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Pour situer le contexte, je mentionnerai que le bureau du vérificateur général de l’Ontario a un effectif d’une centaine de personnes, dont 85 professionnels. Notre effectif est rarement complet à cause de la pénurie de comptables.
Je voudrais préciser que nous ne faisons aucun commentaire sur la politique du gouvernement. Nous ne participons en aucune façon à l’élaboration des prévisions budgétaires et du budget des dépenses. Nous formulerons peut-être une observation le cas échéant, mais, d’une façon générale, le gouvernement ne discute avec nous ni du budget ni des prévisions budgétaires. Ce sont des documents stratégiques.
Le bureau du vérificateur général de l’Ontario ne fait pas de la vérification à proprement parler. L’essentiel de notre travail ne consiste pas à faire de la comptabilité et de la vérification financière. Nous avons un Comité permanent des comptes publics qui est très actif et tient une trentaine de réunions par an. Les membres du comité m’ont dit que, contrairement à votre comité, ils ne s’intéressent pas du tout à la vérification des états financiers et à la comptabilité d’exercice. Ils veulent nous voir concentrer nos efforts sur la vérification du rendement ou vérification de l’optimisation des ressources. Nous passons notre temps à examiner l’environnement, l’eau potable, les hôpitaux, les universités, les garderies, la construction de routes et le déneigement. C’est à cela que nous consacrons 75 p. 100 de notre temps. Nous passons les 25 p. 100 restants à nous occuper de la comptabilité financière dont nous parlons aujourd’hui.
Notre mandat a récemment été élargi pour nous permettre de vérifier le rendement des hôpitaux, des universités, des sociétés d’aide à l’enfance, etc. qui représentent environ 50 p. 100 des dépenses provinciales totales de 84 milliards de dollars. Sur ce montant, 45 ou 50 milliards vont aux subventions.
Nous avons une autre fonction qui fera sans doute sourire les députés du gouvernement. Le vérificateur général de l’Ontario doit approuver au préalable chaque annonce que fait passer le gouvernement de l’Ontario. Nous devons approuver toute la publicité. C’est évidemment un changement pour un service de vérification. Il s’agit d’une nouvelle exigence qui date d’environ deux ans. Pour nous, c’est bien sûr un tout nouveau domaine.
Nous aurons également à examiner pour la première fois le rapport préélectoral que le gouvernement doit produire. L’Ontario a maintenant des élections à date fixe. Nous aurons donc à nous prononcer sur le caractère raisonnable de ce rapport, qui sera en quelque sorte un compte rendu sur l’état de la nation.
Je passe maintenant à la question dont nous devons discuter aujourd’hui. Je crois comprendre que le comité doit se prononcer sur la recommandation de la vérificatrice générale concernant l’adoption de la comptabilité d’exercice dans le budget des dépenses et les crédits.
Dans la diapositive suivante, j’ai essayé de résumer ma façon de voir les choses. Comme vous pouvez le constater, je crois que vous avez, au niveau fédéral, un mélange de comptabilité de caisse et d’exercice.
En Ontario, le principal indicateur de responsabilité financière serait certainement l’excédent ou le déficit budgétaire. Lorsque le public s’interroge sur la façon dont le gouvernement a géré les finances de la province, il s’intéresse surtout à la mesure dans laquelle les résultats financiers sont proches de l’excédent ou du déficit prévu. Cela se fait sur une base de comptabilité d’exercice. Toutefois, dans les prévisions budgétaires et les lois de crédits, vos ministères utilisent la comptabilité de caisse, qui est différente. Lorsque j’ai examiné le rapprochement, je dois dire que, même pour un comptable, c’est vraiment très difficile. Peut-être ne suis-je pas un très bon comptable, mais ce document n’est vraiment pas facile à suivre.
En Ontario, nous avons adopté la comptabilité d’exercice intégrale. Nous regroupons en outre un certain nombre de sociétés d’État. Nos ministères ont aussi maintenant la comptabilité d’exercice intégrale, qui est également appliquée dans notre budget des dépenses et nos lois de crédits. Nous avons donc emprunté cette voie.
La diapositive suivante vous donne une idée de la chronologie des événements. Pourquoi l’Ontario a-t-il décidé d’emprunter cette voie? Comme vous pouvez le voir, nos états financiers sont présentés en comptabilité d’exercice depuis plus de 10 ans. Notre budget est également en comptabilité d’exercice. Cela est très important parce que le principal indicateur de responsabilité, lorsqu’on déclare un excédent ou un déficit, est de voir dans quelle mesure les résultats réels correspondent aux prévisions budgétaires. Avons-nous réussi à faire ce que nous avions prévu? Il est donc important de pouvoir comparer des pommes à des pommes. Je crois que c’est également le cas au niveau fédéral. Le problème, c’est que le budget des dépenses, les lois de crédits et la comptabilité ministérielle sur lesquels tout cela se base sont présentés selon une méthode différente.
