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Merci, monsieur le président, mesdames et messieurs les députés.
Nous souhaitons remercier le comité de nous donner l'occasion de présenter nos idées sur la tâche importante qu'il a entreprise, à savoir l'examen du mandat de la Société Radio-Canada et de la Canadian Broadcasting Corporation. C'est pour votre comité une occasion de promouvoir des changements. À notre avis, ce sont des changements importants et urgents.
Les Canadiens ont besoin d'un radiodiffuseur public. Cette conclusion a été appuyée par plusieurs intervenants déjà entendus par votre comité, par tous les examens de la radiodiffusion publique canadienne effectués depuis sa création en 1936 et par le Comité permanent du patrimoine canadien dans son rapport de juin 2003.
Donc, la question fondamentale ne porte pas sur la nécessité du radiodiffuseur public, mais sur quelle sorte de services CBC et Radio-Canada devraient offrir à leur public. À quelques exceptions près, limitées mais importantes, nous nous concentrerons sur la télévision anglaise. Ce n'est pas que les autres services soient sans intérêt ou sans problèmes, mais la télévision anglaise est le service dont les défis sont les plus difficiles à relever. Pour cette raison, nous allons concentrer nos propos sur la télévision anglaise.
Cependant, tout en reconnaissant les problèmes auxquels fait face la télévision anglaise, nous devrions souligner que la Société Radio-Canada dans son ensemble reste un mode de communication très puissant de notre culture canadienne et de notre souveraineté culturelle. Le service radiophonique reste sans pareil et, sondage après sondage, les Canadiens déclarent qu'il contribue beaucoup à leur sentiment d'identité nationale.
Aujourd'hui, nous vous proposerons 10 recommandations précises et audacieuses, peut-être sujettes à controverse, mais nécessaires, responsables et faisables. Il est temps d'agir et vous, mesdames et messieurs les députés, avez le pouvoir et la responsabilité de mener à bien le renouvellement de la Société Radio-Canada et de la CBC.
Monsieur le président, je vais maintenant céder la parole à mon collaborateur M. Bill Neville.
Monsieur le président, membres du comité, je vous remercie de me donner la chance de m'exprimer aujourd'hui.
Je voudrais évoquer brièvement deux enjeux spécifiques: premièrement, le financement de la Société Radio-Canada; deuxièmement, son mandat législatif de répondre aux besoins particuliers des régions, qui, je le sais, intéresse de nombreux députés
Je vais commencer par le financement. Comme les membres du comité le savent, CBC Television et Radio-Canada dépendent de recettes commerciales à hauteur de 40 à 50 p. 100 de leurs budgets de fonctionnement. La réalité est incontournable: recueillir ces recettes devient en fait la priorité numéro un de la Société. Sans ces recettes de publicité, tout son budget s'écroule.
Cela a forcément un impact sur la programmation. C'est pourquoi la Société se fie si totalement aux sports professionnels. C'est pourquoi tous les programmes ou presque sont entrecoupés de publicités, même le téléjournal — pratique inhabituelle pour un télédiffuseur public, que je sache. C'est pourquoi aussi, quoi qu'on en dise, la SRC court en grande partie après les cotes d'écoute; c'est ce que recherchent les publicitaires et ce que la SRC se tient tenue d'assurer.
Résultat? « Un réseau commercial subventionné » comme quelqu'un l'a appelé. En fait, comme l'a dit M. Rabinovitch lui-même dans un discours à Toronto, « Comment peut-on se qualifier de diffuseur public quand plus de 50 p. 100 de votre budget vient d'une concurrence avec le secteur privé? »
J'estime que les députés et les Canadiens et les Canadiennes ne devraient pas se bercer d'illusions. Tant que CBC Television et Radio-Canada dépendront ainsi de recettes commerciales, nous aurons ce que nous avons à l'heure actuelle: un diffuseur commercial subventionné.
Pour avoir un diffuseur public plus authentique, un diffuseur qui réponde à la définition que la SRC elle-même a proposée dans son mémoire au comité la semaine dernière, la seule solution est de diminuer la dépendance par rapport aux recettes commerciales. Et, là encore, ne nous leurrons pas. Dans notre mémoire, nous suggérons bien quelques façons dont la SRC pourrait ajouter des recettes non commerciales; n'empêche ce qu'il faut, au bout du compte, c'est un financement public accru. C'est incontournable.
Sur la question, je vous renvoie à l'étude de Nordicity, qui montre que le Canada est loin d'être hypergénéreux dans son soutien envers le diffuseur public, quand on le compare à presque tous les autres pays.
Parlons maintenant de programmation régionale. Le mandat de la Société, tel que défini dans la Loi sur la radiodiffusion, indique que la programmation devrait « refléter la globalité canadienne et rendre compte de la diversité régionale du pays, tant au plan national qu'au niveau régional, tout en répondant aux besoins particuliers des régions. » Si vous interrogez la SRC sur ses responsabilités régionales, vous obtenez systématiquement une réponse portant sur les bulletins de nouvelles locaux.
