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Madame Marleau, je commencerais par dire, à vous-même, la présidente du Comité des opérations gouvernementales et aux membres du comité, combien je suis ravie de comparaître une nouvelle fois devant vous.
C'est ce comité, qui représente tous les partis, qui a confirmé ma nomination. C'était un plaisir pour moi de venir à l'époque et c'est un plaisir encore plus grand aujourd'hui parce que j'occupe mes fonctions depuis plus d'un an. Je peux certainement vous parler davantage des activités des Postes aujourd'hui que je n'ai pu le faire la dernière fois.
Merci de m'avoir invitée à comparaître.
Je sais que pour les membres de votre comité, en fait pour tout le monde actuellement à la Chambre, les questions de transparence et de responsabilité sont sans doute celles auxquelles tous les titulaires d'une charge publique doivent attacher le plus d'importance.
J'ai le plaisir de vous dire que, dans cet esprit, Postes Canada a tenu sa première assemblée annuelle, la semaine dernière, à Winnipeg. Je crois que nous sommes sans doute la première société d'État, en tout cas la première société d'État commerciale, à tenir ce genre de réunion. C'était un grand plaisir de parler des problèmes et des activités des Postes à un vaste éventail de parties prenantes, de clients, de fournisseurs et de Canadiens qui, bien entendu, s'intéressent beaucoup à la distribution de leur courrier.
[Français]
Avant de répondre à vos questions, j'aimerais vous parler un peu des opérations de Postes Canada, de nos aspirations et de nos réalisations. Beaucoup de choses ont changé depuis ma présence devant vous il y a sept mois, y compris bien sûr le gouvernement et la composition du présent comité. Tout est ultra rapide de nos jours, et les gens de Postes Canada en sont conscients, sans doute plus que tous les autres.
[Traduction]
Postes Canada est une entreprise de très grande envergure. Pendant que nous sommes ici sur la Colline parlementaire, des facteurs sont en train de distribuer à pied 40 millions de pièces de courrier dans 14 millions de boîtes à lettres dans la totalité des villes, des villages et hameaux du pays.
Nous fournissons nos services par l'entremise du réseau de détaillants sans doute le plus grand qu'une entreprise puisse avoir. Il y a environ 7 000 bureaux de poste et comptoirs postaux au Canada. Nous employons 71 000 personnes au total. Cela fait de nous le sixième employeur du Canada. Et chaque année, nous augmentons d'environ un quart de millions le nombre d'adresses que nous devons desservir, ce que nous faisons avec plaisir. De plus, nous dépensons chaque année à peu près 2,8 milliards de dollars pour l'achat de biens et services dans l'ensemble du pays et ces 2,8 milliards de dollars fournissent des emplois à 30 000 autres Canadiens.
Je voudrais vous parler aujourd'hui de ce que nous faisons et, ce qui est tout aussi important, de ce que nous ne faisons pas. Par exemple, nous ne comptons pas sur les contribuables du pays pour financer ou subventionner les activités de Postes Canada. En fait, j'ai le grand plaisir de vous dire que notre entreprise est rentable depuis 11 années de suite. Nos bénéfices de cette année, qui se chiffrent à 199 millions de dollars, sont modestes étant donné que nos revenus s'élèvent à près 7 milliards de dollars. Un grand nombre des membres du comité ont déjà géré une entreprise et reconnaissent que même s'il s'agit d'un rendement modeste, on peut au moins se réjouir que ce soit un résultat financier positif.
Cela n'a pas toujours été le cas. Mme Marleau connaît bien les questions postales pour avoir été le ministre responsable de Postes Canada. Mme Marleau se souviendra donc de ce que j'appelle les années difficiles, quand les Postes comptaient sur les contribuables pour les subventionner à raison de plus d'un demi-milliard de dollars par an. Un demi-milliard de dollars de l'époque représenteraient beaucoup plus d'argent aujourd'hui.
Cette rentabilité continue pendant 11 ans est une chose que je souhaite poursuivre pendant que je serai la P.D.G. de Postes Canada. Je dois vous dire que nous parvenons à ces résultats malgré des tarifs d'affranchissement de première classe qui sont les plus bas de tous les pays du G7. Je pense que c'est un résultat exceptionnel.
