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Messieurs les membres du comité, monsieur le président, vous nous avez demandé de comparaître afin d'identifier les répercussions de l'abolition du Programme de contestation judiciaire. La FCFA désire vous remercier de nous accorder ce temps de rencontre pour vous faire part de nos opinions, de notre point de vue.
Je suis Marielle Beaulieu, directrice générale de la FCFA du Canada. Je suis accompagnée de ma collègue Diane Côté, qui travaille aussi à la FCFA, et de mes collègues de la CNPF, la Commission nationale des parents francophones, que vous aurez le plaisir d'entendre tout à l'heure.
La FCFA vous a déjà fait parvenir un bref mémoire faisant état de la situation. Je pense que le mémoire a été envoyé à temps pour être traduit et qu'il vous a donc été remis pour consultation.
Aujourd'hui, dans les quelques minutes qui nous sont accordées, je tenterai de faire un bref survol de la question en identifiant, premièrement, les principaux gains du Programme de contestation judiciaire dans le domaine des droits linguistiques — cela va de soi — et en cernant, deuxièmement, les répercussions que nous prévoyons à la suite de l'abolition du programme.
Commençons par le début. Le PCJ, pour l'ensemble des communautés francophones et acadienne du Canada, a été un outil essentiel pour, d'une part, clarifier et, d'autre part, faire avancer les droits linguistiques de la minorité francophone. D'ailleurs, de nombreuses causes linguistiques ont été entendues et réglées grâce à l'appui du Programme de contestation judiciaire.
Citons entre autres certaines des causes qui nous ont permis d'obtenir, premièrement, la gestion scolaire: la cause Mahé contre l'Alberta; le renvoi relatif à la Loi sur les écoles publiques du Manitoba; l'Association des parents francophones de la Colombie-Britannique contre la Colombie-Britannique, et je pourrais en nommer bien d'autres.
D'autres causes, comme Doucet-Boudreau et Arsenault-Cameron, ont permis de préciser les obligations de l'État en matière de droit scolaire et en matière d'écoles.
Je ne vous en dirai pas long sur toute la dimension de la question scolaire puisque mes collègues de la CNPF pourront en traiter plus longuement. Mais la question que je vous poserais ici, cet après-midi, à vous tous, membres de ce comité, est la suivante. Sans de tels recours, y aurait-il présentement des écoles de langue française partout au pays? Je me permets de vous poser la question, mais je me permets aussi d'en douter.
Le PCJ a aussi permis de financer des recours en matière de services en français ou autre. Mentionnons premièrement la célèbre cause Montfort, dont vous avez tous entendu parler, qui a permis de sauvegarder le seul hôpital d'enseignement de langue française à l'ouest du Québec, ou encore l'affaire Beaulac, qui a clarifié les droits linguistiques des accusés tout en précisant les principes et le cadre interprétatif qui s'appliquent aux droits linguistiques au Canada.
D'autres causes financées par le Programme de contestation judiciaire ont permis de clarifier les obligations des gouvernements en matière de services en français. Nous pouvons, entre autres, vous référer à l'action juridique intentée par la Fédération franco-ténoise en 1999, qui a été entendue en 2006 et qui a mené à une décision de la Cour suprême des Territoires du Nord-Ouest reconnaissant au gouvernement territorial une obligation d'offrir des services en français à sa population. Il est à noter que, malheureusement, le gouvernement des T.N.-O. a interjeté appel de cette décision et qu'il sera difficile pour la communauté franco-ténoise d'assumer les coûts de cette nouvelle étape du processus juridique.
En somme, nous affirmons que le Programme de contestation judiciaire, créé en 1978, a fortement favorisé l'épanouissement et le développement des minorités francophones et anglophones du Canada au cours des dernières années, et a ainsi contribué à promouvoir la pleine reconnaissance de l'usage du français et de l'anglais dans la société canadienne.
Or, l'élimination du PCJ aura des incidences négatives sur la pérennité des communautés francophones et acadienne du Canada. Notre gouvernement nous a dit à maintes reprises qu'il allait faire des lois constitutionnelles et qu'il allait les respecter.
L'histoire nous a démontré qu'il appartient, dans un système tel que le nôtre, aux tribunaux d'interpréter les lois. Autrement dit, même si les gouvernements ont les meilleures intentions, ce sont les tribunaux qui ont le pouvoir d'interpréter les lois ainsi que leur constitutionnalité.
