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Madame la présidente, membres du comité, je vous remercie de nous avoir invités ici aujourd'hui. J'aimerais vous présenter plusieurs collègues qui m'accompagnent cet après-midi pour m'aider à répondre à vos questions. Je vous présente
[Traduction]
Berny Latreille d’Environnement Canada; Elizabeth Hopkins de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada; Shirley Jen du Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada; Anne Auger de Ressources naturelles Canada.
Comme le comité s’en souvient, l’honorable ministre Fortier a brièvement présenté, la semaine dernière, quelques renseignements sur l’écologisation des opérations gouvernementales. Nous sommes certes heureux aujourd’hui de vous fournir de plus amples détails à l’appui de votre étude.
Le gouvernement fédéral, comme vous le savez, est l’une des plus grandes entreprises du Canada, et son empreinte ou impact environnemental est donc considérable. Parallèlement, en tant que l’un des plus importants acheteurs de biens et de services et qu’un important propriétaire et gestionnaire immobilier, le gouvernement est dans une position unique pour faire preuve de leadership et, en fait, pour renforcer les marchés des biens et services environnementaux.
À cette fin, le commissaire à l’environnement et au développement durable a longtemps affirmé que les Canadiens s’attendent en réalité à ce que le gouvernement gère leurs biens de façon durable; et comme l’a souligné le commissaire, il est important qu’il y ait un responsable fédéral à la tête d’une telle initiative.
En 2005, le Bureau de l’écologisation des opérations gouvernementales a été créé au sein de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada afin d’assumer ce rôle et de travailler, avec d’autres ministères et organismes, en particulier ceux qui sont représentés ici aujourd’hui, à l’accélération de l’écologisation des opérations gouvernementales.
En tant que le principal agent d’achats et le premier gestionnaire immobilier du gouvernement du Canada, Travaux publics et Services gouvernementaux Canada semblait un bon choix pour être cette plaque tournante, pour deux raisons. Premièrement, à titre d’organisme de services communs, ce ministère est capable d’agir efficacement et d’influer sur les résultats de l’ensemble du gouvernement. Deuxièmement, le ministère possède déjà des compétences en matière de questions environnementales d’ordre opérationnel.
Vu leur mandat ainsi que leur nature et leurs connaissances spécialisées, les autres ministères représentés ici aujourd’hui sont devenus des partenaires clés de ce projet. On retrouve évidemment Environnement Canada, qui apporte son expertise sur les aspects et les impacts environnementaux, lesquels sont véritablement au cœur de la politique d’achats écologiques dont je vous parlerai un peu plus tard; Ressources naturelles Canada, grâce à son expertise en énergie, tout particulièrement pour les immeubles et les véhicules; enfin, le Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada, qui contrôle les nombreuses politiques et directives guidant tous les ministères.
Ceux d’entre vous qui ont le dossier de présentation distribué plus tôt, voient...
[Français]
que cette diapositive est une représentation graphique de notre mode de fonctionnement.
[Traduction]
Au centre du diagramme, les sous-ministres délégués des trois organismes qui orientent véritablement cette initiative. La partie externe du cercle représente les groupes directeurs interministériels en place qui se réunissent régulièrement afin de cerner les enjeux et les occasions qui se présentent. Vous verrez que ceci fait, il est possible d’élaborer des politiques, des lignes directrices, etc. Le Bureau de l’écologisation des opérations gouvernementales – soit le BEOG – peut alors aider les ministères et les organismes gouvernementaux à concevoir des outils de même que leur dispenser des conseils afin de les guider dans leurs démarches de mise en œuvre. Il est clair, lorsque vous faites le tour du cercle, que l’objectif ultime est de mesurer les progrès et le rendement, d’apporter des changements, d’améliorer et de recommencer, car il y a toujours place à l’amélioration.
Comme le comité le sait sûrement, le Bureau de l’écologisation des opérations gouvernementales est relativement jeune, et jusqu’à maintenant, bien des efforts ont été axés sur la mise en place d’une base pour permettre le changement, sur le rassemblement des ministères, sur l’élaboration de politiques et de lignes directrices, d’outils, de projets pilotes, etc., qui peuvent intégrer les aspects environnementaux à la façon dont nous travaillons.
Un des meilleurs exemples de cela est probablement la politique d’achats écologiques. Essentiellement, celle-ci, en vigueur depuis avril dernier, vise à enchâsser de la même manière la protection de l’environnement dans les processus décisionnels de tous les ministères et organismes, de façon à ce que lorsque des décisions sont prises, le prix, la qualité, la disponibilité et le rendement soient pris en compte. Il s’agit d’intégrer les achats écologiques à nos activités courantes, non seulement pour améliorer le rendement du gouvernement, mais aussi pour créer certains besoins envers ces technologies et en stimuler la demande.
