises réduits et à bien d'autres défis. Selon le groupe Nu Gen Ag Ventures Inc., l'avenir ne fera que s'améliorer si les fermiers prennent leur destinée en main. C'est pourquoi Nu Gen appartient à des fermiers qui effectuent des recherches afin de mettre au point de nouvelles récoltes et de nouveaux produits; en outre, ces fermiers ont un contrôle important sur les récoltes, la transformation, le marketing et leur avenir.

    Les nouvelles récoltes. Le groupe Nu Gen Ag Ventures Inc. essaie de trouver de nouvelles possibilités de récoltes, qui appartiendront aux fermiers et que ces derniers pourront contrôler. Il faudra également travailler en collaboration avec des chercheurs locaux et de niveau international pour mettre au point de nouvelles récoltes et de nouveaux produits. Avec la mise en oeuvre des nouvelles technologies des sciences de la vie, des possibilités qui n'étaient pas offertes par le passé existent maintenant. La clé du succès consiste à produire des récoltes et des produits qui respectent les objectifs stratégiques présentés plus loin.

    Les nouveaux produits. Plusieurs récoltes utilisées comme aliments font face à des concurrents subventionnés importants; Nu Gen se concentre donc sur les produits non alimentaires. Nu Gen s'occupe d'abord de la mise au point de produits chimiques minéraux obtenus à partir des nouvelles récoltes qui peuvent être vendus avec profit dans un marché international déjà établi. Plusieurs autres produits sont également considérés et seront adoptés si les produits chimiques industriels initiaux ne sont pas suffisamment attrayants.

    Nu Gen tente de créer une nouvelle industrie avec une nouvelle récolte et de nouveaux produits. Il est prévu, une fois que la recherche démontrera qu'une récolte et qu'un produit payants peuvent être créés, que des entreprises solides appartenant aux fermiers seront fondées pour former des alliances stratégiques avec d'autres entreprises afin de créer un marché concurrentiel de transformation et de marketing. Ainsi, si la récolte et les produits nous appartiennent et si nous faisons appel à des alliances stratégiques pour former une chaîne d'approvisionnement coordonnée avec d'autres entreprises pour la transformation et le marketing des produits, les fermiers pourront prendre leur avenir en main.

+-

     La vision de Nu Gen consiste à créer une nouvelle industrie au Manitoba et au Canada qui créera de nouvelles possibilités de production, de transformation et de marketing de la récolte. La vision est fondée sur ces objectifs stratégiques.

    Les objectifs et les principes qui nous incitent à choisir les possibilités à exploiter, les projets de recherche à prioriser et la façon dont Nu Gen restera concentré sont résumés de la façon suivante: propriétaire exploitant important et contrôle de la production, de la transformation et des activités de marketing de la chaîne d'approvisionnement; chaîne d'approvisionnement coordonnée qui couvre le produit de la recherche à la production, à la transformation et au marketing jusqu'à l'utilisateur final; propriété et contrôle des nouveaux produits, par exemple droits de propriété intellectuelle pour la récolte qui ne consiste pas en produits assujettis aux concurrents subventionnés; établissement d'alliances stratégiques avec des chercheurs, des transformateurs, des commerçants et d'autres pour créer de nouvelles récoltes et de nouveaux produits pour les nouveaux marchés; capacité de profiter de la production agronomique potentielle peu coûteuse de l'industrie agricole et de la compétence de production des fermiers du Manitoba et du Canada; capacité de profiter des connaissances et de l'expérience de ces fermiers au moyen des chaînes d'approvisionnement coordonnées.

    Il s'agit d'un avantage concurrentiel clé de Nu Gen qui permet de profiter de l'orientation entrepreneuriale des fermiers pour investir dans la transformation à forte valeur ajoutée et dans les entreprises de marketing, si c'est payant et si c'est bien inspiré, et pour adopter une vision énergique, en plus d'étapes bien planifiées et bien exécutées.

    Le dernier volet porte sur les alliances stratégiques. Nous reconnaissons que ce que nous entreprenons est très exigeant. Nous sommes heureux de travailler avec le ministère de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire du Canada et avec d'autres ministères afin d'élaborer notre vision de l'avenir et de créer d'autres possibilités. Nous vous demandons de reconnaître que les fermiers entreprennent des activités d'innovation et prennent des mesures prospectives qui utiliseront la technologie des sciences de la vie pour créer de nouveaux produits et ouvrir de nouveaux marchés. Nous espérons que, au fur et à mesure que nous progresserons et que des renseignements détaillés deviendront disponibles sur les exigences précises de recherche et de développement relatives aux nouveaux produits, votre comité appuiera les activités d'innovation telles que celle de Nu Gen Ag Ventures Inc.

    Merci.

+-

    Le président: Merci.

    Je cède maintenant la parole à M. Tully de la Canadian Cooperative Association.

+-

     M. Glen Tully, (président, Association coopérative canadienne): Merci et bonjour.

    Je m'appelle Glen Tully et je cultive des céréales et des oléagineux à environ 30 minutes d'ici vers l'ouest. Je suis président de la Canadian Cooperative Association, la CCA, que je représente aujourd'hui. Je vous remercie de cette tribune. Je suis encouragé par le fait que le comité a décidé de se rendre partout au Canada pour entendre les opinions des Canadiens à propos de l'amélioration du secteur agricole et de l'établissement d'un partenariat entre le gouvernement fédéral et l'industrie agricole.

    La CCA est l'association nationale qui représente les entreprises coopératives anglophones au Canada. Avec plus de 10 millions de membres, nous nous concentrons sur une grande variété de secteurs, y compris l'agriculture, les finances, les assurances, les détaillants et les grossistes, le logement et la santé, et nous essayons de promouvoir la croissance et le développement des entreprises coopératives au Canada et à l'échelle internationale. La Canadian Cooperative Association comprend des membres dans le secteur des céréales et des oléagineux, comme la Saskatchewan Wheat Pool, et dans le secteur de l'industrie laitière, comme la Gay Lea Foods Co-operative Limited et la Scotsburn Co-operative Services Limited.

    Les questions de politique étrangère n'affectent pas seulement les membres agricoles de la CCA, mais également les autres membres, tels que les coopératives d'épargne et de crédit ainsi que les coopératives de fournitures agricoles, comme Federated Co-operatives et GROWMARK, dont le succès financier est lié à une économie agricole saine. Nous reconnaissons les liens étroits qui existent entre les questions de politique agricole et les questions plus générales de la durabilité des collectivités rurales.

    La Canadian Cooperative Association et ses membres étaient contents de l'accord de Whitehorse signé en juin 2001 par les ministres provinciaux, territoriaux et fédéral de l'agriculture. Cet accord établit une vision à long terme pour l'industrie agricole du Canada et un plan d'action pour la structure de la politique agricole, afin de s'assurer que l'industrie agricole et agroalimentaire du Canada est préparée pour l'avenir. La CCA et nos membres sont heureux de discuter de la structure et ont hâte d'annoncer les progrès réalisés lors de l'assemblée générale annuelle à Halifax. Les statisques de l'emploi et du commerce démontrent l'importance de l'industrie agroalimentaire du Canada, et elles témoignent du soutien constant offert par le gouvernement à ce secteur.

À  +-(1005)  

+-

     L'initiative intitulée «L'adaptation agricole: la formule coopérative (Phase 1)» a été réalisée en collaboration avec la CCA et notre homologue francophone, le Conseil canadien de la coopération, et a été financée par le Fonds canadien d'adaptation et de développement rural du ministère de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire du Canada, appelé FCADR. L'objectif de l'initiative était de déterminer les moyens de renforcer les coopératives agricoles et agroalimentaires et d'explorer de nouveaux modèles coopératifs afin d'améliorer les perspectives économiques des producteurs agricoles vivant dans les collectivités rurales du Canada. La proposition du plan d'action CCA-CCC, présentement devant le ministère de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire, décrit les éléments clés visant à assurer des partenariats futurs entre les coopératives agricoles et le gouvernement fédéral.

    La question de longue date que les membres considèrent comme un défi pour l'industrie agricole et agroalimentaire, ce sont les subventions étrangères qui entravent le commerce. La résolution du commerce mondial a été ratifiée à l'assemblée générale annuelle de la CCA en juin 2001. Cette résolution incite la CCA à encourager le gouvernement fédéral à adopter une position de négociateur ferme afin d'éliminer les subventions à l'exportation, de réduire considérablement les subventions intérieures qui entravent le commerce et d'augmenter significativement les possibilités d'accès aux marchés au cours des négociations agricoles actuelles en vertu de l'OMC. Les membres de la CCA appuient également le rôle des systèmes de commercialisation de l'offre pour régulariser l'offre et la demande et pour assurer la rentabilité, ainsi que le droit du Canada de conserver ses propres systèmes de commercialisation au sein de la Commission canadienne du blé.

    La CCA et ses membres sont heureux de voir l'importance attribuée à la sécurité alimentaire dans l'accord de Whitehorse. Toutefois, nous croyons qu'il est important de reconnaître le rôle clé des gouvernements provinciaux et fédéral pour appuyer les industries dans l'établissement et la mise en oeuvre des stratégies de salubrité des aliments à la ferme.

    Les membres de la Canadian Cooperative Association appuient les avantages éventuels qui pourraient découler d'investissements dans la biotechnologie. Les gouvernements jouent un rôle important dans l'évaluation des produits de biotechnologie et dans l'éclaircissement des exigences réglementaires.

    Je remercie les membres du comité de cette tribune. Je suis prêt à répondre à vos questions.

À  +-(1010)  

+-

    Le président: Je vous remercie, monsieur Tully.

    Au nom de la Manitoba Cattlemen Association...vous devrez peut-être changer ce nom, madame Green.

+-

     Mme Betty Green (vice-présidente, Manitoba Cattle Producers Association): Bonjour. Je m'adresse à vous au nom de ce qui est vraiment appelé la Manitoba Cattle Producers Association. Je profite de l'occasion pour offrir notre point de vue au comité permanent au sujet du problème entourant l'agriculture. Je suis éleveuse de bovins et céréalicultrice dans la région d'Interlac, qui se trouve juste au nord de Stonewall. C'est d'ailleurs pourquoi je manifeste un intérêt direct à ce sujet.

    La MPCA représente 12 000 producteurs qui travaillent dans différents secteurs de l'industrie de l'élevage des bovins. La valeur des bovins manitobains produits en 2000 s'estimait à 500 millions de dollars. Nous représentons 12,4 p. 100 de tout le cheptel bovin canadien; autrement dit, nous nous classons derrière l'Alberta et la Saskatchewan. Nous avons une réputation établie de production de boeuf de première qualité, et nous en sommes fiers. Nous croyons que nous devons maintenir la force et la viabilité de notre industrie.

    La MPCA croit que le Canada doit élaborer une politique nationale détaillée relative à l'agriculture qui vise à assurer une industrie durable et concurrentielle. Nous croyons que la politique doit être fondée sur certains principes de base qui répondent aux demandes sociétales en matière de responsabilisation et de salubrité des aliments. Elle doit comprendre un engagement envers l'industrie, ce qui permet de produire des aliments de première qualité pour les marchés canadien et internationaux, un engagement envers l'accès aux échanges commerciaux partout dans le monde ainsi qu'un engagement envers le traitement équitable de tous les secteurs agricoles. Un engagement doit également être pris envers l'élaboration d'une infrastructure nationale qui comble les besoins en agriculture ainsi que les besoins des autres industries et de la société. Finalement, un autre engagement doit être pris envers la répartition des ressources naturelles dans le but d'assurer la durabilité écologique.

+-

     Nous croyons que nous devons avoir une approche détaillée relative au programme de protection du revenu qui nous permette d'assurer l'intégration des programmes nationaux et provinciaux et le respect du principe de la neutralité commerciale.

    Nous croyons que nous devons examiner un plan de reprise national clairement énoncé en cas de catastrophe.

    Je vais m'attarder brièvement à chaque engagement.

    Un engagement envers l'agriculture de la part du Canada s'avère essentiel. À l'heure actuelle, il semble que l'attention du public se tourne vers le secteur agricole, mais plus précisément vers les problèmes environnementaux, la salubrité des aliments et la crise agricole. Nous devons aller plus loin et reconnaître le nombre important d'efforts déployés pour aborder ces problèmes.

    Depuis 1994, l'industrie bovine canadienne applique un programme vigoureux en matière d'assurance de la qualité et de la salubrité du boeuf. Nos membres sont également fiers d'agir en tant que modèles de comportement pour assurer la responsabilité des terres. Nous croyons qu'une approche coopérative pour la conservation et une approche scientifique pour la gestion des sols doivent être adoptées. L'appui du gouvernement doit se faire sentir pour tous ces secteurs.

    L'accès aux échanges sur les marchés internationaux est fondamental. Sur le plan économique, le Canada dépend vraiment des marchés de commerce internationaux. Il est essentiel de tenir compte de ces marchés lorsque le gouvernement étudie les programmes de soutien du revenu, d'aide en cas de catastrophe naturelle et les pressions politiques pour la documentation. Toute politique qui n'a pas de neutralité commerciale doit être rejetée.

    En matière d'infrastructure, il est primordial de créer une approche nationale pour l'infrastructure de transport afin de pouvoir coordonner les efforts des gouvernements fédéral, provinciaux et municipaux. À notre avis, un exemple à suivre est celle de l'Association du rétablissement agricole des Prairies ou ARAP. Cette association collabore avec les travaillants agricoles pour créer une industrie viable et une économie rurale durable. Nous croyons que le personnel a déniché et conservé, dans la région, des ressources en eau et en terres et a encouragé la diversification, la transformation à forte valeur ajoutée et d'autres possibilités. Ce rôle doit donc être renforcé.

    L'industrie canadienne du boeuf a assumé le rôle principal dans l'établissement d'un programme national d'identification, lequel est essentiel pour notre industrie. Ce programme permet de réduire les pertes causées par les maladies animales; il doit donc y avoir plus de recherche et de développement pour étendre davantage ce programme.

    Les deux menaces les plus sérieuses auxquelles l'industrie des bovins fait face sont les maladies animales étrangères et les interruptions commerciales. L'Agence canadienne d'inspection des aliments doit posséder les ressources nécessaires pour exercer son rôle dans la protection contre toute incursion de maladies. L'impact de la fièvre aphteuse sur l'Europe ne peut être surévalué, et un petit investissement en vue de prévenir ce genre d'impact au Canada est essentiel.

    Les ressources naturelles telles que l'eau et la terre sont fondamentales pour notre industrie. Il existe un nombre d'initiatives qui s'attaquent à l'octroi de subventions visant à faire passer les terres cultivables et marginales à des programmes de moindre importance. Nous devons nous assurer d'éviter des stimulus artificiels auxquels ces genres de programmes pourraient donner lieu.

    Puisque la demande en ressources naturelles augmente partout au pays, sera-t-il nécessaire d'attribuer des ressources en fonction d'une certaine formule ou de certains critères? Dans l'affirmative, cela vous inquiète puisque notre industrie doit recevoir les ressources nécessaires pour être durable.

    Nous croyons qu'à l'heure actuelle, le programme de protection du revenu n'est pas intégré pour éviter l'approche décentralisée et improvisée qui peut parfois avoir lieu. Les programmes de protection du revenu doivent afficher une neutralité commerciale et doivent encourager les producteurs à répondre aux signaux du marché. Plus de la moitié de notre production est exportée et 84 p. 100 de ces ventes sont destinées aux États-Unis. Nous avons fait l'objet d'un prélèvement des droits compensateurs en 1998, et nous avons remporté la victoire parce que nous ne recevions aucune subvention directe.

    À notre avis, le programme de protection du revenu doit être détaillé et doit consister en un programme de gestion des risques qui encourage les fermes à diminuer et à gérer leurs propres risques et qui reconnaît les fermiers pour leur travail. Il doit être fondé sur un profil de produits de base et sur la facilitation d'un programme de longue durée au lieu d'un programme annuel. Le programme doit assurer le partage et la mise en commun des risques, et nous serions en faveur de son intégration aux composantes environnement et salubrité des aliments.

À  +-(1015)  

+-

     J'aimerais brièvement exprimer mes opinions au sujet du plan de reprise en cas de catastrophe. Nous croyons qu'il est nécessaire d'énoncer clairement un plan de reprise en cas de catastrophe naturelle au Canada. Chaque année, des problèmes liés à la sécheresse, aux inondations et aux tempêtes de verglas se présentent. Nous avons eu de la chance puisque nous n'avons pas eu à faire face à une situation de pandémie, comme c'était le cas en Europe. Ce genre d'incursion aurait des effets dévastateurs sur l'industrie des bovins.

    Nous croyons que la seule solution équitable consiste à établir des critères très clairs et à créer un engagement financier en vue d'un plan de reprise continu et détaillé qui traitera tous les problèmes de façon très équitable.

    Merci de m'avoir accordé l'occasion de présenter mon cas.

À  +-(1020)  

+-

    Le président: Merci beaucoup.

    Maintenant, au nom de l'Association de nutrition animale du Canada, M. Schultz.

+-

     M. Herb Schultz (Animal Nutrition Association): Merci, monsieur le président, pour cette tribune. Je vais faire ressortir certains points qui ont été soulevés et je ferai circuler mon exposé plus tard.

    L'industrie de l'alimentation animale représente un revenu de 460 millions de dollars au Manitoba. Ce revenu est partagé à partie égale entre les moulins commerciaux et les exploitations agricoles au moyen de matériel propre. Selon le dernier sondage, la production commerciale était estimé à 1,1 million de tonnes, et ce chiffre s'accroît rapidement. En guise d'exemple, une fois que le moulin de Killarney a été mis en marché, il représentait une capacité de 200 000 tonnes. Un moulin à Souris, au sud de Brandon, sera également mis en marché. Il représentera une capacité de 200 000 tonnes, et les activités des moulins existants prendront de l'ampleur et doubleront ici au Manitoba.

    Autrement dit, l'industrie du bétail et de l'alimentation animale connaît des temps assez difficiles au Manitoba, mais la situation se stabilisera en raison de nombreux facteurs à l'horizon, et je pense que c'est là où se situe le véritable problème.

    Je pense que nous devons examiner l'impact sur les collectivités. Nous avons effectué un court sondage près de Hamiota, situé approximativement à 50 kilomètres au nord-ouest de Brandon. La production de porc s'accroît et cette expansion représentera une consommation de céréales approximative de 60 000 tonnes, et près de 100 personnes recevront un revenu qui découle de cette expansion. L'impact est donc évident.

    Je ne vais traiter que des problèmes à propos desquels je pense que le gouvernement canadien peut intervenir. Il existe des problèmes qui, à mon avis, seront généralement difficiles à aborder.

    Le premier problème est l'infrastructure, c'est-à-dire les routes. Le problème a déjà été repéré. Le réseau routier est, à l'heure actuelle, dans un piètre état en milieu rural manitobain et la situation se présente à un moment où le transport des céréales prend son envol; cependant, il ne s'agit pas seulement du transport du grain, mais du transport d'alimentation animale.

    Le gouvernement fédéral ne subventionne pas les routes telles que la Transcanadienne, la Yellowhead, la route 75 et certaines routes utilisées pour le transport du grain des Prairies. Il existe plusieurs autres besoins, mais les municipalités et le gouvernement manitobain n'ont pas les moyens financiers pour améliorer les routes. Par conséquent, la condition des routes se détériore et des limites de poids s'imposent. Voilà la réponse.

    De l'autre côté de la médaille, l'industrie de l'alimentation animale déclare que nos camions sont sérieusement endommagés et que les limites de poids posent un énorme problème de productivité, ce qui provoque un déplacement des entreprises au sud du 49e parallèle.