Parlons maintenant des répercussions de l'abolition du programme. Après des dizaines d'actions judiciaires qui ont permis de clarifier et de consolider les droits des minorités francophones et de faire avancer les communautés, il restait pourtant, au moment de la suppression du financement du programme, une somme considérable de travail à effectuer sur le plan juridique pour que les francophones jouissent pleinement de leurs droits constitutionnels et qu'ils obtiennent l'égalité réelle, tel que le veut la Constitution canadienne — cela va de soi — et la Loi sur les langues officielles.
Nous avons déjà mentionné la cause opposant la communauté franco-ténoise au gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, laquelle sera portée en appel. Parmi les autres actions judiciaires déjà en cours, mentionnons la cause Paulin au Nouveau-Brunswick, la cause Caron en Alberta, le dossier de la surtaxe scolaire en Nouvelle-Écosse. Ces causes sont énumérées dans le mémoire que nous avons présenté et sont aussi bien identifiées.
Ces causes, comme celles qui les ont précédé, pourraient faire progresser la reconnaissance, l'interprétation et l'application des droits linguistiques des francophones. Autrement dit, ce travail ne sera pas terminé tant et aussi longtemps que la mise en vigueur de l'égalité réelle entre l'anglais et le français et du plein accès à des services en français de qualité égale n'aient lieu. Jusqu'à maintenant, même si les tribunaux ne représentent pas notre premier choix en matière d'action — et c'est un élément très important —, ceux-ci sont demeurés et demeurent toujours la meilleure instance pour que les minorités puissent se prévaloir de leurs droits.
Le Canada a été, jusqu'à aujourd'hui, un modèle en matière de traitement de ses minorités. En ce sens, le PCJ a été d'un apport inestimable pour faciliter l'interprétation des principes écrits et non écrits de la Charte. Si les droits garantis par la Charte font la fierté des Canadiens et des Canadiennes, encore faut-il s'assurer que ceux qui y sont énoncés soient, dans la pratique, appliqués et respectés quotidiennement.
Sans le PCJ, les communautés auraient eu peine à trouver les ressources financières — c'est très clair pour nous — pour rappeler au gouvernement fédéral et aux gouvernements provinciaux et territoriaux leurs obligations et responsabilités constitutionnelles en matière linguistique. Et je vous dirais que jusqu'à aujourd'hui, la grande majorité des causes qui ont été portées devant les tribunaux en matière de droits linguistiques l'ont été contre les gouvernements provinciaux et territoriaux. Il s'agissait donc de la mise en oeuvre, de l'application, finalement, de ces droits.
Le Programme de contestation judiciaire a appuyé, jusqu'à maintenant, des groupes représentant des citoyens canadiens ordinaires qui autrement n'auraient pas les moyens de faire reconnaître et respecter les droits constitutionnels qui leur sont garantis en vertu de la Charte.
Finalement, l'abolition du Programme de contestation judiciaire indique clairement que le gouvernement fédéral a, malheureusement, manqué à ses obligations en vertu de la Loi sur les langues officielles, en particulier de sa partie VII, et ce, en éliminant sans aucune consultation un programme qui s'est avéré essentiel à l'épanouissement et au développement des minorités francophone et anglophone du Canada.
Je vous remercie de votre écoute. Je vous remercie, monsieur le président. Mme Côté ou moi-même pourrons répondre aux questions.
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Bonjour. Merci de cette invitation à comparaître devant votre comité.
Je m'appelle Ghislaine Pilon et je suis accompagnée de la directrice générale, Murielle Gagné-Ouellette. Je suis résidente de Mississauga, en Ontario. Je suis mère de deux adolescents, Nicolas et Mathieu, et c'est à cause d'eux que je suis ici.
Je suis la présidente de la Commission nationale des parents francophones. La mission de la commission est d'appuyer le regroupement de parents de chaque province et territoire dans la promotion d'un milieu familial, éducatif et communautaire favorisant le plein épanouissement des familles francophones en milieu minoritaire. Nos fédérations desservent près de 500 comités de parents locaux d'un océan à l'autre et quelque 350 000 parents utilisateurs de services préscolaires et scolaires.
