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Merci, et bon après-midi, monsieur le président et membres du comité.
Je m'appelle Charles Dalfen, et je suis président du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes. Je suis accompagné aujourd'hui de Diane Rhéaume, secrétaire générale du CRTC, et de Scott Hutton, directeur exécutif adjoint intérimaire de la Radiodiffusion.
[Français]
Je suis très heureux d'être parmi vous aujourd'hui. Je vais d'abord vous donner, tel que demandé, un aperçu du mandat et des priorités du CRTC. Après quoi, mes collègues et moi-même nous ferons un plaisir de répondre à vos questions.
[Traduction]
Voici d'abord les éléments fondamentaux du fonctionnement du CRTC et de son mandat. Le CRTC est un organisme public indépendant qui réglemente et surveille la radiodiffusion et les télécommunications canadiennes dans le cadre des pouvoirs qui lui sont conférés par le Parlement, par le biais de la Loi sur le CRTC, la Loi sur la radiodiffusion et la Loi sur les télécommunications. Le Conseil relève directement du Parlement par l'intermédiaire de la ministre du Patrimoine canadien.
Le mandat du CRTC vise à la fois les télécommunications et la radiodiffusion, mais je vais me limiter aujourd'hui à la radiodiffusion, puisque c'est cet aspect-là de notre travail qui intéresse avant tout le comité.
Les principales fonctions du Conseil sont notamment: d'attribuer, de renouveler et de modifier les licences des entreprises de radiodiffusion; d'examiner les changements de propriété et de contrôle dans l'industrie; d'élaborer et de mettre en oeuvre les règlements et politiques afin d'atteindre les objectifs de la Loi sur la radiodiffusion; de résoudre les conflits et les plaintes qui se présentent aux termes de nos lois et règlements; de s'assurer que nos lois et règlements soient respectés; d'approuver la distribution au Canada de services de radiodiffusion étrangers; et, de publier annuellement des rapports sur la situation des différents secteurs de l'industrie.
Le Conseil est un tribunal quasi judiciaire. C'est pourquoi lorsqu'il assume ses responsabilités, il suit les règles de justice naturelle afin que son processus décisionnel soit accessible, transparent et ouvert aux observations du public. L'ensemble de notre travail est dicté par les objectifs de la politique canadienne sur la radiodiffusion et de la politique réglementaire énoncée aux articles 3 et 5 de la Loi sur la radiodiffusion. Nous évaluons chaque décision et chaque mesure que prend le CRTC par rapport à leur contribution probable à l'atteinte des objectifs formulés par le Parlement.
Les objectifs de la politique visent essentiellement à ce que notre système de radiodiffusion soit et demeure typiquement canadien. C'est facile à dire, mais ces quelques mots définissent un mandat qui est à la fois complexe et important. La Loi précise bien que pour que le système de radiodiffusion soit typiquement canadien, il faut notamment réserver une place spéciale au contenu canadien diffusé à la radio et à la télévision -- c'est-à-dire des émissions produites par les Canadiens et à leur sujet, qui démontrent les talents des créateurs et des interprètes canadiens, qui racontent des histoires et donnent de l'information aux Canadiens sur leur pays et sur eux-mêmes;
[Français]
encourager une programmation qui reflète nos racines anglophones et francophones, la place des peuples autochtones dans notre société et la réalité multiculturelle et multiethnique du Canada au XXIe siècle;
[Traduction]
et encourager une programmation qui respecte les valeurs canadiennes, notamment l'égalité et les droits de la personne.
En fixant ces objectifs, le Parlement a reconnu que nous devions protéger la nature typiquement canadienne de notre système de radiodiffusion dans un contexte en évolution constante, et que notre approche réglementaire devait en tenir compte. La Loi stipule, par exemple, que notre système de radiodiffusion doit demeurer adaptable aux progrès scientifiques et techniques et que le Conseil doit donc réglementer la radiodiffusion de manière à permettre la mise au point de techniques d'information.
