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Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, il nous fait plaisir de comparaître à nouveau, moi et mon collègue Albert Cloutier, afin de faire avancer un peu plus le dossier du droit d'auteur.
La semaine dernière, on vous a parlé de la Loi sur le droit d'auteur et de ses grands fondements. On vous a également parlé des principales conventions internationales qui gravitent autour de la Loi sur le droit d'auteur.
Cet après-midi, nous ferons une brève présentation sur l'historique de la réforme du droit d'auteur.
À la page 2 de la présentation qui vous a été remise, on va aussi loin que 1988, année au cours de laquelle on a procédé à la première révision importante de la Loi sur le droit d'auteur. On avait alors accordé de nouveaux droits, encouragé la gestion collective et établi la Commission du droit d'auteur.
En ce qui concerne les nouveaux droits, même si les auteurs étaient déjà détenteurs d'un droit moral, on a clarifié, en 1988, la portée de ce droit et renforcé les recours des auteurs à cet égard.
Fait important à souligner, jusqu'en 1988, les programmes d'ordinateur n'étaient pas officiellement prévus dans la Loi sur le droit d'auteur. Or, il est devenu clair que le programme d'ordinateur était assimilé à une oeuvre littéraire et qu'à ce titre, il devait être protégé par la Loi sur le droit d'auteur. On a donc consacré la protection de ces programmes en 1988.
On a également encouragé l'exercice des droits au moyen de la gestion collective. On a mis en place divers régimes permettant à une association à but non lucratif de représenter plusieurs auteurs ou producteurs dans le but de favoriser la gestion collective des droits plutôt que la gestion individuelle.
Enfin, on a créé la Commission du droit d'auteur. Depuis 1988, c'est la commission qui établit les redevances payables par les utilisateurs lorsqu'ils veulent faire usage des oeuvres protégées en vertu de la Loi sur le droit d'auteur.
La page 3 traite d'une autre révision importante de la Loi sur le droit d'auteur, laquelle comprend trois grands axes.
Le premier a introduit des droits pour les artistes-interprètes et les producteurs d'enregistrements sonores, tout en prévoyant certaines exceptions pour les établissements d'enseignement, les musées, les archives et les bibliothèques.
Je vous donne un exemple des nouveaux droits qui ont été accordés aux producteurs et aux artistes. Jusqu'en 1997, il n'était pas possible, pour un artiste qui exécutait une chanson en public ou dont l'interprétation était jouée à la radio, d'être payé pour cette prestation, car il s'agit d'un domaine de droit statutaire et que ce n'était pas inclus dans la loi.
En 1997, on a changé les choses de sorte qu'il est possible pour un artiste ou un producteur d'enregistrements sonores d'être payé chaque fois qu'une chanson est exécutée en public, que ce soit dans un avion, un centre commercial ou dans tout autre endroit public, par exemple ici, dans cette salle. Toutes ces prestations ou ces enregistrements sonores doivent désormais être payés.
En ce qui concerne les exceptions, j'ai dit la semaine dernière que la Loi sur le droit d'auteur prévoit, pour les auteurs et les créateurs, des droits exclusifs ou des droits à rémunération. Le droit exclusif est considéré comme la Cadillac des droits en matière de droit d'auteur, et le droit à rémunération permet à quelqu'un d'être payé, mais ne lui permet pas de dire oui ou non à l'utilisation de son oeuvre.
En 1997, on a introduit des exceptions visant à faire en sorte que certains utilisateurs comme les écoles, les chercheurs, les musées et les archives puissent faire usage d'oeuvres et de créations. Ce n'est pas obligatoire, mais s'ils le font, ils devront respecter certaines conditions. Ils n'auront toutefois pas à demander l'autorisation de l'auteur ou du créateur et, dans certains cas, ils n'auront pas non plus à payer l'auteur ou le créateur.
