:
Merci, madame la présidente.
Je vous remercie de nous avoir invitée pour discuter de la vérification du Centre des armes à feu Canada. Le premier directeur principal de l'équipe responsable de la sécurité publique, Peter Kasurak, qui était chargé de cette vérification, m'accompagne aujourd'hui.
J'aimerais profiter de l'occasion qui m'est offerte pour vous donner une vue d'ensemble de nos constatations. Cette vérification fait suite à la vérification que nous avions exécutée en 2002 sur les coûts de mise en oeuvre du Programme canadien des armes à feu. À l'époque, nous n'avions pas été en mesure de terminer cette vérification, car l'information financière disponible n'était pas fiable et ne présentait pas fidèlement les coûts nets du Programme. Cette année, nous avons constaté que le Centre avait réalisé des progrès importants pour mettre en oeuvre notre recommandation de 2002 – à une exception près que j'aborderai plus tard.
Le Centre des armes à feu Canada présente des rapports financiers adéquats et il a instauré une méthode acceptable de répartition des coûts entre ses activités de délivrance de permis et d'enregistrement des armes à feu.
[Français]
Le Programme canadien des armes à feu a été remanié en profondeur depuis notre vérification de 2002. En plus d'établir toutes les fonctions qui existent au sein d'un organisme distinct, la nouvelle équipe de gestion, qui est entrée en fonction en mai 2003, a dû résoudre des problèmes en cours. La nouvelle équipe a traité un volume considérable de demandes de permis et d'enregistrement et de cession d'armes à feu. Elle s'est aussi employée à résoudre des questions d'ordre opérationnel, notamment l'étalement des échéances pour le renouvellement des permis, le regroupement des sites de traitement des demandes et la mise en place de l'infrastructure nécessaire à un ministère distinct. L'équipe a également amélioré ses pratiques de passation de contrats et, depuis 2001-2002, il y a eu un recul marqué du nombre de contrats qui comportent des signaux d'alarme, ce qui indiquerait une non-conformité aux règlements.
Par ailleurs, nous avons relevé certains problèmes qui n'ont toujours pas été réglés, dont les plus graves sont les suivants.
D'abord, le programme n'est toujours pas assorti de cibles de rendement et ne définit pas la manière dont les activités menées permettront d'obtenir les résultats souhaités en améliorant la sécurité publique. Les rapports au Parlement comportent des erreurs qui exagèrent le degré de respect des normes de service.
Ensuite, il y a encore des inexactitudes importantes dans l'information qui se trouve dans le registre. Ces inexactitudes sont attribuables en partie au transfert des données du système d'enregistrement des armes à autorisation restreinte et à la décision prise en 2002 de permettre aux demandeurs de fournir eux-mêmes une description de leurs armes sans effectuer de vérification. Nous avons également constaté des faiblesses dans le réseau de vérificateurs bénévoles en général.
Finalement, le nouveau Système canadien d'information relativement aux armes à feu, le SCIRAF II, continue de susciter des inquiétudes, notamment en ce qui concerne la décision initiale d'établir le système, l'absence d'exigences détaillées, et les retards et les dépassements de coûts qui ont suivi. Nous avons constaté que les coûts de mise en oeuvre du système avaient triplé pour s'établir à environ 90 millions dollars aujourd'hui, ce qui comprend des dépenses évitables d'environ 30 millions dollars qui sont attribuables au retard dans l'exécution du projet. Au moment de notre vérification, le système n'avait pas encore été mis à l'essai ni déclaré opérationnel.
J'encourage le comité à demander qu'on mette fin à ces problèmes, peu importe la forme que prendra le Programme des armes à feu.
[Traduction]
Cependant, la constatation la plus importante, selon moi - qui a fait l'objet d'un rapport complémentaire - concerne la comptabilisation des coûts de développement du SCIRAF Il et la manière dont l'information à cet égard a été communiquée au Parlement. Au cours de l'exercice 2002-2003, le ministère de la Justice n'a pas comptabilisé, comme il se doit, un passif de 39 millions de dollars au titre de la mise en oeuvre du système.
Cette erreur a eu deux conséquences. Dans un premier temps, le Parlement n'a pas été informé que le programme avait, dans les faits, dépassé le plafond des dépenses fixé par le ministre de la Justice à la Chambre des communes. Et dans un deuxième temps, la nouvelle équipe de gestion du Centre des armes à feu a été obligée de régler le problème lié à la comptabilisation d'une dépense imprévue de 39 millions de dollars en 2003-2004. En 2003-2004, le Centre - qui était devenu un organisme distinct - s'est aperçu que ses dépenses allaient probablement dépasser les crédits alloués par le Parlement en raison de l'erreur de comptabilisation de l'exercice précédent et de la hausse inattendue des coûts du SCIRAF II.
Le Centre avait d'abord recommandé de solliciter auprès du Parlement des crédits additionnels au moyen d'un budget supplémentaire des dépenses. Mais des hauts fonctionnaires du Secrétariat du Conseil du Trésor et de Sécurité publique et Protection civile Canada ont tenté de trouver un traitement comptable qui éviterait d'avoir à comptabiliser certains coûts comme des dépenses imputées aux crédits annuels de l'exercice. Fort de l'avis de ces deux organismes et de l'avis juridique commandé par Sécurité publique et Protection civile Canada, le Centre a décidé, à tort, qu'il n'était pas obligé d'imputer des dépenses de 21,8 millions de dollars, au 31 mars 2004, au titre du SCIRAF Il aux crédits votés du Centre. Une fois encore, le Parlement n'a pas été informé que le Centre avait, dans les faits, dépassé son plafond de dépenses et fait « sauter son crédit ».
Nous avons analysé dans notre rapport les arguments présentés par les fonctionnaires pour justifier la décision de ne pas imputer ces dépenses aux crédits votés du Centre et conclu que les fonctionnaires avaient fait erreur et que les conventions comptables adoptées par le gouvernement n'avaient pas été respectées. L'argument selon lequel le Conseil du Trésor n'avait pas approuvé le contrat, ce qui veut donc dire que les dépenses n'avaient pas à être comptabilisées pendant l'exercice où elles avaient été engagées nous inquiète particulièrement. Je serais très préoccupée, en effet, si le gouvernement adoptait une convention comptable qui lui permettait d'inscrire les dépenses d'un exercice dans un autre exercice en se fondant uniquement sur le moment où elles ont été approuvées par le Conseil du Trésor. Cela n'est pas conforme aux principes comptables généralement reconnus ni aux politiques en vigueur.
[Français]
En raison de ces erreurs comptables, le Parlement n'a pas obtenu en temps opportun les informations exactes sur les coûts engagés. Nous avons aussi constaté que le fait de ne pas avoir demandé de fonds supplémentaires alors qu'il était vraisemblable qu'un crédit soit dépassé pourrait être interprété comme un manquement au Règlement de la Chambre des communes. En outre, le fait de ne pas avoir communiqué au Parlement toutes les dépenses imputables à un crédit pourrait être considéré comme une violation des privilèges de la Chambre des communes.