    La restructuration des investissements est un autre problème qui existe au Manitoba. Plusieurs personnes pensent que l'expansion du bétail bénéficie des investissements étrangers, alors qu'en effet, ce sont les fermiers, les vétérinaires et les entrepreneurs du milieu qui y contribuent. Ils investissent dans une exploitation intensive d'élevage afin de revendre les céréales dans ce milieu.

    La question principale qui se pose est de savoir s'ils continuent de gérer des fermes céréalières, s'ils ont un marché pour leurs céréales et s'ils veulent vendre l'entreprise sans avoir besoin de vendre la ferme. Ils peuvent toujours rester dans leur maison de ferme.

    Il faut commencer à examiner les crédits d'impôt à l'investissement et les incitatifs fiscaux qui mèneraient à de plus gros fonds locaux au lieu de toujours avoir recours à des investisseurs étrangers.

+-

    Éducation et formation: le point doit être fait sur l'appui accordé à l'éducation et à la formation en agriculture. Il ne s'agit pas simplement de la formation en milieu réel d'un opérateur de ferme familiale. Dans l'ensemble de notre industrie, plusieurs exploitations d'élevage intensif n'ont pas de gestionnaires puisque ces gestionnaires ne sont pas disponibles. La connaissance de l'agriculture, même s'il s'agit d'un facteur important, ne suffit pas. Plusieurs autres facteurs contribuent à la combinaison de compétences.

    Je pense que les universités peuvent fournir l'éducation. Toutefois, je pense que la situation actuelle, et nous n'avons pas de statistiques à titre de référence, est tellement entourée de pessimisme concernant les exploitations d'élevage intensif que les gens ne veulent pas travailler dans l'industrie parce que la tension dans la communauté existe toujours. Pourquoi travailler dans un milieu où vous vous trouvez toujours en situation de conflit avec les voisins et la collectivité?

    Recherche sur les récoltes: La vomitoxine (fusarium) n'est pas supportée au Manitoba. Les porcs ne supportent pas cette plante dans leur régime alimentaire. Les bovins, de leur côté, peuvent la tolérer quelque peu. C'est pourquoi nous ne pouvons faire pousser ni de plante alimentaire ni d'orge fourragère de ce type dans la vallée de la rivière Rouge. Bien sûr, nous avons quelques options. Nous pouvons faire pousser des récoltes de maïs et des légumineuses, mais nous sommes à la merci du climat au Manitoba. Nous devons effectuer des recherches afin de rendre ces espèces ou ces variétés plus tolérantes à certains inconvénients du climat.

    Par exemple, l'année dernière a été une année record pour la récolte de maïs. Toutefois, c'est le printemps humide et frais suivi de conditions de croissance idéales qui a permis d'établir ce record. Le contraire aurait pu également se produire.

    Salubrité des aliments et intendance relative à l'environnement: Je pense que nous croyons que le Canada est doté d'un bon système de salubrité des aliments. Nous avons des initiatives dirigées par l'industrie telles que l'assurance de la qualité, les systèmes de l'analyse des risques -- point critique pour la maîtrise des différents groupes de production de bétail et nous avons même un gouvernement qui régit les règles sur les aliments médicamentaux. Cependant, l'erreur humaine risque de causer plusieurs problèmes, ce qui constitue le sujet principal sur lequel les médias portent leur attention. Parfois, la source du principal problème au Canada est le manque d'attention portée aux conséquences qui découlent de l'échec de ce système.

    Bonne intendance de l'environnement: Nous sommes pleinement en faveur de cette intendance, mais encore une fois, il s'agit de problèmes au sein de la communauté. Parfois, les gouvernements ne veulent pas s'en mêler. Autrement dit, il existe tellement de tension locale qu'ils n'interviennent pas. Les entreprises peuvent réagir à ces conflits de plusieurs façons, notamment en se déplaçant au sud du 49e parallèle pour y implanter de nouvelles usines.

    Un autre sujet problématique est la fusion des rôles et des responsabilités. Les systèmes de règlements au niveau gouvernemental comprennent trop d'exigences complexes. Je prends, en guise d'exemple, le maïs Starlink. L'année dernière, le gouvernement a... en fait, l'ACIA a imposé des contraintes sur l'importation du maïs Starlink. Ces contraintes ont eu un impact important sur l'industrie des importations au Manitoba. En d'autres mots, il est à noter que l'universalité des règles ne correspond pas nécessairement à l'uniformité de l'application.

    Je vais m'arrêter. Vous pourrez lire la suite. Merci de m'avoir donné l'occasion de présenter mon cas.

À  +-(1025)  

+-

    Le président: Merci beaucoup.

    Au nom de la Fédération canadienne du mouton, M. Eros.

+-

     M. Randy Eros (Fédération canadienne des moutons): Merci beaucoup. L'un des avantages du fait de présenter mon cas plus tard dans la séance est que je peux répéter les énoncés des autres intervenants puisqu'ils ont mieux cerné certains sujets que je devais présenter. Je vais m'attarder à deux ou trois éléments qui se rapportent à l'industrie ovine.

    D'abord, je représente la Fédération canadienne du mouton, mais je suis également présent en tant que directeur de la Manitoba Sheep Association. Notre industrie a pris considérablement d'ampleur au cours des cinq ou six dernières années. Nous avons doublé notre cheptel au cours d'une période de trois ans. Je participe à une étude de l'industrie, à certaines études sur les avantages comparés et je viens tout juste de terminer l'ébauche finale du plan stratégique qui nous permettra de profiter de l'expansion de notre industrie.

    Cependant, je vais m'attarder sur le sujet de la salubrité des aliments puisqu'il s'agit d'un sujet dont tous les coûts sont imputés au producteur tandis que les consommateurs jouissent des avantages. Un élément à examiner--et je pense que c'est à cette étape où que le gouvernement fédéral doit jouer un rôle clé--est l'absorption des coûts de la salubrité des aliments alors que ce sont les consommateurs qui en tirent profit. Certains autres programmes mentionnés aujourd'hui--c'est-à-dire le programme de salubrité des aliments à la ferme, le programme national d'identification et quelques initiatives de l'ACIA--sont essentiellement axés sur les consommateurs canadiens. Si ce n'est pas le cas, ces programmes sont dictés par des consommateurs étrangers ou américains qui cherchent à garantir ce que, dans l'ensemble, nous faisons déjà très bien.

+-

     Les producteurs canadiens, surtout les éleveurs d'agneau et de tout autre bétail, travaillent de façon sécuritaire, efficace et écologique. C'est dans nos intérêts, bien entendu, de produire des animaux de marché sains et salubres en ayant un impact positif sur nos pâturages et fourragères. Nous le faisons déjà. Beaucoup des coûts liés à la salubrité des aliments servent à montrer aux gens que nous produisons de bons animaux de marché en ayant leurs intérêts à coeur. Les consommateurs veulent s'assurer que la nourriture consommée est un produit salubre. En toute franchise, les consommateurs ont certainement droit d'en avoir pour leur argent, mais ils doivent payer à cette fin.

    Je crois que le gouvernement fédéral doit jouer un rôle en assumant les coûts liés à la vérification de la production. Notre responsabilité consiste sans doute à assurer une bonne production, mais les coûts liés à la vérification et à l'indication de cette preuve devraient être assumés par le consommateur. C'est une erreur de croire que les coûts seront imputés au marché. Le producteur initial reçoit une petite partie du dollar de consommation; il est donc illusoire de s'attendre à ce que le marché absorbe cette partie.

    Un autre sujet de discussion--et nous nous attardons certainement à ce problème puisque notre industrie prend de l'ampleur--traite des commentaires des personnes qui déclarent qu'il s'agit de coûts opérationnels et que le fait de posséder une grosse ferme est plus favorable; on enfouit ainsi cette idée d'«agrandir la ferme et d'effacer les coûts». Les fermes industrielles, qui sont des entreprises agricoles plus importantes, forcent les consommateurs à se demander: «D'où proviennent ces côtelettes d'agneau? Je dois être rassuré. Je dois savoir que cet agneau a été élevé de façon écologique et qu'à son départ de la ferme, il s'agissait d'un produit alimentaire de qualité.» Nous assurons la qualité du produit, mais si les consommateurs veulent être rassurés, ils doivent payer. Le marché ne défrayera pas les consommateurs de ces coûts, donc un programme subventionné par les deniers publics devrait les assumer.

    Comme nous examinons le rôle du gouvernement, l'imputation des coûts est un sujet qui doit faire l'objet de discussions. C'est un problème relatif à la santé et à la salubrité des aliments, donc traitons-le de la même façon que les autres programmes d'inspection.

À  +-(1030)  

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    Le président: Merci beaucoup.

    Le dernier intervenant de cette partie de la séance est M. Grenkow qui parlera au nom de la South Interlake Agricultural Society.

+-

     M. Gordon Grenkow (président, South Interlake Agricultural Society): Bonjour et merci de me laisser participer à vos travaux. Je suis un producteur local et je suis aussi président de la société agricole de la région. Lors de notre réunion, il y a quelques semaines, nous avons discuté de sujets semblables à ce qui a été dit aujourd'hui. Nous avons donc pris l'initiative de transmettre une lettre aux personnes concernées du ministère de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire, et nous profiterons de la venue du comité permanent pour exposer nos vues.

    Il s'agit d'une lettre adressée aux ministres de l'agriculture du Manitoba et du Canada qui traite de l'état actuel et passé de l'agriculture canadienne.

    L'agriculture a toujours été l'épine dorsale de notre pays. Le concept de la ferme familiale a évolué au cours des générations et a mené à l'assurance d'un produit abondant et de qualité pour le consommateur canadien. Des économies à la ferme se traduisent par une production accrue et un nombre plus restreint de producteurs qu'il y a dix ou même vingt ans. De telles économies à la ferme ont mis l'agriculture canadienne sur le marché d'exportation, c'est-à-dire un marché d'exportation mondial et subventionné. Résultats: revenus marginaux pour les producteurs canadiens en raison des marchés évolués des homologues américains et européens. Le Canada ne contribue pas à cette évolution.

    Dans les échanges et les marchés internationaux actuels, que signifie vraiment l'énoncé précédent? Selon le gouvernement fédéral et le ministre de l'agriculture, aucun problème n'existe. La réponse obtenue au cours des dernières années a été «produisez et soyez plus concurrentiels». Les coûts des intrants pour la production agricole sont toujours élevés, tandis que les cours des produits sont bas comparativement aux coûts de production. Cette situation existe maintenant depuis deux ou trois années et elle restera inchangée aussi longtemps que le marché subventionné au niveau international ne changera pas. Le résultat qui en découle est la rentabilité commerciale pour les fournisseurs d'intrants, les institutions financières et les industries primaire et secondaire qui transforment les produits pour le consommateur.

+-

     Quant à la ferme familiale, c'est-à-dire les producteurs réels qui font face à tous les risques liés à la production, le résultat est tout à fait inversé. Le revenu provenant de l'extérieur qui permet de soutenir la ferme est actuellement chose courante. Pendant trois générations, les agriculteurs menaient un train de vie modeste grâce à leurs terres agricoles, mais il ne s'agit plus d'une activité rentable. Plus de prêts de fonds s'avèrent nécessaires. L'équipement coûte trop cher à remplacer. La population agricole diminue et vieillit. S'agit-il d'une bonne occasion pour la nouvelle génération de prendre la relève et de compter sur des changements?

    Notre société agricole locale est un organisme communautaire qui a été fondé en 1881. Son mandat consiste en la promotion du développement de l'agriculture et de son aspect éducatif. Il s'agit d'un organisme sans but lucratif doté de membres volontaires qui travaillent de concert avec la communauté. Un secteur agricole prospère complète ce groupe, tandis qu'un fléchissement donne lieu à un effet négatif.

    Quel est le mandat du gouvernement fédéral en matière d'agriculture et de fermes familiales? S'il existe, il est inefficace. Les gouvernements provinciaux se rendent compte du problème, mais sont impuissants sans la participation et l'intervention du gouvernement fédéral.

    Pour conclure, la South Interlake Agricultural Society, par résolution, fait appel à l'appui du gouvernement du Canada concernant le secteur agricole. Après des années de programmes non fonctionnels qui ont provoqué des bas prix et des revenus encore plus bas pour les producteurs, il faut absolument élaborer une approche positive comme l'on fait les Américains. Sinon, un exode massif des travailleurs qui fuient les terres et l'agriculture surviendra, ce qui provoquera l'effondrement des fermes familiales.

    Merci de m'avoir donné l'occasion de présenter mon cas.

À  +-(1035)  

+-

    Le président: Merci, monsieur Grenkow.

    Nous prenons du retard. Je suis conscient du fait que tous les membres du comité ont entendu beaucoup d'idées et de concepts et qu'ils ont probablement des milliers de questions à poser.

    M. Hilstrom, pouvons-nous nous dépêcher? Dans la mesure du possible, indiquez le député auquel vous aimeriez adresser votre question pour éviter que tout le monde y réponde, d'accord?

+-

    M. Howard Hilstrom: Oui. Tous les exposés présentés sont excellents.

    L'un des points que vous avez présentés, monsieur Randy Eros, traite de la question des coûts d'utilisation imputés aux agriculteurs alors que tout le monde tire profit des produits. Le gouvernement doit certainement s'attarder à imputer la majorité des coûts d'utilisation à l'ensemble des contribuables puisqu'ils sont les vrais bénéficiaires.

    Un débat houleux a lieu dans notre pays sur la question du blé et de l'orge, qui représentent des ventes d'exportations d'approximativement 4,5 milliards de dollars de plus que les ventes internationales. Ce débat existe depuis mon élection en 1997, et ces individus savaient que nous étions concernés par ce débat depuis le début. Monsieur Tully, vous avez mentionné la commission du blé et vous avez justifié son existence, mais j'aimerais entendre vos commentaires sur cette série de faits et si, personnellement, vous l'appuyez.

    Les agriculteurs prétendent pouvoir augmenter leur revenu s'ils peuvent mettre leur blé et leur orge sur le marché, ce qui leur permettrait de mieux gérer leurs propres risques et d'augmenter le revenu de leurs fermes familiales. La Ontario Wheat Board est dotée d'un système facultatif en vertu duquel, 300 000 sur un million de tonnes peuvent être vendues à l'unité. À sa prochaine réunion annuelle, elle proposera des résolutions pour le rendre entièrement volontaire. Je ne pense pas que les éleveurs de porcs du Manitoba veulent retourner à un monopole. Vous produisez probablement de l'avoine sur votre ferme à différents moments. Je pense que personne ne demandera que l'avoine retombe dans les mains de la commission du blé. Les producteurs de pommes de l'Ontario se sont récemment débarrassés de leur monopole. Aucun agriculteur, y compris ceux qui sont présents aujourd'hui, n'ont demandé l'ajout d'autres céréales et des oléagineux à la Commission canadienne du blé.

    Pouvez-vous donc expliquer au présent comité, parce que nous devons faire part de ces constatations au ministre, pourquoi les changements que j'ai soulignés ont lieu et pourquoi votre association croit que la commission du blé devrait conserver le monopole en ce qui a trait à l'achat des céréales, mais ne devrait pas le posséder concernant la vente aux acheteurs?

+-

    Glen Tully: Je vous remercie de votre question et je vais tenter d'y répondre.

    La Canadian Cooperative Association croit en un système ordonné de mise en marché et, à ce titre, appuie la gestion de l'offre ainsi que la commission du blé. Je me demande s'il est possible d'appuyer l'un des éléments, mais pas l'autre. Du point de vue de la mondialisation des marchés des céréales--et je souligne une fois de plus que j'appuie personnellement la commission du blé--je reviens sur un commentaire de M. Greg Arason, qui dit que même si notre approche est différente, elle n'est pas nécessairement mauvaise.

+-

     Si je prends l'exemple des oléagineux, les provinces ont repris les contrats de base. Nous avions fixé les contrats de base à approximativement 10 $ la tonne pour l'élévation, le fret, etc. À l'heure actuelle, la valeur a augmenté à 25 $ la tonne et le cours des produits est encore plus bas en raison du changement du point d'expédition. Je pense que si tous les agriculteurs collaborent en groupe, nous pourrons faire concurrence plus efficacement dans l'industrie qu'individuellement.

    Je fais référence au commentaire sur la situation aux États-Unis. Les Américains prennent position contre notre commission du blé. Ils essayent de la détruire pour que les agriculteurs américains, et non canadiens, puissent en tirer profit.

À  +-(1040)  

+-

    Le président: Merci, monsieur Tully.

    Monsieur Hilstrom, je ne sais pas.

    M. Howard Hilstrom: Voulez-vous m'accorder un peu plus de temps? Il s'agit d'un débat intéressant qui s'applique bien à la situation.

    Des voix: Oh, oh!

    Le président: Je dois continuer.

    Monsieur Desrochers.

[Français]

+-

    M. Odina Desrochers: Merci, monsieur le président.

    Vous avez parlé particulièrement du développement rapide de la production porcine au Manitoba. J'aimerais connaître vos statistiques sur l'évolution de la production en l'espace de cinq ans et j'aimerais que vous nous disiez si, comme au Québec, l'implantation rapide des porcheries a créé des problèmes dans les communautés rurales et entraîné une certaine résistance de la part des groupes qui défendent l'environnement.

+-

    M. Marcel Hacault: Je n'ai pas les statistiques ici, mais dans les dernières cinq années, on a eu une croissance d'environ 14 à 15 p. 100. Aujourd'hui, la production est de tout près de six millions de cochons. Actuellement, seulement 58 p. 100 de ce nombre sont abattus au Manitoba. La plupart sont exportés comme porcelets aux États-Unis, soit environ 1,4 million, et 600 000 sont exportés vivants aux États-Unis.

    Comme vous le voyez, au Manitoba, les fermes sont en pleine transition et plusieurs fermiers cherchent un autre moyen d'exploiter leur ferme. Ils le font de différentes façons, mais la plupart vont soit se tourner vers l'élevage des animaux à boeuf, soit vers l'élevage des cochons.

    Malheureusement, tout le monde dans la communauté ne partage pas cette vision de l'avenir de l'exploitation des fermes. Certaines personnes veulent seulement prendre leur retraite; d'autres veulent un plus grand appui de la part du gouvernement pour continuer à cultiver des céréales. D'autres encore disent que leur ferme se prête bien à l'exploitation d'une porcherie et que c'est ce qu'ils aimeraient faire.

    Malheureusement, tout le monde n'est pas d'accord, et on voit que les politiques de la région empêchent cette diversification de se faire.

+-

    M. Odina Desrochers: Avez-vous des productions industrielles ou des productions artisanales?

+-

    M. Marcel Hacault: On a à peu près de tout au Manitoba. Disons que, compte tenu des limites que nous avons au Manitoba, il est plus facile d'avoir une porcherie de niveau industriel que de niveau artisanal.

+-

    M. Odina Desrochers: Et les gens des alentours, comment vivent-ils cela?

+-

    M. Marcel Hacault: Pour eux, on peut continuer ici longtemps. De notre coté, on essaie de travailler avec les municipalités, les fermiers et le gouvernement. Un rôle qui, selon moi, conviendrait au gouvernement, c'est celui touchant l'infrastructure. Vous pourriez accorder de l'argent pour la structure des routes rurales. Pour faire valoir mon point, je dirais que les municipalités qui encouragent l'élevage auraient peut-être la priorité pour ce programme.

+-

    M. Odina Desrochers: Merci beaucoup.

[Traduction]

+-

    Le président: Merci, monsieur Desrochers. Je m'excuse de les avoir écourter, mais je veux...

    Monsieur Proctor.

+-

    M. Dick Proctor: Merci, monsieur le président.

    J'ai une question a poser à madame Betty Green. La semaine dernière, le département de l'agriculture des États-Unis a mentionné qu'il allait retourner, ou aurait préféré avoir recours à, des étiquettes qui indiquent le pays d'origine et qui sont affixées aux produits de viande. Comment cette idée affecterait-elle l'industrie au Manitoba?