Un autre grand axe de la réforme de 1997 a été le régime de copie privée. Ce régime créait une exception permettant à tous et chacun de copier, à des fins personnelles, une pièce musicale, un enregistrement sonore ou la prestation par un artiste d'une oeuvre musicale. Parallèlement à cette exception, introduite en 1997, on a mis en place un régime de compensation faisant en sorte que les auteurs, les producteurs d'enregistrements sonores et les artistes dont les prestations sont fixées sur des enregistrements sonores puissent percevoir des redevances pour les copies faites à des fins privées.
L'article 92 est un autre article important de la Loi sur le droit d'auteur. À l'époque, cet article mandatait le gouvernement de faire rapport aux deux chambres — la Chambre des communes et le Sénat — sur l'état de l'application de la Loi sur le droit d'auteur. Cet article a fait en sorte qu'en 2002, le gouvernement devait faire rapport à ces deux chambres. On reviendra à cet article un peu plus tard.
Enfin, 1997 est l'année où le Canada a signé les deux traités Internet de l'OMPI, dont on reparlera plus tard également. Un de ces traités porte sur la protection des auteurs, et l'autre, sur les artistes dont les prestations sont fixées sur un enregistrement sonore et les producteurs d'enregistrements sonores. Par la signature de ces traités, le Canada reconnaissait les principes sous-jacents de ces deux ententes internationales. Il importe de faire une distinction entre signature et ratification. La ratification est l'étape qui survient après la mise en oeuvre d'un traité.
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À la page 4, Danielle a parlé de l'article 92 de la Loi sur le droit d'auteur, qui requiert que le gouvernement dépose un rapport sur le fonctionnement et les dispositions de la loi. Il prévoit également qu'une fois le rapport déposé au Parlement, il soit renvoyé au comité pertinent pour étude et que le comité fournisse à son tour son propre rapport.
En fait, ce rapport — j'en ai une copie avec moi, mais ceux qui siégeaient à ce comité en 2002 s'en rappelleront — a été renvoyé au comité du patrimoine. Ce comité a commencé son étude au printemps 2003, puis encore très consciencieusement jusqu'à l'automne 2003, et a produit plusieurs rapports.
J'aimerais remettre ce document dans son contexte. Un des objectifs de l'article 92 était de reconnaître l'importance des changements apportés à C-32 en 1997. On a estimé qu'après cinq ans, il serait opportun de réétudier l'incidence de ces changements.
Parallèlement, le gouvernement, en déposant son rapport, avait plusieurs objectifs en tête. La première chose qu'il a faite, reconnaissant la complexité du processus d'amendement de la loi, qui engendrait parfois controverse et aigreur, a été de l'uniformiser.
Le rapport prévoyait, plutôt que des amendements omnibus généraux dans l'avenir, que le gouvernement propose des amendements de moindre envergure par étape, regroupés par thème. Le premier objectif du rapport était donc de prévoir une approche par étapes afin de permettre des amendements plus efficaces.
Le deuxième objectif était de montrer que les intervenants concernés attendaient encore du gouvernement qu'il résoude plusieurs problèmes. On y trouvait un catalogue d'environ 70 questions — selon la façon dont vous les comptez — à régler.
Ensuite, le rapport mettait en évidence ces questions en les regroupant par importance, ou par priorité pour le gouvernement, en quelque sorte. Elles sont donc regroupées par ordre de traitement (court, moyen et long termes). En un sens, les priorités à court terme sont essentiellement celles qui découlent de , soit l'Internet, la nécessité de réexaminer le niveau de protection dans l'environnement Internet, de traiter des intermédiaires, comme les fournisseurs d'accès, de permettre aux institutions éducatives et aux institutions publiques sans but lucratif d'utiliser l'Internet dans leurs activités.
Voilà, en gros, ce que couvrait le rapport.
Un dernier mot: inutile de dire qu'il s'agissait du document de l'ancien gouvernement et qu'il n'a pas encore été sanctionné par le gouvernement actuel, jusqu'à aujourd'hui.