[Traduction]
Mais seule la Chambre des communes peut déterminer s'il y a eu manquement.
Madame la présidente, voilà qui conclut ma déclaration d'ouverture. Nous serons heureux de répondre aux questions du Comité.
:
Merci, madame la présidente. Tout d'abord, j'aimerais vous présenter trois de mes collègues qui ne sont pas à la table. Je vous présente M. Denis Bilodeau, conseiller principal;
[Traduction]
Beverley Holloway, chef principale des opérations et John Brunet, chef de la direction financière.
Dans son dernier rapport, la vérificatrice générale fait un certain nombre de recommandations et d'observations. Nous sommes pour l'essentiel d'accord avec ce qui est dit dans ce rapport.
J'ajouterai personnellement que je suis tout à fait à l'aise avec les progrès réalisés ces dernières années par le Centre des armes à feu Canada. Si l'on compare les problèmes mentionnés au gouvernement dans le rapport de 2002 avec ce dont il est question aujourd'hui, je puis affirmer en totale confiance que nous fournissons aux parlementaires des informations valables ainsi que des données financières exactes. Par ailleurs, nous avons commencé il y plusieurs années déjà à réduire considérablement le budget du Centre.
Je suis prêt à répondre aux questions des membres du comité.
Merci.
:
Merci, madame la présidente.
Permettez-moi de vous présenter les deux personnes qui m'accompagnent : George Butts, directeur général, et Scott Leslie, directeur principal qui a travaillé activement sur ce dossier pendant qu'il était au Centre des armes à feu Canada.
J'aurai une brève présentation à faire, madame la présidente, et je veux d,abord vous remercier de me donner l'occasion de parler des services de passation de marchés offerts par le gouvernement fédéral dans le contexte du chapitre 4 du rapport de mai 2006 de la vérificatrice générale.
[Français]
Afin d'offrir des services d'approvisionnement au meilleur rapport qualité-prix, Travaux publics et Services gouvernementaux Canada joue le rôle de partenaire stratégique auprès des ministères clients. À ce titre, nous les appuyons à toutes les étapes du processus d'approvisionnement en les aidant à définir leurs exigences et à choisir les méthodes d'approvisionnement, en gérant le processus d'appel d'offres et en leur donnant un coup de main pour assurer la reddition des comptes pendant toute la durée du contrat.
[Traduction]
TPSGC a soutenu le Centre canadien des armes à feu depuis sa création en lui offrant des services de passation des marchés, entre autres ceux ayant trait à la TI. Le Ministère a émis deux contrats principaux, tous deux attribués à l'issue d'appels d'offres publics, à l'appui des Systèmes canadiens d'information relativement aux armes à feu (SCIRAF). Désignés sous le nom de SCIRAF 1 et de SCIRAF Il, ces contrats sont mis en évidence dans le chapitre 4 du rapport de la vérificatrice générale.
La gestion des deux contrats SCIRAF dans un cadre opérationnel et législatif incertain s'est révélée une tâche fort ardue. Bon nombre de modifications ont dû être apportées à ces deux contrats au fil des ans à des fins d'adaptation aux réalités changeantes. Nous reconnaissons toutefois que nous n'avons pas suffisamment tenu compte des leçons tirées de nos expériences avec le SCIRAF 1 dans le processus d'approvisionnement lié à l'élaboration du SCIRAF Il, qui a été particulièrement épineux. Bon nombre des hypothèses sur lesquelles il était fondé ont dû être ajustées compte tenu de l'évolution de la situation, en particulier en ce qui concerne la Loi sur les armes à feu.
Sur la foi d'une analyse réalisée par une tierce partie, TPSGC, le Centre canadien des armes à feu et l'entrepreneur du SCIRAF Il ont récemment convenu de mettre un terme aux travaux afin de garantir qu'aucune autre dépense ne sera engagée pendant que nous évaluons la situation. La vérificatrice générale a donné des exemples, pour la période allant de 1997 à 2004, montrant que le Centre canadien des armes à feu a retenu, durant plusieurs années, les services d'un certain nombre d'entrepreneurs, utilisant pour ce faire le Marché de SPI, cette base de données gérée par TPSGC grâce à laquelle les ministères fédéraux pouvaient trouver des experts-conseils à partir de la liste des compétences et expériences de ces derniers. Les ministères se sont servis de cet outil pour justifier le recours à un processus d'approvisionnement non concurrentiel. La vérificatrice générale affirme que, dans bien des cas, les recherches effectuées dans cette base de données ne permettaient d'obtenir que le nom de l'entrepreneur titulaire. TPSGC convient qu'il n'aurait pas fallu qu'on donne l'impression que ces contrats avaient été attribués par voie concurrentielle. Le Centre a abandonné cette pratique en 2004.
La vérificatrice générale recommande que TPSGC passe en revue la manière dont les ministères clients utilisent ses outils de passation de marchés et qu'il soit en mesure de donner l'assurance qu'ils ne s'en servent pas pour se soustraire aux exigences des politiques et marches à suivre relativement à la passation de marchés. Nous prenons très au sérieux la recommandation de la vérificatrice générale et nous sommes en voie d'adopter des mesures correctives pour régler les problèmes soulignés dans le chapitre susmentionné. Au nombre de ces mesures, signalons la formation des utilisateurs en ce qui a trait à leurs responsabilités, aux politiques et aux marches à suivre, le contrôle et la comptabilisation accrus de l'utilisation de ces outils et, au besoin, la restriction de celle-ci. En décembre dernier, TPSGC a amélioré sa base de données, l'a renommée et l'a élargie afin de pouvoir mieux contrôler l'usage qu'en font les ministères.
En conclusion, nous sommes conscients que nous devons trouver d'autres façons d'améliorer les services que nous offrons aux organismes clients, tout en continuant à servir de frein et de contrepoids dans l'intérêt des Canadiens. TPSGC est en voie de transformer sa façon de faire. Nous sommes à la recherche de nouveaux modes de prestation des services qui sont plus intelligents, plus rapides et moins coûteux, et qui permettront d'améliorer le mode de fonctionnement du gouvernement du Canada. Nous sommes déterminés à appliquer des stratégies de passation de marchés concurrentielles qui soient équitables, ouvertes et transparentes, qui répondent aux exigences du gouvernement tout en garantissant un accès égal aux entreprises et qui résisteront à l'épreuve de l'examen public.
Je vous remercie, madame la présidente et c'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
:
Merci, madame la présidente.
Il y a un système qui est au coeur de tout le fonctionnement du Programme de contrôle des armes à feu, il s'agit d'une base de données. Elle ne sert pas uniquement à l'enregistrement des armes à feu et ce n'est pas un simple outil de consultation à l'usage des corps policiers; il s'agit d'une base de données qui permet, en plus, de saisir des informations sur les 2 millions de détenteurs de permis d'arme à feu au Canada. Le Programme, c'est tout cela à la fois.