Comme vous pouvez le voir, près de 90 p. 100 des immobilisations sont maintenant comprises dans les états financiers. Bruce doit vous en parler. Nos lois de crédits et notre budget des dépenses sont en comptabilité d’exercice intégrale.
Nos ministères aussi ont adopté la comptabilité d’exercice, mais cela se fait progressivement sur une période d’environ trois ans parce que c’est une opération difficile. Nous avons dû mettre en place, à l’échelle de l’administration provinciale, un système de comptabilité financière pouvant permettre l’utilisation de la comptabilité d’exercice d’une façon uniforme dans 25 ministères. Nous avons un système intégré Oracle de gestion financière, qui nous a coûté assez cher. En tenant compte de tous les frais, il faut compter plus de 150 millions de dollars, peut-être 200 millions, pour mettre en place un système de ce genre, mais il nous donne sûrement une information de bien meilleure qualité pour la prise de décision.
Passons maintenant à la diapositive 7. Nous avons eu en Ontario deux commissions indépendantes de révision financière composées principalement d’experts de l’extérieur, qui n’étaient pas tous comptables. Les commissions ont essentiellement recommandé au gouvernement d’adopter la comptabilité d’exercice intégrale dans toutes ses opérations. Le bureau du vérificateur général a appuyé ces recommandations. Je crois que les gouvernements d’alors avaient pris très au sérieux les recommandations des consultants.
La diapositive 8 et la suivante vous donnent une idée de la façon dont nous présentons les choses. Dans le budget provincial, vous verrez que l’éducation représente environ 12 milliards de dollars selon la comptabilité d’exercice. Le chiffre est réparti entre trois secteurs.
Pour le budget des dépenses ou les lois de crédits, à la diapositive suivante, je voulais simplement montrer que, même si tout est présenté en comptabilité d’exercice, nous devons toujours comparer des pommes à des pommes. Comme le montre la diapositive 9, nous avons quand même besoin d’un rapprochement. Je dois admettre que tout n’est pas encore clair comme de l’eau de roche. Les chiffres sont plus clairs qu’auparavant, mais il faut quand même faire un rapprochement parce qu’il y a des redressements de consolidation et différentes autres choses à inclure. Comme le sous-ministre des Finances l’a dit, la comptabilité d’exercice n’est pas très intuitive pour le profane. Par conséquent, même si vous passez à la comptabilité d’exercice intégrale, vous aurez toujours besoin de rapprochements pour faire le lien.
Passons maintenant à la diapositive 10. Je vais peut-être exprimer une opinion personnelle, mais j’ai toujours pensé que le principal objet de la comptabilité... Les états financiers sont bien sûrs importants, mais en bout de ligne, le principal objet de la comptabilité, pour moi, est de fournir une bonne information pour que les décideurs puissent prendre de bonnes décisions. Dans une certaine mesure, les gens, au niveau ministériel, agissent en fonction du budget qui représente le but ultime quant à la qualité de la gestion financière que nous avons faite au nom des Ontariens. Le budget ainsi que l’excédent ou le déficit correspondant sont présentés en comptabilité d’exercice, tandis que la comptabilité interne se fait en comptabilité de caisse. Je crois que cela comporte certains risques. Faut-il fonder les décisions internes sur la première ou sur la seconde? Je pense que cela peut occasionner des difficultés. Je le mentionne dans la diapositive 11.
J’ai trouvé difficile d’exprimer cela, mais j’ai dit que la comptabilité d’exercice intégrale réduit la capacité de gérer les chiffres par rapport à la comptabilité de caisse. Mes collègues répondront à vos questions à ce sujet.
J’ajoute qu’en comptabilité de caisse, le plein coût des décisions n’est pas toujours pris en considération, bien que j’aie cru comprendre qu’une conversion se fait parce que le budget est présenté selon la comptabilité d’exercice lorsque les demandes sont présentées au Cabinet, même si les comptes ministériels se basent encore sur la comptabilité de caisse. Les deux formules sont présentes, mais le Cabinet prend ses décisions sur la base de la comptabilité d’exercice. Les chiffres internes des ministères sont établis selon la comptabilité de caisse, et il faut donc s’assurer de tenir compte des éléments de comptabilité d’exercice...
