Merci, madame la présidente. Merci de m'avoir invité.
Aujourd'hui, je suis accompagné par David Marshall, qui est le sous-ministre du ministère des Travaux publics et des Services gouvernementaux, et par Mme Margaret Kenny,
[Traduction]
qui dirige le Bureau de l'écologisation des opérations gouvernementales, ou BEOG.
Encore une fois, merci beaucoup de m'avoir invité.
[Français]
J'aimerais tout d'abord discuter du rôle central du ministère dans l'écologisation du gouvernement et de l'approvisionnement militaire, deux domaines qui intéressent particulièrement le comité. J'aimerais aussi parler brièvement de quelques autres faits nouveaux pertinents.
Le large éventail d'activités que mène le ministère dans les domaines des biens immobiliers, de l'approvisionnement et de la technologie de l'information le place dans une position unique pour contribuer à des progrès réels en matière de protection de l'environnement.
Le Bureau de l'écologisation des opérations gouvernementales, que dirige Mme Kenny, a le mandat d'accélérer l'écologisation des opérations gouvernementales en travaillant étroitement avec d'autres ministères fédéraux.
[Traduction]
Un important jalon a été atteint quand TPSGC a formé un partenariat avec Environnement Canada et Ressources naturelles Canada pour élaborer la politique du gouvernement du Canada sur les approvisionnements écologiques. Cette politique, entrée en vigueur en avril dernier, stipule que des considérations d'ordre environnemental doivent être intégrées à toutes les étapes de l'approvisionnement, depuis la planification et la définition des biens, jusqu'à l'achat, l'utilisation et l'aliénation des biens.
Les approvisionnements écologiques ne sont pas choses nouvelles. Ce qui est nouveau, c'est qu'au lieu d'être analysées à chaque transaction par des agents d'approvisionnement, les considérations d'ordre environnemental sont maintenant systématiquement intégrées au processus d'approvisionnement de tous les ministères et organismes, au même titre que le prix, le rendement, la disponibilité et la qualité. Cela représente un changement fondamental dans la façon dont le gouvernement détermine le rapport qualité-prix.
[Français]
Les approvisionnements écologiques s'intègrent bien aux autres initiatives de protection de l'environnement qui ont actuellement cours dans le ministère. Par exemple, en juin dernier, j'ai inauguré un nouvel immeuble fédéral. L'édifice en question est situé à Montréal, rue Bel-Air, et est considéré comme écoénergétique et écologique. L'immeuble porte le nom de Normand Maurice, qui est considéré comme le père du recyclage au Québec. Construit à partir de matériaux recyclés provenant de l'ancien immeuble qui occupait le site, il utilise la géothermie et l'énergie solaire pour le chauffage et la climatisation, et l'eau de pluie pour les toilettes. Grâce à ces améliorations et à d'autres, les coûts de fonctionnement seront de 35 p. 100 moins élevés que ceux des immeubles traditionnels, et nous nous attendons à ce que les frais d'électricité soient réduits d'environ la moitié.
J'invite d'ailleurs les membres du comité qui seraient de passage à Montréal à se rendre rue Bel-Air pour visiter l'immeuble Normand-Maurice.
[Traduction]
Je vous encourage aussi à visiter l'immeuble du 401, rue Burrard, une tour de bureaux de 19 étages située à Vancouver, qui représente une nouvelle génération de locaux à bureaux commerciaux plus durables, offrant un milieu de travail plus sain et favorisant la productivité.
Tous les nouveaux immeubles à bureaux du gouvernement du Canada doivent désormais répondre à la norme LEED de niveau or du Conseil du bâtiment durable du Canada, qui est aussi mise en application pour les nouvelles locations à bail à long terme.
Bien que le ministère ne soit pas responsable d'un nombre élevé de lieux contaminés, il offre des services techniques et environnementaux ainsi que des services de gestion de projet et d'approvisionnement aux ministères fédéraux qui effectuent des projets d'assainissement au Canada.
Le projet d'assainissement des étangs bitumineux et des fours de cokerie de Sydney, évalué à 400 millions de dollars, est un excellent exemple de ce programme; le gouvernement fédéral y contribue 280 millions de dollars et la province, 120 millions. Pendant la période de pointe de la saison de construction, on emploiera jusqu'à 150 travailleurs. Je crois comprendre que le comité envisage de mener une étude sur l'écologisation des opérations gouvernementales. J'appuie entièrement une telle initiative.
[Français]
Un deuxième aspect dont j'aimerais parler est la question de l'approvisionnement militaire et l'important rôle que joue mon ministère dans la fourniture de matériel militaire, à partir des uniformes jusqu'aux aéronefs, aux Forces armées canadiennes.