En matière de développement de la petite enfance, la commission est l'interlocutrice du gouvernement fédéral et porteuse du dossier pour les communautés francophones et acadienne. La commission préside et coordonne la Table nationale sur la petite enfance francophone regroupant une douzaine de partenaires. Elle est aussi un membre actif de la Table nationale en éducation présidée et coordonnée par la Fédération nationale des conseils scolaires francophones.
En tout et partout, nos quelque 20 partenaires nationaux en éducation et en petite enfance rejoignent 31 conseils scolaires, plus de 1 250 services, établissements et organismes, dont environ 400 services préscolaires fréquentés par 30 000 enfants de moins de cinq ans, ainsi que 630 écoles primaires et secondaires regroupant 146 000 enfants de moins de 19 ans. L'existence même de ces réseaux de personnes, d'organismes et d'établissements est imputable en partie au Programme de contestation judiciaire. Ils sont surtout le bilan de plus de 25 ans de démarches stratégiques du mouvement de parents francophones. Nos membres sont des visionnaires et résilients.
La saga des droits éducatifs a débuté peu après l'adoption, en 1982, de la Charte canadienne des droits et libertés. En 1983, des parents d'Edmonton ont contesté en première instance le refus des autorités provinciales de leur accorder une école française. Dans l'arrêt Mahé de 1990, la Cour suprême leur donnait raison, non seulement pour la question de l'école, mais pour la gouvernance de cette école.
En 1986, des parents manitobains demandaient la reconnaissance universelle du droit de gestion des écoles de langue française. Dans le renvoi manitobain de 1993, la Cour suprême a reconnu leurs droits.
Les statistiques suivantes, tirées des rapports annuels du Programme de contestation judiciaire, parlent d'elles-mêmes. En vertu des droits scolaires prévus à l'article 23, nos membres et partenaires ont présenté 183 demandes depuis 1994. Ces chiffres n'incluent pas les activités du Programme de contestation original créé en 1981 et aboli en 1992. Au cours des 11 dernières années, 143 demandes de parents ont été approuvées par le programme. C'est plus de la moitié des programmes approuvés du côté des droits linguistiques. Vous l'avez deviné, le mouvement de parents francophones est sans contredit le plus gros client du Programme de contestation judiciaire.
Voici les répartitions de ces projets approuvés: 83 litiges, 30 activités d'accès et de promotion, 21 élaborations d'actions et 9 études d'impact. De ces litiges, en 11 ans de contestation, 55 sont allés en première instance, 15 en appel et 13 en Cour suprême. Les causes les plus connues durant cette période sont l'arrêt Cameron-Arsenault de 2000 portant sur les écoles de l'Île-du-Prince-Édouard et l'arrêt Doucet-Boudreau de 2003 sur le réseau des écoles secondaires en Nouvelle-Écosse.
Voici quelques résultats durables de ces causes. Le réseau d'écoles françaises s'est consolidé d'un bout à l'autre du pays au cours des années 1980. Le réseau des conseils scolaires francophones s'est créé au cours des années 1990. Les conseils scolaires ont créé de nouvelles écoles dans la plupart des juridiction. Par exemple, à l'Île-du-Prince-Édouard, quatre nouvelles écoles ont été construites suivant le jugement de la Cour suprême. En Nouvelle-Écosse, il s'agit de six nouvelles écoles. Les inscriptions ont en général arrêté de chuter et se sont stabilisées.
La qualité de l'éducation en français s'est grandement améliorée depuis que les écoles sont gouvernées par les minorités, et ce, aux plans des infrastructures, de la programmation et de la promotion. Les conseils scolaires et leurs partenaires se sont donnés, en 2005, un plan d'action qui s'intitule « Article 23 », afin de compléter le système d'éducation de langue française au Canada. Les communautés francophones se construisent et se prennent en main dans l'environnement des écoles françaises. Par exemple, la seule école métisse au Canada, située à St-Laurent au Manitoba, aura enfin son propre édifice en 2008.
Le tribunal est notre dernier recours. Chaque fois qu'on a déposé des plaintes, c'était parce qu'il n'y avait pas d'autre issue, parce que ne pas le faire aurait été intolérable. Chaque fois, il y a eu des mois, sinon des années de pression, d'échanges de documents, de réunions, de négociations. Nous avons du coeur au ventre. Le programme nous a donné des ailes.
