:
La séance est ouverte. Nous avons le quorum.
Je souhaite à tous la bienvenue ici à cette séance du Comité permanent du patrimoine canadien.
Il y a une ou deux choses que j'aimerais porter à votre attention avant que nous ne nous entretenions avec M. Sirman. Premièrement, je rappelle au comité que l'honorable Bev Oda, ministre du Patrimoine canadien, a confirmé qu'elle comparaîtra devant le comité le jeudi 1er juin, de 15 h 30 à 16 h 30.
Aujourd'hui, nous sommes heureux d'accueillir parmi nous M. Robert Sirman, dont nous allons examiner le certificat de nomination au poste de directeur du Conseil des Arts du Canada. Je tiens à rappeler au comité le document intitulé La procédure et les usages de la Chambre des communes, qui décrit l'envergure de l'examen des nominations par décret en comité :
La portée de l'examen par le comité des personnes nommées ou qu'on propose de nommer par décret est strictement limitée à leurs qualités et à leur compétence pour remplir les fonctions du poste en question. Le président peut interrompre l'interrogatoire des membres du comité s'ils cherchent à aborder des questions qu'il juge sans rapport avec cet examen... Toute question peut être admise s'il peut être prouvé qu'elle a un rapport direct avec l'aptitude de la personne à remplir le poste auquel elle a été nommée ou on propose de la nommer.
Nous allons suivre l'ordre d'interrogation adopté lors de notre deuxième réunion. J'invite cependant d'abord M. Sirman à nous faire une déclaration liminaire de dix minutes, s'il le désire.
Bienvenue, monsieur.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité permanent,
[Français]
d'abord, je vous remercie sincèrement d'avoir accepté de reporter de deux semaines le jour de ma convocation. Le hasard avait prévu que je planifie ce jour-là une rencontre avec plus de 200 donateurs et organismes subventionnaires, dans le cadre d'un gala d'ouverture à l'École nationale de ballet. En acceptant de différer notre rencontre, vous m'avez permis de remplir mes obligations envers mon employeur, ce dont je vous suis reconnaissant.
[Traduction]
Je suis extrêmement fier d'avoir été proposé comme directeur du Conseil des Arts du Canada. Le Conseil des Arts est certainement le plus important instrument de stimulation et de renforcement de la création, de la production et de la diffusion des arts au Canada.
À part le travail réalisé dernièrement pour l'École nationale de ballet, la majeure partie de ma carrière a été consacrée à la fonction publique. J'ai travaillé comme conseiller principal pour le premier ministère de la Culture de l'Ontario pendant cinq ans et j'ai occupé des postes de direction au Conseil des arts de l'Ontario pendant dix ans.
[Français]
Au cours de ces nombreuses années, j'ai eu la chance de travailler de près avec mes homologues qui oeuvrent dans d'autres juridictions d'un bout à l'autre du pays, y compris au Québec.
[Traduction]
Je m'intéresse particulièrement au financement des arts, et ce depuis longtemps. En 1986, sous l'égide du British Council, j'ai eu la chance d'entreprendre une tournée indépendante d'études en Angleterre et au Pays de Galles. Le but de cette tournée consistait à étudier les pratiques de financement du Conseil des arts de Grande-Bretagne qui, comme vous le savez, a servi de modèle à la création de notre Conseil des Arts, en 1957.
[Français]
En 1989 et 1990, j'ai passé cinq mois en France, dont trois comme stagiaire pour le ministère de la Culture et des Communications à Paris. Je travaillais plus précisément au service de la recherche. J'ai eu le privilège de me familiariser avec les plus récentes recherches sur les relations entre le financement et les pratiques culturelles en France comme dans les autres pays de l'Union européenne.
En 1991, j'ai pris ce que je croyais être une brève pause de la fonction publique et je me suis joint à l'École nationale de ballet du Canada. Je n'ai pas été formé en danse, mais en Sciences sociales. Cependant, j'étais intéressé par les défis que me proposait l'école, qui éprouvait alors de sérieuses difficultés. Mon engagement professionnel envers l'école a été, en fait, plus important que prévu, et j'y ai travaillé pendant plus de 15 ans.
Après avoir stabilisé les finances de l'école, principalement grâce à un nouveau positionnement national et international et grâce à une stratégie agressive de diversification de ses revenus, je me suis penché sur l'état déplorable de ses installations, ce qui a débouché sur une grand projet immobilier intitulé Projet Grand Jeté , dont l'objectif était de 100 millions de dollars.
[Traduction]
En date d'aujourd'hui, nous avons atteint 90 p. 100 de nos objectifs en collecte de fonds et en construction, et les nouvelles installations ont été saluées par la critique et le grand public. Il y a tout juste deux semaines, le projet a remporté un prix d'excellence en architecture, décerné lors de la Conférence annuelle de l'Ordre des architectes de l'Ontario, qui se déroulait à Ottawa, et le 5 juin, l'Institut urbain du Canada me remettra un prix de leadership national pour avoir réalisé ce projet dans une perspective de développement durable pour la communauté.