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Monsieur le président, la page 5 mentionne un autre document qui a été fort important dans le contexte de la réforme du droit d'auteur. Il s'agit d'un rapport d'étape déposé par le gouvernement en mars 2004 afin de répondre aux attentes du Comité permanent du patrimoine canadien, qui était fort intéressé par les progrès réalisés au chapitre de la réforme du droit d'auteur.
Pour la suite des événements, je tiens à dire que ce document fait état de toutes les questions qui ont été discutées depuis bon nombre d'années dans le contexte des nouvelles technologies ou d'Internet, et qu'il reprend chacun des enjeux. Vous constaterez que dans certains cas, on a décidé de ne pas traiter certains enjeux, car on les considérait réglés en raison du rapport qui avait été déposé devant le présent comité.
Ce rapport parle d'une réforme qui comporte quatre grands axes et dont Albert a parlé plus tôt.
Le premier axe est la mise en oeuvre des traités de l'OMPI. Le deuxième est la question des photographes, qui est traitée en profondeur et dont on parle encore beaucoup. Le troisième a trait à la clarification de la responsabilité et du rôle des fournisseurs de services dans un contexte de nouvelles technologies et d'Internet. Enfin, le quatrième axe est l'accès des exceptions relatives aux droits des titulaires de ces droits.
Tous ces éléments sont compris dans le document déposé en mars 2004 et permettent d'identifier chacune des obligations auxquelles le Canada doit se conformer.
À la page 6, il est question du rapport de ce comité qui a été déposé en mai 2004. Ce document a été à nouveau approuvé par les membres du comité de l'époque, en novembre 2004. Il reprenait certains éléments du rapport d'étape, mais pas tous, car selon ce rapport, certains enjeux étaient réglés. Le comité avait alors choisi de ne pas reprendre la discussion ou de ne pas entendre de témoins sur les enjeux qui étaient considérés comme réglés. La page VII contient la liste des enjeux qui ont été abordés par les membres du comité et pour lesquels on a fait des recommandations au gouvernement.
Je vais laisser à mon collègue le soin de vous parler de la page 7, car le gouvernement a dû répondre à ce rapport intérimaire déposé par le comité permanent. Il vous dressera la liste des propositions qui avaient été énoncées à l'époque.
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À la demande du Comité du patrimoine, le gouvernement a présenté une déclaration en mars 2005, qui visait à énumérer grossièrement — mais en détail également — ses intentions et dévoiler les amendements qu'il était en train d'élaborer.
Plutôt que de vous donner une liste détaillée, je vous renvoie à la diapo suivante, qui décrit le projet de loi C-60 —déposé trois mois plus tard, à la fin juin — et ses objectifs, encore une fois, dans l'esprit du rapport sur l'article 92 et du rapport d'étape déposé plus tôt.
En ce qui concerne les nouveaux droits et les nouvelles protections dans l'environnement Internet, le projet de loi comprendrait les nouveaux droits et les protections prévus par les deux traités de l'OMPI. Les droits sont le droit de mettre leurs oeuvres à la disposition du public, la protection juridique des mesures de protection technologique et la protection juridique de l'information de gestion des droits. Je vais en parler brièvement avant de vous décrire certaines autres dispositions.
Le droit de mettre à la disposition du public, exigé en vertu des traités, donnerait aux ayants droit, c'est-à-dire aux auteurs et à leurs semblables — soit les producteurs d'enregistrement et les interprètes — le droit exclusif de contrôler la présence de leurs oeuvres sur l'Internet. Selon notre évaluation du droit canadien actuel, et compte tenu des décisions de la Cour suprême du Canada, les droits de communication au public dont jouissent actuellement les auteurs comprennent déjà un droit de mettre à la disposition du public qui s'applique aux auteurs. Un amendement significatif n'était donc pas nécessaire, en ce sens.
Pour ce qui est des producteurs de musique et des interprètes, la mise à la disposition qui était comprise par les droits de communication au public dont ils jouissaient déjà, mais ce n'est qu'un droit à rémunération. Il fallait donc des amendements pour que ce droit soit exclusif à l'environnement Internet.