Nous n'avons pas inventé ce système qui fait de nous des gladiateurs face aux provinces, lesquelles sont — il est utile de se le rappeler — des signataires de la Charte. Le législateur a créé l'arène et a fourni les armes, dont le Programme de contestation judiciaire. Le législateur est-il un innocent spectateur? Chaque fois, c'est le citoyen qui a payé pour le manque de volonté politique. Je parle de la plupart des gouvernements qui se sont succédé depuis l'adoption de la Charte. Pourquoi les gouvernements continuent-ils à résister à la mise en oeuvre de nos droits? C'est sans doute un bon investissement en termes de vote. Il reste qu'au bout du compte, les parents n'ont jamais perdu de causes devant les tribunaux.
Les gouvernements ont donc acheté du temps. Ce que nous, les parents, avons perdu est considérable: du temps, de l'énergie, de l'argent, et je ne parle pas de l'argent du fédéral. On a aussi perdu le respect de beaucoup de gens, même dans nos communautés, et on a perdu des générations d'enfants. À l'heure où l'on se parle, un seul enfant francophone sur deux est dans nos écoles françaises. C'est ça, la dualité linguistique au Canada?
Mais imaginons le Canada sans l'article 23 et sans le Programme de contestation judiciaire. Sans leurs réseaux d'écoles et sans leurs conseils scolaires, dans quel état seraient nos communautés? Le but du programme, c'est l'habilitation des minorités, mais le grand cadeau du programme, c'est l'espoir. Qui peut vivre sans espoir?
Il y a une valeur ajoutée dans ce processus exigeant qui consiste à se présenter sans cesse devant les tribunaux. Cette valeur, c'est d'assurer que la jurisprudence reflète l'évolution des besoins et des priorités. Nos réalités changent, ainsi que notre connaissance de ces réalités. Grâce à la complémentarité des mécanismes en jeu, le Canada fournit un cadre pour que le processus influence les politiques publiques. Si les majorités linguistiques peuvent se passer de ce cadre, il en est tout autrement des minorités. La jurisprudence peut aider la société à comprendre l'évolution des connaissances en éducation.
Je vous donne l'exemple de la recherche récente sur le développement du cerveau chez les enfants. On ne savait pas, au moment de l'adoption de la Charte, que l'apprentissage des langues débute au sixième mois de la grossesse et plafonne avant l'âge d'un an. On ne savait pas, en 1982, que les fonctions cognitives les plus élevées atteignent leur pleine capacité avant l'âge de deux ans. Les capacités d'apprentissage d'un enfant de cet âge sont beaucoup plus grandes que les miennes et les vôtres. Ces connaissances sont cruciales pour l'avenir de nos enfants, en particulier pour l'avenir de l'éducation française en milieu minoritaire.
C'est pourquoi nos parents demandent la reconnaissance de l'apprentissage préscolaire, dans l'éventail des droits sous l'article 23. Tout cela pour dire que notre travail n'est pas terminé et que nous souhaitons continuer notre oeuvre sans passer par la voie juridique. Est-ce qu'on aura le choix?
Mesdames et messieurs les législateurs, donnez-nous une autre avenue et nous abandonnerons volontiers les recours aux tribunaux. En attendant, ne touchez pas au Programme de contestation judiciaire. Notre attente est la suivante: que chacun des gouvernements du Canada — le fédéral, les provinces et les territoires — respecte ses engagements constitutionnels dans l'enthousiasme et la dignité. Nous continuons à espérer. Ce n'est pas le passé que nous voulons protéger. Ce que nous voulons, c'est construire le Canada de l'avenir. Et l'investissement qu'on veut faire, celui qui rapporte le plus, c'est dans nos enfants. On les veut en santé, multilingues, pluriculturels, curieux, respectueux, innovateurs, performants et résilients.
Êtes-vous de notre côté? C'est le défi que nous vous lançons aujourd'hui.
Merci.
Nous n'avons pas eu la chance de distribuer de mémoire, mais nous avons des documents avec nous; nous en avons apporté 25 jeux, qui peuvent être distribués. Vous y trouverez également mes notes d'allocution.
