AGRI Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
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37e LÉGISLATURE, 1re SESSION
Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire
TÉMOIGNAGES
TABLE DES MATIÈRES
Le mercredi 20 février 2002
À | 1000 |
Le président (M. Charles Hubbard (Miramichi, Lib.)) |
À | 1025 |
M. Odina Desrochers (Lotbinière--L'Érable, BQ) |
Le président |
À | 1030 |
M. Hilstrom |
Le président |
M. Howard Hilstrom |
Le président |
M. Thompson (Wild Rose) |
À | 1035 |
Le président |
M. Desrochers |
Le président |
M. Dick Proctor (Palliser, NPD) |
Le président |
M. Rick Borotsik (Brandon--Souris, PC/RD) |
Le président |
Mme Rose-Marie Ur (Lambton--Kent--Middlesex, Lib.) |
Le président |
M. Paul Steckle (Huron--Bruce, Lib.) |
Le président |
M. Calder |
Le président |
M. Ward Toma (directeur général, Commission des producteurs de canola de l'Alberta) |
Le président |
M. Nico van der Giessen (directeur, Commission des producteurs de canola de l'Alberta) |
À | 1040 |
Le président |
M. Tom Kulicki (témoigne à titre personnel) |
Le président |
M. Tom Kulicki |
À | 1050 |
Le président |
M. Tom Kulicki |
Le président |
M. Tom Kulicki |
Le président |
M. Duane Stevenson (témoigne à titre personnel) |
À | 1055 |
Le président |
M. Allan Webber (témoigne à titre personnel) |
Le président |
Mme Sadie Macklin (témoigne à titre personnel) |
Á | 1100 |
Á | 1105 |
Le président |
M. Norman Dyke (témoigne à titre personnel) |
Á | 1110 |
Le président |
M. Norman Dyck |
Le président |
M. Leo Meyer (témoignage à titre personnel) |
Á | 1115 |
Le président |
M. Dave Hegland (témoigne à titre personnel) |
Á | 1120 |
Le président |
Á | 1125 |
M. Hilstrom |
M. Duane Stevenson |
M. Hilstrom |
M. Duane Stevenson |
M. Hilstrom |
Á | 1130 |
M. Duane Stevenson |
M. Howard Hilstrom |
M. Duane Stevenson |
M. Howard Hilstrom |
M. Duane Stevenson |
M. Howard Hilstrom |
M. Duane Stevenson |
M. Howard Hilstrom |
M. Ward Toma |
Le président |
M. Desrochers |
Á | 1135 |
Mme Sadie Macklin |
Le président |
M. Desrochers |
Mme Sadie Macklin |
M. Nico van der Giessen |
Á | 1140 |
M. Desrochers |
M. Ward Toma |
Le président |
M. Murray Calder |
M. Nico van der Giessen |
Á | 1145 |
M. Murray Calder |
M. Nico van der Giessen |
M. Murray Calder |
M. Nico van der Giessen |
Le président |
M. Proctor |
M. Dave Hegland |
Á | 1150 |
M. Dick Proctor |
M. Dave Hegland |
M. Dick Proctor |
M. Ward Toma |
M. Dick Proctor |
Le président |
M. Paul Steckle |
M. Steckle |
Á | 1155 |
Mme Sadie Macklin |
M. Steckle |
Mme Sadie Macklin |
M. Steckle |
Mme Sadie Macklin |
 | 1200 |
Le président |
M. Borotsik |
M. Duane Stevenson |
M. Borotsik |
M. Duane Stevenson |
M. Borotsik |
M. Ward Toma |
M. Borotsik |
M. Leo Meyer |
 | 1205 |
M. Borotsik |
M. Leo Meyer |
M. Borotsik |
M. Leo Meyer |
M. Borotsik |
M. Leo Meyer |
M. Borotsik |
Le président |
M. Borotsik |
Le président |
M. Thompson |
M. Tom Kulicki |
 | 1210 |
Le président |
M. Norman Dyck |
Le président |
M. Thompson |
Le président |
Mme Ur |
Le président |
Mme Ur |
M. Leo Meyer |
 | 1215 |
M. Thompson |
M. Leo Meyer |
Le président |
Mme Ur |
Mme Sadie Macklin |
 | 1220 |
Mme Ur |
Mme Sadie Macklin |
Le président |
Le président |
 | 1230 |
 | 1235 |
M. Cliff Richards (témoigne à titre personnel) |
 | 1240 |
Le président |
M. Irv Macklin (témoigne à titre personnel) |
 | 1245 |
Le président |
M. John Sloan (témoigne à titre personnel) |
 | 1250 |
 | 1255 |
Le président |
M. Ron Matula (témoigne à titre personnel) |
Le président |
M. Ron Matula |
· | 1300 |
Le président |
M. Wayne Davies (témoigne à titre personnel) |
· | 1305 |
Le président |
M. Claude Smith (témoigne à titre personnel) |
· | 1310 |
Le président |
M. Harry Schudlo (témoigne à titre personnel) |
· | 1315 |
Le président |
M. Howard Hilstrom |
Le président |
M. Howard Hilstrom |
M. Myron Thompson |
M. Thompson (Wild Rose) |
· | 1320 |
M. Cliff Richards |
M. Hilstrom |
M. Myron Thompson |
M. Harry Schudlo |
· | 1325 |
M. Myron Thompson |
Le vice-président (M. Howard Hilstrom) |
M. Myron Thompson |
M. Harry Schudlo |
M. Myron Thompson |
M. Harry Schudlo |
Le vice-président (M. Howard Hilstrom) |
M. Murray Calder |
M. Harry Schudlo |
· | 1330 |
Le vice-président (M. Howard Hilstrom) |
M. Murray Calder |
M. Irv Macklin |
M. Murray Calder |
Le vice-président (M. Howard Hilstrom) |
M. Dick Proctor |
M. Cliff Richards |
Le vice-président (M. Howard Hilstrom) |
M. Ron Matula |
· | 1335 |
M. Harry Schudlo |
M. Proctor |
Le vice-président (M. Howard Hilstrom) |
M. Steckle |
M. Harry Schudlo |
M. Steckle |
M. John Sloan |
M. Steckle |
Le vice-président (M. Howard Hilstrom |
M. Irv Macklin |
· | 1340 |
Le vice-président (M. Howard Hilstrom) |
M. Borotsik |
M. John Sloan |
M. Borotsik |
M. John Sloan |
M. Borotsik |
M. John Sloan |
M. Borotsik |
M. John Sloan |
M. Borotsik |
M. John Sloan |
M. Borotsik |
M. Ron Matula |
· | 1345 |
M. Borotsik |
M. Ron Matula |
M. Borotsik |
M. Ron Matula |
M. Borotsik |
M. Ron Matula |
M. Borotsik |
M. Cliff Richards |
M. Borotsik |
M. Cliff Richards |
Le vice-président (M. Howard Hilstrom) |
Mme Ur |
M. Wayne Davies |
Mme Ur |
· | 1350 |
M. Ray Matula |
Mme Ur |
M. Wayne Davies |
Mme Ur |
M. Ron Matula |
Mme Ur |
Le vice-président (M. Howard Hilstrom) |
· | 1355 |
M. Claude Smith |
Le vice-président (M. Howard Hilstrom) |
M. Claude Smith |
M. Irv Macklin |
¸ | 1400 |
Le vice-président (M. Howard Hilstrom) |
M. John Sloan |
Le vice-président (M. Howard Hilstrom) |
M. John Sloan |
Le vice-président (M. Howard Hilstrom) |
M. Cliff Richards |
Le vice-président (M. Howard Hilstrom) |
M. Art MacKlen (témoigne à titre personnel) |
¸ | 1405 |
Le vice-président (M. Howard Hilstrom) |
Le président |
CANADA
Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire |
|
l |
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l |
|
TÉMOIGNAGES
Le mercredi 20 février 2002
[Enregistrement électronique]
À (1000)
[Traduction]
Le président (M. Charles Hubbard (Miramichi, Lib.)): Bonjour tout le monde.
Cette salle est plutôt grande pour tous ceux qui sont assis au fond. Si l'arrière champ, comme on le décrit en soccer est trop loin pour certains d'entre vous, vous êtes les bienvenus à vous joindre à nous en vous plaçant autour de notre table.
À (1025)
En vertu de l'article du Règlement 108(2), le Comité permanent de l'agriculture et de l'agro-alimentaire s'est réuni ce matin ici à Grande Prairie pour vous rencontrer et entendre vos exposés portant sur l'étude du rôle futur du gouvernement dans le domaine de l'agriculture.
C'est la troisième province que nous avons visitée. Nous avons prévu de traverser tout le pays en commençant cette semaine par les quatre provinces de l'Ouest, puis d'aller au Québec et en Ontario et enfin de visiter les provinces du Canada atlantique. Notre Comité s'est rassemblé pour écouter et non pour parler. Nous sommes ici pour entendre vos exposés, prendre en note vos inquiétudes et nous préparer éventuellement à faire un rapport à la Chambre des communes sur l'information que nous avons recueillie à partir des exposés.
Durant notre visite des deux premières provinces, nous avons entendu environ 125 exposés. Beaucoup de personnes se sont présentées. Ce matin, nous désirons confirmer que ceux d'entre vous qui ont déjà manifesté leur intention de faire un exposé sont à l'ordre du jour. Toutefois, s'il y a d'autres personnes dans cette salle qui désirent parler au comité à la fin de la séance, nous vous permettrons de faire un bref exposé. Après avoir entendu tous vos exposés, nous écrirons un rapport qui reflètera tout ce que vous avez dit au comité et non l'interprétation qu'en a fait le comité. Ainsi, votre message ira directement à la Chambre des communes.
Nous prévoyons retourner à Ottawa après nos visites afin d'écrire notre rapport en tant que comité. Nous espérerons que ce rapport fera l'unanimité, bien que ce ne soit pas toujours le cas. En effet, chaque partie a son propre point de vue qui peut être distinct de celui d'un autre.
Nous avons l'intention de compléter notre rapport en juin, puis nous ferons notre possible pour que tous ceux qui ont fait un exposé reçoivent une copie de ce rapport en même temps qu'il sera présenté à la Chambre des communes. Nous ne pouvons garantir que le gouvernement mettra en pratique ce qui est suggéré dans le rapport. Cependant, nous voulons vous assurer que vos opinions seront prises en considération comme venant des agriculteurs et des porte-parole du secteur agricole des différentes régions du Canada.
Nous fournissons un service d'interprétation pour ceux qui en avez besoin. Les écouteurs ne sont pas encore arrivés, mais ils sont en route.
Vous sentez-vous à l'aise, Monsieur Desrochers? Vous vous débrouillez très bien en anglais, mais aimeriez-vous utiliser ce service avant de commencer? Je crois qu'en toute justice, nous devrions attendre parce que --
M. Odina Desrochers (Lotbinière--L'Érable, BQ): Vous pouvez maintenant commencer sans problème.
Le président: Je vous fais toutes mes excuses pour ceci, mais j'ai l'impression que certains de nos.…
Nous vous avons alloué cinq minutes par exposé et en tant que président, je vous ferai signe lorsque votre temps est sur le point de s'écouler. En général, les exposants sont très coopératifs. Seulement à deux reprises, avons-nous dû préciser que le délai de cinq minutes avait été dépassé et que nous devions débrancher le microphone. Nous vous prions donc d'être aussi concis que possible et de respecter le délai qui vous est accordé.
À (1030)
M. Howard Hilstrom (Selkirk--Interlake, Alliance canadienne): Peut-être pourrions-nous chacun nous présenter avant de....
Le président: Nous ferons tout cela avant de commencer. Le vice-président de notre comité est Howard, ici présent. Je vous prierai, Howard, de vous présenter, puis nous ferons le tour de la table.
M. Howard Hilstrom: Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Je m'appelle Howard Hilstrom. Je suis le porte-parole agricole en chef officiel de l'opposition. Je représente la circonscription de Selkirk--Interlake, qui se trouve au nord de Winnipeg, au Manitoba. J'habite à environ 60 milles au nord de la ville et j'élève des bovins. J'ai grandi dans le sud de la Saskatchewan sur une ferme de type mélange de céréales et d'élevage.
Le président: Nous aimerions également souhaiter la bienvenue à Myron. Vous connaissez probablement très bien Myron ici en Alberta. Il remplace aujourd'hui le deuxième membre de la représentation de son parti. Bienvenue Myron. Souhaitez-vous dire quelques mots?
M. Myron Thompson (Wild Rose, Alliance canadienne): Je m'appelle Myron Thompson de la circonscription de Wild Rose. Je suis un membre substitut du Comité de l'agriculture, ainsi qu'un membre substitut du Comité des affaires indiennes, du Comité des parcs et d'un bon nombre d'autres comités. En effet, à Wild Rose, il existe une grande variété de problèmes, dont un des principaux est l'agriculture.
C'est un plaisir de faire partie du comité et d'entendre ce que les Albertains ont à dire au comité aujourd'hui. Je suis impatient d'entendre les exposés et il me fait plaisir d'être ici. Je suis heureux de reconnaître un certain nombre d'entre vous.
À (1035)
Le président: Merci, Myron
Odina
M. Odina Desrochers: Bonjour tout le monde. Je m'appelle Odina Desrochers. Je suis un membre du Parlement et je représente le Bloc Québécois. Ma circonscription est Lotbinière--L'Érable, qui se trouve près de la ville de Québec. Cette circonscription est la plus rurale de la province de Québec. Je suis né et j'ai grandi sur une ferme. Je suis très heureux d'être parmi vous, de pouvoir vous entendre et vous aider. Passez une bonne journée.
Le président: Merci.
Dick.
M. Dick Proctor (Palliser, NPD): Merci Charles.
Je m'appelle Dick Proctor. Je suis le porte-parole agricole du Nouveau parti démocratique et je représente la circonscription de Palliser en Saskatchewan. J'ai été le porte parole agricole depuis mon élection en 1997.
Merci.
Le président: Et Rick.
M. Rick Borotsik (Brandon--Souris, PC/RD): Merci, monsieur le président.
Je m'appelle Rick Borotsik. Je suis membre du porte-parole agricole du Parti progressiste-conservateur et je représente la circonscription de Brandon--Souris, très beau Brandon au Manitoba, où se trouvent les Brandon Wheat Kings. Je suis heureux d'être parmi vous
Le président: Rose-Marie
Mme Rose-Marie Ur (Lambton--Kent--Middlesex, Lib.): Bonjour tout le monde. Je m'appelle Rose-Marie Ur. Je suis un membre du Parlement, représentant le sud-ouest de l'Ontario. En 1993, j'ai été élue vice-présidente du caucus des députés des régions rurales, Je suis heureuse d'être en Alberta et de reconnaître quelques visages autour de la table: ceux qui sont venus à Ottawa pour exposer nos problèmes agricoles. Je vis sur une ferme et je suis impatiente d'entendre vos exposés.
Le président: Paul.
M. Paul Steckle (Huron--Bruce, Lib.): Je m'appelle Paul Steckle et je représente la circonscription de Huron-Bruce, qui se trouve dans le sud-ouest de l'Ontario. Elle englobe des collectivités, telles que Goderich et Grand Bend. Cette circonscription est entièrement agricole. J'aimerais déclarer que nous sommes la plus grande circonscription agricole en fonction de la production en dollars, parmi toutes les circonscriptions du Canada à l'est de Winnipeg. Nous possédons les plus grands silos intérieurs au Canada dans le village de Hensall.
Je suis fier d'être ici. Je suis membre du Comité permanent depuis 1994 et je suis impatient d'entendre vos exposés aujourd'hui.
Le président: Et Murray.
M. Murray Calder (Dufferin--Peel--Wellington--Grey, Lib.): Merci.
Je vous remercie. Je m'appelle Murray Calder. Ma circonscription est Dufferin--Peel--Wellington--Grey, qui se trouve au centre de l'Ontario. Je suis le vice-président du Comité permanent et le président du caucus national des députés des régions rurales. Ma circonscription est impliquée dans un grand nombre de productions agricoles, y compris la culture maraîchère et l'arboriculture fruitière à chair tendre. Dans ma vie de tous les jours, j'élève des poulets. Notre ferme s'appelle Calderwood Farms et elle se trouve à Holstein. Nous vendons environ 360 000 poulets par année, provenant de notre ferme.
Le président: Merci, tout le monde.
Je m'appelle Charles Hubbard et je viens de Miramichi au Nouveau-Brunswick.
J'aimerais vous dire que je suis enchanté d'être présent aujourd'hui. Nous avons apprécié les efforts accomplis par vos porte-parole du secteur agricole en se déplaçant à de nombreuses reprises à Ottawa pour faire des exposés et je sais qu'ils vous représentent. En réalisant cette tournée, nous espérons que tous ceux qui appartiennent aux groupes agricoles et à la collectivité rurale viendront parler aux membres du comité. Nous sommes un petit peu plus ouverts que nous le serions en invitant des personnes à Ottawa pour témoigner ou faire des exposés.
Passons maintenant à nos exposés en commençant avec les producteurs de canola de l'Alberta. Je comprends qu'il y a deux représentants de cet organisme ici présents. Qui est-ce qui fera l'exposé?
M. Ward Toma (directeur général, Commission des producteurs de canola de l'Alberta): Je vous remercie, Monsieur le président.
Je m'appelle Ward Toma et je suis le directeur général de la Commission des producteurs de canola de l'Alberta. Mon collègue, Nico van der Giesse est un agriculteur de Bezanson, qui se trouve juste à côté d'ici. Il est un directeur élu de la Commission et c'est lui qui fera l'exposé
Le président: Merci.
Monsieur van der Giessen.
M. Nico van der Giessen (directeur, Commission des producteurs de canola de l'Alberta): Je vous remercie, monsieur le président.
Mesdames et messieurs du comité et chers invités participant à cette audience, je voudrais vous souhaiter la bienvenue dans la région de la Rivière de la Paix. Voici une petite anecdote: nous possédons probablement un aussi grand nombre de terres agricoles que le Manitoba.
Retournons maintenant à nos affaires. Le gouvernement canadien joue un rôle intégral dans plusieurs aspects de la production alimentaire, du système de commercialisation et de la salubrité alimentaire. Il devra également continuer de jouer un rôle important pour garantir l'intégrité du système de la salubrité alimentaire. Lors de consultations régulières avec nos clients canadiens et internationaux, nous avons appris que ceux-ci font confiance au système canadien d'autorisation de produits alimentaires qui garantit la sécurité des humains, des animaux et de l'environnement.
En veulent-ils plus? Bien sûr, ils en prendront toujours plus si nous leur donnons gratuitement. Perdrons-nous la vente si elle n'est pas disponible? Vraisemblablement pas. Le fait est que le Canada possède l'un des meilleurs systèmes de salubrité alimentaire au monde.
Si le gouvernement du Canada décidait de prendre des mesures supplémentaires qui sont supérieures à ce qui est nécessaire et à ce que le consommateur est prêt à payer, dans le cas où il peut obtenir un produit moins cher d'un autre producteur, il devrait assumer le coût En effet, l'agriculteur canadien seul n'est pas en mesure de payer.
L'intégrité du marché: l'intégrité du marché du canola, la capacité des signaux du marché à passer du consommateur au producteur et vice versa est la clé de la capacité de notre industrie à satisfaire la demande des consommateurs. Le gouvernement canadien se doit de garantir que le marché du canola fonctionne correctement. Je ne veux pas dire qu'il devrait remplir les fonctions du marché du canola ou accomplir les activités qui y sont associées. Le rôle du gouvernement est de garantir l'intégrité du marché au sein duquel ces fonctions se produisent. Il a la responsabilité d'assurer que le marché est ouvert et sans obstacles à l'entrée ou à la sortie, que la concurrence existe et qu'aucun segment ou entité n'abuse les consommateurs et les producteurs du produit de son influence.
Crans de sûreté agricoles: Le gouvernement canadien, en collaboration avec les gouvernements provinciaux, est en train d'élaborer un programme détaillé de protection du revenu agricole pour les agriculteurs. Lorsque les subventions internationales obligent les prix du marché à continuellement baisser, le mécanisme d'étalement des programmes actuels provoque la réduction rapide du soutien du revenu, plaçant les producteurs canadiens d'oléagineux et les céréaliculteurs dans une position financière insoutenable. Les producteurs de colza de l'Alberta appuient les efforts des céréaliculteurs du Canada au développement d'un programme servant à compenser les préjudices commerciaux. Une proposition de ce programme, présentée au Comité consultatif national sur les programmes de protection du revenu, traite de la question délicate de l'érosion de la position du Canada en tant que producteur alimentaire concurrentiel à l'échelle internationale.
Commerce international: Le commerce international est le moteur de l'agriculture canadienne et de l'industrie canadienne du colza. Il est nécessaire que la série actuelle de discussions de l'OMC se termine de façon positive pour garantir la compétitivité future de notre industrie. Les règlements commerciaux scientifiques sanitaires et phytosanitaires doivent être mis en pratique et appliqués; sinon, il y aura une prolifération d'obstacles non tarifaires au commerce. Le commerce équitable et le libre-échange doivent fonctionner dans les deux sens sans être soumis à la volonté politique.
Recherche: L'agriculture canadienne et plus particulièrement l'industrie du canola ont été très avantagées par la recherche effectuée par le gouvernement canadien. La compétitivité de notre industrie est une conséquence directe de cette recherche. Le gouvernement du Canada doit fournir des ressources améliorées pour investir dans la recherche, ainsi que l'infrastructure et les effectifs nécessaires afin de continuer à assurer la base d'une stabilité future et la croissance de l'agriculture au Canada.
En résumé, la Commission des producteurs de canola de l'Alberta aimerait que le gouvernement du Canada garantisse l'intégrité de la salubrité alimentaire canadienne, qu'il mette en place un programme détaillé de protection pour les producteurs agricoles qui prend en considération les répercussions des subventions internationales, qu'il négocie un accord commercial international permettant au Canada de faire libre concurrence et qu'il soit un chef de file dans la recherche et le développement agricoles pour attirer la contribution du secteur privé dans l'industrie.
Je vous remercie de nous avoir permis de partager notre vision du rôle future du gouvernement du Canada dans les secteurs agricole et agro-alimentaire.
À (1040)
Le président: Je vous remercie, monsieur van der Giessen.
Il vous reste encore 30 secondes à votre cinq minutes. Vous avez très bien calculé votre temps
Tom, êtes-vous le suivant? Tom Kulicki. Si vous pouviez nous donner un aperçu de qui vous représentez, quelle ferme vous possédez ou tout autre détail que nous pourrions ajouter à notre dossier.
M. Tom Kulicki (témoigne à titre personnel): Merci.
Je suis en quelque sorte un pigiste. En effet, je ne représente aucun segment particulier. J'ai simplement une ferme au sud-ouest de Beaver Lodge. C'est pourquoi, j'irai droit au but.
Le président: Et votre ferme? Pourriez-vous mentionner quel type d'antécédents agricoles vous avez.
M. Tom Kulicki: Je suis un agriculteur de deuxième génération qui possède une exploitation céréalière et herbagère.
Je vous remercie de me donner l'occasion d'exprimer mon opinion sur le future et, si je puis me permettre, le rôle adéquat du gouvernement dans le secteur agricole. Tout d'abord, je dois avouer que je souffre d'un léger accès de libertarianisme et, par conséquent, je ne serai peut-être pas bien vu des autres membres du groupe.
Toutefois, quoi qu'il en soit, je suis d'avis que l'état de l'agriculture au Canada est le reflet direct de l'état de l'économie en général. Il est impossible d'avoir une industrie agricole stable financièrement sans avoir une base économique solide et dynamique. Par exemple, la valeur de notre dollar a diminué, passant de 0,82 $US en 1993 à un peu plus de 0,62 $US. Pour reprendre les termes d'un article du magazine d'actualités The REPORT Newsmagazine, une main-d'œuvre à bon marché et une devise instable sont les caractéristiques de la politique des pays du tiers monde. Par conséquent, je considère que le rôle adéquat du gouvernement dans le secteur agricole est simplement un prolongement de son rôle en général et de l'économie dans l'ensemble
Le gouvernement lui-même ne devrait ni encourager ni décourager la production par des moyens artificiels. Encourager la production est la marque d'un libre-échange capitaliste. Au cours de mes 40 ans de carrière dans l'agriculture, le gouvernement ou les compagnies agricoles ont encouragé à tour de rôle les agriculteurs à se spécialiser, à utiliser les économies d'échelle, à se diversifier, à s'engager dans la haute production à faible marge et, comme M. Vanclief a récemment laissé entendre, à s'assurer de planter seulement dans une terre jachérée l'été si on prévoit de la pluie. Et, si rien ne marche, essayons la promotion de nouvelles compétences et la subvention de la ferme au moyen d'effectifs extérieurs.
Cependant, autant la participation planifiée dans la diversification de l'économie de l'Ouest, la politique industrielle de la côte est et le développement autochtone, que les tentatives du gouvernement à gérer l'industrie agricole se sont avérés être des échecs retentissants. L'intervention de l'État dans le marché a très clairement causé plus de problèmes qu'elle en a résolu.
Si l'on regarde les autres pays, on s'aperçoit que ce qui influence le plus la viabilité de l'agriculture n'est pas le climat, le type de sol, les prix, mais bien les activités du gouvernement lui-même. Ce n'est pas une coïncidence si, en général, les économies les plus primitives, les plus mauvaises conditions et les gens qui souffrent le plus de la faim se regroupent dans les pays possédant les régimes les plus autocratiques et les plus despotiques. Il ne faut pas non plus être surpris du fait que les pays qui sont le plus défavorables à l'entreprise privée sont ceux qui sont le plus en mesure de subventionner la production, faussant involontairement les mécanismes du libre-échange.