Au sujet de la protection juridique des mesures technologiques, il s'agit de la capacité des ayants droit à installer une serrure numérique sur leurs oeuvres pour s'assurer que les gens ne puissent les utiliser sans autorisation. Cette disposition favorise le recours à ces technologies en offrant aux ayants droit la possibilité de poursuivre ceux qui « forcent » la serrure, qui l'ouvrent sans autorisation. À l'époque, ce genre de dispositions n'existait pas — ni maintenant — alors, encore une fois, les amendements étaient nécessaires. L'approche choisie a été de dire que lorsque quelqu'un « force » la serrure sans permission, les ayants droit disposent d'un recours.
De la même façon, si quelqu'un fournit un service à une autre personne qui implique de « forcer » la serrure au nom de cette personne, en sachant qu'il s'agit d'une violation des droits d'auteur, cette personne devrait elle aussi être réprimandée.
La disposition sur l'information de gestion des droits porte sur l'information que les ayants droit ont intégré à leur oeuvre — en filigrane numérique, par exemple — pour qu'elle reste identifiable et qu'elle soit associée à eux et à l'usage qu'ils permettent.
De plus en plus, ces éléments d'information sur la gestion des droits font partie des systèmes que l'on appelle à présent les systèmes de gestion des droits numériques, qui régissent l'octroi des licences et l'utilisation des oeuvres dans un environnement numérique. Cependant, étant donné que cette information est nécessaire au fonctionnement de ces systèmes de gestion des droits numériques, les ayants droit auraient un recours juridique contre ceux qui tenteraient de modifier cette information pour faire de la contrefaçon. Puisque la loi ne comprenait pas de dispositions semblables, et c'est toujours le cas actuellement, le projet de loi aurait réglé ces trois questions. À mon avis, ce sont les trois éléments clés des traités de l'OMPI qui exigeaient des amendements.
Selon nous, d'autres amendements étaient nécessaires. Il faut modifier la durée de protection qui s'applique aux photographes afin de satisfaire aux exigences du traité et il faut reconnaître les droits moraux des interprètes. En outre, il faut un nouveau droit de distribution qui permet aux ayants droit de contrôler de façon concrète la distribution de leurs oeuvres. Il ne s'agit pas d'oeuvres numériques, mais plutôt de disques compacts, de livres, etc. En vertu du traité, plusieurs amendements auxiliaires sont nécessaires. Ce sont les principales protections du traité que le projet de loi couvrirait.
De plus, il traitait de la responsabilité relative aux droits d'auteur des fournisseurs d'accès, qui seraient exempts de responsabilité lorsque leur activité principale consiste à jouer un rôle d'intermédiaire, à faciliter la communication de contenu entre le fournisseur de ce contenu et le récipiendaire, ou l'abonné. Tant que ce contenu n'est pas modifié et que les fournisseurs d'accès ne sélectionnent pas ce contenu, ils ne sont pas responsables.
Ils peuvent également reproduire des oeuvres protégées par des droits d'auteur si c'est pour rendre l'Internet plus efficace. Ils n'étaient pas forcément intéressés aux documents à proprement parler, mais ils souhaitaient que l'Internet fonctionne mieux. Ils créent donc des caches sur certains sites pour permettre aux utilisateurs un accès plus rapide sans que les artères d'Internet soient encombrées, si vous voulez.
En contrepartie, les fournisseurs d'accès doivent jouer un rôle pour mettre un terme à la contrefaçon sur l'Internet et prendre part à ce que l'on a appelé un « régime volontaire d'avis et avis ». En vertu de celui-ci, si un ayant droit remarque que certains utilisateurs d'un FAI particulier mènent des activités non autorisées quelconques, ils peuvent en aviser le FAI concerné et celui-ci est tenu d'acheminer cet avis à l'abonné. De cette façon, les abonnés sont avisés que l'on a détecté leurs activités.