D'abord, je souhaite vous remercier de nous permettre de prendre part à ces audiences au sujet du Programme de contestation judiciaire. Je m'appelle Debbie Frost, je suis présidente de l'Organisation nationale anti-pauvreté. Je suis accompagnée de Rob Rainer, notre directeur exécutif.
L'ONAP est un organisme non partisan à but non lucratif qui représente les intérêts des personnes à faible revenu du Canada. Depuis 35 ans, l'ONAP fournit aux personnes défavorisées du Canada une voix forte pour dénoncer les politiques socio-économiques et les décisions qui les touchent ainsi que les générations futures. L'aspect unique de notre groupe, c'est que tous les membres du conseil vivent ou ont déjà vécu dans la pauvreté.
Nous sommes ici pour exprimer notre inquiétude au sujet de l'annulation du financement au Programme de contestation judiciaire. Pour beaucoup, surtout les plus démunis, ce programme était le seul moyen d'avoir accès aux tribunaux pour que leurs droits soient protégés en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés. La seule façon de nous assurer que nos droits constitutionnels sont protégés, c'est de nous tourner vers les tribunaux. Pour cela, nous avons besoin de soutien financier, et du soutien fourni par ce programme. Sans un financement pour avoir accès aux tribunaux, nous avons perdu un des moyens d'accéder à la démocratie. Aujourd'hui, les seuls qui ont la capacité de jouir pleinement de leurs droits démocratiques et constitutionnels sont ceux qui peuvent acheter ces droits.
Ces derniers mois, les Canadiens ont été mal renseignés au sujet du Programme de contestation judiciaire. On a dit que le conseil à but non lucratif qui régit le programme avait caché les affaires auxquelles il avait accordé du financement. Cependant, la seule fois que ce conseil n'a pu divulguer de l'information au sujet des affaires financées par le programme c'est lorsque c'était une question de secret professionnel entre le client et son avocat. C'est le cas dans toute autre poursuite lorsqu'il y a secret professionnel entre un client et son avocat — par exemple, le secret professionnel de l'assistance juridique. Une fois que l'affaire financée par le PCJ est entendue par les tribunaux, elle est rendue publique et c'est à ce moment que le PCJ révèle l'information. Les rapports annuels du programme ont été révélés au gouvernement et au public et l'ONAP les a également versés sur son site Web.
Au fil des ans, le Programme de contestation judiciaire a financé de nombreuses affaires qui ont profité non seulement aux personnes à faible revenu mais également aux personnes handicapées, aux femmes, aux minorités visibles, aux Autochtones, aux gais et aux lesbiennes, aux enfants, et aux parents célibataires. Le Programme de contestation judiciaire octroie du financement pour les affaires de droit à l'égalité des personnes à faible revenu mais aussi aux groupes qui veulent affirmer leurs droits linguistiques. Sans ce financement, nous ne pouvons plus protéger l'égalité ni les droits linguistiques dans notre pays.
La Charte des droits et libertés était une protection garantie contre les politiques, les lois et les règlements qui contreviennent à nos droits constitutionnels. En éliminant le financement de ce programme, on élimine la protection des Canadiens et des Canadiennes. Sans lui, la Charte canadienne des droits et libertés est un document faible sans valeur pour la population canadienne.
Une nouvelle entente de contribution de financement de trois ans avait été signée pour le PCJ, qui aurait pris fin en 2009. À l'époque, le programme aurait été assujetti à une autre entente de financement. Lorsque le gouvernement ne peut tenir sa parole, nous mettons toujours en doute la sécurité d'un programme. Comment le gouvernement peut-il contracter une entente, puis revenir sur sa décision et enfin se demander pourquoi le public perd confiance en lui? Quel organisme aurait confiance dans le gouvernement après cela, alors qu'il n'a pas prévenu les responsables du PCJ avant de mettre un terme à son financement? Il est bien malheureux que les groupes à but non lucratif aient appris cette nouvelle lors d'une annonce nationale, plutôt que par une conversation privée.
Au sein des groupes qui luttent contre la pauvreté au Canada, on parle beaucoup de votre gouvernement qui s'attaque aux plus démunis. À notre avis, l'élimination du Programme de contestation judiciaire est un autre exemple d'une attaque contre les plus démunis.
