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CHPC Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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CANADA

Comité permanent du patrimoine canadien


NUMÉRO 071 
l
1re SESSION 
l
39e LÉGISLATURE 

TÉMOIGNAGES

Le mardi 19 juin 2007

[Enregistrement électronique]

(0910)

[Traduction]

    Bienvenue tout le monde. Good morning.
    Je déclare ouverte la 71e séance du Comité permanent du patrimoine canadien. Conformément aux articles 110 et 111 du Règlement, nous examinons la nomination par décret de Tom Perlmutter au poste de commissaire du gouvernement à la cinématographie de l'Office national du film du Canada, renvoyée au comité le jeudi 31 mai 2007.
    Sans plus tarder, je demanderais à M. Perlmutter de faire ses observations préliminaires, après quoi les membres du comité auront l'occasion de discuter de ces questions avec lui.
    Merci. Thank you.
    Monsieur le vice-président, membres du comité, je suis heureux d'être avec vous ici aujourd'hui à titre de nouveau commissaire et président de l'Office national du film. Je suis très honoré qu'on m'ait confié la gouvernance d'une institution culturelle si dynamique et pleine de vitalité.

[Français]

    L'Office national du film du Canada est une institution culturelle unique au Canada, je dirais même unique au monde. Son mandat consiste à produire et distribuer des oeuvres médiatiques innovatrices et pertinentes qui reflètent les points de vue et les valeurs de la société canadienne.
    Mais l'Office national du film du Canada est bien plus que cela. Par sa collaboration active avec le secteur éducatif — près de 50 p. 100 de nos revenus de distribution proviennent du marché éducatif —, il y a toujours une demande énorme dans ce secteur. De plus, nous avons toutes sortes de visites des écoles à nos médiathèques et aux CinéRobothèques de Montréal et de Toronto.
    Grâce à ses partenariats avec les bibliothèques publiques et ses projections publiques, l'ONF rejoint les Canadiens et les Canadiennes, suscite les échanges et encourage les débats sur les enjeux qu'ils jugent importants.
    L'ONF donne aux cinéastes de partout au pays la possibilité de s'exprimer. Il accorde une attention particulière aux artistes issus des communautés mal desservies, notamment les cinéastes de la relève, ceux des communautés autochtones, des communautés ethnoculturelles et aussi des groupes linguistiques minoritaires. Les initiatives en cours incluent Yukon Vérité, un programme de mentorat de l'ONF et de la Yukon Film and Sound Commission. La Nunavut Animation Lab est une collaboration avec le diffuseur du Nord Inuit Broadcasting Corporation et le gouvernement du Nunavut.
    En adaptant le programme Société nouvelle à l'ère numérique, nous avons repoussé les limites de la forme documentaire tout en favorisant la créativité de ceux et celles qui, même à cette époque de grande accessibilité aux médias, n'ont pas la chance de se faire entendre. Les résultats sont des projets comme Filmmaker-in-Residence, où un cinéaste se joint à l'équipe médicale d'un hôpital du centre-ville de Toronto et travaille avec des communautés défavorisées pour donner tout un nouvel aspect. L'hôpital est le Saint Michael's Hospital. Son président, Jeff Lauzon, voit dans ce projet une autre façon de remplir son mandat, mais pour nous, c'est aussi un mandat qui consiste à donner une voix créative à des gens qui n'en ont jamais eue.
    Il y a aussi Wapikoni mobile, un studio itinérant de production vidéo qui parcourt les communautés autochtones isolées du Québec. En quatre ans, il a produit plus de 500 films, a gagné des prix partout dans le monde et il est maintenant invité à servir de modèle pour des communautés dans le monde : au Brésil, en Australie et ailleurs.
    Je suis particulièrement fier des projets mis en oeuvre récemment pour promouvoir la création par les personnes handicapées.

[Traduction]

    En février dernier, nous avons annoncé une initiative conjointe avec l'Association canadienne de production de films et de télévision, l'ACPFT, qui est l'association de producteurs privés du Canada anglais. Le programme de stages dirigés des producteurs média de l'ONF offre aux Canadiens handicapés des stages de formation dans l'industrie du cinéma, de la télévision et des médias interactifs.
    Ce programme est le fruit d'une longue période de travail à l'ONF; non seulement l'office produit des films sur les personnes handicapées mais il est convaincu du génie créateur de ces dernières. Elles ont beaucoup à offrir à la société. Elles ont été exclues. Nous devons entendre leur voix.
    L'ONF garantit également que les histoires du Canada, nos histoires, seront racontées au monde. Par l'entremise d'activités de distribution proactive et l'élaboration de partenariats stratégiques à l'échelle internationale, nous nous engageons à offrir au monde la perspective du Canada .
    N'oublions pas la fierté que nous avons éprouvée en mars dernier lorsque Torill Kove a gagné l'Oscar pour Le poète danois.
    Cette année — et nous ne sommes qu'au milieu de l'année — l'ONF a déjà remporté un Oscar et deux prix au Festival de Cannes pour le film d'animation Madame Tutli-Putli — les seuls prix à cannes — et un prix GSM à Barcelone, prix qui équivaut à l'Oscar dans le monde de la technologie sans fil et qui évalue les films destinés aux plateformes mobiles. Nous avons obtenu le prix du meilleur contenu original dans ce domaine. On nous a décerné le tout premier prix Rockie pour un contenu original visant la technologie sans fil, un Prix des nouveaux médias canadiens et également les deux premiers prix du meilleur documentaire long métrage du festival Hot Docs. Nous sommes en lice pour un prix à la tenue de la deuxième édition des International Interactive Emmy Awards. Nous avons mérité le prix en matière de conservation du prestigieux FOCAL International Award.
    En passant, il ne s'agit que d'une liste partielle. Et ça, quel que soit le point de vue, c'est un exploit phénoménal pour le Canada dont les Canadiens peuvent être fiers.
    Je pense que s'il faut un village tout entier pour prendre soin d'un enfant, il faut le pays tout entier pour prendre soin de ses institutions culturelles. Je pense que le genre d'efforts que nous avons entrepris ici, qui vous déployez quotidiennement dans le cadre de votre travail, est requis pour appuyer des projets qui ont des répercussions profondes sur la vie des Canadiens, me semble-t-il, et qui leur en donnent pour leur argent, et ce, bien au-delà du domaine culturel.
    Henry Mintzberg, qui est l'un de nos gourous de la gestion les plus célèbres, a défini la fierté, et ce n'est pas seulement une notion vide. Quand nous sommes fiers de nos réalisations, cela nous fait rêver à ce qui est possible. Cela nous convainc que tout est possible, et nous ouvrons des portes à des gens qui n'auraient jamais cru qu'ils auraient la possibilité de réaliser quelque chose.
    Et cela ne se limite pas nécessairement à l'industrie culturelle. Pour quelqu'un — qu'il vive au Nunavut, dans les Territoires du Nord-Ouest ou à Fredericton — savoir que nous avons reçu des prix à Cannes, que nous avons gagné un Oscar, c'est aussi savoir que son rêve, il peut le poursuivre, quel qu'il soit, et le réaliser... Cela peut être en ingénierie, en médecine ou dans les arts. C'est justement parce que nous ouvrons ces horizons que ce que nous faisons est important.
    Vous avez eu l'occasion d'examiner mon curriculum vitae et vous avez pu voir que, d'après mon expérience à titre de rédacteur, de producteur indépendant et, depuis cinq ans, de directeur général du Programme anglais de l'ONF, je suis fermement attaché à la vision de John Grierson, commissaire fondateur et père de l'art du documentaire. Mais il a aussi été celui qui a invité Norman McLaren à se joindre à l'ONF. Norman avait une vision plus large de la création et il continue de nous inspirer. Il l'a certainement fait comme cinéaste et producteur indépendant.
    Avant de me joindre à l'ONF, compte tenu du fait que je venais du secteur indépendant, j'ai beaucoup réfléchi au rôle de cette institution publique. J'ai même mis sur papier mes réflexions, à partir desquelles j'ai rédigé un document stratégique. J'en suis arrivé à un concept simple, qui me semblait tout à fait juste au terme de toutes mes réflexions, l'ONF est en quelque sorte la conscience culturelle de ce pays.
(0915)