[Français]
La plupart du temps, ces objectifs de nature culturelle et technologique cohabitent en harmonie. Mais il arrive aussi qu'ils soient, ou semblent être, en conflit. On peut remonter aux débuts de la radiodiffusion au Canada, bien avant l'existence de la législation actuelle, pour trouver des preuves de ceci. Lorsque la radio est apparue, on supposait, par exemple, qu'elle provoquerait la disparition des spectacles de musique devant public et que par sa nature sans frontière, elle menacerait la culture canadienne.
Les vagues de progrès technologiques qui se sont succédé, que ce soit la télévision en direct, le câble ou la radiodiffusion par satellite, ont également soulevé des préoccupations semblables. Mais ces sombres prédictions ne se sont jamais matérialisées. Dans tous les cas, nous avons réussi à adapter la technologie au profit du Canada et des Canadiens.
[Traduction]
Nous avons ajusté notre réglementation pour permettre aux nouvelles technologies de s'épanouir -- permettant ainsi aux Canadiens de profiter d'un des systèmes de radiodiffusion les plus évolués au monde, tout en continuant à respecter les valeurs fondamentales énoncées dans la Loi et à préserver le caractère typiquement canadien de notre système.
Je voudrais maintenant enchaîner avec le deuxième sujet sur lequel vous nous avez demandé de parler aujourd'hui, c'est-à-dire les priorités actuelles du Conseil.
Bon nombre de nos priorités actuelles en matière de radiodiffusion sont liées à la réglementation qui permet de profiter du changement tout en protégeant ce que nous voulons conserver. Le changement dont nous devons tenir compte n'est pas seulement de nature technologique, mais également démographique. Les minorités ethniques et raciales représentent désormais au moins un tiers de la population de Vancouver et de Montréal et plus de la moitié de la population de Toronto. Des villes comme Edmonton, Saskatoon, Regina, Winnipeg et Ottawa accueillent un nombre croissant de populations autochtones.
[Français]
La Loi sur la radiodiffusion stipule que notre système de radiodiffusion doit refléter la réalité canadienne. Dans ce cas, notre approche réglementaire doit être sensible à l'évolution de la composition de notre population.
[Traduction]
Nous sommes très conscients de tous ces facteurs technologiques et sociaux dans le travail que nous accomplissons, et qui est en rapport avec la première priorité sur laquelle j'aimerais attirer votre attention, c'est-à-dire l'examen de notre politique sur la radio commerciale qui a été annoncée en janvier.
Cet examen vise essentiellement à faire en sorte que la réglementation demeure adaptée à la nouvelle réalité et continue de créer des conditions favorables au dynamisme du secteur de la radio commerciale, dans les deux langues officielles, et qu'il puisse contribuer à l'atteinte des objectifs de la politique énoncée dans la Loi. Nous voulons être certains que notre réglementation permette aux Canadiens de profiter d'un secteur de la radio commerciale qui puisse respecter ses obligations, notamment sur le plan du contenu canadien, de la diversité culturelle, des nouvelles et de l'information locales et du perfectionnement technologique. Nous espérons terminer l'examen de la radio commerciale d'ici la fin de l'année civile.
Six mois après avoir annoncé l'examen de la radio commerciale, nous avons débuté un exercice semblable pour la télévision commerciale en direct ou conventionnelle. Deux importants facteurs convergents ont déterminé le moment choisi pour cet examen. Premièrement, nous avons reconnu que les mêmes facteurs technologiques et démographiques qui touchent les radiodiffuseurs ont également une forte incidence sur les télédiffuseurs conventionnels. L'arrivée de nouvelles plates-formes pour écouter la télévision -- iPods et téléphones cellulaires, par exemple -- et la part de marché des services de télévision payante et spécialisée qui croît rapidement obligent les télédiffuseurs conventionnels à revoir leur modèle d'affaires et le Conseil à réfléchir à son approche réglementaire.
Il y a également les nouvelles formes de publicité télévisuelle que rend possible la technologie numérique. De plus, nous savons que les téléspectateurs canadiens sont de plus en plus friands de télévision à haute définition, mais que l'offre d'émissions HD par les télédiffuseurs conventionnels ne suit pas.