[Français]
Nous existons précisément dans le but de desservir les Canadiens. Les méthodes que nous utilisons pour y arriver ont changé dramatiquement au cours des 150 années de notre histoire de service au pays, dans nos différentes incarnations. Par exemple, il y a l'idée fausse et généralisée que les lettres que nous livrons d'une personne à une autre sont le soutien principal de notre entreprise. Les Canadiens y accordent beaucoup de valeur, bien sûr, mais en réalité, la correspondance personnelle entre les individus ne représente que 2 p. 100 de nos revenus.
[Traduction]
Cela ne veut pas dire que nous ne prenons pas très au sérieux chaque lettre, chaque lettre personnelle, les lettres en tout genre dont on nous confie la distribution. En fait, je me dois de parler aussi un peu des perturbations du service dans certaines régions du pays.
Je voudrais présenter mes excuses aux membres du comité qui ont dû faire face à une interruption du service dans leur circonscription. Nous avons travaillé très fort avec certains d'entre vous, par exemple avec M. Temelkovski ou M. Bonin, suite à des perturbations dans le service de distribution rurale. Je suis vraiment désolée pour les Canadiens qui ont subi ces inconvénients et je veux vous dire que nous faisons tout en notre pouvoir pour que des solutions de rechange acceptables soient mises en place le plus rapidement possible.
Les facteurs ruraux doivent constamment arrêter leur véhicule sur le bas côté de la route et bien souvent ces routes ne sont plus ce qu'elles étaient lorsque nous avons commencé la poste rurale il y a 40 ou 50 ans.
Newmarket, dans la circonscription de M. Temelkovski, par exemple, était une petite ville il y a 50 ans. C'était vraiment une région rurale. Ce n'est plus le cas. C'est maintenant la banlieue de la ville.
Comme vous le savez, l'urbanisation s'est énormément développée depuis 10, 15 ou 20 ans et la circulation sur ce qui était avant des routes de campagne est beaucoup plus dense qu'elle ne l'était il y a encore cinq ans. Par conséquent, les arrêts fréquents représentent un danger beaucoup plus grand que ce n'était le cas il y a 10 ou 15 ans. Avec l'expansion des municipalités -- et certaines provinces ont procédé à des fusions municipales pour être mieux en mesure d'offrir des services -- je m'attends à ce que la circulation devienne encore plus dense dans certaines régions du pays.
Comme n'importe quel employeur canadien, la santé et la sécurité de nos employés est pour nous non seulement une responsabilité morale, mais également une responsabilité juridique. Cette responsabilité juridique a des ramifications beaucoup plus importantes sur le plan de la responsabilité civile suite aux changements qui ont été apportés à la législation ces dernières années à l'égard des entreprises régies par les lois en question.
Nous sommes déterminés à trouver une solution chaque fois que nos services sont interrompus parce qu'un employé refuse de travailler pour une question de sécurité. Nous travaillons très fort, pratiquement 24 heures sur 24 et sept jours sur sept, pour mettre en place des solutions de rechange le plus rapidement possible. C'est une priorité absolue pour notre entreprise et pour moi personnellement.
J'ai promis au premier ministre, M. Harper et au ministre, M. Cannon, que si des employés refusent de travailler pour une question de sécurité, je ferais tout en mon pouvoir pour mettre en place rapidement une solution de rechange aussi commode que possible dans les circonstances. Ce n'est là qu'un des défis auxquels nous devons faire face.
Bien entendu, comme vous le savez, un autre défi à relever est que la loi exige que nous desservions tous les Canadiens et toutes les entreprises qui comptent sur Postes Canada pour jouer le rôle de catalyseur de l'économie du pays en fournissant ses services de façon économique et rentable. Certains d'entre vous -- par exemple, Mme Thibault -- m'ont parlé personnellement et ici même de la rationalisation du réseau à laquelle nous procédons depuis 15 ans.
Récemment, cela a entraîné la fermeture de notre centre de tri de Québec, mais j'ai le grand plaisir de vous dire qu'aucun employé, aussi bien à temps partiel qu'à plein temps, ne perdra son emploi à la suite de cette fermeture. En fait, nous desservons mieux aujourd'hui les résidents de Québec que nous ne le faisions avant ce changement opérationnel, car nous faisons trois acheminements supplémentaires dans cette région. Nous en sommes maintenant à 13 acheminements quotidiens entre Montréal et Québec au lieu de 10 précédemment.