[Français]

    C'était la conscience culturelle de ce pays. Ce que l'ONF a offert au Canada, aux Canadiens et Canadiennes et au monde était incontournable.
    L'environnement technologique offre un grand nombre d'occasions à saisir. Il présente aussi certains risques. Je crois fermement que l'expression de voix canadiennes, notamment des voix axées sur le service public tant dans les médias classiques que dans les nouveaux médias, est essentielle au maintien de la diversité, de l'individualité et de l'identité canadiennes, d'où l'obligation incontestable de protéger, d'enrichir et de consolider des institutions nationales publiques comme l'ONF.
    Je sais qu'une révision du mandat de l'Office national du film sera entamée prochainement. À l'ONF, nous sommes d'avis que tout examen des organismes et sociétés d'État qui oeuvrent dans le secteur audiovisuel doit nécessairement être mené dans le contexte plus vaste des interventions en matière de politique générale du gouvernement dans ce secteur.
    L'expertise de l'ONF dans tous les secteurs de l'industrie en tant que producteur, distributeur, émetteur et chef de file au niveau des nouvelles technologies de création devrait être mise à contribution dans ces réflexions.

[Traduction]

    Récemment, le Conference Board du Canada a indiqué, dans un rapport plutôt accablant sur notre rendement en matière d'innovation, que nous accusons un certain retard. Le Canada se classe au 14e rang des 17 autres pays sur la liste.
    Je pense qu'à l'ONF, nous avons vraiment abordé les questions d'innovation dans les domaines artistique et culturel du point de vue de notre secteur et, je le répète, nous avons ouvert des portes dans ces domaines et nous avons favorisé l'innovation. Voilà un rôle important pour un producteur du secteur public : être en tête de peloton, ouvrir les portes en matière d'innovation et laisser en quelque sorte notre marque dans le domaine. Nous pouvons former des partenariats et prendre des risques que le secteur privé ne pourrait assumer à lui seul et lui offrir une expertise considérable pour faire le pont entre la technologie et la création.
    Je me réjouis à l'idée de travailler avec le comité au cours de mon mandat et en particulier dans le cadre de cette étude importante. Aussi — et ceci est très important pour moi — puisque votre comité est si engagé dans le travail de nos institutions culturelles, je vous invite instamment, si vous en avez l'occasion, à venir à l'ONF, à Montréal,

[Français]

pour voir les projets innovateurs que nous réalisons. Nous travaillons avec Kent Nagano et l'Orchestre symphonique de Montréal pour créer quelque chose de complètement nouveau dans le monde : un système d'animation 3D stéréoscopique IMAX.
    L'animation 3D stéréoscopique est une nouvelle forme d'art. Les studios d'Hollywood commencent à faire des films semblables. Samsung a annoncé la livraison de la première télévision 3D cet automne. Nous sommes en avance sur les autres. Nous réalisons un film interactif et toutes sortes de projets communautaires. J'aimerais vraiment vous montrer le travail de l'office, afin que vous ayez une expérience directe de cette innovation, de ce laboratoire de création.
    Merci beaucoup.
(0920)

[Traduction]

    C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.

[Français]

    Monsieur Scarpaleggia, vous avez cinq minutes.
    Merci, monsieur Perlmutter, de votre présence au comité. Tous les membres du comité accepteraient d'emblée l'invitation d'aller vous rencontrer à l'ONF.
    Vous avez fait l'éloge des réalisations et des forces de l'ONF. Lorsqu'une institution publique fait l'éloge de ses réalisations, c'est une arme à deux tranchants. D'un côté, on dit que cela va très bien et qu'on est très fier, et de l'autre, on lui dit qu'elle n'a peut-être pas besoin d'aide supplémentaire.
    Quels sont les défis auxquels vous devez faire face et quels sont vos besoins financiers et autres pour l'avenir? Votre budget est-il satisfaisant?
    Lorsque je suis arrivé à l'ONF, il était clair qu'on connaissait une situation de décroissance financière. On n'a eu aucune augmentation depuis les grandes coupes de 1996. On gère avec ce qu'on a maintenant. On vit toujours une situation de stress, mais d'une certaine manière, on est arrivé, avec ce qu'on a, à la limite. Même là, on voit les éloges, mais on ne parle pas des coupes, des choses que l'on ne peut faire, etc.
    Quand je pense à l'avenir, j'ai deux pistes de réflexion. D'abord, je pense que je vais vraiment examiner nos coûts à long terme. Peut-on baisser les coûts? Peut-on faire mieux certaines choses? J'ai une compétence en gestion et j'ai une maîtrise en administration des affaires. Alors, je suis conscient de ces questions, mais je veux aussi me tourner vers la création. C'est une piste à suivre.
    L'autre piste est la suivante: l'ONF a beaucoup d'atouts et je ne sais pas s'ils ont été complètement exploités. C'est à voir. Comment peut-on être un peu plus entrepreneur sans aller à l'encontre de notre mandat, qui est de servir le public canadien?
    Troisièmement, même si on trouve des façons d'obtenir des fonds en étant entrepreneur et des façons d'exploiter efficacement nos atouts, la distribution n'est plus simplement une distribution traditionnelle. Le monde a changé radicalement. Alors, on est en train d'étudier tout cela.
     Mais je pense que si le gouvernement investit dans l'ONF, c'est un investissement pour le futur et non pour le passé. Il ne faut pas dire qu'on investit maintenant simplement pour maintenir quelque chose. Il faut investir vraiment pour l'innovation future, le numérique, le futur de tous les arts, la culture, le

[Traduction]

    et de l'industrie du divertissement pour qu'ils deviennent un secteur d'intérêt qui ait un effet de levier sur la vie économique future de notre pays. Dans ce sens, investir dans l'ONF, c'est investir dans l'avenir du Canada.
(0925)

[Français]

    Je pense que vous avez probablement géré les coûts de la meilleures façon possible. Il n'y a peut-être pas beaucoup de progrès à faire sur ce plan. C'est surtout une question d'investissement.
    Mais plus concrètement, si on vous donnait demain une enveloppe de 20 millions de dollars supplémentaires, avez-vous des projets en tête? Dans quelle direction iriez-vous? Où investiriez-vous cet argent?
    Je suis en poste depuis une semaine. Je ne peux répondre concrètement, dans les détails, mais je dirais que d'ici cinq ou six mois, j'aurai tous ces plans, parce qu'on est dans un processus de planification.
    Mais quelles seraient les grandes lignes?
    Les grandes lignes, pour moi, ce serait vraiment d'investir dans le numérique, par exemple, simplement dans la numérisation de nos oeuvres. On a 500 000 photos dans notre photothèque et on en a numérisé peut-être 10 p. 100. C'est un atout pour tous les Canadiens, mais on ne peut le valoriser, faute de moyens pour avoir les droits pour le faire, etc. Voilà un exemple de quelque chose qui est vraiment un cadeau pour les Canadiens et Canadiennes, mais c'est aussi un atout qu'on peut exploiter ailleurs. C'est un petit exemple, mais c'est quelque chose que —
     C'est toute une stratégie qu'on est en train de démarrer à ce niveau. Par exemple, il faut se pencher sur toute la question de l'innovation. Pour moi, c'est un investissement. Il faut s'interroger sur le futur de cette industrie et déterminer ce que peut faire l'ONF que le privé ne peut pas faire parce que c'est trop risqué ou parce qu'il n'y a pas de modèle de gestion.

[Traduction]

    Je vais vous donner un exemple concret —

[Français]

    Vous parlez sur le plan technologique, pas sur le plan —
    Pas seulement sur le plan technologique.