Ainsi, les pays qui détiennent les plus hauts niveaux de subvention agricole sont également ceux qui possèdent les terres les plus inabordables, privant les jeunes gens de l'occasion d'entrer dans l'industrie.
Je répète que l'intervention du gouvernement ne résout pas les problèmes, mais les crée. Le rôle adéquat et restreint du gouvernement est de nous protéger de l'inefficacité bureaucratique et de maintenir une devise forte et un cadre réglementaire fiscal dans lequel l'entreprise privée peut prospérer. Si on les laisse se débrouiller, les agriculteurs pourraient répondre aux signaux du marché et le feraient.
Un article paru récemment dans le magazine The Economist mentionnait que, pris ensemble, les pays les plus riches subventionnaient leurs agriculteurs jusqu'à un milliard de dollars par jour. Cependant, au même moment, le Congrès américain est en train de faire voter une loi qui augmenterait les subventions aux agriculteurs et rendrait moins aisé le libre-échange des produits textiles et agricoles
Si l'on examine les restrictions que s'impose le gouvernement en raison des énormes dettes publiques, constituant un véritable cauchemar bureaucratique et réglementaire, des dettes non provisionnées aux Autochtones, des systèmes de pension, du système de soins de santé, de l'éducation, etc., il est justifié de se demander où nous allons maintenant. Devons-nous rien faire et regarder les quelques milliers d'agriculteurs abandonner ou faire faillite? Devons-nous, en tant qu'agriculteurs, demander au gouvernement de donner subvention après subvention, seulement pour les voir s'engloutir dans les coûts d'achat des terres et des machines? Ou, demandons-nous au gouvernement de faire la seule chose qu'il a vraiment le pouvoir de faire, c'est-à-dire de poursuivre le programme d'exonération dynamique en suivant les sections réglementaires et fiscales du registre?
En supposant que le gouvernement ait la sagesse et le courage de suivre cette voie, les agriculteurs pourraient et devraient s'attendre à ce que la volatilité extrême de la production céréalière soit reconnue et stabilisée à l'aide d'une approche fiscale correspondant, par exemple, à la production minière ou à la recherche du combustible fossile. Les agriculteurs pourraient et devraient espérer une réduction de leur fardeau fiscal en matière de taxes sur les carburants, sur les gains en capitaux, sur le revenu, sur les biens réels, sur le recyclage des pneus et bien d'autres taxes tout aussi démoralisantes les unes que les autres. Les agriculteurs devraient espérer un plan --
À (1050)
Le président: Tom, vous avez maintenant dépassé votre délai. Je vousprierai de résumer. J'ai tenté en vain de vous faire signe.
M. Tom Kulicki: Il ne me reste qu'un point à faire. Me permettez-vous de continuer?
Le président: Je ne suis pas sûr de vous comprendre correctement, mais je vais vous donner un autre 30 secondes pour résumer.
M. Tom Kulicki: Les agriculteurs devraient espérer un plan d'amortissement qui prend compte de l'inflation. Le programme du CSRN, s'il est retenu, devrait avoir ses déclencheurs artificiels éliminés. Quelle que soit la forme du programme de l'assurance-récolte, le niveau de couverture ne devrait pas refléter le nombre de boisseaux à l'acre, mais les coûts de production moyens.
Le président: Je vous remercie, Tom. Je vais vous interrompre maintenant et vous aurez une chance de parler lors de la période de questions.
M. Tom Kulicki: D'accord.
Le président: Je ne vous ai pas rencontré à Doha, mais peut-être y étiez-vous. Vous avez traité de points qui étaient semblables à ceux que j'ai entendus là-bas.
Duane, monsieur Stevenson.
M. Duane Stevenson (témoigne à titre personnel): Je me présenterai rapidement, Monsieur le président. Je suis un consultant agricole au sein de Meyers Norris Penny, une entreprise de comptabilité et de services consultatifs d'affaires. Je représente des clients agricoles dans la région de la Rivière de la Paix. Mon rôle consiste à faciliter la gestion des risques commerciaux pour que les fermes conservent leur rentabilisé.
J'aimerais vous remercier de me donner l'occasion de vous parler aujourd'hui. J'aborderai quatre problèmes différents: les obstacles au libre-échange, le transport des céréales, la recherche agricole et la valeur-ajoutée, et le programme de protection agricole.
Tout d'abord, j'aimerais discuter de la responsabilité du gouvernement à éliminer les obstacles commerciaux avec les autres pays. En tant que consultant, je remarque que la commercialisation joue un grand rôle dans le processus de prise de décision qui permet à mes clients de faire des bénéfices. En ce moment, nous savons tous qu'une grande partie de notre production est exportée vers d'autres pays. Afin de vendre notre produit à un prix équitable et faire concurrence avec ces pays, le gouvernement fédéral doit faire preuve d'une solide volonté de réduire ces obstacles commerciaux. Notre gouvernement a mis sur pied un programme sérieux, et j'encourage ce ministère à croître afin d'assurer que nous avons une initiative à long terme pour les différends commerciaux nationaux.
Le deuxième rôle important du gouvernement fédéral est de continuer à s'engager dans le transport céréalier à des fins d'exportation. Au cours des 10 ou 15 dernières années, nous avons constaté la rationnalisation de l'industrie céréalière dans l'Ouest du Canada. Les chemins de fer ont réduit les lignes secondaires, enlevant les voies ferrées et se concentrant plutôt sur le développement de systèmes plus efficaces d'automotrices. Les entreprises céréalières ont été considérablement affectées par ces changements et se sont empressées de réduire le nombre de silos au Canada. Puis, des installations permanentes se sont installées de façon stratégique dans des endroits où elles étaient en mesure de proposer à leurs clients des tarifs équivalents aux tarifs de fret les plus abordables.
En 1996, le gouvernement fédéral a payé les agriculteurs pour qu'ils remboursent la subvention du nid-de-Corbeau sur le fret vers la côte. La communauté agricole a souffert de ces changements brusques et a dû s'adapter très rapidement pour déplacer leur production de façon opportune. Il est important que le gouvernement fédéral reconnaisse ce que certaines communautés ont perdu en ce qui concerne les services de livraison des grains et qu'il continue à soutenir le processus d'adaptation à la méthode du coût de livraison minimal.
Un exemple typique qui illustre bien la façon dont les choses ont changé dans notre région est celle de la région de Fairview, au nord de la Rivière de la Paix. La communauté de cette région a perdu sa ligne de chemin de fer entre Hines Creek et Grimshaw et, pour cette raison, les installations de manutention des grains ont été désaffectées. La seule option des agriculteurs est de transporter leurs produits par camion jusqu'à une importante installation de manutention dans la région de Rycroft à leurs propres frais.
Il est clair que les agriculteurs n'ont pas du tout apprécié ces changements, mais ils n'avaient aucune influence sur le cours des choses. Afin de réduire les frais d'exploitation, les agriculteurs ont essayé de charger des wagons de producteur. Charger des wagons de producteur est un droit dont jouissent les agriculteurs depuis de nombreuses années. Ces temps-ci, les journaux nous parlent de la pression infligée par l'industrie céréalière sur la Commission canadienne des grains dans le but d'autoriser des installations à effectuer ce transport. Nous risquons peut-être d'avoir besoin d'utiliser des obligations et des lois pour réglementer les wagons de producteur; ce qui pourrait entraîner des pertes graves pour nos agriculteurs qui vendent leurs produits au moyen de wagons de producteur. De ce fait, nous recommandonsvivement l'utilisation des wagons de producteur à cet effet. La Commission canadienne du blé semble jouer un rôle proactif au sein de ces communautés, en appuyant les agriculteurs à charger leurs propres wagons de producteur.
Nous sommes très heureux de cette décision et de l'évolution de ce processus. Il paraît que seulement 2 p. 100 des grains de l'Ouest du Canada sont expédiés dans des wagons de producteur et qu'il est possible d'économiser entre 1 000 $ et 3 000 $ par wagon pour le transport céréalier effectué par wagon de producteur . C'est pourquoi, cette méthode est tellement importante.
De plus, la valeur ajoutée peut provenir des agriculteurs utilisant des wagons de producteur. Il est essentiel que le traitement soit effectué avant que le produit ne soit expédié jusqu'à la côte. En effet, ceci permet de réduire les coûts dans les ports et encourage les industries à se développer dans les collectivités locales.
Comme je l'ai mentionné précédemment, le troisième rôle important du gouvernement fédéral est la recherche agricole. La tendance actuelle consiste à privatiser. Cependant, nous croyons qu'il est essentiel que le gouvernement fédéral continue à s'impliquer afin de garantir l'intégrité de la recherche et de la salubrité alimentaire pour nos clients et de contrôler la qualité et les normes. Nous voudrions également voir la distribution de crédits fiscaux se poursuivre pour que les agriculteurs effectuent de la recherche agronomique et de la recherche appliquée à la ferme.
J'aimerais rapidement passer au quatrième point qui concerne les programmes de protection. Les programmes de protection se sont incorporés aux programmes du CSRN, de l'ACRA et du PSRC. Ils ont été d'excellents programmes. Nous sommes satisfaits de ce qu'ils ont pu fournir aux agriculteurs au cours des trois ou quatre dernières années et nous voudrions qu'ils soient améliorés.
Le CSRN est un programme qui doit faire l'objet de précisions en ce qui a trait aux prélèvements. Environ 30 p. 100 des prélèvements admissibles ont été faits; ce qui n'est pas une mauvaise chose en soi, puisque le transfert des générations et la nouvelle génération d'agriculteurs en sont favorisés.
Je m'excuse d'avoir pris tant de temps
À (1055)
Le président: Nous avons tous ce même problème, mais nous essayons de nous en tenir à cinq minutes.
Monsieur Webber.
M. Allan Webber (témoigne à titre personnel): Bonjour, monsieur le président.
Je suis un agriculteur biologique de la région de Grande Prairie. Je suis également membre du conseil de l'Alberta Organic Association.
Les producteurs biologiques doivent faire face à de nombreux problèmes, mais, à l'heure actuelle, le plus important d'entre eux est l'absence de système national d'homologation qui permettra aux producteurs d'accéder à leurs marchés prévus. L'enjeu le plus grave est dû au fait que les règlementsactuels proviennent de l'extérieur du Canada.
Nous nous inquiétons des répercussions des OMG sur la production biologique. Le canola n'est pratiquement plus viable en tant que culture biologique. L'introduction du blé génétiquement modifié éliminerait probablement toute la production céréalière biologique au Canada.
Un autre point d'inquiétude est la recherche de systèmes biologiques. Nous ne faisons que commencer à examiner ce potentiel. Il serait bon que le gouvernement du Canada puisse choisir de jouer un rôle de chef de file dans l'élaboration de programmes de recherche et d'initiatives visant à promouvoir cette recherche qui permettra, sans aucun doute, d'apporter des connaissances pertinentes au développement rural durable.
Je passerai maintenant le micro à Sadie.
Le président: Je vous souhaite la bienvenue, Sadie Macklin.
[Français]
Mme Sadie Macklin (témoigne à titre personnel): Thank you. Je m'appelle Sadie Macklin. Veuillez m'excuser de parler seulement en anglais, mais comme je n'ai que cinq minutes et que j'ai beaucoup à dire, je suis plus en mesure de communiquer en anglais.
[Traduction]
J'ai des antécédents agricoles, mais je ne suis pas une agricultrice. Mes parents possèdent une ferme mixte au nord de DeBolt. Je suis une étudiante et j'ai plusieurs emplois pour financer mes études. J'étudie l'économie politique.
Á (1100)
J'ai beaucoup à dire sur le rôle future du gouvernement fédéral dans le secteur agricole. Je crois que le futur est important pour tout le monde, puisque nous mangeons tous; cependant je dirais qu'il est plus important pour les gens de mon groupe d'âge et ceux qui sont plus jeunes que pour les gens plus âgés.
Ce qui me dérange en ce qui a trait au rôle du gouvernement dans l'industrie est que quelquefois certaines choses sont prises en considération et d'autres fois elles ne le sont pas. Nous considérons ce qui a des répercussions sur l'économie, les finances et le commerce, mais bien souvent, nous ne tenons pas compte des conséquences humaines, communautaires et environnementales et du facteur de durabilité à long terme.
J'aimerais voir le gouvernement canadien agir afin de maintenir des liens communautaires solides, de permettre la création d'un environnement durable et sain et d'encourager les Canadiens à avoir confiance en la salubrité alimentaire et en la stabilité de leur système alimentaire. Je souhaiterais que le gouvernement canadien joue un rôle important dans la production des aliments-santé. Je respecte le choix de s'en remettre à d'autres personnes ou organismes comme l'industrie privée, mais il est nécessaire de réaliser que, dans ce cas, c'est l'argent qui compte et non la population générale.
La façon dont j'envisage la responsabilité du gouvernement fédéral est par la création de réglements sanitaires et sécuritaires, rigoureux, efficaces et justifiés en lesquels la population canadienne peut avoir confiance. Nous avons besoin d'organismes de réglementation qui sont financés correctement et qui sont universels. De plus, nous devons élever plutôt qu'abaisser les normes courantes de ce que nous recherchons.
L'autre point que le gouvernement canadien devrait considérer est de s'assurer que nous possédons une infrastructure adéquate. Nous devons être en mesure de vivre sainement dans des collectivités rurales. Il est nécessaire qu'une bonne infrastructure soit en place pour permettre une distribution adéquate des produits agricoles. Puisque l'agriculture est une composante importante de notre système économique, cette infrastructure est essentielle afin de conserver une économie saine.
Je suis d'avis que les taxes peuvent jouer un rôle très important. Je ne prône pas la création de taxes seulement dans le but d'avoir des taxes, mais je favorise les taxes qui visent à offrir des services: telle est la façon dont je perçois le but des taxes.
Le rôle du marché est également important; toutefois, je crois qu'il devrait se limiter à ce qui représente les meilleurs intérêts des gens en général. En ce qui concerne les puissances et les négociations étrangères, j'estime que nous devons prendre en main notre propre politique intérieure, laissant les autres pays le soin d'user du même avantage chez eux. Les individus ont besoin d'être indépendents pour réaliser ce qu'ils désirent. Cependant, cett e liberté d'agir doit être restreinte en fonction de la façon dont elle touche les autres personnes. Ce principe est le même pour toutes les lois en place et je ne comprend pas pourquoi il devrait différer en ce qui concerne l'industrie qui nous donne à manger.
En tant que jeune, je suis très préoccupée par ce que je vois en ce moment. Je remarque autour de moi l'apathie de mes pairs et la perception négative des politiciens et de la politique par les gens. J'observe ce qui se passe dans d'autres pays. Les émeutes du pain constituent très souvent une des façons d'exprimer le mécontentement face à un système alimentaire qui n'est pas adéquat, sécuritaire, fiable et sûr. Je ne serais pas surprise d'être témoin, au cours de ma vie, de l'effondrement du système.
Je vous remercie de m'avoir écoutée.
Á (1105)
Le président: Merci, Sadie.
Est-ce que Steve Schnider aimerait parler également? Nous avons tenté d'équilibrer nos groupes et je constate qu'Yvonne Sinkevich n'est pas venue. Si Steve désirait faire un exposé, je lui laisserai la parole. Est-il présent?
Je présume que lui non plus ne s'est pas présenté.
Est-ce que Dave Hegland est ici? Bon, Dave, auriez-vous l'obligeance de vous présenter maintenant. Je passerai à Norman et à Leo et vous formerez notre premier forum.
Norman Dyck.
M. Norman Dyke (témoigne à titre personnel): Je vous remercie, Monsieur le président et je remercie les panélistes d'être venus à Grande Prairie.
Le greffier dispose de quelques graphiques qui pourraient vous être utiles et auxquels vous pourrez vous référer plus tard.
Ma femme et moi possédons une ferme à une heure de Grande Prairie et nous l'exploiterons encore une autre année. Nous avons commencé en tant qu'homesteaders. Notre ferme de six quarts de section se trouve dans une communauté qui est maintenant entourée par des terres appartenant à un partenariat contrôlant 170 quarts de section. Nous l'avons mis en vente et elle est probablement déjà vendue.
Mon exposé aujourd'hui se base sur les réflexions de très bons amis et membres de ma famille et aussi sur le Syndicat national des cultivateurs.
Ce que nous recherchons en agriculture, pour le bien de nos communautés et la salubrité de notre système alimentaire est la stabilité.
Pendant 20 ans, les gouvernements ont encouragé l'avidité des grandes exploitations agricoles, éliminant les obstacles, au nom de l'efficacité et de la déréglementation. Qui pensez-vous en a profité? Les résultats sont désastreux, soulignant l'échec du marché à répartir de façon équitable les profits, provenant des innovations technologiques, investis et redistribués par les agriculteurs dans la communauté agricole. L'échec est à ce point évident que même un promoteur de valeurs mobilières devrait pourvoir être en mesure de mesurer la situation chaotique des régions rurales canadiennes. La méthode de la valeur ajoutée, toujours une bonne idée, ne sera jamais un bon inducteur économique pour la plupart des régions de l'Ouest du Canada, à moins que le système de transport ne soit interfinancé par les contribuables ou nous connaîtrons une énorme croissance de population.
La politique de fin de série de déréglementation agricole qui avait jadis été mise en place a échoué. En effet, les matières brutes que nous pouvons cultiver, comme les grains et les oléagineux, forment une portion tellement petite des coûts des produits prêts à manger, que même si on les donnait aux transformateurs à un montant inférieur à nos coûts de production, nous ne pourrions attirer ici une infrastructure de transformation suffisante pour absorber notre potentiel de production. Les graphiques que vous avez en main démontreront et confirmeront ce que j'avance.
Un bon exemple de l'échec de la valeur ajoutée est celui de l'usine Sexsmith de transformation du canola, ainsi que de nombreuses usines des prairies.
Que pouvons-nous donc faire? Les étapes que j'énumérerai maintenant reconnaissent la réalité de la production agricole dans l'Ouest, par opposition à la politique assistée par l'idéologie des deux dernières décennies.
Étape numéro un: Retirez le droit du chemin de fer d'exploiter son contrôle oligolopolistique des transports. À cet effet, réimposez un tarif-marchandises statutaire qui est lié à la valeur du produit agricole, comme, par exemple, l'établissement de tarifs-marchandises à 5 p. 100 du prix du produit au port, ou nationalisez les assiettes des rails et permettez à tous les exploitants compétents de transporter des grains et autres marchandises. En d'autres termes, autorisez un droit de circulation conjoint de pleine concurrence. Là où il n'existe pas de concurrence pour discipliner les chemins de fer, il est nécessaire d'élaborer des réglements pour assurer cette concurrence.
Étape numéro deux: offrez un système de crédit aux cultivateurs basé sur des taux de prêt à intérêt fixe. Le revenu agricole est tellement variable que le fardeau supplémentaire des taux d'intérêt variables est un risque que la plupart des gérants d'exploitation évitent, car ils ont vu un trop grand nombre de leurs voisins anéantis par une fluctuation soudaine des taux d'intérêt. J'en suis un exemple au sein de ma communauté: je représente le dernier petit cultivateur dans notre région. Une grande ferme industrielle a pris la relève et a décimé la région. La seule chose qui m'a maintenu en vie et m'a permis de ne pas craquer sont les médicaments pharmaceutiques.
Le système d'assurance-récolte se sert du système d'assurance commerciale comme modèle: plus vous avez d'accidents, plus vos primes d'assurance sont élevées et moins votre couverture est étendue. Cependant, dans la plupart des cas, l'agriculteur n'est pas responsable de la perte de ses récoltes. La grêle, la sécheresse, le gel et l'humidité excessive sont ce qu'on appelle des catastrophes naturelles, mais c'est le cultivateur qui est touché et qui doit débourser des primes plus élevées et recevoir une couverture moins étendue. Nous avons besoin d'un plan de protection des cultures qui ne désavantage pas les agriculteurs conscientieux pour les événements qui sont hors de leur contrôle.
Des phytogénéticiens commerciaux, par contre, ont révélé leur conflit d'intérêts, parce qu'ils se concentrent sur la culture des souches qui nécessitent les produits pétrochimiques de leur fabricant pour survivre, comme, par exemple, le canola Roundup Ready. Il est important que le gouvernement inclue les répercussions sur le marché dans le processus d'enregistrement des variétés. Dans moins de deux ans, Monsanto introduira une variété GM de blé.
L'étude de la Commission canadienne du blé sur les consommateurs canadiens de blé indique que deux-tiers de nos clients ne veulent pas de blé génétiquement modifié. Si le blé GM est introduit pour la production commerciale, est-ce que le gouvernement ou les entreprises semencières compenseront-ils pour les milliards de dollars de parts de marché perdues?
Il faut que le gouvernement fédéral annonce à nouveau un plan financier en tenant compte de l'intérêt public. L'attention doit être à nouveau dirigée vers la profitabilité des agriculteurs qui cultivent des variétés résistantes au gel et aux maladies et qui sont versatiles, et non ce que le secteur privé nous donne, les variétés en serre chaude qui nécessitent des interventions exclusives coûteuses de la société mère.
Nous avons perdu notre marché européen du canola en raison du conflit d'intérêts et de l'avidité du commerce privé. Nous sommes également bien partis pour perdre notre marché au Japon. Le monde désire des produits de haute qualité et le commerce privé s'intéresse uniquement aux produits en vrac de mauvaise qualité. Veuillez maintenant contraster ces performances pitoyables par le commerce non réglementé avec les succès des grains à valeur ajoutée et des grains «Commission» dans l'Ouest.
Environ 30 pour cent du blé et du durum sont moulus ou transformés dans les prairies. Aux États-Unis, seulement 11 pour cent de leur blé et de leur durum sont moulus ou transformés dans leurs prairies. La plus grande malterie au monde se trouve à Alix, en Alberta. La Commission du blé vend du petit orge.
Évidemment, celle-ci n'a pas exercé un effet de dissuasion dans le développement de la plus grande concentration de parcs d'engraissement au Canada, se trouvant dans le sud de l'Alberta, bien que les généreuses subventions du gouvernement albertain et les tarifs-marchandises déréglementés y ont joué un rôle important. Les tarifs-marchandises plus élevés ont fait chuter le prix des céréales fourragères. Comparez ces prix avec les tentatives absurdes de pratiquer la méthode de la valeur ajoutée du canola: une importante usine de trituration, établie à l'aide de subventions équivalant à une perte de plusieurs dizaines de millions de dollars provenant du gouvernement de l'Alberta, est en train d'être convertie en une usine de lamellé-collé pour l'industrie forestière. Ajoutez la fermeture d'une autre usine --
Á (1110)
Le président: Norman, vous avez pris plus de temps que prévu.
M. Norman Dyck: En conclusion, je vous dirai en tant que représentants de la société que nous n'aurons rien sans fermes axées sur les profits: aucune communauté rurale, aucune gestion de l'environnement, aucun progrès économique.
Je vis dans une région où un fermier possède maintenant 170 quarts de section de terres. Pendant ce temps, nous avons perdu notre communauté. Ceux parmi nous qui restent vivent de nos services et il n'y aucune famille agricole.
Vous pouvez nous payer maintenant et préserver les régions rurales du Canada ou attendre afin d'entretenir les monstrueuses fermes industrielles qui sont en train d'effacer la mémoire et les caractéristiques physiques des fermes, des plantations de protection, des salles communautaires et des écoles. En même temps, la population diminuera et l'infrastructure correspondra à un environnement physique affecté de façon dramatique et une salubrité alimentaire compromise.
Je vous remercie, monsieur.
Le président: Je vous remercie, Norman.
Monsieur Meyer.
M. Leo Meyer (témoignage à titre personnel): Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
J'espère présenter l'agriculture sous un jour un peu plus positif que celui de Norm.
Mesdames et messieurs du comité, je vous souhaite la bienvenue et bonjour à vous, monsieur Desrochers. C'est avec un grand plaisir et une profonde reconnaissance que je profite de cette occasion de faire un exposé sur le rôle future du gouvernement canadien dans le secteur de l'agriculture.
Ma famille et moi possédons une ferme à environ 75 kilomètres au nord-ouest de Grande Prairie dans les collines Saddle vers la région des montagnes Blanches dans les environs des collectivités de Spirit River, Rycroft, Woking et La Glace. Nous exploitons une ferme de production céréalière, de prétransformation, de commercialisation et de gestion logistique intégrée. Nous insistons sur une bonne économie, une gestion environnementale et une durabilité et nous ne cultivons que des céréales non transgéniques. Nos produits sont livrés à nos clients des provinces de l'Ouest du Canada, mais surtout à ceux du centre et du sud de l'Alberta.
Les points suivants ne sont que des idées et je ne suis pas ici pour faire des déclarations sur le sujet.
Point numéro un: Améliorer les communications et la promotion, autrement dit, avoir de meilleures relations publiques. Constituer une image de marque adéquate et envoyer des messages positifs à la communauté non-agricole sur le secteur agro-alimentaire, sur l'importance du secteur pour notre économie et notre société.
Point numéro deux: Faire le lien entre les aliments, la défense et la sécurité nationale dans sonensemble et tirer des conclusions à partir de ces liens pour obtenir une vision et une politique agro-alimentaire plus complètes et engagées au Canada.