Ce n’est pas une approche improvisée. Nous n’essayons pas de créer un panier spécial de biens verts ou une liste de produits écologiques parmi lesquels les agents des achats peuvent choisir. Il s’agit plutôt d’une politique universelle qui commence par la planification puis passe à l’acquisition et ensuite à l’utilisation, pour se terminer par l’aliénation. Cela illustre bien l’écologisation des opérations gouvernementales, car nous avons ici une politique approuvée par le Conseil du Trésor, gérée par Travaux publics, qui bénéficie de l’expertise d’Environnement Canada et de Ressources naturelles Canada, et qui est mise en œuvre par tous les ministères.
En tant que facilitateur, nous avons travaillé avec nos partenaires à l’élaboration d’outils et de la formation. En fait, la formation est obligatoire dans le processus d’accréditation des agents des achats du gouvernement fédéral.
Le BEOG, le Secrétariat du Conseil du Trésor et Environnement Canada ont aussi cherché à fournir une orientation en guidant les ministères relativement aux stratégies de développement durable déposées à la Chambre en décembre. Les véhicules, l’énergie des immeubles et l’approvisionnement écologique étaient en réalité les trois objectifs sur lesquels les ministères pourraient concentrer collectivement leurs efforts afin de progresser.
De plus, le Bureau de l’écologisation des opérations gouvernementales a travaillé avec d’autres afin d’élaborer une stratégie de développement durable pour TPSGC. Nous savions très bien que des objectifs étaient en place et qu’une fois ceux-ci mis en œuvre dans notre propre ministère, ils serviraient de repères et faciliteraient le travail des autres ministères pour ce qui est d’écologiser leurs opérations.
En ce qui a trait aux bâtiments écologiques, vous savez peut-être qu’en 2005, le gouvernement fédéral a adopté le LEED, qui signifie « leadership in energy and environmental design », la référence en matière de nouvelles constructions d’immeubles de bureaux, de rénovations majeures, etc. Il y a bon nombre de nos immeubles qui, nous l’espérons, sont maintenant conformes à cette norme.
[Français]
Je sais que Technologies du développement durable Canada comparaîtra devant le comité dans les semaines à venir et apportera des renseignements supplémentaires sur le LEED.
[Traduction]
À TPSGC, nous sommes allés plus loin avec notre stratégie de développement durable. Ainsi, en plus d’appliquer la norme LEED aux nouvelles constructions, aux rénovations, etc., nous avons adhéré au programme Visez vert plus de la Building Owners and Managers Association. Cela nous permet d’administrer nos immeubles de façon durable. C’est un outil élaboré par l’industrie qui, nous le croyons, nous fournira des données fiables et pertinentes pour nous permettre d’administrer nos immeubles de façon plus stratégique et de trouver des façons économiques d’améliorer notre rendement écologique.
Le but ici n’est donc pas seulement d’améliorer les immeubles que nous possédons et administrons, mais aussi de jeter les bases pour que les autres ministères gardiens emboîtent le pas. Ces engagements pour les immeubles sont présentement intégrés à une stratégie universelle et durable pour les immeubles. Elle n’est pas aussi avancée que la politique d’achats écologiques, mais elle va dans le même sens. Il est question de mettre en place des systèmes pour améliorer notre rendement écologique et d’intégrer les aspects écologiques à nos activités courantes.
J’aimerais de nouveau remercier le comité de nous offrir l’occasion d’être ici aujourd’hui. Nous serons ravis de répondre à vos questions.
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Merci, madame Kenny. Merci à vos collaboratrices et à votre collaborateur d'être venus nous voir pour nous parler d'écologisation.
Je poursuivrai dans le même sens que les questions que mon collègue vient de poser. Je peux concevoir ce que Travaux publics entreprend avec votre direction générale, mais qu'on le veuille ou non, il faut que cela passe dans la culture. Il faut que les gens soient motivés, il faut qu'ils aient cela comme priorité, donc qu'ils partagent cette valeur.
Parlons de l'impact sur les autres ministères, par exemple en ce qui concerne les achats. J'aime bien l'exemple des 308 députés. Sur cette Colline, en plus des sénateurs et de tout l'appareil des très efficaces fonctionnaires et employés de la Chambre des communes, il y a une armée de monde qui utilise du matériel. Des députés, tant dans leur comté qu'ici, ont des biens ou achètent des choses. Dans notre comté, on les paye; ici, ils nous sont offerts, mais enfin.