[Traduction]

    Je vais vous en donner un exemple concret. Il y a deux ans et demi, alors que j'étais directeur général du Programme anglais, j'ai décidé que nous formerions un partenariat avec Bravo!FACT, qui est une fondation sans but lucratif qui vient en aide aux artistes, pour créer des courts métrages destinés aux cellulaires, aux plateformes mobiles. Il est impossible de réaliser un tel projet dans le secteur privé parce qu'il n'existe aucun modèle d'entreprise, aucun modèle qui soit viable financièrement. Bien que la technologie, qui consiste à permettre des téléchargements vidéos sur les cellulaires, ait été très avancée en Asie et en Europe, elle n'existait pas ici.
    Nous sommes allés de l'avant avec ce projet parce qu'il nous permettait de faire un certain nombre de choses. Premièrement, explorer les possibilités d'une nouvelle technologie et l'exploiter au profit de la création canadienne. Deuxièmement, créer un nouveau mode d'expression à partir de cette technologie. Nous avons mis certains de nos meilleurs cinéastes à contribution dans ce projet — des cinéastes du Québec, de la côte Ouest, du Canada atlantique, de partout — pour créer une nouvelle façon de penser.
    Troisièmement, explorer des nouveaux genres de partenariats pour au moins pouvoir commencer le travail. Ces nouveaux modèles d'entreprise profiteront à tous à l'avenir. Donc avec les firmes de télécommunications, nous avons commencé à explorer... En fait, notre premier essai a attiré une attention telle dans le monde entier que Sony Ericsson a décidé de devenir notre partenaire pour le deuxième lot de production.
    Cela ne se serait pas produit, n'aurait pas pu se produire d'aucune autre façon, mais le fait est que c'est l'ONF qui a joué le rôle de pont entre l'innovation technologique et la création, qui a permis de combiner les deux aspects.
    Monsieur Kotto .

[Français]

    Merci, monsieur le président.
    Bonjour, monsieur. Merci d'être présent.
    Par le passé, dans mon autre vie professionnelle, j'ai eu à quelques reprises l'occasion de faire des collaborations avec des productions au sein de l'ONF, mais c'est la première fois que nous nous rencontrons, puisque vous étiez responsable du volet anglophone.
    C'est exact, mais je suis à l'ONF depuis cinq ans. Auparavant, je travaillais dans le secteur privé.
    D'accord.
    Je sais que ce serait indécent de votre part de nous suivre sur ce terrain, mais je vais faire une affirmation, d'entrée de jeu. Je dirai que L'ONF n'a pas les moyens financiers de ses ambitions. Quand je le compare à l'INA, l'Institut National de l'Audiovisuel en France, par exemple, qui est son équivalent, et que je vois les moyens dont le législateur dispose pour cette entité afin d'incarner dans la société ce que vous avez appelé la conscience culturelle du pays et le laboratoire de création, je constate qu'on est loin de ce qui pourrait être un idéal. Pourtant, en France, on considère qu'on n'a pas encore atteint l'idéal.
    Cela étant dit, quelle est, selon vous, la piste que les membres du comité devraient suivre pour conseiller la ministre relativement à ce que je considère comme une structure en déclin parce que peu d'attention y a été portée?
(0930)
    Vous avez raison de dire que nous sommes en décroissance financière. C'est clair. Nous allons mettre certaines mesures en place pour composer avec cette situation. Pour ma part, je peux expliquer exactement ce que nous voulons faire, un peu comme je l'ai fait ici en mentionnant les pistes que l'on veut suivre d'ici six mois. Nous pouvons présenter un plan d'action stratégique, opérationnel, un plan d'affaires rationnel. Je ne sais pas si vous êtes vraiment touchés d'une certaine manière. On en a beaucoup parlé dans l'industrie. Je pense que les bénéfices économiques de cette industrie sont clairs et qu'elle a besoin d'appuis.
    Toutefois, à l'ONF, il faut toujours faire valoir son point de vue, même si on a fait nos preuves d'une année à l'autre. Depuis l'époque où j'étais à la tête des programmes anglais, par exemple, nous avons fait l'objet d'une nomination pour l'obtention d'un Oscar à quatre reprises. Nous avons gagné deux fois. Nos premières nominations remontent à plusieurs années. Nous sommes partout, nous avons conclu des accords, nous établissons des liens communautaires, nous établissons des liens fondamentaux avec les Canadiens. Nous faisons les choses que ne peut pas faire le secteur privé. Nous avons fait nos preuves. Je ne sais pas ce que nous pouvons faire d'autre, sinon simplement de continuer à faire valoir nos arguments.
    Si je regarde l'ONF et que je pense à ce que nous sommes, il y a certaines choses sur lesquelles nous pouvons réfléchir en ce qui concerne cette institution. Premièrement, il s'agit d'une institution qui date de 1939. En 2009, ce sera le 70e anniversaire de l'ONF. Pour moi, c'est une raison de fêter et de célébrer. Mais quelle est l'importance de cela?

[Traduction]

    Ce pays est fort de ses institutions -- comme le Parlement, les comités parlementaires, la SRC/CBC et l'ONF. Nous avons ainsi tissé l'étoffe de notre pays, créant une identité unique de diverses façons qu'on ne retrouve nulle part ailleurs. Quand on commence à laisser les choses aller, à laisser de côté certains éléments et à ne pas les préserver, cela a des répercussions sur le pays et son identité et sur notre identité en tant que peuple. Je ne veux pas dire qu'on doit préserver l'ONF pour la seule raison qu'il existe depuis longtemps, mais c'est un des facteurs dont on devrait tenir compte. On ne peut pas prendre l'ONF à la légère. Il faut comprendre qu'il occupe une place vraiment fondamentale dans la manière dont le Canada est perçu.
    Deuxièmement, les Canadiens investissent dans l'ONF depuis presque 70 ans. En termes commerciaux, ils ont créé une des grandes marques du monde. Au cours de mes déplacements dans le monde entier, on m'accueille très chaleureusement, les bras ouverts, parce que je représente l'Office national du film. Cela a une valeur inestimable pour le Canada.
    La semaine dernière, à Banff, j'ai reçu une lettre de la part du numéro deux de la société de radiodiffusion du Japon, la NHK. La NHK est l'un des plus grands radiodiffuseurs publics au monde. Je vais vous lire une partie de cette lettre. Les gens de la NHK nous étaient très reconnaissants de ce que nous avons fait pour eux. C'est un organisme évalué à des milliards de dollars tandis que le nôtre est évalué à 70 millions de dollars.
    La lettre vient de Toyohiko Harada, directeur général de la radiodiffusion, qui me félicite. J'avais fait une présentation pour lui et ses collègues leur expliquant comment créer des liens avec les collectivités parce qu'ils éprouvaient des difficultés à ce niveau, et qu'ils traversaient une crise financière à cause de cela. Il dit :
J'aimerais vous remercier, vous et l'ONF, de votre aide il y a quelques années, grâce à la présentation de Société nouvelle à Banff et à Tokyo. À l'époque, la NHK était en grave difficulté financière et avait perdu la confiance du public. Cependant, votre message nous a incités à faire plus d'efforts pour reprendre contact avec notre auditoire. Par exemple, nos stations dans l'ensemble du Japon ont tenu plus de 4 000 réunions avec des téléspectateurs et des auditeurs au cours des deux dernières années. Grâce à de telles initiatives, nous regagnons peu à peu la confiance du public.
(0935)

[Français]

    Il est incroyable qu'un des plus grands diffuseurs publics du monde reconnaisse l'ONF, mais que celui-ci ne soit pas reconnu dans notre pays.
    Merci. C'est tout.

