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Monsieur le président, honorables membres du comité, bonjour! Merci de nous avoir invités à comparaître devant vous aujourd'hui.
Comme le président l'a dit, je m'appelle Ronald Cohen et je suis le président national. Sont également avec moi John MacNab, directeur exécutif du CCNR; Teisha Gaylard, notre directrice des politiques; et Burhaan Warsame, responsable de l'initiative du conseil visant l'extension des services aux groupes ethnoculturels et leur présentation positive.
Tout en appréciant votre invitation, nous sommes tout à fait conscients que le rôle du CCNR se joue exclusivement auprès du secteur privé de la radiotélévision, alors que votre enquête se concentre sur le rôle d'un radiodiffuseur public. Nos membres sont les quelque 609 radiodiffuseurs privés du Canada dont les activités couvrent aussi bien la télévision traditionnelle, les services spécialisés que les stations de radio AM et FM, sans oublier les détenteurs de licence de radio par satellite. Cela représente en fait près de 95 p. 100 des radiodiffuseurs commerciaux privés admissibles au conseil.
Il n'entre pas dans notre mandat de débattre directement des dossiers concernant les radiodiffuseurs publics, qui ne font pas partie de notre clientèle. Cependant, le travail du Conseil canadien des normes de la radiotélévision est si particulier et d'une telle importance au sein du système de radiotélévision canadien que vous pourriez trouver certaines de nos réalisations dignes de considération, au moins indirectement, lors de vos délibérations.
Deux aspects majeurs de notre travail qui nous sont propres pourraient peut-être vous sembler intéressants à reproduire en radiotélévision publique. Le premier est le vaste éventail de préoccupations du public auxquelles nous sommes sensibles et le second, l'ampleur de notre pénétration dans toutes les collectivités canadiennes.
[Français]
Le Conseil a comme mandat de surveiller l'application des codes des radiodiffuseurs canadiens privés. On compte présentement parmi ceux-ci : le Code concernant les stéréotypes sexuels à la radio et à la télévision et le Code concernant la violence à la télévision, tous deux de l'ACR, l'Association canadienne des radiodiffuseurs, et tous deux imposés par le CRTC comme conditions de licence aux radiodiffuseurs canadiens; n'oublions pas le Code de déontologie de l'ACR et le Code de déontologie journalistique de l'Association canadienne des directeurs de l'information radio-télévision, l'ACDIRT.
[Traduction]
J'ajouterai que le CRTC, la semaine dernière à émis un avis public sollicitant les commentaires et points de vue de toutes les parties intéressées sur un nouveau code du CCNR, le code d'indépendance journalistique. Notre conseil surveillera l'application de ce code que devront respecter, par condition de licence, tous les radiodiffuseurs du pays ayant des participations à la fois dans la presse écrite et dans presse électronique.
Plus tard sera publié un autre code, le code sur la représentation équitable. En temps voulu, il étendra à toutes les collectivités les avantages jusqu'ici offerts en fonction du sexe seulement, comme le prescrit le code concernant les stéréotypes sexuels à la radio et à la télévision. Le nouveau code devrait faire l'objet d'un autre avis public de la part du CRTC au cours de l'année.
Il est primordial de comprendre que les normes inscrites dans ces codes reflètent des valeurs canadiennes. Les outils pour veiller à leur application sont aussi très canadiens, en ce sens qu'ils sont efficaces sans être trop lourds et qu'ils émanent d'une volonté de l'industrie et non de celle du gouvernement.
C'est particulièrement pertinent, après avoir assisté au cours des dernières semaines à la débâcle de Don Imus aux États-Unis. Le système de réglementation américain ne se préoccupe que de la nudité et du langage grossier; il ne s'inquiète pas de la violence à la télévision, des droits de la personne, des stéréotypes sexuels, des atteintes à la dignité humaine en raison de la race, de l'origine ethnique, de la couleur, de l'orientation sexuelle, etc. Ces valeurs-là sont des valeurs canadiennes qui sont au coeur de notre système de normes et son application. Nous ne dépendons pas d'annonceurs pouvant nous forcer à modifier la programmation de manière ponctuelle comme c'est le cas aux États-Unis. Nous avons des règles que les radiodiffuseurs acceptent volontairement.