Point numéro trois: Laisser tomber la politique du laissez-faire qui prévaut aujourd'hui. Apporter un appui réel aux cultivateurs. Ne pas leur dire, s'ils ne peuvent pas réussir, de continuer, alors que dans la plupart des cas, ils n'ont aucun contrôle sur les raisons pour lesquelles ils sont dans leur situation actuelle.
Point numéro quatre: Construire des chaînes de connaissance entre les participants et le secteur agro-alimentaire, le milieu de la recherche, les marchés et les consommateurs.
Point numéro cinq: Participer aux réunions de l'OMC de façon sérieuse et efficace, sans parti pris, ouvertement et énergiquement, en restant toutefois juste et équitable. Communiquer avec les groupes d'intérêts, au sujet de l'OMC et des problèmes reliés à l'organisme, de façon rapide, opportune et coopérative. Attirer l'attention sur les conséquences de l'évolution des processus de l'OMC, sans oublier d'en informer les provinces.
Point numéro six: Élaborer des réseaux entre l'industrie et le gouvernement. Améliorer les communications intergouvernementales et les approches coopératives. Harmoniser les règles et les règlements dans l'ensemble du Canada. Mettre au point une politique nationale sur les transports et créer un véritable libre-échange entre toutes les provinces, y compris le Québec et l'Union des Producteurs Agricoles.
Point numéro sept: Développer un cadre pour la production, la transformation, la distribution, la séparation et l'isolement des cultures transgéniques. Mettre une politique nationale en place pour le clonage génétique et les nouvelles modifications biotechnologiques. Assurer l'indépendance du secteur agro-alimentaire des multinationales scientifiques et faire du Canada, un chef de file renouvelé dans la production d'aliments-santé et dans les approches de gestion environnementale. Étiqueter tous les produits transgéniques. Identifier clairement, par égard pour les consommateurs, ceux qui introduisent des espèces modifiées génétiquement. Réviser les règlements et les politiques sur les exploitations d'élevage intensifs.
Point numéro huit: Établir le lien entre les aliments-santé, la bonne gestion environnementale, le respect pour la nature et la bien-être de la société. Une meilleure santé commence avec des aliments sains et de l'eau saine.
Point numéro neuf: Mettre sur pied des laboratoires de classe mondiale pour vérifier les aliments de l'homme et des animaux domestiques, ainsi que les maladies des plantes et les produits de lutte comtre les maladies des végétaux.
Point numéro dix: Créer un centre national de haut savoir pour la lutte contre les maladies animales, la génétique et la biodiversité.
Point numéro onze: Encourager les facteurs économiques, la rotation des cultures, la gestion environnementale et promouvoir l'eau et son importance pour tous.
Point numéro douze: Offrir des programmes d'assurance-récolte complets et qui couvrent les frais des cultivateurs, considérés comme outil de gestion des risques no1. Réviser le programme du CSRN.
Point numéro treize: Favoriser la gestion des risques par le biais de la méthode des chaînes de connaissance et du maillage d'assurance. Miser sur les flux de la trésorerie grâce à une meilleure gestion des risques.
Point numéro quatorze: Améliorer et maintenir la Loi sur le paiement anticipé des récoltes. Les paiements anticipés printaniers et automnaux sont très utiles, faciles à accéder et relativement simples à administrer.
Point numéro quinze: Améliorer l'accès et la disponibilité aux prêts destinés aux améliorations agricoles, autres que par les banques et les caisses populaires. Augmenter la limite maximale du plafond supérieur.
Point numéro seize: Créer un forum, et grâce à celui-ci, dégager une vision en matière de financement futur de l'agriculture, tout en maintenant une certaine indépendance parmi les agriculteurs.
Finalement, point numéro dix-sept: Établir des centres d'excellence en agriculture afin de promouvoir les idées et une base de connaissances en éducation et en amélioration de l'agro-alimentaire.
Ces points ne sont que des idées qui s'ajoutent aux nombreuses bonnes suggestions déjà apportées par mes collègues. L'agriculture est en évolution constante, comme, j'imagine, le reste des secteurs. Cependant, au cours des prochaines années, les changements dans le secteur agro-alimentaire seront ressentis par tous, d'une manière ou d'une autre. Il faut que le gouvernement établisse certains règlements et un cadre de travail pour ces futurs changements dans notre industrie afin de protéger l'intérêt public et d'assurer la survie des fermiers.
Monsieur le président, certains effets des changements à venir seront irréversibles. Ils joueront également un rôle fondamental dans ce que nous appelerons le Canada rural d'autrefois. Nous avons une chance d'imprimer notre marque sur certains de ces changements. Faisons-le fièrement tous ensemble. Les familles agricoles à travers le Canada ont besoin que le gouvernement fédéral leur redonne espoir et s'engage sérieusement. Nous espérons que cet espoir et cet engagement se concrétiseront bientôt.
Je vous remercie beaucoup.
Á (1115)
Le président: Merci beaucoup.
Monsieur Dave Hegland.
M. Dave Hegland (témoigne à titre personnel): Je m'appelle Dave Hegland et je viens de l'ouest de Grande Prairie. Je possède une ferme céréalière et oléagineuse. Je suis également le vice-président de l'Alberta Pulse Crop Growers Commission.
J'aimerais remercier le comité de me donner la parole aujourd'hui. Je crois qu'une des premières choses que nous devons considérer est l'élaboration d'une vision pour l'agriculture au pays. Cette vision permettrait de faire de l'agriculture une industrie économiquement durable, une qui ajoute de la valeur aux nouveaux investissements et crée de l'emploi. À l'intérieur de cette vision, nous pourrions définir clairement le rôle des cultivateurs, de l'industrie privée et du gouvernement.
Je pense que le gouvernement doit agir en tant que chef de file dans tous les secteurs définis par cette vision. Celle-ci devrait également inclure le commerce international, le développement des marchés, la recherche, la salubrité alimentaire et la gestion des risques.
En raison de la contrainte temporelle, j'aimerais me concentrer sur un seul des problèmes. Afin d'illustrer mon point à ce sujet, je vous donnerai un aperçu d'un secteur dans lequel je suis impliqué, l'industrie des légumineuses.
Le Canada est un des principaux participants au commerce mondial des légumineuses. Son apport représente 50 p. 100 du commerce de lentilles, près de 40 p. 100 du commerce mondial des pois et il fait partie des cinq premiers exportateurs de pois chiches et de fèves dans le monde. On prévoit une croissance continue de la production des légumineuses au cours des dix prochaines années qui permettra de renforcer le rôle du Canada en tant que lanceur de tendances sur le marché international.
La valeur de la production de légumineuses au Canada a augmenté jusqu'à environ un milliard de dollars par année. L'industrie prévoit que d'ici à 2005, cette production atteindra une valeur d'environ 2 milliards de dollars. Au cours des 20 dernières années, la superficie ensemencée a augmenté de 2,500 p. 100. La dernière décennie a vu la production de pois de l'Alberta augmenter de 675 p. 100. Les pois chiches, une culture presque inexistante en Alberta, possèdent depuis 2001 une surface cultivée de 90 000 acres. Les cultivateurs de légumineuses de l'Alberta espèrent qu'en 2010, les rotations de cultures représenteront 25 p. 100 de la superficie en acres. Une grande partie de notre succès est due à l'appui financier du gouvernement fédéral par le biais de la SCPA.
Depuis les quelques années de son existence, Pulse Canada a développé des marchés pour les pois canadiens au niveau mondial. Prenons par exemple, l'accord de libre-échange Canada-Chili ou l'introduction de pois fourragers en Chine, la plus grande industrie de l'alimentation animale au monde. Nous avons œuvré à éliminer les obstacles tarifaires vers la Taiwan et la Corée et notre travail se poursuit à cet effet. Nous avons travaillé avec l'ALÉNA dans le but de signer des accords avec le Mexique, qui représente un marché important pour l'industrie des fèves. Jusqu'ici, les É.-U. détiennent une plus grande part de ce marché en raison de restrictions à l'importation de nos fèves dans le marché.
Nous avons beau essayer de développer de nouveaux marchés pour améliorer notre position comme producteurs, nous devons tout de même nous en remettre à l'aide des gouvernements fédéral et provinciaux. Les gouvernements jouissent d'une influence que n'ont pas les producteurs et importateurs et ils ont des entrées là où nous n'en avons pas. Dans ce domaine, il me semble nécessaire que le gouvernement joue un rôle de chef de file, pour ouvrir des portes et créer des occasions pour notre industrie.
Le problème actuel auquel fait face l'industrie des légumineuses au Canada est l'inclusion des pois, des lentilles et des pois chiches dans la loi agricole américaine (U.S. Farm Bill). Par le passé, nous avons souffert de ces subventions injustes qui font excessivement souffrir les producteurs au Canada. Je pense que le gouvernement devrait faire pression sur le gouvernement américain pour que ces cultures ne soient pas incluses dans cette loi. On m'a dit que si elles l'étaient, la production augmenterait. Ceci entraînera sans aucun doute l'ajout d'approvisionnements onéreux sur le marché et dévaluera notre produit. Je crois que le fait d'exercer des pressions actuellement pourrait contrer un grand nombre de difficultés à venir au sein de notre industrie.
J'imagine qu'une façon de faire serait d'uniformiser les règles du jeu: nous devrions faire la même chose que nos concurrents. Si nous sommes d'avis que les programmes de protection ne fonctionnent pas, peut-être devrions-nous agir comme les Américains et offrir un dédommagement sélectif spécifique aux producteurs qui sont touchés par les subventions commerciales.
Je ne pense pas que notre but puisse être réalisé si nous ne résolvons pas quelques-uns de ces problèmes. Comment est-ce que les producteurs gèrent-ils les risques si ceux-ci sont des risques de prix influencés par d'importantes subventions que nous ne pouvons pas contrôler? La création de nouveaux marchés à l'aide d'une étude de marché peut nous aider à développer des cultures que nous avons besoin pour faire concurrence.
Je crois que les préoccupations environnementales de salubrité alimentaire forment une grande part de ce schéma et, en tentant de les résoudre, nous pourrions disposer d'un atout commercial dans le marché mondial. Nous devons identifier des besoins spécifiques et les satisfaire grâce à des partenariats avec des producteurs et des industries. Nous pourrions vendre plus de produits finis plutôt que des matières brutes. J'insiste sur le fait que le succès peut être atteint en développant des partenariats et non en misant sur l'intégration verticale.
Pour terminer, j'estime que l'industrie doit se concentrer et définir les rôles de chacun des participants. Je crois que l'autorité du gouvernement et l'appui financier initial sont essentiels. Dans les secteurs où les producteurs et les industries ont des problèmes reliés au commerce, le gouvernement peut constituer un partenaire très important pour résoudre de telles difficultés internationales comme le commerce, les embargos et les contingents.
Je vous remercie de votre attention.
Á (1120)
Le président: Je vous remercie, Dave.
Avant de passer à notre période de questions, je voudrais prendre note de la diversité - Sadie - des préoccupations politiques.
Les subventions sont un problème, mais le commerce international a vraiment constitué un thème dominant des exposés que nous avons entendus jusqu'à maintenant. Cependant, je ne suis pas certain que les Canadiens soient réellement au courant de la frustration que les personnes du tiers-monde ressentent par rapport aux subventions, surtout sur ce qu'ils croient être les céréales très abordables, que nous produisons dans ce pays.
La plupart des pays pauvres dépendent d'une société très agraire. Les petits cultivateurs dans un grand nombre de ces pays sont très irrités par les Américains et les autres pays qui subventionnent et vendent des céréales peu coûteuses - comme ils les perçoivent - sur le marché international. Nous perdons de vue cette perspective.
Le monde entier possède ses agriculteurs. Notre pays, évidemment, est très urbanisé, mais au cours des années, nous avons exercé une pression de plus en plus grande sur la plupart des agriculteurs pour qu'ils produisent plus pour moins cher, et je réalise que cela vous concerne tous.
Cependant, en retournant à la maison pour méditer sur ces bons principes chrétiens, nous exerçons une pression encore plus grande sur les personnes des pays du tiers-monde qui vivent dans la pauvreté, puisque certains des pays plus riches, y compris le nôtre, produisent des aliments à bon marché pour leurs propres citoyens.
Howard, je vous laisserai poser les premières questions, puis nous passerons aux autres participants.
Á (1125)
M. Howard Hilstrom: D'accord.
Je voudrais continuer avec ce sujet, en mentionnant un des graves problèmes de la dernière réunion de l'OMC qui concerne l'interdiction plus ou moins absolue par les pays riches de l'accès à nos marchés par les pays pauvres. Je crois qu'il faut tenir compte de ce point en considérant les pays pauvres.
De toute façon, Leo, cela fait du bien d'entendre le message positif que vous avez exposé à Ottawa précédemment et qui s'oppose clairement à celui du Syndicat national des cultivateurs. Si on les laissait faire, on reviendrait au temps de mon père et de mon grand-père dans les années 1930 - vous savez, la nationalisation des chemins de fer, et tout le tralala. Nous avions acquis le CN et cela ne fonctionne pas.
Nous ne pouvons pas discuter de tout ici et je n'ai qu'un délai précis, alors j'aimerais maintenant aborder un seul point: celui du transport des céréales, qui est relié aux wagons de producteur. Je crois, Duane, que je m'adresserai à vous.
La Commission canadienne du blé ne contrôle que le blé et l'orge, mais, j'imagine que vos clients ne sont pas essentiellement des producteurs de blé et d'orge.
M. Duane Stevenson: C'est exact. Ils cultivent également d'autres céréales.
M. Howard Hilstrom: Bon. Ainsi, le problème des wagons de producteur concerne la façon dont on peut accéder à ces wagons. Voilà l'essence du problème. Ce n'est pas l'assurance des silos ou que sais-je encore. En possédant des wagons de producteur, vous êtes en mesure d'accéder plus ou moins directement à ceux-ci. Est-ce que j'ai bien compris?
M. Duane Stevenson: Oui. C'est ce qui nous intéresse. Cependant, nous voulons également que cette façon de faire continue et soit permanente. Nous ne voulons pas que l'utilisation de ces wagons soit limitée ou qu'il faille devoir payer une taxe d'utilisation.
M. Howard Hilstrom: Je vous assure que nous sommes tous en faveur des wagons de producteur. Toutefois, et je vous prierai d'élaborer à ce sujet, la question est de savoir si la Commission canadienne du blé dont le mandat ne concerne que le blé et l'orge peut être en mesure de gérer d'autres céréales. En effet, le gouvernement libéral utilise la Commission pour faire appliquer ses politiques sur le transport ferroviaire des céréales dans l'Ouest du Canada.
Afin d'avoir un système de manutention céréalière commercial réellement efficace, comment peut-on s'assurer qu'un organisme comme la Commission canadienne du blé, dont l'intérêt principal est le blé et l'orge, agit dans les meilleurs intérêts des cultivateurs de colza et tous les autres expéditeurs qui désirent user du transport ferroviaire? Pouvez-vous nous expliquer ceci?
Á (1130)
M. Duane Stevenson: Bon, d'accord... mais je ne suis pas un représentant de la Commission canadienne de blé.
M. Howard Hilstrom: Non, mais vous étiez d'avis qu'elle gérait très bien ces choses.
M. Duane Stevenson: Ce que je veux dire, c'est que d'après mes expériences au niveau local, la Commission est d'un grand soutien pour le blé qui entre. J'imagine que j'aurais dû être plus précis par souci de temps, mais c'est vrai qu'elle a vraiment appuyé le processus dans la communauté. Je fais son éloge, parce que nous voulons encourager la concurrence et avoir l'occasion d'acheminer au moins notre blé par wagon de producteur, et c'est précisément ce que la Commission fait.
M. Howard Hilstrom: Jusqu'à quel point voudriez-vous que l'évolution des installations de wagons de producteur, incluant le chargement de trains-blocs, se généralise? Et, quel effet cette généralisation aura-t-elle sur notre réseau actuel de manutention des grains et sur les expéditeurs d'autres céréales que le blé et l'orge?
M. Duane Stevenson: Comme je disais, en ce moment, seulement 2 pour cent des céréales sont acheminées de cette façon dans l'Ouest du Canada, ce qui est un pourcentage très minime.
Je voulais simplement dire que nous désirons conserver cette option. Je ne veux pas dire que ce pourcentage devrait augmenter, puisqu'il est certain que 98 pour cent des grains seront manutentionnés par le réseau de silos.
M. Howard Hilstrom: Est-ce que les wagons de producteur ne pourraient-ils pas être autorisés à être disponibles dans un système de transport ferroviaire entièrement commercial et géré par contrat?
M. Duane Stevenson: J'imagine que oui.
M. Howard Hilstrom: Vous voyez, nous revenons au rapport Estey-Kroeger.
Je demanderai aux cultivateurs de canola, quelle est votre position en matière de transport du grain? On a suggéré que les agriculteurs pourraient réaliser d'importantes économies grâce à un système de transport ferroviaire plus efficace. Croyez-vous que nous devrions adopter un système contractuel commercial de type Estey, ou est-ce que la Commission canadienne du blé devrait-elle continuer à contrôler ce transport, conjointement avec l'OTC, bien entendu?
Pourriez-vous répondre à cette question? J'aimerais avoir les commentaires des cultivateurs de canola sur le transport du grain, dans ce secteur ou un autre.
M. Ward Toma: En général, l'industrie du colza a donné son appui à la mise en pratique intégrale des recommandations énoncées dans le rapport Estey-Kroeger et elle soutient les facteurs concurrentiels au sein de la question de la manutention et du transport des grains. Comment ceci touche-t-il la Commission canadienne du blé et comment les activités de la Commission influent-elles sur l'industrie du canola sont les seules préocuppations de notre industrie en regard du système dans son ensemble. Nous n'avons rien à redire des pouvoirs de monopole d'achat et de vente de la Commission.
Les wagons de producteur, quant à eux, nous sont disponibles. Nous les utilisons assez fréquemment pour le canola en rapport aux installations de chargement des wagons de producteur. Lors de notre plus récente assemblée générale annuelle, nous avons adopté une résolution favorisant l'utilisation des installations non agréées de chargement des wagons de producteur, pourvu que ces installations soient réellement des installations de chargement des wagons de producteur et fonctionnent comme tel.
Je crois que cette préoccupation est généralisée chez la plupart des groupes agricoles des prairies, en raison, en partie, de la rationalisation du système de manutention et du transport du grain. Le réseau de silos a permis aux agriculteurs de faire acheminer les grains à l'acheteur final de la côte et d'utiliser des installations de wagons de producteur afin de tenter d'obtenir quelques profits dans le but de réduire les coûts d'acheminement du grain, qu'ils sont les seuls à assumer.
Je ne sais pas quoi dire d'autre. Je me suis exprimé assez longuement et de façon contournée, mais j'espère avoir répondu à votre question.
Le président: Je vous remercie, Howard. Je passerai à quelqu'un d'autre.
Monsieur Desrochers.
[Français]
M. Odina Desrochers Tout d'abord, je suis très heureux de me retrouver ici aujourd'hui, à Grande Prairie, et d'entendre les préoccupations de gens qui sont impliqués directement au chapitre de l'avenir agricole. Toutefois, je remarque, depuis que j'ai débuté cette tournée au début de la semaine, qu'on parle beaucoup d'agriculture biologique. On parle beaucoup aussi de toute la question des OGM.
Ma question s'adresse tout d'abord à deux intervenants: Mme Sadie Macklin et M. van der Giessen. Compte tenu que le gouvernement fédéral refuse de légiférer sur la question des OGM et du danger que représentent les semences transgéniques à proximité de cultures biologiques, est-ce que la culture biologique aura la chance de survivre dans ce contexte?
Á (1135)
[Traduction]
Mme Sadie Macklin: Je comprend un peu le français et je n'ai pas suivi la traduction. La question, selon ce que j'ai compris est la suivante: étant donné que.... Est-ce que la question pourrait m'être rapidement reformulée s'il vous plaît?
Le président: Récemment, on a proposé une motion à la Chambre de communes et je crois que le Bloc était en faveur de l'étiquetage. La question est donc la suivante: est-ce que ceci pose problème pour les cultivateurs biologiques?
M. Odina Desrochers: Ceci n'est pas la question. Je répèterai la question lentement,
[Français]
en français. Le gouvernement fédéral refuse de légiférer sur la question des OGM, legislation about the GMO, et sur le danger que représentent les semences transgéniques à proximité des cultures biologiques. On sait que si les semences transgéniques sont à proximité des cultures biologiques, on aura de la difficulté à obtenir une certification. Est-ce que, dans ce contexte, la culture biologique aura une chance de survivre? Ma question s'adresse à vous, madame Macklin, et à M. van der Giessen.
[Traduction]
Mme Sadie Macklin: Je veux parler des OMG et de la possibilité et des preuves de la contamination environnementale par les organismes modifiés génétiquement, qu'on ne peut pas récupérer par la suite. Je pense qu'il est essentiel que nous considérions les conséquences avant d'aller de l'avant.
Je suis d'avis que les consommateurs devraient pouvoir avoir confiance en leurs disponibilités alimentaires et ils n'accepteront pas un organisme modifié génétiquement. Si nous ne pouvons maintenir certains obstacles, si une fois qu'une chose est sortie, nous ne pouvons la récupérer, cela deviendra un problème très sérieux.
Je ne sais pas comment les systèmes biologiques ou sains et cette confiance peuvent être entretenus, sans que nous agissions avec une très grande prudence.
M. Nico van der Giessen: Bien, selon notre compréhension du débat, nous sommes, en tant que cultivateurs, des spectateurs innocents. Nous ne menons pas le jeu, mais nous sommes malgré tout juste dans la ligne de tir, parce que nos cultures ont été les premières à utiliser les OGM et nous en avons utilisé beaucoup.
Il est très avantageux pour un cultivateur d'utiliser ces organismes et c'est pour cela qu'ils sont adoptés de façon si unanime. En ce moment, il n'y a aucun produit GM qui présente un risque pour la santé ou la sécurité ayant été enregistré. On les a soumis à de nombreuses analyses, et en définitive, tout ce que nous faisons comporte des risques. Nous pouvons sortir de ce bâtiment et nous faire frapper par une voiture. C'est prouvé statistiquement.
Cela peut arriver ou non. Nous faisons confiance aux systèmes de réglementation et de salubrité alimentaire de ce pays, qui sont après tout l'un des meilleurs au monde. Je crois qu'il est impossible de prouver à 100 pour cent.
Du point de vue des producteurs, la pollinisation croisée avec les cultures biologiques est regrettable. Malheureusement, la pollinisation croisée se produit facilement avec la culture que nous avons utilisée. C'est la réalité et il est inutile de l'éluder. L'apport d'organismes transgéniques a créé des problèmes, mais je ne sais pas où se trouve la réponse. Pour les cultivateurs biologiques, il est certain que les OMG sont un problème. Si vous pouviez faire des analyses de pollinisation croisée pour des variétés de canola, je suis sûr que vous les trouveriez. Qu'il se présente ou non des risques pour la sécurité, j'estime qu'il faudra éventuellement enterrer la question. La discussion est d'ordre philosophique, et à moins qu'on prouve les risques, il faut laisser dame nature faire son œuvre.
Á (1140)
M. Odina Desrochers: J'ai une petite question, Monsieur le président.
Que s'est-il passé avec le futur des exportations? Les Européens et les Japonais refusent, alors quel sera le futur si vous ne pouvez pas exporter vos céréales?
M. Ward Toma: Tout d'abord, nous n'avons pas vraiment perdu nos marchés en raison des organismes génétiquement modifiés. Nous n'en avons perdu aucun. L'Europe est une diversion. La communauté européenne produit plus de colza de qualité que le Canada. Elle est notre concurrent principal au niveau des marchés de l'exportation et au-dessus des marchés à créneaux, elle ne reçoit pas de primes importantes des prix.
Notre industrie est en contact avec les acheteurs japonais deux fois par année. Ils viennent ici l'été et nous allons chez eux l'hiver. Nous discutons avec eux. Nous leur demandons et ils nous disent qu'ils n'ont pas de problème avec le produit qu'on leur livre. Il existe quelques acheteurs qui désirent se procurer un produit qui n'est pas transgénique, et à notre connaissance, nous satisfaisons leurs besoins. C'est pourquoi, je ne peux pas dire que nous ayons perdu nos marchés.
Le président: Murray, voudriez-vous...?
M. Murray Calder: En tant que gouvernement, nous avons dit aux agriculteurs de diversifier leurs activités. Selon les programmes que nous avons mis sur pied en ce moment.... Je prendrai l'exemple d'un cultivateur de pommes de terre de l'Île-du-Prince-Édouard qui a suivi le modèle progressif. Il possède toujours sa culture de pommes de terre, mais il s'est également lancé dans l'élevage bovin.
L'élevage de bovins a très bien marché, mais l'année dernière, la récolte de pommes de terre de l'Île-du-Prince-Édouard a été très mauvaise. Cependant, en raison du processus du revenu agricole global, il n'a probablement pas eu droit au PPRA ou à l'ACRA. Prenons maintenant un agriculteur du même coin, qui n'est pas aussi progressif que le premier, ne cultivant que des pommes de terre: celui-ci aurait droit au programme;
J'aimerais avoir vos commentaires sur la question pour savoir si la méthode du revenu agricole global que nous avons pratiquée en tant que gouvernement fonctionne réellement ou si nous pouvons l'améliorer. J'aimerais d'abord poser ma question à Nico et à Ward
M. Nico van der Giessen : Ward dit que je suis l'agriculteur.
Mes sentiments sont contradictoires à ce sujet. Si nous croyons aux hauts, aux bas et aux variations, je peux comprendre que le gouvernement soit intéressé à l'exploitation globale, puisque, j'imagine qu'en moyenne, il ne déboursera rien. Ce qui fonctionne bien une année sera moins bien l'année suivante et ce qui ne fonctionne pas une année ira mieux l'année suivante. En prenant une moyenne à long terme, nous avons un résultat médiocre.