[Français]
De surcroît, l'évolution de la composition de la société canadienne impose de nouvelles exigences aux télédiffuseurs conventionnels commerciaux, à savoir satisfaire les demandes des téléspectateurs tout en respectant leurs obligations en vertu de la loi.
[Traduction]
Au milieu de ces bouleversements du marché, les grands télédiffuseurs conventionnels devront bientôt renouveler leurs licences. Plutôt que d'aborder ces questions -- qui touchent tous les télédiffuseurs conventionnels -- dans le cadre d'une série d'audiences individuelles de nouvellement des licences, nous avons estimé qu'il serait plus logique de régler certains aspects avant le renouvellement en examinant notre réglementation en fonction de certaines thèmes convergents. Une fois l'examen terminé, les télédiffuseurs conventionnels, les autres parties intéressées et nous-mêmes pourrons aborder la question de savoir comment les titulaires de licences peuvent respecter au mieux leurs obligations en vertu de la Loi, en s'appuyant sur une politique claire.
Nous avons reçu des observations écrites dans le cadre de l'examen sur la télévision conventionnelle et nous tiendrons des audiences publiques à la fin de novembre. L'examen vise quatre objectifs:
[Français]
Veiller à ce que les télédiffuseurs conventionnels contribuent de la façon la plus efficace possible à la production, à l'acquisition et à la diffusion d'une programmation canadienne de haute qualité qui attire un nombre croissant de téléspectateurs;
[Traduction]
donner aux radiodiffuseurs conventionnels plus de précisions sur les règlements qui touchent les coûts et les revenus de sorte qu'ils puissent proposer des contributions maximums à la production, à l'acquisition et à la diffusion d'une programmation canadienne de haute qualité; examiner le moyen le plus efficace d'offrir la télévision HD aux Canadiens; et, examiner la situation économique actuelle et future de la télévision dans les petits marchés, un secteur qui a subi de façon importante l'impact des changements survenus dans l'environnement de la radiodiffusion au cours de la dernière décennie et même davantage.
Nous déterminerons également si la quantité et la qualité des émissions sous-titrées répondent aux besoins de personnes sourdes et malentendantes.
Nous espérons terminer cet examen sélectif de la politique sur la télédiffusion conventionnelle d'ici le milieu de 2007. Simultanément, à la demande du gouverneur en conseil, en vertu de l'article 15 de la Loi sur la radiodiffusion, nous rédigeons un rapport sur le contexte dans lequel le système de radiodiffusion canadien devra évoluer. L'article 15, comme vous le savez peut-être, prévoit que le gouverneur en conseil peut demander au Conseil de tenir des audiences ou de faire rapport sur toute question relevant de sa compétence au titre de la Loi.
En ce qui concerne ce rapport, le gouvernement a indiqué qu'il s'intéresse plus particulièrement à l'impact probable des nouvelles technologies audio-visuelles sur le système canadien de radiodiffusion. On nous a demandé de nous pencher sur la façon dont le Canada peut continuer d'être un chef de file mondial dans le développement et l'usage des technologies de communications, tout en ayant un système de radiodiffusion qui soutienne les choix culturels et offre un large accès à une grande diversité d'émissions.
[Français]
Ce rapport, qui doit être remis au gouvernement d'ici le 14 décembre 2006, va évidemment porter sur des questions dont nous allons traiter dans notre examen sélectif de la télévision conventionnelle, et je pense que chacun de ces exercices profitera à l'autre.
[Traduction]
Une autre priorité dont j'aimerais parler est celle des services de télévision payante et spécialisée. En effet, leur part d'écoute a progressé rapidement, au point d'être presque égale à celle de la télévision conventionnelle.Compte tenu de l'importance croissante des services payants et spécialisés, nous devrions examiner notre approche réglementaire actuelle pour nous assurer qu'elle est encore adaptée aux objectifs de la Loi sur la radiodiffusion. Nous prévoyons donc d'entreprendre l'examen de nos politiques concernant ces services au cours de la prochaine année financière.