Au fil des années, la SRC a essayé divers formats pour ces bulletins. Tony et moi en avons connu un bon nombre. Tous, à vrai dire, se sont avérés des échecs, dans presque tous les marchés au pays et ce, pour une bonne raison. Sans vouloir faire preuve de cynisme, je crois pouvoir prédire que la dernière mouture, dont on vous a parlé la semaine dernière, rencontrera autant de succès. Pourquoi? Parce que, à mon sens, la politique à la base de ces bulletins est erronée.
Tout d'abord, les stations locales privées dominent l'heure des nouvelles au souper, pour une bonne raison. Dans la plupart des cas, c'est à peu près la seule programmation originale dans laquelle elles investissent. Elles investissent beaucoup; elles le font bien; et elles dominent les marchés à quelques exceptions près. Regardez donc la position de CJOH à Ottawa, pour ne prendre qu'un exemple. Je sais qu'il existe des exceptions à la règle, mais il y en a.
Deuxièmement, j'estime important de souligner que la SRC est déjà le télédiffuseur local dans la plupart de ces marchés. Il se trouve juste que c'est à la radio. Vers quoi se tournent la plupart des citoyens de ces collectivités pour apprendre ce qui se passe dans leur ville et ce qu'on en pense? Vers les émissions du petit matin de la SRC et vers ses émissions de retour chez soi. Si vous prenez la SRC dans son ensemble, il me semble que son mandat local est rempli, en fait, par la radio qui, comme l'a mentionné la SRC, peut et devrait être élargi.
Troisièmement, même si les émissions télévisées de nouvelles locales de Radio-Canada rencontraient plus de succès, elles ne rempliraient pas le mandat défini par la loi, soit refléter la globalité canadienne et rendre compte de la diversité régionale du pays. Ce n'est pas ce dont il s'agit. Soit dit en passant, diffuser une émission de nouvelles depuis Halifax ou Calgary, avec un contenu qui ne reflète pas ces endroits, mais aurait tout aussi bien pu être à Toronto, ne répond pas non plus au mandat.
Il me semble que la Société doit repenser entièrement son approche de la programmation régionale, afin de revenir au mandat défini par la loi: refléter la diversité régionale tant au plan national qu'au niveau régional. Je ne suis pas un programmateur et je ne me targue pas d'en être un, mais je crois qu'il existe là des possibilités de faire preuve d'imagination. Prenez, par exemple, les nouvelles et les affaires publiques. Pourquoi ne pas créer une série d'émissions régionales d'affaires publiques hebdomadaires d'intérêt pour une région, qui renseigne plus qu'un segment de nouvelles de 90 secondes? De plus, avec une série de cinq émissions régionales, la SRC pourrait prendre le meilleur produit d'une région et le montrer aux Canadiens des autres régions. C'est une façon de rendre compte de la diversité régionale. Avoir eu, par exemple, une bonne mise en perspective de l'évolution de la situation de l'ADQ au Québec nous aurait peut-être aidés à comprendre les événements de lundi soir.
De même, j'aimerais en savoir plus long sur l'infestation de dendoctrones du pin en Colombie-Britannique. D'autre part, j'ai lu deux ou trois choses sur la recherche éolienne à l'Île-du-Prince-Édouard. Les occasions ne manquent pas. Mais, avec le système actuel, personne ne les saisit. La SRC pourrait le faire; elle donnerait à une région un reflet d'elle-même et à d'autres régions un reflet de leurs consoeurs.
En matière de programmation culturelle, à présent, je crois que la plupart des gens estiment que le Canada a connu une véritable explosion culturelle, ces dernières années, pour ce qui est du développement de groupes régionaux d'arts de la scène. Lorsque je rédigeais mon article pour le Forum des politiques publiques, j'ai eu un entretien avec un haut dirigeant du domaine des arts qui m'a dit entendre un écho de cette explosion à CBC Radio, sans véritablement en voir un reflet à CBC Television.
À mon sens, la SRC pourrait et devrait fournir une vitrine télévisée à ces grands groupes régionaux, aussi bien au sein d'une région qu'au plan national--ce qui, à vrai dire, est rarement le cas à l'heure actuelle. D'autres personnes auraient peut-être de meilleures idées de programmes que moi. Mais ce que j'avance n'en reste pas moins vrai: il est temps, selon moi, de cesser de borner la programmation régionale aux bulletins de nouvelles locaux. Il est temps de revenir à ce que dit la Loi et d'élaborer une approche et une philosophie plus à même de la refléter.
Merci.
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Monsieur le président, j'ai promis au début de la séance que je ferais des recommandations très spécifiques. Je ne veux pas tourner autour du pot et débiter des platitudes. Nous voulons de l'action.
Voici donc la première de mes recommandations. Elle a trait à la gouvernance, sujet peu emballant, mais important.
Au cours de ma vie, j'ai siégé à 25 conseils d'administration, dans le secteur privé, dans le secteur public, au Canada et aux États-Unis. Aucun de ces conseils d'administration n'était privé du pouvoir d'embaucher et de mettre à la porte le président et directeur général. Comment pouvez-vous tenir un conseil d'administration responsable de l'efficacité de sa société, la SRC, alors qu'il n'a pas son mot à dire pour l'embauche, l'évaluation, la rémunération et le renvoi du PDG? Du point de vue de la gouvernance, c'est aberrant. Et pourtant, c'est bien la situation. Non seulement cela, mais si le poste de président du conseil est vacant, devinez qui est censé l'occuper? Le PDG. C'est ce que j'ai fait pendant neuf mois, quand Patrick Watson a donné sa démission, pas parce que je voulais le faire — ce n'était pas mon travail et cela me dérangeait —, mais parce que j'y étais tenu par la loi.