Depuis un certain temps maintenant, je m'efforce d'élargir mon engagement communautaire bien au-delà de mes responsabilités immédiates comme directeur de l'école. Je préside depuis de nombreuses années les réunions du conseil d'administration d'une petite troupe de danse de Toronto et d'un organisme de services sociaux situé dans le voisinage de l'École nationale de ballet. J'ai en outre été expert-conseil pour le Programme coopératif de gestion des arts de l'Université de Toronto, à Scarborough.
J'ai également participé à de nombreux jurys pour des programmes de subvention nationaux, provinciaux et municipaux.
Depuis quelques années, j'agis comme mentor et animateur pour certains groupes artistiques, dont une école nationale de théâtre autochtone, un comité d'action pour la danse en Colombie-Britannique, une compagnie de danse de Calgary et un projet de coopération entre l'Assemblée générale de la danse et le Regroupement québécois de la danse, à Montréal. Je siège également au comité d'une fondation publique, la George Cedric Metcalf Charitable Foundation, qui appuie financièrement les arts de la scène, le développement de la conscience communautaire et l'environnement.
C'est cet éventail d'expériences et de réalisations personnelles, professionnelles et communautaires que je vous présente aujourd'hui et que j'ai présenté au comité de sélection en briguant le poste de directeur du Conseil des Arts du Canada.
[Français]
Comme vous le savez sans doute, le mandat du Conseil des Arts du Canada consiste à favoriser et à promouvoir l'étude et la diffusion des arts, ainsi que la production d'oeuvres d'art. À l'aube de son 50e anniversaire, rien de plus naturel pour le conseil que de regarder vers l'avenir pour comprendre le rôle que joueront les arts dans la vie des citoyens de ce pays au cours des 50 prochaines années, ainsi que la façon dont les fonds publics peuvent dynamiser cet avenir.
[Traduction]
Les conditions auxquelles font face les artistes au Canada de nos jours sont très différentes de celles de 1957. Il en est de même pour les défis que doivent relever les organismes publics de soutien aux arts. Je suis convaincu que le Conseil des Arts peut jouer un rôle important dans le façonnement de notre vie culturelle des 50 prochaines années, comme il l'a fait jusqu'ici. Cependant, il ne peut y arriver seul. Il devra travailler étroitement avec les élus, les autres organismes de soutien aux arts, le secteur privé, les gouvernements provinciaux et municipaux, le secteur artistique et, bien sûr, l'ensemble des citoyens qui font du Canada ce qu'il est. Je suis des plus enthousiastes à l'idée de contribuer à la mise en place de ce processus d'échange et de collaboration. C'est pour cela que je vous présente respectueusement ma candidature au poste de directeur du Conseil des Arts du Canada.
Merci. Thank you.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Sirman, bienvenue.
J'ai une question plutôt générique à vous poser. Ensuite, si le temps le permet, je vous poserai une série de questions plus particulières. Sinon, je reviendrai lors d'un deuxième tour, j'espère.
Premièrement, pourriez-vous, en français s'il vous plaît, m'indiquer quelle est votre vision de votre avenir personnel et quelle est votre vision d'avenir, pour les cinq ou dix prochaines années, pour le Conseil des Arts du Canada?
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À l'automne 2005, j'ai été contacté par une agence de recrutement -- ce que nous appelons dans mon milieu un cabinet de « chercheurs de tête » -- qui voulait savoir si cela m'intéresserait de participer à un concours en vue de la dotation du poste de directeur du Conseil des Arts du Canada. Cela tombait mal pour moi, car j'étais sur le point d'ouvrir la nouvelle École nationale de ballet à Toronto, mais je me suis néanmoins présenté à une entrevue. Ce n'est en fait qu'en décembre que j'ai fourni une version exhaustive de mon curriculum vitae.
En décembre, cette agence externe m'a fait savoir que je figurais parmi une liste de candidats que le comité de sélection souhaitait interviewer. Le comité de sélection -- lorsque je me suis présenté devant lui -- était composé de quatre membres du conseil d'administration du Conseil des Arts du Canada et d'un membre externe, M. Denis Desautels, ancien vérificateur général du Canada. J'ai été présenté à ces personnes lors de ma première entrevue, la première semaine de janvier, à Ottawa.
Un ou deux jours plus tard, on m'a téléphoné pour me dire que le bassin avait rétréci, mais qu'il y en avait toujours un et que j'y étais encore. On m'a dit que l'on me contacterait en vue d'une entrevue de suivi. Celle-ci a eu lieu à Toronto la dernière semaine de janvier. D'après ce que j'avais cru comprendre, ils allaient rencontrer d'autres personnes à Toronto et peut-être ailleurs au pays, mais je ne peux pas vous confirmer cela.
On m'a par la suite contacté et dit que j'étais le candidat que le comité de sélection souhaitait soumettre pour examen au conseil d'administration du Conseil des Arts du Canada. À partir de là -- mais je n'ai pas été partie au processus, et ce que je vous dis ici n'est que ce que j'ai retenu de ce qui a été dit -- la réponse devait être communiquée au conseil d'administration, et celui-ci devait, à son tour, faire une recommandation au ministère du Patrimoine canadien.
Et le processus a ainsi suivi son cours jusqu'à... aujourd'hui.