Enfin, suivant cet examen des services payants et spécialisés, nous avons l'intention d'examiner notre réglementation relative aux entreprises de distribution de radiodiffusion.
J'espère vous avoir donné une meilleure idée des principales tâches auxquelles le Conseil doit s'atteler dans le secteur de la radiodiffusion, à court et à moyen termes. Je ne suis pas entré dans les détails mais je serais très heureux de le faire en réponse à toute question que vous souhaiteriez m'adresser.
Avant de conclure, j'aimerais souligner qu'il est très facile de tenir pour acquis notre système de radiodiffusion, précisément en raison de son succès. Nous avons la capacité de relever le défi que constituent les vastes étendues et la population dispersée du Canada.
[Français]
Nous disposons d'une immense variété d'émissions dans les deux langues officielles et dans bien d'autres langues encore.
[Traduction]
Nous profitons d'un cadre réglementaire qui appuie les valeurs et la culture canadiennes. Et les technologies sophistiquées dont nous disposons peuvent rivaliser avec n'importe quel système de radiodiffusion au monde. De telles réalisations ne viennent pas sans effort. Elles résultent du dynamisme de notre industrie de la radiodiffusion, de décisions prises par le Parlement et par les gouvernements qui se sont succédé, et aussi du travail accompli par le Conseil. Bien que la complaisance ne soit pas de mise, cela ne nous empêche pas de prendre un moment pour reconnaître que nous pouvons être fiers de nos nombreuses réalisations.
Mes collègues et moi-même sommes maintenant à votre disposition pour répondre à toute question que vous aimeriez nous adresser. Merci beaucoup.
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J'ai vérifié et j'ai des éléments de réponse. Cela peut se faire de deux ou trois façons, et je pense que les membres du comité doivent en prendre connaissance. On peut le demander, et en vertu des précédents, le précis l'emporte sur le général. Alors, s'il y a des règlements qui sont plus précis que d'autres, ce sont peut-être les plus précis qui l'emporteraient. Dans d'autres cas, le plus récent pourrait l'emporter sur le plus vieux.
Finalement, s'il était impossible de s'entendre, cela irait devant les tribunaux. Et c'est là que ça devient intéressant. Ce qui compte, devant les tribunaux, c'est l'intention du législateur. Donc, s'il y a conflit entre la loi et le règlement, le tribunal tiendra compte de l'intention du législateur. Cela devient intéressant. C'est pour cette raison que je vous posais une question à ce sujet tout à l'heure.
Je ne demande pas au CRTC d'adopter, dans ses réactions face au gouvernement au sujet de la proposition de directive qui lui a été donnée, la position adoptée majoritairement par les parlementaires. Ce n'est pas ce que je demande au CRTC. Je lui demande s'il a l'intention de réagir à cette question, parce que cela soulève une préoccupation. Que l'on soit d'accord ou non sur la notion qui consiste à enlever ou à conserver les restrictions sur la part de nos sociétés canadiennes qui peuvent être la propriété de sociétés étrangères, cette préoccupation demeure.
De toute évidence, une majorité de députés ont dit qu'ils voulaient maintenir les restrictions. Il y a des sociétés de diffuseurs qui sont très préoccupées. Il y a des sociétés de télécommunications qui sont conscientes de cette préoccupation. Je pense, pour ma part, que c'est une préoccupation que doit avoir le CRTC.
Je ne lui demande pas quelle réaction il aurait; je veux savoir si le CRTC peut le faire, premièrement, et, deuxièmement, s'il le ferait. Il dira ce qu'il voudra. Il ne m'appartient pas de diriger les réactions du CRTC, mais je pense que, comme législateur, j'ai le droit de savoir si effectivement le CRTC a le droit de réagir, ce que vous avez confirmé, et je veux savoir si vous pouvez le faire.
Je suis satisfait de vos réponses. Je ne tentais aucunement de forcer le CRTC à adopter une quelconque position. C'est clair?