S'il y a une mesure et une seule que peut faire adopter votre comité, ce devrait être de recommander au gouvernement de changer la loi, afin de donner au conseil d'administration le pouvoir d'embaucher, de rémunérer, d'évaluer et de renvoyer, au besoin, le PDG. Ce faisant, vous donnerez au conseil d'administration les outils dont il a besoin pour véritablement administrer une société. À l'heure actuelle, cet outil essentiel fait défaut au conseil d'administration.
Je ne voudrais pas que l'on voie dans mes remarques une critique de la gestion actuelle du conseil d'administration. Le conseil est prisonnier du modèle, qu'il le veuille ou pas. Je ne veux pas critiquer, mais simplement souligner une lacune systémique.
C'était mon premier point.
Deuxièmement, je vais vous exhorter à faire quelque chose à quoi j'aurais été radicalement opposé il y a dix ans. Pourquoi ai-je changé d'avis? Parce que l'expérience a porté ses fruits. Je vous exhorte donc à veiller à ce que deux employés, élus par leurs homologues, siègent au conseil d'administration. Il ne s'agit pas de représenter les intérêts des employés, ce qui est le travail du syndicat. Il serait d'ailleurs illégal pour ces deux employés de représenter les intérêts de leurs homologues. Ils seraient là pour apporter le point de vue bien spécifique qu'ils ont. Dans toute grosse organisation, si l'on veut véritablement savoir ce qui se passe, il est important de ne pas parler uniquement à la direction, mais de s'adresser également aux gens qui sont sur le terrain et qui effectuent le travail jour après jour. Eux comprennent ce qui se passe. Eux ont une connaissance réaliste de ce qu'il convient de faire. Je pense que le rôle du conseil d'administration serait fortement enrichi par l'apport de cette perspective.
Je sais que cela exige un changement à la loi, mais si le comité est en faveur de cette mesure, ainsi que le gouvernement, il est tout à fait possible de mettre en oeuvre certaines de ces idées graduellement, sans changer la loi. Le gouvernement pourrait ainsi s'engager, lors de la prochaine nomination d'un PDG, à choisir un nom dans une liste soumise par le conseil d'administration. J'y vois une étape transitoire avant de modifier la loi et une mesure qui pourrait être adoptée immédiatement.
En ce qui concerne les représentants des employés, là aussi, il faudrait en principe un changement à la loi, mais cela risque de prendre du temps. En attendant, s'il existe un consensus là aussi, le conseil d'administration lui-même pourrait créer le processus d'élection de deux employés, qui siégeraient ensuite en tant qu'observateurs et pourraient participer sans disposer du droit de vote. Même s'ils ne jouissaient pas tout de suite du droit de vote, je pense que la participation de ces employés serait d'une grande valeur.
C'est quelque chose que j'ai appris il y a longtemps, en siégeant à deux conseils d'administration: celui du Collège Algonquin, ici à Ottawa, que je présidais; et, maintenant, l'Hôpital d'Ottawa. Ces deux conseils d'administration comptent parmi leurs membres des représentants des employés. Et c'est ce qui a changé mon avis sur la question. Si vous m'aviez demandé, il y a dix ans, ce que j'en pensais, je vous aurais répondu que c'était une mauvaise idée. Si j'ai changé d'avis, c'est parce que j'ai pu mesurer à sa juste valeur l'énorme contribution de ces gens.
C'est donc une recommandation très précise et j'estime vraiment que le comité devrait y donner suite.
La deuxième recommandation porte sur les sports professionnels, le hockey; et il semblerait que nous ayons été dépassés par les événements dans ce domaine. J'ai toujours été un ardent défenseur du hockey professionnel à la SRC et je continue à ne rien y voir de mal. Le problème tient à la part des ressources de la Société qu'il mobilise. Plus de 40 p. 100 des parts d'auditoire de la télévision anglaise provient des sports, une totale distorsion de ce que devrait être un diffuseur public.
Avant la conclusion de l'entente sur le hockey, nous disions que la SRC devait se retirer du secteur ou, peut-être, réutiliser son exposition en collaboration avec le secteur privé, afin que sa dépendance envers les sports professionnels... et ce n'était pas seulement pour la part d'auditoire. Si 40 p. 100 de l'auditoire est due aux sports, c'est une distorsion du mandat. De plus, cela rend la SRC vulnérable. Prenez le lock-out de la LNH, il y a un ou deux ans, et ses conséquences: d'un coup, la SRC a été contrainte de remplir plusieurs heures de programmation et de se passer d'une bonne part des recettes. Qu'a-t-elle fait? Elle a diffusé toute une série d'émissions américaines, comme si on n'en avait pas déjà assez. Là est donc le problème.
Maintenant, une entente a été conclue. Nous n'en connaissons pas les détails et ne pouvons nous prononcer sur la question. Nous continuons toutefois de penser que, comme stratégie à long terme, la SRC devrait envisager sérieusement de réutiliser sa forte dépendance envers les sports professionnels. Cela va d'ailleurs de pair avec la remarque de Bill sur la dépendance de la Société envers les recettes publicitaires et l'orientation qui en découle.