Sinon, il est très facile de dire «Diversifiez-vous». Je ne crois pas qu'une personne soit médiocre, parce qu'elle ne se diversifie pas. Il faut beaucoup d'argent pour commencer un élevage bovin. Et si vous êtes déjà dans l'embarras, allez-vous réinvestir? Les marchés bovins varient également. Il est facile de dire «Diversifiez-vous», mais de façon pratique, cela ne l'est pas du tout. La taille d'une exploitation et faire ce que l'on peut accomplir le mieux sont également deux considérations qui comptent.
Un céréaliculteur serait probablement un piètre préposé au soin du bétail et il le sait bien, au fond; c'est pourquoi il est céréaliculteur. C'est exactement la même chose, mais dans l'autre sens, pour un éleveur de bovins. Lorsque vous dites : « Le salut de l'industrie réside dans sa diversification », je pense que, si tel est le cas, nous perdrons les compétences spécialisées dans les domaines où excellent ces personnes.
Á (1145)
M. Murray Calder: Est-ce que j'aurais alors raison de dire, Nico, qu'en tant que gouvernement, nous devrions envisager une approche sectorielle concernant le soutien de l'agriculture plutôt que l'approche globale du revenu agricole que nous utilisons actuellement?
M. Nico van der Giessen: À première vue, je dirais que oui, car présentement, je crois que les maux de l'agriculture se situent dans le secteur des céréales et des oléagineux.
La production bovine a vécu quelques bonnes années et il semble qu'elle devrait bien s'en sortir pendant encore quelques années, enfin, cela dépend, car son cycle est déjà en retard. Certains événements permettent de le prolonger. Les domaines contrôlés par l'office de commercialisation sont assez stables et bénéficient d'une protection intégrée, alors je ne peux pas me prononcer à leur sujet, mais je pense qu'ils sont relativement à l'abri. Les résultats sont assez constants.
Du fait de la variabilité, je pense que l'approche sectorielle serait meilleure.
M. Murray Calder: D'accord. Je veux maintenant aborder une autre question. Je fais partie du groupe de travail du premier ministre cherchant à doter l'agriculture d'un futur durable. L'une des choses que nous entendons dire tout au long du processus, à travers tout le pays, est que, dans l'ensemble, tout le monde pense que le programme du CSRN est un bon programme. Il a été créé par le gouvernement conservateur. Mais l'une des choses que nous ne cessons d'entendre de la part du ministère de l'Agriculture est qu'environ 1,8 milliard de dollars auraient dû être débloqués et que, seule une partie de cette somme a été débloquée.
Je me suis penché sur la question et ai effectué quelques recherches sur le sujet et voici ce que j'ai trouvé. Disons, par exemple, qu'un agriculteur a une rentrée de fonds globale de 20 000 à 25 000 $. Il va à la banque et la banque lui dit : «Écoutez, monsieur l'agriculteur, je vais vous dire une chose, nous allons augmenter votre ligne de crédit à l'exploitation. Cela vous permettra d'avoir une prime de 3 % au-dessus du taux préférentiel. En faisant cela, votre exploitation se situe probablement un ou deux points au-dessus du taux préférentiel, et vous gagnez donc 1 ou 2 % pour lesquels vous ne payerez aucun impôt sur le revenu.» C'est donc ce que l'agriculteur va faire. Il s'agit d'une bonne politique d'entreprise, mais elle nous donne de mauvais arguments pour faire pression et soutenir que l'agriculture souffre en fait de problèmes de revenus. Le ministère de l'Agriculture et le premier ministre nous déclarent que tout cet argent aurait pu être débloqué et qu'il ne l'a pas été.
Que faisons-nous sur cet aspect des choses au sein du CSRN pour résoudre ce problème ? Je vous pose la question à tous.
M. Nico van der Giessen: Je suppose que ma réponse est qu'il faudrait concevoir le programme de sorte à ce que je puisse gérer les fonds personnellement et que je puisse l'utiliser comme source de financement. Le mécanisme de déblocage des fonds est en fait impossible à gérer et ne peut pas fonctionner, et chacun a son propre déblocage là où il en a besoin. Si les agriculteurs sont assez intelligents pour être dans l'agriculture, laissons-les être assez intelligents pour gérer ces fonds. Je pense que vous verriez une utilisation bien plus importante des fonds du CSRN si cette possibilité était envisagée.
Le président: Merci, Murray.
Dick.
M. Dick Proctor: Merci, monsieur le président, et merci beaucoup à tous les intervenants.
Je voudrais commencer par M. Hegland. Vous avez indiqué dans vos commentaires que le Canada devait faire pression sur les États-Unis concernant l'U.S. Farm Bill. Je donnerai à M. Vanclief le bénéfice du doute; je suis sûr que le Canada et que lui en particulier font pression autant qu'ils le peuvent. Je suppose que ma question est de savoir ce qui se passera si tous ces efforts ne donnent rien. Quelle devrait être la réponse du Canada dans ce cas?
M. Dave Hegland: J'espère sincèrement qu'ils font pression, comme vous le supposez. Ma position sur le sujet est que, si des dommages sont causés à notre industrie, alors peut-être devrions-nous faire la même chose que ce qu'ils font.
Je crois que le seul moyen que nous avons de contrebalancer, ou au moins de compenser cela, est de mettre en pratique une suggestion que j'avais faite, c'est-à-dire de faire quelque chose pour cibler certains produits de base ou secteurs grâce à un programme de compensation des dommages. Je suppose que c'est une situation vers laquelle je sens que nous aurons peut-être à nous diriger, même si j'espère vraiment que ce ne sera pas le cas. Notre industrie a vraiment eu beaucoup de succès et nous ne voulons pas voir un tel changement.
Á (1150)
M. Dick Proctor: Je suppose que mon dilemme est que.... Il y a quelques années, nous avons eu l'exemple de l'industrie du magazine à tirage dédoublé, où le Canada a vite fait marche arrière à cause de la menace pesant sur notre industrie de l'acier. Un autre cas est celui de l'industrie du sciage résineux, qui touche un certain nombre de provinces, et le gouvernement semble ne pas être favorable à l'approche secteur par secteur, mais plutôt à une approche globale, si vous voulez.
Je suppose que nous sommes juste désavantagés en tant que pays. Même si nous parlons d'échanges à double sens, une telle quantité de nos produits est exportée vers les États-Unis et si peu des leurs sont vendus au Canada que l'on se demande ce que nous pouvons réellement faire pour protéger nos producteurs.
M. Dave Hegland: En effet. Nous parlons de gestion des risques. La gestion des risques est un outil important, et c'est quelque chose que nous devons prendre en considération en tant que producteurs, mais lorsqu'elle échappe à notre contrôle, c'est assez difficile à gérer. Nous ne pouvons tout simplement rien y faire. Je crois sincèrement que le seul qui pourrait réussir à faire quelque chose est quelqu'un comme le gouvernement fédéral qui a de l'influence et qui a la possibilité d'accéder à des domaines auxquels, en tant que producteurs dans l'industrie, nous n'avons pas accès.
Alors peut-être que si nous concentrons nos efforts dans ce sens... même si je ne sais pas exactement de quelle manière vous pourriez vous y prendre.
M. Dick Proctor: Merci, monsieur Hegland.
Je m'adresse à M. van der Giessen. Dans vos commentaires, vous avez parlé, sans vous étendre trop, de l'effritement de la position du Canada en matière d'alimentation à l'échelle internationale. Je me demandais juste si vous pourriez parler un peu plus en détail de ce sujet.
Vous avez également parlé, monsieur, du Japon et de l'Europe. Il n'y a pas de répercussions là-bas concernant le colza canola génétiquement modifié. Qu'en est-il de ce nouveau processus d'agrément dont nous avons récemment entendu parler? La Chine déclare à présent apparemment qu'il est improbable que nous y exportions beaucoup de colza canola, au moins dans les 12 mois qui viennent. Je me demandais juste si je pourrais aussi avoir vos commentaires concernant ce pays.
M. Ward Toma: Voulez-vous que je réponde à propos de la Chine? Très bien.
La Chine est intéressante, car elle cultive des millions d'acres d'oléagineux génétiquement modifiés. C'est une négociatrice astucieuse, comme nous le savons tous. D'une part, elle vient d'accéder à l'OMC et est en train de modifier ses politiques douanières discriminatoires sur les semences et les huiles. D'autre part, nous sommes maintenant en présence d'un obstacle non tarifaire au commerce international appelé « science ». Nous sommes donc passés d'un obstacle à un autre.
La Chine est un acheteur opportuniste. Elle l'a toujours été et le sera toujours. Lorsqu'elle a besoin d'un produit et qu'elle veut ce produit, elle trouve un moyen de se le procurer. Présentement, il se trouve qu'il y a des quantités importantes d'huile de soja et de graines de soja bon marché dans le monde et en Chine. La Chine n'a donc vraiment pas besoin d'acheter, et elle a un bon prétexte pour ne pas le faire.
C'est mon point de vue sur ce qui se passe avec la Chine, et cela renvoie aux commentaires de Nico sur l'effritement de la postion du Canada. Nous avons le meilleur système de contrôle de la sécurité alimentaire au monde, mais s'il existe de telles manœuvres et que vous soyez autorisé à utiliser des règlements sanitaires et phytosanitaires comme obstacles non tarifaires au commerce international, alors tous nos avantages sont réduits à néant, car il n'y a aucun moyen de lutter contre ces pratiques déloyales. Il s'agit d'un comportement totalement irrationnel, dicté par des lubies politiques.
M. Dick Proctor: J'ai encore une question rapide.
Duane, vous avez parlé de....
Désolé, monsieur le président, ça ne fait rien. J'y reviendrai, car je ne suis pas sûr....
Le président: Merci.
Je me tourne vers Paul à présent.
M. Paul Steckle: Je voudrais adresser mes questions à Sadie, une jeune personne présente ici ce matin. Nous n'avons pas vu beaucoup de jeunes personnes autour de la table cette semaine, et je ne pense pas que nous en verrons beaucoup.
Vous avez l'avenir devant vous. Nous avons entendu un certain nombre de fois ce matin, et de nombreuses fois au cours des derniers jours, que notre système de contrôle des aliments est efficace et sûr dans ce pays. Tout le monde parmi nous en est convaincu, mais bénéficions-nous vraiment de la sécurité alimentaire? Il y a une différence.
Vous semblez penser que, sauf si nous avons un plan permettant d'assurer que, dans l'avenir, ce pays pourra garantir à ses citoyens le droit de consommer des aliments produits localement....
Vous êtes engagée dans une production de denrées qui s'effectue d'une manière différente de celle à laquelle je suis habitué. Sachant la façon dont vous produisez cette récolte par rapport aux autres agriculteurs qui utilisent des engrais commerciaux et toutes sortes d'autres choses, pensez-vous réellement que vous seriez en mesure de répondre aux besoins alimentaires d'un monde nécessiteux? Nous n'avons pas trop de nourriture dans le monde; nous avons un problème de distribution.
Je voudrais que vous répondiez à cette question. Il ne s'agit pas d'une question insidieuse, car je suis sérieux en ce qui concerne ce sujet. J'aurai une question supplémentaire, quand vous aurez répondu à celle-ci.
Á (1155)
Mme Sadie Macklin: Tout d'abord, je ne travaille pas actuellement dans le domaine de l'agriculture, et l'exploitation de ma famille est une ferme classique.
Notre problème n'est pas de ne pas avoir assez de nourriture disponible, mais je regarde mes pairs et tout l'intérêt que suscitent l'agriculture biologique, les aliments spécialisés, les régimes végétariens, et tout cela me montre que les gens se préoccupent de leur alimentation. Alors que nous ne considérons pas le problème du manque de nourriture, des questions se posent sur la qualité des aliments, et cela m'inquiète vraiment.
M. Paul Steckle: Vous êtes une jeune personne appartenant à une nouvelle génération de contribuables. Nous nous rencontrons afin d'examiner le rôle du gouvernement dans le domaine de l'agriculture. S'il s'avérait nécessaire que celui-ci impose une taxe sur les aliments afin d'assurer une politique de sécurité alimentaire dans ce pays, comment votre génération réagirait-elle à cette idée?
Mme Sadie Macklin: Mes pairs ont une vision négative des politiciens et du gouvernement et, par conséquent, il existe de nombreux points de vue négatifs concernant les mesures d'imposition. Comme je l'ai dit, les mesures d'imposition ont leur raison d'être et notre produit est bon marché. Je pense que le graphique que Norm a distribué montre que le pourcentage des dépenses en matière d'alimentation au Canada est plus faible que dans n'importe quel autre pays représenté. En tant que telle, l'alimentation n'est-elle pas une part importante de notre système global de fonctionnement? Par conséquent, ne devrions-nous pas payer pour elle?
M. Paul Steckle: J'apprécie votre réponse, et je ne suis pas ici en train de souhaiter que nous imposions une taxe sur les aliments. Comme je l'ai déjà dit un certain nombre de fois -- mes collègues vont en avoir assez de m'entendre répéter cela -- lorsque nous allons au restaurant de nos jours, le pourboire que nous laissons à la serveuse ou au serveur est plus important que ce que reçoit l'agriculteur qui a produit les aliments que nous avons consommés.
Si une taxe de 1 % sur les aliments -- probablement déguisée -- était imposée pour soutenir les programmes agricoles ou garantir la sécurité alimentaire dans ce pays.... Cela devrait faire partie de la vision que nous devons définir, et être la raison qui motive les consultations que nous sommes en train d'effectuer. Je tâte le terrain, car je ne souhaite pas nécessairement la mise en vigueur d'une telle taxe, mais je me demande ce que les gens disent sur ce sujet. S'ils me donnent une opinion, je me demanderai sur quelle base.
Mme Sadie Macklin: Cette approche a du potentiel, mais une méthode plus efficace et plus utile consisterait à s'assurer que nos organismes de réglementation ont le pouvoir, en ce qui concerne la commercialisation de nos produits et des choses comme ça, d'agir au mieux dans l'intérêt des agriculteurs en général.
Je soutiens les organismes tels que la Commission canadienne du blé. Ils augmentent le pouvoir de négociation des agriculteurs en termes d'obtention d'une rétribution équitable pour leur produit.
J'aimerais que certains mécanismes soient mis en place pour assurer que le coût de production et ce genre de choses soient pris en compte dans le calcul du coût du produit. Je pense que si cela était mis en œuvre, alors vous n'auriez pas besoin de mesures d'imposition pour financer les programmes. Tout programme supplémentaire aura des côtés inefficaces. Il y aura toujours des endroits et des personnes qui passeront entre les mailles du filet. Si nous réussissons à faire fonctionner le système dès le début, il n'est ensuite pas nécessaire d'avoir à colmater les fuites et d'essayer de réparer le système à la fin.
 (1200)
Le président: Merci, Paul et Sadie.
Rick.
M. Rick Borotsik: Merci, monsieur le président.
Tout d'abord, je voudrais me joindre aux autres membres du comité pour souhaiter la bienvenue à tous les participants de ces séances.
Nous en avons eu un certain nombre au cours des derniers jours et certains thèmes reviennent. La sécurité du revenu agricole, l'eau, l'environnement et le commerce sont toujours des questions où les agronomes et les producteurs ont le sentiment que le gouvernement devrait jouer quelque rôle.
L'un des thèmes récurrents est la recherche. Duane, vous l'avez mentionné. Vous avez également parlé d'une possibilité de crédits d'impôt pour les exploitants accueillant des travaux de recherche sur leur ferme. Il s'agit d'un moyen intéressant de traiter la question. J'aimerais que vous vous expliquiez plus en détail sur ces deux sujets.
M. Duane Stevenson: Dans l'état actuel des choses, il existe un crédit d'impôt dans le système.
M. Rick Borotsik: Devrait-il être élargi? Devrions-nous nous orienter dans cette direction, dans le cadre d'un changement ou d'une modification de la politique gouvernementale vis-à-vis de l'agriculture?
M. Duane Stevenson: Je crois qu'il devrait être élargi, et cela devrait faire partie d'une campagne de RP, comme le soulignais Leo. Certaines choses devraient être communiquées à l'industrie agricole. Je crois que nous manquons une occasion en or d'effectuer des travaux de recherche dans les exploitations, pendant les années où celles-ci sont dans une bonne situation pour faire de la recherche. Nous pourrions travailler en collaboration avec les installations de recherche en place, qu'elles soient provinciales, fédérales ou privées, afin de faire également fructifier ces bénéfices.
M. Rick Borotsik: Ce n'est pas non plus un seul secteur des produits agricoles qui est concerné. Nous avons eu des échos à ce sujet de la part des producteurs de légumineuses, de colza canola et de bétail. En ce qui concerne le colza canola, peut-être pourriez-vous nous dire un mot sur le domaine de recherche où vous pensez que le gouvernement devrait participer davantage.
M. Ward Toma: Il a été récemment annoncé que, grâce à leurs organismes de versement de stabilisation, tels que l'Association des producteurs de colza canola, les agriculteurs pouvaient bénéficier de crédits d'impôt pour la recherche scientifique et la mise en place d'expérimentations. Notre organisme dépense entre 400 000 et 500 000 $ par an pour financer des efforts de recherche et développement. Il s'agit en totalité de l'argent des agriculteurs. Le levier financier représente dans certains cas un rapport aussi élevé que sept contre un. Dans le cadre de ce programme, tel que je le comprends--et je n'ai reçu la documentation qu'il y a quelques semaines--le crédit d'impôt pouvant être obtenu par les producteurs ne porterait pas forcément sur l'ensemble de cette somme, selon la définition donnée aux travaux de recherche et développement scientifique.
Une grande partie de ce que nous faisons au sein de la Commission des producteurs de légumineuses et d'autres commissions est de la mise en évidence, qui est une sorte de vulgarisation qui apporte des preuves scientifiques à une échelle locale, et c'est de cela que Duane était en train de parler.
M. Rick Borotsik: Monsieur Ward, merci pour vos commentaires.
Je n'ai pas beaucoup de temps et je vais donc me tourner à présent vers Leo. Leo, merci pour votre exposé très positif; je le pense très sincèrement. Nous entendons beaucoup parler de certains aspects négatifs auxquels nous sommes confrontés en agriculture, et il est agréable d'entendre parler des aspects positifs.
J'ai deux questions. Tout d'abord, vous avez mentionné la transgénèse. Faites-vous référence à la transgénèse telle qu'elle est définie officiellement ou à la modification génétique? Il y a une différence entre les deux. Avez-vous certains problèmes concernant la modification génétique? C'est ma première question.
Vous avez également parlé des avances sur récolte. Nous avons actuellement une avance sur récolte dans le système, d'un point de vue politique. Cela devrait-il être changé ou renforcé? Devrait-il y avoir quelques manœuvres politiques associées pour rendre la situation meilleure pour les producteurs? C'est ma deuxième question.
M. Leo Meyer: Merci pour cette question, monsieur Borotsik. L'amalgame entre modification génétique et OGM me dérange toujours un peu. Il s'agit vraiment d'un type d'erreur non scientifique, car je vous le demande -- et je n'ai pas besoin d'aller bien loin -- que signifie « génétiquement modifié »? Nous pourrions probablement passer deux jours à discuter ici de la définition du terme « génétiquement modifié ».
Nous cultivons, par exemple, une grande quantité de triticale. Le triticale est par essence un produit génétiquement modifié de façon naturelle. Il résulte d'un croisement entre le blé dur et le seigle. Les mutations, voyez-vous, sont en quelque sorte une expression naturelle de la modification génétique. La seule différence entre une mutation en laboratoire et une mutation naturelle est, comme leur nom l'indique, que l'une a lieu dans un laboratoire alors que l'autre survient dans la nature.
Par essence, pour faire allusion à la mutation en laboratoire, qui se trouve être le système de colza canola Smart --
 (1205)
M. Rick Borotsik: Je dois vous interrompre, Leo. J'aimerais également entendre vos commentaires sur les avances de caisse dont vous avez parlé.
M. Leo Meyer: J'apprécie cette question, monsieur Borotsik. Comme je l'ai souligné dans mon exposé, je pense qu'il s'agit d'un type d'engagement qui vaut vraiment la peine, avec des avances hors-commission --
M. Rick Borotsik: Devraient-elles être augmentées?
M. Leo Meyer: Eh bien, je pense qu'elles devraient être améliorées. Je suis d'avis qu'elles devraient suivre le rythme des changements survenant dans l'agriculture. Je veux dire que 50 000 $ pour payer les facteurs de production ne représentent pas tellement aujourd'hui, quand certains d'entre nous doivent payer 250 000, 300 000 ou 400 000 $ d'intrants.
M. Rick Borotsik: Votre production d'avoine a-t-elle été plus rentable au sein de la commission ou hors-commission?
M. Leo Meyer: Je suis choqué, monsieur Borotsik, que vous me posiez cette question.
M. Rick Borotsik: Votre production d'avoine a-t-elle été plus rentable hors-commission?
Le président: Rick, vous avez à présent dépassé le temps qui vous était imparti.
M. Rick Borotsik: Peut-être reste-t-il du temps pour poser quelques autres questions.
Le président: Myron, avez-vous des questions?
M. Myron Thompson: En effet, merci. J'aimerais faire quelques commentaires, puis obtenir une réponse, possiblement de la part de Tom et Norman et peut-être de la part de Leo.
Le président: Vous avez cinq minutes, comme vous le savez.
M. Myron Thompson: Cinq minutes.
Norman, vos paroles ont ravivé en moi les souvenirs de l'époque où mon père et mon frère ont perdu leur exploitation après tant d'efforts et la façon dont cela a pu les affecter. Bien entendu, de nombreux agriculteurs de notre région, en particulier dans le sud de l'Alberta, sont assez inquiets en ce qui concerne l'année qui vient, si jamais nous subissons une troisième année de sécheresse. Si c'est le cas, ce sera une catastrophe. Ces personnes attendent réellement une aide substantielle de quelque part.
Vous vous souviendrez, Leo, des choses positives qui sont arrivées, comme le marché libre de l'orge mis en place par les Conservateurs et qui, à notre avis, a été une excellente chose et qui a bénéficié à tant d'agriculteurs. Même la Commission du blé a vu ses ventes augmenter de façon vertigineuse pendant cette période; pourtant, ce marché libre a été immédiatement supprimé, alors qu'il venait juste d'être mis en place. J'aimerais entendre vos commentaires tout d'abord sur les activités de la Commission du blé en général, puis deuxièmement sur certaines lois qui auront des effets considérables sur les agriculteurs.
J'aimerais que vous me donniez votre avis sur les activités actuelles de la Commission du blé. Je suis également préoccupé par la vérification obligatoire prévue sous peu par le vérificateur général, dont les résultats, si je comprends bien, ne seront pas rendus publics et ne seront accessibles à aucun agriculteur ou à aucune autre partie possiblement intéressée.
La deuxième chose est la loi devant être promulguée par le gouvernement actuel, concernant les espèces en danger de disparition et la protection des animaux. J'ai vu la mise en place de telles lois aux États-Unis, où nombre de mes parents ont perdu des terres sans recevoir de compensation. Ces lois ont des effets dramatiques. Et la loi qui se prépare au Canada est nettement plus dévastatrice que celles que j'ai pu voir dans les États de l'Idaho et du Colorado, où j'ai des parents agriculteurs.
J'aimerais juste que vous nous fassiez part de vos commentaires, Tom, si vous le désirez, ainsi que Norman et Leo, si possible, si vous avez le temps de rester un peu plus.
M. Tom Kulicki: Merci, Myron.
À mon avis, la loi sur les espèces en danger de disparition est draconienne, sans aucun doute. Il n'y a qu'une seule manière d'agir et elle consiste à aller totalement dans la direction opposée : coopérer avec les agriculteurs plutôt que de les pénaliser.
Si je peux me permettre de m'éloigner du sujet juste pour une seconde, j'ai été brusquement interrompu avant d'avoir pu conclure. Je sais que j'étais en train de m'énerver ou avais l'air d'être en train de m'énerver.
Je pense sincèrement que nous n'examinons pas avec précision l'autre côté de l'industrie agricole. Je pense que, pendant toute la durée de ma carrière, nous avons eu un éléphant sur nos orteils et tout ce que nous avons fait a été d'utiliser des pansements, des points de suture et des analgésiques pour soulager la douleur. Nous n'avons jamais essayé de faire bouger l'éléphant. Je sais que les choses ne peuvent pas changer du jour au lendemain, mais il y a tant d'effets dévastateurs qui échappent au contrôle des agriculteurs et c'est la façon dont le gouvernement est géré dans le pays.
Le cours du dollar, par exemple, qui est passé de 83 à 62 cents, nous a fait perdre 25 p. 100 de pouvoir d'achat en huit ou neuf ans. Si vous pouvez imaginer un tracteur coûtant 200 000 $, si nos dollars et les dollars américains étaient au pair, nous pourrions économiser 80 000 $ sur ce tracteur. Si c'était le cas, et que nous payions ce tracteur sur 10 ans, nous aurions payé le double -- nous aurions payé 160 000 $ pour ce tracteur.