La livraison de 40 millions de pièces de courrier à 14 millions d'adresses exige de gros efforts sur le plan logistique et heureusement que nous avons de nouvelles possibilités sur le plan des transports et de la logistique qui nous permettent de ne pas avoir à travailler aujourd'hui comme nous le faisions il y a 40, 50 ou 60 ans.
Pour offrir le meilleur service possible à tous nos clients, nous devons fonctionner comme une entreprise. C'est plus important aujourd'hui que cela ne l'était il y a 10 ou 20 ans lorsque la Société a vu le jour. Madame Marleau, vous siégez à la Chambre depuis 1988, je crois, et vous vous souviendrez donc de l'époque où Postes Canada est devenu une société d'État commerciale. C'est encore plus vrai aujourd'hui qu'à l'époque. Nous devons fonctionner le plus possible comme une entreprise.
Nous ne devons pas oublier que 90 p. 100 de nos revenus proviennent des entreprises canadiennes. Elles comptent toujours sur Postes Canada pour leur permettre d'occuper une place dans l'économie. Nous livrons leurs états financiers et leurs factures. Il est extrêmement important pour les entreprises canadiennes de se faire payer pour les services qu'elles ont fournis. Nous les aidons au moyen de notre service de publicité postale directe à renforcer leurs liens avec leur clientèle et, en fait, à acquérir de nouveaux clients à un coût plus économique que toute autre solution. Ce sont là des champs d'activité beaucoup plus concurrentiels qu'ils ne l'étaient il y a 20 ans et j'ai le grand plaisir de pouvoir vous dire que Postes Canada est déterminée à soutenir la concurrence.
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À mon avis, tout dépend si la société d'État est une société entièrement commerciale, car il y a des différences entre les sociétés d'État commerciales et celles qui ne sont pas commerciales. Dans notre cas, je commencerais par la société d'État commerciale étant donné que c'est celle que je connais le mieux.
Ce qui différencie une société privée d'une société d'État c'est que cette dernière a un double mandat. La société d'État doit fonctionner comme une entreprise commerciale, mais elle ne doit pas non plus oublier qu'elle doit son existence à des raisons politique et qu'elle peut avoir à faire des choses pour servir l'intérêt public et non pas ses intérêts commerciaux. Je ne pense pas qu'une société strictement privée ait vraiment ce double mandat.
Je dirais toutefois que dans une société d'État entièrement commerciale comme la nôtre, certains membres du comité seront peut-être étonnés d'apprendre qu'en raison des modalités de gouvernance qui sont maintenant en place pour les sociétés d'État commerciales, il n'y a pratiquement plus de différence. Dans le cas d'une société d'État commerciale, l'actionnaire est bien entendu le gouvernement du Canada qui est représenté par le gouvernement en place contrairement à l'actionnaire d'une société du secteur privé.
Quant à la façon dont une société d'État commerciale fonctionne avec le nouveau régime de lignes directrices et de responsabilisation, c'est à peu près la même chose. Nous avons un excellent conseil d'administration. Ma nomination marque sans doute un important changement de cap. Comme vous le savez, j'ai été recrutée par le conseil d'administration. Bien entendu, c'était quand même officiellement une nomination par décret, mais elle n'a pas été faite de la même façon qu'avant. Je dirais donc que, du point de vue de la gouvernance, les sociétés d'État commerciales se rapprochent beaucoup plus des sociétés du secteur privé.
C'est le conseil d'administration et la direction de la société d'État qui s'occupent de la gestion opérationnelle et commerciale. Le changement s'est fait sur plusieurs années pour des entreprises comme Postes Canada qui sont entièrement commerciales.
Néanmoins, la troisième différence est la suivante. Quand le gouvernement est l'actionnaire, il ne faut pas perdre de vue la dimension service public. Quand le gouvernement est l'actionnaire, même s'il décide comme il l'a fait dans ce cas de traiter cet actionnariat comme une entreprise, il est sans doute toujours plus risqué que les choses deviennent politisées très rapidement. Des questions concernant la nature des opérations et des activités de l'entreprise peuvent facilement se retrouver sur votre bureau.