À  +-(1045)  

+-

     Mme Betty Green: Puisque la majorité de nos produits exportés sont à destination des États-Unis, nous connaîtrions des impacts dévastateurs. Le fonds de développement de l'industrie du boeuf a fait l'objet de recherches pour étudier la possibilité de développer des marchés pour le boeuf canadien, en reconnaissant le boeuf canadien, et nous avons connu un certain succès. En toute franchise, cette recherche aurait dû être effectuée bien des années avant ce genre de résultat. Nous pratiquons le lobbying pour nous assurer qu'une telle situation ne se reproduira pas. Il y a sûrement des inquiétudes présentes et il y aura un véritable impact.

+-

    M. Dick Proctor: Vous avez souvent mentionné la neutralité du marché au cours de votre exposé, mais que devons-nous faire pour nous assurer qu'elle n'aura pas lieu? Le gouvernement canadien ou l'association des éleveurs de bovins doit-il en assumer la responsabilité? Qui, au juste, doit prendre l'initiative?

+-

    Mme Betty Green: Je pense que le gouvernement doit prendre l'initiative dans toute négociation pour s'assurer que toute les mesures sont prises afin de permettre à notre industrie de garder les marchés que nous possédons déjà. Tout programme ou toute réponse à la demande au Canada doit être évalué pour s'assurer qu'il n'aura aucun impact sur notre neutralité par rapport au marché. Voilà le rôle que doit assumer le gouvernement.

+-

    M. Dick Proctor: Disposez-vous de parcs d'engraissement près de la frontière avec les États-Unis où des bovins peuvent traverser les frontières?

    Mme Betty Green: Oui.

    M. Dick Proctor: Ne serait-il pas difficile de déterminer un pays d'origine dans ce cas?

+-

    Mme Betty Green: Il y a sûrement une discussion approfondie sur la façon de contrôler cette situation. Il y a un nombre limité de bovins qui traversent la frontière. La traversée doit se faire au cours de périodes de temps assez serrées en raison des maladies qui peuvent être transmises pendant les saisons de vecteur, ce qui rendrait plus difficile la tâche de trouver une solution à la question. En fait, la possibilité actuelle d'étendre le mouvement de va-et-vient à la frontière existe. Si ce genre de législation est adoptée, la tâche sera même plus difficile.

    M. Dick Proctor: Merci, madame Green.

+-

    Le président: Monsieur Borotsik.

+-

    M. Rick Borotsik: Merci, monsieur le président.

    D'abord, monsieur Schultz, je veux corriger une erreur ou un mythe que vous avez mentionné lors de votre exposé au sujet des subventions fédérales pour la route 1 en direction de Yellowhead. Croyez-moi, la province porte le fardeau des subventions. Nous croyons sérieusement que des subventions fédérales pour l'infrastructure devraient être consacrées au réseau routier; cependant, je tenais à vous signaler cette erreur. De grâce, ne colportez pas cette méchante rumeur.

    Ensuite, vous avez brièvement mentionné les problèmes liés à l'environnement. Vous déclarez que si une pierre d'achoppement existait au Canada, il y aurait une possibilité que les entreprises qui fabriquent des aliments pour animaux déménagent aux États-Unis. Suggérez-vous que leurs exigences et critères environnementaux sont moins élevés qu'au Canada?

+-

     M. Herb Schultz: Non. Aux États-Unis, ils ont une définition bien plus claire de ce qui est permis et de ce qui ne l'est pas. Au Canada, elle est encore à l'état primaire. C'est-à-dire que les entreprises ou les exploitations d'élevage ne savent pas si elles obtiendront l'approbation ou non. Voilà la question. La situation est tellement imprévue que les entreprises ne peuvent se permettre d'attendre. Nous connaissons des exemples d'opérations intégrées qui cherchent activement à s'installer aux États-Unis.

+-

    M. Rick Borotsik: Je suis originaire d'un endroit qui cherche activement a établir des opérations porcines. Vous avez raison concernant la question du manque d'uniformité entre les municipalités. Suggérez-vous que le gouvernement fédéral impose des critères environnementaux qui permettent aux municipalités d'établir une norme?

+-

     M. Herb Schultz: Le gouvernement fédéral doit assumer certaines responsabilités. Vous faites référence à Pêches et Océans et à certains autres problèmes. Souvent, des questions de nature esthétique sont confondues avec les problèmes environnementaux, et voilà le véritable problème. Le gouvernement fédéral doit parfois trancher et dire: «Il ne s'agit pas d'un problème environnemental -- voilà.»

+-

    M. Rick Borotsik J'aimerais rediriger cette question à M. Hacault. Il est évident que l'industrie porcine, à l'heure actuelle, connaît de sérieuses répercussions en matière d'impact environnemental en raison des opérations d'élevage intensif.

    Votre organisme a exploré l'autoréglementation. Avez-vous des idées à suggérer maintenant concernant la direction que doit prendre le gouvernement fédéral sur la question environnementale de la production de porcs?

À  +-(1050)  

+-

    M. Marcel Hacault: Je crois qu'il serait très semblable au programme canadien d'assurance de la qualité conçu en collaboration avec l'industrie et qui prévoit la vérification par une tierce partie des décisions prises et des plans élaborés en milieu réel. Il s'agit d'activités essentiellement en milieu réel, je suppose.

+-

    M. Rick Borotsik: Donc, votre organisation appuie la notion de plans de protection de l'environnement élaborés en milieu réel. Est-ce exact?

+-

    M. Marcel Hacault: En fait, l'Association canadienne de normalisation travaille actuellement de concert avec le Conseil canadien du porc.

+-

    M. Rick Borotsik: Ma dernière question s'adresse aux éleveurs de bovins. Merci, madame Green, pour votre présentation.

    Vous avez mentionné quelque chose qui me tient à coeur: la création d'un programme d'aide aux sinistrés. Il ne s'agit pas d'un simple programme de protection du revenu, mais d'un programme d'aide aux sinistrés. Votre organisation essaie-t-elle de mettre sur pied un programme d'aide aux sinistrés en tenant compte des critères que vous avez mentionnés?

+-

    Mme Betty Green: Nous en avons discuté beaucoup--

+-

    M. Rick Borotsik: Veuillez poursuivre vos discussions.

+-

    Mme Betty Green: Certainement. Lorsque nous préparions notre exposé pour le comité permanent, nous avons approfondi la question. À force d'en discuter, nous nous sommes rendus compte que la création de ce programme est nécessaire.

+-

    M. Rick Borotsik: Merci beaucoup. J'espère travailler avec vous là-dessus.

+-

    Le président: Rose-Marie.

+-

    Mme Rose-Marie Ur: Merci, monsieur le président.

    Je désire féliciter tous ceux qui ont fait un exposé. C'était très intéressant.

    Ken, je vous félicite pour l'initiative au sein de votre groupe. Je suis impatiente d'en savoir davantage et de découvrir les propositions de votre groupe.

    Betty, vous avez dit à plusieurs reprises que la question des maladies animales exotiques vous préoccupait beaucoup. Voulez-vous dire que l'ACIA ne fait pas son travail ou qu'elle ne s'acquittait pas bien de sa tâche dans le passé?

+-

    Mme Betty Green: Je crois bien qu'elle fait de son mieux avec les ressources dont elle dispose, mais nous pensons que ces dernières sont insuffisantes. Le système actuel de surveillance de la tuberculose dans la province du Manitoba permet de mettre en évidence les limites en matière de laboratoires et de vétérinaires...de ressources humaines. Nous disons qu'il s'agit d'une ressource essentielle pour le gouvernement.

+-

    Mme Rose-Marie Ur: Il faut plus de main-d'oeuvre, alors.

+-

    Mme Betty Green: Oui.

+-

    Mme Rose-Marie Ur: Randy, j'ai également trouvé vos propos fort intéressants. Il s'agit peut-être d'un sujet controversé, mais nous nous sommes montrés amicaux ce matin et, comme vous l'avez mentionné, les préoccupations des consommateurs ont souvent un effet rétroactif sur le producteur primaire. J'ai été producteur primaire dans le passé et on nous a toujours dit que les consommateurs achèteraient les produits locaux. Ce n'est pas le cas dans le sud-ouest de l'Ontario; je ne sais pas si c'est le cas ici au Manitoba, mais le facteur décisif, c'est le prix.

    Cela dit, en raison des nombreux changements, pas pour le pire, nos produits primaires sont de plus en plus en demande, mais c'est toujours à nous en définitive de trouver une solution. Que feriez-vous--et si d'autres personnes veulent exprimer leur opinion là-dessus--

+-

    Le président: Attention, Rose-Marie. Huit personnes pourraient bien vouloir donner leur avis.

+-

    Mme Rose-Marie Ur: Je suis la dernière personne à...je suis mal lotie.

    Eh bien, ils peuvent répondre oui ou non. Ma question est la suivante: pensez-vous qu'il serait acceptable de proposer une taxe de 1 p. 100 sur la nourriture dont les recettes seraient redistribuées aux producteurs primaires? Est-ce possible de rallier tout le monde à cette idée?

+-

     M. Randy Eros: En principe, les producteurs seraient prêts à dépenser jusqu'à 10 p. 100 de plus pour offrir de la nourriture de meilleure qualité. Il s'agit d'une généralisation, mais ce sont les chiffres qui sont mentionnés, et je suis certain que, si les consommateurs ont le choix entre de l'agneau élevé dans les meilleures conditions et de l'agneau dont ils ne savent rien, ils sont prêts à dépenser 10 p. 100 de plus. Mais, le producteur devra dépenser 20 p. 100 de plus pour mettre le produit sur le marché.

+-

    Mme Rose-Marie Ur: Oui, exactement!

+-

     M. Randy Eros: Si la question est de savoir s'ils accepteraient cette taxe, franchement, je pense que oui.

    Ce matin, mon épouse et moi discutions de ce sujet. Ce genre de discussion a toujours lieu autour de la table de la cuisine. Soyons francs: avant de partir, nous avons probablement tous demandé à notre conjoint d'écouter notre exposé. Mon épouse a fait la remarque suivante: «Aucun producteur de boissons gazeuses ou de croustilles ne sera présent, n'est-ce pas?» Il s'agit déjà d'articles de luxe.

    Oui, les consommateurs peuvent nous appuyer en payant des taxes et ils devraient le faire. Quant à savoir s'il faut imposer une taxe sur les aliments... Il n'y a aucune taxe sur la nourriture actuellement, ce qui explique en partie pourquoi seulement 6,5 p. 100 de notre revenu disponible est affecté à la nourriture, pourcentage assez remarquable si l'on compare ce que nous obtenons à ce que les consommateurs d'autres pays doivent débourser.

    Mme Rose-Marie Ur: Absolument.

    M. Randy Eros: Je vais intervenir pour commenter quelques concepts de l'ACIA--

À  +-(1055)  

+-

    Le président: Un instant, nous voulons être certains. Mme Ur a peut-être d'autres questions.

+-

    Mme Rose-Marie Ur: Non.

+-

    Le président: Souhaitez-vous entendre ses commentaires?

+-

    Mme Rose-Marie Ur: Oui.

+-

     M. Randy Eros: Au Manitoba, tout récemment, et au Québec, il y a quelques années, les membres de l'industrie ovine ont pu se rendre compte des problèmes auxquels faisait face l'ACIA et, selon nous, il est évident qu'il lui faut plus de ressources. Et ce besoin ne fera que s'accentuer. Je pense que le gouvernement fédéral doit soutenir davantage l'ACIA afin de lui permettre de jouer son rôle, rôle qu'elle a de la difficulté à assumer en ce moment et qui va certainement devenir plus important. L'ACIA devra disposer de plus de ressources. C'est inévitable. C'est ce qui va se produire.

+-

    Mme Rose-Marie Ur: Merci, Randy.

+-

    Le président: Fred, je vous demande d'être très bref.

+-

    M. Fred Homann: Je voudrais seulement faire un commentaire. Quand on prend cette direction, il faut être très prudent.

    D'abord, tout dépend de ce que les consommateurs considèrent comme de meilleurs aliments. Ensuite, il faut éviter de donner l'impression que les aliments qui sont produits actuellement sont salubres. Merci.

+-

    Le président: Nous allons maintenant faire une courte pause. Puis, nous entendrons un autre groupe.

    Nous souhaitons remercier ceux qui ont fait des exposés. Les membres du comité sont pleinement conscients qu'il leur faudrait plus de temps. Vous avez abordé des points très intéressants. C'est une question très complexe et difficile à régler. N'est-ce pas, Herb?

    Quoi qu'il en soit, nous allons faire une pause de cinq minutes, puis nous reviendrons pour la prochaine partie.

À  +-(1051)  


Á  +-(1106)  

+-

    Le président: Reprenons.

    Étant donné que le représentant des producteurs de dindon est absent, nous allons passer à M. Calvin Vaags. Monsieur Vaags, voulez-vous commencer?

Á  +-(1110)  

+-

     M. Calvin Vaags (témoignage à titre personnel): Bonjour, tout le monde.

    Je voudrais d'abord vous remercier de me permettre de m'exprimer à cette table ronde. Je m'appelle Calvin Vaags et je suis un fermier de la région de Dugald. J'exploite entre 2 500 et 3 000 acres de terre et je possède un parc d'engraissement qui compte un millier de têtes de bétail. Voilà en gros le cadre dans lequel j'évolue.

    On m'a demandé de vous parler aujourd'hui du rôle futur du gouvernement dans l'agriculture. Il s'agit là d'un sujet très vaste dont je pourrais probablement vous parler pendant des heures, mais j'ai décidé de ne cerner que les points les plus importants selon moi.

    Premièrement--et il s'agit probablement du point le plus important--le gouvernement doit s'engager en ce qui concerne l'agriculture, pas à court terme, mais à long terme. Cet engagement doit être compatible avec les programmes offerts. Un des problèmes auxquels nous avons dû faire face au fil des ans a trait au fait que les programmes changent constamment. Comme vous le savez, l'agriculture est un projet à long terme. Quand j'achète un lopin de terre, je dois le payer sur une période de 15 à 20 ans. Lorsque le programme RARB a vu le jour, on nous a dit qu'il ne disparaîtrait jamais. J'ai même pris des décisions pour l'achat de lopins de terre en fonction de ce programme. Tout cela a changé et, soudainement, ma capacité de rembourser mes prêts a également changé. Par conséquent, un des éléments les plus importants se rapporte à l'engagement du gouvernement. L'agriculture est-elle importante pour le gouvernement du Canada? Il semble parfois que non. Nous avons besoin d'un engagement et d'une optique cohérente.

+-

     Le programme ACRA constitue un autre exemple du manque de cohérence du gouvernement. Au cours des deux premières années de son existence, ce programme prévoyait une indemnité pour les marges négatives. Actuellement, pour 2000 et 2001, période durant laquelle le secteur du grain aurait grandement besoin de ce programme, aucune indemnité n'est versée pour les marges négatives. Donc, en raison du processus de prise de décision, un secteur de l'agriculture reçoit plus d'argent qu'un autre. Je me demande bien pourquoi.

    Deuxièmement, j'aimerais parler des programmes de protection du revenu. Bien sûr, les programmes de protection du revenu sont très importants dans le domaine de l'agriculture. Nous devons faire face à deux grands risques. Le premier risque a trait à la production et le deuxième risque est lié au prix en raison des fluctuations du marché.

    Nous avons besoin d'un programme d'assurance-récolte offert par le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux. Et ce programme doit être comparable à celui dont bénéficient nos partenaires commerciaux de l'autre côté de la frontière--du moins dans une certaine mesure.

    Nous sommes dans un marché mondial. L'agriculture fait sans nul doute partie d'un marché mondial. Je vends tout mon bétail aux États-Unis et je vends une grande partie de mes récoltes directement aux États-Unis. Je les vendrais n'importe où dans le monde si j'en avais la chance. Nous sommes donc sans aucun doute dans un marché mondial et les programmes de soutien qui sont établis doivent être semblables à ceux de nos partenaires commerciaux.

    L'autre programme de protection du revenu dont nous avons besoin se rapporte au risque relatif au prix. Il s'agit d'un risque plus difficile à gérer, mais je crois que les outils nécessaires pour le faire existent. La raison pour laquelle les agriculteurs ne peuvent accéder à ces outils de gestion des risques, c'est qu'ils ne disposent pas des outils financiers nécessaires. Je veux parler des bourses des marchandises, des stratégies de couverture, etc. C'est le genre d'outils qu'il nous faut. Le rôle du gouvernement s'en trouve réduit, dans une certaine mesure, mais nous avons besoin de ressources financières pour avoir accès à ces outils.

    Par exemple, si je voulais vendre tout le bétail de mon parc d'engraissement au Chigago Mercantile Exchange, je pourrais le faire. Mais est-ce que je disposerais des ressources financières nécessaires pour faire face à une forte hausse du marché? Est-ce que je serais capable de payer le dépôt de garantie? Probablement pas. Ma capacité de gestion des risques est donc limitée. Mais si un programme gouvernemental quelconque me permettait d'avoir accès à l'argent pour le dépôt de garantie, le risque serait beaucoup moins élevé en ce qui concerne mes bovins.

    Il existe donc des outils que nous savons utiliser. Mais nous ne sommes pas en mesure de le faire, parce que nous ne disposons pas de ressources financières suffisantes. Et, bien sûr, il faut toujours faire concurrence aux grandes multinationales et aux sociétés auxquelles nous vendons nos produits. Elles possèdent les ressources nécessaires pour utiliser ces outils, ce qui leur donne un avantage sur nous.

    Le troisième point que j'aimerais aborder, et il s'agit d'un point très important, a trait à la recherche et au maintien de marchés internationaux. Nous devons nous rendre compte--et je l'ai déjà mentionné--que l'agriculture fait partie d'un marché mondial. Il est extrêmement important--puisque nous ne nous pouvons le faire tout seuls, en tant que producteurs--que le gouvernement nous ouvre les frontières pour nous permettre d'accéder aux marchés internationaux et de les conserver.

    C'est le cas de l'industrie dont je fais partie. Je produis des cultures commerciales et j'élève des bovins. Je peux vous dire qu'en 1998, lorsque des obstacles commerciaux ont été imposés à la vente du bétail, cela a été pénible pour moi. Du jour au lendemain, mes rentrées ont été amputées de 100 000 $. Bien sûr, j'ai recouvré ces sommes. Et vous vous dites sûrement: «Tout est bien qui finit bien». C'est vrai, j'ai récupéré l'argent perdu. Mais c'était désespérant de subir cette perte d'exploitation, de voir mes rentrées de fonds diminuer. Cette situation m'a empêché de prendre des décisions pendant dix mois jusqu'à ce que je récupère l'argent perdu.

    La situation est la même en ce qui concerne la production de céréales. Si le secteur canadien des céréales perd sa part du marché mondial, nous ferions aussi bien de faire pousser du gazon dans les prairies, puisque nous n'aurons plus besoin de cultiver autant de blé.

    Le dernier point dont j'aimerais parler--et dont il n'a pas vraiment été question aujourd'hui--se rapporte aux marchés mondiaux. Nous sommes enclins à évaluer la demande alimentaire mondiale en fonction de la capacité de payer. Je crois que le gouvernement canadien pourrait être l'instigateur d'un changement fondamental pour que la demande alimentaire mondiale soit évaluée en fonction des besoins. Je crois que, si nous voulions nourrir tous les affamés du monde, nous manquerions de nourriture et les prix grimperaient. Ce qui se passe aujourd'hui, c'est que, lorsque les prix sont trop élevés, nous laissons le nombre d'affamés augmenter, ce qui entraîne une baisse des prix et permet aux pays occidentaux de profiter d'un approvisionnement bon marché. Je pense vraiment que, si nous voulions nourrir toutes les populations du monde, nous n'aurions pas assez de ressources pour le faire et le prix des produits de base serait élevé.