[Traduction]

    Merci, monsieur Kotto.
    Monsieur Angus.
    Vos propos m'ont captivé ce matin. J'estime depuis longtemps que l'Office national du film constitue l'un de nos plus grands trésors culturels et vous en parlez avec beaucoup de passion. En fait, certaines des réussites dont vous avez parlé sont même surprenantes, je trouve.
    D'emblée, je dois dire que je pense qu'au cours des 15 dernières années, il y a eu une indifférence générale de la part du Parlement à l'égard de nos institutions culturelles. Malgré le fait que vous devez faire preuve de prudence parce que c'est votre première journée de comparution devant le Parlement, je pense qu'il mérite d'être rappelé que le financement actuel ne suffira pas pour réaliser les projets dont vous avez parlé, surtout à l'ère de l'évolution des plateformes, et pour atteindre les buts que nous visons. Ce n'est pas seulement le cas à l'ONF, c'est un état de fait dans tous les secteurs culturels, mais à l'ONF c'est rendu encore plus évident par les réussites de ce dernier.
    Je vois vos antécédents et je ne pense pas qu'il faille vous poser de questions à ce sujet. Il me semble que, lorsque nous parlons de ce qui est possible, le succès réel de l'ONF consiste à prendre des risques et à mettre à l'épreuve les jeunes artistes. Si nous n'avons pas de programmes qui leur permettent d'expérimenter et de faire valoir leur point de vue original, probablement étranger à la génération précédente et à d'autres personnes, nous ne produirons jamais de grands films. Pour ce faire, il faut des fonds parce que travailler avec de jeunes artistes comporte des risques.
    Ce matin, j'aimerais poser des questions au sujet de ce qui se passe quand vous étudiez les propositions de jeunes artistes. Pour ce qui est des coûts, le passage au numérique est-il plus facile à évaluer et à justifier que les anciens films analogues? Quel genre d'appui offririez-vous? Serait-ce au niveau du soutien technique ou de l'élaboration du scénario, ou les laissez-vous se débrouiller par eux-mêmes? Comment l'ONF procède-t-il quand il travaille avec un jeune artiste à un nouveau projet?
    C'est une bonne question parce qu'un des piliers de la programmation à l'ONF, c'est la collaboration avec la relève. En fait, quand je suis arrivé à l'Office national du film il y a cinq ans et demi, j'ai trouvé que le système ne fonctionnait pas très bien parce qu'on assignait à la relève des projets traditionnels, des documentaires, des documentaires d'une heure, ou de l'animation, des films d'animation de sept ou huit minutes. Il s'agit là d'une tâche énorme pour un jeune cinéaste. J'ai trouvé qu'on ne leur rendait pas service et que, de plus, c'était coûteux.
    Nous avons donc mis en place ce que nous appelons le programme des jeunes cinéastes, qui permet à ces derniers de produire des courts métrages. Ce qui était intéressant — et je reviendrai sur la question du risque parce qu'elle est pertinente en l'occurence —, c'est que nous étions axés sur la recherche des jeunes artistes, comment les dénicher, d'où viennent-ils, et comment déterminer le genre d'encadrement dont ils ont besoin.
    Nous avons donc créé un programme de courts métrages. Il y a cinq ans, tout le monde nous demandait pourquoi nous produisions des courts métrages parce que personne n'irait les voir, et je leur ai répondu de ne pas s'inquiéter, qu'on les verrait.
    Un certain nombre de choses se sont produites. D'abord, nous avons créé le programme de courts métrages. Par exemple, quand un projet de documentaire est lancé, en général, nous commençons par inviter de jeunes artistes à des ateliers avec les experts du domaine. Nous leur permettons alors de proposer des idées sur un thème donné pour un film de dix minutes. Nous les sélectionnons pour ceux... La clé ici, pour les aider à faire la transition entre leur formation, que ce soit un diplôme en cinéma ou dans une autre discipline, et le milieu, c'est de les entourer des meilleurs talents, comme s'il s'agissait d'un long métrage. Nos meilleurs producteurs travaillent avec eux, les meilleurs monteurs. Les meilleurs cinéastes. Du coup, ils passent à un échelon supérieur dès le départ.
    Les programmes que nous avons créés sont maintenant de renommée mondiale. Nous suscitons l'intérêt des gens dans les quatre coins du monde, qui nous demandent des modèles. Nous l'avons fait dans le domaine de l'animation. Tandis qu'avant, il fallait trois ou quatre ans aux jeunes artistes pour réaliser un film, en trois mois ils réalisent maintenant un film de trente secondes à une minute dans le cadre d'un programme intensif, qui fonctionne de la même manière — avec la contribution des meilleurs experts. Cette année, nos partenaires du Brésil étaient si impressionnés par notre programme intensif qu'ils ont envoyé deux jeunes animateurs pour qu'ils prennent part au processus. Nous avons obtenu des demandes de la Corée. Nous créons quelque chose de différent et de formidable.
    Le plus beau dans tout ça, et voici ce qui est intéressant — j'aimerais parler un peu de la prise de risques —, c'est que les courts métrages sont maintenant la rage dans le monde entier. Au début, les gens demandaient pourquoi nous procédions ainsi parce que ce n'était pas des films traditionnels d'une heure. Eh bien, en l'espace d'un an, notre premier programme de documentaires courts...
    En fait, nous avons travaillé en partenariat avec CBC Newsworld, qui les a pris. Mais rapidement, le web est devenu l'outil de diffusion. Les courts métrages y sont maintenant chose courante. Nous savons comment les commercialiser partout dans le monde et trouver des spectateurs.
    Notre façon de prendre des risques — et ceci, c'est important, et c'est ce qui ne peut se faire dans le secteur privé, ce que Téléfilm, par exemple, ne peut pas faire et ce que la SRC/CBC ne peut pas faire... Si nous sommes axés sur le processus, si nous comprenons ce que nous voulons accomplir, que ce soit former de jeunes cinéastes ou produire de nouvelles formes d'art, nous nous demandons si nous pouvons définir le processus, si nous pouvons définir la façon d'envisager les choses, mais nous ne définissons pas le produit final. Nous ne définissons pas ce que nous allons obtenir en bout de ligne parce que, du moment où on définit le produit final, on ferme la porte à la créativité et aux possibilités. Si dès le départ vous dites que vous savez déjà où vous voulez aller, vous n'aurez pas de surprises, ce qui veut dire que vous n'obtiendrez pas l'effet magique de l'inspiration. Ce que nous avons découvert, c'est que le fait d'être axés sur le processus produit des oeuvres incroyables.
    Maintenant, grâce à ce nouveau programme de jeunes cinéastes, certains de nos films ont été montrés au festival Sundance, l'un d'entre eux a été mis en nomination pour un Oscar. Cela ne se serait pas produit si nous avions défini à l'avance la forme finale des films.
(0940)
    M. Abbott a la parole pour cinq minutes.
    Merci beaucoup d'être ici aujourd'hui.
    Je dois avouer que je ne suis pas aussi au courant que je le devrais du fonctionnement de l'Office national du film, et peut-être est-ce aussi le cas de certains des autres membres du comité.
    Vous avez mentionné à plusieurs reprises la question du financement de l'Office national du film, et je respecte votre droit de le faire, mais je vous demande de nous aider à comprendre. Vous avez un processus — tout le monde a un processus — qui consiste, une fois qu'on a une idée de film, à déterminer qui va le produire, à trouver les moyens pour le produire — que ce soit un court métrage, un documentaire ou un long métrage — à recruter une équipe, à payer l'équipe, à faire le montage et ainsi de suite, et, une fois terminé, à en faire la publicité, à le distribuer et, on l'espère, à générer des recettes. Nous comprenons vaguement le processus.
    Pourriez-vous nous donner une idée de l'aide financière que l'ONF reçoit de la part du gouvernement et comment l'argent est dépensé? Décrivez-nous les activités quotidiennes, hebdomadaires et mensuelles de l'ONF, en comparaison, disons, avec quelque chose comme le Fonds canadien de télévision, que nous comprenons bien, ou avec autre chose du même genre.
    Nous jouons un rôle très différent.
    J'aimerais qu'il soit clair que le mandat de l'ONF est de servir les Canadiens. Il n'est pas tenu d'aider directement une industrie donnée. Je garde donc toujours cela à l'esprit, que tout ce que nous faisons doit servir aux Canadiens, nous devons leur en donner pour leur argent. Nous devons le faire d'une façon qui demeure en harmonie et en collaboration avec l'industrie, c'est certain, nous travaillons donc avec l'industrie et avec des créateurs.
    Pour ce qui est de nos activités, il s'agit aussi de production et de distribution, de distribution dans le sens large du terme, c'est-à-dire d'entrer en contact avec les Canadiens. Vous voyez, nous faisons affaire avec les citoyens. Nous ne suivons pas, disons, la notion traditionnelle de fournir des spectateurs aux publicitaires. Il est question d'entrer en relation avec les citoyens de ce pays, en leur donnant accès aux points de vue de leurs concitoyens sur leur pays, points de vue qu'ils ne connaîtraient peut-être pas autrement. Et comment favoriser cette entreprise au-delà de l'étape de la production?
    Maintenant, même en termes de production, ce n'est pas très simple parce que ce que nous faisons, c'est nous fixer des buts stratégiques relatifs aux programmes sur lesquels sont axées nos activités. Ces buts ne signifient pas que nous allons simplement nous asseoir et dire, OK, vous êtes cinéaste, vous allez me présenter une idée. Par exemple, le travail que nous accomplissons auprès des jeunes cinéastes — franchement, personne d'autre ne le fait. Personne d'autre ne s'intéresse comme l'ONF à créer une culture cinématographique, à être en mesure de favoriser son développement et à en faire la promotion. Ce que nous avons fait, c'est mettre en place un tel système. Ce n'est pas que quelqu'un soit venu nous dire de le faire; nous avons compris que c'était notre devoir de le faire.
    Notre responsabilité, une autre d'entre elles, envers les collectivités de l'ensemble du pays, a été mise en lumière il y a trois ans. Je me suis rendu au Nunavut, et je pense que j'étais le premier directeur du Programme anglais à l'avoir fait. Le Nunavut a davantage d'artistes par habitant que nulle part ailleurs au monde. Les gens ont d'énormes compétences graphiques et j'ai pensé que nous devrions travailler avec eux de manière à ce que l'ONF les serve de la même manière qu'il sert les gens du Sud. Comment pouvions-nous collaborer avec eux? Devrions-nous réaliser des projets d'animation? Devrions-nous leur fournir un ensemble de compétences qui nous aiderait à trouver de nouvelles formes d'expression?