Dans mon esprit, si notre économie se situait là où elle devrait être et que nous soyons presque au pair, cela s'apparenterait à une subvention annuelle de 16 000 $ pendant 10 ans. C'est ce que nous devrions recevoir comme subvention pour compenser le fait que notre dollar est faible et qu'il n'est pas au pair avec le dollar américain. Je pense que nous aurions plus à gagner dans le domaine des taxes et tout le reste, plutôt que de mener une guerre des subventions dénuée de sens. Ce serait possible à faire. Nous serions en conformité avec le GATT, l'OMC et tout le reste.
 (1210)
Le président: J'ai un problème avec tout cela, car Myron n'a que cinq minutes et vous les gâchez complètement.
M. Tom Kulicki: Et je les gâche complètement, d'accord. Ce sont cinq minutes très courtes.
Le président: Non, vous devriez intervenir brièvement.
Myron, avez-vous encore deux ou trois personnes à interroger?
M. Myron Thompson: J'ai encore quelques commentaires.
Le président: Je suis désolé d'avoir utilisé le mot «gâcher». Je ne voulais pas dire ça.
M. Myron Thompson: J'aimerais quelques commentaires concernant les activités de la Commission du blé.
Le président: De la part des mêmes personnes?
M. Myron Thompson: Tout à fait. Tom, Norman ou Leo.
M. Norman Dyck: Merci pour votre question, monsieur Thompson.
Dans le projet préliminaire que j'ai distribué -- vous ne l'avez peut-être pas eu -- il y a des éléments positifs concernant la réglementation du marché. Si vous y jetez un coup d'œil, vous verrez que la rétribution de l'agriculteur atteint presque la moitié du prix des produits (produits laitiers, lait, œufs et pain) dans le marché réglementé. Nous avons le blé à double prix; le prix national de mouture subsiste encore pour le blé réglementé par la Commission du blé. Nous avons perdu le système de double prix du blé, ce qui nous a fait perdre de l'argent.
Malgré ce que dit M. Hilstrom, il semble que nous nous orientions vers un rejet de tout ce qui a fonctionné pour nous. Pourquoi faisons-nous cela? Nous nous exposons aux caprices du marché si nous suivons cette voie.
La réglementation nous a aidés dans le secteur du chemin de fer. L'ensemble des Prairies a été desservi. Nous avons réduit le gaspillage des combustibles fossiles et n'avons de ce fait pas contribué au réchauffement de la planète. À présent, avec l'arrêt complet du chemin de fer et la centralisation des livraisons, nous nous associons au gaspillage des combustibles fossiles et au réchauffement de la planète. Nous devons absolument remettre en vigueur certaines règles du jeu, car le marché ne le fera pas à notre place.
Je vais revenir à vos commentaires antérieurs, monsieur le président, auxquels je veux vraiment répondre, très brièvement.
Le président: Je suis désolé, Norman, mais les choses ne fonctionnent pas comme ça. Nous commençons avec l'opposition. Elle a environ huit minutes pour poser ses questions. Et ensuite, nous procédons à des interventions de cinq minutes. Sachant cela, je dois m'assurer que chacun a son temps de parole, et lorsque vous répondez, vous devez répondre à la personne qui a posé la question. Alors, nous ne pouvons pas....
Myron, vous avez parlé six minutes.
M. Myron Thompson: C'est la première fois depuis un moment. Je supporterais d'en avoir huit.
Le président: Je sais. J'ai observé Myron à la Chambre et huit minutes ne représentent pas grand chose. Je vous ai vu parler une fois pendant une heure, je suis sûr.
Rose-Marie, voudriez-vous finir ce tour de table?
Mme Rose-Marie Ur: Je vais laisser le temps qui m'est imparti à Leo, car il voulait faire deux ou trois commentaires.
Le président: Leo.
Mme Rose-Marie Ur: Vouliez-vous répondre à M. Hilstrom? Vous n'en avez pas eu l'occasion.
M. Leo Meyer: Merci.
Voudriez-vous que je fasse des commentaires sur ce que veut la Commission du blé?
 (1215)
M. Myron Thompson: En effet, ou sur la loi sur laquelle nous débattons aujourd'hui.
M. Leo Meyer: Je pense qu'il s'agit là d'une question importante, et plusieurs membres du comité ont mis l'accent sur ce problème. Certaines personnes ont mentionné, par exemple, la valeur de la Commission canadienne du blé dans le système. Nous devons nous rendre compte que la valeur qui est montrée, en quelque sorte, à de nombreux agriculteurs de l'Ouest du Canada, constitue un grave problème commercial.
Vous ne pouvez pas vraiment nier qu'en tant que Commission canadienne du blé, vous représentez une certaine valeur pour nous, lorsque d'une part vous regroupez toutes vos forces et allez sur les marchés internationaux et que, d'autre part, vous refusez d'adopter la position américaine et dites qu'il s'agit d'un type différent d'engagement sur le marché international. Vous ne pouvez pas vraiment le nier, n'est-ce pas?
Il s'agit d'un problème très grave actuellement. Je pense que la dernière intervention des États-Unis sur ce sujet, très récente, puisqu'elle date de cette fin de semaine, est à l'origine d'un problème très grave. Je pense qu'il faut le prendre en considération avec un esprit très ouvert. On ne peut pas du tout appeler ça une victoire de la Commission canadienne du blé. Le président et directeur général, M. Harrison, a déclaré qu'il s'agit d'une victoire, car des sanctions n'ont pas en fait été appliquées. Je pense que ce n'est pas vraiment une chose équitable.
Monsieur Thompson, corrigez-moi si je me trompe. Je crois que votre question portait sur le fait de savoir si la façon dont la Commission canadienne du blé a quelque peu changé et si la manière dont elle se présente et essaie de changer à l'avenir a une valeur importante à mes yeux, en tant qu'agriculteur.
Je vous répondrai rapidement qu'il y a 18 ou 20 ans, nous traitions 85 p.100 de nos affaires avec la Commission canadienne du blé. Aujourd'hui, ce chiffre a probablement chuté à 12 ou 15 p.100. Nous survivons grâce aux affaires que nous traitons en dehors du système de la Commission canadienne du blé.
Je ne dis pas cela pour offenser qui que ce soit ici, pas même les défenseurs de la Commission du blé. C'est juste la réalité. Si vous voulez faire partie du monde agricole d'aujourd'hui, vous devez fonctionner différemment. Vous devez observer les marchés. Vous devez écouter les consommateurs. Vous devez être «à la page». Cela sous-entend d'utiliser une approche holistique complète pour aborder la façon de mener ses affaires. Ça ne marche pas encore, même s'il y a eu des tentatives visant à changer la Commission canadienne du blé.
J'apprécie que vous ayez posé la question. Je n'ai vraiment pas fait ces commentaires pour offenser les défenseurs de la Commission. Je me rends compte qu'elle bénéficie d'un large soutien ici. Nous devons aller beaucoup plus loin dans les modifications apportées à la Commission, si vous voulez qu'elle soit un interlocuteur significatif dans l'avenir.
Le président: Rose-Marie, avez-vous d'autres questions ou commentaires?
Mme Rose-Marie Ur: Ai-je encore du temps?
Le président: Oui, vous avez deux minutes et demi.
Mme Rose-Marie Ur: Ma question s'adresse à Sadie. Vous avez mentionné dans votre exposé que nous devrions renforcer les normes en matière d'alimentation saine et de qualité des aliments.
J'ai un peu voyagé, pas tant que ça. Pour moi, le Canada est reconnu comme ayant des normes élevées de qualité pour les aliments venant de chez nos producteurs du secteur primaire ici au Canada.
En tant qu'agriculteurs, nous sommes constamment à la merci des consommateurs et de leurs exigences vis-à vis de nos producteurs du secteur primaire, et nous essayons en permanence de satisfaire ces besoins. L'argent sort toujours des poches de nos producteurs du secteur primaire. Les consommateurs ont des exigences, mais n'ont pas vraiment à dédommager les agriculteurs pour le coût qu'entraînent ces exigences.
Lorsque vous dites que vous voulez renforcer les normes, quelles sont les choses qui, à votre avis, manquent? Sur quels règlements avez-vous le sentiment qu'une politique gouvernementale doit apporter des améliorations?
Mme Sadie Macklin: Je ne suis pas certaine que les normes elles-mêmes soient défectueuses. Je suis préoccupée par le fait que les gens n'ont peut-être pas toutes les raisons de leur faire confiance. L'accroissement de l'intérêt pour les aliments biologiques et, dans une certaine mesure, pour des produits alimentaires qui n'entrent pas uniquement dans le cadre du système à grande échelle protégé par la réglementation, montre à mon avis la méfiance qu'éprouvent les gens à l'encontre des normes.
Peut-être les normes ont-elles besoin d'être mieux appliquées et mieux expliquées. Peut-être ont-elles besoin d'être améliorées. Je pense réellement que le Canada est doté d'un très bon système, si vous le comparez à d'autres pays. Je pense cependant que ce n'est pas pour cela que nous devons nous reposer sur nos lauriers. Je pense que nous devons avoir un système exemplaire et nous assurer que les gens lui font confiance.
 (1220)
Mme Rose-Marie Ur: La question vous a été posée un peu plus tôt et je ne me rappelle pas précisément qu'elle ait reçu de réponse : avez-vous vraiment le sentiment que les produits biologiques seraient suffisants pour nourrir notre propre population, vu le nombre de gens vivant ici au Canada? Nous avons entendu plusieurs producteurs d'aliments biologiques qui se tournent vers l'exportation. Je pense que la route est certainement encore longue avant que nous puissions envisager cela. Mais avez-vous réellement le sentiment qu'il y a assez d'agriculteurs pour produire suffisamment d'aliments biologiques pour nourrir notre propre population?
Mme Sadie Macklin: Si vous placiez une clôture tout autour du Canada et que vous envisagiez cette question, je ne sais pas, mais le monde produit plus de nourriture qu'il n'en faut pour nourrir les gens. Si nous pouvions améliorer notre système de distribution, je ne crois pas qu'une réduction de la production se traduirait par une réduction de l'accès aux produits alimentaires. Il faudrait travailler de concert. Une chose ne pourrait pas être faite sans l'autre, et le processus devrait progresser lentement et avec des formes transitoires.
Je me demande si considérer l'agriculture d'un point de vue purement économique est le meilleur moyen de procéder pour préserver aussi les intérêts de notre société.
Le président: Merci, Rose-Marie et Sadie. Sur ce, nous allons suspendre le débat pendant environ trois minutes.
Nous voudrions remercier les intervenants. Je sais que certains d'entre vous ne sont peut-être pas satisfaits du président -- Tom -- car ils n'ont pas pu parler pendant toute une demi-heure ou quelque chose comme ça. Mais, en tout cas, nous voudrions remercier tout le monde d'être venu. Nous avons l'essentiel de vos exposés dans tous les cas, je crois, mais si vous désirez fournir de plus amples renseignements au greffier ou nous les envoyer plus tard par courrier à Ottawa, nous serons ravis d'avoir de vos nouvelles.
Nous allons donc faire une pause de trois minutes, puis peut-être les autres intervenants pourront-ils venir autour de la table.
Merci.
 (1220)
 (1229)
Le président: Si vous voulez bien revenir autour de la table à présent, nous allons essayer de commencer à écouter notre deuxième série d'intervenants.
Pour revenir à la question de l'ordre du jour, nous voudrions rappeler encore une fois que chaque intervenant a environ cinq minutes. Lorsque les cinq minutes seront presque écoulées, je ferai signe. Je n'aime pas interrompre les gens, mais lorsque l'on arrive à six minutes, je présume que je suis obligé de le faire.
Nous avons un emploi du temps assez serré. En fait, si vous voyez un membre quitter la table pendant les exposés, je voudrais vous rappeler que tout est enregistré et que les membres, ainsi que tout le monde parmi vous, pourrez retrouver sur le site Web la transcription de l'information que nous recevons. Mais nous avons une autre réunion aujourd'hui et, un par un, les membres vont devoir sortir pour aller chercher un sandwich ou quelque chose pour tenir le coup jusqu'à notre réunion de Vulcan plus tard dans la journée.
 (1230)
Sur ce, monsieur Richards, nous voudrions vous souhaiter la bienvenue autour de cette table, ainsi qu'aux autres intervenants. La parole est à vous, monsieur Cliff Richards.
Dans la plupart des cas, nos intervenants sont des agriculteurs. Vous ne représentez personne en particulier, si ce n'est vous-même. Mais si vous représentez un organisme, nous voudrions sans aucun doute que cela figure dans la transcription, afin de pouvoir savoir qui vous êtes et à quel organisme vous appartenez, lorsque la transcription sera lue par la suite.
 (1235)
M. Cliff Richards (témoigne à titre personnel): Je m'appelle Cliff Richards. Je représente la troisième génération sur notre exploitation--qui produit des céréales, des oléagineux, des légumineuses, des graines de graminées et du bison. Je fais partie de I'East Country Bison Association, et je siège également en tant que représentant de la zone 4 à l'Association des producteurs de légumineuses (Pulse Growers). Mon nom a été suggéré par les Wild Rose Agricultural Producers.
Je voudrais vous remercier de prendre le temps de venir écouter nos préoccupations, suggestions et recommandations. Ce que je vais vous présenter n'a pas pour but d'être désobligeant, mais de montrer la gravité des problèmes et des préoccupations, et la nécessité de rechercher des solutions immédiatement. Nombre d'entre eux auraient déjà dû être résolus dans l'intérêt de la production du secteur primaire.
Il est temps de prendre des mesures immédiates, positives et significatives pour assurer la survie et la prospérité de toute la production agricole à l'échelle de tout le Canada. De plus amples efforts doivent cependant être déployés dans l'Ouest du Canada, à mon avis, car les politiques varient considérablement entre l'Est et l'Ouest, ce qui est essentiellement dû aux marchés d'utilisation finale et à la distance qui nous en sépare. Les économies réalisées suite à l'abandon du chemin de fer n'ont pas eu de retentissement positif pour nous et nos coûts d'expédition pour faire parvenir nos céréales jusqu'aux silos à haute capacité ont en fait augmenté de 7 à 10 $ la tonne.
Dans de nombreuses régions, il n'y a pas de tarifs communs, ce qui permet l'établissement de monopoles et entraîne un manque de concurrence ou d'efficacité des services, ce qui se répercute sur les producteurs. L'absence d'une politique gouvernementale destinée à vérifier la possibilité pour les entreprises de plus petite taille de vendre leurs services sur la totalité des parcours permet aux entreprises principales de contrôler les plus petites. Là encore, les coûts se répercutent sur nous.
Les revenus engendrés par la taxe sur les carburants ne sont pas utilisés complètement pour financer, entretenir et construire une nouvelle infrastructure destinée à répondre à l'intensification de la circulation routière. Une grande partie d'entre eux est dirigée vers d'autres domaines où existent des problèmes financiers. Ils pourraient être utilisés pour permettre l'octroi de remises supplémentaires sur les carburants et sur les engrais.
Le gouvernement fédéral n'a pas veillé au respect des règlements contre les coalitions par le passé et il en résulte qu'il n'existe à présent qu'un seul fabricant important d'engrais azotés. Ce monopole fait peser encore une fois sur les producteurs un fardeau accru de coûts.
Le financement de la Commission canadienne des grains est en cours de révision. Ces dépenses fédérales doivent être faites pour préserver au mieux les intérêts de notre commerce international qui, à son tour, bénéficie à tous les Canadiennes et Canadiens, directement et indirectement. La Commission canadienne des grains est le seul organisme qui donne les moyens aux céréaliculteurs de se protéger contre les agissements de l'industrie privée en ce qui concerne les calculs erronés de la quantité d'impuretés ou du taux de protéines, les classements injustifiés, etc.
Le chargement des wagons consignés aux producteurs doit être préservé sans coût supplémentaire pour le céréaliculteur, quels que soient les prétextes invoqués par l'industrie.
Il incombe au gouvernement fédéral de ramener la production de céréales du secteur primaire à un niveau permettant d'assurer des bénéfices aux producteurs. Les anciens règlements de l'OMC autorisent le Canada à accorder autant de soutien que les autres pays du monde. Aucune baisse de ce soutien n'aurait dû être acceptée, sauf si elle se faisait en harmonie avec les autres pays, en particulier les États-Unis et l'Europe. Les problèmes économiques rencontrés au niveau national ont eu des répercussions fâcheuses sur le secteur des céréales, ce qui doit être corrigé immédiatement.
La mise en place d'une assurance des coûts de production est vitale pour soutenir la production de céréales du secteur primaire dans tout le Canada. Les prix des produits et les rendements varient considérablement d'une année sur l'autre, d'une région à l'autre, et d'un producteur à un autre. Pour encourager la nouvelle génération à se lancer dans l'agriculture, il faut la mettre en confiance en lui montrant que les gouvernements à la fois fédéral et provinciaux vont créer et entretenir un environnement propice aux investissements et assurer la survie économique et la rentabilité au sein de cette industrie. Cette assurance doit être abordable et prendre en charge tous les coûts, qu'ils soient fixes ou variables. Le niveau de garantie devrait s'appliquer aux risques rencontrés dans chaque exploitation, quelle que soit sa taille ou son niveau de participation. Une telle mesure maintiendrait, je crois, un équilibre économique sur le marché.
Si le gouvernement ne nous protège pas contre les coûts des intrants, les subventions étrangères, la manipulation du marché ou les gros regroupements d'entreprises, alors il lui incombe d'assurer cette protection par l'intermédiaire d'un programme appelé «Assurance pour toute la production du secteur primaire». Les marges sont beaucoup trop faibles et s'étalent sur un temps beaucoup trop court pour permettre la survie dans le marché d'aujourd'hui.
Nous devons examiner l'avenir de cette industrie et la consulter directement pour définir les orientations viables de demain. La transformation secondaire et la valeur ajoutée ne signifient rien pour les Canadiennes et les Canadiens si l'agriculteur n'est pas là au départ pour créer le produit. Les gouvernements doivent investir aujourd'hui pour être récompensés demain--plus d'argent pour l'agriculture.
Une analyse appropriée et objective des statistiques gouvernementales doit avoir lieu. L'information est utilisée pour répondre au programme du ministère des finances, pas forcément à celui de l'industrie. Un vieil adage dit : «Les menteurs manipulent les chiffres, mais les chiffres ne mentent pas.»
Encore une fois, l'industrie est laissée de côté dans l'élaboration du processus, ce qui conduit à des prises de décisions inappropriées et dénuées de sens, avec des résultats qui pénalisent la production du secteur primaire. Encore une fois, l'industrie souffre.
La question de l'échange pas si libre que ça--à savoir le maïs qui entre au Canada à un prix plus faible que le taux d'emprunt garanti aux agriculteurs américains, au détriment de l'orge, du blé fourrager, des légumineuses et du tourteau de canola--bénéficie uniquement à l'utilisateur final, à savoir le producteur de bétail ou d'éthanol.
Un autre problème est la politique de l'OMC sur la viande rouge en Europe. Le bison et le wapiti doivent être séparés et traités comme la viande de cheval, qui n'entre pas dans le cadre d'un accord tarifaire. Cela aiderait les industries de diversification qui ont déjà des problèmes économiques.
J'aimerais vous citer un autre adage qui dit : «Une chaîne ne peut pas être plus solide que son maillon le plus faible.» Cette chaîne, la production du secteur primaire, a été traînée dans la poussière pendant 15 ans et plus et est sur le point de se désintégrer d'un jour à l'autre. Lorsque le maillon de la production de céréales du secteur primaire lâchera, le naufrage va être si catastrophique que le coût et la durée de reconstruction de la chaîne vont sembler insurmontables.
Le gouvernement est supposé être celui du peuple, géré par le peuple et pour le peuple. Toutefois, du point de vue de l'agriculture, il est clair qu'il fait le jeu des grandes entreprises, et est géré par les grandes entreprises et pour les grandes entreprises. Il lui incombe, et cela devrait être son mandat, de corriger les déséquilibres qui apparaissent à l'heure actuelle et de rectifier les erreurs du passé afin de donner les moyens à la production agricole de survivre d'un point de vue économique.
En conclusion, les mesures correctives doivent commencer à être mises en place immédiatement et notre industrie doit être au premier rang et au centre des débats tout au long des discussions, de l'élaboration des politiques et de la vérification du respect de leur mise en place.
Merci.
 (1240)
Le président: Merci, Cliff. Je suis désolé, mais vous avez dépassé les six minutes.
Monsieur Macklin.
M. Irv Macklin (témoigne à titre personnel): Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, mesdames et messieurs les invités, je suis agriculteur dans la région de Peace River depuis à peu près 40 ans. J'ai suivi quelques années d'école de métiers ainsi qu'une année d'université. En 1973, je me situais au deuxième rang de la production avec un troupeau de 50 vaches laitières. Au milieu de ce que l'on peut appeler ma carrière d'agriculteur, j'ai fait faillite avec un taux d'intérêt à 24 p. 100 et j'ai recommencé à zéro. Présentement, j'ai une exploitation située à environ 60 milles d'ici, qui est une ferme mixte au sein d'une collectivité qui se meurt. Cette collectivité est exclusivement agricole et ne peut envisager de devenir une banlieue-dortoir, car elle est trop éloignée de Grande Prairie pour attirer un flux de population.
Mon exposé se situe plutôt au niveau du concept : «Donnez-nous notre pain quotidien.» Je vous parlerai de choses spécifiques plutôt que d'engager un débat philosophique, mais mes propos sont liés à la façon dont le Canada peut nous aider.
Le premier sujet que je voudrais aborder concerne les dispositifs d'amélioration de la distribution de l'eau, qui ont été gérés pendant des années par l'ARAP, l'Administration du rétablissement agricole des Prairies. Il semble qu'au cours de ces dernières années, cet organisme fédéral qui a aidé les agriculteurs à développer les dispositifs de distribution d'eau, à la fois techniquement et financièrement, a décidé qu'il avait achevé sa mission. La région du sud de l'Alberta, qui possède en gros la majorité du cheptel bovin de cette province, a développé de façon assez complète ses dispositifs de distribution d'eau, et l'organisme se cherche donc un autre mandat.
J'ai reçu hier confirmation par téléphone de la part du bureau fédéral de l'ARAP de Peace River que cet organisme ne finance plus le développement des dispositifs individuels de distribution d'eau et n'offre plus ni d'aide technique, ni d'aide financière dans ce domaine. Contrairement au cas de la Saskatchewan, le mandat de cet organisme en Alberta s'intitule activité collective ou quelque chose dans le genre. Je ne sais pas vraiment si cela englobe les municipalités ou les colonies huttériennes, mais ce que je sais, c'est que moi, en tant qu'agriculteur individuel, je n'entre pas en ligne de compte dans le nouveau schéma d'activités de l'ARAP.
Juste pour vous resituer un peu le contexte, l'on m'a dit qu'en 1991, nous avions 270 000 bovins dans la région de Peace River. Il s'agit du chiffre donné par le recensement canadien. En 1996, cinq ans plus tard, selon les résultats du dernier recensement officiel, ce chiffre était passé à 365 000 têtes dans la région de Peace River, soit une augmentation de 30 p. 100.
À cette époque, le tarif du nid-de-Corbeau a été supprimé et des silos ont été détruits. Je présume donc qu'au prochain recensement, qui concerne l'année 2001 et doit être publié cette année, le chiffre pour la région de Peace River fera état d'un transfert bien supérieur à 30 p. 100 vers le secteur de l'élevage bovin, et d'une régression du secteur des céréales qui sont produites pour être expédiées sur la côte.
Nous voici donc dans cette situation; c'est à notre tour de développer l'une des dernières installations dans la région de Peace River. Ma propriété familiale dans mon premier quart de section m'a coûté 50 $ -- plus, bien entendu un certain nombre de taxes, mais la dépense a été de 50 $. Alors je penserais, même s'il ne s'agit pas d'une description globale des réalités s'appliquant à tout l'Ouest du Canada--si j'en crois le Western Producer, des personnes de la Saskatchewan ont reçu l'assurance qu'elles remplissaient encore les conditions requises pour bénéficier d'un financement--qu'au moins dans la région de Peace River en Alberta, nous maintenons cette orientation alors que nous augmentons notre cheptel bovin et par conséquent notre besoin d'approvisionnement en eau.
Cela m'amène au thème suivant sur lequel je voulais discuter, et qui concerne aussi l'aspect financier des choses. Je voudrais juste dire rapidement et franchement qu'en tant que membre des Wild Rose Agricultural Producers et volontaire local venu ici de mon plein gré et repartant chez moi librement, j'essaie de convaincre d'autres personnes de consacrer une partie de leur temps à se déplacer pour vous faire savoir que le projet de loi sur les espèces en danger de disparition, offrant des compensations seulement à hauteur de 50 p. 100 est un mauvais projet de loi, et qu'il devrait peut-être être réexaminé.
Nous avons besoin de financement. Le bénévolat, comme j'ai pu voir l'autre jour à la télévision, ne semble plus fonctionner. Sommes-nous tous trop occupés ou quoi? Je ne sais pas. Mais lorsque le président de notre organisme à l'échelle provinciale, Neil Wagstaff, se rend à laFédération canadienne de l'agriculture pour représenter l'Alberta, qui compte pour 25 p. 100 de la production agricole du Canada, il n'est accompagné d'aucune délégation. Eh bien, le Québec a un budget de 11 millions de dollars à dépenser pour envoyer ses représentants auprès de cette instance, l'Ontario a 7 millions de dollars et l'Alberta a 150 000 $; c'est ce que nous voulions dire. Pourquoi la situation est-elle ainsi?