Á  +-(1115)  

+-

    Le président: Merci, monsieur Vaags.

    Monsieur Penner, nous essayons d'accorder cinq minutes à chaque groupe.

Á  +-(1120)  

+-

    M. Henry Penner (témoignage à titre personnel): Je vous remercie de me donner la chance de participer à cette table ronde pour faire valoir mon point de vue sur les mesures que devrait prendre le gouvernement fédéral pour aider les fermiers et améliorer la situation agricole dans l'ouest du Canada.

    Puisque je ne représente aucune organisation, je vais d'abord vous faire part de mon expérience. J'exploite une ferme dans le sud du Manitoba depuis 25 ans. Au cours de ces années, j'ai participé très activement aux activités de nombreuses associations agricoles. Entre autres, j'ai été président de la Manitoba Corn Growers Association, vice-président de l'organisme United Grain Growers et président du Conseil des grains du Canada au cours d'une période particulièrement difficile.

    Je crois être particulièrement qualifié pour faire un exposé sur ce sujet parce que je sais qu'il faut travailler ensemble pour assurer le bon fonctionnement de cette industrie dans un environnement commercial. Ma force a été de travailler avec tous ceux qui ont un intérêt direct dans l'industrie. Je dois vous dire que j'ai dû prendre la décision difficile d'abandonner mon exploitation agricole. Je consacre maintenant tout mon temps à aider les fermiers dans leur planification successorale.

    Il est important qu'un lien de confiance et de respect soit établi entre les agriculteurs, les entreprises céréalières, les chemins de fer et les gouvernements. Le bien-être de l'un dépend de l'aide financière de l'autre. Au cours de mon exposé, je ne vais pas m'attarder sur les problèmes liés au faible revenu agricole, puisque ce sujet a déjà été bien documenté. J'entends plutôt proposer des solutions qui pourront servir à définir le rôle que devra jouer le gouvernement dans le domaine de l'agriculture.

    D'abord, il importe que le gouvernement fédéral reconnaisse sa responsabilité dans les difficultés financières que connaissent de nombreux agriculteurs des Prairies. La réduction du soutien du revenu agricole, le lourd fardeau fiscal et l'absence de protection des intérêts des producteurs de céréales et des éleveurs de l'Ouest canadien sont au coeur même de ces difficultés financières. Le gouvernement doit continuer à offrir des programmes de protection du revenu afin de protéger les agriculteurs canadiens des circonstances sur lesquelles ils n'ont aucune prise. J'aurais aussi quelques observations à faire sur le commerce, les impôts, les dépenses engagées pour le réseau routier et la réforme du transport du grain.

    Selon moi, le programme canadien de protection du revenu agricole devrait comporter trois composantes principales: l'assurance-récolte pour faire face à tous les types de risques relatifs à la production, un programme d'avance de fonds pour aider les agriculteurs à gérer le flux de trésorerie et le CSRN pour soutenir et stabiliser le revenu et fournir des indemnités de rajustement. Structurés et financés adéquatement, ces trois programmes permettraient de répondre aux besoins financiers des agriculteurs des Prairies.

    En ce qui concerne l'assurance-récolte, je crois que le programme devrait être renforcé afin que tous les risques de production possibles soient assurables à un coût raisonnable. Une aide en cas de catastrophe devrait être offerte pour un montant nominal, ce qui rendrait inutile le recours à une aide ponctuelle en cas de perte liée à la production.

    Le programme d'avance de fonds donne de très bons résultats et il est bien accepté par les agriculteurs. Toutefois, le montant maximal des avances n'a pas suivi la même progression que les approvisionnements agricoles et il devrait augmenter. Le taux à la tonne devrait également être augmenté afin de faire correspondre les avances à la valeur marchande sous-jacente des récoltes.

    Le CSRN est bien accepté par la plupart des agriculteurs. Il s'avère un moyen efficace de stabiliser le revenu qu'ils tirent de leur exploitation. Il constitue également un outil efficace permettant aux gouvernements d'offrir un soutien supplémentaire du revenu. Je crois que le gouvernement fédéral devrait utiliser le CSRN pour verser aux agriculteurs des indemnités permettant de compenser les déséquilibres causés par d'autres pays. Il incombe au gouvernement fédéral de négocier les accords commerciaux internationaux. Je crois que la compensation de ces déséquilibres est l'entière responsabilité du gouvernement fédéral.

    Ces sommes sont destinées principalement à l'industrie céréalière, mais elles ne devraient pas être réservées uniquement aux producteurs de céréales. Les agriculteurs qui sont passés à l'élevage ne devraient pas être pénalisés, pas plus que ceux qui voudraient diversifier leur exploitation. Le gouvernement devrait doubler ses contributions au CSRN, comme l'a recommandé le comité consultatif sur la protection du revenu.

+-

     Je ne préconise pas le paiement à l'acre.

    Pour ce qui est des taxes sur le carburant et des sommes consacrées au réseau routier, les industries primaires, telles que l'exploitation agricole, sont tributaires d'une infrastructure routière efficace. Ces industries consomment hors route la plus grande partie du carburant qu'elles utilisent. Elles payent donc beaucoup de taxes fédérales. Le gouvernement fédéral perçoit environ 4,4 milliards de dollars annuellement sous la forme de taxes sur le carburant, mais il affecte moins de 5 p. 100 de cette somme à la construction de routes. De bonnes routes sont essentielles aux agriculteurs étant donné qu'une plus grande quantité de grains sont transportés par camion que toute autre marchandise.

    J'exhorte le gouvernement fédéral à augmenter considérablement les sommes qu'il consacre à l'infrastructure routière dans les Prairies.

+-

    Le président: Merci, monsieur Penner. Je sais que vous pourriez continuer, mais je dois veiller à ce que tout le monde ait l'occasion de s'exprimer.

    Monsieur Gallant, c'est à votre tour.

+-

    M. Dennis Gallant (témoignage à titre personnel): J'exploite une ferme à environ 14 milles d'ici. Il s'agit d'une ferme mixte: nous élevons des bovins et des porcs, et nous produisons des céréales et des oléagineux et nous faisons un peu de culture fourragère.

    Au cours de mon exposé, j'aborderai quelques points que je commenterai brièvement.

    Subventions à l'agriculture: Si les gouvernements fédéral et provinciaux veulent que l'industrie de l'agricole continue d'exister, ils devront accroître considérablement l'exportation, surtout dans les secteurs qui doivent lutter contre les subventions transfrontalières et étrangères.

    Élimination des taxes scolaires sur les terres agricoles: Aux dernières élections, M. Doer s'est engagé à éliminer les taxes scolaires. Jusqu'à maintenant, il n'a pas tenu sa promesse.

    Taux d'intérêt: Les institutions financières comme les banques, la Société du crédit agricole du Manitoba et la Société du crédit agricole Canada devraient assouplir leur politique. De plus, les taux d'intérêt devraient être réduits pour tenir compte de la situation de l'industrie agricole. Un taux moins élevé pourrait être accordé pour les prêts d'exploitation, l'achat de terrains, de bâtiments et d'équipement, etc. Le taux d'intérêt actuel sur dix ans de la Société du crédit agricole du Manitoba est de 6,75 p. 100 et celui des banques varie entre 8 et 8,3 p. 100.

    Blé transgénique: Je crois que les gouvernements fédéral et provinciaux devraient jouer un rôle de premier plan pour empêcher l'entrée de ce produit sur le marché. Si les consommateurs canadiens acceptent ce genre de produit, sa culture pourra alors être autorisée.

    Fusariose: Certains sujets ont déjà été abordés, mais je veux simplement faire connaître mon point de vue. Les producteurs agricoles entendent parler chaque année des sommes importantes qui sont perdues en raison de cette maladie. Je sais que des centaines de milliers de dollars sont consacrés chaque année à la recherche. Jusqu'à maintenant, aucune variété ne résiste à la maladie. Puisque ce problème existe depuis une trentaine d'années, je me demande si une recherche intensive est effectuée pour mettre au point une variété résistante ou si un groupe de pression, ne poursuivant que ses propres intérêts, tente de retarder la recherche.

    Commission canadienne du blé: Il s'agit d'une question litigieuse. Selon moi, la Commission canadienne du blé devrait abandonner son monopole dans la vente du blé et de l'orge et permettre aux producteurs de vendre ces produits de l'autre côté de la frontière pour profiter du taux de change, comme c'est le cas entre autres pour le porc, le bétail et le foin.

    En résumé, si aucun soutien ferme n'est accordé à l'industrie agricole, elle n'aura pas d'avenir.

    Merci.

Á  +-(1125)  

+-

    Le président: Monsieur Fryza.

Á  +-(1130)  

+-

     M. Stan Fryza (témoignage à titre personnel): Je m'appelle Stan Fryza. J'exploite une ferme de 1 700 acres au nord d'ici. Je représente la troisième génération de fermiers. Mon fils devrait prendre la relève éventuellement. Il a 26 ans. Il n'est pas ici aujourd'hui parce qu'il s'occupe de la ferme.

    Beaucoup de sujets ont été abordés. Le dernier intervenant de South Interlake, Gordon... N'oublions pas que le secteur qui connaît des difficultés, c'est l'industrie céréalière. L'industrie du bétail s'en sort bien en raison du grain vendu à bon marché. Je n'ai rien contre cette industrie; les deux doivent travailler ensemble.

    Alors, n'oubliez pas, à votre retour à Ottawa, que les décisions que vous allez prendre doivent permettre de venir en aide à l'industrie céréalière. Est-ce que c'est clair?

    Quoi qu'il en soit, la nouvelle génération d'agriculteurs profite des programmes parrainés par la Société du crédit agricole du Manitoba. C'est bien. Un grand nombre de personnes suivraient le mouvement. Je suis censé lui garantir un taux d'intérêt; il est censé me garantir un rendement par mois. Garantissez-lui un revenu, sinon il passera par les mêmes difficultés que nous.

    Pour ce qui est de la Commission du blé, le sujet a déjà été abordé.

    Lorsque vous retournerez à Ottawa pour répartir les fonds, traitez les gens de l'ouest comme des Canadiens, s'il vous plaît. Merci.

    Le président: Monsieur Matheson.

+-

     M. Bill Matheson (témoignage à titre personnel): Bonjour. Mon exposé est assez court, je l'ai en mémoire. Il ne se rapporte qu'à une seule question: le CSRN.

    Je dois revenir en arrière un peu. Je suis la cinquième génération de fermiers dans cette communauté et mes enfants seront la sixième. Notre ferme est au sud de la ville. Je m'excuse de mon retard. J'ai dû transporter des seaux de cinq gallons et couper de la ficelle. Je suis content de voir que des producteurs ont mis la main à la pâte pour être en première ligne. Je suis certain qu'il y en a d'autres ici qui ont de bonnes idées, mais vous n'avez pas le temps de les entendre.

    Je veux vous parler aujourd'hui du CSRN. Je sais pourquoi il a été mis sur pied et je sais que bon nombre d'entre nous y ont recours. Nous sommes nombreux à le considérer comme un régime de retraite. Il est très important pour nous et nous ne voulons pas le perdre.

    Au cours de la dernière année, j'ai retiré le montant maximum de ce compte parce que nous avons vécu une situation pénible à la ferme. C'était décevant d'avoir à le faire, puisque je ne voulais pas toucher à cet argent. Pour certains, ça peut sembler acceptable parce que l'argent est utilisé comme il faut. Mais voici ce que j'aimerais faire.

    En 1980, je me suis marié. J'ai trois frères et soeurs et, avant que quelqu'un d'autre entre dans la famille, nos parents nous ont réunis pour nous dire que la mer n'appartient pas au pêcheur et que ce qu'il capture en mer, peu importe les outils dont il se sert, constitue son revenu.

    Je ne veux pas dire que la terre appartient à l'État mais, le plus gros problème, c'est le fardeau que nous devons transmettre à la génération suivante avec la terre. Il s'agit d'une dette énorme. J'ai été...j'avais l'habitude de dire chanceux ou privilégié, mais je vais dire béni des dieux. Mes parents ont vendu pour un dollar la moité de la ferme à chacun des deux enfants qui voulaient l'exploiter. Cela m'a donné un réel avantage sur beaucoup de gens. Je ne le dis pas pour me vanter, mais pour montrer à quel point j'ai eu de la chance.

    C'est ce que je souhaite faire avec le CSRN. J'ai besoin d'un compte dans lequel je peux épargner et au moyen duquel le gouvernement peut m'aider, peut-être en versant un montant équivalent, afin de pouvoir aider mon fils ou mes deux filles s'ils décident de reprendre la ferme un jour. La terre n'a aucune valeur. Si je ne l'exploite pas, elle est sans valeur, elle ne produit rien. Tout dépend de ce que je veux en faire. J'élève des bovins, et je produis du foin, du blé et des oléagineux. Je n'ai pas d'assurance-récolte. Mon investissement dans ces quatre secteurs constitue mon assurance.

    Je voudrais que mes enfants puissent avoir la même chose. C'est pourquoi je cotise à un REER chaque année. J'espère que le RPC sera toujours là, mais je ne sais pas si ce sera le cas. C'est là que le CSRN entre en jeu. Je pourrais épargner pour l'avenir et donner un coup de main à la génération suivante.

    Si le CSRN disparaît, je voudrais qu'il soit remplacé par un programme semblable dans lequel le gouvernement verserait un montant équivalant à mes cotisations. Le jour où je vendrai ma ferme, je voudrais être capable de déduire du principal le solde de ce compte. Il s'agirait d'une économie très importante pour ce fermier débutant, et ça ne coûterait pas très cher au gouvernement, puisque ma contribution porterait sur des sommes imposées. Il s'agirait de l'argent pour lequel j'ai payé des impôts. Si le gouvernement versait un montant équivalent, il ne ferait qu'égaler ma part, ce qui correspondrait au quart du montant équivalent versé par le gouvernement.

+-

     Comme vous le voyez, il s'agit d'une double solution, étant donné que je pourrais avoir une pension qui me permettrait d'aider un de mes enfants et que ma part serait immédiatement déduite du montant en capital pour l'achat de la ferme.

    C'est peut-être un peu plus complexe. Vous savez, certaines gens se lèvent chaque matin avec l'intention de déjouer le système. Donc, ce n'est probablement pas aussi simple que je le décris, mais je pense que les jeunes agriculteurs canadiens sont aux prises avec une énorme difficulté. Je suis encore un jeune fermier, et je teins à vous dire que j'aime mon travail. Je n'aime pas toujours le revenu que j'en tire, mais j'aime mon travail.

    Selon moi, nous devons songer à d'autres moyens pour faciliter ce transfert d'une génération à l'autre, parce qu'il s'agit d'un obstacle énorme. À quoi cela aurait-il servi que mes parents prennent leur retraite avec un demi-million de dollars en banque? J'aurais dû emprunter à une marge de 4 ou 5 %, et seule la banque en aurait profité. J'aurais une dette énorme et j'aurais dû attendre le décès de mes parents. Puis, avec un peu de chance, j'aurais eu droit à une partie de la succession.

    Nous devons changer cette façon de voir les choses en ce qui concerne le transfert d'un bien-fonds. Je ne sais pas comment les autres vivent, mais tout le monde ne peut pas vivre comme moi, je vous le garantis. On met beaucoup l'accent sur la valeur pécuniaire. Vous n'avez qu'à regarder les journaux: on ne cesse de parler des REER. Ne sommes-nous pas censés travailler? Est-ce que tout le monde doit prendre sa retraite à 55 ans? Je ne suis pas d'accord.

    Nous n'avons pas été mis sur cette terre pour rester assis pendant la moitié de notre vie. Nous avons des responsabilités. Je tiens ce discours tous les jours à la ferme et les vaches ne m'ont jamais contredit. C'est à votre tour aujourd'hui.

    Des voix: Oh, oh!

Á  +-(1135)  

+-

    Le président: Merci. Il s'agit d'une question importante dans le secteur agricole, en particulier pour ceux qui ont des quotas à respecter en plus de tous les autres investissements. Il est donc bon d'entendre un autre...

    John, voulez-vous être le prochain à présenter son exposé?

+-

     M. John Morrisson (témoignage à titre personnel): Je m'appelle John Morrisson. J'ai une ferme dans les environs. Il y a un an, j'ai participé à un grand rassemblement au cours duquel nous avons procédé à des calculs intensifs. Nous en sommes arrivés à la conclusion qu'au Manitoba, nous recevions en gros 5 $ de l'acre en subventions ou en programmes de soutien, tandis qu'au Québec, ils recevaient 30 $ de l'acre.

    Pendant le rassemblement, je n'ai entendu aucun agriculteur se plaindre du fait que les cultivateurs du Québec obtenaient 30 $ de l'acre. Ce qu'ils voulaient, c'était que les gouvernements fédéral et provincial leur donnent l'équivalent. En fait, au bureau du député Duhamel, un journaliste du réseau de télévision français lui a demandé directement ce que le gouvernement fédéral faisait pour défendre le programme québécois. Sa réponse a été la suivante: «Nous défendons vraiment ce programme.» Je vous rappelle que c'était au réseau français.

    J'ai été impressionné par le fait que les agriculteurs québécois recevaient une protection et du soutien financier, et j'étais en faveur de cette mesure. Cependant, les agriculteurs manitobains n'ont pas la même chance, et les règles du jeu sont en train de changer. Il est temps de faire les choses différemment.

    Je crois que le rôle du gouvernement consiste à comprendre et à soutenir les secteurs agricoles au Canada. Il doit mettre en oeuvre des programmes visant à assurer la durabilité écologique et la viabilité économique de l'agriculture. Il doit apporter son aide en ouvrant de nouveaux débouchés afin d'améliorer le fondement social et économique des collectivités rurales. Pour ce faire, il ne peut garantir des avantages économiques qui ne bénéficient pas aux agriculteurs. Il ne peut y arriver non plus en élaborant de nouvelles normes ou de nouveaux protocoles qui s'ajoutent aux coûts de production sans procurer d'avantages économiques précis qui précèdent ces coûts.

    Si vous annoncez qu'il y a un nouveau programme qui coûtera plus cher aux agriculteurs, cela veut dire en gros que vous devrez mettre plus d'argent sur la table pour le faire démarrer. Après que le programme sera viable et opérationnel--qu'il aura fait ses preuves--, vous pourrez imputer certaines des dépenses aux agriculteurs.

    Le gouvernement a dit que les collectivités agricoles doivent planifier l'avenir ensemble. Nous faisons partie du marché nord-américain, il y a le gouvernement, les agriculteurs, le secteur des services généraux et les collectivités rurales. Nous devons cerner le problème, l'examiner et demander à tout le monde de l'examiner de la même façon. Au rassemblement de l'an passé, une partie de notre démarche visait à transmettre au gouvernement fédéral un message unanime de tous les partis politiques comme quoi nous avions besoin d'aide. Je tiens donc à les en remercier.

+-

     La plupart de nos intrants sont évalués en dollars américains, et la faiblesse du dollard canadien augmente nos coûts. Environ six mois ou un an après que ces dollars sont affectés aux coûts des intrants, nous vendons notre production sur le marché aux prix américains moins les coûts de transport. À tout bout de champ, nos concurrents internationaux fournissent des subventions à leurs producteurs et des mesures de soutien qui réduisent la valeur marchande de nos produits. Je vais vous donner deux exemples.

    À Altona, au Manitoba, il y a une usine de broyage du canola. Les agriculteurs américains reçoivent un dollar supplémentaire par minot en subvention directe pour le canola qu'ils récoltent aux États-Unis et qu'ils livrent au Canada. Chacun de leurs camions qui traverse au Canada rapporte 800 $ supplémentaires pour chaque livraison. Le problème, c'est que maintenant le cours du canola peut baisser d'un dollar supplémentaire par minot et que l'usine de broyage du canola doit toujours produire la quantité d'huile de canola prévue. Les agriculteurs canadiens affirment qu'ils ne récolteront plus de canola parce qu'ils ne peuvent plus suivre.