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Merci, monsieur le président, et merci à vous, monsieur Sirman, d'être venu comparaître devant nous aujourd'hui. J'ai lu vos notes biographiques et je suis très heureux que vous ayez soumis votre candidature au Conseil des Arts du Canada.
J'aimerais commencer par dire qu'en 1994 j'ai reçu une subvention en vertu du programme Explorations du Conseil des Arts du Canada, en tant qu'artiste émergent, pour mon premier livre. J'en suis à mon cinquième. Je ne dis pas cela pour me vanter, mais simplement pour souligner qu'il est important de donner une chance aux artistes émergents, car chacun de mes livres s'est très bien vendu et a aidé à établir une carrière qui, bien franchement, n'aurait jamais démarré sans l'appui du Conseil des Arts.
Ce qui me préoccupe, c'est la capacité du Conseil des Arts de continuer de tendre la main aux artistes émergents, du fait des pressions croissantes amenées par les nombreuses demandes qui sont faites et par le budget limité disponible. Quel rôle entrevoyez-vous s'agissant de veiller à ce que les artistes émergents, ceux qui n'ont pas réussi à accumuler les antécédents nécessaires sur lesquels peuvent s'appuyer les plus grosses organisations et les artistes établis, continuent d'être entendus au niveau du Conseil des Arts du Canada?
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Encore une fois, ce sont là des questions très délicates, car il est pour moi impossible en ce moment de savoir s'il y aura un changement d'orientation.
Je pense que ce que j'essayais d'expliquer à M. Angus c'est que je ne pense pas qu'il y ait à l'heure actuelle un volet particulier du travail du Conseil des Arts du Canada qui exige une réorientation ou une redistribution de ressources. Je ne pense cependant pas que ce soit une question de politique. Je pense que c'est une question de philosophie, alors je suis prêt à prendre un risque ici.
Je pense que le monde d'aujourd'hui est différent du monde d'il y a 50 ans, à l'époque de la création du Conseil des Arts du Canada. Si l'on veut que le Conseil des Arts et que les politiques en matière de financement public des arts réussissent pendant les 50 années à venir, il nous faudra sans doute évoluer et modifier quelque peu les priorités futures. Cela m'amène à penser que nous n'allons pas tout simplement suivre notre même petit bonhomme de chemin, inlassablement, année après année.
Mon dilemme et mon défi sont de déterminer précisément à quoi ressemblera cette évolution et quels joueurs devraient nous aider à établir l'orientation future. Je pense que les 50 prochaines années du Conseil des Arts du Canada devraient être aussi importantes que les 50 dernières années. Mais ce ne sera pas le cas si le Conseil des Arts se contente tout simplement de continuer de faire exactement la même chose.
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Eh bien, je peux définitivement vous parler de mon expérience avec l'École nationale de ballet. Lorsque je m'y suis joint, nous étions beaucoup plus dépendants du financement gouvernemental que ce n'est le cas aujourd'hui. Mais la chose intéressante est que le financement gouvernemental a en fait augmenté. Le montant a augmenté, mais son pourcentage du budget de l'organisation a diminué.
Je pense que ce qui est en train de se passer est que le milieu artistique croît de plus en plus -- le nombre de personnes et d'organisations qui y sont actives -- et que ses membres sont de plus en plus amenés à chercher de nouveaux partenaires, au-delà des donateurs et bienfaiteurs traditionnels.
Pour ce qui est de mon organisation, l'École nationale de ballet -- celle que j'ai le plus connue au cours des 15 dernières années -- cela a voulu dire lancer des opérations commerciales, par exemple. Cela a voulu dire prendre plus au sérieux l'établissement d'une fondation, d'une fondation privée, que j'ai établie en tant que fondation parallèle à l'organisation, chargée de gérer la dotation. Cela a voulu dire faire un examen sérieux des recettes gagnées par l'organisation -- non pas simplement les regarder passivement, mais véritablement analyser quelles autres sources de revenu il pourrait y avoir pour multiplier les fonds publics que je recevais, et qui augmentaient, pour en faire en même temps un plus petit pourcentage de notre budget d'ensemble. Je pouvais en fait assurer une croissance supérieure à celle de mon financement gouvernemental.
Voilà un exemple du genre d'activité stratégique qui s'opère, je pense, dans la société dans son ensemble. Aucun organe de financement n'est en train à lui seul d'imposer cela sur la scène, mais les organisations actives dans la communauté sont en train de reconnaître la nécessité d'explorer l'élargissement -- si je peux utiliser ce terme sans que ce ne soit péjoratif -- de la base d'affaires de l'exploitation d'une organisation à vocation artistique dans ce pays.
Je ne m'en sers pas en tant que dossier commercial avec un grand C. Mais veiller à ce que ces organisations soient gérées de façon responsable, aient des budgets équilibrés, puissent exécuter leurs mandats artistiques, établissent des liens avec les communautés qu'elles s'efforcent de servir, fassent du véritable travail de développement d'auditoire -- en essayant, par exemple, de créer de nouveaux marchés -- et les aligner sur la démographie canadienne changeante sont des stratégies qui permettront au financement public d'avoir un effet multiplicateur sur l'activité sans pour autant être le déterminant unique du cours futur de l'organisation.