Vous avez parlé de problèmes de qualité des données contenues dans le système. Le problème dont parle la vérificatrice générale concerne en fait les données sur les armes à feu elles-mêmes, c'est-à-dire les données d'enregistrement des armes. Normalement, toutes les armes auraient dû être enregistrées au 31 décembre 2002 aux termes de la Loi sur les armes à feu. Or, pour bien des raisons, notamment à cause d'une certaine résistance de la part des intéressés ainsi que des craintes ou des doutes quant à la possibilité que cette exigence soit maintenue, beaucoup d'armes à feu ont été enregistrées dans les mois qui ont tout juste précédé la date d'échéance et dans les mois qui ont suivi. D'ailleurs, une fois dépassée la date butoir, nous avons reçu plus d'un million de demandes d'enregistrement d'armes à feu.
Afin de faire face à ce volume d'inscription, le gouvernement a décidé de prendre pour argent comptant les données communiquées par les propriétaires d'armes à feu et à ne les examiner que très superficiellement pour s'assurer qu'elles ne présentaient pas d'erreur évidente. Il y a bien sûr eu quelques erreurs dans ces données. Ce que nous pouvons déclarer, et ce que confirme la vérificatrice générale dans son rapport, d'après la vérification des données que nous avons effectuée au cours de l'année dernière, c'est que nous avons cherché à déterminer à quel type d'arme à feu nous avions à faire, qui est l'élément le plus fondamental, c'est-à-dire s'il s'agissait d'une arme à autorisation restreinte, prohibée ou sans restriction, parce que l'utilisation des armes et le type de permis sont fonction de ces trois catégories. Comme le précise le rapport, l'incidence des erreurs est très, très faible — moins de 0,01 p. 100 — mais nous ne cessons évidemment pas de corriger celles qui sont contenues dans la base de données au fur et à mesure.
:
Eh bien, très brièvement, il y avait deux systèmes. D'abord, les députés doivent comprendre qu'un de ces systèmes est en place depuis le tout début du programme, il s'agit du SCIRAF I, c'est-à-dire le Système canadien d'information relativement aux armes à feu I. Il demeure le seul système opérationnel du Centre des armes à feu Canada. Le second système est le SCIRAF II. Cela fait déjà un certain nombre d'années qu'il est en phase de développement et, comme M. Bennett l'a précisé, il fait actuellement l'objet d'un examen.
Habituellement — mais je ne rentrerai pas dans les détails — quand il s'agit d'un marché public d'envergure, des dispositions portant sur les changements de volume sont intégrées dans la formule de tarification. Le vrai problème en ce qui concerne les retards survenus dans la mise en oeuvre du nouveau système tient au fait que, quand le contrat a été accordé, il s'appuyait sur un ensemble d'hypothèses découlant de la Loi modifiant leCode criminelet laLoi sur les armes à feu, soit le projet de loi C-10A, dont la mise en oeuvre, comme les députés se le rappelleront, a pris beaucoup plus de temps que prévu. J'en veux pour preuve que les règlements n'ont été adoptés qu'il y a un an et demi environ. Tous ces retards ont empêché l'entrepreneur de livrer le système à temps.
Cela étant, nous allons apporter d'autres modifications au programme. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles ce programme, de même que tout ce qui touche au contrat, fait l'objet d'un examen.
:
Merci, madame la présidente.
Nous parlons d'« erreur », parce que, selon nous, les données ont été traitées de la mauvaise façon. La deuxième erreur, c'est que la non-inscription des 21,8 millions de dollars a été délibérée. Nous n'avons trouvé aucun document établissant, pour le gouvernement, que les 39 millions de dollars auraient été une erreur.
Ce faisant, vous avez raison, la seconde erreur comptable correspond à la décision délibérée, soit de ne pas comptabiliser cette somme dans l'année.
:
Très certainement, madame la présidente.
Le système n'est certainement pas parfait pour vérifier les armes à feu, mais je ne dirais pas non plus qu'il est complètement inadapté. Il me faudra un peu de temps, peut-être, pour vous expliquer la façon dont cela fonctionne. Tout d'abord, il y a le Registre central où sont chargées toutes les données relatives à l'enregistrement des armes à feu. Pour toute inscription dans ce registre — par exemple, à l'étape de l'acquisition d'une arme à feu ou à l'occasion d'une vérification du classement d'une arme que l'on possède déjà — les informations recueillies doivent être transmises au Registre central. Nous vérifions tout et ne jugeons de rien sur les apparences.
Nous nous servons de ce qu'on appelle un tableau de référence des armes à feu, mis au point par la GRC qui l'exploite en collaboration avec le Centre des armes à feu. Il s'agit d'une liste exhaustive des marques, des modèles et des versions d'armes à feu que l'on peut trouver au Canada. Ainsi, si vous vous présentez en déclarant que vous possédez un pistolet mitrailleur Cooey, il est certain que cette arme n'apparaîtra pas sur la liste en question. Évidemment, on ne vous dira probablement pas non plus de la conserver.
Des vérifications sont donc prévues. Par ailleurs, nous avons des contrôleurs experts qui travaillent au Registre et qui peuvent faire ce genre de distinction, surtout dans le cas d'armes à feu obscures.
Nous nous appuyons sur ce que nous appelons le réseau des vérificateurs volontaires. Quelqu'un qui achète une arme à feu doit la soumettre à l'approbation d'un vérificateur bénévole, autrement dit qui n'est pas rémunéré. Cette personne examine l'arme et atteste qu'il s'agit bien de celle que vous affirmez être.
:
Merci, madame la présidente.
Quand nous avons fait la vérification de 2002, le principal problème que nous avions relevé alors, c'était que le Parlement n'avait pas été correctement informé des coûts croissants du programme. En fait, notre vérification s'était limitée à cela. Comme nous avions relevé des problèmes dans la tenue des dossiers financiers, nous n'étions pas allé au-delà. Lors de la dernière vérification, nous sommes allé plus loin pour nous pencher sur les pratiques de gestion. Nous avons constaté que, dans les premières années du programme, de nombreux problèmes se sont posés sur le plan des coûts et sur celui de la passation des marchés. Dans le rapport, nous notons qu'à la faveur de l'arrivée de la nouvelle équipe de gestion, sous la direction de M. Baker en 2003, d'importants progrès ont été réalisés pour régler une grande partie des problèmes que nous avions constatés. La communication de l'information financière s'est améliorée, tout comme la passation des contrats. Sur ce dernier plan, nous avons eu recours à ce que nous appelons des « signaux d'alarme » pouvant indiquer la non-conformité au Règlement. Eh bien, le nombre de signaux relevés cette fois-ci a diminué, comme on peut le constater à la lecture des tableaux contenus dans le rapport.