    Dans cette région, au cours des dix dernières années, nos récoltes ont subi des infections cryptogamiques, ce qui a diminué la valeur de certaines de nos productions. Nos voisins américains ont mis au point des plantes à l'éthanol et développé d'autres marchés dans les régions touchées par les mêmes problèmes de culture. Les coûts de transport entravent toute possibilité pour nous sur ces marchés. Notre gouvernement doit implanter les mêmes usines et marchés pour l'utilisation locale de ces produits. Pourquoi le gouvernement? La taux d'imposition touchant la consommation de combustibles fossiles fournit au gouvernement du Canada et aux gouvernements provinciaux l'argent et le fondement économique nécessaires au financement et à la réalisation de ces tâches.

    Le gouvernement du Canada, de concert avec les provinces, doit éliminer les niveaux d'imposition touchant tous les intrants agricoles et les terres agricoles, en plus de fournir les outils requis pour réduire les coûts liés aux secteurs agricoles. Il doit agir ainsi pour assurer la viabilité économique de tous les secteurs agricoles. Si la réduction du taux d'imposition et des coûts de l'État n'assure pas cette viabilité, des subventions destinées aux producteurs agricoles devront être versées. Pourquoi faut-il agir de la sorte? Nous sommes les parents pauvres des agriculteurs américains. Nous perdons nos jeunes agriculteurs et les propriétaires n'habitent plus leurs terres. Nos capitaux et nos liquidités ont chuté au cours des dernières années à cause de la baisse des cours et des mauvaises récoltes. Nous n'attendons que les Américains nous achètent. Pour éviter cela, nous devons établir et préserver les ressources requises pour revitaliser ce créneau.

    Au niveau des ressources humaines, l'âge moyen actuel des agriculteurs, qui est d'environ 60 ans, doit être abaissé. Le secteur manufacturier doit être renforcé, les soutiens sociaux et communautaires doivent être maintenus, le transport doit être amélioré et une économie viable doit être développée.

    Merci.

Á  +-(1140)  

+-

    Le président: Merci, monsieur Morrisson.

    Monsieur Ridgeway, êtes-vous prêt?

+-

    M. Bill Ridgeway (témoignage à titre personnel): On ne peut plus prêt.

    Je vous remercie, monsieur le président. Dans mon exposé, les points que j'aborde sont quelque peu différents de ceux de certains de mes prédécesseurs, étant donné que suis ici à titre de producteur. Je suis également président d'une coopérative agricole qui fournit de la paille pour divers usages, mais pas pour l'élevage.

    Je suis membre de diverses associations et commissions agricoles, et je dois dire dès le départ qu'en tant que producteur, j'appuie entièrement un programme d'assurance visant à soutenir les agriculteurs. La plupart du temps, on dit que les gouvernements--fédéral, provinciaux et municipaux--sont à un dollar près et en retard d'un jour. Mais dans le cas du secours aux sinistrés, ils sont à cours de trois dollars et en retard de six jours. Avant que quelqu'un ne se rende compte qu'il y a bel et bien une catastrophe, les personnes qui en sont victimes ne sont déjà plus là. Il faut que les montants versés soient assez importants pour que les journalistes, les médias et les autres entrent en scène afin de déclarer que «les agriculteurs de l'ouest reçoivent une aide financière de X millions de dollars.» Je n'aimerais pas me retrouver dans une situation où je devrais avoir recours à de telles mesures. J'aimerais nettement mieux bénéficier d'un programme d'assurance qui me procurerait une aide fédérale et provinciale pour le paiement de la prime et pour laquelle je paierais ma part.

    Nous avons tous ou presque des assurances pour la maison, la voiture et le reste. Et pourquoi donc? Pour nous protéger contre les sinistres. Ce que je veux, c'est un programme qui me permettra de protéger mon exploitation agricole contre toute forme de sinistre. Pas un programme qui me fera attendre--six, huit ou dix mois, ou encore un an--avant de me remettre de l'argent, mais un programme qui pourra m'aider sur-le-champ.

+-

     Nous avons parlé des subventions--canadiennes, américaines et ainsi de suite. Nous critiquons souvent l'Union européenne. Cependant, nous ne pouvons en faire autant avec les Américains, car ils sont trop près et peuvent répliquer. Les Européens sont une bonne cible, vu que les motifs qui les poussent à subventionner leurs agriculteurs sont complètement différents de ceux des Américains.

    L'Union européenne soutient ses agriculteurs parce que 40 p. 100 de sa population habite les zones rurales et que ses infrastructures urbaines sont insuffisantes. C'est pourquoi il lui en coûte moins de les subventionner pour qu'ils restent à la campagne.

    Les Américains, par contre, agissent pour une toute autre raison. Ils ne paient pas leurs agriculteurs suffisamment. Si vous examinez où vont leurs subventions, vous verrez qu'elles sont dirigées aux grandes entreprises. Les petits agriculteurs américains sont aux prises avec les mêmes problèmes que nous. Mais les grandes sociétés--les amis de Bush--obtiennent toutes les subventions qu'elles veulent.

    Notre ministre provinciale a dit que le programme d'assurance-récolte était excellent. C'est vrai, à moins que vous n'ayez un revenu moyen décroissant, ce qui est le cas pour la majorité d'entre nous dans la province, à cause du mauvais temps ou des maladies. À mesure que nos revenus moyens diminuent, il en va de même pour notre protection jusqu'à ce qu'il ne vaille plus la peine d'adhérer au programme.

    Je préférerais donc un programme entièrement assuré qui m'indiquerait exactement où j'en suis dès le début.

    En tant que producteur, je soutiens la Commission canadienne du blé, étant donné que j'ai beaucoup de difficulté à voir comment on pourrait avoir une commercialisation mixte. C'est comme si l'on disait d'une femme qu'elle est un peu enceinte. Ça ne se peut pas: elle est enceinte ou elle ne l'est pas.

    La Commission commercialise notre grain la plupart du temps auprès d'autres gouvernements. Bien sûr, nous aimerions pouvoir vendre directement aux États-Unis, mais combien de temps s'écoulera-t-il avant que le gouvernement américain ne ferme la frontière? Nous nous pensons gros, forts et solides, et nous nous disons que nous pouvons... J'ai parlé à des types de l'Alberta qui disaient qu'ils vendaient leur orge au Montana et faisaient des affaires d'or. Je leur ai répondu: «C'est beau, mais attendez que j'arrive du Manitoba avec un plein camion de grain que je vendrai 10c. meilleur marché.» Ils me croyaient incapable de faire une chose pareille. Je leur ai dit: «Et pourquoi pas? Nous vivons dans un régime de libre entreprise. Je ne vois pas ce qui m'en empêcherait.»

    Pour rester dans le même ordre d'idées, la Commission canadienne des grains, la CCG, semble avoir laissé les agriculteurs à eux-mêmes. Il est évident qu'elle soutient davantage les grandes entreprises pour l'instant. Ainsi, ce qui préoccupe de nombreux producteurs, c'est le paiement des frais de transport des impuretés. Je ne vais pas entrer dans les détails. Vous savez de quoi je parle. Sinon, demandez à vos recherchistes de vous informer.

    À part le transport des impuretés, il y a la licence d'exploitation des installations de chargement de wagons pour les producteurs de céréales pures. Si je décide d'établir une installation de chargement le long de la voie ferrée et de charger le grain de Henry Penner à sa place, et qu'il me donne 3 $ ou 4 $ pour que je pèse et charge son grain dans un wagon, je ne lui paierai pas le grain. Par contre, il recevra un montant lorsque le grain sera déchargé au port. Il n'est pas question que la Commission canadienne des grains me fasse payer une licence d'exploitation de silo primaire.

+-

    Le président: Soyez bref, je vous prie.

+-

    M. Bill Ridgeway: Bien sûr. Je m'apprêtais d'ailleurs à conclure mon exposé.

    Voici deux points auxquels il faut réfléchir. D'abord, le gouvernement doit encourager la diversification et la recherche. Mais ce n'est plus vraiment le cas depuis déjà bon nombre d'années.

    Enfin, je voudrais aborder la question du drainage, étant donné que c'est un domaine qui me touche personnellement. J'ai perdu 25 p. 100 de mes récoltes au cours des dernières années--ou plutôt des deux dernières années, mais le problème a commencé il y a trois ans--en raison d'un drainage inadéquat. Il s'agit d'une infrastructure provinciale, mais vous devinez ce qu'on m'a dit, mesdames et messieurs, lorsque je me suis adressé aux responsables provinciaux pour leur demander de régler le problème. Ils m'ont répondu que Pêches et Océans a décidé que les systèmes de drainage artificiels sont des habitats pour le poisson. Et c'est moi qui vais me ruiner pour protéger les deux meuniers noirs qui se reproduisent dans mes fossés de drainage.

    J'ai terminé. Je vous remercie de votre attention.

Á  +-(1145)  

+-

    Le président: Merci, monsieur Ridgeway.

    Avant d'entendre nos prochains témoins, j'aimerais mentionner aux nombreuses personnes ici présentes qui ont fait preuve d'une grande patience ce matin que nous disposons d'un microphone à l'arrière. Pour ceux et celles qui désirent présenter un exposé de deux minutes, vous n'avez qu'à donner votre nom à la greffière qui dressera ensuite une liste.

    J'aimerais également mentionner qu'il s'agit ici d'un comité permanent et que les seules idées que nous pouvons inclure dans notre rapport sont les vôtres. Chose étrange, M. Hilstrom ne peut en faire autant, car il est ici pour écouter. Il est donc très important que nous obtenions des renseignements des agriculteurs du Canada afin de les inclure dans notre rapport.

    Ceci étant dit, je vous cède la parole, monsieur Felsch.

Á  +-(1150)  

+-

    M. Les Felsch (témoignage à titre personnel): Merci, monsieur le président.

    Je constate que je suis le dernier à parler.

+-

    Le président: Non, vous n'êtes pas le dernier.

+-

     M. Les Felsch: Pardon. J'espère tout de même ne pas utiliser mes cinq minutes au complet. J'ai quelques préoccupations qui ne sont pas toutes nécessairement liées à l'agriculture. Cependant, si les fonds requis étaient affectés au budget de l'agriculture, bon nombre de ces problèmes seraient réglés.

    De nombreux résidents ruraux en ont plus qu'assez d'être considérés comme des citoyens de seconde classe. Les services essentiels tels que les hôpitaux et les services policiers continuent de déménager ou de perdre des effectifs, ce qui les rend inefficaces. Dans certaines régions rurales, il faut attendre jusqu'à huit heures après les policiers dans les cas d'enquête criminelle.

    Les gens traversent régulièrement la frontière américaine, et cela ne pose aucun problème à la GRC. Ce qui préoccupe davantage la police, c'est d'arrêter les personnes qui enfreignent les règlements de la circulation et de leur faire payer des amendes. Mais peut-être que les choses ont changé depuis le 11 septembre dernier.

    Les services de garde d'enfants sont presque inexistants. Ceux qui fonctionnent ne conviennent pas aux horaires de nombreux agriculteurs, ce qui surcharge les personnes qui s'occupent des enfants.

    Les frais d'accès aux systèmes d'aqueduc ruraux peuvent être astronomiques. Qui peut se permettre de cracher 20 000 $ pour un simple raccordement résidentiel? En ville, les gens tiennent cela pour acquis. Avec plus d'agriculteurs qui partent, ce coût de 20 000 $ passe soudainement à 40 000 $.

    Dans le monde actuel où les entreprises sont axées sur le savoir, il est très important d'avoir accès aux plus récentes données touchant chaque aspect de votre entreprise agricole. Cela est très difficile lorsque la technologie n'est pas disponible pour l'instant ou ne le sera jamais dans la région où se trouve votre entreprise.

    Les cellulaires sont monnaie courante dans la plupart des grandes villes nord-américaines, mais personne n'en a où j'habite.

    Quant au service Internet, qui a envie d'attendre cinq minutes avant d'être branché et de payer des frais d'interurbain par-dessus le marché? Le service Internet haute vitesse ne sera jamais offert à moins de payer des frais de satellite.

    Ces problèmes ne font que réduire le nombre d'habitants des collectivités rurales, et pas seulement les agriculteurs. Ce phénomène continue d'amplifier le fardeau financier et physique de ceux qui restent. Le temps de déplacement à lui seul pour les affaires, les loisirs ou les emplettes peut représenter la moitié du plan annuel d'un agriculteur. Je sais que je parcours 60 000 kilomètres par année avec tous mes véhicules. Tout ce temps sur la route ne favorise pas la productivité de mon entreprise. Il ne fait que s'ajouter au coût de la vie d'une entreprise agricole canadienne.

    Pour ce qui est de la dévaluation du dollar canadien, le gouvernement canadien se vante du fait que les exportations vont bon train, mais il s'agit ici de dollars canadiens et non indexés. D'accord, les exportations de produits agricoles continuent d'augmenter, mais s'agit-il de dollars canadiens? Si vous examinez la valeur réelle de ces exportations, vous verrez qu'elles n'ont pas augmenté du tout.

+-

     La valeur du dollar américain par rapport à celle du dollar canadien touche également les producteurs. Tant que vous faites des profits ou que vous avez un bénéfice net, vous profitez de la valeur actuelle du dollar canadien, mais dès que vos coûts de production prennent le dessus, la situation change. C'est la perte totale.

Á  +-(1155)  

+-

    Le président: Merci, monsieur Felsch.

    Je vais maintenant céder la parole à monsieur Bill Uruski.

+-

    M. Bill Uruski (vice-président, Manitoba Turkey Producers: Merci, monsieur le président.

    Étant moi-même originaire de la région des lacs du Manitoba, j'aimerais souhaiter la bienvenue aux membres du comité et les remercier d'avoir décidé de tenir leur première réunion ici même en ce jour.

    Je tiens seulement à commenter deux aspects du rôle futur du gouvernement en matière d'agriculture. Ayant moi-même participé à la politique agricole depuis plus de 30 ans et en tant que vice-président de la Manitoba Turkey Producers, je sais que la question de la régulation de l'offre au sein du gouvernement canadien a déjà été très bien résumée par les autres témoins qui ont parlé.

    Je tiens néanmoins à souligner deux aspects du rôle du gouvernement en matière d'agriculture. Le premier touche nos programmes actuels de protection du revenu, tandis que le deuxième concerne la participation du gouvernement fédéral au niveau du commerce international.

    La position du gouvernement fédéral par rapport aux programmes actuels de protection du revenu destinés aux producteurs de céréales et d'oléagineux fait état d'une inéquité flagrante entre les producteurs des diverses régions du pays.

    Si je comprends bien l'accord fédéral-provincial, le soutien actuel repose sur l'importance de l'agriculture dans une province plutôt que sur le risque ou le besoin existant dans cette province. Je dois vous dire que cette question ne date pas d'hier, car je l'ai soulevée dans les années 80 lors de réunions fédérales-provinciales.

    Ainsi, le Manitoba doit imposer ses habitants quatre fois plus qu'en Ontario afin d'assurer un niveau de soutien semblable à ses producteurs. Dans un tel cas, on peut parler d'inéquité considérable.

    De plus, l'importance de la régulation de l'offre en Ontario et au Québec, qui est de plus de 60 p. 100 pour tous les produits, est comprise dans les statistiques totales, et les contribuables n'ont pas besoin de payer d'autres impôts pour soutenir l'industrie. Lorsque les fonds sont combinés d'après l'importance de l'agriculture, l'inéquité est aggravée.

    Le gouvernement doit assurer l'équité entre les habitants, car c'est là son rôle. Cependant, il n'a pas fait preuve de leadership en vue d'assurer un soutien équitable aux producteurs du pays.

    Parlons maintenant du rôle du gouvernement en matière de commerce international. Tous ceux d'entre nous qui sont dans le domaine de la régulation de l'offre savent que lors des négociations de l'Uruguay Round, on a écarté l'article 11 et éliminé l'éclaircissement de la régulation de l'offre. On a également écarté des programmes de soutien tels que le tarif du Nid-de-Corbeau et les subventions du Nid-de-Corbeau versées à l'industrie céréalière.

    Le Canada a tellement réduit ses subventions que les céréaliers sont maintenant très vulnérables dans deux secteurs. D'abord, nos principaux partenaires commerciaux, les États-Unis et l'UE, continuent de soutenir leurs agriculteurs de façon beaucoup plus forte, ce qui a entraîné et continue d'entraîner des distorsions des cours du marché. Le Farm Bill aux États-Unis a suscité la controverse concernant les céréales et les oléagineux--140 milliards de dollars au cours des dix prochaines années. Pouvez-vous imaginer l'impact sur le marché pour les producteurs de céréales et d'oléagineux du Canada et du reste du monde?

    Deuxièmement, les accords commerciaux internationaux ont créé un environnement favorable aux multinationales qui n'offre aucune base durable pour les agriculteurs. C'est du moins notre opinion.

    Le Canada ne doit pas céder le peu d'emprise sur le marché que nos agriculteurs ont encore grâce à la régulation de l'offre, de la commercialisation ordonnée et de la Commission canadienne du blé. M. Hilstrom, quant à lui, estime que la commercialisation ordonnée doit être vraiment ordonnée, que cela passe par la Commission canadienne du blé, la régulation de l'offre ou l'office de mise en marché du porc. Nous devons donc protéger le peu de pouvoir qui reste à nos agriculteurs et ne pas tenter de faire des gains fondés sur des présomptions.

+-

     Si l'accès qui a été négocié dans l'accord actuel--6 p. 100 seulement--pouvait être offert à l'échelle internationale, la production de l'industrie agricole canadienne doublerait. Ainsi, notre gouvernement--vous fournirez ce rapport au gouvernement--doit assurer le leadership requis pour traiter les producteurs canadiens aussi équitablement que possible et ne doit pas céder leur emprise actuelle sur le marché par le biais d'accords ultérieurs.

    Merci beaucoup, monsieur le président.

  +-(1200)  

+-

    Le président: Merci à vous.

    En ce qui a trait aux membres, il ne reste plus de temps pour les questions. Nous allons maintenant écouter un autre groupe de sept personnes.

+-

    M. Odina Desrochers: Aucune question?

+-

    Le président: Nous devons poursuivre pour respecter l'horaire.

    Monsieur Hilstrom.

+-

    M. Howard Hilstrom: J'aimerais savoir si nous pouvons poser une courte question.

+-

    Le président: Si nous entendons cette question, les autres conférenciers n'auront pas le temps de parler. Je suis désolé , mais je crois que c'est la seule façon de terminer à l'heure prévue.

    Les prochaines personnes qui s'adresseront au comité sont: M. Scheurer, M. Wishart, M. Trimble, M. Galbraith, M. Kolisnyk, M. Fossay et M. Harder. Je demanderais également à M. Penner, à M. Thornhill et à M. Dyck de s'avancer.

+-

    M. Edgar Scheurer (témoignage à titre personnel): Merci. C'est un honneur pour moi que de me retrouver ici aujourd'hui.

    Je suis agriculteur et je possède une ferme située près de la ville de Dugald, directement à l'est de Winnipeg. Je cultive des céréales et des oléagineux, en plus d'élever des porcs. Je suis également directeur de la Manitoba Canola Growers Association, et j'aimerais commenter la situation actuelle à laquelle nous, producteurs de canola, sommes confrontés en ce nouveau millénaire.

    Pour l'instant, nous sommes probablement tous au courant de la situation qui touche le secteur des céréales et des oléagineux. Bref, les rendements sont au même niveau que ceux d'il y a 20 ans, mais les frais d'exploitation ont doublé. L'intervention des gouvernements étrangers dans l'agriculture, les multinationales et l'utilisation accrue de la transmission électronique de données en sont grandement responsables.