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Vous pourriez peut-être les utiliser à titre d'exemple; je ne sais pas.
Mais venons-en aux faits, soit que le problème que nous avons dans les plus petites localités est celui du manque de fonds d'immobilisation disponibles auprès de sources privées, mettons. Le problème n'est pas tant celui de l'argent nécessaire pour participer au lancement d'un projet donné, mais plutôt celui des fonds opérationnels nécessaires.
J'estime personnellement qu'il y aurait moyen pour le gouvernement de participer davantage qu'il ne l'a fait à la communauté artistique. L'exemple dont je veux parler est le suivant. Je veux vous parler d'une localité appelée English Harbour. Ce petit village de pêcheurs, qui est plus ou moins une ville fantôme, vu le sort qu'a connu la pêche, compte une église. Deux artistes de Toronto ont acheté cette église, vieille de plus de 110 ans, l'ont remise en état et sont en train de la transformer en une école pour artistes. C'est une idée fantastique.
De quelle façon envisagez-vous le rôle du conseil s'agissant de fournir une partie des fonds nécessaires à ce genre d'opération -- je ne parle pas de cet exemple précis, mais de ce genre de cas de figure pouvant survenir dans une petite localité?
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Je vais essayer de parler de deux aspects.
Il y a l'exemple que vous avez utilisé. Le Conseil des Arts du Canada ne serait pas engagé en tant que participant de premier plan dans une initiative de formation, si j'ai bien compris. Cependant, le Conseil des Arts est très présent dans les plus petites localités du Canada. Vous savez sans doute que l'an dernier il a distribué des subventions dans plus de 560 collectivités au pays. D'après ce que je sais, c'est en fait la Commission du droit de prêt public qui distribue les chèques à des écrivains dans plus de 1 500 collectivités du Canada.
Le Conseil des Arts du Canada est donc définitivement présent partout où il s'exerce des activités artistiques professionnelles. Il ne fait pas de distinction entre les petites localités et les grosses. Ce qu'il s'efforce de suivre c'est l'évolution de la pratique artistique professionnelle au pays.
En dehors de cela, je m'engagerais dans un débat au sujet des pratiques du Conseil des Arts du Canada, que je ne suis en réalité pas en mesure ni de défendre ni d'expliquer. Ce que je sais, cependant, c'est que le critère n'est pas la taille de la collectivité; c'est plutôt la présence d'activité professionnelle ayant un auditoire, bénéficiant d'une collectivité à laquelle elle parle et qui apporte de la valeur à celle-ci.
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Je vais tenter de répondre à votre question.
La technologie a vraiment changé les circonstances dans lesquelles les artistes créent et communiquent avec la société actuelle. Un artiste aujourd'hui ne fait pas face aux mêmes défis que ceux auxquels un artiste faisait face en 1957. Les défis ont changé. Je ne sais pas exactement si les relations entre le gouvernement et les artistes ont changé, mais les circonstances dans lesquelles ces relations se développent ont sûrement changé.
[Traduction]
Il serait impossible pour moi de prétendre savoir où vont aller les choses d'ici 10, 20 ou 50 ans, mais ce ne sera pas pareil, et l'orientation ne sera pas la même que dans les années 50, 60 et 70.
Je pourrais vous parler de l'une des conclusions les plus solides qui sont ressorties lors de mon séjour à la Division de la recherche du ministère de la Culture et des communications de la France en 1990. Il était absolument clair que personne dans les années 80 n'avait prédit l'incidence énorme sur les pratiques de consommation culturelle européenne qu'allaient amener les nouvelles technologies. Personne n'y était prêt et cela a amené des changements radicaux dans la façon dont les gens ont consommé l'art et dont les publics ont choisi, de par leurs dépenses discrétionnaires, les expressions artistiques qu'ils voulaient appuyer ou consommer.
:
Je n'ai pas fait d'étude formelle des styles de leadership de mes prédécesseurs, mais je les connais et j'ai une idée de la façon dont ils ont dirigé et contribué à l'évolution, au développement et à la réussite du Conseil des Arts du Canada au cours des 50 dernières années.
Je pense que mes propres compétences et que ma propre prédisposition me pousseront vers un leadership que je qualifierais de non-directif. C'est un style de leadership qui demande souvent plus de temps, mais qui suscite des réactions progressistes et inclusives, adaptables aux circonstances changeantes.
Au lieu d'essayer de tirer derrière moi l'organisation, en ma qualité de dirigeant, j'espère pouvoir investir dans l'organisation de façon à ce que celle-ci aide à me pousser en avant, en ma qualité de directeur. Je vous donne ici une analogie du genre pousser-tirer.
Je suis le genre de leader qui croit fermement dans l'investissement dans les équipes, qui croit fermement que c'est en encourageant, en récompensant et en stimulant que les gens qui l'entourent livreront le meilleur rendement possible. Il s'agit d'un style dans lequel vous vous efforcez sans cesse de recruter des éléments supérieurs à vous-même et c'est un style qui, de ce fait, requiert une certaine suppression de l'ego et une certaine confiance en la vision plus grande ou en le défi plus grand, au service de l'organisation que vous voulez voir avancer.