Les FAI sont également tenus de conserver de l'information pour identifier l'abonné en question pendant une période déterminée, de sorte qu'en cas de poursuite entre l'ayant droit et l'abonné, les premiers peuvent savoir exactement qui est impliqué dans ladite activité de contrefaçon.
En effet, c'est une des raisons pour lesquelles les intermédiaires participent à ce processus: il est souvent très difficile de trouver les responsables de ces activités. Beaucoup d'utilisateurs de l'Internet utilisent d'autres identités et c'est très difficile de savoir qui ils sont sans l'aide des fournisseurs d'accès Internet. C'était donc le deuxième élément principal du projet de loi.
Le troisième consiste à permettre l'utilisation des oeuvres à des fins de recherche et d'éducation, le projet de loi comprenait deux amendements principaux. L'un permettait une forme d'éducation à distance, afin que les écoles soient autorisées à utiliser l'Internet pour envoyer les leçons aux étudiants. Par exemple, un enseignant peut être dans une salle de classe et son exposé peut également être diffusé par l'Internet à des étudiants de l'extérieur.
Souvent, certains documents protégés par les droits d'auteur sont accessoires mais permettent d'enrichir la leçon. La loi permet déjà aux enseignants de faire certaines utilisations des documents protégés par le droit d'auteur pour leurs leçons. C'est simplement une façon de leur permettre de communiquer également ces éléments protégés par les droits d'auteur aux étudiants extérieurs par le biais de l'Internet.
D'autre part, toujours dans le domaine de l'éducation, les enseignants peuvent transmettre certains des documents du cours à des étudiants extérieurs, si ces documents sont déjà couverts par un permis de reprographie auprès d'une société de gestion appropriée. Si l'école a eu la possibilité de photocopier des documents pour ses étudiants et de leur distribuer sous forme de manuel scolaire, elle peut également fournir ces cours aux étudiants extérieurs sous réserve de certaines sécurités qui empêchent les étudiants de faire autre chose avec ces documents que de les imprimer. En gros, l'Internet ne sert qu'à transmettre le manuel scolaire à l'étudiant.
Enfin, en ce qui a trait à la recherche, la loi permet actuellement les prêts entre bibliothèques de la façon suivante. Si je demande la copie d'un périodique, un article quelconque à la bibliothèque, et qu'il n'y est pas, ils peuvent s'adresser à une autre bibliothèque pour que celle-ci me fournisse l'article. Cependant, si l'article m'est envoyé sous forme électronique, il ne peut être envoyé qu'à la bibliothèque qui en a fait la demande — c'est-à-dire la mienne. Une fois que l'article arrive à ma bibliothèque, celle-ci doit l'imprimer et me remettre une copie papier. En vertu des dispositions proposées dans C-60, il y aurait une démarche administrative en moins, c'est-à-dire que la deuxième bibliothèque pourrait m'envoyer directement l'article par voie électronique. Encore une fois, à condition que je ne puisse imprimer qu'une seule copie pour moi. On éliminait donc une étape administrative supplémentaire, celle de passer par ma bibliothèque qui imprimerait l'article et me l'enverrait.
Il y avait plusieurs autres dispositions sur la photographie. Actuellement, en vertu de la loi, le titulaire du droit d'auteur principal est le propriétaires du négatif ou de la plaque photographique employée pour prendre la photo; ça n'est pas le photographe. En fait, le propriétaire de la plaque est réputé être l'auteur de la photographie. Cela n'est pas conforme au traitement des autres titulaires de droit d'auteur et le projet de loi aurait modifié ces règles pour faire du photographe l'auteur et premier titulaire de droit d'auteur des oeuvres photographiques.
Il y avait le cas particulier des photographies de commande. Si je commande une photo contre de l'argent, je suis réputé premier titulaire des droits d'auteur de cette photo. Le projet de loi aurait modifié cela, mais m'aurait permis, en tant que personne qui commande ce travail, de faire certaines utilisations personnelles de la photo en question, sauf si j'ai accepté le contraire.