    Nous avons donc créé un programme, le laboratoire d'animation du Nunavut , en collaboration avec l'IDC, le gouvernement du Nunavut et l'APTN, qui est axé sur la notion de viabilité. Nous avons établi des ateliers dans les collectivités, notamment à Cape Dorset, Iqaluit et Pangnirtung. Nous y avons trouvé des gens qui possédaient réellement ce genre de talent et qui voulaient travailler en animation. Nous nous sommes ensuite associés au Centre des arts de Banff, parce qu'ils pouvaient y faire un apprentissage in situ et achever une oeuvre dans un même lieu. Car ce qui nous préoccupait également, c'était de devoir amener des artistes inuits dans un centre métropolitain, par exemple, ce qui les aurait énormément stressés, alors il nous fallait trouver un moyen de gérer leur éloignement de leur famille.
    Nous avons créé un projet pilote qui va accomplir un certain nombre de choses. Il va donner, je crois, des oeuvres d'animation remarquables. Il va enrichir notre pays. Il enrichit certainement nos institutions culturelles. Mais nous avons aussi pensé à ce qui se produirait par la suite. Nous avons formé des gens à utiliser des ordinateurs pour faire de l'animation numérique et ainsi de suite; le matériel restera dans le Nord. Cela signifie qu'ils pourront commencer à créer une industrie économiquement viable au sens où lorsque le gouvernement veut envoyer un message d'intérêt public ou lorsqu'ils veulent faire de la publicité régionale, ils pourront faire le travail eux-mêmes.
    Voilà le genre de domaine où nous dépensons un montant considérable d'argent. Nous le faisons au Yukon. Nous le faisons dans les Territoires du Nord-Ouest. Nous avons récemment lancé un projet pilote de cinéma numérique à Caraquet, au Nouveau-Brunswick. Nous cherchons de nouvelles façons de permettre aux petites collectivités de vivre l'expérience du cinéma, l'expérience des oeuvres que nous réalisons et que d'autres réalisent et qui normalement ne peuvent pas être vues dans ces petites collectivités, dans une salle de cinéma. Nous avons dépensé et investi un montant considérable d'argent dans le cinéma numérique et nous avons fait nos preuves. La réaction des gens, c'est : « Mon Dieu, on ne nous a pas oublié; une institution fédérale a pensé à nous », ce qui est remarquable. D'ici l'automne, nous comptons faire passer à quatre ou à cinq le nombre de collectivités du Nouveau-Brunswick qui pourront vivre cette expérience.
(0945)
    Parmi la gamme de nos projets, on compte la Cinémathèque et notre Médiatèque ainsi que notre CinéRobothèque à Montréal. Nous avons littéralement 100 000 écoliers qui visitent ces centres pour y apprendre les techniques d'animation. Je pourrais en dire plus sur le niveau d'initiation aux médias, le niveau d'engagement et la portée de ce dernier — tant pour ce qui est de la création qu'à l'égard de cette institution fédérale qui dit aux gens, voici le Canada et le Canada vous en donne pour votre argent
(0950)
    Merci monsieur Abbott.
    Avant de donner la parole à M. Scarpaleggia, permettez-moi de dire que je suis très conscient des efforts déployés au Nouveau-Brunswick. Je pense qu'un ancien membre de l'ONF enseigne le cinéma à l’Université St-Thomas ou à l'UNB, et Giles Walker est le professeur de mon fils à l'UNB.
    Monsieur Scarpaleggia.
    Merci.
    J'aimerais poser quelques brèves questions au sujet de la distribution.
    Je pense que je peux dire sans me tromper que tous les membres du comité s'intéressent aux questions culturelles et aux produits culturels. Pourtant, je trouve que, comme Canadien et à titre de membre du Comité du patrimoine canadien de la Chambre des communes, je vois très peu de vos magnifiques productions. Vous savez, franchement, j'en vois très peu à la télévision.
    Je sais qu'une chaîne de films diffuse maintenant certains des courts métrages de Norman McLaren, et c'est formidable, mais ils datent d'il y a 40 ans. On avait l'habitude de voir des courts métrages de l'ONF au cinéma avant le long métrage et cela donnait aux spectateurs un immense sentiment de fierté.
    Je me demande donc si vous en faites assez pour que vos produits soient présentés au grand public, que ce soit à la télévision ou dans les salles de cinéma. Ne devriez-vous pas avoir comme priorité de resserrer les liens entre la SRC/CBC ou d'autres chaînes et l'ONF? Je pense que c'est un gros problème.
    J'ai beaucoup de mal à trouver une production de l'ONF. Peut-être en trouve-t-on sur Internet quelque part. Mais pour le Canadien moyen qui veut regarder un produit culturel dans son salon... Il a déjà commencé à se détendre et il ne va pas se dire : « Tiens, je vais me rendre chez un distributeur de films de l'ONF. » En fait, vous en avez encore un au centre-ville. Il y en avait un à Ottawa, mais il a été fermé et remplacé par un café.
    Cela me préoccupe beaucoup que vous produisiez des oeuvres magnifiques et que les Canadiens ne les voient pas à moins d'effectuer une démarche précise pour les trouver. J'aimerais donc que vous abordiez cette question.
    Ensuite, je sais qu'il existe d'excellents cinéastes partout au pays et je pense que votre initiative au Nunavut est formidable. Ma circonscription se trouve dans l'Ouest de Montréal et je représente une grande partie de la communauté anglophone de Montréal. Dans quel état se trouve la communauté cinématographique anglophone? Je connais des cinéastes qui vivent dans ma circonscription et ils ne réussissent pas à trouver de fonds pour tourner de bons films. Ils ont beaucoup de talent. Est-ce qu'on en fait assez pour, disons, les cinéastes des communautés de langue officielle en situation minoritaire et, plus précisément dans le cas présent, dans la partie anglophone du Québec?
    Je vais commencer par répondre à la question sur la distribution.
    Vous savez, cette question nous préoccupe énormément. Je dirai que presque tout est diffusé à la télévision. Mais quand vous vous installez devant votre téléviseur et que vous avez accès à plus de 100 canaux, selon le forfait de câble que vous avez choisi parmi tous ceux qui sont offerts, le fait est que 90 p. 100 de ce que nous faisons est diffusé à la télévision... mais on peut difficilement affirmer : « Ah voilà, c'est une production de l'ONF en ce moment. »
    Maintenant, nous avons eu un grand...
    Je parle de la SRC/CBC en ce moment. Je ne parle pas...
    Non, non, mais même avec la SRC/CBC, quand elle regarde — en ce moment, nous sommes encore en pourparlers avec la SRC/CBC. Beaucoup de nos productions finissent par être diffusées par la SRC/CBC, mais je dois vous dire qu'elles finissent aussi — j'ai regardé une liste de choses que nous faisons avec Global, et au cours des deux dernières années, ce réseau s'est ouvert aux documentaires et dix films que nous réalisons en ce moment seront diffusés sur Global.
    Nous travaillons aussi avec CTV et nous travaillons avec TVOntario et le Knowledge Network. En ce qui concerne les films et leur cote d'écoute, je n'ai pas de chiffres précis; je dirais que les films sont diffusés, mais qu'il y a un problème. Le problème, c'est que, dans le cadre des émissions de télévision, les caractéristiques bien particulières de nos oeuvres font en sorte qu'elles ne suscitent pas un haut niveau d'intérêt, d'échanges et d'interaction, tous des éléments importants. Je vais présenter quelques solutions dans un instant.
    La deuxième chose que nous faisons, et vous l'avez certainement déjà remarqué, c'est que nos films commencent à être présentés dans les salles de cinéma et qu'ils le seront de plus en plus. La première d'un de nos films récents, Paysages fabriqués, a eu lieu au festival des films de Toronto l'année dernière. Il s'agit d'une co-production, d'un magnifique long métrage. Pour un documentaire long métrage qui est un film d'art et d'essai, il a rapporté 600 000 $ en recettes dans les salles de cinéma au Canada. Il a été diffusé par Mongrel Media. Il sera bientôt diffusé dans les salles américaines. Il a été présenté au festival du film Sundance et a peut-être des chances d'être mis en nomination pour un Oscar.
    Nous avons fait d'autres films qui ont eu un succès remarquable. Le film Radiant City, réalisé à Calgary, a été diffusé dans l'ensemble du pays et couronné par la critique. Je le répète, il a attiré l'attention des gens. Les gens en avaient entendu parler. Les gens d'un bout à l'autre du pays pouvaient le voir dans leur collectivité.
    Quant à ce qu'il reste à faire dans ce domaine ainsi que pour saisir les nombreuses occasions d'entrer plus directement en contact avec les Canadiens, nous envisageons des solutions beaucoup plus directes pour les mois à venir. J'espère pouvoir faire une annonce à ce sujet un peu plus tard cet automne -- un accès direct grâce à des ententes non exclusives de diffusion sur diverses plateformes d'Internet, alors si vous voulez vivre cette expérience, vous pourrez aller sur votre site préféré, que ce soit Joost, Babelgum, Brightcove ou le site de l'ONF. Nous allons créer de nouvelles façons pour les Canadiens d'avoir accès à nos productions, sur toutes sortes de plateformes, et nous allons faire en sorte d'être présents parce que nous le leur devons, j'en suis très conscient. Ça va se faire, c'est certain.
    Pour répondre à la deuxième question, nous avons un centre de production dynamique. La programmation est répartie entre les différents centres de production. Nous avons un bureau de production à Vancouver, Edmonton, Winnipeg, Toronto, Montréal et Halifax. Celui de Montréal est un studio d'animation. C'est un programme anglophone et il y a également le nouveau studio des documentaires et celui pour les nouveaux médias. Le studio des documentaires dépense environ, compte tenu de nos ressources limitées, 2 millions de dollars pour des projets variés avec des cinéastes anglophones, surtout à Montréal, allant de jeunes cinéastes à des cinéastes chevronnés.
    Il y aura toujours de bons projets que nous ne pourrons pas accepter parce que nos ressources sont limitées. Au bout du compte, nous sommes constamment obligés de faire des choix difficiles, mais je dirais que la communauté anglophone de Montréal est très bien servie par l'ONF.
(0955)
    Madame Bourgeois.