Certains problèmes persistent, mais pour vous dire bien honnêtement, ce sont des problèmes auxquels se heurtent tous les ministères fédéraux. Nous constatons cependant que l'un d'eux demeure préoccupant, mais nous avons constaté des progrès considérables et d'importantes améliorations.
:
Thank you very much, Madam Chair. Merci de me donner l'occasion de répondre à cette question.
On fait allusion ici à des événements qui ont eu lieu aux mois de janvier, février et mars 2004. Comme Mme la vérificatrice générale l'a mentionné, c'est un sujet très sérieux, que je prends aussi très au sérieux.
J'ai commencé mon travail le 1er juin 2004. Quelques semaines après mon entrée en fonction, on m'a mis au courant de la complexité de ce dossier. On m'a dit qu'il existait des avis comptables et juridiques divergents à ce sujet.
Les ministères sont responsables de la bonne tenue de leurs livres. Les sous-ministres sont responsables de la préparation de leurs états financiers et de ce qu'on appelle les plaques des comptes publics. Lorsqu'il y a des problèmes d'interprétation, ils consultent leurs collègues du Secrétariat du Conseil du Trésor et du Bureau du contrôleur général.
Lorsque la question a été portée à l'attention du Secrétariat du Conseil du Trésor au début de janvier 2004, on a indiqué qu'il était possible que des crédits parlementaires supplémentaires soient nécessaires. Plusieurs avis divergents au sein du Bureau du contrôleur général et du Secrétariat du Conseil du Trésor nous ont amenés à considérer la question sous divers angles.
Le gouvernement canadien et le secteur public en général vivent dans ce qu'on appelle les deux mondes. Il y a le monde de la comptabilité pure, c'est-à-dire le monde des principes comptables généralement reconnus, ou PCGR, et le monde des crédits parlementaires. Alors que l'un fonctionne exclusivement ici, au Canada, sur une base d'exercice ou ce qu'on appelle une base de couru, les crédits parlementaires doivent être enregistrés sur une base de caisse modifiée ou d'exercice modifié. Cela a été changé au cours des années, et de façon plus importante en 1991 pour inclure ce à quoi on fait allusion, soit la politique des créditeurs à la fin de l'exercice, qui prévoit que certaines dépenses soient enregistrées contre les crédits parlementaires au 31 mars de l'année si certaines conditions sont remplies.
En règle générale, ce type de situation ne pose pas de problème, mais dans ce cas-ci, des problèmes d'interprétation ont mené différentes personnes à voir la situation sous différents angles. On se demandait si ce devrait être débité des crédits parlementaires ou comptabilisé au moyen de la provision pour des comptes payables au 31 mars. Le montant de 21,8 millions de dollars a été comptabilisé dans les comptes payables du gouvernement canadien au 31 mars 2004 pour les comptes publics. Toutefois, il n'a pas été débité des crédits parlementaires du centre au 31 mars 2004.
Comme la vérificatrice générale l'a mentionné, alors que pour 2002-2003, il semble qu'il y ait eu une erreur technique, etc., en 2003-2004, cela a fait l'objet de plusieurs décisions et discussions. On a donc pris la décision d'opter pour ce traitement comptable. Des avis juridiques ont été obtenus, qui ont amené le gouvernement à penser que cela devrait non pas être débité des crédits parlementaires, mais seulement comptabilisé pour les fins des comptes publics. Voilà en quelques mots la situation qui se présente à cet égard.
:
Merci, madame la présidente.
Eh bien c'est en fait la question que nous avons soulevée dans notre rapport de 2002 quand nous avons indiqué qu'au départ, on avait dit au Parlement que le programme coûterait en tout et pour tout 2 millions de dollars, mais que le gouvernement avait ensuite estimé que les coûts réels jusqu'en 2005 approcheraient le milliard de dollars. Il s'agissait évidemment des coûts du système informatique. On s'attendait à ce que les provinces participent financièrement à l'élaboration du programme, mais beaucoup d'entre elles se sont retirées et le gouvernement fédéral a donc dû assumer la totalité des coûts. À cause de l'opposition dont ce programme a fait l'objet, le gouvernement a financé de nombreuses activités d'information et a donc dépensé beaucoup d'argent en publicité notamment pour inciter les gens à enregistrer leurs armes. Le gouvernement a aussi renoncé au versement des droits. Je suis certaine qu'il y a d'autres raisons à ces dépassements de coûts, mais je viens de vous en citer les plus importants.
Nous devons tous être conscients d'une chose. Comme nous l'avons déclaré à l'époque, le plus préoccupant dans tout cela c'est que le Parlement n'a pas été correctement informé, même si, comme notre vérification l'a révélé, le gouvernement savait que les coûts dépasseraient les 2 millions de dollars nets à l'époque du lancement du programme. C'est ce qui nous a le plus inquiété lors de notre vérification d'alors, mais il faut bien sûr reconnaître que, compte tenu de la forte opposition dont le programme faisait l'objet, puisqu'il était très controversé, je pense que le gouvernement était réticent à communiquer ce genre d'information.
Avant que je ne passe à ma troisième question sur la tentative délibérée de tromper le gouvernement, ce qui touche à l'essence de nos valeurs et à l'importance du rôle que joue ce comité — cette question, d'ailleurs, s'adressera à M. St-Jean — j'aimerais commencer par poser une question à M. Baker. Celle-ci concerne l'efficacité du système.
Si vous me le permettez, monsieur, je vous ai entendu dire que vous étiez satisfait des résultats. Grand Dieu! Comment peut-on être satisfait des résultats d'un programme qui a quasiment échappé à tout contrôle? La vérificatrice générale a dit que le réseau de vérification par des bénévoles laissait à désirer, que le SCIRAF II n'est pas encore opérationnel officiellement et que la validité des données laisse grandement à désirer. Il est arrivé très souvent que la désinformation ou le manque d'information soit quasiment pire que l'absence totale d'information.
J'ai été policier pendant de nombreuses années et je me rappelle que nous consultions alors le CIPC, le NCIC ou d'autres banques de données pour valider les informations dont nous disposions. Il est dangereux, très dangereux que les données ne soient pas fiables. Comment un policier peut-il se rendre à une résidence privée pour régler un problème de dispute familiale ou dans un commerce ou dans un secteur l'obligeant à vérifier et à confirmer la présence d'armes à feu ou à juger de la capacité des personnes sur place d'utiliser des armes s'il n,est pas, en partant, certain que l'information dont il dispose est cohérente, exacte et fondée? Les policiers qui partent du principe que l'information est valable courent au devant de problèmes. Ils doivent donc supposer a priori que chaque fois qu'ils interviennent, par exemple pour arrêter un automobiliste pour infraction au code de la route, ils vont tomber sur une arme dans la voiture, parce que le système n'est tout simplement pas fiable.