Voici donc, en gros, les objectifs du projet de loi.
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Vous avez probablement raison, alors je ne poserai pas la question. Je l'ai soulevée, et c'est assez.
Peu importe qui est saisi de la question, et j'espère que nous y participerons d'une façon ou d'une autre, je crois qu'il nous incombe d'être préparés. Ce printemps, cet été et cet automne, j'ai reçu, tout comme j'en suis sûr mes collègues tout autour de la table, de nombreuses demandes de rencontre. Je veux en accepter le plus grand nombre possible et je veux me préparer à l'étude du projet de loi, ce qui fait qu'il serait utile de savoir quels groupes ont été consultés par les différents ministères. C'est une demande de renseignements factuelle. Aucune hypothèse n'est requise ici. Je ne demande des renseignements que pour cette année, et aussi s'il était possible d'obtenir cette information — et je crois que c'est possible — afin de savoir qui chacun des deux ministres a-t-il rencontré. Je sais que les deux ministres ont rencontré certains groupes, parce que j'en ai rencontrés également, mais s'il y en a d'autres que je n'ai pas eu la chance de rencontrer, il serait utile de le savoir afin de pouvoir prendre des dispositions. Nous souhaitons, autant que possible, que tous soient au même niveau lorsque nous entreprendrons cette activité.
Je me souviens du projet de loi C-32, en 1997. J'ai participé à son étude. C'était un projet de loi très complexe. Nous avons entendu au moins 50 témoins — des groupes entre autres — et je m'attends à ce que nous fassions face à la même chose ici. Tout travail préliminaire qui peut être réalisé pour nous aider, de façon individuelle et collective, comme nous le faisons ici, à comprendre ce qui s'en vient sera utile. C'est pourquoi j'ai posé la question. Je n'avais pas de mauvaises intentions.
Je répète ma question. S'il est possible d'obtenir ces renseignements, je crois que cela serait très utile, parce que je ne connais pas tous les groupes et je suis sûr que je ne connais pas tous...
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les enjeux. Il y en a toute une série, et j'imagine que certains d'entre eux ne seront pas inclus dans le projet de loi alors que d'autres, auxquels je n'aurais pas pensé, le seront. Mieux vaut prévenir que guérir.
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Il y a deux traités. Il y en a un qui vise à améliorer la protection des auteurs. Dans ce contexte, il y a les auteurs d'oeuvres musicales, les auteurs d'oeuvres dramatiques, c'est-à-dire les films, ainsi que tous ceux qui sont intéressés par l'informatique, les programmes d'ordinateur, les jeux vidéo. Toutes ces composantes sont également des parties prenantes au processus.
Ensuite, il y a les oeuvres artistiques et la photographie. S'agissant d'auteurs, tous ces gens sont intéressés par le dossier.
Également, du côté des utilisateurs, il y a les écoles, les musées, les archives, les bibliothèques, chaque Canadien et Canadienne. L'Internet étant ce qu'il est, tout le monde a accès aux droits d'auteur. Toutes ces parties prenantes ont un vif intérêt dans le dossier.
Dans le domaine de la responsabilité des fournisseurs de services, il y a les auteurs, les producteurs d'enregistrements sonores, les producteurs de films, les consommateurs en général qui s'intéressent à cet enjeu, et la photographie.
J'ai mentionné, évidemment, que les photographes étaient extrêmement intéressés par ce dossier, parce que des choses qui les concernaient de façon importante avaient été mises de l'avant en vertu de l'ancien projet de loi C-60. Alors, dans ce contexte, toute personne ayant un contrat avec un photographe pour que celui-ci prenne des photos, donc n'importe quel consommateur, pourrait avoir un intérêt dans ce dossier.