Dans le cadre de son mandat, le CCNR a reçu, depuis 1991, des plaintes de dizaines de milliers de Canadiens concernant toutes les catégories d'émissions : nouvelles, affaires publiques, dramatiques, comédies, entrevues, débats à la radio ou à la télévision, téléréalités divertissement, magazines d'information, longs métrages, émissions pour enfants, etc.
[Français]
Le CCNR a une connaissance assez complète des sujets de plainte. En effet, en plus de celles qui lui sont envoyées directement, le CCNR reçoit des plaintes adressées d'abord au CRTC et qui, à de rares exceptions près, sont transférées au CCNR pour règlement. Nous traitons chaque année environ 2 000 plaintes de Canadiens mécontents de ce qu'ils ont vu ou entendu sur les ondes.
[Traduction]
Je dois ajouter, entre parenthèses, que plusieurs de ces plaintes concernent la SRC et qu'ironiquement, comme la SRC n'a pas de système équivalent au nôtre, nous confions leur traitement au CRTC.
En fait, après avoir mentionné d'une part, les émissions pour enfants et, d'autre part, les plaintes des auditeurs sur de nombreux sujets, je constate que vous allez débattre demain du projet de loi sur la violence dans les médias, proposé par le député de Rosemont-La Petite-Patrie.
[Français]
Il est donc important que vous sachiez d'abord que les plaintes relatives à la violence à la télévision ont diminué régulièrement et de façon notoire au cours des dernières années, soit de 37 p. 100 entre 2001 et 2006. De plus, les propositions du projet de loi Bigras n'ajouteront rien à la panoplie d'outils dont nous disposons pour traiter ce sujet. Les dispositions du Code concernant la violence à la télévision établi par l'ACR et du Code de déontologie des radiodiffuseurs privés de l'ACR couvrent déjà sous tous les angles les questions de violence à la télévision. De plus, elles sont appliquées avec rigueur par une stricte autoréglementation de l'industrie qui est indissociable du système canadien de radiodiffusion.
[Traduction]
Nous avons déjà adopté une heure critique n'autorisant à diffuser qu'après 21 heures non seulement tout contenu violent mais aussi tout contenu pour adultes. Nous avons déjà des dispositions concernant le classement et les avis aux téléspectateurs qui s'appliquent à bien d'autres sujets que la violence à la télévision.
En outre, nous avons déjà adopté les mesures les plus complètes au monde pour protéger les enfants contre les émissions de télévision inappropriées. L'adoption du projet de loi C-327 n'apportera rien de plus et peut-être même moins aux Canadiens que ce nous leur avons déjà donné.
Notre processus de règlement des plaintes consiste à encourager d'abord le radiodiffuseur et le plaignant à dialoguer en toute bonne foi. Ensuite, si cela ne donne pas satisfaction aux plaignants, le CCNR tranche le différend par l'intermédiaire de ses comités décideurs, composés en nombre égal de représentants du public et de représentants de l'industrie. Il y a cinq comités décideurs régionaux, pour l'Atlantique, le Québec, l'Ontario, les Prairies et la Colombie-Britannique, et deux comités nationaux, l'un pour la télévision conventionnelle, l'autre pour les services spécialisés.
On trouve la biographie des membres décideurs représentant le secteur public et l'industrie sur le site Web du CCNR. Certains de ces membres sont des anciens députés, ministres, commissaires du CRTC; un autre a été lieutenant-gouverneur et un autre encore premier ministre de sa province; d'autres enfin sont des Canadiens issus de tous les milieux qui s'intéressent au bien public.
Le processus d'autoréglementation des radiodiffuseurs privés repose sur le fait que toutes les décisions formelles du CCNR sont rendues intégralement publiques, qu'elles donnent raison ou non aux radiodiffuseurs. Chaque communiqué annonçant une décision est acheminé à la presse écrite, aux radiodiffuseurs et à toute personne au Canada ou ailleurs qui désire figurer sur la liste des destinataires. Les quelque 400 décisions rendues depuis 1991 sont affichées sur notre site Web avec l'énoncé complet des motifs. Elles composent ensemble une jurisprudence méticuleuse et exhaustive pour traiter et définir une variété quasi-illimitée de questions de fond.
Nous traitons tous les types de contenu dans les émissions de radio et de télévision de tous genres. Rien de moins, rien de plus. Et nous faisons cela sans intervention de l'extérieur, en impliquant autant que possible le public dans nos débats et nos décisions.