Je pourrais vous donner des millions d'exemples du genre. J'ai également été propriétaire d'armes à feu. Je ne suis pas du genre à fuir mes responsabilités, parce que j'ai enregistré mes armes. Je les ai enregistrées en ligne, comme tout Canadien normal devrait le faire. Eh bien, officiellement, elles ne le sont pas. J'ai bien un imprimé disant que mes armes sont enregistrées, mais j'ai vérifié et je ne les ai pas trouvées dans le système. Il se trouve, monsieur, que mes armes ne sont pas inscrites. Je ne suis qu'un détenteur d'arme sur plusieurs millions. L'information n'est tout simplement pas fiable.
Ainsi, comment pouvez-vous venir nous déclarer en toute bonne foi que vous êtes satisfait des résultats concernant le Registre des armes à feu? Répondez-moi.
:
Je vous remercie, monsieur le député, de votre question.
[Traduction]
Quand nous avons demandé s'il s'agissait d'une erreur ou d'une décision, la vérificatrice générale a été très claire à cet égard. Je suis d'accord avec elle pour dire qu'en 2002-2003, il semblait ne s'agir que d'erreurs comptables commises de bonne foi relativement à la période de comptabilisation des données.
Comme le commissaire vient de le rappeler, tous les coûts ont été déclarés à la fin de 2005 et nous n'avons donc affaire qu'à un décalage de l'information dans le temps. Loin de moi l'idée de minimiser ce problème parce qu'il a bien été décidé de ne pas comptabiliser les 21,8 millions de dollars en 2003-2004. En revanche, il a été décidé plus tard de comptabiliser cette somme.
À l'époque, les fonctionnaires qui se sont penchés sur ces problèmes ont reçu une multitude de conseils correspondant à des points de vue différents. Certains conseillers étaient d'avis qu'il fallait consigner cette transaction selon les principes comptables généralement acceptés dans le cas d'une comptabilité d'exercice. D'autres, en revanche —
:
L'erreur s'est produite en 2003-2004, quand j'étais commissaire. Nous n'avons absolument pas eu l'intention de tromper le Parlement.
Comme l'indique le rapport de la vérificatrice générale, à l'origine de cette erreur, il y a eu toute une cascade d'événements en 2003-2004. Tout d'abord, le Centre des armes à feu Canada venait juste de recevoir le statut d'organisme indépendant. Nous étions en train de mettre sur pied nos systèmes comptables et financiers. Nous étions en train d'examiner tous les dossiers financiers et nos experts-comptables nous disaient qu'il y avait peut-être lieu de comptabiliser les sommes en question en 2003-2004. Ce constat a été lourd de conséquences, parce que nos crédits pour l'année ne prévoyaient pas une telle dépense. Nous avons donc signalé la chose aux organismes centraux, de même qu'au ministère de la Sécurité publique et à d'autres organismes concernés, parce qu'à ce stade de l'exercice financier, il était important de déterminer ce que nous devions faire dans le cas du Parlement, autrement dit si nous allions devoir demander des fonds additionnels en vertu du budget supplémentaire des dépenses.
Nous avons eu beaucoup d'échanges à cet égard, notamment sur la question de la nécessité éventuelle de calculer notre actif et notre passif — ce qui nous ramenait à la question même du contrat. Cela nous a amené à un débat très technique avec des avocats et des conseillers principaux quant à ce qui constitue ou pas un passif, une dette.
À partir de tous ces conseils, nous avons décidé que le mieux était de consigner cette somme en tant qu'élément de passif éventuel, autrement dit en tant que passif non comptabilisé ne devant pas être imputé au crédit du Centre des armes à feu Canada. Je peux vous garantir, sans aucune hésitation ni aucun doute, que compte tenu des mesures que nous avions prises, nous étions certains de faire la bonne chose. Deux ans plus tard, la vérificatrice générale a eu l'occasion d'examiner cette question, d'émettre des réserves à cet égard et de parler d'erreurs. Du côté du Contrôleur général, on reconnaît à présent que, tout bien pesé, il aurait sans doute été mieux d'opter pour l'autre option mais je peux vous assurer qu'il y a deux ans, quand nous avons pris ces décisions, nous n'avions absolument pas l'intention de tromper le Parlement. Si nous avions conclu autrement, nous aurions pris d'autres mesures pour combler le manque de fonds.
:
Merci, madame la présidente.
Comme je l'ai mentionné un peu plus tôt, cette question est très sérieuse. Quand je suis entré en fonction, j'ai étudié la situation et me suis demandé quels étaient les éléments qui avaient entraîné ces malentendus ou ces différentes prises de position. J'ai établi un diagnostic général de la situation en utilisant des éléments de contrôle qui existaient déjà au sein du gouvernement fédéral. Un certain nombre de mesures ont déjà été adoptées afin de prévenir la répétition de ce genre de situation, où des perspectives différentes ne sont pas portées à l'attention du vérificateur général en temps utile.
Comme je l'ai déjà indiqué à mes collègues du gouvernement et à la vérificatrice générale, dans ce genre de situation, le vérificateur général devrait être appelé immédiatement lorsque des questions de traitements comptables alternatifs sont possibles. Il s'agit d'une pratique que l'on voit régulièrement dans le secteur privé lorsqu'il existe une divergence de points de vue. On appelle alors les vérificateurs externes pour avoir l'heure juste et connaître leur point de vue. On peut être d'accord ou ne pas être d'accord, mais on sait au moins quelles sont les positions en temps utile. Cette procédure a été mise en oeuvre cette année pour certaines transactions importantes. On rend le protocole plus formel afin de demander au vérificateur général de nous transmettre des avis de vérification anticipés lorsqu'il s'agit de transactions un peu complexes et pour lesquelles différents traitements comptables seront possibles.
De plus, nous avons adopté une nouvelle politique sur la vérification qui va mener à la création comités de vérification indépendants pour chacun des ministères importants. Cela va permettre la revue, en temps utile, de ces transactions. En règle générale, ce genre de protocole — que l'on retrouve également dans le secteur privé — fait en sorte que le comité de vérification demandera au directeur principal des finances si certaines transactions auraient pu être enregistrées de façon différente, quelles étaient ces transactions et pourquoi cela a été fait. Le comité de vérification posera les mêmes questions au vérificateur. À ce moment, le débat peut avoir lieu. Nous disposons de deux ou trois ans pour établir les comités de vérification. Ce sera un travail de longue haleine, mais cela constituera un élément important de notre stratégie visant à prévenir la répétition de ce genre de situation.
En outre, nous faisons la revue de toutes les politiques de gestion financière afin de clarifier les rôles et responsabilités pour qu'à l'avenir, lorsque des questions seront posées aux différents responsables des organismes centraux, tout le monde sache quels sont les différents rôles et quelle est l'opinion prépondérante. Comme vous le savez, les sous-ministres sont responsables de la gestion de leur ministère et de leurs états financiers. À l'avenir, le contrôleur général devra aviser le sous-ministre de façon formelle s'il est en désaccord sur le traitement comptable. La responsabilité incombera toujours au sous-ministre. Toutefois, le contrôleur général sera tenu d'aviser formellement le sous-ministre de son opinion, avec copie au secrétaire du Conseil du Trésor.