:
Merci beaucoup d'être venu comparaître ici aujourd'hui. J'apprécie le temps que vous nous accordez. Avez-vous chaud? Ce n'est pas juste dehors; c'est également à l'intérieur.
Une voix: Oui, nous avons fait monter la température.
M. Chris Warkentin: Je suis plus jeune, et j'ai certaines inquiétudes pour l'avenir des arts. Je tiens à veiller à ce que la culture canadienne survive et à ce que nous exercions notre souveraineté sur nos entreprises culturelles dans ce pays, car je pense que ce sera important pour mes enfants et les enfants de mes enfants.
Je sais qu'il est très difficile de prédire comment les choses pourraient tourner d'ici 50 ans, mais j'estime que nous vivons une période très importante de notre histoire. La mondialisation exerce une influence croissante. La technologie émergente va changer la façon -- et vous en avez parlé un petit peu plus tôt -- dont nous consommons la culture et dont nous nous mêlons à elle.
Pourriez-vous simplement faire quelques brefs commentaires sur certaines des questions dont il vous faudra traiter dans les années à venir au Conseil des Arts du Canada relativement à certaines des ramifications des forces exercées sur nous par l'extérieur?
:
Si vous permettez que je fasse une distinction entre politique et philosophie, je me ferais un plaisir de parler de l'aspect philosophique de l'équation, mais je ne peux pas me prononcer sur le côté politique.
Sur le plan philosophique, je crois que ce sont les arts et la culture qui unissent les gens pour en faire une collectivité. J'ai fait des études en sciences sociales, et ma première spécialisation a été l'anthropologie. Il m'était parfaitement clair lorsque j'étais étudiant, et il est aujourd'hui tout aussi clair pour moi en tant qu'adulte, que ce ne sont pas la génétique ni la politique qui unissent les gens, mais bien la culture.
Si le Canada souhaite maintenir sa souveraineté en tant que nation distincte dans le monde, il lui faudra consentir des investissements pour veiller à ce que les Canadiens partagent une culture commune. Les arts constituent un élément important de cette culture et ils se font sans conteste bombarder par la puissance transfrontalière des technologies d'aujourd'hui, qui nous exposent toujours plus -- et non pas toujours moins -- à des voix culturelles extérieures.
Je ne suis pas certain du rôle que le Conseil des Arts du Canada jouera au cours des 50 prochaines années dans ce débat, cette lutte, ce défi, mais il n'y a aucun doute qu'il lui faudra jouer un rôle critique. Il n'y a aucun doute que si le gouvernement et le conseil ne considèrent pas la culture comme étant un élément essentiel de la souveraineté du peuple canadien, alors nous ne saurons pas protéger notre indépendance en tant que nation à long terme.
:
Merci, monsieur Angus, et merci à vous, monsieur Sirman.
Et maintenant, en ma qualité de président, je vais prendre une minute ou deux.
Il me faut dire que j'ai été très intrigué par certaines de vos réponses aujourd'hui. Je viens d'une petite localité rurale, mais qui compte une forte présence théâtrale. J'habite tout juste à l'extérieur de Stratford, en Ontario, qui a hier soir vécu sa 54e première. Le théâtre y a été tout petit à ses débuts, mais je peux vous dire que les arts sont très importants pour le comté de Perth, pour Stratford... et non seulement pour l'Ontario, mais également pour le Canada et pour le monde. Des artistes de renommée mondiale y ont été formés pour ensuite se lancer, et je sais que le Conseil des Arts du Canada a joué un rôle extrêmement important dans cette évolution.
J'entends dire de temps à autre que des gens d'autres pays nous aident avec nos arts, et j'ignore si tout le monde comprend cela. Ils aident parfois même à garantir certains des fonds versés. Je sais que dans le cas de la Fondation pour le Festival de Stratford, on avait fixé il y a quelques années un objectif d'environ 50 millions de dollars. Je discutais avec le président de cette fondation hier soir, et il venait tout juste de remettre 1,3 million de dollars au festival à titre de fonds de roulement. Je sais également qu'il y a un couple de Chicago qui a versé 5 millions de dollars à la Fondation du Festival de Stratford, ce qui a beaucoup aidé. Je pense qu'un versement de contrepartie a été effectué par le Conseil des Arts du Canada ou par son intermédiaire.
J'ai l'an dernier rencontré les gens du Conseil des Arts du Canada. J'aimerais revenir sur une chose qui a été dite tout à l'heure au sujet de vous-même et du ballet. Karen Kain, du monde du ballet... J'ai vu défiler à mon bureau des gens des milieux artistiques, des écrivains et ainsi de suite. Puis j'ai rencontré la ministre Oda, qui était notre porte-parole officielle à l'époque, aux côtés d'un groupe plus nombreux, alors je sais à quel point cela est important.
Il me faut féliciter tous les membres du comité et vous-même, monsieur, pour cette réunion formidable que nous avons eue cet après-midi.
Et maintenant, avant que vous ne partiez, monsieur, j'aimerais bien que quelqu'un propose l'adoption de la motion que voici :
Que le comité fasse rapport à la Chambre qu'il a examiné les qualifications et compétences de Robert Sirman et qu'il le trouve compétent pour exécuter les fonctions du poste de directeur du Conseil des Arts du Canada.