À l'exception de l'ombudsman de Radio-Canada, qui exerce dans le domaine plus restreint des actualités et des affaires publiques, les radiodiffuseurs publics ne bénéficient pas d'un processus équivalent.
Le conseil est également fier de tendre la main à tous les membres de la formidable société multiculturelle du Canada en publiant des normes de la radiotélévision canadienne et son autoréglementation en français, en anglais et 40 autres langues sous forme imprimée et sous forme électronique sur le site Web du CCNR.
Nous avons remis au greffier deux jeux de notre brochure publiée dans une langue étrangère. Nous serions ravis d'en fournir un jeu à ceux d'entre vous que cela pourrait intéresser ou dans la langue étrangère qui vous intéresse ou qui peut intéresser vos électeurs.
J'aurais dû dire tout à l'heure que les comités décideurs reflètent eux aussi cette diversité. Il convient de mentionner également que 13,9 millions de Canadiens — non pas d'après le dernier recensement dont les résultats sont disponibles depuis peu, mais d'après celui d'il y a quelques années — parlent l'une ou plusieurs de ces langues et ont accès à des émissions diffusées dans toutes ces langues au Canada.
Je précise que ces 40 langues de convenance reflètent l'hémisphère latin dans lequel se situe le Canada, les premiers habitants du Canada (Inuktitut, Inuinnaqtun, Cri, Ojibwa, Mohawk, les peuples fondateurs de l'Europe de l'Est et de l'Ouest, les communautés afro-canadiennes, les communautés canadiennes issues du Moyen-Orient et de l'Extrême-Orient et de l'Asie du Sud ( Hindi, Urdu, Panjabi, Gujarati, Bengali, Tamoul et Singhalais).
Le CCNR fait beaucoup d'efforts pour faire connaître ses décisions à tous ceux qu'elles touchent. Ses membres décideurs, qui représentent le public et l'industrie à titre bénévole, tiennent à établir des principes qui reflètent bien les attentes du public. En hommage à la délicatesse et à l'impartialité qui caractérisent les décideurs issus du public et de l'industrie, rappelons qu'à l'exception de cinq, 398 décisions ont été rendues à l'unanimité, pour ou contre les radiodiffuseurs.
La preuve du succès du système autorégulateur des radiodiffuseurs privés canadiens, c'est qu'il fonctionne sans les énormes pénalités financières qui caractérisent le processus de réglementation américain.
Notre système repose sur l'engagement des radiodiffuseurs privés dans ce processus. Ils l'ont créé. Ils le soutiennent financièrement et, ce qui est plus important, ils le soutiennent moralement. Après tout, les radiodiffuseurs vivent au sein des communautés qui reçoivent leurs émissions. Ils veulent donc que le CCNR se penche sur toutes les préoccupations importantes du public à l'égard du contenu et non pas seulement sur quelques-unes. Et ils veulent que nous disions à tous les Canadiens, dans la langue qu'ils connaissent le mieux, comment se servir de ce processus d'autoréglementation. C'est une question de bon sens, de bon sens canadien et c'est bon pour tout le système canadien de radiodiffusion.
[Français]
Je vous remercie de votre attention. Nous sommes à votre disposition pour répondre à toute question.
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Un aspect est assez révélateur. Depuis le moment où Virginie Larivière a présenté cette pétition au premier ministre Mulroney, à un moment où la violence à la télévision préoccupait beaucoup les auditeurs — à une époque d'ailleurs où il y avait beaucoup d'émissions pour enfants qui comportaient des éléments violents comme
Mighty Morphin Power Rangers,
G.I. Joe,
Teenage Mutant Ninja Turtles, et les émissions du genre —, clairement la violence était une préoccupation.
Après la présentation de cette pétition, les radiodiffuseurs ont joué un rôle actif et ont révisé le code concernant la violence de 1987, pour le rendre plus efficace et pour s'assurer qu'il se concentrait plus sur les émissions destinées aux enfants.
Il est intéressant de noter qu'une des choses mentionnées dans le projet de loi existe déjà depuis le 1er janvier 1994. Ces dispositions qui sont les plus modernes au monde sont très claires, et visent les émissions destinées aux enfants.
Je n'ai répondu qu'en partie à votre question, mais je voulais indiquer clairement que depuis l'adoption du code, le nombre de plaintes portant sur la violence à la télévision a diminué de façon marquée.
Si l'on compare la situation qui existait en 2001, le nombre de plaintes portant sur la violence à la télévision a diminué de 37 p. 100.