Bill a également évoqué la question des émissions de nouvelles locales à la télévision. Rien dans la loi ne donne à la SRC le mandat de fournir des services locaux. La loi parle de services régionaux. Dans la plupart des cas, pas tous, le secteur privé fournit des nouvelles télévisées locales satisfaisantes. Pourquoi alors la SRC essaierait-t-elle d'en faire autant? Elle peut le faire à la radio. Un dollar dépensé à la radio va cinq fois plus loin qu'un dollar consacré à la télévision, parce que la radio est un médium moins coûteux. C'est aussi un meilleur médium pour une couverture locale.
La SRC pourrait réaliser des économies en s'abstenant de réaliser des émissions de nouvelles télévisées locales, à certaines exceptions près. Il y a des marchés où la SRC devrait se maintenir, vu l'absence ou l'insuffisance de la couverture assurée par le secteur privé. Nous en avons conscience et reconnaissons que ce serait un arrangement asymétrique. Mais l'asymétrie, ma foi, fait partie intégrante du Canada; nous ne sommes pas une nation symétrique, d'où la nécessité de se faire à l'idée de l'asymétrie. Avec la radio, on peut aller beaucoup plus loin et faire du meilleur travail. La loyauté de l'auditoire est forte, à la radio. Il y a une réaffectation des fonds au sein de la Société, et nous estimons qu'elle est tout à fait logique.
Je pense qu'il convient de modifier la loi afin de reconnaître l'importance des nouveaux médias. Il faut que la SRC soit un des intervenants; elle l'est et fait preuve d'un remarquable leadership. Il conviendrait que la loi le reconnaisse, afin de permettre à la SRC d'aller activement de l'avant. Le numérique offre de très belles perspectives d'avenir. Le futur est dans Internet et la SRC se doit de continuer dans cette voie.
Certaines de ces initiatives requièrent de l'argent, qui doit provenir d'une augmentation des crédits votés par le Parlement. Nous pensons qu'il existe aussi ici une occasion de rediriger des fonds du Fonds canadien de télévision vers la SRC. À l'heure actuelle, elle obtient seulement 37 p. 100 des subventions du Fonds, indirectement, par le biais des producteurs indépendants. Or, un dollar du Fonds canadien de télévision va beaucoup plus loin quand c'est la SRC qui le reçoit, parce que, contrairement aux diffuseurs privés, la SRC diffuse ces programmes à des heures de grande écoute. Nous recommandons donc une augmentation substantielle du 37 p. 100.
Les câblodistributeurs aiment faire croire que c'est leur argent qu'ils contribuent au Fonds. Ce n'est pas leur argent; c'est de l'argent recueilli auprès des abonnés, dans le cadre des conditions de licences — c'est l'argent des contribuables, quel que soit le point de vue adopté.
Cela est très précis, très spécifique. Je vous prie de m'excuser, monsieur le président, si j'ai dépassé le temps prévu. Mais je pense avoir couvert à peu près tout ce que nous souhaitions dire et nous serons heureux de répondre à vos questions.
Merci beaucoup.
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Merci. Cette discussion ce matin est fort intéressante.
Je vais présenter d'abord quelques commentaires généraux puisque je ne dispose que de cinq minutes.
Pour ce qui est de la responsabilité au sein de la structure de gouvernance, je crois que vous avez misé juste et très bien identifié le problème. J'espère sincèrement que notre comité songera sérieusement à formuler une recommandation à cet égard. Si nous voulons améliorer les normes de rendement, nous devons avoir une norme de responsabilité clairement établie dans la structure de gouvernance.
Vous avez dit qu'il fallait s'éloigner de la prestation de services de nouvelles locales et avez parlé d'améliorer les services de télévision. Je peux prendre pour exemple ma région où CTV fait du très bon travail au niveau des nouvelles régionales. C'est ce que cette société fait, sauf du côté francophone, où Radio-Canada est la seule voix régionale.
Pour ce qui est de l'utilisation du financement accordé au secteur de la télévision, nous essayons de livrer concurrence directement aux États-Unis dans le domaine des émissions dramatiques, des émissions sportives et il s'agit de questions fort importantes. Je trouve vos commentaires sur la façon de présenter des récits régionaux au reste du pays fort intéressants, parce que je suis convaincu que les gens seront intéressés. À mon avis, le problème — et vous êtes probablement plus conscient que moi de la situation — est le suivant. Lorsque j'oeuvrais dans le secteur de la télévision, je travaillais auprès d'un producteur pour faire justement ce genre de chose — des documentaires régionaux, la présentation de notre vécu. Nous voulions raconter les grandes histoires qui ne l'avaient pas encore été et nous voulions le faire de façon intéressante. Nous avions de très bonnes idées. Mais cela coûte très cher, et lorsque vous livrez concurrence à CBC ou aux radiodiffuseurs privés, il est beaucoup plus facile d'offrir plutôt une émission de cuisine ou une émission-causerie, parce que dans ces circonstances il faut simplement la caméra, l'éclairage et le tour est joué. Pour réaliser de bonnes émissions régionales, pour raconter le genre d'histoires que la radio fait si bien, tout cela coûte très cher.