    Résultat: les bénéfices à l'acre ont chuté. Pour contrebalancer cette situation, certaines fermes se sont agrandies, ce qui a entraîné la disparition des petits producteurs. Il s'agit là d'une réalité de la vie. Mais cela ne peut se poursuivre encore longtemps avant que tout s'écroule, et je crois que nous sommes déjà au bord du gouffre.

+-

     Il ne s'agit pas ici d'usines, mais bien de fermes. Il y a certains facteurs qui ne peuvent être contrôlés. Nous sommes à la merci des éléments et des facteurs biologiques. Autrement dit, nous ne pouvons exploiter la terre que jusqu'à un certain point en raison des risques élevés qui nous empêchent d'agrandir la surface constamment. Si, malgré cela, nous continuons l'expansion, nous perdrons non seulement les agriculteurs, mais aussi le secteur des services généraux et nos petites collectivités rurales. De quoi auront donc l'air les régions rurales du Manitoba et de la Saskatchewan?

    Il ne s'agit ici que d'un court résumé de la situation qui nous afflige. Nous pourrions continuer d'en parler en détail pendant des heures. Mais, pour les besoins de cette réunion, j'aimerais vous présenter quelques problèmes qui pourraient être abordés immédiatement en vue d'aider les agriculteurs à surmonter le resserrement monétaire qui nous touche actuellement.

    Premièrement, au cours des deux dernières années, nous avons reçu énormément d'eau dans la vallée de la rivière Rouge. L'assurance-récolte couvre, dans le meilleur des cas, les coûts des intrants. Comment pouvons-nous nous assurer que tous nos coûts sont couverts? D'autres entreprises ont le choix de s'assurer à un taux qui couvre la valeur de leurs produits. De notre côté, nous devons nous contenter d'environ 60 p. 100. Par conséquent, trois récoltes déficitaires consécutives peuvent entraîner la faillite de nombreuses entreprises. Nous devons donc disposer, au lieu d'une garantie globale, d'un programme d'assurance-récolte qui nous permettra d'assurer nos produits à une valeur plus élevée et sur une base individuelle.

    Deuxièmement, le coût du transport ferroviaire des céréales vers le port est exorbitant. Le rapport Estey n'a pas été adopté principalement à cause du lobbying des compagnies de chemin de fer, qui veulent garder le coût de transport élevé, car elles savent qu'elles seront payées d'une manière ou d'une autre, et ce tout en gardant les autres marchandises à des taux concurrentiels. J'estime que nous ne devrions pas payer plus cher que les autres.

    Troisièmement, le coût des semences est excessif depuis quelques années. Je crois que cela est surtout dû au fait que les programmes publics d'amélioration des céréales ont été trop réduits. Les entreprises privées dominent les marchés et imposent leurs prix autant qu'elles le peuvent. Nous devons financer davantage les universités et d'autres organismes publics d'amélioration des céréales. Sinon, nous nous retrouverons avec deux ou trois compagnies de semences associées à des sociétés de produits chimiques qui nous imposeront certaines céréales, la façon de les faire pousser et leurs prix.

    Quatrièmement, les changements apportés au PPRA doivent être mis en oeuvre sur-le-champ. Il est presque impossible d'obtenir de l'aide en vertu des règles actuelles. Ainsi, un agriculteur qui a deux entreprises différentes, en raison de la diversification fortement encouragée par nos gouvernements, se trouverait dans cette situation. Pourquoi une porcherie aiderait-elle une ferme céréalière, alors qu'un voisin dont l'investissement est moindre et moins risqué aurait droit à une aide financière? Nous devons trouver un moyen de combiner ces deux éléments.

    Cinquièmement, le carburant agricole devrait être exempt d'impôt. Je crois comprendre que nous subventionnons les consommateurs en leur fournissant des denrées bon marché. Au Canada, moins de 10 p. 100 du revenu disponible est affecté à la nourriture.

    Sixièmement, nous devons mettre sur pied au Canada une industrie des biocarburants qui convertirait l'huile de canola en diesel, les céréales en l'éthanol et ainsi de suite. Non seulement cette solution est écologique, mais elle stimule le marché et donne aux agriculteurs une autre occasion de vendre leurs céréales. Nous devons toutefois bénéficier d'allégements fiscaux de la part du gouvernement. Pourquoi sommes-nous encore en retard sur l'Europe?

    Enfin, aux États-Unis, on a proposé d'accroître de nouveau les paiements d'appoint du LDP. Si tel était le cas, nous devrions cesser de cultiver du canola au Canada. Nous ne serions tout simplement plus de taille. Que ferons-nous pousser alors? Nous avons cultivé le blé en alternance pendant des années. Nous ne continuons d'en récolter que parce que nous devons poursuivre la rotation des cultures. Mais nous affichons des pertes depuis plusieurs années. Pour survivre en tant que céréaliculteurs, nous devrons réduire l'aide en provenance de l'étranger ou encore adopter les mêmes pratiques. C'est pourquoi nous vous demandons de nous accorder des paiements d'appoint.

  +-(1205)  

+-

     Pour l'instant, il y a beaucoup de ressentiment entre les agriculteurs et les habitants des villes et des villages en raison de l'accroissement de l'élevage. Le gouvernement doit adopter des règles qui déterminent les endroits où nous pouvons élever des porcs et construire des porcheries, ou tout autre type d'étable. Sinon, nous serons confrontés à des conseillers municipaux à la recherche de votes qui décideront de ce que nous pourrons ou non construire.

    Je crois que je vais terminer mon exposé là-dessus.

  +-(1210)  

+-

    Le président: Je m'excuse pour le temps accordé, mais je ne puis faire plus.

    Monsieur Wishart.

+-

     M. Ian Wishart (témoignage à titre personnel): Merci beaucoup, monsieur le président. Je m'appelle Ian Wishart. J'exploite une ferme dans la région de Portage la Prairie, et je suis également président du Keystone Agricultural Producers Rural Development Committee. Ce comité a élaboré une proposition qui porte sur la rotation des terres. Voici des exemplaires de la proposition que vous pouvez faire circuler.

    Avant que je n'entre dans le vif du sujet, j'aimerais mentionner que si vous désirez donner suite à ce document, nous serons ravis de nous rendre à Ottawa pour vous présenter un exposé lorsque le temps vous le permettra. En effet, le temps est une denrée rare aujourd'hui.

    La «rotation des terres» est une méthode qui permettrait aux agriculteurs de vendre autre chose que des céréales, des oléagineux ou des fibres, car elle comprend tous les avantages liés à l'environnement. Il s'agit d'une initiative novatrice qui fait participer des groupes de réflexion non agricoles. Nous travaillons ainsi avec la Delta Waterfall Foundation, qui est un groupe de conservation des habitats fauniques. Cet organisme a eu son mot à dire pour que nous en arrivions à cette approche totalement différente.

    Elle permet également de réduire l'écart entre les producteurs agricoles et le reste des Canadiens, en particulier les consommateurs qui sont très inquiets de notre impact sur l'environnement et qui semblent désireux de participer davantage à la réglementation des habitudes d'utilisation des terres pour imposer leur vision des régions rurales. Il s'agit donc d'une démarche plus conviviale à l'endroit des agriculteurs qui pourrait compléter les programmes de protection du revenu.

    La rotation des terres vient s'ajouter à l'assurance-récolte en tant que mécanisme d'exécution, ce qui veut dire qu'elle ne sera pas tellement envahissante pour les exploitations agricoles. La plupart des producteurs participent déjà à un programme d'assurance-récolte, surtout dans l'Ouest, et la nouvelle initiative ne nécessiterait pas tellement de formalités supplémentaires. Bien sûr, vu que l'assurance-récolte peut faire l'objet d'une vérification, elle permettrait au gouvernement de mesurer les nombreux impacts réels, ce qui est très difficile à faire lorsqu'il s'agit de l'environnement.

    La nouvelle initiative s'insère harmonieusement dans votre cadre stratégique général. Je vous ferai remarquer que cette proposition a été élaborée environ six mois avant le document de Whitehorse. C'est pourquoi les agriculteurs réfléchissent à la situation; nous ne sommes pas dirigés nécessairement par le gouvernement. Nous espérons que vous prendrez le temps d'examiner vers quoi nous nous dirigeons.

    La nouvelle initiative traite également des problèmes liés au renouvellement.

    La sécurité alimentaire est intimement liée au marquage du Canada, et une partie de cette proposition...je vous encourage donc à la lire. Elle traite de certains des problèmes qui affligent le Canada rural depuis longtemps, comme la conservation des sols, et elle aborde aussi les problèmes liés à la qualité de l'eau. De plus, elle aiderait le gouvernement à respecter son engagement concernant les gaz à effet de serre, et elle pourrait servir à structurer les crédits de carbone. En fait, ces derniers pourraient constituer l'une des sources potentielles de financement, car il est certain que, à titre de producteurs particuliers, nous n'arriverons jamais à atteindre l'équivalent d'une grande partie de nos crédits de carbone sur le marché. La nouvelle initiative peut favoriser la gestion de certaines des questions liées à la pêche sportive et à la chasse, et elle peut également aider le gouvernement à faciliter davantage la conservation des espèces en péril.

    Voici donc quelques principes de base de ce programme.

    Il s'agit d'un programme auquel les agriculteurs ne sont pas tenus de participer et qui fonctionne par incitatifs. Le niveau de participation maximal est fixé à 20 p. 100 pour les agriculteurs, ce qui fait qu'aucune région ne sera victime d'un changement important des habitudes d'utilisation des terres, comme cela a été le cas dans d'autres pays où des mesures semblables ont été implantées.

    Il s'agit d'un mécanisme d'exécution intégrée, comme je l'ai déjà mentionné. Le programme peut s'ajouter à l'assurance-récolte et, de ce fait, être administré de façon nettement plus économique que la plupart des programmes existants. Dans cette optique, il s'adresse aux régions écologiquement vulnérables, c'est-à-dire à chaque ferme prise individuellement. La plupart des producteurs vous avoueront qu'une partie de leur terre leur pose problème et pourrait servir à d'autre chose. Ces autres usages entraîneront la mise en oeuvre de services environnementaux.

    Le programme est souple. Il s'étale sur neuf ans, à raison de trois tranches de trois ans, et offre aux producteurs la souplesse requise pour répondre aux signaux donnés par le marché. De plus, il n'a pas d'effet sur les échanges et les produits, ce qui veut dire qu'il ne favorise aucun produit au détriment d'un autre. En réalité, nous croyons qu'il n'a absolument aucun effet sur l'élevage, ce qui évitera divers problèmes dont vous avez déjà entendu parler aujourd'hui.

    Il traite également de l'élaboration de plans environnementaux en agriculture. On nous a dit que nous devrions tous bénéficier de ces mesures. Nous croyons donc que vous pourrez mettre sur pied un plan environnemental en agriculture dans le cadre de vos travaux portant sur la nouvelle initiative de rotation des terres.

    Merci beaucoup de votre attention.

+-

    Le président: Rae, c'est à votre tour maintenant. Allez-y, madame Trimble.

+-

    Mme Rae Trimble (témoignage à titre personnel): J'aimerais vous remercier, monsieur le président et les membres du comité, de m'avoir invitée.

    J'avais l'intention d'adopter une optique un peu différente. Je voulais parler des programmes de protection du revenu et d'autres questions qui ont été abordées aujourd'hui. J'aimerais faire porter mon intervention sur les observations qui ont été faites et en particulier sur l'un des cinq points abordés dans un discours prononcé récemment par le ministre Vanclief, soit le renouvellement et le changement.

    Il répartit les agriculteurs dans divers groupes démographiques: débutants, à la retraite et à la mi-carrière. Selon vous, quel est le groupe le plus petit? Si le groupe des fermiers débutants est le plus petit, est-ce le signe d'une industrie en santé?

    Il parle des chefs du XXIe siècle. De qui s'agit-il? S'agit-il de chefs qui, dans 10 ou 20 ans, feront partie de ceux qui partiront à la retraite? Comment se fait-il que, dans cette industrie, on soit considéré comme un jeune entrepreneur tant qu'on n'a pas atteint 40 ans ou peut-être même 50 ans? C'est parce qu'il n'existe pas de programme «Liberté 55»--ou même «Liberté 65»--dans cette industrie. Et c'est comme ça qu'on compte inciter les jeunes à s'intéresser à l'agriculture.

    Pour vous permettre de mieux comprendre ma situation, je dois vous dire que j'essaie de me lancer en agriculture. J'ai fait des études universitaires, comme l'a suggéré M. Vanclief. J'ai obtenu deux diplômes. L'été, je travaille à temps plein, au moins 50 heures par semaine, tout en essayant de devenir agricultrice. Dieu merci, je n'ai pas de famille.

    Alors, comment pourrais-je me consacrer à temps plein à l'agriculture? Suis-je censée conserver mon emploi tout en continuant à m'occuper de ma ferme? Faut-il que je sacrifie la retraite de mes parents--peut-être me donneront-ils un peu d'argent--ou que j'attende d'hériter de la ferme à leur décès?

    Je pourrais occuper deux emplois pendant de nombreuses années. Jusqu'ici, ça fonctionne assez bien pour moi. J'ai commencé à constituer un capital, à acheter de l'équipement et à exécuter certains travaux. Cependant, il semble que cela pourrait me jouer un tour étant donné que je pourrais bien être considérée par le fisc comme une agricultrice amateur si je ne produis pas assez de céréales au cours d'une année. Si je ne fais pas attention et si je n'obtiens pas une avance pour le 31 décembre, il se pourrrait que mes revenus soient insuffisants et que je devienne une agricultrice amateur. Je suppose qu'il y a beaucoup d'autres passe-temps moins coûteux auxquels je pourrrais m'adonner.

    Faut-il foncer tête baissée en espérant que tout va bien se passer? À tout le moins, je ne serai pas trop vieille pour repartir de zéro. Après avoir fait faillite, je me lancerai probablement en politique. Ou bien faut-il se lancer en se fiant aux programmes pour obtenir de l'aide en cas de besoin? Mais est-ce que ça marche?

    Actuellement, il existe de nombreux programmes auxquels je ne suis pas admissible. Il n'y a pas assez longtemps que je m'occupe d'agriculture. Je pourrais verser 300 dollars cette année dans mon CSRN. J'y investis des fonds seulement parce que mon comptable ne cesse de me répéter: «Ce sont des fonds gratuits. Investis un peu d'argent.»

    Je tiens simplement à dire que, selon moi, la politique en matière d'agriculture doit inciter les jeunes à s'y intéresser. Les coûts sont énormes. S'il n'est pas possible d'éponger la plupart des dépenses simplement parce qu'il faut travailler à l'extérieur pour subvenir à ses besoins, alors personne ne s'intéressera à l'agriculture. À mon avis, ce n'est pas juste que nous soyons forcés de compter sur nos parents pour nous aider à devenir agriculteurs. En connaissez-vous beaucoup des industries où on doit compter sur l'aide de ses parents jusqu'à 45 ans?

    C'est tout ce que j'avais à dire. Je vous remercie.

  +-(1215)  

+-

    Le président: Merci, Rae

    Wilfred.

+-

    M. Wilfred Harder (témoignage à titre personnel): Merci beaucoup, monsieur le président. Je m'appelle Wilfred Harder. Je suis un producteur de graines oléagineuses et je suis le directeur de la Commission canadienne du blé. J'exerce mon activité agricole dans la région de Lowe Farm, à environ 25 milles de la frontière américaine. J'exploite également des terres dans la région de Winnipeg-Headingley.

    J'ai lu votre résumé ainsi que l'énoncé des perspectives d'avenir. Ce qui a attiré mon attention, c'est le fait qu'on y parle de salubrité des aliments et de compétitivité. Si je me fie aux propos des agriculteurs qui sont ici, ce qui les préoccupe surtout, ce sont les prix. Bien sûr, la salubrité des aliments et toutes les autres questions nous préoccupent mais, depuis toujours, la compétitivité consiste également à produire pour un profit moindre. C'est pourquoi nous nous opposons parfois à l'utilisation d'expressions de ce genre.

+-

     Je comprends la position des membres du comité, et je leur suis reconnaissant de s'être déplacés pour entendre ce que les agriculteurs ont à dire. Mais le problème, c'est que, peu importe la solution qui sera mise de l'avant--et même si demain toutes ces rencontres nous permettaient de trouver la solution idéale--, le gouvernement américain la contestera immédiatement. Quoi que nous fassions, si les agriculteurs canadiens en bénéficient, les Américains s'y opposeront vigoureusement, comme le montre l'histoire encore et encore.

    La plainte no 301 déposée par les Américains relativement aux exportations canadiennes de blé vers les États-Unis en est un bel exemple. Bien sûr, les États-Unis ont allégué que le blé exporté par la Commission canadienne du blé était vendu à un prix inférieur afin de permettre au Canada d'accroître sa part du marché américain. Mais voilà, une étude menée par une délégation commerciale indépendante montre que, 59 fois sur 60, la Commission canadienne du blé obtient plus d'argent pour les producteurs agricoles que les agriculteurs américains n'en reçoivent.

    Bien sûr, il n'est pas bien difficile d'en deviner la raison. Même si le comité n'en fait pas mention, la raison, c'est que nous sommes capables de livrer à temps un produit uniforme de qualité. C'est la neuvième contestation que nous remportons mais, cette fois, la réaction des Américains est un peu plus ferme. Ils continuent de dire que les producteurs canadiens reçoivent beaucoup plus de subventions que les agriculteurs américains.

    Ils ont le culot de prétendre cela alors que, comme M. Urusky et d'autres intervenants l'ont souligné, ils veulent obtenir 75 milliards de dollars avec leur loi sur l'agriculture--les chiffres varient et j'écoute avec intérêt. Les chiffres qui ont été avancés autour de cette table sont différents. Au cours d'une rencontre à laquelle j'ai participé dans le Dakota du Nord en automne dernier, ils demandaient 75 milliards de dollars sur cinq ans. On dit maintenant que ce serait sur plus de 10 ans. Quoi qu'il en soit, ça fait beaucoup d'argent.

    Nos politiciens ont tendance à examiner nos petits systèmes de commercialisation pour tenter de trouver ce qui ne va pas. Je crois qu'en tant que politiciens, vous vous devez de travailler ensemble pour éviter que les pratiques commerciales des autres pays nuisent aux agriculteurs d'ici. À mon avis, ce serait beaucoup plus productif.

    Combien de fois, en période électorale ou à tout autre moment, entend-on le premier ministre du Canada parler, ne serait-ce que quelques minutes, des agriculteurs et du rôle important qu'il joue pour l'économie? Combien de fois le ministre des Finances parle-t-il d'agriculture, ne serait-ce que quelques minutes, lorsqu'il s'adresse à tous les Canadiens? Même s'il m'arrive de critiquer les États-Unis, les politiciens américains disent aux agriculteurs, lorsqu'ils les rencontrent, que tout le pays est fier du travail qu'ils accomplissent et que leurs succès contribuent à la prospérité du pays.

    Il me semble que, de nos jours, pour devenir ministre de l'Agriculture--je ne vise personne en particulier contrairement à ce que l'on pourrait croire--, il faut s'arranger pour ne pas ennuyer le premier ministre avec ses problèmes.

    Je constate que, dans l'énoncé des perspectives d'avenir, il est beaucoup question des sciences de la vie et des possibilités qu'elles offrent, ce qui est tout à fait vrai dans une certaine mesure. Mais je crois que nous devons veiller à ce qu'elles ne nuisent pas à notre pénétration sur les marchés. Nous en avons eu d'excellents exemples récemment. Et quand je dis «excellents», je ne veux pas dire bons.