Comment vous assurez-vous que nous le faisons de façon à partager avec vous cette valeur, et comment faites-vous en sorte que, si jamais on ne la partageait pas, on doive rendre des comptes?
Pour moi, la reddition de comptes est très importante. On a un programme et on aura des mesures pour le mettre en oeuvre, mais par la suite, comment allons-nous nous assurer que les gens suivent? Je n'aime pas beaucoup l'idée de la carotte et du bâton, mais à un moment donné, si ce n'est pas suivi, ce sera divulgué, des gens le sauront et ce sera une des raisons pour lesquelles le programme ne connaîtra pas le succès que l'on attendait.
J'ai le plaisir d'être ici depuis bientôt trois ans et je n'ai rien reçu comme tel pour me dire que je dois être sensible à l'environnement. Je le suis, mais on ne m'a pas demandé de contribuer à rendre notre environnement le plus vert possible ici, sur la Colline, etc. J'ai des outils à ma disposition, des bacs bleus, etc., mais cela existe depuis longtemps.
Comment mesurez-vous cela? Autrement dit, comment pouvez-vous donner les outils voulus et déterminer s'il y a un changement de culture, si les gens l'utilisent et si, à la fin, qui qu'ils soient, les gens rendront des comptes?
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Je veux simplement ajouter que des groupes se rencontrent pour déterminer les critères régissant ces produits au moment où ils seront mis sur le marché. Ces groupes détermineront, pour chacun des produits, les spécifications idéales qui s’y rapportent.
Par exemple, pour revenir au papier, exemple que Mme Kenny a utilisé tout à l’heure, la plupart d’entre nous estimons que dans le monde du papier, plus le contenu est recyclable, mieux cela vaut, et que c’est ce dont il faut tenir compte. De fait, pour le papier, s’il contient du chlore, c’est un élément dont on voudra se débarrasser. Il faut également se demander si la fibre provient de forêts dont la gestion est durable, si son contenu est recyclé? Les choses peuvent être passablement compliquées, et chaque groupe de produits fera l’objet d’un examen spécifique.
Dans certains cas, c’est un mélange de bien des choses. Dans le cas des imprimantes, par exemple, lorsque les groupes examinent le genre d’imprimantes que nous devrions acheter, ou le genre de spécifications dont nous avons besoin pour examiner les imprimantes à acheter, ils nous indiquent aujourd’hui des choses que nous pouvons faire pour acheter des imprimantes qui sont à coup sûr légèrement plus écologiques que celles que nous avons achetées dans le passé. Mais le véritable pas en avant consiste à savoir comment nous allons gérer ce qui sort des imprimantes. Peut-être faudra-t-il plus de ces nouveaux appareils à fonctions multiples qui consomment moins d’énergie et qui vous permettent de mieux gérer vos travaux d’impression.
Certes, il y a des choses que l’on peut faire à court terme en ce qui concerne le produit, mais nous pensons toujours à long terme quant à savoir ce que nous pouvons faire dans le cycle de vie de ce produit.
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C'est cela, oui, 75 p. 100, mais à la condition que ce soit efficient et faisable.
Si vous me le permettez, je vais poursuivre en anglais.
[Traduction]
Actuellement, le nombre de véhicules du parc automobile du gouvernement fédéral, comme vous l’avez entendu auparavant, est de...
[Français]
à peu près de 27 000 véhicules.
[Traduction]
Des 27 000 véhicules, environ 2 000, ou 7 p. 100, fonctionnent à l’éthanol — c’est-à-dire l’éthanol E85 — et environ 200, ou 1 p. 100, au gaz propane ou naturel. De même, nous avons encore 2 p. 100, ou 600 véhicules, qui sont des véhicules hybrides. Techniquement parlant, ce ne sont pas des véhicules qui utilisent des carburants de remplacement, mais le résultat final est le même. Nous essayons d’investir dans des véhicules qui utilisent des carburants qui ne sont pas à base de pétrole et qui par conséquent émettent moins de polluants.
Au total, cela représente environ 10 p. 100 du parc automobile du gouvernement fédéral.
En fait, nous avons certaines statistiques à cet égard. Si on regarde le nombre total de véhicules que le gouvernement achète chaque année et le nombre de véhicules censés répondre aux critères économiques et opérationnels parce qu’ils utilisent un carburant de remplacement, l’objectif a été atteint ou dépassé depuis 1997 pour chacune des années depuis que nous tenons des statistiques — soit de 1997-1998 jusqu’à 2005-2006.
Vous allez peut-être faire vos calculs et vous demander pourquoi elle nous dit que nous avons dépassé notre cible de 75 p. 100, quand 75 p. 100 de 27 000 donne...? Elle a dit seulement 10 p. 100; ce n’est pas 75 p. 100. La raison en est que si vous prenez une année... Je vais vous donner un exemple.