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On sait que l'on vieillit lorsqu'on ne peut plus se garder au fait de la technologie, monsieur le président. S'il s'agit vraiment d'un signe, alors je vieillis réellement. Je viens d'avoir une bonne discussion avec ma collègue, Mme Keeper. Elle a indiqué qu'il y a deux ou trois ans, la technologie dont on parle communément aujourd'hui et que l'on utilise de façon régulière n'était même pas mentionnée — par exemple, la baladodiffusion.
Serait-il utile pour nous, à titre de comité, monsieur le président...? J'apprécie les deux séances d'information que nous avons eues au sujet de l'histoire de la loi portant sur le droit d'auteur dans ce pays ainsi que des récents changements qui y ont été apportés. Je sais que cela sera très utile pour moi, et si ce n'est pas offert par le comité, alors j'entreprendrai de ... Étant donné que je le mentionne aujourd'hui, je suis certain de recevoir au moins deux ou trois appels téléphoniques demain, afin de m'offrir cette séance d'information.
Serait-il utile d'avoir une séance d'information plus technique au sujet des technologies actuelles utilisées par les industries, que ce soit la télévision ou l'enregistrement et la télévision, la radio, l'enregistrement ou autres, et peut-être pourrions-nous parler des éléments portant sur le droit d'auteur de chaque technologie et des éléments de litige, si on veut, afin d'avoir une idée des difficultés auxquelles nous ferons face à titre de comité ou que le gouvernement tente actuellement de régler, puisqu'elles découlent des technologies et s'inscrivent dans le cadre de nos obligations internationales? Nous ne pouvons simplement légiférer en vase clos; nous devons être conscients des effets que nous aurions sur les obligations internationales, ce qui fait que nous avons besoin d'un schéma opérationnel afin d'avoir une idée de tout cela, soit les technologies, les obligations internationales, les conflits tels que nous les voyons et ainsi de suite.
Je ne sais pas si un tel schéma existe, ou si cela serait trop demander, mais je crois que cela faciliterait beaucoup notre travail à titre de comité, lorsque nous recevrons le projet de loi.
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J'espère que ma réponse vous aidera. Il est clair qu'au cours des dernières années, les différentes industries ont produit à tour de rôle des rapports pour illustrer l'ampleur du phénomène de la contrefaçon et de la piraterie.
Je sais qu'à l'échelle internationale, l'OCDE, cette organisation économique, tente d'évaluer l'ampleur du phénomène. Je sais également que le plus gros problème auquel fait face cette organisation est exactement ce à quoi mon collègue Albert Cloutier faisait allusion, c'est-à-dire déterminer quelle sera la méthodologie utilisée en vue d'avoir les meilleures données qui soient pour mesurer l'ampleur du phénomène.
Il est clair que plusieurs rapports ont été publiés. Sans me rappeler les chiffres exacts contenus dans ces études, on a effectivement été témoins de plusieurs études ou rapports, au cours des dernières années, qui faisaient mention de l'ampleur du problème. Évidemment, les personnes s'opposant à ces données viendront nous dire que ces chiffres sont gonflés, que la méthodologie utilisée n'est pas appropriée et qu'elle ne correspond pas au problème auquel on fait face.
On tient compte de ces études. De plus, le Canada participe à des travaux à l'échelle internationale qui permettent de mesurer ce phénomène. Il y a quelques années, l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle a même fait un travail dans le but d'aider les différents États membres à mesurer l'ampleur du phénomène.
Au cours des dernières années, nous, à Patrimoine canadien, avons procédé à des études pour tenter de mesurer l'impact économique du droit d'auteur en général sur le droit d'auteur. Ces études sont disponibles dans notre site Internet, et il me fera plaisir de vous donner les références exactes au cours des prochains jours, si vous le voulez.
Je sais que du travail a été fait sur cette question. Par contre, le problème est souvent la méthodologie. Le droit d'auteur étant ce qu'il est, c'est-à-dire un domaine où les consensus sont rares, on se retrouve souvent avec des études qui, faites par l'un ou par l'autre, sont contestées. Nous, comme fonctionnaires de ces ministères, avons à prendre le meilleur pour essayer d'identifier une ou plusieurs pistes qui pourraient être utiles pour l'élaboration des politiques.