Également, pour la première fois cette année, au 31 mars 2006, nous avons demandé que tous les ministères et organisations présentent des états financiers de chacun des ministères dans leur rapport d'activités, que vous verrez à l'automne. Ce sera la première fois que cela se fera. Les états financiers ne seront pas vérifiés cette année. Nous accordons un délai jusqu'en 2009 aux 23 plus importants ministères pour leur permettre de s'équiper de façon à ce qu'il soit possible d'avoir l'opinion du vérificateur sur les états financiers. Au bout du compte, je m'attends à ce que les états financiers des plus grandes organisations du gouvernement soient vérifiés indépendamment, ce qui permettra une discussion de ces questions en temps utile.
Finalement, au 31 mars 2006, j'ai demandé à mon collègue d'établir une routine de démarcation pour obtenir de tous les agents financiers supérieurs du gouvernement fédéral une confirmation pour savoir si, au 31 mars 2006, d'autres transactions pourraient être assujetties à des traitements comptables différents alternatifs et nous dire quelles sont les mesures adoptées. Cette information sera partagée avec le vérificateur général au cours des mois de juin et juillet, avant la fermeture des comptes du 31 mars 2006, quand l'information sera reçue.
:
Merci, madame la présidente.
Merci également à Mme Fraser et à tous les fonctionnaires de s'être rendus à notre invitation.
En tant que député récemment élu, je me dis que les députés sont responsables de la façon dont l'argent des contribuables est dépensé. Ce qui me trouble par-dessus tout c'est que, sachant tout l'intérêt que la population et les parlementaires portaient à ce Registre, on ait eu recours à ces astuces comptables pour essayer de cacher ou de ne pas divulguer les véritables coûts, ce qui n'était certainement pas la bonne chose à faire.
Si, dans le cadre d'un programme aussi délicat où l'on aurait pu penser que les gens seraient deux fois plus prudents, on a pu déplacer des sommes aussi importantes que celles-ci, comment peut-on être certains que ce genre de chose ne se produit pas dans de nombreux autres ministères? Je me demande à qui je dois poser cette question, peut-être à Mme Fraser.
:
Merci, madame la présidente.
Je tiens tout d'abord à préciser que je ne veux pas me retrouver en position de défendre une erreur passée, mais je tiens à rappeler à mes collègues, surtout à ceux d'en face, qu'ils siègent maintenant au gouvernement et qu'ils vont devoir assumer la responsabilité des vérifications à venir. Je les mets en garde : veillez à ne pas trop tomber dans le mélodrame et à pondérer vos commentaires. Je me demande si vous êtes conscient de cela, mais je peux vous dire que notre autre côté, nous trouvons qu'il vaut la peine de se le rappeler.
J'en reviens à vous, monsieur Baker. Je sais qu'il appartient au gouvernement de décider, mais d'après ce que vous savez de la situation ou du genre de décision prise — je sais, par exemple, que la gestion a maintenant été confiée à la GRC — comment s'annonce l'avenir du système, que va devenir le centre de Miramichi et le personnel, de même que les procédures qui ont été mises en place et tout l'investissement qui a été fait dans le matériel et les bases de données? Quel avenir réserve-t-on à tout cela?
Je me propose de revenir sur ma troisième question qui s'adresse à M. Antoine St-Jean.
Force est de constater que des sommes ont été dépensées sans l'autorisation du Parlement. Le Parlement a été trompé. Ce serait une fraude si nous étions dans un contexte différent de celui du Parlement. Il s'agit de dépenses qui ont été camouflées. Deux choses me préoccupent.
D'abord, je suis ravi de voir que vous avez mis en oeuvre les méthodes comptables et des contrôles qui nous garantirons que cela ne se reproduira plus. Vous en avez parlé en partie dans vos réponses précédentes. Si possible, j'aimerais que votre comité reçoive une copie écrite des réponses que vous avez données à ce propos afin que nous puissions ultérieurement nous y appuyer aux fins d'évaluation et éventuellement nous assurer que nous pourrons trouver une solution si cela devait malheureusement se reproduire dans l'avenir. Voilà pour la première chose.
Deuxièmement, je voulais savoir qui, en fin de compte, est responsable? M. Bonin a posé une excellente question à ce sujet. Nous avons déjà traité de comptes publics dans le passé. S'agit-il d'une responsabilité ministérielle? S'agit-il d'une responsabilité sous-ministérielle et quelle est alors la responsabilité du ministre? La responsabilité vous incombe-t-elle à vous? De mauvaises décisions ont été prises. Des décisions inappropriées, à la limite de la légalité, ont été prises. Qui doit-on en blâmer?
:
Merci beaucoup, monsieur le député, pour ces questions.
Le plan d'action dont Mme St-Hilaire a parlé fait partie de la réponse au rapport de la vérificatrice. C'est aux pages 22 et 23 et la cinquième est en cours de mise en oeuvre. Voilà donc certaines des mesures que nous sommes en train de mettre en place.
Pour ce qui est de votre deuxième question, la responsabilité des états financiers des ministères continue de reposer sur les épaules des sous-ministres. Cela dit, dans ce cas le sous-ministre a demandé conseil auprès de nombreux autres intervenants et a finalement décidé de ne pas recommander la voie du budget supplémentaire des dépenses. De nombreux conseils différents ont été donnés à cet égard dont certains très techniques qui consistaient à déterminer s'il s'agissait d'un passif, d'une dette, et s'il fallait la comptabiliser dans l'année. Tout ce que je dirai, c'est que nous avons eu affaire à des différences d'opinion sur la façon de traiter cette information comptable.
Ce qui me chagrine un peu, c'est que tout cela aurait dû être porté à l'attention de la vérificatrice générale au moment où la décision a été prise. Je crois que des mécanismes ont été mis en place pour que les choses se fassent désormais ainsi, pour qu'en cas de désaccord important sur des dépenses susceptibles d'avoir des répercussions sur la communication d'informations au Parlement, le dossier soit communiqué à la vérificatrice générale pour obtenir son point de vue. Ainsi, le sous-ministre et le ministre pourront reporter des dépenses mais nous serons au moins au courant à l'époque où ils le feront. Voilà les enseignements que nous avons tirés de tout cela.
:
Merci, madame la présidente.
Madame Fraser, tout à l'heure vous nous avez donné certaines des raisons à ces énormes dépassements de coût. Vous avez parlé de l'opposition à la Loi, du fait que les provinces ont décidé de ne pas participer financièrement au programme et de ce qui a été apparemment d'énormes problèmes administratifs. D'après votre rapport, d'après ce que M. Baker et d'autres ont dit, il semble que si les choses se sont considérablement améliorées, nous n'en sommes pas encore là où l'on devrait être, mais il y a eu beaucoup d'améliorations.