Notre gouvernement provincial a fermement refusé de financer notre organisme polyvalent au niveau provincial. Il est fort pour financer des groupements de producteurs spécialisés, et a décidé très récemment de consacrer 6 millions à un projet appelé «Comment travailler avec l'accord de Kyoto.». Nous voici donc à la fois en train d'imaginer comment nous pouvons travailler avec cet accord de Kyoto et en même temps en train de démanteler des réseaux de chemin de fer qui sont supposés transporter les marchandises en vrac quatre fois plus efficacement que les camions.
Nous avons donc réellement besoin d'un organisme polyvalent. Nous devons être représentés démocratiquement, et cette deuxième chose signifie que les officiels fédéraux--vous, mesdames et messieurs--devraient apporter leur contribution, car la province ne le fera pas et le débat en vaut la peine.
 (1245)
Le président: Merci beaucoup, Irv.
Monsieur John Sloan.
M. John Sloan (témoigne à titre personnel): J'ai une exploitation de 2 500 acres et cultive du blé, de l'orge et du colza canola dans ce que j'appelle un système de semis direct, protégeant l'environnement. Je suis partisan de la pratique du travail de conservation du sol et du semis sans travail du sol. Je suis membre de la Smoky Applied Research and DemonstrationAssociation au niveau régional et de la CentralPeace Conservation Society. Je suis également chimiste, enseignant au niveau collégial et membre de l'American Chemical Society, membre des divisions d'agriculture, de chimie alimentaire et de chimie de l'environnement.
Le thème que je vais aborder concerne essentiellement notre projet de loi agricole canadien. J'aime me tenir au courant par voie de presse, et d'un côté, je parlerai peut-être de choses à contre courant, car je soupçonne qu'un projet de loi agricole canadien sera abordé sous une certaine approche, que ce soit tel quel ou sous un autre nom. Toutefois, je n'ai pas reçu confirmation d'une telle information par les voies de presse classiques, et je vais donc me placer au point de départ.
Je soutiens que l'industrie agricole a besoin d'un projet de loi agricole canadien qui lui apportera stabilité et croissance, et contribuera de ce fait à la santé économique de la nation. Un projet de loi agricole canadien devrait permettre aux agriculteurs de gérer les risques associés à la production agricole, et devrait soutenir ceux qui sont de bons régisseurs des terres et de l'environnement dont ils ont la charge.
En ce qui concerne la question des étapes de la mise au point de ce projet de loi agricole canadien, je crois qu'elle devrait faire partie du processus. À mon avis, il devrait s'agir d'un processus ouvert de consultation. C'est essentiel pour la mise au point d'un tel projet de loi qui va définir les orientations futures et assurer la stabilité de l'industrie agricole canadienne.
Ce processus ouvert de consultation devrait offrir de nombreuses occasions aux agriculteurs de s'exprimer directement--et cette réunion est l'une de ces occasions. Les organismes agricoles sont des groupes-clés qui doivent prendre part à la mise au point du processus. Les organismes politiques agricoles sont, du fait de leur position, en mesure de donner le point de vue de professionnels de grande qualité, ainsi que de bénévoles -- par exemple, la Fédération canadienne de l'agriculture; les Keystone Agricultural Producers du Manitoba; l'Agricultural Producers Association of Saskatchewan et les Wild Rose Agriculture Producers de l'Alberta, dont je suis membre et que je soutiens.
La durée nécessaire pour la mise au point d'un projet de loi agricole canadien approprié est probablement de l'ordre d'un à deux ans. Un tel projet de loi pourrait tout englober. Dans les deux ou trois minutes qui viennent, je parlerai d'un ou deux domaines dignes d'être pris en considération.
Le premier domaine concerne le CSRN. Les agriculteurs soutiennent le programme du CSRN. Je recommanderais que le CSRN soit conservé et amélioré en considérant une augmentation du dépôt maximum donnant droit à la contribution de contrepartie de 3 à 6 p. 100 du chiffre d'affaires brut et en réglant le mécanisme de déblocage des fonds de façon à permettre aux agriculteurs de retirer de l'argent de leur compte les années où leurs revenus chutent au-dessous de la moyenne sur cinq ans, afin de ramener ces revenus au niveau de cette moyenne.
Il faudrait augmenter la garantie maximale autorisée pour l'assurance-récolte du taux actuel de 80 p. 100 à un taux de 95 %. Le taux maximum actuel de 80 p.100 se base sur des rendements locaux et sur des prix de produits de base extrapolés. De nombreux agriculteurs ne souscrivent pas à l'assurance-récolte car les niveaux maximum actuels couverts par l'assurance sont souvent plus faibles que le revenu prévu.
Ces deux premières questions, l'assurance-récolte et le CSRN, sont des programmes auxquels les agriculteurs contribueraient et ils feraient par conséquent partie du processus d'élaboration de la solution. Ils participeraient à ces aspects de la mise au point d'un projet de loi agricole canadien.
Les agriculteurs ont besoin de politiques efficaces de commercialisation et de transport des marchandises. Je dirai seulement pour le moment que les politiques futures de transport des marchandises devraient préserver le droit de chargement des wagons consignés aux producteurs dont bénéficient actuellement les agriculteurs.
Le projet de loi devrait aussi prévoir des mesures efficaces permettant de contrebalancer les pratiques commerciales internationales injustes des États-Unis et de l'Union européenne. Un projet de loi agricole canadien devrait offrir un soutien équitable aux agriculteurs canadiens, en rapport avec le degré de distorsion des prix internationaux des produits agricoles.
Un autre thème, relativement nouveau, qui requiert plus d'engagement est la gestion des terres et de l'environnement. Un projet de loi agricole canadien devrait aborder le sujet des services bénéfiques différents pouvant être apportés par les agriculteurs pour préserver notre environnement et nos paysages canadiens. Ces services devraient inclure la protection de nos sols contre l'érosion éolienne et hydrique; la lutte contre la pollution de l'eau par le biais de pratiques culturales saines; la réduction des niveaux de concentration de dioxyde de carbone grâce à des pratiques culturales qui augmentent la quantité de matière organique dans nos sols; et une gestion de nos paysages prenant en considération de manière appropriée les plantes, les herbes et les animaux.
Des lois dans ce domaine sont actuellement en vigueur au Royaume-Uni. Au Canada, grâce au soutien des Keystone Agricultural Producers du Manitoba, une ébauche de document intitulée Alternative Land Use Services circule actuellement pour être examinée et faire l'objet de commentaires.
 (1250)
En résumé, à mon avis, les agriculteurs du Canada et la nation tout entière ont besoin d'un projet de loi agricole canadien qui établira des lignes directrices et garantira un certain degré de sécurité aux producteurs. Les producteurs ont besoin de stabilité. Les agriculteurs voudraient être capables de gérer les risques liés à l'agriculture, les gérer en termes de coûts des intrants, en termes de possibilité de catastrophe naturelle, de sécheresse et de pluies excessives, ainsi qu'en termes de fluctuation des prix des produits de base. Je veux donc particulièrement mettre l'accent sur la mise au point d'un projet de loi agricole canadien qui bénéficiera à l'industrie agricole et aux Canadiennes et Canadiens dans leur ensemble.
 (1255)
Le président: Merci, monsieur Sloan.
Ron Matula.
M. Ron Matula (témoigne à titre personnel): Merci, monsieur le président.
Je ne suis pas très bon dans ce domaine. C'est la première fois que je fais cela.
Le président: Nous ne sommes pas bons dans ce domaine non plus.
M. Ron Matula: Je suis un petit peu déconcerté.
Je m'appelle Ron Matula. Je fais partie des Wild Rose Agricultural Producers. Je viens juste d'être élu directeur régional. Je ne sais pas pourquoi. Je suppose qu'ils voulaient quelqu'un de plus jeune à ce poste. C'est ce qu'ils ont fait.
Très récemment, la nouvelle que je devais faire un exposé devant un comité de la Chambre des communes est tombée sur moi comme une bombe.
Je suis exploitant agricole avec mon père depuis seulement environ quatre ans. Mes parents sont septuagénaires et ils exploitent environ 2 000 acres. Il est difficile de vendre les terres de nos jours, et donc tout ce qu'ils peuvent faire est essayer d'obtenir de l'aide de la part de la famille qui a quitté la ferme et.... Je suis mécanicien de profession, mais j'aime bien l'agriculture. Je dois dire c'est un métier que j'aime beaucoup et j'aimerais aussi m'y consacrer jusqu'à la fin de ma vie.
Je leur ai demandé hier soir : «Papa et maman, de quoi est-ce que je vais parler à ce comité de la Chambre des communes? Quel est le plus gros problème que vous avez rencontré au fil de toutes ces années où vous avez travaillé dans l'agriculture et que vous aimeriez voir changer? J'ai enfin l'occasion de faire part de vos griefs après tant d'années. » Ils m'ont répondu que la chose la plus importante à laquelle ils pouvaient penser était les prix de stabilisation des céréales.
Nous ne cherchons pas à recevoir l'aumône. Nous sommes des personnes qui travaillent dur. Nous aimons ce que nous faisons et nous voulons juste un prix équitable pour nos produits. Je pense que c'est à peu près ce que tout le monde veut.
J'aimerais aborder différentes questions sur lesquelles j'ai quelques connaissances. La première concerne l'aide à l'agriculture. La taille des fermes augmente à cause des départs en retraite, des ventes et des fusions d'exploitations, alors qu'en même temps, la quantité d'aides agricoles compétents diminue du fait du dépeuplement des collectivités rurales. L'offre d'emplois dans les domaines du pétrole et du gaz, de l'exploitation forestière et du secteur industriel est forte dans l'économie de la province, et de nombreux jeunes gens d'origine rurale se lancent dans des carrières non liées à l'agriculture.
C'est pourquoi les Wild Rose Agricultural Producers demandent que les bureaux locaux de Développement des ressources humaines Canada ajoutent l'appellation d'emploi d'aide agricole à la liste générale des professions, et que DRHC aide à associer des éléments professionnels, d'éducation et de formation à cette appellation d'emploi. Ce serait un atout important.
La biotechnologie est une question également assez importante, et cinq minutes ne suffisent pas pour en faire le tour, mais je suis d'accord avec une grande partie de ce que Sadie Macklin a dit sur le sujet. La raison pour laquelle nous n'obtenons pas des prix équitables pour nos produits actuellement est que nous produisons en masse tout ce que nous pouvons. Nous abusons des terres et, que ce soit avec les OGM ou autre chose, nous utilisons tout ce que nous pouvons sans chercher à savoir et en essayant uniquement de faire de l'argent. Tout ce que nous essayons de faire, c'est de faire de l'argent. Avec les produits biologiques, nous pouvons produire moins et tenter de retirer un meilleur bénéfice, si cela a du sens.
En ce qui concerne la Commission canadienne des grains, Wild Rose a essayé de faire pression pour obtenir des installations d'inspection des céréales dans notre région, la région de High Prairie, afin que l'inspection de nos céréales soit plus facile.
En ce qui concerne l'assurance-récolte, je ne travaille dans l'agriculture que depuis quatre ans. J'ai eu deux récoltes déficitaires et l'assurance-récolte a été loin de couvrir les coûts de mes facteurs de production. J'avais pourtant souscrit au niveau maximum de garantie. Je trouve cette situation assez pitoyable.
En ce qui concerne les revenus agricoles, ils ont considérablement chuté au Canada, principalement à cause des subventions en vigueur aux États-Unis et dans l'Union européenne. Cet état de fait est admis dans le cadre de l'accord de l'Organisation mondiale du commerce, dont le gouvernement fédéral est l'un des signataires. Les Wild Rose Agricultural Producers estiment donc qu'il incombe au gouvernement fédéral de fournir des compensations financières pour contrebalancer la réduction dramatique du revenu agricole.
Les agriculteurs ne devraient pas avoir à utiliser 15 p. 100 des recettes agricoles brutes comme approximation servant de base au calcul du revenu agricole, lorsqu'ils répartissent la rémunération du travail indépendant par rapport aux prestations d'assurance-emploi générées par les emplois hors ferme. À la différence des autres travailleurs indépendants qui peuvent calculer leur rémunération du travail indépendant sur la base de leurs revenus nets, les agriculteurs sont obligés de déduire automatiquement 15 p. 100 des recettes agricoles brutes de leurs prestations d'assurance-emploi, quel que soit leur revenu réel généré par les activités de l'exploitation agricole. Agriculture et Agro-alimentaire Canada a suggéré le chiffre de 5 p. 100 comme étant plus approprié. Les Wild Rose Agricultural Producers proposent d'utiliser le chiffre de 5 p. 100 des recettes agricoles brutes comme approximation du revenu agricole net.
La manutention des grains est une autre question. Nous venons juste de perdre un autre petit silo dans notre petite ville. Notre exploitation vient d'acheter un train double de type B et un vieux camion, c'est tout ce que nous pouvions nous permettre d'acquérir avec les prix des céréales tels qu'ils sont. Je pense que c'est insensé. Et voilà que, même si nous ne sommes pas camionneurs mais essayons d'être agriculteurs, nous devons à présent livrer nos céréales par camion à 50 ou 60 milles.
La sécurité est un autre problème là aussi. Voulez-vous que tous ces agriculteurs achètent de vieux camions délabrés et transportent leurs céréales jusqu'aux silos à haute capacité? C'est là que les wagons consignés aux producteurs entrent en jeu. Je pourrais aller charger un de ces wagons consignés aux producteurs à deux milles de chez moi s'il existait quelque installation appropriée là-bas, au lieu de devoir conduire ce vieux gros camion à 60 milles et mettre en danger de nombreuses vies. Je suis relativement débutant dans ce domaine, mais j'en apprends beaucoup.
En ce qui concerne les coûts des intrants, nous demandons au gouvernement provincial de remettre en vigueur le programme de remise sur les engrais agricoles afin de compenser l'augmentation visible du prix des engrais azotés due aux prix élevés du gaz naturel.
Les Wild Rose Agricultural Producers sont d'avis que le gouvernement fédéral devrait contrôler l'existence des regroupements d'entreprises qui peuvent influer sur le prix des engrais. Le coût élevé du carburant agricole et le coût élevé des engrais lié aux prix élevés du gaz naturel ont créé une situation difficile pour les agriculteurs à un moment où les prix des produits agricoles sont faibles. En même temps, la province a enregistré d'immenses bénéfices financiers grâce à ces prix élevés. Par conséquent, une partie de ces bénéfices inattendus dus aux prix élevés devrait être utilisée pour réduire les coûts liés aux dépenses des agriculteurs en matière d'énergie.
· (1300)
Le président: Merci, Ron. Vous avez soulevé quelques points très intéressants dans votre exposé, quelque peu différents de ce que nous avions entendu auparavant. Je suis certain qu'une partie des questions vous sera adressée.
Monsieur Wayne Davies.
M. Wayne Davies (témoigne à titre personnel): Merci, monsieur le président.
Mesdames et messieurs les membres du comité, mesdames et messieurs, je voudrais vous remercier de l'occasion qui m'est donnée de m'exprimer brièvement sur le rôle du gouvernement dans la politique agricole. J'ai rassemblé quelques-uns de mes thèmes favoris. Je ne me suis pas étendu beaucoup, mais ai transcrit mes pensées par écrit quand j'avais le temps.
Nous devons raconter l'histoire réelle de l'agriculture dans les salles de classe à travers tout le Canada. Les préoccupations du grand public sont tellement éloignées de l'agriculture que certaines personnes vont jusqu'à croire que le lait est produit dans les épiceries. Nous avons également besoin d'aide en ce qui concerne les récoltes de produits génétiquement modifiés. Les agriculteurs reçoivent de l'information des deux côtés engagés dans cette controverse et ils doivent trancher en faveur de l'un d'entre eux. Comment le grand public peut-il savoir ce qu'il doit croire avec tous ces groupes d'intérêts ayant chacun leur propre théorie? Nous devons aider à communiquer la vérité.
Les subventions auxquelles nous sommes confrontés lorsque nous commercialisons nos produits ont des conséquences dévastatrices au niveau des exploitations agricoles. Nous vendons en gros et achetons au détail. Cela ne peut pas continuer. Nous ne pouvons pas lutter individuellement contre le Trésor public de pays comme les États-Unis et l'Europe. Nous demandons des règles du jeu équitables.
Nous pourrions être aidés très rapidement par la suppression des taxes sur les carburants. Cela ne représente pas une somme colossale pour chaque ferme, mais cela serait sans aucun doute un avantage. Une chose que nous avions il y a quelques années était l'étalement des impôts sur le revenu. Là encore, il ne s'agit pas d'un coup de pouce phénoménal au revenu, mais si nous réussissions à stabiliser le niveau de notre revenu, cela nous aiderait.
Les programmes ponctuels aident sur le court terme. En fait, ils sont la seule raison pour laquelle je travaille encore dans l'agriculture. Mais nous avons aussi besoin d'un programme de stabilisation des revenus. Je suis conscient qu'il est difficile d'en mettre un au point à l'échelle du pays tout entier en raison des conditions et des façons de dépenser différentes dans les diverses exploitations agricoles. L'assurance-récolte s'avère être un échec pitoyable sur ma ferme. Nous n'avons pas l'argent pour payer les primes d'assurance dans un système qui fait payer beaucoup en échange de très peu de garanties. Pendant les bonnes années, nous avions investi dans des REER, et nous les avons utilisés peu à peu dans les années 90 en raison de mauvaises années. Il est difficile d'expliquer aux banquiers que tout a bien marché pour nous.
Nous avons également utilisé le prgramme du CSRN autant que nous avons pu. Il s'agit d'un bon programme, mais nous recevons toujours l'argent avec six mois à un an de retard. Nous avons besoin d'un système qui permet à l'agriculteur de mettre de l'argent de côté pendant les bonnes années et de l'utiliser pendant les mauvaises années sans être pénalisé. Le CSRN n'est pas mauvais, mais la somme que vous pouvez déposer et retirer est limitée. Nos dépenses sont bien plus élevées que ce que prévoit ce programme. Nous devons être capables d'investir plus et de retirer ce dont nous avons besoin quand nous en avons besoin. Peut-être le CSRN pourrait-il être étendu dans ce sens, mais sans imposer de limites aux sommes pouvant être déposées et retirées, ni de contrainte de temps. Cela peut être un domaine où le gouvernement pourrait aider en collaborant avec les agriculteurs afin d'élaborer un programme plus adapté à notre situation.
Nos phytogénéticiens ont besoin d'être soutenus--ils sont parmi les meilleurs dans le monde--afin de pouvoir faire leur travail sans avoir à subir les mouvements de yoyo des revenus des agriculteurs qui achètent les semences qu'ils produisent.
Nous devons soutenir les fabricants canadiens de machines agricoles motorisées. Il ne reste plus qu'un seul fabricant de tracteurs au Canada, et je crois comprendre que nous allons peut-être le perdre aux États-Unis.
Nous avons besoin d'un gouvernement qui nous soutienne constamment dans la presse et qui nous appuie financièrement lorsque les temps sont durs sur les exploitations. Un ministre nous a dit un jour que nous devrions prendre un deuxième emploi. Ce n'est pas ce que vous devriez entendre, lorsque vous avez 2 à 3 millions de dollars investis dans une ferme qui devrait être une entreprise qui vaut vraiment la peine, et j'insiste sur le mot «entreprise».
En tant que producteurs, nous contrôlons 40 p. 100 de la commercialisation de nos produits. Les gouvernements et les gros intervenants dans le domaine des produits de base se partagent les 60 p. 100 restants. Ces 60 p. 100 représentent un domaine où nous avons besoin de l'aide du gouvernement. Mettez les subventions en échec mais, lorsque vous le ferez, ne laissez pas les agriculteurs du Canada ballotter au gré du vent.
Laissez-les vraiment faire entendre leur voix lors de l'élaboration des plans de stabilisation des revenus, et aidez s'il vous plaît à l'éducation du grand public en inscrivant l'agriculture dans les programmes scolaires à travers tout le Canada.
Merci.
· (1305)
Le président: Merci, Wayne.
Claude.
M. Claude Smith (témoigne à titre personnel): Monsieur le président, je suis producteur de céréales et d'oléagineux et je suis établi à environ 150 milles au nord-ouest d'ici. Je fais partie du conseil d'administration de Wild Rose Agriculture Producers.
Je vous remercie d'avoir pris l'occasion de venir nous parler au sujet du futur rôle du gouvernement canadien en matière d'agriculture. Je trouve que les sujets que je veux aborder ont été assez bien couverts par certaines autres personnes avant moi, c'est pourquoi, je vais seulement souligner ce qui m'intéresse. L'une des chose qui me tient à cœur est d'assurer le financement de la Commission canadienne des grains. Je pense que cette Commission est financée par les contributions des agriculteurs et ce financement peut augmenter comme diminuer de façon importante selon le nombre de boisseaux exportés. C'est pourquoi elle peut alors avoir besoin d'être aidée si les financements deviennent trop bas pour réaliser un travail adéquat.
Le fait qu'un organisme aide les fermiers à classer les grains par grade et à proposer des aliments de grande qualité sur les débouchés à l'exportation.
L'un des autres sujets porte sur les subventions des États-Unis et de l'Europe. Nous avons beaucoup à dire sur le fait qu'ils ne suivent pas réellement l'Accord sur l'OMC qui s'efforce de les éliminer. Il est inéquitable pour nous d'esssayer d'être concurrentiels sur le marché mondial. Tout ce que je puis répondre à cela est que si nous ne pouvons les forcer à respecter les règles, nous allons avoir besoin d'être soutenus. Je suppose que «si vous ne pouvez les écraser, alors rejoignez-les» dans le cadre des subventions -- et je comprends également les problèmes que cela crée aux membres du Parlement.
Je propose que si la fiscalité représente le seul moyen de générer des fonds pour aider nos agriculteurs principaux, c'est peut-être la solution: augmenter les impôts des sociétés et les impôts sur le revenu. Je suis certain qu'un fermier, s'il réalise des bénéfices, paiera des impôts sur le revenu et il remboursera sa part. Ce que j'essaie de dire est que la société canadienne entière et tout le Canada vont devoir partager les coûts de se mesurer avec les concurrence sur le marché mondial avec les subventions américaines et européennes.
Je pense que je vais m'arrêter là. j'ai remarqué, monsieur le président que vous aviez parfois des difficultés à faire taire tout le monde, alors voici un participant qui va s'arrêter maintenant.
· (1310)
Le président: Merci.
Harry Schudlo, n'est-ce-pas?
M. Harry Schudlo (témoigne à titre personnel): Merci, monsieur le président.
Je souhaite la bienvenue à tous les membres dans la région ouest de la rivière de la Paix.
Je suis fermier au nord-ouest de Sexmith. J'exploite 3 000 acres avec mon fils, sur une ferme familiale avec mon épouse et mes deux beaux-fils. Nous remarquons que les changements mondiaux auxquels nous assistons aujourd'hui créent de nombreux débouchés pour notre ferme familiale. Nous devons évaluer toutes les nouvelles technologies, et tout d'abord tous les coûts qu'elles génèrent à la ferme.
Tout d'abord, nous devons nous pencher sérieusement en tant que gouvernement sur les incidences des hybrides et des OGM et du fait que nous ne pouvons réutiliser nos propres semences dans nos fermes dans les années à venir. Aujourd'hui, cela représente un coût supplémentaire de 30 $ par acre. Si cela va se passer comme cela chaque année, nous devons vraiment examiner cette question sérieusement.
Ensuite, nous devons chercher de nouveaux débouchés pour les fermes. Nous devons participer à la formation d'alliances et nous devons être pour nos clients étrangers un fournisseur de produits stable et fiable.
En tant que ferme familiale, nous devons être intimes avec nos clients. Les clients veulent une bonne qualité. Ils prêtent attention à la traçabilité, l'origine et la santé également.
Les sciences de la vie sont une révolution. Si nous n'acceptons pas ce que la science développe pour nous, nous devrions renvoyer le professeur. Le Canada représente 3 p. 100 des exportations mondiales. Il suffirait de 1 p. 100 supplémentaire, si nous ajoutons de la valeur à notre pays, permettrait de créer 100 000 emplois. C'est une question très important pour nos jeunes d'aujourd'hui qui sont sans emploi.
L'environnement et la santé publique vont être les éléments primordiaux de notre avenir. Pour être concurrentiels les fabricants canadiens ont besoin de transformation à l'échelle mondiale. Il nous faut fabriquer davantage pour nous débarasser de nos produits. Il nous faut accéder aux marchés et aux conséquences qui sont adaptés aux exigences de la clientèle. Nous devons positionner le Canada non seulement pour nos produits, mais également pour nos antécédents en matière de salubrité des aliments, car nous possédons réellement des antécédents en matière de salubrité des aliments. Nous devons faire connaître cette renommée de vive voix.
Je pense que l'une des graves erreurs des fermiers est de ne pas encourager leurs enfants à devenir agriculteurs. Nous leur montrons tous les points négatifs. J'approuve les intervenants précédents lorsqu'ils disent que nous devons posséder un cursus accrédité dans les écoles secondaires. Il existe des débouchés intéressants dans le domaine de l'agriculture et nos jeunes peuvent obtenir des emplois. Beaucoup de nos agents d'éducation font une mauvaise promotion de l'agriculture. L'agriculture n'est pas mauvaise à ce point, si vous savez vous adapter.