Voici donc ma question: Si nous voulions prendre cette mesure dans le secteur de la télévision, comment devrions-nous procéder, si nous ne voulons pas dépendre de recettes publicitaires?
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Oui, je dois reconnaître que j'ai été assez direct. De plus, Bill qui a travaillé avec moi pendant dix ans à la SRC sait très bien que je peux être particulièrement direct, et même à l'occasion plutôt têtu.
Vous avez cité fidèlement ce que j'ai dit. Je ne me suis pas vraiment écarté de la position que vous venez de citer, de l'article qui a été publié dans le Ottawa Citizen; cependant j'ai rajusté un peu mon tir après m'être penché plus sérieusement sur la question.
Le message que je veux vous communiquer est le suivant. Au Canada, les radiodiffuseurs privés à but lucratif reçoivent une aide financière importante sous la forme d'allégements fiscaux, de subventions provenant du Fonds canadien de télévision et d'avantages financiers qui valent des millions de dollars qui sont assurés par la Loi de l'impôt sur le revenu. Ce n'est pas simplement la SRC qui reçoit une aide financière du gouvernement; les radiodiffuseurs privés également. Et ça c'est un résultat direct des caractéristiques économiques de la production d'émissions de télévision au Canada, parce que nous représentons un marché tout de même assez petit.
Les radiodiffuseurs privés doivent respecter certains engagements à l'égard de la teneur canadienne. Évidemment ces engagements ne représentent pas un fardeau aussi important pour eux que pour la SRC, et c'est parfaitement normal. Je dis simplement que je crois sincèrement que le système de la libre entreprise est un bon système. Je suis convaincu que le système qui produit le plus de richesse et de prospérité est également le système qui permet la plus grande liberté. C'est une chose dans laquelle je crois fermement.
Laissons donc les radiodiffuseurs privés faire ce qu'ils font le mieux, c'est-à-dire des sous. Et je ne suis pas convaincu que nous devrions éliminer tous les règlements touchant la teneur canadienne, mais je crois qu'il faudrait être un peu plus réalistes à cet égard. À mon avis, si le CRTC le faisait, les radiodiffuseurs privés offriraient toujours une teneur canadienne, peut-être moins qu'aujourd'hui, mais offriraient quand même une certaine teneur canadienne lorsque cela correspond à leurs objectifs commerciaux. Ils pourraient le faire en toute liberté.
Cependant, en retour, il faudrait assurer un financement approprié à la SRC, puisque son mandat est d'assurer une teneur canadienne. Il ne faut donc pas demander aux radiodiffuseurs privés de faire des choses qui vont à l'encontre de leurs objectifs commerciaux, mais il ne faut pas non plus placer la SRC dans une situation où elle se trouve à faire des choses que les radiodiffuseurs privés savent mieux faire, soit réaliser des profits. Il s'agit de deux choses différentes.
Voilà ce que je voulais faire valoir.
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À mon avis, le financement du radiodiffuseur public devrait provenir principalement des crédits parlementaires. Après tout c'est le Parlement qui a créé la SRC, et il lui appartient donc de s'assurer que cette société dispose du financement approprié. Le reste n'est qu'un détail. Nous avons proposé certaines idées dans notre texte quant à la façon de réacheminer le financement. Comme Bill l'a signalé, si vous n'aimez pas nos idées, proposez-en d'autres. Peu nous importe.
Lorsque le Parlement adopte des lois annonçant qu'il va créer un radiodiffuseur public, cette décision doit s'accompagner d'une responsabilité à l'égard d'un financement approprié. Il ne sert vraiment à rien d'avoir une mesure législative qui dit: Faites ces magnifiques choses, et puis laisser simplement la SRC essayer de se tirer d'affaire toute seule. C'est là que se trouve la responsabilité
Si le Parlement décide pour une raison ou pour une autre, que les radiodiffuseurs privés devraient aider financièrement la SRC, très bien. Nous n'avons pas pris de position là-dessus. Nous disons simplement que le modèle actuel ne fonctionne pas. Il y quelque chose qui cloche. Il faut le réparer, parce que si vous n'intervenez pas, la SRC deviendra de plus en plus un radiodiffuseur commercial.
Si c'est ce que désire le Parlement, tout ce qu'il a à faire c'est de dire que la SRC sera privatisée et je peux vous assurer que si c'était le cas, elle ferait de l'argent, beaucoup d'argent. Elle se tournerait vers le marché et commencerait à livrer concurrence de façon assez agressive pour acheter les émissions américaines comme le font CTV et Global. Cela entraînerait une augmentation des prix et assurerait la diffusion d'un plus grand nombre d'émissions américaines à la télévision et la SRC ferait une fortune. Si c'est ce qu'il faut au Canada, allez-y, privatisez la SRC.
Personnellement, je ne pense pas qu'on ait besoin d'un autre radiodiffuseur commercial privé au Canada pour diffuser encore plus d'émissions américaines qu'on peut facilement visionner en syntonisant les postes américains de toute façon. De plus, les radiodiffuseurs privés sont actuellement subventionnés grâce au système de radiodiffusion simultanée. Ils reçoivent ainsi des centaines de millions de dollars. Conformément aux dispositions de la Loi de l'impôt sur le revenu, cela représente en effet des centaines de millions de dollars. Grâce au FCT, des centaines de millions de dollars sont distribués et il s'agit là de deniers publics.