Nous recommandons au comité que le financement du Programme de contestation judiciaire soit rétabli aussitôt que possible, conformément à l'entente de contribution signée dont j'ai parlé plus tôt. Nous recommandons également que la structure du conseil à but non lucratif qui administre le programme reste la même, de sorte qu'il puisse continuer à être aussi efficace et efficient qu'il l'a toujours été.
Merci. Nous sommes prêts à répondre à vos questions.
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Bonjour. Je représente l'Association des Sourds du Canada, ayant agi en son nom dans une cause qu'elle a remportée contre le gouvernement du Canada afin d'obtenir le droit à des services d'interprètes en langage des signes pour communiquer avec le gouvernement. Cette cause a fait l'objet des médias partout au pays, la une du
Globe and Mail et la première manchette des nouvelles nationales pendant une partie de la journée. Le résultat a été que les sourds et les malentendants du Canada ne sont plus traités comme des citoyens de deuxième classe.
La cause a été financée par le Programme de contestation judiciaire, de là l'importance de ce programme pour les personnes handicapées. Nous sommes donc d'avis que le Programme de contestation judiciaire est utile et, contrairement à ce que disent les médias, il ne s'adresse pas uniquement aux groupes d'intérêt spéciaux. Comment peut-on considérer les personnes handicapées comme un groupe d'intérêt spécial? Les personnes handicapées sont parmi les gens les moins employés, les plus pauvres et les plus désavantagés au Canada. De plus, elles ne sont pas responsables de leur déficience. Tout ce que nous voulons, c'est faire tomber les obstacles. Les sourds forment un groupe particulier dont les membres ont une langue unique en commun. Si le Programme de contestation judiciaire était rétabli, je proposerais d'y apporter les améliorations suivantes.
Premièrement, porter l'aide maximale de 60 000 à 100 000 $. Comme les causes financées par le Programme de contestation judiciaire font inévitablement intervenir la Charte, elles sont souvent complexes et ne peuvent être bien défendues pour moins de 60 000 $. À noter qu'une bonne part de l'aide va souvent en honoraires de témoins experts ou en frais de reproduction d'une quantité énorme de documents juridiques. Si d'autres jugent que le budget du programme est suffisant, très bien, mais il faut alors réduire le nombre de causes admissibles. Mais je recommande fortement de ne pas couper radicalement l'aide aux causes jugées admissibles.
Deuxièmement, ramener les retenues de 25 à 10 p. 100. Il est souvent très difficile et démoralisant pour l'avocat de défendre des causes lorsque les retenues atteignent la barre des 25 p. 100. Il arrive qu'il ne soit pas payé pendant un an ou deux alors qu'il tente d'amener la cause devant les tribunaux. Dans le Programme de contestation judiciaire, il faudrait s'assurer que l'avocat et le client sont résolus à mener la cause à terme et ne pas imposer de telles retenues punitives. Pourquoi retient-on 25 p. 100 alors que la norme gouvernementale est de 10 p. 100? Je peux citer en exemple le Programme de contributions pour les organisations sans but lucratif de consommateurs et de bénévoles d'Industrie Canada, le programme de partenariat pour le développement social - apprentissage des jeunes enfants, le programme des contributions de Patrimoine canadien pour promouvoir les REEE et le programme de contributions de Développement des ressources humaines appelé Fonds d'intégration pour les personnes handicapées.
Troisièmement, accélérer les paiements et en assurer le versement plus rapide. L'avocat doit compter de six à huit semaines pour obtenir un chèque du Programme de contestation judiciaire après avoir présenté une facture. Il y a sûrement moyen de réduire la bureaucratie pour ramener ce délai à moins de trois semaines. Je crois à la reddition de comptes, mais pas au prix d'attendre éternellement.
Quatrièmement, multiplier les réunions tenues chaque année par le comité des avocats qui approuve les nouveaux projets. Actuellement, il ne se réunit en moyenne qu'aux trois mois, de sorte que les gens qui se trouvent soudainement devant un litige doivent parfois attendre trois mois avant de savoir s'ils peuvent retenir les services d'un avocat pour une cause importante. Ainsi, bien des procès doivent débuter dans les 30 jours après un événement donné, tel le refus d'une prestation gouvernementale à un contribuable. Je recommande que le comité se réunisse mensuellement, ce qui permettrait aussi de réduire la bureaucratie.
Merci beaucoup.