Pour répondre plus précisément à votre question, à mon avis ce problème dans le secteur de la télévision n'est plus aussi important qu'il l'était. Cela est attribuable au fait que le système qui existe actuellement est tellement efficace que les auditeurs se plaignent moins souvent.
De plus j'aimerais ajouter que d'autres problèmes ont fait surface. Je crois que la présence de contenu sexuellement explicite et l'utilisation de langage grossier à la télévision et à la radio sont un problème qui se manifeste plus souvent.
Teisha, je ne sais pas si vous voulez ajouter quelque chose.
Les plaintes portant sur cette question sont à la hausse, légèrement, mais encore une fois une des mesures de protection importantes dont nous disposons est la plage des heures tardives. Cette plage a été créé à l'origine dans le code concernant la violence pour composer avec des scènes violentes conçues exclusivement pour les adultes. Cette notion a été élargie de sorte que toutes les émissions incluant un contenu sexuel, un langage grossier, un sujet pour adultes, ne peuvent être diffusées qu'après le début de la plage des heures tardives et doivent être accompagnées de mise en garde à l'auditoire et de choses du genre. Cependant ce problème est de plus en plus présent.
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Comme c'est la première fois que la Fédération culturelle canadienne-française, ou FCCF, comparaît devant le Comité permanent du patrimoine, je vais expliquer un peu qui nous sommes. Je présenterai ensuite notre mémoire.
La Fédération culturelle canadienne-française existe maintenant depuis 30 ans. En 2007, nous fêtons nos 30 ans d'existence. Le mandat de la fédération est de renforcer le secteur des arts et de la culture dans une perspective plus globale, qui est de favoriser le développement des communautés francophones et acadienne au Canada. Comme notre organisme est née dans la dimension des langues officielles, notre champ d'action se situe principalement à l'extérieur du Québec.
Pour remplir notre mandat, nous avons l'appui de 20 membres. Treize d'entre eux sont des membres provinciaux ou territoriaux, c'est-à-dire qu'on a des membres partout au Canada, de la Colombie-Britannique et du Yukon jusqu'à Terre-Neuve. Ces organismes provinciaux et territoriaux agissent dans la dimension du développement culturel et artistique. Se joignent à eux sept membres nationaux, qui se spécialisent dans des secteurs comme les arts médiatiques, les arts visuels, la chanson-musique, l'édition et le théâtre.
On a deux membres dans certaines disciplines. Par exemple, en arts médiatiques, nous avons une association de producteurs francophones du Canada, qui a comparu devant votre comité à Winnipeg. Nous avons également le FRIC, le Front des réalisateurs indépendants du Canada. Nous avons donc deux intervenants du milieu des arts médiatiques. Pour ce qui est de la chanson-musique, nous avons l'ANIM, l'Alliance nationale de l'industrie musicale. Nous avons aussi le Réseau national des galas de la chanson.
Cela vous donne une idée de notre réseau.
Grâce à nos 20 membres, nous rejoignons plus de 250 organismes provinciaux, régionaux et locaux qui oeuvrent au développement culturel et artistique. D'après les statistiques de Hill Stratégies Recherche, nous rejoignons également environ 3 200 artistes franco-canadiens à l'extérieur du Québec.
Vous avez reçu le résumé de notre mémoire. Je suis content d'apprendre qu'il a été traduit. Je vais quand même en faire ressortir les points principaux.
Ce mémoire présenté par la Fédération culturelle canadienne- française au Comité permanent du Patrimoine canadien a pour but de démontrer, avant tout, que le Canada a plus que jamais besoin d'un réseau public fort, structuré, diffusant du contenu de haute qualité et reflétant notre identité culturelle et linguistique. C'est un choix de société qu'il nous faut assumer ensemble, et ce, avec fierté et conviction.
En ce sens, l’action du service public canadien doit s'appuyer sur des principes fondamentaux qui, définis bien avant la multiplication des chaînes et l'ère de la spécialisation, restent toujours d’actualité : l'accessibilité, la diversité et l'indépendance qui constituent, aujourd'hui comme hier, des objectifs essentiels. À ces trois premiers principes s'ajoute un quatrième, particulièrement important lorsque le diffuseur public côtoie des radiotélévisions commerciales : le principe de spécificité. Il nous semble que les dirigeants du service public canadien doivent leur donner un nouveau sens, les réinterpréter en quelque sorte, dans un monde aujourd’hui dominé par ce que plusieurs appellent désormais la fragmentation des médias.