Je dis simplement que si nous voulons investir les deniers publics dans le contenu canadien, assurons-nous que cet argent soit offert à la seule organisation qui a été conçue précisément par le Parlement il y a plus de 70 ans pour le faire. C'est un choix que doit faire le Parlement.
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Merci et bonjour, monsieur le président. Bonjour aussi aux députés. C'est un plaisir de me retrouver ici encore une fois et de parler d'un sujet extrêmement important: Radio-Canada et son avenir. M'accompagne aujourd'hui M. Serge Quinty, qui est le directeur des communications de la FCFA du Canada et qui m'aidera ce matin à répondre à certaines de vos questions.
J'aimerais tout d'abord vous remercier de nous avoir invités ce matin à partager nos réflexions sur le mandat de radiodiffuseur public du Canada au XXIe siècle. Comme vous l'avez vu dans le mémoire que nous vous avons soumis et comme vous l'avez sûrement entendu dans les interventions d'autres groupes, Radio-Canada revêt une importance particulière pour toutes les communautés francophones et acadiennes au Canada. Comme vous pouvez vous en douter, ces dernières ont souvent un accès très limité à des contenus radiophoniques et télévisuels locaux dans leur langue. La SRC joue donc un rôle essentiel pour nous, dans la cohésion des communautés, ça va de soi, et la SRC appuie aussi, dans une large mesure, leur capacité de vivre en français.
C'est pourquoi, dans cette comparution, nous nous sommes attardés à trois volets particuliers du mandat de Radio-Canada. Tout d'abord, il y a l'obligation de rendre compte de la diversité régionale du pays, tant au niveau national que régional, tout en répondant aux besoins particuliers des régions. Ensuite, le service doit être offert en français et en anglais de manière à refléter la situation et les besoins particuliers des deux collectivités de langue officielle, y compris ceux des minorités de l'une ou l'autre langue. Enfin, il doit être offert partout au Canada de la manière la plus adéquate et, évidemment, la plus efficace.
Laissez-moi vous dire d'emblée que pour la FCFA, ces trois éléments du mandat de Radio-Canada sont toujours pertinents. En fait, ils le sont de plus en plus. Nous voulons absolument un diffuseur public dans lequel les francophones, peu importe d'où ils vivent au pays, peuvent se reconnaître; un diffuseur public qui crée des liens, qui encourage le dialogue et, ce faisant, contribue à bâtir un pays plus fort. Nous voulons un diffuseur public qui est l'ambassadeur et la vitrine à l'international de la diversité et de la dualité linguistique comme valeurs fondamentales reflétant la réalité du Canada.
Cette vision de Radio-Canada, reflétée par son mandat, est donc toujours pertinente. Là où un bémol s'impose, c'est au chapitre de la capacité de la société d'État de s'acquitter de son mandat. Premier constat: les compressions budgétaires des années 1990 ont hypothéqué cette capacité. Même si, depuis ce temps, la situation s'est rétablie à plusieurs points de vue, des ressources financières plus restreintes ont amené Radio-Canada à opérer dans une logique de marché, dans un marché concurrentiel et, pour nous comme pour bien d'autres — c'est ce que nous avons entendu un peu plus tôt —, ce ne sont pas là de bonnes nouvelles.
Dans une logique de commercialisation et de rentabilité des productions, les communautés francophones et acadiennes sont toujours perdantes, puisqu'elles ne peuvent fournir des chiffres impressionnants en termes de cotes d'écoute. Pour nous, il est donc clair que des mesures doivent être prises pour assurer que Radio-Canada ne soit plus obligée d'opérer dans une logique de marché. C'est d'ailleurs cet impératif d'opérer indépendamment d'une logique commerciale qui justifie le financement public de grandes chaînes comme la BBC ou encore Radio France.
Ne plus opérer dans une logique de marché n'équivaut pas, cependant, à ne plus rechercher un enracinement auprès de l'auditoire. Sur ce point, je me dois de mentionner l'excellent travail fait par plusieurs stations régionales de Radio-Canada. Dans plusieurs provinces, en particulier dans l'Ouest, les francophones perçoivent très positivement les services de la radio régionale et le souci de bien refléter la réalité et les préoccupations de la communauté. Toutefois, il y a encore quelques bémols, deux en particulier.
D'abord, on nous parle beaucoup de manque de moyens. À notre avis, c'est assurément ce qui hypothèque la capacité de notre télédiffuseur public. À l'Île-du-Prince-Édouard, par exemple, on nous a indiqué que malgré les efforts des animateurs pour offrir un contenu pertinent francophone à la communauté, l'équipe semble sous-outillée, au point où la population doit écouter la radio anglaise pour connaître les éléments de nouvelles qui affectent leur quotidien. Je pense que vous l'avez mentionné plus tôt.
Dans un deuxième temps, il existe toujours, dans bon nombre de régions, une problématique reliée à une faible cote d'écoute de la radio de Radio-Canada. À certains endroits en Atlantique et en Ontario, ce sont les radios communautaires de langue française qui semblent le mieux desservir la population, si l'on se fie aux données des sondages BBM.