[Français]

    Merci, monsieur le président.
    Monsieur Perlmutter, bonjour.
(1000)
    Bonjour.
    Vous avez une philosophie qui me plaît énormément. Votre discours éloquent sur la culture est très différent de plusieurs autres discours que nous avons entendus ici. On étudie actuellement le mandat de Radio-Canada, et le discours porte bien souvent sur l'aspect financier. On essaie toujours de revenir à l'aspect culturel. Vous avez un langage culturel lorsque vous dites que la conscience culturelle du pays est l'ONF.
    J'ai été enseignante pendant 30 ans au secondaire. Je ne connais pas une école dans ma commission scolaire qui n'ait pas déjà fait affaire avec l'Office national du film. Cet office est un réservoir de ressources d'enseignement, tant en histoire qu'en français. C'est une mine d'or pour les écoles. Or, cet aspect n'est pas assez connu. Tenir un discours uniquement financier lorsqu'on parle de l'Office national du film, c'est faire fausse route. Il faut considérer les dividendes culturels que la population ou nos jeunes peuvent recevoir.
    Cela dit, vous semblez très soucieux également de l'expression de la diversité culturelle, ce que j'apprécie énormément. Notre comité a fait une tournée des différentes villes canadiennes et effectivement, les gens ne se reconnaissent pas nécessairement dans la télévision. Si les services de l'ONF étaient plus diffusés, peut-être se reconnaîtraient-ils un peu plus.
    Cela m'amène à vous poser trois questions. Vous avez parlé de planification. Ce que je vous demande peut représenter un travail de longue haleine. Dans six mois, vous pourrez peut-être nous fournir une planification stratégique. Celle-ci pourrait comporter plusieurs volets, entre autres la situation actuelle à l'Office national du film, afin que mes collègues qui ne sont pas au courant des services offerts par l'Office national du film puissent les connaître. C'est extrêmement important.
    Que faites-vous actuellement avec le budget qu'on vous donne? Vous avez l'intention de mettre l'Office national du film en évidence. J'aimerais que vous nous fassiez le portrait de la situation souhaitée, avec des dates. Vous avez dit que dans deux ans, on fêterait le 70e anniversaire de l'ONF. Il peut y avoir des dates concernant les différentes étapes et des indicateurs de rendement. Il serait très important qu'on connaisse les dividendes que ce gouvernement conservateur pourrait tirer d'une planification ou de ce que devrait être l'Office national du film.
    Je sais que cela représente beaucoup de travail pour vous, mais vous me semblez très compétent, et je pense que vous serez capable de nous rendre ce service.
    Vous avez été à la tête du volet anglophone de l'Office national du film. Y a-t-il des défis particuliers pour les différents volets? Il y a le secteur francophone également.
    Croyez-vous que les documentaires soient suffisamment appuyés au Canada? Devrait-on les appuyer davantage? Croyez-vous que les gens qui font des documentaires peuvent être satisfaits de la contribution actuelle du gouvernement?
    Merci.
    Premièrement, en ce qui a trait à la planification, depuis presque un an, on est en train de revoir toutes les questions relatives aux indicateurs de rendement. C'est très important pour nous, et ce, pour plusieurs raisons. Chaque jour, je suis très conscient d'être là pour servir le public canadien et d'être très privilégié. Ce privilège entraîne une responsabilité énorme, celle de toujours livrer la marchandise. Quand j'ai oeuvré dans le secteur privé, j'ai vu les deux côtés et j'étais très conscient de l'importance de ce qu'on faisait. On doit toujours se questionner et justifier ce qu'on fait par le biais des indicateurs. C'est un processus. On peut revenir ici au cours des prochains mois pour faire rapport des progrès. Je serai vraiment content de le faire, de même que de vous faire part de notre planification.
     Je ne sais pas si cela répond à toutes vos questions sur la planification.
    La planification est importante, car elle permet de montrer d'où on part et ce qu'on fait avec les budgets. Vers quoi voudrait-on maintenant aller et pourquoi? La planification nous permet d'expliquer et de dire quels dividendes cela va rapporter, et de justifier la somme investie.
    J'ai commencé la semaine dernière. On y reviendra, mais ce processus est déjà enclenché. Il y a des pistes de réflexion. C'est clair dans les grandes lignes. J'arrive en poste, et tout ce qu'on est en train de faire est possible parce que mon prédécesseur a fait du bon travail. Jacques Bensimon, quand il était commissaire, a vraiment renouvelé la boîte. Il a fait quelque chose de très important pour la boîte. Maintenant, c'est à nous d'avancer, et c'est ce qu'on est en train de faire. On verra comment on pourra y arriver et on aura toutes les explications d'ici environ six mois.
    Le volet francophone est essentiel pour moi. D'une certaine manière, il l'est peut-être même plus que le côté anglophone. Le fait d'avoir cette voix est important pour l'ONF. Quand j'étais directeur du programme anglais, j'ai fait de mon mieux et on a fait beaucoup de travail ensemble. Nous nous sommes assurés d'avoir un échange important au niveau de la création, des idées et de la réflexion. Nous nous sommes assurés de vraiment solidifier nos forces. On a travaillé à des projets spécifiques et à de grands enjeux. Par exemple, j'ai organisé des ateliers de maîtres afin d'améliorer les compétences de nos gens et de nos producteurs. J'ai invité les plus grands documentaristes à l'ONF en les incitant à faire un travail en profondeur. Avec le programme français, on a fait quelque chose de nouveau.
(1005)