:
Monsieur le président, premièrement, j'ignore combien de membres du comité voudront y aller. C'est une impondérable qui deviendrait pondérable si nous connaissions le nombre, mais à l'heure actuelle, c'est une impondérable.
Je n'ai pas les chiffres devant moi, mais si j'ai bien compris, pour 50 000 $ -- soit la moitié de ce que nous avions proposé au départ, et ce conformément à la volonté du comité -- le comité tout entier pourrait y aller. Pour 34 000 $, quatre personnes plus une peuvent y aller. Est-ce bien cela?
Une voix: Plus le personnel; cela fait neuf au total.
L'hon. Mauril Bélanger: Très bien. J'aurais un problème avec la deuxième proposition. Si nous avons convenu, après une discussion plutôt approfondie, de l'importance de notre participation à cet événement -- et je pense que l'attaché de recherche a distribué un document confirmant cela, et le fait que le ministre va y être dans l'après-midi du dimanche pour prononcer un discours apparemment important vient appuyer cet avis -- alors j'arguerais que le fait de n'envoyer que quelques membres du comité ne serait guère utile, en ce sens que l'idée était que nous pourrions peut-être tous être mis à la page et à niveau, de façon à être en mesure de mieux fonctionner lorsque nous entreprendrons tout notre programme de discussion et d'examen des règles en matière de radiodiffusion, du mandat de la SRC, de son mandat, et ainsi de suite. Je ne pense pas que ce soit très productif que quelques membres seulement du comité aient l'occasion de s'entretenir avec les représentants de tous les groupes intéressés à la production et à la télévision -- ainsi qu'au cinéma, dans ce cas-ci -- et pas les autres.
Voilà pourquoi je m'interroge quant à la sagesse de n'envoyer que cinq membres du comité plutôt que tous ceux qui souhaiteraient y aller.
J'ai encore beaucoup de choses à dire, Jim.
Le président: Monsieur Angus.
:
Je voulais simplement que cela figure au procès-verbal.
Je vais simplement répéter les raisons pour lesquelles je vais voter contre l'envoi là-bas d'une délégation en ce moment.
Cela ne veut pas dire que je ne trouverais pas cet exercice très utile pour moi-même et pour le comité à une date future, mais je m'efforce tout simplement de terminer ma lecture du rapport Lincoln. Je l'ai trouvée extrêmement utile, et, comme je l'ai mentionné dans ma réponse à la motion de M. Bélanger aujourd'hui, il s'y trouve plusieurs recommandations que j'appuie.
Je trouve cette étude particulière, qui est longue de 800 pages, tout à fait exhaustive. Elle nous livre une grosse partie des renseignements qu'il faudra pour appuyer nos décisions, et étant donné qu'il y aura peut-être une motion à la ministre lui renvoyant ce rapport en vue d'une réponse dans les 120 jours, ce voyage est à mon sens prématuré. Ce n'est pas que je m'y oppose en principe; je m'y oppose tout simplement en ce moment.
:
N'est-ce pas là précisément le point que soulève le président, si j'ai bien compris?
Le gouvernement antérieur, dans ses diverses incarnations et diverses législatures, a, je pense, fini par produire deux réponses au rapport Lincoln. Votre souhait est-il que l'actuel gouvernement produise encore une autre réponse?
La raison pour laquelle je pose la question est que Patrimoine canadien, comme c'est le cas de tous les ministères, possède une assez grosse bureaucratie. Chacun a son travail à faire. Si, en plus de réaliser ou de vérifier l'examen du mandat de la SRC, il y a votre demande au sujet de Téléfilm, votre demande au sujet du rapport... alors tout finira par s'enliser, s'il n'y a qu'une succession de rapports. Que peut-on dire de plus du rapport Lincoln?
:
Je conviens que je suis en train de confondre un petit peu les choses, mais j'aimerais simplement réagir moi aussi, étant donné que nous parlons de demander des rapports, du nouveau rapport sur la politique visant les longs-métrages. J'ai noté quelques petites choses dans le but de tirer un petit peu mes idées au clair, et si cela ne vous ennuie pas, j'aimerais vous les livrer.
Le gouvernement est à l'heure actuelle en train de se pencher sur les deux études. Il a préparé une série de changements proposés qu'il aimerait apporter à la politique en vue d'en améliorer l'efficacité. Il est important que les participants à l'industrie aient l'occasion de se prononcer sur ces changements proposés, pour maximiser leur incidence, avant qu'ils ne soient apportés et avant que le gouvernement ne produise une réponse au rapport du comité permanent. Le ministère du Patrimoine canadien doit pouvoir compléter son processus avec une consultation finale des participants à l'industrie cet été. Un document de discussion présentant les changements proposés à la politique et invitant les intéressés à y réagir va être diffusé.