L'agriculture est prête à se développer. C'est un domaine qui pourrait devenir un secteur agricole de plusieurs milliards de dollars, à cause de tels débouchés, et non seulement dans le secteur alimentaire. Orientons- nous là où les besoins en transport et en carburant sont des débouchés majeurs, dirigeons-nous vers les biodiésels, l'éthanol. Penchons-nous sur le moyen de bénéficier de tous ces différents débouchés qui existent--et cela ne peut se faire que par la valeur ajoutée. Nous devons doubler notre valeur ajoutée. Nous ne pouvons garder le même procédé. Lorsque je parle du «procédé existant», je ne suis parti de rien; ce n'est pas la Commission canadienne du blé qui m'a permis d'arriver jusqu'ici. J'aime avoir le choix. Pratiquement 80 p. 100 des agriculteurs en Alberta veulent avoir ce choix, avoir la possibilité de vendre à qui ils veulent.
Je ne peux imaginer d'investir 300 000 $ par an dans une ferme pour les coûts de facteurs de production et voir quelqu'un d'autre se charger de vendre à ma place. C'est devenu impossible aujourdhui, étant donné que 12 p. 100 de mes ventes principales se font au conseil, et le reste... Le colza nous a rapporté des dollars--on nous appelle le pays d'Alberta de cette variété autrefois négligée. L'avoine cette année nous a rapporté de l'argent. Les marchés ouverts nous ont rapporté également de l'argent en nous donnant la possibilité de vendre à toutes les personnes que nous voulons.
Comment pouvons-nous y arriver en tant que fermiers? Nous avons besoin d'une puissante politique agricole et aussi d'un programme robuste d'assurance-récolte qui couvre nos coûts de production et nos frais de subsistance, car il nous est impossible de savoir quelles vont être les années de sécheresse ou d'humidité excessive. Les conditions météorologiques sont notre principal ennemi. L'assurance-récolte, avec la couverture très faible qui existe aujourd'hui, est la seule chose qui nous a freiné à l'heure actuelle.
Merci.
· (1315)
Le président: Je vous remercie, Harry.
Hier, notre comité se trouvait à Davidson, au Saskatchewan. Cette région était une terre ancestrale il y a de cela environ un siècle. Et bien sûr aujourd'hui, c'est probablement l'une de nos dernières frontières avec l'agriculture dans ce pays, et nous sommes assis aujourd'hui avec certaines des personnes qui ont développé cette région.
Je faisais seulement un retour en arrière. Il y a plusieurs années, j'ai travaillé avec un jeune géologiste de la province du Québec. Il venait d'une ferme, et je pense qu'il possédait cet ancien instinct des fermiers qu'il est impossible d'enlever aux familles et aux autres. Il est arrivé là probablement à la fin des années cinquante ou au début des années soixante.
C'est une nouvelle région, et je sais que vous avez probablement supporté plusieurs problèmes de certaines de ces anciennes régions agraires. Dans tous les cas, je sais, qu'en tant que comité et gouvernement, nous voulons vous féliciter pour le travail que vous avez effectué dans cette région du Nord de l'Alberta. C'est une région qui a bien réussi et ce, de plusieurs façons, et encore une fois nous tirons des leçons des problèmes que vous rencontrez.
Howard veut certainement commencer avec les questions. Oh, il va demander à Myron.
M. Howard Hilstrom: Non. Je ne vais oublier personne, n'est-ce-pas?
Le président: Je pense que nous aurons assez de temps pour tout le monde. Prenons cinq minutes chacun.
M. Howard Hilstrom: Commencez, Myron. Je pense que vous allez nous parler de choses importantes.
M. Myron Thompson: Oh, quel superbe discours.
Tout d'abord, je désire faire un commentaire à Ron. Je pourrais dire d'après vos paroles que vous étiez préoccupé par votre exposé. Vous avez très bien fait, surtout parce que vous avez été capable de nous dire d'où provenaient vos dires et je pense que c'est ce qui suscite beaucoup de ces discussions. J'apprécie cela.
Aussi, je remercie Wayne et Harry pour l'importance qu'ils ont donné à l'éducation, venant moi même de cette profession -- avant que ne sois devenu fauché en devenant agriculteur, en fait -- au sein de laquelle j'ai passé de nombreuses années à essayer de mettre en oeuvre et obtenir du ministère de l'Éducation qu'il approuve davantage de cours traitant de l'agriculture; j'ai remporté tellement peu de succès en me battant pour que les cours d'éducation sexuelle soient laissés de côté et que l'on puisse parler d'autres choses importantes de la vie, ou comme il vous plaît de le décrire. Je suis d'accord avec vous sur cet aspect des choses. Quoi qu'il en soit nous pouvons faire en sorte que ce soit réalisé, et il est nécessaire que nous le fassions.
J'aimerai poser quelques questions spécifiques à Cliff, puis une autre question à Harry. Je ne pense pas que Cliff ait terminé complètement son exposé. Je pense qu'il avait certaines choses à ajouter. Il en était arrivé au stade de parler d'obtenir davantage de l'argent pour l'agriculture. Je suppose qu'il est au courant que ce dernier budget n'a absolument rien prévu pour l'industrie agricole.
Il a également mentionné les priorités du gouvernement en matière d'agriculture jusqu'à un certain point, ce en quoi je suis tout à fait d'accord. Je remarque des quantités d'argent énormes injectées dans l'enregistrement d'armes, ce qui n'est pas une chose vraiment efficace à faire. Je vois des milliards de dollars investis dans d'énormes subventions aux entreprises par l'entremise du DRHC ou autres mécanismes. Nous paraissons ignorer cet aspect des choses.
J'aimerais vous demander, Cliff, de terminer si vous le voulez bien. Pendant que vous y pensez, je vais demander à Harry s'il pouvait seulement détailler les obstacles qui risqueraient de freiner les perspectives d'avenir qu'il a visualisées pour les jeunes qui sont intéressés à devenir agriculteur à l'avenir. Quels sont ces obstacles et quels sont ceux que nous pourrions éliminer?
Nous commencerons avec Cliff.
· (1320)
M. Cliff Richards: Merci. Myron.
Je pense comprendre le problème du gouvernement fédéral. Nous accusons un déficit dans le pays, mais il existe une façon de réduire ce déficit. Je dois le faire dans ma ferme, comme n'importe quelle autre entreprise. Il nous faut créer des perspectives d'emploi et la possibilité de gagner de l'argent de façon à pouvoir imposer ces revenus. Il faut bien commencer quelque part, et je suis persuadé que nous investissons dans l'avenir.
Comme je l'ai déjà mentionné, je suis un fermier de la troisième génération. Mon fils est âgé de 25 ans et il est le quatrième. Il a deux enfants qui vivent avec nous et il ne voit pas quand il pourra prendre la suite. Il veut être agriculteur. Il a demandé: «Est-ce que je peux louer quelques-unes de tes terres?» et je lui ai répondu: « Va demander à ton grand-père.» Son grand-père l'a installé. C'est ce qu'il voulait faire. Mais il ne peut pas acheter de terres agricoles maintenant en raison des prix trop élevés pratiqués par rapport à la quantité de produits que nous pouvons tirer de cette terre. Vous pouvez seulement contenter effectivement des porcheries intensives ou des élevages de bovins intensifs.
Si vous comprenez ce que je veux dire, nous devons assurer que nous faisons quelque chose de rentable et que nous allons pouvoir maintenir cet état de chose. Si nous éprouvons des difficultés à financer notre activité... J'ai toujours pensé que la plus grosse erreur que le gouvernement n'avait jamais faite était de ne pas autoriser la TPS sur les aliments. Mais si nous avons de la TPS sur les aliments, il faut faire en sorte qu'elle soit bien destinée à l'agriculture et nous devrions mettre en place certains paramètres sur ce que cette taxe va financer et ce qu'elle ne va pas financer. Elle ne doit pas servir à financer des routes, parce que là-bas, les industries du pétrole et du bois ont tout aussi besoin de ces routes que l'industrie céréalière.
Vous m'avez posé une question au sujet de l'argent, et je suis persuadé qu'il nous faut trouver un moyen. Je pense qu'il est très important de consulter l'industrie avant que les décisions ne soient prises à l'Est, ou ailleurs, car je crois que vous pourrez vous rendre compte mieux et plus précisément de ce que sont nos objectifs.
Le vice-président (M. Howard Hilstrom (Selkirk--Interlake, Alliance canadienne)): Myron, il vous reste une minute. Désirez-vous entendre d'autres commentaires de la part de ces messieurs?
M. Myron Thompson: J'aimerais entendre Harry.
M. Harry Schudlo: Vous parlez d'un jeune fermier qui reprend la ferme, et quel est l'obstacle qui l'en empêche?
M. Myron Thompson: C'est exact.
M. Harry Schudlo: Eh bien, l'âge des fermiers actuels est de plus de 55 ans; la plus grande partie des fermiers est âgée de plus de 55 ans. Les pressions d'ordre financier qui sévissent aujourd'hui sur la ferme... Il déclare: «Fils, continue à me suivre et un jour elle t'appartiendra.». Le père est âgé de 80 ans et le fils de 60 ans et il suit toujours son père. Je pense que nous avons besoin de mettre en place certaines mesures incitatives, exemptées de taxes, pour que le père soit prêt à léguer sa ferme plus tôt à son fils, qui pourraient consister éventuellement en une baisse d'intérêt, permettant au fils de racheter la ferme.
Trop d'enfants ont peur de s'endetter d'un million de dollars dès le départ. C'est ce qu'il faut pour acheter une ferme rentable de nos jours. Il est nécessaire d'établir des partenariats. En parlant de partenariat, je pense que le père devrait être récompensé pour donner la ferme à son fils. C'est la seule chose à laquelle je peux penser maintenant.
· (1325)
M. Myron Thompson: Vous avez parlé de certaines choses qui vous empêchent de vous orienter vers la valeur ajoutée.
Le vice-président (M. Howard Hilstrom): Dépêchez-vous, Myron.
M. Myron Thompson: Est-ce que j'ai fini?
Le vice-président (M. Howard Hilstrom): Oui, vous avez épuisé votre temps.
M. Myron Thompson: Vous avez mentionné l'existence de réels obstacles. Si vous pouviez en parler brièvement, puis le sujet sera clos.
Le vice-président (M. Howard Hilstrom): Vous disposez de 30 secondes. Très rapidement alors, puis ce sera au tour de Murray.
M. Myron Thompson: Je croyais que vous êtiez de mon côté.
Le vice-président (M. Howard Hilstrom): La présidence est neutre.
M. Harry Schudlo: Ajouter de la valeur en augmentant les investissements dans la fabrication.
M. Myron Thompson: Qu'est-ce qui freine la valeur ajoutée?
M. Harry Schudlo: C'est l'investissement des capitaux qui l'arrête, ainsi que les achats en retour de la Commission canadienne du blé.
Le vice-président (M. Howard Hilstrom): Merci beaucoup.
Nous allons écouter maintenant Murray Calder.
M. Murray Calder: Merci beaucoup, monsieur le président.
Cliff et Irv, je vais vous parler brièvement des lignes ferroviaires de courtes distances. En fait, vous aurez peut-être envie d'approfondir le sujet une fois que nous avons terminé.
J'ai bien réussi avec deux lignes ferroviaires sur courtes distances en Ontario. L'approche que j'ai utilisée était que les plaintes les plus importantes de la ligne ferroviaire portait sur les impôts fonciers qui représentent l'un de leurs frais généraux. L'approche est d'utiliser les municipalités pour acheter le droit de passage et l'usine. Elles peuvent utiliser l'usine, qui en fait a été achetée par l'entremise des chemins de fer à un prix dérisoire, car la plupart des voies de chemin de fer sur les lotissements n'est pas un rail de réemploi sur une ligne principale, quoi qu'il en soit.
Avec les municipalités, le droit de passage n'a pas à être acheté nécessairement, mais il peut être donné aux municipalités. Si vous allez passer des lignes ferroviaires à quelque chose d'autre, il doit y avoir une évaluation environnementale qui va probablement faire peur aux lignes ferroviaires de toutes les façons.
Les municipalités ne paient pas d'impôt à la mairie. Elles ne paient pas d'impôt sur le droit de passage même s'il leur appartient. Ensuite, il suffit d'entretenir une autoroute en métal, et de trouver un exploitant de ligne courte pour exploiter et louer la ligne par wagon. Si vous voulez approfondir la question, je serais ravi de le faire.
Harry, je veux revenir vers vous et vous parler de deux choses. Vous et Wayne avez soulevé la question de l'éducation sur la ferme. Actuellement, 96 p. 100 de la population du Canada ne connaissent même pas les produits de saison. Ils vont à l'épicerie et ils y trouvent des oranges, des broccolis et des asperges. Vous y allez tous les jours pour en acheter. Certes, 96 p. 100 des Canadiens ne savent plus quels sont les produits de saison et cela nous pose un problème considérable. Il est important d'enseigner cela en classe et je pense que c'est quelque chose sur lequel nous devons travailler d'un point de vue fédéral et provincial.
Vous avez tous les deux également soulevé la question relative au tranfert de génération en génération et cette question est primordiale. Dans les années cinquante et soixante, la ferme était généralement donnée à la génération suivante et cette dernière prenait soin de la génération à la retraite. Maintenant la ferme est achetée. Je ne sais pas comment nous allons pouvoir éviter cela. Si vous avez des idées, par exemple sur la façon dont la génération suivante voit le transfert de génération en génération, peut-être pouvez-vous me donner quelques conseils.
M. Harry Schudlo: Je pense que l'obstacle majeur à l'heure actuelle est la dépense d'une maison. Les fermiers aujourd'hui ne disposent pas de suffisamment d'économies pour leur retraite. Ce qui soulève le problème qu'il leur faut vendre pour obtenir de l'argent. Ils s'en servent jusqu'à l'obtention de leurs pensions. Le jour où ils l'obtiennent, ils sont tellement endettés qu'ils ne peuvent se permettre de léguer la ferme à leurs fils. Il serait peut-être possible de développer une sorte de programme permettant l'octroi des pensions plus tôt, par exemple à l'âge de 55 ans.
Je sais que l'entente de Whitehorse sur le renouvellement vise à aider les fermiers, mais comment allez-vous faire boire un cheval lorsque vous l'amenez près de l'eau? Vous n'allez pas commencer à éduquer des types de 55 à 60 ans. Ils doivent prendre leur retraite avec seulement leurs biens ou ce qu'ils reçoivent de leur ferme.
· (1330)
Le vice-président (M. Howard Hilstrom): Les lignes ferroviaires sur courte distance constituent une réponse alors.
Vous aviez demandé à en savoir plus sur les lignes ferroviaires sur courte distance?
M. Murray Calder: Je leur ai probablement fourni plus d'information qu'il n'en faut.
Je pense que si nous en parlons plus tard, je peux vous expliquer davantage de quelle façon j'ai réussi.
M. Irv Macklin: D'accord. J'avais le sentiment qu'aucune réponse n'était souhaitée.
M. Murray Calder: Oui, c'est exact.
Le vice-président (M. Howard Hilstrom): Est-ce plus ou moins votre question? D'accord.
Monsieur Proctor.
M. Dick Proctor: Merci beaucoup, monsieur le président, et je tiens à remercier toutes les personnes qui ont fait des exposés.
Je vais vous poser trois questions et vous aurez la possibilité d'y répondre. Je pense à trois personnes en particulier, car les problèmes soulevés étaient spécifiques.
Cliff Richards, vous avez mentionné que vous aviez des bisons et vous étiez préoccupé par la viande de cheval et les prix. Vous êtes seulement le deuxième intervenant qui soit un éleveur de bisons et je n'ai pas eu l'occasion de lui poser la question. Aussi, j'aimerai que vous nous parliez un peu de ce dont vous avez besoin.
Ron, vous êtes préoccupé par l'absence d'un inspecteur des grains canadiens dans cette partie du monde. Aussi, j'aimerais vous entendre à ce sujet.
Harry, vous avez dit que la traçabilité, l'origine et la santé sont très importantes pour le consommateur. Nous sommes tous d'accord là-dessus. Récemment, l'United States Department of Agriculture indiquait qu'il examinait les étiquettes du pays d'origine sur la viande rouge. Je n'ai pas bien compris si vous aviez des boeufs ou des porcs, mais je me demande ce que vous penseriez de l'incidence que cela va avoir sur ce pays et sur nos éleveurs de bétail.
Retournons en arrière et commençons avec Cliff, puis nous ferons le tour.
M. Cliff Richards: En ce qui concerne les bisons, je pense que le facteur décisif est que l'Association canadienne du bison va avoir besoin de l'aide du gouvernement fédéral lors des prochaines discussions de l'OMC qui se dérouleront cet automne, je pense. Dans l'état actuel des choses, le droit du bison relève maintenant de la viande rouge, qui comprend le boeuf et le porc, je crois. La viande de cheval n'est pas inclue, car les Européens veulent de la viande rouge, et il n'y a pas de prix sur la viande de cheval exportée en Europe.
Il nous faut séparer le bison et le wapiti de la viande rouge et la laisser isolée. Il existe en Europe de fabuleux marchés que nous ne pourrons satisfaire pendant des années pour la viande de bison qui seront très rentables pour le producteur.
Voici une lueur d'espoir pour la diversification dans ce pays. Pratiquement 25 p. 100 des bisons se trouvent ici dans la région de Peace, et il s'agit donc d'environ 50 000 stocks de géniteurs. Nous pouvons pouvons faire durer cela assez longtemps, mais il nous faut également nous faire aider quant au problème du buffle.
Je crains que vous ne finissiez pas avoir à vous battre à ce sujet avec le service qui s'occupe des espèces sauvages du gouvernement. Cela pose un réel problème portant sur la gestion des risques des régions du Nord... Il va nous falloir nettoyer ce parc. Et c'est également au détriment de l'industrie du bétail--la tuberculose.
Le vice-président (M. Howard Hilstrom): Pourrais-je vous interrompre brièvement avant la prochaine réponse?
M. Cliff Richards: Oui, certainement.
Le vice-président (M. Howard Hilstrom): Nous aimerions clarifier cela pour l'enregistrement.
Vous voulez probablement parler de la tuberculose et du charbon au parc national Wood Buffalo?
M. Cliff Richards: C'est exact.
Le vice-président (M. Howard Hilstrom): C'est le problème que nous rencontrons au Manitoba. Les troupeaux de wapitis du parc national du Mont-Riding sont atteints de tuberculose et bien sûr, cela relève de La Fondation Héritage Canada.
Je vous remercie. La prochaine réponse nous vient de Ron.
M. Ron Matula: Dick, je vous remercie de m'avoir écouté.
Pour répondre à votre question, Wild Rose essaie d'obtenir une installation d'inspection des grains pour la région de Peace.
J'ai assisté à une réunion il y a une semaine, le 15 février, et la brûlure de l'épi causée par le fusarium semblait être un problème important. Pour être honnête avec vous, j'ai vraiment été effrayé. Nous disposons d'une petite région saine dans laquelle nous cultivons nos céréales, mais nous n'avons par ce problème de la brûlure de l'épi causée par le fusarium. Il sévit dans toute la région sud du Manitoba et dans la moitié du Saskatchewan, et il continue à se déplacer vers l'Alberta. Et ce n'est par rien. Cela touche l'orge comme les céréales.
Si le gouvernement fédéral pouvait nous aider de quelque façon que ce soit en évitant que notre région ne soit touchée... car déjà les céréales ne valent pas grand chose, et si nous avons cette maladie, nous ne pourrons même plus les vendre et nous sommes perdus.
Je pense avoir été un peu plus clair.
M. Dick Proctor: Je vous remercie.
· (1335)
M. Harry Schudlo: S'agissant de l'étiquetage, je ne suis pas un éleveur de bovins, je cultive les céréales exclusivement. Toutefois, la Canadian Cattlemen's Association et l'Alberta Cattle Commission assurent une excellente promotion du boeuf. Nous sommes renommés au Canada pour être les meilleurs et nous ne devrions pas avoir peur de l'étiquetage, tant que le consommateur en supporte les dépenses.
M. Dick Proctor: Vous n'avez pas de souci à vous faire.
Je vous remercie, Harry.
Le vice-président (M. Howard Hilstrom): Merci beaucoup.
Monsieur Steckle.
M. Paul Steckle: J'ai entendu au cours de ces deux dernières journées beaucoup de commentaires sur la recherche et sur la façon dont le gouvernement investissait dans la recherche. J'ai également dû me poser la question--je suppose que l'éducation y est pour quelque chose--de quelle façon pouvons-nous éduquer les gens?
Nous vivons dans un pays dans lequel il y a trois générations, tout le monde vivait dans une ferme ou venait tout droit d'une ferme. Mon collègue nous a dit qu'environ 96 p. 100 des Canadiens ne savaient pas quelles étaient les récoltes et les produits de saison.
Je suppose qu'en tant que gouvernement, lorsque nous nous penchons sur l'avenir de l'agriculture, la question est de savoir sur quoi le gouvernement s'est trompé et comment mieux positionner le gouvernement pour qu'il puisse vous aider, surtout dans les marchés à crénaux, car, il est évident que le gouvernement n'est pas intéressé par ces marchés à créneaux. Je pense qu'il pourra pourvoir à ces marchés à crénaux, mais je me demande comment nous pouvons satisfaire les gens--et, Harry, est je pense l'un des ces agriculteurs à avoir développé ces marchés.
Le gouvernement peut-il vous aider davantage--sans toutefois s'immiscer? Souvent ce que nous faisons est considéré comme une façon de s'immiscer, plutôt que d'aider. Il nous faut trouver des moyens pour que le gouvernement participe proactivement, car les succès que nous avons connus dans le domaine de l'agriculture viennent de ces personnes qui sont parties de leur côté pour trouver des moyens permettant de donner satisfaction aux agriculteurs. Ce n'est pas le résultat des actions du gouvernement.
Je pense toutefois que nous devons être présents comme des compagnons pour vous aider et assumer le rôle de facilitateur. Que pourrions-nous faire, que nous n'avons pas encore fait pour orienter nos investissements dans la recherche et l'aménagement et développer ainsi des marchés à crénaux et aider les gens à apporter leurs produits sur ces marchés?
Je m'adressais à Harry, bien-sûr, et je pense que Cliff m'a regardé comme s'il avait quelque chose à ajouter à ce sujet. Je ne m'y oppose pas. La présidence est le seul facteur contraignant.
M. Harry Schudlo: Oui, je connais des marchés à crénaux, et ils ont probablement été découverts par les cammionneurs qui sillonnent nos provinces. Les coûts sont un peu plus élevés, mais le service est excellent. Toutefois, les cammionneurs ont une influence sur nos routes. Cela ne me concerne pas, car il s'agit là d'un problème d'ordre social. Il va falloir que le gouvernement améliore ces routes et cela sera coûtera certainement plus cher au gouvernement, en raison du réseau routier plus étendu.
Mais je fais confiance au cammionneur. Il va livrer mes produits à Washnigton et il reviendra avec un chèque, il prendra un autre chargement sans poser de questions. Je sais exactement quel va être mon bénéfice net sur mes produits. Je possède une clientèle établie et je continue mon exploitation. Je sais exactement ce que je vais gagner à la fin de la journée. Les conditions météorologiques sont les seuls obstacles.
M. Paul Steckle: Est-ce que quelqu'un d'autre aimerait faire quelques commentaires à ce sujet? John?
M. John Sloan: D'un façon générale, mais non sur un sujet particulier.
M. Paul Steckle: Eh bien, sur le sujet général portant sur la façon dont la politique du gouvernement perturbe ce que nous essayons de réaliser. Je sais que la Commission canadienne du blé est toujours considérée par certaines personnes comme étant l'un de ces organismes qui fait obstacle au développement de ces marchés. Ça peut être génant. Mais vous pensez peut-être à d'autres choses.
Le vice-président (M. Howard Hilstrom): Irv.
M. Irv Macklin: Monsieur le président, le gouvernement par sa nature propre semble vouloir développer des programmes accompagnés de tout sorte de réglements qui prévoient tous les abus et tout ce qui risque de mal se passer avec un programme particulier. Ensuite, il se demande pourquoi, par exemple, ce programme ne satisfait pas les entrepreneurs ou les innovateurs.
Une autre chose, je pense que l'innovation, en grande partie vient des personnes individuelles. Aussi, nonobstant l'aide du gouvernement ou la distribution des produits ou ce que l'on pense après coup ne pas avoir réussi, particulièrement si ces personnes sont privilégiées, j'ai remarqué que la plupart du temps, lorsque vous essayez de découvrir ou d'inventer quelque chose, plus nombreuses les personnes qui participent, plus votre programme sera difficile à mettre en œuvre.
Par conséquent, si le gouvernement souhaite aider, je pense qu'il devrait songer à abandonner ce réglement qui dit que vous devez être les premiers à aller le voir, lorsque vous avez une idée. Si vous ne le contactez pas en premier, alors, il refusera de vous financer.
Je pense par exemple à une rampe à accès réglementée qui, je crois est conforme aux normes sur l'environnement qui garderait l'eau pure et serait particulièrement utile surtout à l'automne lorsqu'il gèle. L'ARAP ne financera pas après coup et elle n'apprécie pas particulièrement cette idée au départ. Donc, vous lui démontrez que l'idée est bonne et elle la financera éventuellement, mais il est très probable qu'elle ne le fera pas car elle ne finance jamais quelque chose après coup.
Aussi, si vous voulez encourager les Canadiens à venir avec une idée qu'ils ont déjà élaborée, pour chercher un financement, et laisser la porte entrouverte, vous allez certainement encourager davantage non seulement les entrepreneurs attelés à développer une idée, mais aussi tout un groupe de bureaucrates qui peuvent être coopératifs, comme ils peuvent ne pas l'être.
· (1340)
Le vice-président (M. Howard Hilstrom): Merci.
Nous allons continuer et écouter monsieur Rick Borotsik.