Pour la francophonie canadienne, pour nos artistes, pour nos créateurs, pour nos acteurs culturels, la Société Radio-Canada a assumé et doit continuer d'assumer un rôle primordial de construction de notre identité canadienne francophone. Il reste essentiel de lui donner les moyens et le cadre qui lui permettront de mener à bien ce rôle. La SRC doit, pour garder sa pertinence et sa raison d'être auprès du citoyen, devenir un véritable espace médiatique francophone, distinctif et rassembleur, accessible à tous. Une agora citoyenne, un lieu de dialogue ouvert, de discussion libre, un lieu porteur d'identité et d'adhésion où la pérennité de réseaux linguistiques et culturels canadiens ainsi qu'une socialisation significative seront garantis, tout en y préservant une représentation équilibrée des différentes composantes de la société canadienne.
Pour conclure ce préambule, nous affirmerons qu'il va falloir assembler et obtenir l'adhésion de tous les acteurs de notre société civile afin de prouver la pertinence d'un concept renouvelé de service public au Canada et pour en assurer la pérennité dans le cadre de nouveaux paradigmes, et ce, dans un avenir très proche.
Je me permets un petit aparté. Je vous ai présenté le mandat et le champ d'action de la Fédération culturelle canadienne-française. On comprend très bien qu'on parle ici de la CBC/Société Radio-Canada. Notre intervention s'adresse davantage au volet francophone, soit la Société Radio-Canada.
Avec les 28 services offerts sur des plateformes comme la radio, la télévision, l'Internet, la radio par satellite, l'audio numérique, sans compter son service de distribution de disques et de musique et ses services de messagerie sans fil, il est certain que Radio-Canada se présente effectivement comme une institution nationale, qui rayonne partout au Canada.
Cela dit, voici la question que nous nous posons. Dans les faits, et plus particulièrement pour les communautés artistiques et culturelles francophones de tout le pays, la SRC s'est-elle réellement acquittée de ses responsabilités à l'égard de chacun des volets de son mandat législatif?
D'emblée, je vais vous dire que nous apprécions énormément la collaboration qui existe entre la francophonie canadienne et la Société Radio-Canada, mais nous croyons fermement qu'il faut lui donner de meilleurs moyens pour qu'elle puisse s'acquitter de son mandat auprès de la francophonie canadienne et en tant que télévision publique.
Il importe que la SRC, à titre de radiodiffuseur public, soit accessible à tous sur le territoire national. C'est un objectif profondément égalitaire et démocratique, dans la mesure où il met l'ensemble des citoyens sur le même pied, indépendamment de leur statut ou de leur revenu. Il serait temps que le CRTC se penche sur cette problématique et oblige les câblodistributeurs et les diffuseurs par satellite à laisser de la place aux signaux de la SRC, et ce, afin que la francophonie canadienne y ait un accès équitable.
À ce titre, le conflit de travail à la SRC en 2006 a mis en évidence la faiblesse des réseaux de distribution et démontré la fragilité de l'accès aux services de télévision francophone pour un nombre important de francophones au pays. Il serait aussi temps que les incohérences de situation, comme celles qui existent en Ontario, par exemple, où certains francophones n'ont accès qu'au canal de Radio-Canada Montréal, ou dans l'Ouest, où la Saskatchewan reçoit le bulletin de nouvelles de l'Alberta, soit radiées à jamais.
Le programme de la radio-télévision publique se doit d'être populaire, non pas dans le sens péjoratif du terme, mais que le forum public, l'agora citoyenne qu'elle constitue, ne soit pas toujours réservé au même groupe d'initiés. Dans nos corridors, nous disons que Radio-Canada ne doit pas être Radio-Montréal; elle doit vraiment être Radio-Canada.
La SRC doit viser à toucher en bout de ligne l'ensemble du public, non pas par chacune mais par l'ensemble de ses émissions et leur diversité. Devant la programmation de ce service public, la qualité et le cachet particulier de ses émissions, le public doit reconnaître ce qui la distingue des autres. Il s'agit, sans exclure des genres, de faire les choses de façon différente. Ce principe doit amener la SRC à innover, à créer de nouveau créneaux, de nouveaux genres, à jouer un rôle de locomotive dans l'univers audiovisuel canadien et, pourquoi pas, entraîner les autres radios et télévisions dans son sillon.