En fait, chaque année, plus de la moitié des activités du ministère sont menées pour le compte de la Défense nationale. La Défense nationale a la responsabilité de déterminer ses besoins et ses spécifications, tandis que mon ministère est responsable de l'approvisionnement. Tout le monde sait qu'après de nombreuses années de négligence, les Forces canadiennes ont besoin de matériel amélioré et de pointe. Étant donné que les forces évoluent dans un environnement exigeant et dangereux, nous devons veiller à leur fournir l'équipement dont elles ont besoin.
En juin dernier, le gouvernement a annoncé l'attribution de contrats de 17 milliards de dollars pour les besoins de ces mêmes Forces canadiennes, y compris l'achat de 2 300 camions; de 16 hélicoptères pour des charges moyennes à lourdes; de 4 aéronefs de transport stratégique; de 17 aéronefs de transport tactique et de 3 navires de soutien.
Il y a deux semaines, le gouvernement du Canada a attribué un contrat à Boeing pour la fourniture de quatre aéronefs C-17 Globemaster III, afin de procurer une capacité stratégique aux Forces canadiennes.
J'aimerais assurer le Comité que tous nos approvisionnements sont gérés de façon équitable, ouverte et transparente, conformément à l'engagement de notre gouvernement quant à la responsabilité, et que ces approvisionnements favorisent, bien entendu, la plus grande concurrence entre fournisseurs.
[Traduction]
En même temps, les besoins de nos Forces canadiennes méritent d'être comblés en temps opportun. Le ministère de la Défense nationale nous a dit que ça prenait, en moyenne, une quinzaine d'années pour effectuer un approvisionnement militaire majeur, depuis le moment où le besoin est cerné jusqu'au déploiement du matériel requis sur le terrain. C'est là un délai inacceptable.
Le premier ministre a demandé à un groupe de ministres, moi y compris, d'examiner la situation et de suggérer comment on pourrait rationaliser ce processus. Entre-temps, nous avons été francs et ouverts avec les Canadiens et Canadiennes quant à nos priorités d'achat, nos méthodes d'approvisionnement et l'état de nos projets majeurs. Notre premier souci est de combler les besoins des hommes et des femmes qui risquent leur vie chaque jour au nom des Canadiens et Canadiennes, et nous ne nous en excusons aucunement.
J'aimerais maintenant parler brièvement d'un sujet que j'ai abordé lors de ma dernière comparution ici, à savoir le nouveau Bureau des petites et moyennes entreprises de TPSGC. Ce bureau a été créé afin de s'assurer que les entreprises ont des chances égales de concurrencer en vue d'obtenir des contrats, peu importe leur taille ou leur emplacement.
J'ai depuis appris que cette nouvelle initiative a été très bien accueillie. Le Bureau des petites et moyennes entreprises répond déjà à plus de 500 demandes de renseignements par mois par l'entremise de ses bureaux répartis partout au pays. Depuis avril, lorsque ces bureaux ont été créés, 800 nouvelles entreprises par mois se sont inscrites en vue d'obtenir des contrats du gouvernement, et la majorité d'entre elles sont des PME.
Notre rendement en ce qui a trait à la valeur des contrats attribués aux PME dépasse celui des États-Unis, qui disposent d'un programme explicite de marchés réservés aux PME. Tandis qu'un quart des contrats attribués par le gouvernement américain sont destinés aux PME, au Canada, cette proportion a augmenté.
[Français]
Nous prenons aussi des mesures pour régler les enjeux auxquels nous sommes confrontés dans la gestion des biens immobiliers du gouvernement. Il s'agit également d'un domaine qui a longtemps été négligé. Beaucoup de nos biens vieillissent et ont grand besoin de réparations. En fait, ces édifices requièrent aujourd'hui des investissements estimés à au-delà de quatre milliards de dollars.
Le ministère a embauché, l'été dernier, des spécialistes du secteur privé qui examineront des échantillons du portefeuille immobilier du ministère et recommanderont la manière de régler ces enjeux le plus efficacement possible. Ces spécialistes nous aideront à élaborer des stratégies novatrices pour permettre au ministère de combler les besoins en locaux, de réaliser des économies et de veiller au bon entretien des biens.