En 2004-2005, le gouvernement fédéral a acheté, grosso modo, 3 700 véhicules. Au cours de cette année là, le nombre de véhicules que l’on estimait pouvoir respecter les critères économiques et opérationnels était de 34. Si vous prenez 75 p. 100 de ces 34 véhicules, cela veut dire que nous avons dû acheter 26 véhicules qui utilisaient des carburants de remplacement. En réalité, cette année là, nous n’avons pas seulement acheté 26 véhicules qui utilisaient des carburants de remplacement, mais 394.
Cela vous donne un peu une idée du travail à faire pour fixer les objectifs, que certains d’entre vous, je crois, ont mentionnés pour améliorer le rendement de manière très tangible. Ensuite, nous mesurons les résultats et nous essayons d’établir une tendance. Je pense que cela montre que lorsque les gens établissent ce genre de données, elles sont en réalité assez intéressantes parce qu’à mon avis, cela génère une certaine vague de fond, et les gens sont plus enthousiastes.
En fait, mon collègue m’a fourni une statistique juste avant de venir ici qui me semble assez importante. Elle concerne le parc automobile pour les cadres, c’est à dire essentiellement les voitures fournies aux ministres et aux sous-ministres et à leurs équivalents. C’est environ 85 véhicules. Au cours des 16 derniers mois seulement, il y a eu augmentation d’environ 40 p. 100 en ce qui a trait à l’utilisation des carburants de remplacement pour ces véhicules, de sorte que les véhicules officiels des ministres et des sous-ministres sont en réalité un très bon exemple du leadership qui s’exerce et illustrent bien ce que certaines personnes ont mentionné vouloir voir en pratique. Je pense que c’est un très bon exemple.
J’aimerais remercier tous ceux qui sont venus ici aujourd’hui.
Nous nous accordons souvent tout le crédit pour le travail qui se fait, mais nous savons que c’est la fonction publique qui accomplit le plus gros de la tâche. Nous vous remercions pour votre leadership en la matière. Il est évident que dans le virage écologique que prend le pays, c’est vous qui êtes au premier rang, et non le gouvernement.
Vous ferez évidemment une longue liste de suggestions. Voici un élément de ma liste.
Un de mes projets de prédilection est le concept de facturation nette. C’est-à-dire qu’une personne qui installe un panneau solaire sur sa résidence aurait la possibilité d’acheter de l’électricité quand elle en a besoin et d’en fournir au réseau quand elle en produit plus que pour les besoins de sa résidence. L’obstacle principal dans cette façon de faire est la question de la transmission; et l’achat par les entreprises productrices d’électricité.
L’Alberta est un chef de file au pays dans nombre de ces domaines. Elle a transformé sa consommation d’électricité pour la rendre complètement écologique. De plus, il se peut qu’elle devienne l’acheteur de l’électricité ainsi produite localement, cette électricité non commercialisée.
Je me demande si le gouvernement fédéral a déjà réfléchi à une telle initiative, ou même à l’éventualité d’un tel projet.
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J’aimerais m’entretenir avec vous d’une conséquence non intentionnelle possible du Programme LEED.
J’ai reçu, et je ne suis pas le seul, plusieurs plaintes. Si je comprends bien, pour pouvoir mettre en œuvre le Programme LEED, il faut être un entrepreneur accrédité. Donc, au départ, il n’y avait évidemment pas d’entrepreneurs accrédités; ils devaient apprendre comment faire avant d’obtenir l’accréditation. Mais je crois comprendre également, que cela est réservé à un très petit… aux SNC-Lavalin, ACON, etc. Essentiellement, cela a empêché tous les autres entrepreneurs du pays de tirer parti du Programme. Et cela ne change rien s’ils peuvent être accrédités ou cautionnés pour 25, 30, 40 ou 50 millions de dollars. Ils n’ont pas besoin de présenter une demande.
Cela constitue un problème si c’est une condition de LEED, et c’est ce que me disent des gens dans ma circonscription, mais aussi des entrepreneurs, ingénieurs et constructeurs. Si cela pose un problème, j’aimerais avoir l’occasion d’en discuter plus à fond et voir si on peut y trouver une solution. Je souhaiterais bien sûr que tous les entrepreneurs et ingénieurs indépendants qui peuvent obtenir des cautions ne soient pas exclus du processus de soumission pour n’importe quels de ces contrats simplement parce qu’ils n’ont pas l’« accréditation ».
Comment peuvent-ils obtenir l’accréditation si on ne leur donne pas l’occasion de soumissionner?