Enfin, si le diffuseur public est un forum où les idées doivent s'exprimer en toute liberté, où circulent l'information, les opinions et la critique, il faut préserver son indépendance, sa liberté face aux pressions commerciales et au pouvoir politique.
La SRC, on l'a dit, doit faire les choses autrement. Il faut aussi voir dans sa mission les objectifs concomitants qui permettent aux citoyens de s'informer sur des sujets variés, d'acquérir de nouvelles connaissances, toujours à l'intérieur d'une programmation qui demeure intéressante et attrayante. Mais ce serait renier la vocation de la Société Radio-Canada que de vouloir limiter sa mission de diffuseur public à la diffusion de programmes éducatifs et culturels au sens étroit du terme.
Pour ce qui est de la gouvernance, un des autres aspects qui intéresse beaucoup la FCCF — et il ne touche pas seulement la Société Radio-Canada, mais toutes les agences culturelles fédérales — est que la francophonie canadienne soit représentée dans les conseils d'administration.
On remarque qu'au conseil d'administration de la Société Radio-Canada, personne ne représente actuellement la francophonie canadienne, celle-ci étant la francophonie à l'extérieur du Québec. Nous croyons fermement que ceci doit être corrigé. Il faut trouver une façon de corriger cette situation non pas de façon ponctuelle, mais de façon permanente.
Sur le plan des enjeux et des défis de financement du diffuseur public, nous voulons affirmer dans ce mémoire que nous croyons que les coupes de financement qu'a dû subir Radio-Canada l'ont malheureusement amenée à jouer de plus en plus le rôle d'une télévision commerciale, à ressembler de plus en plus à TVA et à TQS. Si on veut vraiment avoir une télévision publique, il faut donner à la SRC les moyens de jouer ce rôle de diffuseur public, donc de présenter une programmation qui soit spécifique et qui se différencie de celle des autres. Cela lui permettrait de cesser ce jeu qu'elle a dû jouer au cours des dernières années, celui de s'inquiéter des cotes d'écoute et de bâtir sa programmation en fonction d'obtenir de plus fortes cotes d'écoute parce qu'elle dépend de plus en plus de revenus publicitaires qu'elle pourra augmenter grâce à une cote d'écoute de plus en plus importante.
Pour lui donner un financement accru, nous suggérons certaines pistes de solution, parce qu'il peut y avoir plusieurs débats à ce sujet. Il faut trouver une façon d'inciter le public à adhérer à la télévision publique. Plusieurs études ont été faites. Une étude qui a été faite en 2005 au sujet de la radio-télévision indique que, parmi les 10 pays étudiés, le Canada est au septième rang quant à l'investissement qu'il fait dans sa télévision publique. Les autres pays étudiés étaient notamment l'Allemagne, la Suède et la Norvège, si je me rappelle bien.
Ces pays ont trouvé différentes façons de s'assurer d'avoir une télévision publique forte, et on devrait s'inspirer de ces modèles qui, dans certains cas, font appel à une juxtaposition des revenus publics, qui viennent du gouvernement, et d'un système de redevances. C'est un débat qui pourra être lancé, et on pourra en discuter, mais toujours dans le but de s'assurer que nous ayons une télévision publique qui offre une programmation spécifique qui reflète la spécificité du Canada.
À cet égard, j'aimerais vous faire part — je n'ai malheureusement pas les sources ici, sous les yeux — d'une étude qui a été faite et qui démontre que Radio-Canada peut être un outil très fort pour développer une identité. Vers la fin des années 1960 et au début des années 1970, Radio-Canada a décidé, lors de son Téléjournal, de commencer par présenter ce qu'on appelle une actualité québécoise pour ensuite aller vers une actualité nationale et internationale. Il est prouvé que le fait que Radio-Canada ait réalisé ce projet lui a permis d'être le porteur d'une identité forte pour la société québécoise.
Si ce fondement est bon et vrai, la Société Radio-Canada doit devenir un instrument stratégique et fort pour développer une identité franco-canadienne, qui reflétera ses spécificités, sa diversité régionale et le multiculturalisme qui l'habite de plus en plus et qui devient une force au niveau démographique. Il faut lui donner les moyens de refléter cette image.
Voilà. Je pense avoir pris une dizaine de minutes et j'arrête maintenant ma présentation.