[Traduction]
Le dernier point que j'aimerais aborder, madame la présidente, concerne l'élaboration d'un code de conduite pour l'approvisionnement. Ce code constitue un autre pas dans la mise en oeuvre de la Loi fédérale sur la responsabilité et du plan d'action connexe, et il permettra de regrouper les exigences légales, réglementaires et stratégiques actuelles en une déclaration concise et transparente sur les attentes du gouvernement à l'égard de ses employés et de ses fournisseurs. On peut trouver l'ébauche du code en ligne et par l'entremise de MERX, et nous invitons le public à nous faire part de ses commentaires avant le 7 mars 2007.
[Français]
Madame la présidente, il y a de nombreux autres faits nouveaux dont je pourrais parler, mais je présume que j'en aurai l'occasion durant l'échange qui va suivre.
:
D'abord, permettez-moi de répondre rapidement à votre entrée en matière. L'hypothèse que vous avancez quant à la façon dont l'approvisionnement s'est fait, je vous invite à la repousser auprès des vôtres et de ceux qui croient que l'approvisionnement n'a pas été fait de façon transparente, puisqu'il l'a été.
De plus, l'avis d'adjudication de contrat qui a mené à l'octroi du contrat à Boeing, monsieur Rodriguez, a été précédé de plusieurs entretiens avec des fournisseurs de l'industrie aéronautique. Une fois qu'on a convenu qu'il n'y avait qu'un seul fournisseur qui répondait aux critères, après avoir reçu les avis des autres fournisseurs qui croyaient pouvoir répondre aux modalités avancées, une fois qu'un comité a conclu que seul Boeing pouvait fournir ces avions, des discussions ont été engagées avec eux.
Je crois, contrairement à ce que vous avanciez ou à ce que vous dites que d'autres avancent, que le processus a été très transparent.
Quant à l'ITAR, je suis tout à fait d'accord avec vous. Lorsqu'une société canadienne privée fait affaire avec une société américaine, en l'occurrence, et qu'elle se voit obligée de muter un employé afin de pouvoir conserver le contrat avec la société américaine parce que celle-ci se conforme à une loi américaine, alors cette loi a une portée extraterritoriale que le premier ministre du Canada et mon collègue du ministère des Affaires étrangères ont repoussée et rejetée. Ils ont aussi fait savoir à leurs vis-à-vis aux États-Unis que nous n'acceptions pas la portée extraterritoriale de cette loi.
Heureusement, ces cas sont encore isolés, monsieur Rodriguez, mais un cas, c'est un cas de trop. Le Canada doit continuer — et il continuera — à rappeler aux Américains que nous n'accepterons pas que des sociétés privées canadiennes qui oeuvrent au Canada soient obligées d'utiliser des personnes désignées par les Américains, ou par une loi américaine, parce qu'elles sont jugées plus acceptables à leurs yeux. Nous rejetons cette prémisse et nous continuerons toujours à la rejeter.
J'ai toute une série de questions à ce sujet mais je n'ai pas beaucoup de temps et je vais donc passer à la vente des immeubles.
Je suis heureux de vous entendre dire qu'aucune décision n'a encore été prise. On vous a lu une citation de James McKellar. En passant, il s'agit du co-auteur ou du responsable de la compilation de ce livre intitulé Managing Government Property Assets: International Experiences, un des très rares ouvrages de cette nature, si bien qu'il s'y connaît assez bien. Il a conclu que ce serait quelque chose qui coûterait presque certainement plus cher aux contribuables.
On a vu récemment une autre citation dans la presse d'un professeur d'économie de la faculté d'économie de l'Université de la Colombie-Britannique. Il a déclaré: « L'argument invoqué en faveur de ce plan est que les nouveaux propriétaires se chargeraient des rénovations. C'est ridicule: l'acheteur incorporera les coûts de rénovation dans le loyer. Le gouvernement paiera de toute façon ces rénovations. La question est de savoir si ce système permettra de réduire les coûts. » Il continue et conclut en disant: « De toute façon, cela ne semble pas être une bonne politique publique et cela n'a pas été bien réfléchi. »
Maintenant, si la décision n'a pas été prise, monsieur le ministre, envisageriez-vous une option qui correspondrait à ce que je vais vous décrire maintenant?
Tout d'abord, je reconnais et j'accepte que depuis que notre pays a connu un déficit il y a plus de 25 ans, on a négligé l'entretien de nos immeubles. Je n'en doute pas. Le gouvernement précédent, lorsqu'il a eu éliminé le déficit, a commencé à faire quelque chose... mais le problème est énorme et les fonctionnaires le confirmeront. Il y avait le vieux programme. Nous avons commencé par certaines priorités mais il ne fait aucun doute que nous avons un problème. C'est un problème qui s'est accumulé au cours des ans.