[Traduction]

    Et quelle est la troisième question?

[Français]

    J'ai oeuvré pendant des années dans le milieu du documentaire. Je peux vous dire que les documentaristes, par nature, ne seront jamais satisfaits. C'est un peu leur nature. On est toujours dans un monde de problématiques. On est toujours pris par tous les défis de nos sociétés. Cependant, il y a certains défis relatifs au financement des documentaires longs-métrages. Nous avons présentement un projet-pilote avec Téléfilm Canada et la CBC. Il n'y a pas moyen d'assurer véritablement le financement à long terme. Il y a un autre problème: comment peut-on créer un modèle de financement pour les documentaires réalisés sur de nouvelles plateformes? Cela implique d'autres façons de faire. Cela n'existe pas en ce moment. Il y a donc des problèmes relatifs à cela aussi.

[Traduction]

    Merci beaucoup.
    Monsieur Warkentin.
    Merci beaucoup.
    Monsieur Perlmutter, je tiens à vous féliciter d'avoir été nommé à ce poste. De toute évidence, vous avez les qualifications requises, alors nous vous félicitons doublement.
    Nous avons déjà entendu d'autres témoignages et j'espère que les chiffres que j'ai sont exacts, mais d'après ce que j'ai compris, dans le cas de beaucoup des films de l'ONF, seulement 2 p. 100 de la population les visionne. Vous avez parlé des indicateurs de rendement et du fait que, dans l'exercice de vos nouvelles fonctions, vous devez les surveiller. Je me demande si vous croyez que 2 p. 100 est un bon pourcentage, si vous pensez qu'il devrait être utilisé à titre d'indicateur de rendement et s'il devrait augmenter ou diminuer.
    Quelle est votre opinion à ce sujet?
    Premièrement, je ne suis pas certain à quoi ce 2 p. 100 fait référence. Si nous parlons seulement de cotes d'écoute et que ce chiffre provient des données de diffusion, je dirais qu'il est douteux. Il faudrait que j'effectue moi-même une analyse. Franchement, 2 p. 100, ce n'est pas bon. Ce n'est pas assez bon pour moi. Ce n'est pas quelque chose qui me réjouirait. Cependant, je conteste ce chiffre et dirais que nous avons un public beaucoup plus large que cela, mais qu'il n'a jamais vraiment été mesuré. Nous parcourons le pays et nous organisons des séances de visionnement. Je vais vous en donner un exemple dont il n 'est fait état nulle part.
    Il a quelques années, nous avons produit le film Being Caribou. C'est un film remarquable. Lorsqu'il a été question d'effectuer un forage pétrolier sur le terrain de mise bas de la harde de caribous de la Porcupine, deux jeunes cinéastes, mari et femme, ont décidé de voir quelles seraient les répercussions du projet sur les caribous. De septembre à avril, ils ont donc marché dans les traces de la harde.
    Ce film a été sélectionné par la Alaska Wilderness Society et d'autres, qui ont organisé ce qu'ils ont appelé des « visionnements privés ». Ils ont envoyé 2 000 DVD à des personnes, qui ont alors invité de 10 à 20 personnes pour visionner le film dans leur salon. On nous a dit que grâce à cette seule initiative, 300 000 personnes ont visionné le film, et ce, probablement en une seule soirée. Il n'en a été fait état nulle part. Ces personnes ne figurent pas ce chiffre. Je dirais que cela arrive à maintes reprises avec nos films, parce que nous touchons les gens et établissons des contacts avec eux de façons qui ne sont jamais consignées par nos systèmes.
    Cela étant dit, je ne pense pas que nous sommes là où nous devrions être, mais nous avons des projets et ce sont des projets très ambitieux. Espérons qu'avec l'appui de ce comité et le genre de financement dont nous bénéficierons à l'avenir tous les foyers auront un accès direct et quotidien à nos produits.
(1010)
    Eh bien, c'est absolument formidable. C'est ce que j'espérais entendre et nous vous sommes reconnaissants de vos efforts jusqu'à présent. Évidemment, cela ne fait qu'une semaine, mais nous vous souhaitons bonne chance dans votre entreprise.
    Je pense que M. Brown aimerait poser quelques complémentaires.
    Merci, monsieur Warkentin.
    Monsieur Brown.
    Merci, monsieur le président.
    J'aimerais vous féliciter de votre nomination. En fait, je n'ai qu'une seule question à vous poser.
    Au cours de la 38e législature, ce comité a fait une étude de l'industrie cinématographique, et M. Angus et moi-même y avons participé. Avez-vous eu l'occasion de lire le rapport de cette étude?
    Non, je ne l'ai pas lu.
    Je vous recommande fortement de le faire. Beaucoup des questions qui ont été abordées aujourd'hui sont mentionnées dans ce rapport. Le comité a parcouru le pays et je pense qu'il contient des recommandations intéressantes.
    Je vais le lire. Il se trouve dans la pile de documents sur mon bureau. Merci.
    D'accord. Félicitations.
    Merci.
    Merci beaucoup.
    Je pense que tout le monde a terminé, à l'exception de M. Angus. Nous allons donc conclure en donnant la parole à M. Angus.
    Merci.
    J'ai été fasciné d'entendre ma collègue, Mme Bourgeois, parler de l'utilisation des films de l'ONF dans les écoles parce que je peux témoigner du fait que, quand j'étais plus jeune, j'ai vu des films de l'ONF plus souvent que je ne peux m'en souvenir. Même lors de rencontres à l'église, on nous présentait des films de l'ONF. Ils faisaient partie de notre vie.
    J'aimerais réitérer qu'à mon avis, l'Office national du film devrait continuer d'évoluer pour s'adapter au nouveau millénium parce que nos jeunes forment un public très différent de celui que nous formions à l'époque où j'allais à l'école.
    Récemment, j'ai vu La dernière ronde, le documentaire portant sur George Chuvalo. Je pense que c'est un des meilleurs documentaires qu'il m'ait été donné de voir.
    J'ai vu un autre film de L'ONF qui est peut-être passé inaperçu pour beaucoup de personnes : Harvest Queens. Le film m'a beaucoup touché parce qu'il a été tourné dans ma région. Ma femme et moi avions toujours dit qu'il serait intéressant de faire un documentaire sur la foire d'automne et sur le concours en vue de couronner la reine de la foire, mais nous ne pensions jamais que quelqu'un le ferait. Je vis dans le Nord de l'Ontario et personne ne consacre des reportages à ce qui ce passe chez nous, raison pour laquelle nous avons grandi en aimant le hockey parce que c'était le seul moment où nous entendions parler de notre région car Frank Mahovlich, Steve Sullivan et d'autres viennent de chez nous. Mais personne ne prenait la peine de se rendre dans le Nord pour célébrer ce que nous avions. Ce film est émouvant. D'après ce que je peux voir, si nous n'avions pas l'ONF, un film comme celui-là n'aurait jamais été tourné.
    Je tenais à le signaler...
    J'aimerais ajouter que Harvest Queens a été réalisé dans le cadre de notre programme des jeunes cinéastes.