De cette réalité découlent deux constats. D'abord, dans une optique d'équilibre du système canadien de radiodiffusion, il est essentiel de mieux appuyer les radios communautaires qui jouent, on le voit, un rôle central dans la vitalité des communautés francophones et acadiennes.
Ensuite, il est très important de renforcer la capacité des stations régionales de Radio-Canada de faire un travail de maillage et d'arrimage avec leurs communautés, dans un souci d'assurer la pertinence de Radio-Canada dans toutes les régions du pays, puisqu'il s'agit, encore une fois, de notre télédiffuseur.
Il nous paraît notamment essentiel d'aller chercher les jeunes, qui représentent notre force de renouvellement pour les communautés, comme pour d'autres communautés, d'ailleurs, et la cote future de la Société Radio-Canada. C'est pourquoi il sera de plus en plus important pour les stations régionales de développer à court et à moyen terme des stratégies visant à offrir un produit de plus en plus dynamique, interactif et arrimé non seulement aux préoccupations, mais aussi à la rétroaction de la communauté desservie. À cet égard, les nouvelles technologies représentent un potentiel prometteur pour faire de Radio-Canada un médium flexible et branché sur la francophonie de chaque région du Canada.
J'aimerais apporter quelques considérations sur la télévision de Radio-Canada et, surtout, sur l'antenne nationale de la société d'État. De façon générale, les communautés francophones et acadiennes estiment que le contenu présenté à l'antenne nationale de Radio-Canada demeure trop centré sur Montréal. D'ailleurs, plusieurs d'entre nous l'appelons Radio-Canada-Montréal, tant pour ce qui est des informations que des émissions de variétés. À cet égard, la société d'État doit relever des défis dans l'optique de véritablement rendre compte de la diversité et des réalités régionales du Canada, et de stimuler un dialogue entre la société québécoise et les communautés francophones et acadiennes. Ceci nous apparaît un élément extrêmement important. Si on veut que les francophones de tout le pays se parlent, se connaissent, on a besoin de faire un tel travail.
Ces défis sont notamment d'assurer un plus grand traitement de l'actualité des communautés aux émissions d'information nationale, d'assurer une meilleure présence de personnalités des communautés dans des émissions de variétés et de favoriser une plus grande présence à l'écran de dramatiques de langue française produites à l'extérieur du Québec.
Un certain nombre de gestes concrets ont été posés à ce chapitre par la société d'État. Je pense notamment à la diffusion nationale de le télésérie Belle Baie produite en Acadie. Je pense également à la nouvelle formule de couverture de l'actualité à RDI, que nous suivons avec beaucoup d'attention.
Je pense enfin aux liens de communication et de collaboration que nous avons établis entre la SRC, les communautés et la FCFA.
Mais la société d'État peut aller plus loin dans l'adoption de mesures positives pour favoriser l'épanouissement des minorités francophones du Canada et appuyer leur développement.
Nous avons recommandé dans notre mémoire le développement d'un cadre d'imputabilité, et en ce sens, encore une fois, nous sommes d'accord sur les propos qui ont été tenus dans le cadre de la dernière comparution de ce matin. Cette question a un lien direct avec un élément identifié par la société d'État elle-même dans son Plan d'action axé sur les résultats de 2006-2007 pour la mise en oeuvre de l'article 41 de la Loi sur les langues officielles.
On y parle, entre autres, d'une meilleure coordination et harmonisation des indicateurs de performance pour l'ensemble des services de Radio-Canada. C'est en ce sens que nous parlons aussi d'un cadre d'imputabilité, d'une responsabilisation, en quelque sorte, qui définira des objectifs clairs accompagnés, évidemment, de mesures de rendement pour un meilleur reflet des régions et, surtout, des minorités de langue officielle à l'antenne nationale.
Ce mécanisme permettrait également à la société d'État de mieux rendre compte des résultats de ses stratégies et, évidemment, de celles de ses stations régionales francophones, visant ainsi un meilleur arrimage entre la communauté et la SRC et un accroissement de l'écoute. Surtout, un tel cadre d'imputabilité tiendrait compte de la nouvelle partie VII de la Loi sur les langues officielles et de l'impératif d'adopter des mesures positives.
Comme je l'ai dit plus tôt, Radio-Canada a déjà posé un certain nombre de gestes à cet égard. Cependant, nous pouvons et nous devons aller beaucoup plus loin parce que les communautés francophones et acadiennes ont besoin de Radio-Canada pour assurer leur vitalité future et parce qu'un Canada fort passe par un diffuseur public reflétant la diversité des réalités de notre pays.
C'est dans ce sens que la FCFA et les communautés qu'elle représente sont déterminées à multiplier les liens de collaboration constructifs avec Radio-Canada pour bâtir un diffuseur public dont nous pouvons tous être fiers et dont le mandat demeure plus pertinent que jamais au XXIe siècle.
Merci, messieurs les députés. Merci, monsieur le président.
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Je vais vous répondre en français.
Dans notre mémoire, nous avons évidemment parlé du problème des ressources. Je pense qu'il s'agit d'un problème fondamental. Je crois que les membres du comité ont très bien compris que si l'on veut un télédiffuseur public en mesure d'accomplir son mandat, il faudra naturellement se pencher sur la question des ressources dans son ensemble. Il y a là un élément important.