J'ai appuyé les objectifs du contrôle des armes à feu et je constate qu'il y a eu 500 décès de moins dus à des armes à feu entre 1991 et 2003, que le nombre de suicides a diminué, tout comme la violence familiale, mais que les gens veulent avoir la certitude que ce programme est bien administré et qu'il fait ce qu'il est censé faire.
J'estime que c'est un peu comme lorsqu'on fait faire des rénovations à sa maison. Si l'on dépasse de beaucoup le budget, on ne met pas forcément le feu à l'édifice sous prétexte que l'opération a coûté trop cher. De toute évidence, vous disposez maintenant d'un système qui semble mieux fonctionner. Les gens travaillent fort pour gagner leur vie et ils ne veulent pas que leur impôt soit gaspillé.
Ma question rejoint celle qu'a posée M. Albrecht. Nous sommes des élus qui voulons faire en sorte que les choses avancent. Comment pourrions-nous nous assurer qu'il ne sera pas nécessaire d'attendre une vérification de Mme Fraser pour constater les grands problèmes, c'est-à-dire pour être au courant une fois que l'argent aura été dépensé? Comment pourrions-nous en toute confiance, dans le cadre des fonctions dont nous sommes investis, surtout à ce comité des opérations gouvernementales, nous assurer que des systèmes permettront d'éviter la reproduction de tels problèmes dans l'avenir?
:
Eh bien, je vais m'appuyer sur les documents que le gouvernement communique aux parlementaires en vertu de ses responsabilités, surtout sur les documents budgétaires. Dans le cadre du processus budgétaire, chaque ministère et organisme doit soumettre ses rapports sur ses plans et priorités pour l'année à venir et, à la fin de l'année en question, il doit déposer un rapport de rendement. Nous avons vérifié beaucoup de rapports du rendement et de plans et de priorités pour l'ensemble du gouvernement et nous avons constaté que, même si le gouvernement a accompli des progrès au cours des 10 dernières années, il lui reste encore beaucoup à faire.
Deux ou trois grand défis qui demeurent. D'abord, dans le monde dans lequel nous travaillons et évoluons, il est rare de trouver un rapport de rendement ministériel expliquant vraiment tous les défis, toutes les difficultés et tous les problèmes rencontrés. On peut, je pense, en comprendre la raison.
Deuxièmement, il faut bien reconnaître que les parlementaires n'accordent pas une grande attention à ces documents ni au processus budgétaire bien qu'il s'agisse d'une fonction essentielle de notre système parlementaire. Si les ministères et les parlementaires faisaient preuve de plus d'ouverture, s'ils avaient des discussions franches et honnêtes au sujet des problèmes de gestion rencontrés et des réalités qui sont celles des ministères, je pense que les parlementaires comprendraient mieux ce genre de chose et qu'ils pourraient mieux juger les décisions prises à propos des politiques.
Les outils existent, mais il faut les améliorer et les utiliser.
:
Merci, madame la présidente.
Je vais reprendre au vol la suggestion de Mme Nash. Elle a dit que, quand on rénove une maison, on ne la rase pas après avoir constaté qu'on a dépassé les coûts prévus. Comme j'étais entrepreneur avant d'être député, je sais que ce sont des choses qui arrivent et je ne vais donc pas suggérer qu'il faut démolir les maisons dans ce cas. En revanche, si le puits de lumière qu'on a installé sur le rebord du toit ou dans une vallée fuit en permanence, il faut bien prendre des mesures et retirer ce puits de lumière parce qu'il a été installé là où il ne fallait pas. Il faut prendre les mesures qui s'imposent.
J'entretiens des doutes au sujet de l'efficacité du programme. On nous dit que les informations contenues dans le Registre ne sont pas tout à fait exactes et que les lettres renvoyées sont indicatives de graves problèmes. Dans notre bureau, nous avions de bonnes adresses datant de l'époque des élections et malgré ça 25 lettres sur 500 nous sont revenues. Il a fallu un jour et demi à mon personnel pour retracer les destinataires de ces lettres.
Ce que je crains, c'est qu'une base de données en constante évolution ne devienne de plus en plus imprécise avec le temps et que les coûts ne cessent d'augmenter en flèche. Va-t-on prendre des mesures ou existe-t-il des dispositions pour que l'on ait une idée des coûts que représentera la tenue à jour du Registre? Voilà pour ma première question.
:
Il est vrai que des armes à feu n'ont pas été enregistrées, tout comme des gens conduisent sans permis de conduire et que d'autres ne paient pas leurs impôts, ce qui me désole. Nous ne connaissons pas l'étendue du problème. Certains se sont risqués à avancer des chiffres, mais très honnêtement je ne pense pas que qui ce soit sache vraiment ce dont il retourne.
Dans le passé, nous avons essayé de faire savoir à tous ceux qui n'avaient pas encore enregistré leurs armes à feu, qu'il était encore temps de le faire. L'échéance fixée était écoulée depuis quatre ans. Le Centre des armes à feu continue d'accepter des inscriptions sans poser de question parce qu'en fin de compte ce qui est important c'est que les noms des détenteurs apparaissent dans le système, qu'ils aient des permis et qu'ils se soient pliés aux exigences de la Loi. Nous essayons de travailler dans ce sens.
Je dois également signaler que le ministre Day a récemment annoncé une amnistie. Si des gens ont craint d'être délinquants pour ne pas avoir enregistré leurs armes à feu et que cela les a empêché de se signaler ou d'obtenir leur permis, il est possible que cette annonce les incite à se conformer à la Loi.
Nous essayons de faire en sorte que le système soit réceptif et d'instaurer les conditions nécessaires pour que les gens ne craignent pas de se conformer aux exigences établies afin que ce système soit le plus efficace possible. Nous avons renforcé les services en ligne. Ils sont plus rapides. On peut maintenant gratuitement enregistrer une arme à feu et il n'en coûte rien pour renouveler son permis. Tout cela devrait contribuer à améliorer la réponse de la population.
Ma prochaine question est la suivante. J'aimerais que nous mettions les pendules à l'heure. J'ai demandé s'il s'agit d'un système simple ou complexe. J'ai posé cette question parce qu'avant d'être députée, j'ai travaillé sur un système dont le ministre du Conseil du Trésor avait dit qu'il coûterait 5 millions de dollars. Il est ensuite passé à un milliard de dollars et il ne fonctionne toujours pas. C'est un système d'examen de l'aide sociale et c'est un véritable gaspillage.
Quoi qu'il en soit, je ne veux rien détruire, je ne veux pas démanteler le système. Voyons donc les choses point par point. D'abord, nous avons créé un système qui, de toute évidence, est utilisé par la police. Le chef de police de Toronto et d'autres ont effectivement déclaré qu'ils l'utilisaient.