    Je crois que nous sommes pour ainsi dire exclus du marché européen du canola en raison du canola transformé génétiquement. Je pense--bien qu'on ne me l'ait pas dit directement--que la Chine a fait la même chose. À mon avis, si le gouvernement veut vraiment maintenir la qualité des aliments et aider les agriculteurs--et on l'a mentionné, M. Scheurer l'a fait ainsi que beaucoup d'autres--il doit joindre le geste à la parole et financer davantage la recherche. Je crois que nous sommes tous d'accord là-dessus.

    Actuellement, le processus de financement favorise la recherche ministérielle. En réalité, leur objectif est d'améliorer leurs résultats, et ce n'est qu'après--

  +-(1220)  

+-

    Le président: Monsieur Harder, il faut passer à quelqu'un d'autre.

    Êtes-vous prête, Shirley?

+-

    Mme Shirley Galbraith ( témoignage à titre personnel): Je le suis.

    Je m'appelle Shirley Galbraith. Mon mari et moi exploitons une ferme dans la région de Carman-Homewood-Sperling. Nous sommes la quatrième et la cinquième générations d'agriculteurs. C'est donc dire que nos familles s'occupent d'agriculture depuis longtemps. Nous faisons également des semis à forfait et le moissonnage-battage à l'entreprise, et je travaille comme enseignante suppléante. Notre fils de 18 ans se trouve quelque part en Alberta sur une tour de forage pétrolier. Il nous a toujours donné un coup de main à la ferme mais, cette année, il a manifesté de l'intérêt pour l'agriculture. J'ai donc trouver très intéressants les propos de Rae sur les difficultés que rencontre un agriculteur débutant.

+-

     Nous attendons depuis longtemps pour savoir de quelle façon le gouvernement fédéral s'y prendra pour mettre un terme à la crise dans le secteur agricole. D'après ce que je sais, le gouvernement veut adopter une nouvelle politique intégrée en collaboration avec les provinces et l'industrie. Il affirme que les programmes existants de protection du revenu doivent être modifiés afin d'éliminer la dépendance qui en découle et de favoriser l'innovation, l'autonomie et la gestion du risque. Il fait actuellement la promotion d'un programme national portant sur la sécurité du revenu, la recherche, la formation et la salubrité des aliments et comportant des mesures incitatives pour la protection de l'environnement

    Un des députés libéraux de l'Île-du-Prince-Édouard, je crois, a proposé que le Ministère analyse la situation en partant du principe que les difficultés financières des agriculteurs sont attribuables à leurs mauvaises méthodes de gestion. Il semble que le gouvernement croit toujours que nous sommes fautifs. Il a poursuivi en disant que les revenus sont insuffisants et que les autres gouvernements offrent un soutien plus généreux aux agriculteurs. Je n'aurais pu dire plus clairement pourquoi la culture des céréales et des oléagineux traverse actuellement une crise. Les revenus sont insuffisants et les autres gouvernements offrent un soutien plus généreux aux agriculteurs.

    Tout ce que nous demandons, c'est d'obtenir un prix raisonnable pour les céréales que nous produisons. Cependant, nous recevons toujours le même prix que pour le blé dans les années 60. La Commission canadienne du blé a clairement établi qu'elle ne voulait pas que nous cultivions du blé. On ne peut vendre du blé à 3 ou 4 $ s'il faut 8 $ pour le produire. Cette année, nous réduisons d'au moins la moitié notre production de blé. Je dirais que nous exploitons 1 200 acres de terre, et nous ne cultivons plus que 200 acres de blé, peut-être même moins.

    Nous voulons uniformiser les règles du jeu en ce qui concerne les subventions versées aux agriculteurs d'autres pays. Récemment, le Département de l'agriculture des É.-U. a indiqué qu'en 2001 43 p. 100 du revenu agricole net était constitué de paiements directs de l'État. Nous voulons des programmes de sécurité du revenu qui donnent des résultats.

    Quelqu'un a dit que très peu d'agriculteurs ont pu profiter du programme ACRA. C'est assurément notre cas. On a dit que les agriculteurs avaient tout obtenu sauf le plus important. Nous avons dû payer les comptables, examiner le programme, en assurer le maintien, et nous n'avons rien reçu en retour. On peut en dire autant de bien des programmes.

    Nous voulons un bon programme d'assurance-récolte offrant une meilleure protection et qui tient compte du coût de production. Les producteurs de légumineuses à grain ont tenté d'obtenir que d'autres catégories soient établies pour les plantes qu'ils cultivent. Il existe trois ou quatre catégories, et c'est tout. On peut produire des haricots noirs et des haricots riz qui font partie de la même catégorie. Si la récolte des haricots noirs est bonne mais que celle des haricots riz l'est moins, comme ils font partie de la même catégorie, aucune indemnité ne sera versée.

    Nous croyons que le gouvernement aurait dû abolir, ou du moins réduire, les taxes sur l'essence, les produits chimiques et les engrais. La réduction de toutes ces taxes intégrées nous aurait permis de souffler. Le gouvernement fédéral devrait intervenir pour nous donner accès aux silos à grains. Le gouvernement a autorisé récemment la fusion de l'UGG et du Pool, qui ont trop dépensé dans la course pour être les meilleurs. Et aujourd'hui, ils ferment les petits silos. On devrait les obliger à rendre ces silos aux collectivités qui les ont soutenus.

  +-(1225)  

+-

     Il y a deux silos dans notre région. Celui de Graysville est doté d'une desserte pouvant recevoir 25 wagons. À mon avis, il est bien adapté à l'expédition des céréales, mais il va être fermé. Il s'agit d'un silo neuf. Il n'est pas très vieux. Il a peut-être 30 ans. Ce n'est pas vieux pour un silo. Nous pourrons le conserver à condition qu'il ne serve pas à l'expédition des céréales. C'est ridicule.

    Dans de nombreux cas, les silos à grains ont été remis à des entreprises. Pourtant, ce sont les communautés qui les ont bâtis, mais on les a confiés à des entreprises pour qu'elles s'en occupent. Nous les avons soutenus pendant toutes ces années, et maintenant nous devrions faire 30 ou 40 milles pour pouvoir expédier nos céréales. C'est le cas de deux silos, celui de Homewood et celui de Graysville.

    Nous espérons sincèrement que le gouvernement est à l'écoute des bulletins météorologiques. Les prévisions pour la prochaine saison des récoltes incitent la plupart d'entre nous à regarder le ciel. Nous avons eu du beau temps et des températures douces pour venir ici, mais je suis certaine que la plupart des agriculteurs souhaitaient qu'il fasse mauvais ou qu'il pleuve parce que l'année s'annonce difficile pour nous tous.

    Ce serait réconfortant du moins de savoir que le soutien du gouvernement nous est acquis, car une autre année s'est écoulée et rien n'a été accompli. Nous avons perdu le tarif du nid-de-Corbeau. Il nous en coûte donc plus cher pour expédier nos céréales. La taxe scolaire sur les biens fonciers n'a pas été abolie, comme on l'a suggéré. Nous sommes maintenant tributaires des avances de fonds. Mais tout ce qu'elles permettent de garantir, c'est que nous produirons une autre récolte pour rien parce que les prix demeurent bas.

  +-(1230)  

+-

    Le président: Merci, Shirley. Voulez-vous conclure?

+-

    Mme Shirley Galbraith: J'ai terminé.

+-

    Le président: Nous vous avons accordé deux ou trois minutes supplémentaires parce que vous nous avez donné un bon aperçu de la situation des agriculteurs.

+-

    Mme Shirley Galbraith: C'est bien.

+-

    Le président: Walter.

+-

    M. Walter Kolisnyk (témoignage à titre personnel): Je vous remercie, monsieur le président.

    Je m'appelle Walter Kolisnyk. J'exploite une ferme familiale à Swan River Valley, à environ 300 milles au nord-ouest d'ici. Nous cultivons des céréales sur 2 000 acres de terre et nous possédons une centaine de vaches d'abattage.

    J'aimerais tout d'abord vous remercier de me donner l'occasion de me prononcer sur cette question très importante, le rôle futur du gouvernement dans l'agriculture.

    Récemment, nous avons appris que le gouvernement veut modifier l'ensemble des programmes de protection du revenu. Chaque fois que les agriculteurs entendent le gouvernement faire ce genre de déclaration, ils sont tous très inquiets. Il existe actuellement trois programmes de base: l'assurance-récolte, le CSRN et le PPRA.

    La question que nous nous posons au sujet de l'agriculture est la suivante: qu'est-ce qui ne va pas actuellement? À mon avis, la faiblesse des prix des céréales et des oléagineux constitue la difficulté la plus importante, dans un contexte où les coûts de production sont élevés, à laquelle doivent faire face les agriculteurs. Comme nous le savons tous, la faiblesse des prix est la conséquence directe des subventions à l'exportation accordées aux États-Unis et en Europe. C'est un fait notoire que ces subventions font baisser d'environ 25 p. 100 les prix sur le marché mondial. Le Canada est-il prêt à soutenir les agriculteurs autant qu'il le faudra tant que les États-Unis et la Communauté européenne n'auront pas abandonné ces subventions?

    Je crois que le gouvernement cherche à faire marche arrière pour éviter de prendre ses responsabilités financières à cet égard. Les programmes actuels ne répondent pas aux besoins des agriculteurs en ce qui concerne les prix.

    Le gouvernement fédéral envisage d'abolir tous les programmes en cours et de les remplacer par ce qu'il appelle un programme agricole global. Ce programme, semblable dans les grandes lignes au PPRA, serait assorti d'une indemnité agricole.

    Sous sa forme actuelle, le PPRA donne des résultats désastreux dans le cas des producteurs de céréales. Lorsque les producteurs doivent faire face à la faiblesse des prix pendant une période prolongée, comme c'est le cas actuellement, le programme ne permet pas d'obtenir une indemnité.

    Par contre, le PPRA donne d'assez bons résultats dans le cas des éleveurs de porcs. Une baisse appréciable et brusque du prix du porc permet en effet d'obtenir une indemnité.

    Un programme comme le PPRA ne favorise pas la diversification. Par exemple, si le prix des céréales est à la baisse mais que celui des bovins est légèrement à la hausse, le fermier ne recevra aucune indemnité même si sa production de céréales lui a fait perdre de l'argent. Si le fermier se consacre à une seule activité, ses chances de recevoir une indemnité dans le cadre d'un programme augmentent considérablement.

+-

     Tous les programmes gouvernementaux devraient être conçus pour favoriser les bonnes pratiques agricoles et la diversification et pour inciter les agriculteurs à devenir de bons producteurs au lieu d'orienter leurs activités en fonction des programmes. Autrement dit, si un fermier peut cultiver un produit, les revenus qu'il en tire doivent provenir du marché ou du marché et des subventions. Si le fermier ne peut cultiver ce produit en raison de risques naturels, il devrait recevoir une indemnité de l'assurance-récolte.

    Le programme CSRN a des avantages et des inconvénients. Il constitue un bon plan d'épargne à long terme, mais il ne permet pas d'indemniser les agriculteurs dans les longues périodes de faiblesse des prix des denrées. Si les fermiers perdent de l'argent, ils ne peuvent se permettre de déposer des sommes dans leur compte du CSRN.

    Et qu'en est-il de l'assurance-récolte? Disons d'abord qu'il s'agit d'une assurance qui protège contre les soubresauts de la production mais pas contre les fluctuations des prix. Je crois que, dans l'ensemble, les agriculteurs du Manitoba sont très satisfaits de l'assurance-récolte. De fait, 83 p. 100 des terres agricoles au Manitoba sont protégées par un programme d'assurance-récolte. Plus de 8,7 millions d'acres sont assurés par la Société d'assurance-récolte du Manitoba. Quarante-quatre récoltes sont assurées contre la sécheresse, l'humidité excessive, les inondations, le gel, la grêle, les incendies, la chaleur excessive, le vent, les animaux sauvages et les maladies.

    Ce programme est devenu un outil essentiel de gestion du risque pour les fermiers du Manitoba. Afin de pouvoir participer au programme d'avances en espèces au printemps, les agriculteurs doivent être couverts par l'assurance-récolte. Dans la plupart des cas, les banques exigent que les agriculteurs soient couverts par l'assurance-récolte pour avoir droit à des prêts d'exploitation.

    Après avoir consulté les fermiers, les associations agricoles et les groupements de producteurs spécialisés, la Société d'assurance-récolte a mis sur pied un programme très complet que les agriculteurs semblent avoir accueilli assez favorablement.

    En conclusion, je crois que les gouvernements fédéral et provinciaux devraient améliorer les programmes existants qui ont fait leurs preuves et élaborer un régime d'assurance-revenu ou de protection contre les fluctuations des prix adapté aux besoins des producteurs de céréales et d'oléagineux. Je considère également que le gouvernement fédéral devrait assumer une part plus importante du financement des programmes de protection du revenu, au lieu du partage actuel 60-40.

    Il est grand temps que le gouvernement fédéral réponde à l'appel, qu'il accorde son soutien financier aux agriculteurs canadiens et qu'il indique clairement aux autres pays exportateurs que le Canada ne va pas rester là à attendre que les agriculteurs d'ici soient vaincus par les subventions à l'exportation. Les agriculteurs canadiens sont les plus efficaces et les plus productifs du monde. Nous ne pouvons continuer à en prendre davantage sur nos épaules.

    Je vous remercie de m'avoir écouté.

+-

    Le président: Merci, Walter.

    Charles.

+-

     M. Charles Fossay (témoignage à titre personnel): Merci beaucoup, monsieur le président.

    C'est plutôt difficile d'être parmi les derniers à s'exprimer car je crois que tout a été dit, mais je ferai porter mon intervention sur deux ou trois points particuliers.

    J'aimerais d'abord me présenter. Je m'appelle Charles Fossay. Mes trois frères et moi exploitons une ferme à Red River Valley, à 20 milles environ à l'ouest de Winnipeg. Nous cultivons des céréales et des oléagineux. Nous possédons une petite exploitation d'engraissement de porcs ainsi qu'une petite exploitation de naissage.

    Je suis également vice-président de Keystone Agricultural Producers, mais je comparais aujourd'hui en tant que producteur et non à titre de représentant de cette organisation.

    Je crois que l'agriculture offre de nombreuses possibilités qui assureront la prospérité de ceux qui la pratiquent, mais nous avons besoin du soutien du gouvernement pour traverser cette période économique difficile et être moins tributaires de l'aide de l'État.

    Le gouvernement peut prendre certains moyens pour nous aider. Tout d'abord, je crois que le gouvernement doit définir une vision à long terme en ce qui concerne le secteur agricole primaire qui soit connue et comprise des producteurs et des responsables des politiques. Je participe depuis de nombreuses années à des réunions agricoles et jamais je n'ai entendu les représentants du gouvernement fédéral faire état de leur vision en ce qui concerne le secteur agricole primaire au Canada. Ils parlent constamment d'accroître les exportations ou de développer l'industrie alimentaire, mais il n'est jamais question de l'avenir envisagé pour le secteur agricole primaire et les collectivités agricoles.

    Nous avons également besoin de financement à court terme pour réaliser cette transition. Nous sommes passés par des périodes très difficiles sur le plan économique au cours des trois ou cinq dernières années, selon les régions, et nous avons perdu beaucoup de capitaux à essayer de maintenir notre position. Nous sommes incapables d'avancer, il nous faut donc de l'aide.

    Des fonds suffisants doivent être accordés aux programmes de protection du revenu. Si un nouveau programme est adopté, il doit être conçu en fonction des problèmes, et le gouvernement doit fournir l'argent nécessaire afin de les régler. Un programme ne doit pas être élaboré à partir d'un montant fixe. S'il faut 100 dollars et que 50 dollars seulement sont investis, les problèmes persisteront.

  +-(1235)  

+-

     Des intervenants ont parlé des subventions accordées par les pays étrangers. Elles existent en effet, et on continue de nous dire que la prochaine série de négociations de l'OMC permettra d'améliorer les choses. C'est ce qu'on nous a dit en 1995 avant le Cycle d'Uruguay. Les programmes de subventions de l'État devaient être abandonnés graduellement pour faire place à un marché libre dans cinq ou sept ans. Cela ne s'est pas réalisé.

    Le Canada a supprimé la plupart des programmes de subventions destinés aux producteurs de céréales et d'oléagineux -- essentiellement le tarif du nid-de-Corbeau -- et les autres gouvernements ont modifié leurs programmes sans réduire leurs dépenses. Ils ne font que soutenir la production nationale. Ils n'investissent pas dans l'exportation. Au Canada, nous nous sommes débarrassés d'à peu près tous les programmes d'aide, laissant les agriculteurs à eux-mêmes. Et nous sommes en train de perdre la bataille.

    Les programmes actuels de protection du revenu ne sont pas parfaits mais, en général, ils sont bien compris et bien acceptés. Je veux parler en particulier de l'assurance-récolte et du CSRN. Peut-être les producteurs seraient-ils mieux servis si ces programmes pouvaient être améliorés afin de mieux répondre aux conditions et aux besoins actuels. Bon nombre de mes voisins craignent que, si les anciens programmes d'assurance-récolte et du CSRN sont remplacés par un programme global qui s'avère inefficace, il soit impossible, en vertu des règles de l'ALENA, de rétablir les programmes que nous connaissons bien. Nous sommes donc très inquiets par la perspective de jeter le bébé avec l'eau du bain si nous adoptons un nouveau programme.

    Je vais abréger mon exposé afin de respecter les limites de temps qui sont imposées. J'aimerais dire que les agriculteurs font ce que le gouvernement leur demande. De nombreux programmes de protection de l'environnement, de salubrité des aliments et d'assurance de la qualité ont été mis sur pied ou sont en cours de réalisation.

    Malheureusement, ce ne sont pas les agriculteurs qui fixent les prix. Nous avons besoin de l'aide du gouvernement pour servir d'intermédiaire entre la société et les producteurs et pour nous dédommager des efforts que nous déployons pour améliorer la qualité de l'environnement, de l'air et de l'eau.

    Ian a parlé précédemment des espèces en danger de disparition, du fait que nous produisons des aliments sains et nutritifs à un coût abordable. Nous n'avons jamais eu de problèmes avec les consommateurs dans le secteur des céréales et des oléagineux. Nous sommes incapables de récupérer une partie de nos coûts et de nos investissements. Ces coûts finissent rapidement par représenter ce qu'il nous en coûte de faire des affaires et ils ne peuvent être récupérés. C'est sur ce plan que le gouvernement pourrait servir d'intermédiaire entre la société et les producteurs.

    C'est tout ce que j'avais à dire.

  +-(1240)  

+-

    Le président: Merci, Charles.

    Nous allons passer maintenant à trois exposés de deux minutes qui seront suivis de quelques questions.

    Monsieur Dyck, Marvin, voulez-vous commencer?

+-

     M. Marvin Dyck (témoignage à titre personnel): Merci. Je suis heureux d'avoir l'occasion de partager quelques-unes de mes préoccupations avec les membres du comité.

    Je m'appelle Marvin Dyck. Je travaille pour les fermes Kroeker dans le sud du Manitoba. Nous oeuvrons dans le secteur de l'horticulture. Nous cultivons principalement des pommes de terre et des oignons.

    Le secteur de l'horticulture est l'un des plus beaux fleurons de l'industrie agricole. Nous sommes d'avis qu'on peut en faire davantage pour soutenir cette industrie. L'industrie horticole est bien placée pour intégrer certaines des idées proposées aujourd'hui en vue de favoriser la production de cultures à valeur ajoutée et la diversification. Je crois que l'industrie horticole est bien adaptée à ce genre d'améliorations.

    Actuellement, l'une de nos préoccupations a trait à l'homologation des pesticides à emploi limité au Canada. Des efforts supplémentaires doivent être déployés dans ce domaine. En raison du petit nombre d'acres affectés à l'horticulture comparativement à la culture des céréales et des oléagineux, nous sommes fortement tributaires du programme des pesticides à emploi limité.