Voilà donc certaines des différences et des similarités que je verrais.
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Oui. Un grand nombre d'entre vous, y compris M. Temelkovski et M. Albrecht, savent que je me penche sur cette question depuis maintenant plusieurs mois, en fait, quasiment jour et nuit. Je peux vous parler des diverses options que nous envisageons, car nous les examinons toutes.
Lorsque quelqu'un refuse de travailler, nous avons un problème immédiat à résoudre. Nous devons décider comment nous allons distribuer le courrier. Si je ne suis pas avertie à l'avance que quelqu'un refusera de travailler -- les employés se présentent à 8 h 30 le matin et disent « Nous ne livrerons pas le courrier à ce groupe d'adresses aujourd'hui » -- je peux alors décider de suspendre la livraison. Ou je peux décider d'envoyer le courrier à un endroit où les gens pourront au moins aller le chercher. Ce n'est pas pratique, mais je dois recourir à une solution de rechange. Ce sont les deux seules possibilités que j'ai pour le moment.
Ensuite, nous nous mettons immédiatement à la recherche d'une solution mes collègues et moi-même. Nous avertissons les autorités municipales, les ménages touchés et vous-mêmes en tant que représentants élus de la population de la région. Nous essayons aussitôt d'obtenir l'opinion des personnes touchées en leur disant par exemple: « Nous avons dû envoyer votre courrier à tel endroit pour le moment à cause d'un problème de sécurité concernant cette série de panneaux d'arrêt. Pouvez-vous nous dire si vous voyez une autre solution raisonnable, une solution pratique, mais sûre et raisonnable? »
Il nous faut plusieurs semaines pour obtenir ces renseignements et nous le faisons de plusieurs façons. Parfois, nous en parlons personnellement avec les citoyens. Parfois aussi, comme vous le savez, nous avons eu des assemblées publiques -- à Fredericton, j'en ai eu quatre en l'espace d'une semaine -- pour recueillir l'opinion des citoyens quant à une solution qui serait raisonnable.
De plus, nous examinons le risque en question. Il s'agit parfois d'un risque concernant la sécurité routière, mais dans les trois quarts des cas, c'est une question d'ergonomie.
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À l'occasion d'une réunion similaire, j'avais suggéré à M. Ouellette qu'au lieu de livrer le courrier dans la plupart des logements, comme les nouveaux immeubles n'obtiennent pas la livraison à domicile ou porte-à-porte, il songe à livrer le courrier seulement trois fois par semaine soit le lundi, le mercredi et le vendredi, dans ma région et le mardi, le jeudi et le samedi dans sa région. Je n'ai plus besoin de recevoir mon courrier tous les jours. Avant, je recevais tout un tas de courrier chaque jour, mais comme vous l'avez mentionné, il y a de moins en moins de courrier et il y en aura de moins en moins. Je trouve injuste que je reçoive mon courrier à ma porte tandis qu'une personne qui construit une maison de 3 millions de dollars à côté n'obtient pas ce service. Je ne demande pas de réponse, mais j'espère que la haute direction en discute, car ce serait un bon moyen de desservir tous les citoyens.
J'ai surtout remarqué que, dans votre exposé, vous avez très souvent utilisé le « je ». D'après les contacts que j'ai avec Postes Canada, j'ai l'impression qu'e c'est une organisation très centralisée, que tout est contrôlé au sommet, presque comme le Bureau du Premier ministre.
Des voix: Oh, oh!
M. Raymond Bonin: Vous avez même dit que les décisions prises par la haute direction devaient être appliquées et que vous aviez donc embauché 16 personnes pour appliquer ces décisions. Je tiens à vous faire savoir qu'il y a des gens très intelligents qui travaillent pour Postes Canada dans nos collectivités.