Pour en revenir à la recommandation de la vérificatrice générale, monsieur Baker, il se trouve que le ministère a accepté de mettre ces recommandations en oeuvre. Selon vous, quels freins et contre-poids ont été mis en place dans le cas du Registre des armes à feu pour éviter cela?
Mon autre question est la suivante. Comme vous êtes maintenant directeur de l'exploitation de l'ARC, et que l'ARC est en train de se doter d'un système, quels enseignements allez-vous retenir de cette expérience?
:
Eh bien, je dirai deux choses. D'abord, pour ce qui est des coûts, je pense que la vérificatrice générale, Sheila Fraser, a confirmé que les coûts communiqués au Parlement sont exacts. Le Centre des armes à feu Canada — relevant maintenant de la GRC — dispose d'un système qui permet de suivre et d'affecter les dépenses avec précision. C'est donc sans hésitation que je peux affirmer à la députée qu'elle peut se fier sur les rapports communiqués au Parlement.
Pour ce qui est de l'efficacité et du reste, nous sommes en train d'élaborer des systèmes à cet égard dans toute la mesure du possible. Dans le cas d'un registre comme celui des armes à feu, nous avons affaire à un phénomène social très complexe quant à l'évaluation des répercussions. Nous avons constaté, à l'examen du rapport de la vérificatrice générale, qu'il faudra un certain temps avant que ce programme parvienne suffisamment à maturation pour retenir les services d'un spécialiste qui sera chargé d'en déterminer l'impact global.
Quant aux différents systèmes, que ce soit celui du Centre des armes à feu Canada, de l'Agence du revenu du Canada ou d'autres, comme dans les provinces, les municipalités ou le fédéral, force est de constater que des gros systèmes ont coûté beaucoup plus que ce qui avait été prévu et que nous pourrons sans doute continuer de nous inspirer de ce qui s'est fait ailleurs pour déterminer le genre de contrôles à mettre en place.
En réponse à la question de M. Wallace, il s'agissait de 80 millions de dollars récupérables en 14 ans sous la forme des droits encaissés. C'est comme cela que tout a commencé.
Nous parlons d'examen et de budget des dépenses. Ces documents — et nous en recevons beaucoup — sont produits par des comptables. Moi, j'engage un comptable pour faire mes impôts, parce que je trouve cela trop compliqué. Je n'ai pas la patience de m'y attarder et je trouve ça trop compliqué. Nous avons besoin de plus d'informations. La vérificatrice générale nous dit que les comités n'investissent pas tout le temps qu'il faudrait dans ce genre de chose. Eh bien, elle a sûrement raison. Je ne vais certainement pas me plonger dans ce genre d'ouvrage et si qui que ce soit autour de cette table prétend le contraire, j'affimerai qu'il a du temps à perdre.
Nous avons donc besoin d'informations et je vais demander à M. Sims, sous-ministre, de veiller à ce que son ministère nous remette ces renseignements. Il y en a qui parlent d'un gaspillage d'un milliard de dollars. Moi, j'essaie de répondre à mes électeurs et de leur expliquer ce qui se passe, mais je n'ai pas les données qu'il me faut. Vous les avez enfouies quelque part.
Avez-vous chiffré les retards? Avez-vous chiffré le coût des procédures judiciaires lancées par les provinces? Avez-vous chiffré le coût des droits qui auraient dû être exigés, mais qui ont été supprimés? Chaque transfert d'arme à feu aurait dû coûter 25 $. Or, maintenant, c'est gratuit. A-t-on chiffré cela?
Et puis, il y a les heures supplémentaires. Les clubs qui ont invité leurs membres à ne pas enregistrer leurs armes avant le 31 décembre ont provoqué un encombrement et un blocage informatique qui a nécessité énormément d'heures supplémentaires. Et puis, il y a tout le reste — la publicité, les autres campagnes publicitaires... J'aimerais qu'on nous remette une fiche indiquant ce genre de coûts, fiche qui pourrait montrer qu'on ne parle pas d'un milliard de dollars, mais de 200 millions de dollars. C'est encore beaucoup, mais ce n'est certainement pas aussi grave qu'un milliard.
Vous voyez, madame la vérificatrice générale, madame Fraser, si nous ne consacrons pas autant de temps à étudier ces chiffres, c'est qu'ils sont sacrément — et je pèse mes mots — trop compliqués. Nous ne sommes que des néophytes. Il y a des politiciens qui aiment avoir des gens qui croient tout savoir, mais pas moi et j'ai besoin de me faire aider. Si vous ne me fournissez pas l'information nécessaire, nous nous représenterons ici pour critiquer ceux qui nous auront remis des informations vagues.
Je vous remercie.
:
En ce qui concerne ma motion, je voulais dire ce qui suit.
Quelqu'un a demandé ce qu'étaient deux jours. Or, on devait débattre de ma motion lors d'une réunion, mais j'ai préféré qu'on consacre ce temps à la motion de Mme Nash. Puis, d'un commun accord, la réunion du 18 mai a été annulée. Maintenant, je me dis qu'à ce rythme, on n'aura toujours pas voté au mois d'août. Je propose donc la motion suivante:
Que le Comité demande au gouvernement de proclamer immédiatement la Loi prévoyant un mécanisme de dénonciation des actes répréhensibles et de protection de dénonciateurs dans le secteur public.
Même si le projet de loi C-2 amende la loi, il faudra bien qu'elle soit proclamée à un moment donné, et ce, malgré le fait que le gouvernement semble vouloir procéder par le biais d'un genre d'offre globale. Cette proclamation est importante dans la mesure où tous les partis ont travaillé très fort en 2005, de façon non partisane, afin qu'une loi acceptable — et je ne parle pas ici d'une loi parfaite — assure une protection aux divulgateurs.
À l'heure actuelle, plus de 86 000 fonctionnaires ne sont pas protégés. Les personnes syndiquées dans le cadre de l'Alliance de la fonction publique le sont, mais celles dont la syndicalisation relève d'autres syndicats ne le sont pas. Que 86 000 personnes ne soient toujours pas protégées contre d'éventuelles représailles n'est quand même pas un fait négligeable.
Enfin, en ce qui a trait à l'application de son plan relatif à la responsabilité, le gouvernement dit vouloir agir avec célérité. À mon avis, une partie très importante de ce plan a trait à la protection des divulgateurs et divulgatrices. Or, nous avons l'occasion de voir dès maintenant à protéger ces gens. Comme je l'ai dit plus tôt, nous avons travaillé sérieusement l'an passé. Je suis convaincue qu'en faisant preuve du même sérieux, nous pouvons aujourd'hui prendre une décision et recommander au gouvernement de proclamer immédiatement cette loi. Nous affirmons, avec raison, avoir pour ces personnes le plus grand respect. Il faut donc les protéger contre d'éventuelles représailles.