M. Rick Borotsik: Je vour remercie.
John, j'ai été assez intrigué par votre concept d'une Farm Bill canadienne. Nous avons touché à tous les aspects, ici et là, dare-dare, mais en tant que concept, tout ramener dans une Farm Bill et de savoir ce que va devenir l'agriculture au Canada, est assez étonnant, au point où vous avez également parlé de la contribution qu'apporte l'agriculture à l'environnement. Vous avez parlé de la contribution de l'agriculture aux systèmes écologiques, à l'habitat. Nous savons tous ce qui vient de l'agriculture. Comment pourriez-vous chiffrer la contribution de l'agriculture à cet égard?
À propos, nous parlons en Europe de multi-fonctionnalité, et c'est ce à quoi vous faites allusion, dans cet aspect des choses. Comment pourriez-vous chiffrer la contribution de l'agriculture sur ces éléments?
M. John Sloan: Je n'ai pas abordé la question des éléments de coût. Toutefois, en termes de crédits et de débits --
M. Rick Borotsik: Voilà ce que je recherche, les crédits et les débits, la contribution.
M. John Sloan: Le pays est le principal gagnant, notre société.
M. Rick Borotsik: C'est ce qu'ils ont fait en Europe et c'est la raison pour laquelle ils semblent soutenir l'agriculture. Aussi, j'aimerai que vous nous disiez comme nous --
M. John Sloan: En Europe, Ia confiance accordée aux subventions est très importante.
M. Rick Borotsik: Bien, c'est ce que vous appelez des subventions.
M. John Sloan: Des subventions, des programmes... Il y a une tendance à retenir de nombreux producteurs sur la terre, ayant pour conséquence d'apporter d'autres services qui bénéficient à toute la population, à la société.
M. Rick Borotsik: Pouvons-nous donner une valeur à cela, une valeur de société?
M. John Sloan: Une valeur de société à l'agriculture? Dans le cadre de la proposition ALUS des Keystone Agricultural Producers, on parlait alors de quelques dollars par acre.
M. Rick Borotsik: Ron, vous avez dit que vous étiez récemment retourné à l'agriculture, depuis maintenant quatre ans. Pouvez-vous me dire pourquoi vous avez pris cette décision? Vous avez également mentionné que nous aviez subi deux échecs en quatre ans. Pourquoi êtes-vous resté dans le domaine?
M. Ron Matula: Rick, j'adore le travail. C'est tellement différent de ce que je faisais avant. Je suis né et j'ai grandi sur une ferme. Nous avions des cochons et des vaches, tout ce que voulez. Quand j'ai eu 16 ans, je suis parti en douce et je n'y suis jamais retourné jusqu'à ce que mon père ait dépassé ses soixante-dix ans. Je viens d'une assez grande famille, mais certains membres de ma famille étant partis, j'ai décidé de revenir pour l'aider. Il ne peut pas vendre sa ferme. J'imagine qu'il ne pouvait pas obtenir ce qu'il voulait. Il a mis tellement de lui-même dans sa ferme, pendant de si nombreuses années, qu'il ne peut pas la vendre au premier venu. Je crois qu'il aimerait que je le remplace, mais c'est pratiquement impossible.
Il y a quelques années, je suis allée voir ma banquière préférée, celle avec qui je fais affaire depuis si longtemps et elle m'a ri en pleine face. Elle m'a dit qu'il était impossible d'acheter une ferme aujourd'hui, et j'ai compris que c'était un signal. Pourquoi? C'est une activité viable, c'est une activité dont nous avons besoin.
Enfin, j'y suis encore, parce que mon père m'a aidé. C'est la seule façon dont j'aurais pu rester dans le domaine et--
· (1345)
M. Rick Borotsik: Est-ce qu'il possède un compte CSRN, par hasard?
M. Ron Matula: Oui, en effet.
M. Rick Borotsik: C'est ce que je pensais.
M. Ron Matula: Oui, le CSRN est une aide précieuse.
M. Rick Borotsik: Pour votre père, ce l'est.
M. Ron Matula:: Oui, je ne pourrais pas avoir droit au CSRN; j'y suis arrivé trop tard. Je n'ai pas connu assez de ventes céréalières.
M. Rick Borotsik: En passant, j'estime que le CSRN est un excellent programme.
M. Ron Matula: Je suis bien d'accord, c'est un soutien merveilleux.
M. Rick Borotsik: Comme je l'ai dit précédemment, ce programme a été mis en place par un autre gouvernement. Comme ce fut le cas du RARB, qui est un autre très bon programme --
M. Ron Matula: Mais, c'est un cadeau, Rick.
M. Rick Borotsik: J'imagine que pour votre père, le CSRN est un programme avantageux, mais je ne rentrerai pas dans les détails.
J'ai une autre question à poser, si vous me le permettez.
Je crois que Cliff avait signalé que peut-être les prix des terres étaient trop élevés. Avez-vous mentionné cela? Pouvez-vous me dire pourquoi les prix des terres sont si élevés, lorsque nous avons parlé des difficultés dans le milieu de l'agriculture et que vous aviez connu deux années d'échec sur quatre? En faisant vos calculs, comment êtes-vous en mesure de payer de tels prix et pourquoi ces terres sont-elles si onéreuses?
M. Cliff Richards: Je pense qu'en partie, ces prix s'expliquent pas le fait qu'ici il n'existe pas de politique canadienne sur la propriété de terres agricoles. À Grande Prairie, le champ de pétrole est en plein essor, c'est pourquoi l'argent qui y est relié sort. Dans la région, si vous voulez acheter quelque chose, vous devrez débourser entre 30 000 $ et 50 000 $. Puis, vous réalisez qu'il y a dix ans, un quart de section vous aurait coûté 60 000 $ ou 70 000 $, alors que maintenant vous devez verser au moins 110 000 $. Vous ne pouvez faire des profits des récoltes obtenues.
M. Rick Borotsik: Mais, on les achète ces terres.
M. Cliff Richards: Oui, c'est vrai, La terre change de main, et vous allez vous retrouver autour des grands centres, entouré probablement de fermes d'agrément toutes scindées. Au cours des cinq dernières années, la région a permis aux surfaces cultivées d'être vendues, parce qu'elles sont une taxe déguisée; c'est une autre façon de créer des revenus. Ainsi, notre base agricole s'éloigne de plus en plus. Vous savez tous que ceci se produit autour des grandes villes. Vous n'avez qu'à jeter un coup d'œil sur une carte et voir ce que l'expansion tentaculaire des villes fait.
En Europe, vous devez posséder un certificat vert pour posséder des terres agricoles, ce qui signifie quatre ans de formation agricole postsecondaire, autrement dit, un diplôme universitaire. Ainsi, un citoyen normal ne peut posséder de terres agricoles, à moins qu'il les hérite.
Le vice-président (M. Howard Hilstrom): Je vous remercie de votre réponse.
Bien entendu, nous savons que les terres agricoles sont la responsabilité de la province. Nous avons appris qu'en Saskatchewan, il existe un programme de propriété restreinte pour les personnes vivant à l'extérieur de la province et les terres de la Saskatchewan sont beaucoup plus abordables. Je ne sais pas s'il faut recommander ce programme ou non. J'imagine que cela dépendrait de plusieurs facteurs. Mais, c'est un bon point.
Rose-Marie, aviez-vous une question à poser?
Mme Rose-Marie Ur: oui.
Avant de partir, M. Davies avait fait un exposé sur l'agriculture à l'école, et en Ontario, nous avons un tel programme. Je ne sais pas à quel niveau scolaire vous vous référez, élémentaire ou secondaire, mais je peux vous assurer que ce programme est très avantageux pour notre communauté et il est très bien reçu. Existe-t-il un programme de ce type ici en ce moment qui servirait à éduquer nos jeunes? Ce sont eux qui peuvent transmettre le message à leur famille?
M. Wayne Davies: À ma connaissance, l'école n'offre rien qui ressemble à un cours sur l'agriculture. Ils apprennent que les cultivateurs font pousser du blé ou que «la bière est faite avec de l'orge», mais c'est tout.
Mme Rose-Marie Ur: Ah bon.
Continuez
· (1350)
M. Ray Matula: J'ai deux fils qui sont à l'école et l'année dernière, ils ont entendu parler d'un cours sur l'agriculture, mais rien ne s'est concrétisé.
Mme Rose-Marie Ur: D'accord.
On a mentionné à de nombreuses reprises que nous avons besoin de transmettre de l'information à la communauté urbaine concernant les réalités de l'agriculture et la provenance de nos aliments. Nous avons également entendu, sans rien apprendre de nouveau, que les politiciens ne sont pas tenus en grande estime, que ce soit en Alberta ou en Ontario.
Sinon, il est clair que nous ne savons pas du tout comment faire communiquer notre message. Nous autres agriculteurs, et j'en étais une auparavant, ne sommes pas des râleurs. Nous voulons simplement une valeur marchande équitable et non des subventions. Nous sommes des preneurs de prix et non des fixeurs de prix, et c'est ce message que nous devons diffuser.
Quelle serait la meilleure façon de propager ce message? Je ne crois pas que l'arène politique fonctionne. À un certain moment, j'étais l'adjointe d'un membre du Parlement et je peux vous assurer que, lorsque ce genre d'information était retransmis par le membre précédent et que je ramassais le courrier, la poubelle à côté de la boîte aux lettres était remplie de l'information que nous tentions d'envoyer à ses électeurs. Quelle serait donc la meilleure voie à suivre pour faire diffuser notre information sur l'agriculture.
M. Wayne Davies: À ma connaissance, la seule façon de procéder est d'aller dans les écoles pour proposer un cours sur l'agriculture. Sinon, vous envoyez de l'information qui, comme vous l'avez remarqué, aboutit dans la poubelle. Ce n'est qu'en étant présent dans les écoles que nous pourrons faire entendre notre message. Les jeunes rapportent à la maison ce qu'ils ont trouvé intéressant et les parents en entendent parler à leur tour. D'après ce que j'ai pu constater, les élèves les plus enthousiastes sont ceux du niveau élémentaire. Amenez les enfants de l'élémentaire dans une ferme -- même à un zoo pour enfants. S'ils ont la chance de voir une exposition itinérante, qui se déplace d'école en école -- même sur des modèles réduits de silos ou autres -- ces jeunes parleront de ce qu'ils ont appris et bien vite, tout le monde sera au courant.
Mme Rose-Marie Ur: Nous avons un autre programme en Ontario qui est très populaire dans ma circonscription du sud-ouest de l'Ontario. Il concerne la sécurité à la ferme et implique de nombreux jeunes. Au début, nous ne comptions que 25 ou 30 élèves, alors que maintenant, il y en a 200 à 250. La première fois que j'ai participé à une telle visite, j'ai été aussi ébahie et mes yeux étaient tout aussi grand ouverts que ceux des jeunes plein d'énergie, à mesure que je découvrais ce qui peut se passer si l'on ne manipule pas le matériel agricole avec prudence.
Cette façon de faire est également excellente. Les familles agricoles sont si occupées de joindre les deux bouts et quelquefois de rogner sur les coûts, que ce sont les jeunes qui éduquent leurs parents ou les membres de leur famille sur les précautions à prendre sur la ferme. Que ce soit pour découvrir d'où vient la nourriture ou pour en apprendre plus sur la sécurité ou le fonctionnement d'un équipement, tout ce savoir est un outil précieux à rapporter à la maison.
M. Ron Matula: C'est vrai, Rose, je crois que vous venez de toucher un point très important. L'agriculteur doit être mécanicien, soudeur, biologiste. Il doit tout savoir. Et si toutes ces connaissances pouvaient être inculquées à l'école… Lorsque je grandissais, je me rappelle toujours ce que disait mon employé: «Ça c'est un gars de la ferme, prenez-le. Ils apprennent beaucoup plus que ceux de la ville».
Mme Rose-Marie Ur: Je vous remercie, monsieur le président
Le vice-président (M. Howard Hilstrom): Je vous remercie.
Le président a bien sûr la prérogative, mais en tant que président intérimaire, je me permettrai de faire un petit commentaire moi-même et de poser la prochaine question. Cela se fait souvent.
L'assurance-récolte a souvent été décrite comme un programme qui fonctionne assez bien ou qui peut être amélioré et c'est un des messages que nous rapporterons avec nous pour chercher un appui.
J'aimerais poser une question. Si vous pouvez tous prendre un stylo pour écrire un petit commentaire sur chacun de ces problèmes, vous vous en rappelerez. Ma question concerne les programmes non subventionnés qui pourraient permettre d'augmenter le revenu de vos fermes. Dites-moi s'ils le permettront ou non.
Au moment où nous nous parlons, l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire n'enregistre pas les produits chimiques aussi rapidement que les groupes agricoles et l'industrie le souhaiteraient. Il faut tenir compte du coût de l'enregistrement. Tous ces coûts sont répercutés sur l'agriculteur.
Les frais d'utilisation, la plupart desquels pourraient être facilement considérés comme un avantage pour tous les Canadiens et non seulement pour les agriculteurs, pourraient être réduits.
En ce qui concerne le problème du commerce, nous avons la Commission canadienne du blé et notre relation avec notre plus grand partenaire commercial, les États-Unis. Pourriez-vous avoir plus d'argent si cette relation était en meilleure forme?
Puis, il y a les taxes d'accise sur le carburant diesel et l'essence agricole. Si on les éliminait complètement, est-ce que votre bénéfice net serait-il amélioré?
En ce qui concerne le Protocole de Kyoto, y aurait-il un risque que les coûts agricoles augmentent?
Est-ce que la Loi sur les espèces en péril ajouterait-elle des coûts?
Puis, il y a la question de commercialisation de la Commission canadienne de blé. Nous avons entendu les cultivateurs d'orge et de blé. Certains disent que les coûts augmenteraient et d'autres non.
Est-ce que le ministère des Pêches et des Océans a-t-il ajouté des coûts à votre problème de drainage dans cette région? Je ne suis pas sûr que le drainage soit un problème, mais nous en avons entendu parler dans d'autres provinces.
Puis, nous devons considérer si oui ou non quelque chose comme le programme d'étalement quinquennal sur l'impôt sur le revenu devrait être remis sur pied. Il était en place auparavant. Est-ce que ce programme pourrait-il aider? Ce ne serait pas une subvention directe, mais le programme pourrait aider.
Voici quelques points et il y en a d'autres. Est-ce que ces secteurs pourraient-ils réduire les coûts et vous laisser plus d'argent?
Voudriez-vous apporter des commentaires? Claude, vous n'avez pas eu l'occasion de parler depuis un moment. Voudriez-vous dire quelques mots à ce sujet?
· (1355)
M. Claude Smith: Je répondrai aux points sur lesquels j'ai une opinion. Je ne suis pas renseigné sur tous.
On a examiné les avantages et les inconvénients de la Commission canadienne du blé depuis de nombreuses années. Pour répondre à votre question, peut-être que cet organisme n'est pas la bonne solution, mais si nous le perdons, allons-nous nous le redonner ? J'aime vivre dans un pays de libre entreprise, mais l'idée de la libre entreprise est de faire de l'argent. Quelquefois, les agriculteurs peuvent être coincés dans ce marché. Ils doivent acheminer leurs produits, ils doivent payer leurs factures et ils sont à la merci de la libre entreprise qui les incite à faire des bénéfices. Je parle en particulier des chemins de fer et des silos. Je me garde de renoncer à la Commission canadienne de blé.
Le vice-président (M. Howard Hilstrom): Est-ce que quelqu'un d'autre voudrait commenter ces points?
M. Claude Smith: J'estime que la remise sur place du programme d'étalement quinquennal pourrait aider.
M. Irv Macklin: Je comprends que nous vivons dans un pays à l'économie réglementée. Vous gagnez votre vie avec une profusion de dépenses et de revenu. Je suis d'avis que toute modification des points que vous avez mentionnés est positive.
J'aimerais faire une remarque sur le problème du commerce. Il y a deux ans, mon adhésion à la Commission de l'élevage bovin de l'Alberta coûtait 500 $. Il s'est avéré que j'avais vendu 250 têtes de bovin à un prélèvement de 2 $. C'est un droit d'adhésion assez considérable. Le revenu de cette Commission était de 6 ou 7 millions de dollars. Elle a entamé un mécanisme pour régler un différend commercial avec un groupe d'avocats des États-Unis et du Canada et le revenu de l'année en cours fut dépensé sur un différend commercial international. Je crois que ceci devrait avoir été du domaine du gouvernement fédéral, puisque presque au même moment, elle a garanti à Bombardier une caution d'environ 1 milliard de dollars pour son différend avec le Brésil.
Alors c'est sûr que tous ces programmes permettent d'augmenter le revenu agricole. Le Protocole de Kyoto, lorsque nous entrerons dans une nouvelle ère de crédits d'émissions et de bureaucrates qui décident ou non si les émissions sont absorbées par la terre ou si elles se dégagent directement dans l'atmosphère.... L'élaboration de politiques sur toutes ces considérations est très délicate. C'est une jungle dans laquelle nous ne faisons que pénétrer. Je crois que tous ces commentaires, oui, toutes ces considérations doivent être prises en compte.
¸ (1400)
Le vice-président (M. Howard Hilstrom): John et Cliff, aviez-vous des commentaires à ajouter? John en premier.
M. John Sloan: J'aimerais faire un commentaire sur l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire. Je favorise la sécurité. Je souhaite que les vérifications adéquates soient effectuées avant la mise en pratique et l'acceptation de produits. Cependant, je favorise le partage de l'information interprovincial et interétatique entre le Canada et les États-Unis. Il semble qu'en matière de règlements, d'énormes obstacles financiers gênent les agriculteurs américains et canadiens.
Le vice-président (M. Howard Hilstrom): Ce que vous décrivez ici se rapporte à l'harmonisation et à l'utilisation de l'information scientifique de chaque pays. Est-ce que c'est ce que vous voulez dire?
M. John Sloan: Oui, chaque pays, chaque province, chaque état.
Le vice-président (M. Howard Hilstrom): Et de le reconnaître.
Cliff, avez-vous des commentaires à ce sujet?
M. Cliff Richards: Oui. Sur la lutte antiparasitaire. Je crois qu'il est très important que nous prenions notre temps, en nous assurant que l'utilisation des produits que nous recevons est sécuritaire.
Je me souviens d'un produit, un inoculant granulé sur tourbe servant à produire la nodulation chez les pois. En moins de deux ans, ils ont trouvé dans l'inoculant un pathogène humain atteignant les poumons. Heureusement que c'était votre chercheur du gouvernement fédéral de Beaverlodge qui travaillait sur une forme granulaire qui a découvert la présence de ce pathogène humain. Ce produit n'aurait pas dû avoir été introduit sur le marché sans avoir été analysé, car il a réellement causé des affections pulmonaires aux agriculteurs qui l'ont utilisé.
D'un autre côté, l'harmonisation est également extrêmement importante. Je pense au traitement du canola qui fut perdu cette année. Il existe une grande quantité de canola traité dans le système et le règlement actuel dit: «Il n'est plus». Nous aurions dû favoriser la sortie de ces résultats du système, en disant «Soyez prêt pour l'année prochaine». Mais, ce fut un arrêt simple.
D'après ce que je peux voir, beaucoup de ces problèmes sont causés par une absence de dialogue. Il faudrait passer plus de temps ici à poser des questions et à réfléchir de façon pratique avant de prendre des décisions qui se retournent contre nous, qui nous affectent et qui ne peuvent quelquefois pas être renversées.
Le vice-président (M. Howard Hilstrom): Je vous remercie beaucoup.
Nous nous rapprochons de la fin de notre séance. Je voudrais inviter ceux qui sont assis au fond de la salle à faire de brefs commentaires. Vous nous avez entendu discuter de nombreux problèmes aujourd'hui. Y a-t-il quelqu'un parmi vous qui veut partager ses opinions? Vous avez deux minutes pour vous exprimer. Je vous prie de commencer. S'il vous plaît, rapprochez-vous et parlez plus fort. Vous avez seulement deux minutes pour vous exprimer.
M. Art MacKlen (témoigne à titre personnel): Je vous remercie, Monsieur le président.
Je m'appelle Art MacKlen. J'ai une ferme au nord-est de Grande Prairie: je cultive le blé et l'orge et j'élève des bovins. Je suis le fermier élu directeur de la Commission canadienne du blé de cette région. Je suis également le directeur de l'Institut international du Canada pour le grain, qui est un organisme de développement de marchés que vous connaissez probablement.
De toute façon, je n'ai que quelques commentaires à faire. Tout d'abord, je crois qu'il est temps que notre gouvernement reconnaisse que l'alimentation est un enjeu politique à l'échelle mondiale. Notre observation doit se porter sur le fait que dans l'arène politique internationale, en dépit des accords commerciaux, les programmes de soutien agricole dans les pays développés ont en fait augmenté. Nous remarquons une augmentation encore plus importante pour une loi agricole américaine.
En tant qu'agriculteur, je suis plutôt déçu de notre gouvernement. Au lieu de reconnaître la réalité et d'observer ce qui se déroule au niveau de l'échiquier mondial, le gouvernement nous fait des coupures en tant que producteurs, puis il nous passe les coûts.
En l'an 2000, les États-Unis ont donné 135 $ par tonne métrique de blé pour venir en aide à leurs producteurs, alors que l'Europe donne 113 $. Les Américains sont donc ceux qui offrent le plus. Les Canadiens obtiennent 26 $ par tonne.
Il est temps de se dire que si nous voulons une industrie agricole viable au Canada, nous avons besoin d'un appui financier gouvernemental comparable à celui des autres pays.
Deuxièmement, j'aimerais parler des règlements. Un des plus grands avantages que nous ayons est la qualité des produits que nous exportons. Cette qualité dépend d'un système de réglementation efficace adéquatement financé par le gouvernement fédéral. La Commission canadienne des grains joue un rôle important dans ce système de réglementation. Elle doit recevoir un soutien approprié et non faire en sorte que les coûts sont passés sur les producteurs. Ils font face à un resserrement budgétaire et ont besoin d'être appuyés. Le gouvernement se doit de protéger les intérêts des producteurs et nous voulons que sa participation soit accrue.
Les transports sont primordiaux, surtout dans l'Ouest du Canada. Nous sommes une région entourée de terres. L'Ouest du Canada fut développé grâce aux politiques fédérales sur le transport. Si le gouvernement fédéral abdique sa responsabilité dans ce domaine, nous obtenons le problème de la rationalisation qui entraîne l'abandon des chemins de fer. Si nous voulons donner aux agriculteurs le choix du moyen d'acheminer leurs produits, nous devons être dotés de l'infrastructure nécessaire. Nous avons besoin de voies d'évitement et il faut qu'elles soient bien entretenues. Le gouvernement fédéral a un rôle à jouer dans la réglementation.
Le plafond fiscal était supposé exister et l'agriculteur recevoir 5 $. En réalité, 3 de ces 5 $ sont allés aux compagnies céréalières et l'agriculteur n'a reçu qu'un seul dollar.
Voici deux points à considérer.
Le gouvernement fédéral a un rôle considérable à jouer dans le développement de marchés. Je suis le président de l'IICG qui est un organisme de développement de marchés. Le gouvernement fédéral finance l'organisme à 60 p. 100 et nous le remercions, car c'est un excellent organisme. Cependant, le gouvernement réduit sa contribution, lui passant certains coûts, ce qui rend plus difficile notre tâche de développement efficace des marchés.
On a passé sur l'IICG des pensions et de l'interprétation. Notre budget de développement de marchés a été réduit de 275 000 $. Je répète que le gouvernement fédéral a un rôle à jouer.
Nous élisons des gouvernements pour gouverner et pour agir au nom du public et dans l'intérêt du public, et je voudrais qu'ils reconnaissent ce rôle. Je crois au principe de la démocratie et je veux que les gouvernements agissent comme ils sont supposés le faire, c'est-à-dire, qu'ils représentent les gens et l'intérêt général.
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Le vice-président (M. Howard Hilstrom): Je vous remercie beaucoup, Art, pour vos compétences. Vous êtes un agriculteur très connu et, au cours des années, vous avez beaucoup appris sur l'agriculture. Nous vous remercions pour vos commentaires.
Je me tournerai maintenant vers le président permanent du Comité permanent de l'agriculture et de l'agro-alimentaire, Monsieur Charles Hubbard, pour résumer la discussion.
Le président: Je vous remercie, Howard.
J'ai manqué un grand nombre de vos commentaires, mais j'aurai la chance de les lire, lorsque je serai de retour à Ottawa.
Nous aimerions tous vous remercier d'être venus aujourd'hui. Comme nous l'avons mentionné précédemment, si vous avez d'autres commentaires à ajouter pour notre étude, nous vous encourageons à les envoyer au greffier ou à mon bureau à Ottawa.
Nous espérons produire un rapport, soumis à l'étude que nous menons, à sa lecture et à l'application générale de ce que nos différents groupes représentent en matière de partis politiques. Quelquefois les partis politiques ne s'entendent pas, comme un certain nombre d'entre vous le savez déjà.
En tout cas, nous espérons visiter les autres provinces. Demain, nous serons de retour ici en Alberta. Jeudi soir et vendredi, nous serons en Colombie-Britannique.
Encore une fois, je tiens à vous remercier. J'espère que vous aurez une année fructueuse et que les choses s'amélioreront.
Ron, peut-être deviendrez-vous un agriculteur à temps plein avant de décider de reprendre ces clés, mais il est probable que vous en aurez besoin sur la ferme.
En conclusion, Howard, je vous remercie d'avoir partagé la présidence avec moi au cours de cette deuxième partie.
La séance est levée.