J'ai eu des difficultés, comme vous le savez et comme vous l'avez mentionné. Je n'ai eu aucun avertissement, mais j'ai appris ce qui se passait par les citoyens, lorsqu'ils me téléphonaient. J'ai eu droit à tous les reproches, car j'étais la première personne que les gens ont contactée. J'ai convoqué une assemblée publique à laquelle vos représentants ont assisté. Ils ont fait du mieux qu'ils pouvaient, mais j'ai eu l'impression qu'ils ne pouvaient parler librement. Lorsque je pose des questions en ce qui concerne une situation au niveau local, ils ne peuvent pas prendre de décision; il doivent consulter quelqu'un qui se trouve en dehors du nord de l'Ontario.
Un parfait exemple est celui de la rue sans issue au bout de laquelle vivait une dame très handicapée, qui se déplaçait en fauteuil roulant électrique. On l'a forcée à se servir de son fauteuil électrique pour grimper la colline jusqu'à la boîte aux lettres des voisins sous prétexte qu'il était dangereux de descendre en voiture cette colline qui était pourtant déneigée par la municipalité. Au niveau local, tout le monde sympathisait avec cette dame en fauteuil roulant. Je suis allé trois fois demander aux postiers de s'adresser au plus haut échelon de la hiérarchie, qui se trouvait toujours en dehors du nord de l'Ontario. Une décision n'a jamais été prise à ce sujet au niveau local, parce qu'on disait qu'on allait trouver un moyen de livrer le courrier à cette dame. Finalement, la troisième fois qu'on m'a dit non, j'ai répondu qu'on ferait bien de regarder les nouvelles locales le soir même parce que j'allais en parler aux médias et que la dame et moi irions ensemble chercher son courrier. Le problème a été réglé instantanément.
J'ai l'impression que vos opérations sont trop centralisées. Nous avons eu des problèmes du même genre dans le nord de l'Ontario avec FedNor et les Ressources humaines. Les gens de notre région ne veulent pas que nos décisions soient prises à Peterborough, à Ottawa ou ailleurs. Nous sommes des gens intelligents qui pouvons gérer nous-mêmes nos activités et le bureau de poste n'appartient pas aux gens d'Ottawa, mais aux gens de ma circonscription.
Je dis cela parce que j'ai eu un problème de livraison. J'ai 52 localités dans ma circonscription et je vais avoir beaucoup plus de problèmes. Vous dites que vous passez sept jours sur sept et 24 heures sur 24 à prévenir les problèmes. Quelles solutions avez-vous trouvées pour la prochaine fois où quelqu'un refusera de livrer le courrier? J'ai 52 collectivités.
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J'aimerais vous situer brièvement le contexte. Le 17 février, un tribunal s'est prononcé sur une injonction permanente que Postes Canada avait demandé contre une entreprise qui fait ce genre de repostage, non seulement aux États-Unis, mais aussi en Europe et ailleurs, comme vous le savez.
L'injonction a été accordée. Je ne sais pas combien d'entreprises de ce genre il y a au Canada; il y en a peut-être 50 ou 60 et elles emploient près de 4 000 personnes. La partie draconienne, dirais-je, de l'injonction est qu'elle accordait à ces entreprises six mois pour cesser leurs activités.
Nous ne pensons pas que ce soit la politique de Postes Canada, d'autant plus que vous avez mentionné depuis combien de temps vous êtes ici, à Ottawa. Je pensais que vous alliez protester, mais vous ne l'avez pas fait.
Comme vous le savez, nous consacrons énormément d'efforts, au Canada, à essayer de créer des emplois, nous dépensons des sommes d'argent énormes pour recycler les travailleurs, etc. Cette décision semble aller à l'encontre de ce que les politiques de notre pays cherchent à accomplir.
Vous n'avez pas à répondre à cette question, mais j'ai nettement l'impression que c'est un dossier dont vous avez hérité à votre entrée en fonction et que c'est allé jusqu'aux tribunaux. Comme chacun sait, le bon sens ne prévaut pas toujours dans les tribunaux et je pense que ce cas en témoigne. Je sais que si vous pensez à toutes ces entreprises et à toutes ces personnes qui perdront leur emploi, c'est une question qui va vous préoccuper.
Avez-vous envisagé d'autres solutions? Mais surtout, la décision a été rendue le 17 février. On a accordé six mois à ces entreprises. Nous ne nous rencontrerons pas de nouveau avant notre retour cet automne. Cette décision sera dans l'esprit des gens et elle suscite beaucoup d'inquiétude. Avez-vous d'autres solutions dont vous aimeriez parler ce matin?