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Je n'ai pas vraiment obtenu de réponse claire sur ce qui se passera avec l'utilisation équitable. Je ne comprends pas vraiment ce qui se passe; je ne suis pas certain de ce que nous vous demandons, si vous parlez d'un ancien projet de loi ou d'un nouveau projet de loi, ou encore si nous parlons de ce que nous pourrions faire ou de ce que d'autres personnes ont fait. Je ne suis pas certain de bien comprendre, alors je veux revenir sur la question de l'utilisation équitable.
Mettons les choses en contexte. Disons que j'ai écrit un article il y a 20 ans — je l'ai fait, il a été publié dans un manuel scolaire — alors j'aurais été rémunéré pour son utilisation dans une école, ce qui a été le cas. Ainsi, les étudiants se procureraient un certain nombre de manuels, et feraient un certain nombre de copies. C'est très facile à comprendre.
Aujourd'hui, les étudiants consultent Internet, et ne volent pas de matériel scolaire; ils visitent des sites Web gratuits qui offrent du matériel scolaire remarquable pour une utilisation équitable et gratuite. Ainsi, d'une certaine façon, le livre est presque désuet. La question est de savoir de quelle façon nous allons rémunérer, premièrement, les gens qui se fient encore aux livres, ou encore sur la façon dont nous veillerons à ce que les communications électroniques des étudiants ne constituent pas une infraction aux droits d'auteur.
Mon collègue a parlé des jeunes gens et de leur culture du tout m'est dû. C'est définitivement le cas. Ils s'attendent à pouvoir consulter Internet et apprendre tout ce qu'ils veulent de n'importe où dans le monde, et je crois qu'ils devraient avoir ce droit. Toutefois, je veux être certain qu'un système est en place pour ce qui est de la rémunération mais également que l'utilisation équitable et ouverte d'Internet n'est pas facturée.
De quelle façon vos ministères traitent-ils cette question? L'utilisation équitable d'Internet et l'utilisation d'Internet à des fins éducatives seront des domaines clés de la nouvelle loi. De quels modèles avez-vous tenu compte?
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Je me sens vieille. En effet, j'ai toujours l'impression de revenir en arrière, parce que c'est difficile de parler de ce qui se passera dans l'avenir. Dans le contexte des travaux qu'on a faits au cours des dernières années, on a considéré certains amendements dans le but de faciliter le travail des enseignants et des étudiants.
Un peu plus tôt, mon collègue parlait de trois grands axes, le premier étant qu'on a considéré des mesures qui permettraient aux professeurs et aux étudiants de bénéficier de l'éducation à distance. On a examiné la possibilité, lorsqu'un professeur donne un cours dans sa classe et fait usage de diverses oeuvres protégées en vertu de la Loi sur le droit d'auteur, que ce professeur et les étudiants puissent interagir, même s'ils ne sont pas physiquement dans la même classe, et obtenir les oeuvres par le moyen d'Internet, sans qu'il y ait une quelconque contravention à la Loi sur le droit d'auteur.
On a également considéré des mesures qui allaient permettre aux écoles d'acquérir du matériel protégé en vertu de la Loi sur le droit d'auteur et qui fait l'objet d'une licence accordée soit par Access Copyright ou COPIBEC. Ce matériel permet aux écoles de reproduire certaines oeuvres, moyennant certaines conditions. On avait considéré la possibilité que les écoles puissent numériser et envoyer ce matériel à leurs étudiants par Internet.
Enfin, l'autre mesure qu'on a examinée concernait les prêts en bibliothèque. Encore une fois, en leur permettant d'avoir un accès numérique au matériel, c'est une façon de faciliter le travail des clients des bibliothèques.
Alors, ce sont les mesures qui avaient été considérées et qui sont toujours sur la table. Ce sont des mesures qui pourraient faciliter le travail des écoles, des chercheurs, des bibliothèques, des archives et des musées.