Suite à ce processus, le Ministère sera en mesure de donner une réponse éclairée au rapport du comité permanent. Une politique canadienne révisée pour les longs-métrages pourrait alors être préparée pour début 2007, sans oublier le fait que je suis en train de proposer que la première partie -- c'est-à-dire quelque chose qui serait éclairé par des réponses plus étoffées de l'industrie, puisqu'il s'agirait de s'entretenir avec les participants et décideurs pendant l'été -- soit un document plus définitif que le comité pourrait examiner.
Si, au lieu de cela, le comité va dire : « Donnez-nous un réponse à cette étude qui a été faite, et boom, c'est tout », alors c'est ce que nous obtiendrons. Mais ce sera loin d'être aussi complet que si le Ministère avait le temps de recueillir davantage de réactions auprès des parties prenantes.
Cela viendrait donc de beaucoup ralentir et compliquer les choses et ne servirait à mon sens à rien.
:
Merci, monsieur le président.
J'avais compris dès le départ que ce que souhaitait le comité ici réuni était une réponse de l'actuel gouvernement à ces deux rapports, soit le rapport Lincoln et celui sur la politique cinématographique. Et si le comité dépose ces deux rapports de la 38e législature en cette 39e législature -- et il y est autorisé par les règles -- et demande une réponse du gouvernement, celui-ci, d'après le règlement de la Chambre, doit répondre dans les cinq mois. Si je suis l'échéancier de M. Abbott, nous serons dans cinq mois en octobre, et ce sera après l'été et le Ministère aura eu le temps de faire toutes les consultations dont il parlait. Si le gouvernement n'a pas tout à fait terminé, il pourra revenir à ce moment-là et peut-être demander un nouveau délai, ou encore déposer un rapport, puis enchaîner avec un ajout par la suite, ou une politique.
Sauf tout le respect que je vous dois, monsieur le président, ce n'est pas l'idée de noyer le Ministère sous le travail qui me préoccupe en ce moment. Celui-ci est tout à fait en mesure de s'occuper de ces demandes faites au comité par le Parlement. Il est de son devoir de répondre à ces rapports si c'est ce que demande le comité.
Si donc le Ministère a de la difficulté à donner suite aux demandes légitimes émanant du Parlement du Canada, alors c'est là un tout autre problème, dont nous pourrons nous occuper. Mais ce ne devrait pas être là ce qui alimente notre désir d'obtenir des réponses de l'actuel gouvernement.
:
Eh bien, monsieur le président, m'étant joint au comité après le rapport Lincoln, je peux dire que l'impression générale était que tout le travail avait été fait, que nous avons aujourd'hui un nouveau gouvernement, un nouveau Parlement, et que tout ce travail a été mis de côté. Nous avions réintroduit cela lors de la dernière législature car nous estimions que cela méritait bel et bien une réponse du gouvernement, étant donné qu'il s'y trouvait esquissé un plan, une carte routière. Et il était très important pour nous d'entendre la ministre nous dire où elle voyait le rapport Lincoln s'insérer dans la stratégie du gouvernement.
Je pense qu'en bout de ligne nous avions toujours le sentiment de ne jamais avoir obtenu relativement au rapport Lincoln un engagement réellement exhaustif, à la hauteur du travail qui y avait été investi.
D'après mon expérience de la 38e législature, je n'ai aucunement l'impression que notre requête ait usé les bureaucrates au Patrimoine à un point tel qu'ils n'étaient plus en mesure de fonctionner. Mon Dieu, la situation serait bien triste si le fait de demander au ministère du Patrimoine de réagir à un document que tout le monde connaît bien et de demander au gouvernement d'expliquer ce qu'il prévoit, de quelle façon il perçoit le rapport Lincoln et de quelle façon il envisage l'étude sur les longs-métrages, balaierait par-dessus bord toutes les consultations. Bien franchement, je ne peux pas du tout m'imaginer cela.
Les consultations sont en cours. Des mesures sont en train d'être prises. Je pense que ce que nous demandons c'est de quelle façon ces rapports, qui ont demandé énormément de travail et d'effort, cadrent dans ce tableau d'ensemble. Voilà ce que nous demandons, et j'estime qu'il s'agit d'une demande tout à fait simple et raisonnable.
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Monsieur le président, je tiens à ce que les membres du comité soient clairs s'agissant de ce qu'ils demandent. Si c'est cela que veut le comité, alors il a clairement le droit de procéder ainsi.
Si le comité décide de redéposer le rapport Scénario, grand écran et auditoire, alors le ministère élaborera une réponse au rapport tel que déposé -- point final, un point c'est tout, fin de l'histoire.
D'un autre côté, si le comité n'en fait pas la demande, il y aura des consultations plus poussées auprès des différentes parties prenantes pendant les mois d'été. Le résultat de ces consultations, ajouté au processus, pourra alors être déposé. Ce ne sera pas la réponse au rapport sur le cinéma; ce sera cela ajouté au produit des consultations auprès des parties prenantes.
Si vous permettez, et je m'excuse à l'avance si cela paraît un peu dur, mais ce que nous disons en gros c'est ceci: voici un document; faites rapport là-dessus, et, en passant, laissez donc tomber les consultations pendant l'été.
Je suis en train de dire que c'est ce qui va se passer, ce qui ne me paraît pas logique du tout.