Par contre, si nous nous lançons dans un programme de location-bail pour 25 ans, je crains que nous nous coincions — parce que lorsqu'on a loué, on n'a plus la même souplesse qu'autrement — et 25 ans plus tard, on n'est pas plus avancé, en ce sens que ces bâtiments auront probablement besoin de rénovations alors sinon d'être totalement modernisés.
Plutôt que de faire cela, le gouvernement envisagerait-il de créer une société d'État qui aurait pour mandat de faire payer aux utilisateurs ce que cela coûte, qui serait habilitée à emprunter, soutenue par l'État, pour s'occuper des modernisations nécessaires et se doter ou retenir les services des experts que n'a pas actuellement l'État, de sorte que dans 25 ans nous aurions les compétences voulues et pourrions devenir un modèle pour d'autres administrations et d'autres pays en ce qui concerne la gestion du portefeuille immobilier public?
Est-ce à l'étude, monsieur le ministre?
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, je vous remercie d'être venu.
Je trouve un peu ironique qu'un marché public de plusieurs milliards de dollars qui intéresse la défense et les forces armées — c'est de Boeing que je parle — un marché public destiné à protéger les Canadiens et la souveraineté canadienne soit en fait orchestré de telle façon qu'il porte préjudice aux piliers fondamentaux de la société canadienne. La loi américaine qui réglemente le trafic international d'armes, l'ITAR, s'en prend à notre Charte des droits en contraignant les entreprises canadiennes à faire de la discrimination à l'endroit de certains Canadiens nés à l'étranger.
Au Canada, nous ne faisons aucune discrimination qui soit basée sur le lieu de naissance de quelqu'un. D'ailleurs, un de mes collègues, un député, Omar Alghabra, auquel nos compatriotes font confiance pour qu'il légifère à la Chambre des communes, ne pourrait pas obtenir du travail dans le cadre de ce contrat.
En second lieu, ce contrat bat véritablement en brèche la souveraineté du Canada. Même si les Américains sont nos amis, seules les lois canadiennes devraient être applicables sur notre sol. Nous devons donc défendre la souveraineté de nos lois.
Monsieur le ministre, vous avez déclaré au Sénat pas plus tard qu'hier: « La bonne nouvelle, c'est que les cas sont encore isolés. C'est une très bonne nouvelle... ». Plus récemment encore, ici même, vous avez dit que vous étiez fiers de ce contrat. Monsieur le ministre, comment pouvez-vous dire qu'une telle violation de la Charte des droits et libertés du Canada, une telle violation de la souveraineté de nos lois sur notre propre sol, soit une bonne nouvelle?
:
Avec plaisir, et peut-être vais-je demander à Margaret de compléter ce que je vais vous dire.
Commençons par le programme LEED. Nous avons déjà parlé des bâtiments. Chaque fois que nous allons investir de façon significative dans le parc immobilier que nous possédons déjà, comme cela a été le cas pour l'édifice Bel-Air à Montréal, nous allons faire en sorte de respecter les normes LEED. Nous allons être parfaitement au fait de l'environnement, nous allons économiser l'énergie et faire en sorte que les améliorations apportées, que les réparations effectuées, se fassent en harmonie avec l'environnement. Bel-Air est un bon exemple, de même que le 401 de la rue Burrard, dans la circonscription de M. Moore, qui est un autre parfait exemple. Si vous passez par Vancouver, vous devriez visiter cet immeuble, car il est tout à fait extraordinaire.
Lorsque nous allons renouveler le parc automobile du gouvernement, nous allons nous employer à acheter des voitures hybrides et ne plus acquérir de voitures à grosses cylindrées. Nous sommes parfaitement au courant du fait que nous achetons actuellement des voitures qui consommeront moins d'essence et qui seront moins nuisibles pour l'environnement.
Nous nous employons également à acheter d'autres équipements, des ordinateurs par exemple, plus économes d'énergie. Ainsi, lorsqu'ils ne sont pas utilisés, ces ordinateurs se mettent automatiquement hors circuit. Toutes sortes d'initiatives comme celles-là ont été mises en oeuvre dans tout le ministère.
Nous savons fort bien qu'avec notre pouvoir d'achat, si nous nous y prenons bien, nous avons les moyens de dicter notre volonté aux fournisseurs avec lesquels nous traitons. Si nous faisons clairement comprendre que nous n'allons désormais traiter qu'avec des gens qui sont pour l'environnement, qui ne nuisent pas à l'environnement, je pense que nous pourrons faire toute une différence.
Peut-être Margaret voudra-t-elle ajouter quelques mots à cela.