    Aux États-Unis l'an dernier, en 2001, 1 200 produits antiparasitaires ont été homologués, dont 500 dans l'industrie alimentaire. Au Canada, au cours de la même période, 25 produits de ce genre ont été homologués, dont 18 ont été utilisés dans l'industrie alimentaire.

+-

     L'élément principal sur lequel je veux insister, c'est que nos fruits et légumes sont en concurrence avec ceux des États-Unis. Les fruits et légumes qui entrent au pays en provenance des États-Unis, où les producteurs ont accès à des pesticides, sont considérés comme étant sans danger pour le consommateur canadien. Pourtant, nous n'avons pas accès aux mêmes outils. Je crois cependant que, sur le plan biologique, les consommateurs canadiens et américains sont assez semblables. Nous devons avoir accès à ces outils.

    Nous ne cherchons pas à obtenir des subventions. Nous ne voulons pas participer aux négociations à l'OMC. C'est par l'entremise du gouvernement fédéral que nous pourrons trouver une solution. Il s'agit d'une question interne qui doit assurément être réglée dans le cadre du GATT. Il faut que des progrès soient réalisés sur ces questions. Nous devons avoir les outils qui nous permettront de favoriser les agriculteurs d'ici.

  +-(1245)  

+-

    Le président: Merci beaucoup.

    Nous allons maintenant passer à un autre intervenant.

+-

    M. Eric Thornhill (témoignage à titre personnel): Je vous remercie, monsieur le président, de m'accorder deux ou trois minutes. Il m'en faudrait probablement 25. Je me demande comment les membres du comité spécial vont s'y prendre pour régler tous les problèmes.

    J'aimerais d'abord dire que je m'appelle Eric Thornhill. Entre autres rôles, j'assume celui de président de la Manitoba Sheep Association. Je descends d'une longue lignée de cultivateurs, dont la plupart étaient en Grande-Bretagne--je ne vis au Canada que depuis douze ans--, exploitants de ferme mixte à un moment ou l'autre de leur vie. Ils trayaient les vaches, élevaient des bovins, des moutons, des porcs et des poules et cultivaient de l'avoine, du blé, de l'orge, des pommes de terre et des betteraves et travaillaient à forfait--des fermiers traditionnels et fiers de l'être.

    J'aimerais dire également à ce moment-ci que je suis très fier d'appartenir à la grande famille des fermiers et de faire partie de cette industrie extraordinaire, de l'industrie la plus importante du monde: l'agriculture. Ce que je déteste, c'est de voir des fermiers mendier pour continuer à exercer leur activité.

    Dans les deux mois qui ont suivi mon arrivée au Canada il y a douze ans, presque tous les membres du comité spécial de l'agriculture de Grande-Bretagne se sont rendus au sud-est de Winnipeg pour me voir--pas vraiment pour me voir, mais ils savaient, Dieu sait comment, que j'avais immigré au Canada et ils voulaient savoir pourquoi.

    J'ai dit que j'en avais assez de passer ma vie à... J'ai vécu 30 ans en Grande-Bretagne, exploitant une ferme à mon compte. À ce propos, nous vivons de l'agiculture depuis 400 ans, sans interruption, à temps complet, pas pour s'amuser--on en connaît un bout là-dessus. Et, la plupart du temps, comme vous le savez tous, sans aucune subvention. J'étais là quand on a commencé à accorder des subventions.

    Quoi qu'il en soit, pour revenir à ce que je disais, pourquoi ai-je immigré avec ma famille? J'ai dit que j'en avais marre de quêter--c'est ce qui s'est passé pendant des années en Grande-Bretagne--, le gouvernement donnant de l'argent à cette industrie extraordinaire dont je suis très fier pour nous permettre de continuer. J'en ai ras le bol de la paperasserie et des règlements. Nous voulions être des cultivateurs et pas des employés de bureau. On ne peut pas exploiter une ferme dans un fichu bureau. Que ce soit pour élever des animaux ou exploiter des cultures, il faut faire le travail sur place--il faut savoir le faire et montrer aux autres comment s'y prendre. Mais, ils ne m'ont pas écouté, puisqu'il y a toujours plus de règlements, de paperasserie et de subventions en Grande-Bretagne.

    Et qu'est-ce que je constate ici? Douze ans après, les raisons pour lesquelles je suis venu au Canada ne tiennent plus parce que nos gouvernements ont agi de la même façon. Ils ont fait comme les autres. À quoi ont servi toutes ces subventions, tous ces règlements et toute cette technologie? La production augmente et les revenus des agriculteurs ne cessent de diminuer. En réalité, l'agriculture au Canada, à ce qu'on dit si on arrondit les chiffres, avec un taux de rendement des capitaux propres de 0,7 p. 100, est en faillite--en faillite. Je ne sais pas qui est fier de cette industrie extraordinaire, qui la réglemente ou ce que nous réserve les prochaines années, mais il faut que ça change, sinon elle disparaîtra dans dix ans.

    Je viens de dire à quel point je déteste les subventions. Je les déteste pour d'autres raisons. J'ai toujours essayé de ne pas me consacrer uniquement à l'agriculture, aussi importante qu'elle puisse être. Je suis donc membre des clubs Rotary depuis 27 ans. Vous connaissez tous les clubs Rotary. Je n'ai donc pas besoin de vous dire de quoi il s'agit. Depuis les neuf dernières années, je suis le seul représentant du secteur agricole parmi les 1 000 membres du club Rotary de Winnipeg. Je joue donc le rôle de porte-parole, une sorte de responsable des relations publiques pour le secteur agricole, rôle dans lequel j'ai acquis beaucoup d'expérience en Grande-Bretagne.

+-

     Et quelle en est la raison? C'est parce qu'on a donné des subventions aux fermiers. Je n'accepte pas cette raison. Je fais de mon mieux pour expliquer aux gens que les subventions ne sont pas données aux fermiers, mais aux consommateurs -- de la nourriture à bon marché pour le public. Je leur dis et ils l'acceptent. Il s'agit de gens cultivés qui connaissent la vérité.

    Je me demande pourquoi les gouvernements n'expliquent pas cela au public et pourquoi l'industrie n'a pas de représentants des relations publiques pour expliquer aux gens pourquoi ils ont de la nourriture. Les statistiques nous démontrent que le coût de la nourriture offerte sur le marché n'a presque pas augmenté par rapport à l'inflation. Pour ce qui est du coût de la production de la nourriture, il est très élevé. Et nous n'avons même jamais tenté d'obtenir de l'argent pour compenser l'augmentation du taux d'inflation. Et si nous l'avions fait, nous n'aurions pas eu besoin de venir ici aujourd'hui pour en demander plus.

    En tout cas, je pourrais continuer, mais je sais qu'on m'indiquerait de me taire. Il existe d'autres méthodes. Je n'aime pas la situation actuelle. Nous ne devrions pas avoir besoin de demander continuellement des subventions dans notre merveilleuse industrie. Il ne faut pas oublier que nous sommes très importants.

  +-(1250)  

+-

    Le président: Merci, monsieur Thornhill.

    M. Eric Thornhill: D'accord.

    Le président: Je vous enverrai la facture pour les deux minutes supplémentaires que vous avez prises.

    Monsieur Penner, vous avez environ dix minutes.

+-

     M. Jack Penner (témoignage à titre personnel): Je vous remercie, monsieur le président.

    Je suis ravi de vous accueillir tous au Manitoba. Si je me souviens bien, nous vous avions invités le printemps dernier lorsque nous étions allés à Ottawa pour nous présenter devant le comité. Nous sommes heureux que vous ayez accepté l'invitation.

    Je voudrais mentionner trois points.

    Premièrement, je suis allé passer deux semaines en Allemagne, il y a trois ans, pour rencontrer des responsables du gouvernement et des politiciens. Ces derniers ont conçu un programme socio-économique qui ne se rapporte pas tellement à l'agriculture. Il a pour but de garder neuf millions de personnes dans les régions rurales de l'Europe. Ce programme porte fruit.

    Selon les discussions que j'ai eues avec les Américains au cours des dernières années, j'ai l'impression qu'ils font exactement la même chose. Il ne faut pas se faire d'illusions. La taille des fermes américaines, contrairement à quelques exposés que j'ai entendus aujourd'hui, correspond à peu près à la moitié de la taille moyenne des fermes canadiennes. Le succès du programme est évident étant donné que des fermes de si petite taille survivent.

    Deuxièmement, puisque je demeure à six milles au nord de la frontière des États-Unis, mes voisins sont des Américains. Pour faire une comparaison, leurs tracteurs sont fraîchement peints, tandis que les nôtres ne l'ont pas été depuis une vingtaine d'années. Nous avons perdu l'équité au cours des six ou douze dernières années, mesdames et messieurs. Qu'on le veuille ou non, nous avons perdu l'équité lorsque nous avons passé l'accord de libre-échange en 1993 et lorsque nous avons passé l'Accord sur l'agriculture en 1995. Nos programmes doivent être comparables aux programmes américains puisque, en tant qu'agriculteurs, nous faisons concurrence sur le marché nord-américain, y compris au Mexique.

    J'arrive d'un voyage d'affaires au Mexique. Nous avons discuté longuement avec les agriculteurs et les entrepreneurs. Nous vendons et exportons nos haricots directement au Mexique. Nous croyons que pour empêcher la migration des deux millions de porcelets sevrés que nous avons produits dans notre province l'année dernière... Des cinq millions que nous avons produits, deux millions sont allés aux États-Unis. Pourquoi? Parce que leurs céréales fourragères coûtent moins cher. La raison pour laquelle les Américains exportent leur canola au Canada, c'est parce qu'ils n'obtiennent pas 6 $ ou 6,50 $ le minot comme nous. Ils reçoivent 9 $ en monnaie canadienne ou même 9,50 $ pour leur canola. Le prix est déterminé en fonction de la valeur marchande du soja selon le PCP. Le soja se vend à 5,54 $ selon le PCP. C'est indiqué dans Internet.

    La deuxième raison, c'est que les prix du maïs sont fixés à 2,18 $, ce qui correspond à 3,50 $ en monnaie canadienne. Nos engraisseurs, en grande partie, importent le maïs des États-Unis et nous nourissons des troupeaux de bétail dans ce pays à l'aide de céréales fourragères subventionnées. Monsieur le président, nous ne sommes plus capables de produire assez de céréales fourragères dans notre province pour nourrir nos troupeaux de bétail. Malheureusement, ce n'est pas juste pour les provinces de l'ouest du Canada, mais il s'agit de la situation actuelle. Notre programme CSRN n'a pas été avantageux pour les jeunes agriculteurs, puisque, selon le niveau de revenu net pour la contribution CSRN, ils ne peuvent pas contribuer au CSRN.

+-

     En ce qui concerne le programme d'assurance-récolte offert aux fermiers, la ministre de l'agriculture a annoncé l'année dernière qu'elle allait réduire les primes de 0,75 $ l'acre. Savez-vous pourquoi elle a fait cette promesse? Ce n'était pas pour permettre aux agriculteurs d'épargner de l'argent. Les gouvernements fédéral et provincial ont économisé 15 millions de dollars en contribuant à ce programme. Voilà pourquoi ils ont réduit les primes. C'est injuste. Ils auraient dû augmenter le taux de vérification de l'assurance-récolte afin de répartir les surplus et de nous offrir un meilleur programme. Cette réduction a permis au gouvernement d'épargner de l'argent, et je crois que cet argent a été donné aux universités. C'est de là que viennent les 30 millions de dollars.

    Monsieur le président, je pense que vous avez la chance de présenter un rapport qui indiquera réellement ce qui doit être fait. Il faut faire concurrence avec les États-Unis; c'est la seule façon de permettre à l'agriculture canadienne de survivre.

  +-(1255)  

+-

    Le président: Merci, monsieur Penner.

    Nous disposons de six ou sept minutes pour une période de questions.

    Monsieur Hilstrom, vous avez une question?

+-

    M. Howard Hilstrom: J'ai trouvé les exposés très intéressants. Ce sont tous des fermiers qui les ont présentés; je n'en connais pas tellement parmi ceux qui sont à cette table, mais je connais chacun des représentants des fermes familiales qui étaient à la table précédente. Ils ont de la difficulté à faire la transition d'une génération à l'autre, et certaines questions vont resurgir. Nous avons abordé toutes les questions et nous avons analysé le pour et le contre de chaque proposition. J'ai mentionné la Commission du blé pour que le comité puisse comprendre qu'il y a des agriculteurs de chaque côté de la question. Personne n'a entièrement raison. Il n'existe pas de système parfait. Cette question est donc soulevée afin qu'elle puisse être inscrite dans le rapport.

    Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de poser des questions puisque les exposés étaient tous très bons et complets. Si la ministre de l'Agriculture prend note de ces exposés et ne met en oeuvre que la moitié des suggestions que vous avez faites, l'industrie de l'agriculture connaîtra des améliorations.

    Je voulais simplement ajouter ce commentaire.

+-

    Le président: Monsieur Proctor, auriez-vous également quelques commentaires à faire?

+-

    M. Dick Proctor: En fait, je voudrais plutôt poser une question à Shirley Galbraith.

    Madame Galbraith, il est évident que vous avez lu les commentaires qu'a fait M. Vanclief devant le comité permanent, il y a quelques semaines, concernant le soutien de revenu passif par opposition à la gestion des risques. Quel message voulez-vous que le rapport élaboré aujourd'hui transmette à la ministre de l'Agriculture à ce sujet?

+-

    Mme Shirley Galbraith: Nous devons être en mesure de faire concurrence avec les autres. L'industrie éprouve des difficultés actuellement et elle a besoin d'aide. Une solution doit être trouvée. Les programmes d'assurance-récolte doivent être modifiés afin que le coût de production soit équilibré. Par exemple, j'ai mentionné que le coût du blé varie de 3 à 4 $, tandis que le coût de production s'élève à 8 $.

    Nous essayons d'avoir le meilleur rendement possible, mais si les agriculteurs des autres pays obtiennent tous de l'aide, nous aurons besoin d'aide nous aussi.

+-

    M. Dick Proctor: J'ai l'impression que le ministère de l'Agriculture considère que les fermes à faible revenu ne rapportent pas beaucoup d'argent et que le soutien du revenu passif devrait être éliminé d'une façon ou d'une autre et être transféré ou même acheminé aux gens qui croient en la prise de risques. J'ai bien peur que les fermiers à faible revenu soient négligés, et j'ai l'impression que ce sont ceux qui veulent prendre des risques qui profiteront de ce soutien, et c'est...

+-

    Le président: Passons maintenant au commentaire ou à la question de M. Borotsik.

+-

    M. Rick Borotsik: J'ai deux questions. La première s'adresse à M. Wishart.

    En ce qui concerne le programme proposé par le RAPC, d'où proviennent les fonds? Je vous ai déjà posé cette question, mais je voudrais que vous y répondiez de nouveau. Vous avez parlé de 35 à 40 $ l'acre pour ce montant réservé, si on peut l'appeler ainsi. D'où provient l'argent?

+-

    M. Ian Wishart : L'argent provient des autres ministères du gouvernement. La somme de ce que dépensent les ministères sur des activités liées aux ressources naturelles (cinq ministères au niveau fédéral et à peu près le même nombre au niveau provincial) est plus élevée que le coût prévu pour offrir le programme. Il ne s'agit pas de nouvel argent. Il faudra simplement répartir les fonds différement.

·  -(1300)  

+-

    M. Rick Borotsik: Allez-vous vous débarrasser du MPO et utiliser cet argent pour votre...?

+-

    M. Ian Wishart: Non, nous n'allons pas nous en débarrasser, mais je pense sincèrement que l'argent affecté à l'exécution des règlements est habituellement très mal utilisé.

+-

    M. Rick Borotsik: Il serait peut-être plus facile de s'en débarrasser.

    Merci, monsieur Wishart.

    Mon autre question ne prendra que 30 secondes, elle s'adresse à M. Penner.

    Monsieur Penner, vous avez parlé des programmes socio-économiques qui sont établis en Europe. Je suis totalement d'accord avec vous. On parle souvent de «multifonctionnalité». Proposez-vous que nous, Canadiens, devrions avoir le même concept de multifonctionnalité lorsqu'il s'agit de faire affaire avec des producteurs comme Shirley Galbraith?

+-

     M. Henry Penner: Je pense que c'est la tendance qui se dessine, monsieur Borotsik.

+-

    M. Rick Borotsik: Ah oui? Est-ce que c'est une bonne chose?

+-

     M. Henry Penner: D'après les renseignements que j'ai reçus du bureau de la ministre, j'ai l'impression oui. Je crois que certains aspects de cette multifonctionnalité des programmes socio-économiques implantés fonctionnent bien, surtout en Europe. Je crois également que c'est le cas aux États-Unis, étant donné que leurs exploitations agricoles ne semblent pas se développer aussi vite que les fermes de l'ouest du Canada, qui n'ont pas d'autre choix pour préserver un certain style de vie de famille.

+-

    Le président: Merci.

    Madame Ur, avez-vous un commentaire?

+-

    Mme Rose-Marie Ur: J'aurais également un commentaire à faire à M. Penner.

    Pensez-vous sérieusement que le plan examiné ou étudié en Allemagne pourrait fonctionner au Canada, en tenant compte de la taille de notre pays? Il est possible de traverser deux, trois ou quatre pays d'Europe pendant une période de temps qui ne nous permettrait de voyager qu'à l'intérieur du Canada. Je me demande donc si l'application d'un tel plan serait possible ici.

+-

    M. Henry Penner: C'est une bonne question.

    En regardant une carte de l'ouest du Canada, publiée dans une revue la semaine dernière, j'ai remarqué que cette région se dépeuple de plus en plus. Et ce, à un rythme alarmant. Je pense donc que l'introduction, dans l'ouest du Canada, des programmes utilisés efficacement en Europe pourrait aider à diminuer ce dépeuplement et à encourager les jeunes à continuer de travailler dans nos communautés rurales, non seulement dans le domaine de l'agriculture, mais également dans le domaine de la transformation des aliments. Je crois que la mise en oeuvre d'un tel programme est possible si nous le voulons vraiment.

+-

    Mme Rose-Marie Ur: Je suis une fervente partisane de la réforme de l'ARLA et je peux vous dire que nous avons rencontré ses représentants la semaine dernière à Ottawa, devant un comité permanent. Le groupe en entier--sans s'attarder aux frontières politiques--comprend la raison pour laquelle vous pensez ainsi. Je parle en mon nom personnel, mais je peux vous dire que l'ensemble du groupe était pour l'adoption du programme. Je comprends votre point de vue sur l'usage mineur. J'ai fait partie du secteur de l'horticulture par le passé et je sais qu'il s'agit d'une entrave à votre secteur. Nous travaillons là-dessus.

+-

    M. Wilfred Harder: Monsieur le président, pour le compte rendu, j'aimerais mentionner une étude récente qui démontre que les agriculteurs américains reçoivent 135 $ en monnaie canadienne par tonne en subventions, alors que les Européens reçoivent 113 $ et les Canadiens, 26 $.

-

    Le président: Monsieur Harder, en tant que président, je dois être juste envers tout le monde. Vous pouvez donner cette information au recherchiste ou au greffier sans aucun problème.

    Pour conclure, nous souhaitons remercier tous ceux qui ont présenté un exposé ce matin. Pour ceux qui sont venus écouter, nous allons présenter plus tard un compte rendu de la réunion; donc, si vous désirez en recevoir un exemplaire, veuillez inscrire votre nom ou un bref message sur le tableau au fond du corridor, et nous vous enverrons un exemplaire.

    Nous avons eu une matinée intéressante. Il s'agit d'une question très complexe, mais nous avons maintenant un aperçu de certains problèmes qui existent dans cette région du Manitoba. Encore une fois, je vous remercie. Nous regrettons de ne pas pouvoir consacrer plus de temps à ces débats, mais cela n'est pas de notre ressort.

    Merci. La séance est levée.