    Ah oui? Eh bien, c'est un excellent film.
    Je le répète, je m'intéresse à la question de rejoindre les jeunes et donc d'évoluer vers les courts métrages parce que c'est ce que les jeunes aiment, parce qu'ils regardent tout sur YouTube. Mes filles s'envoient de petits vidéoclips de tous les genres par courriel. Les clips courts conviennent mieux à la bande passante alors c'est ce que les jeunes ont l'habitude de regarder.
    J'aimerais justement parler avec vous de ce sujet et vous demander quelle direction vous comptez prendre en matière de contenu en ligne puisqu'un des gros problèmes que nous avons pour mettre l'immense catalogue canadien en ligne, c'est de déterminer comment le monétiser. À maintes reprises, l'Office national du film a été cité comme modèle à suivre, en partie je pense, du fait que, compte tenu de tous les problèmes relatifs aux droits d'auteur, vous avez plus facilement accès à votre catalogue que certaines de nos autres institutions qui éprouvent davantage de difficultés. Existe-t-il des modèles viables pour monétiser le contenu afin que nos cinéastes puissent bénéficier financièrement du fait que n'importe qui peut y avoir accès en tout temps et n'importe où, que ce soit sur un cellulaire, sur tout téléphone portatif ou sur YouTube?
(1015)
    Je vais revenir à votre question. Je voudrais d'abord parler du Nord de l'Ontario et d'une des choses que nous envisageons.
    De diverses façons, il est très important pour moi de chercher à entrer en contact avec les collectivités. En fait, la semaine après ma nomination, je ne déambulais pas sur le sable doré de Cannes, comme d'autres collègues l'auraient fait, j'étais au contraire sur les lieux de l'exploitation des sables bitumineux, à Fort McMurray, parce que j'estimais que c'était nécessaire pour établir des liens avec les gens de cette localité et voir ce qui s'y passait car c'est un endroit qui revêt une importance énorme pour le pays et pour le monde entier. J'ai donc toujours trouvé important de chercher à entrer en contact avec les gens.
    Nous étudions aussi les nouvelles technologies pour voir comment créer, disons, des salles de montage virtuelles -- nous en avons parlé dans le cas du Nord de l'Ontario, de mon studio en Ontario -- pour que les cinéastes puissent travailler à distance puisque la technologie le permet. De cette manière nous pourrons établir des liens réels et profonds avec les artistes, où qu'ils se trouvent.
    J'aimerais dire une autre chose à ce sujet, et à mon avis, on ne le dit pas assez souvent. Quand nous disons que nous voulons établir des liens avec les artistes du monde entier ou avec les gens de diverses cultures ou d'autres groupes, ce n'est pas parce que cela figure sur la liste des choses qu'il convient de faire, même si c'est vrai que c'est ce qu'il convient de faire. Nous croyons fermement que ce que nous faisons nous enrichit en tant qu'êtres humains et que ces autres voix nous dynamisent. Ce que nous faisons enrichit le Canada en lui présentant de nouvelles façons de voir le monde, que les Canadiens ne connaîtraient peut-être pas autrement, une autre façon de penser et de ressentir les choses. C'est extraordinaire de voir l'énergie créatrice qui est produite lorsqu'on puise dans les ressources d'une collectivité, que ce soit une collectivité du Nord, une collectivité inuite ou une collectivité autochtone, ou lorsqu'on travaille avec la communauté noire de Montréal, de Vancouver ou d'ailleurs. Et je pense que l'ONF est le seul à pouvoir le faire.
    Excusez-moi. Je reviens à la question de la monétisation des courts métrages.
    Savoir comment les monétiser demeure un problème important. Pour le moment, je crois qu'il faut se demander comment la création de ce genre de produit peut nous permettre de rendre aux Canadiens ce qu'ils ont investi par l'entremise de l'ONF en leur donnant accès aux films produits par ce dernier.
    Peut-être que cela pourrait se faire sous une forme quelconque de diffusion vidéo sur Internet et, par la suite, les gens auraient la possibilité d'acheter les films qu'ils ont visionnés s'ils le désirent. Nous avons entendu dire que ce genre de modèle connaît un grand succès. En fait, plus on offre de produits sur une large gamme de plateformes, plus les revenus augmentent.
    Il n'existe pas encore de modèle viable qui offre un mécanisme de financement de la production qui nous conviendrait et qui permettrait d'assurer un certain rendement monétaire. Voilà des questions que différentes personnes, allant des joueurs importants sur la scène internationale, les grands studios, aux petits joueurs, étudient en ce moment. Plus tôt, j'ai dit que je voulais que nous étudions différentes façons de faire preuve d'esprit d'entreprise et d'exploiter nos produits à des fins commerciales. Franchement, si on regarde tout ce monde en ligne, le monde de l'audio-visuel et ce qui est monétisé, savez-vous ce qui rapporte le plus d'argent? Ce sont les sonneries de téléphone et les économiseurs d'écran. Il s'agit d'une industrie chiffrée à des milliards de dollars. C'est très intéressant.
    Merci.
    Merci beaucoup.
    Permettez-moi d'exprimer mon propre enthousiasme à l'égard de l'Office national du film. Je suis certain que le film Echoes in the Rink: The Willie O'Ree Story a été présenté dans toutes les classes d'école de Fredericton, sans pour autant que cela ait des répercussions sur les cotes d'écoute.
    J'étais assis ici en train d'y réfléchir et je pense que je connais cinq personnes qui travaillent dans l'industrie cinématographique directement parce qu'elles ont vu ce film à l'école. Pour ceux qui ne sont pas au courant, M. O'Ree a été le premier homme de race noire à faire partie de la LNH . Il est né à Fredericton.
    Chapeau à vous et à tous ceux qui ont comparu avant vous. Espérons que le comité pourra vous appuyer dans votre passion, qui est évidente et encourageante. Félicitations pour votre nomination.
    Puisque tout le monde vous a félicité, il n'est peut-être pas nécessaire que nous vous exprimions notre confiance de manière officielle, mais cela fait partie du processus. Je demanderai donc à un membre du comité -- je vois M. Angus -- de proposer une motion portant que le comité a étudié les qualités et les compétences de Tom Perlmutter en tant que commissaire du gouvernement à la cinématographie de l’Office national du film du Canada et le trouve compétent pour exercer les fonctions du poste et que le président en fasse rapport à la Chambre.
    Je vois que tout le monde approuve de la tête; je pense donc qu'on peut conclure qu'il s'agit là de la position unanime de notre comité.
    (La motion est adoptée.)
(1020)
    Je félicite quiconque suscite l'unanimité de ce groupe remarquable. Merci.
    Des voix: Bravo.
    Le vice-président (L'hon. Andy Scott): La séance est levée.