Merci.
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Monsieur Comuzzi, vous avez soulevé là une question très intéressante, comme d'habitude.
Je suis pour la concurrence, quelle qu'elle soit. Je pense que c'est sain. C'est bon pour nous. Lorsque nous voyons ce que les autres font sur le marché, cela nous incite à innover et c'est donc une bonne chose.
Néanmoins, la loi actuelle impose à Postes Canada d'énormes responsabilités qu'aucune autre entreprise n'a à assumer. Cette responsabilité est celle de distribuer le courrier à tous les citoyens, à un coût raisonnable. Telle est notre obligation. C'est une obligation coûteuse dont le coût augmente chaque année avec un quart de million de nouvelles adresses supplémentaires à desservir.
Dans le cas en question, il s'agit d'une activité illégale. Elle est clairement illégale. Nous avons obtenu six décisions. Ces entreprises sont associées à des services postaux étrangers qui sont venus sur le marché canadien accaparer une partie de notre courrier le plus rentable, c'est-à-dire le courrier d'affaires à destination d'autres pays.
Nous avons besoin des profits que génère ce courrier. Voilà pourquoi un privilège exclusif nous a été accordé. Ce privilège ne cesse de diminuer et n'a plus grand-chose d'exclusif. Ce privilège exclusif nous a été accordé afin que la partie du marché réservée à Postes Canada aide à défrayer le coût énorme de nos obligations à l'égard du service.
Je comprends votre point de vue et, d'une certaine façon, je le partage. Il est regrettable qu'une énorme entreprise, le sixième employeur par ordre d'importance, responsable de pensions de retraite d'un milliard de dollars par année, demande à ses concurrents de quitter le marché, mais telles sont les dispositions que le gouvernement du Canada a prévues. Comme pour d'autres aspects de notre entreprise, c'est ainsi que nous finançons nos obligations universelles.
Tant que ce ne sera pas changé, Postes Canada surveillera de près les nouvelles entreprises qui entreront dans certains secteurs de notre marché. Autrement, des entreprises s'implanteront illégalement sur les segments les plus rentables du marché sans avoir aucune de nos obligations.
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Je vais vérifier mes renseignements en vue de l'automne prochain. Je vous remercie, madame.
Nous sommes très têtus, et je vais revenir à la question de mon collègue concernant la fermeture. Nous avons parlé de Québec, mais nous aurions la même préoccupation pour tous les autres grands points de traitement du courrier sur le territoire.
En répondant plus tôt à l'une de mes questions, vous avez dit que vous aviez réuni cinq centres en deux centres à Toronto, je crois. Je ne me souviens pas des chiffres, mais au Québec, on appelle cela la « montréalisation ». On transfère les choses à Montréal. Nous aimons bien cette belle grande ville, mais chaque fois que les opérations sont réduites dans des villes importantes partout sur le territoire québécois et canadien, on enlève quelque chose, ce qui aura un effet un jour. C'est ma conviction, et ce n'est pas une question.
Vous me parliez de Toronto, de Calgary, de l'Ouest, de l'Est et des Maritimes.Vous avez été nommée il y a un an et vous avez des objectifs financiers. Vous nous parlez d'ailleurs de la compagnie, alors que je préférerais que vous nous parliez de la société d'État. Donc, vous devez atteindre vos objectifs financiers. Vous nous avez dit que vous ne demandiez rien aux contribuables canadiens. Par contre, vous avez sûrement un plan stratégique. À un moment donné, vous et vos équipes de gestion examinez les choses. Je sais qu'on fait des études au niveau local et régional, mais que la décision finale est prise par la personne qui est l'équivalent du sous-ministre. Très souvent aussi, la décision est prise au niveau politique.
Il existe quelque part une planification qui vous permet de justifier une réduction. Vous me direz qu'il ne s'agit pas d'une réduction du service, mais je suis certaine qu'un document existe quelque part pour que vous ayez pris des décisions aussi importantes que celle d'unifier trois ou quatre centres de tri ou d'en fermer un à Québec pour déplacer le travail vers Montréal.