On a également mentionné dans notre mémoire — et on en a brièvement parlé un peu plus tôt — la nécessité de rattacher aux ressources octroyées à la SRC un cadre d'imputabilité. D'une certaine façon, il faut que la société Radio-Canada soit comme n'importe quelle autre agence de ce gouvernement, c'est-à-dire qu'elle doit être en mesure de faire une reddition de comptes. À cet effet, je pense qu'il y a un travail de fond à faire.
La question locale et nationale nous préoccupe puisque, finalement, il y a très peu de traitement sur le plan national, à l'exception des très grandes nouvelles, cela va de soi. Il ne s'agit donc pas d'une ou deux petites mesures. Je pense qu'il y a plusieurs correctifs à apporter si on veut un télédiffuseur qui représente correctement ce que nous sommes et qui mette en évidence les grands enjeux de la société canadienne.
En ce qui nous concerne, au cours de la dernière année, nous nous sommes imposés, autant sur la base nationale que locale et régionale, en devenant des partenaires actifs. Nous avons renforcé le dialogue avec les gens de Radio-Canada. D'une part, peut-être le savez-vous, RDI a modifié sa programmation qui nous concerne, et nous suivons attentivement ces modifications.
Nous avons maintenant un dialogue que je qualifierais d'actif, en tant qu'un des groupes d'importance au Canada. Je pense que c'est souvent grâce à ce genre de dialogue que l'on peut se faire entendre. Cela nous permet également de mettre en place des mesures nous permettant de faciliter, dans une certaine mesure, un contenu adapté, et de nous assurer que Radio-Canada nous représente adéquatement.
À mon avis, encore une fois, il ne s'agit pas d'apporter une ou deux mesures. Il s'agit vraiment de traiter la question dans son ensemble et de déterminer ce que l'on attend de Radio-Canada, comme pays. Je pense que c'est à la base des discussions de ce matin.
J'ai été très heureux d'entendre ce que M. Angus disait du nord de l'Ontario. Venant du Nouveau-Brunswick, je suis tout à fait conscient des avantages de Radio-Canada. Mais je voudrais prendre en considération une possibilité, et il s'agit de ce que je vois comme la complémentarité entre la radio communautaire et Radio-Canada.
Les deux remplissent une fonction très sérieuse et importante dans une ville anglophone, Fredericton, qui a une population francophone d'environ 10 p. 100. L'idée m'est déjà venue dans le passé qu'il pourrait y avoir une certaine complémentarité qui pourrait être utile.
J'en ai déjà parlé dans le passé, parce que le deuxième problème, qui représente le vrai défi, c'est avec les jeunes. La technologie joue contre une bonne part de ce qu'on a accompli au Nouveau-Brunswick depuis les années 60 pour contrer l'assimilation en cours, et je pense que le Nouveau-Brunswick est un bon exemple de la dualité. Charlie a parlé du système scolaire. Je pense que la dualité a été une réussite au Nouveau-Brunswick, en passant. Mais je me fais du souci maintenant parce que les nouveaux systèmes de divertissement, les nouveaux médias pour toutes sortes de choses, sont fortement anglophones.
Existe-t-il un moyen, en passant par le système scolaire, par lequel on pourrait engager les jeunes d'une façon précise, objective et ciblée, pour au moins offrir une possibilité de choix? Je m'intéresse particulièrement à la complémentarité, parce que je sais à quel point vous travaillez avec les communautés plus précisément, et je crois que vous pourriez beaucoup nous aider à relever ces défis.
Je ne veux pas que cela devienne une excuse d'une façon ou d'une autre. Je ne veux pas que la radio communautaire constitue une excuse pour ne pas financer Radio-Canada, et je ne veux pas que Radio-Canada constitue une excuse pour ne pas financer la radio communautaire. Les deux sont essentielles, mais je crois qu'il peut y avoir une complémentarité.
Avez-vous des commentaires?
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Certainement. Je suis tout à fait d'accord avec vous sur la question de la complémentarité des deux outils, puisque ce sont quand même des outils différents. Mon collègue voudra sans doute commenter cet aspect.
Je vous dirai que les radios communautaires sont extrêmement importantes pour nous parce qu'elles doivent se situer justement au coeur de l'action. Par exemple, si on parle d'action au sein des écoles de langue française, ou même de langue anglaise dans les communautés où les anglophones sont minoritaires, je pense que les radios communautaires jouent un rôle extrêmement important auprès des jeunes, des enfants et des adolescents, mais de façon plus globale, sur le plan de l'identité culturelle aussi, cela va de soi.
Cela dit, Radio-Canada possède absolument, elle aussi, un mandat communautaire, mais d'une autre façon. La radio communautaire, naturellement, devrait être très proche du vécu des gens, doit offrir aux gens, dans le cadre de la diffusion de leurs émissions, ce qui est au coeur même de leur communauté, par différents moyens.
Radio-Canada, pour sa part, a une image différente et est beaucoup plus là pour travailler, entre entres, évidemment, sur le plan de la nouvelle.
Cela étant dit, je vais laisser la parole à mon collègue.