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Il me semble que nous avons eu un débat fort intéressant au Parlement aujourd'hui, et je veux parler de l'échange initial entre M. Bélanger et moi-même au sujet de l'accord relativement à l'UNESCO.
Comme je lui avais dit dans une autre vie lorsque nous étions dans l'opposition, j'avais représenté l'opposition officielle à l'époque et avais pleinement appuyé cette entente de l'UNESCO. J'étais tout à fait en faveur des efforts du ministre. Je ne pense pas que quiconque au comité ait entendu l'actuel ministre du Patrimoine dire quoi que ce soit qui aille dans le sens contraire.
Le premier ministre, ayant pris des mesures précises quant à la place du Québec à la table de l'UNESCO... je ne pense pas qu'il puisse y avoir le moindre doute quant au fait que notre gouvernement se soit pleinement, entièrement, complètement, et de toutes les manières possibles, engagé à traiter la culture comme étant de la culture et y soit très sensible dans le contexte de l'Accord général sur le commerce des services.
La situation à l'heure actuelle en ce qui concerne l'AGCS, d'après ce que je crois comprendre, est que le tout est en ce moment enlisé. La ronde de Doha s'est enlisée à cause des discussions au sujet de l'agriculture. Quant à savoir si les différents pays vont considérer qu'ils auront réussi, lorsqu'ils ressortiront de l'autre bout du processus, nous n'en avons pas la moindre idée.
J'ai cependant de la difficulté à comprendre la nécessité ou la valeur de cette motion, qui présume que les restrictions en matière de propriété étrangère pourraient être éliminées. La motion dit en effet « qui pourraient entraîner l'élimination des quotas de contenu national », et ainsi de suite.
Je ne comprends pas vraiment la valeur de cette motion, mais je comprends qu'en négociant, si j'étais négociateur, cela m'intéresserait beaucoup de lire la transcription des audiences du comité ici réuni, si le comité décidait d'aller de l'avant avec ce qui est proposé ici. Nous ferions alors un excellent travail de lavage de notre linge en public et affaiblirons ainsi la position des négociateurs canadiens.
Nous savons, comme je l'ai déjà dit, quelle est la position du gouvernement canadien dans ce dossier. Je ne suis donc pas convaincu de l'utilité de laver notre linge sale en public en livrant aux autres pays la transcription des délibérations de notre comité, alors même qu'ils négocient contre nous.
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J'apprécie ce que vous dites.
En effet, la ronde de Doha tire à sa fin et il y a deux écoles de pensée. L'une est qu'ils vont crier victoire et repartir en laissant derrière eux le peu qu'ils auront obtenu. L'autre est qu'il va y avoir une plus forte poussée pour essayer de bricoler quelque chose. Mais cela ne changera rien à l'AGCS. Cela fait l'objet d'une ronde différente. Et il s'agit d'une question importante. Je ne pense pas qu'il s'agisse de laver notre linge sale en public, car, ayant participé au dossier de l'agriculture, je peux vous dire que le secteur agricole continue de poser des questions: que faisons-nous à Doha et quelle est notre position? Et nous avons obtenu des réponses très claires de l'actuel gouvernement au sujet de la gestion de l'offre. Nous allons défendre la gestion de l'offre. Nous allons défendre ces droits à l'échelle internationale. Ces engagements sont venus du fait que des questions aient été posées, et cela a donné confiance aux gens.
Je suis ouvert à la suggestion que nous commencions avec des hauts fonctionnaires des ministères du Patrimoine et de l'Industrie, car traditionnellement il y a eu entre ces deux ministères divergence sur nombre de ces dossiers, et nous le savons tous. Les fonctionnaires de Patrimoine canadien viendront-ils nous dire: « Ne vous inquiétez pas, nous savons où nous en sommes en ce qui concerne les produits culturels »? Cela pourrait tout de suite clore la discussion.
Ce qui me préoccupe est que nous savons que le Canada est à l'heure actuelle un pays demandeur relativement à l'AGCS pour ce qui est des télécommunications, et les télécommunications ont été un dossier du ministère de l'Industrie. Mais étant donné la convergence et les ramifications pour la radiodiffusion, quelles mesures le Ministère a-t-il prises? Quelles mesures envisage-t-il de prendre pour veiller à ce que nos politiques en matière de radiodiffusion demeurent intactes dans le cas de l'AGCS? Par ailleurs, nous avons tous dû encaisser la demande relativement à l'audiovisuel dans le cadre des négociations de l'AGCS, et cela soulève toutes les questions fondamentales. Qu'il s'agisse du rapport Lincoln, de l'industrie cinématographique... tout ce dont nous avons discuté autour de cette table est en train d'être discuté à Genève.
Il me semble qu'il nous incombe d'entendre ces fonctionnaires. Je ne pense pas qu'il nous faille les entendre à huis clos. Si sont soulevées des questions au sujet desquelles ils aimeraient nous renseigner davantage, dans le cadre d'un breffage distinct ou autre, alors nous pourrions siéger à huis clos; cela ne me pose aucun problème. Mais je pense que l'objet d'un breffage initial serait d'avoir une idée de ce qui se passe. Je serais prêt à laisser tomber la question des négociateurs pour le moment si nous pouvions entendre les fonctionnaires.