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Merci, madame la présidente.
Avant de poursuivre l’exposé de Jim, je voudrais d’abord vous remercier de m’avoir donné l’occasion de me présenter devant le comité pour vous faire part de notre expérience en matière de comptabilité d’exercice.
Je m’appelle Bruce Bennett. Je suis le contrôleur provincial par intérim au Conseil du Trésor du ministère des Finances de l’Ontario. Notre bureau est chargé d’établir le budget des dépenses que le gouvernement présente au comité parlementaire compétent. Nous avons également la responsabilité de nous assurer, au nom de l’Assemblée législative, qu’aucune dépense ne dépasse les prévisions budgétaires.
Ainsi, contrairement au bureau de Jim, nous nous occupons beaucoup de la politique comptable du gouvernement en vue de la présentation du budget des dépenses au comité législatif.
J’aimerais vous faire part de notre expérience, en Ontario, en ce qui a trait à l’adoption de la comptabilité d’exercice dans les budgets et les prévisions budgétaires des différents ministères de la province.
Donnant suite aux recommandations formulées par le Conseil sur la comptabilité dans le secteur public de l’Institut des comptables agréés du Canada et aux directives du gouvernement d’alors, l’Ontario a adopté la méthode de la comptabilité d’exercice pour l’établissement des états financiers condensés liés aux comptes publics à compter de l’exercice 1993-1994. Cette méthode a également été adoptée pour le budget de l’Ontario à partir de 1995-1996.
La province a franchi une étape de plus en 2002 et 2003 lorsqu’elle a appliqué pour la première fois ce qu’on appelle la comptabilité d’exercice intégrale dans le budget provincial et les états financiers condensés, c’est-à-dire que les éléments d’actif que représentent les terrains, les immeubles et les infrastructures de transport ont été inclus dans les dépenses de la province, sur une base d’amortissement.
Toutefois, même si les comptes et les budgets condensés de la province étaient établis selon la méthode de la comptabilité d’exercice depuis 1993-1994, les budgets des ministères ontariens ainsi que les budgets des dépenses présentés à l’Assemblée législative pour approbation ont continué d’être préparés selon la méthode de la comptabilité de caisse modifiée jusqu’à l’exercice 2003-2004. Je crois que c’est un peu la même chose au niveau fédéral. Pendant cet intervalle de près de dix ans, deux commissions ontariennes indépendantes de révision des pratiques financières, de même que le bureau du vérificateur général de l’Ontario, ont recommandé à la province l’adoption de la comptabilité d’exercice pour l’établissement des états financiers et des prévisions budgétaires des différents ministères, comme cela se faisait déjà dans le cas des états financiers condensés.
Le ministère des Finances s’est déclaré en faveur d’une telle conversion, mais il estimait que la mise en œuvre devait attendre que la province se soit dotée des systèmes financiers nécessaires à la gestion de la comptabilité d’exercice. Cette étape a été franchie après la mise en œuvre, échelonnée sur deux ans à partir de 2002, d’un nouveau système intégré de gestion de l’information financière.
En juin 2002, l’Assemblée législative a adopté une loi imposant aux ministères de lui présenter tous leurs budgets des dépenses selon la méthode de la comptabilité d’exercice à partir de 2003-2004.
Il a fallu toutefois apporter des modifications à quatre lois appliquées par l’administration centrale, qui constituent le cadre législatif des pratiques financières de la province. La modification la plus importante visait à introduire la notion de « dépense » dans la Loi sur l’administration financière. La définition adoptée est assez simple : une dépense est le paiement d’une somme d’argent par le Trésor ou le fait, pour la province, d’engager des frais hors caisse.
Les modifications adoptées exigent des ministères qu’ils fassent état, dans leurs prévisions budgétaires, de l’ensemble des dépenses en trésorerie et des dépenses hors caisse qu’ils entendent engager au cours de chaque exercice. De plus, les modifications permettent au Trésor d’effectuer à tout moment le paiement relatif à des dépenses qui ont fait l’objet d’une affectation et ont été engagées au cours d’un exercice donné. Autrement dit, une fois que l’Assemblée législative a approuvé le budget des dépenses, les dépenses non payées dans une année peuvent légalement être payées l’année suivante si elles ont été déclarées selon la comptabilité d’exercice et ont fait l’objet d’une approbation législative.
Un des règlements associés à la Loi sur l’administration financière – je m’excuse, mais je voudrais vous donner quelques détails à ce stade pour que vous ayez une idée de la complexité de la comptabilité d’exercice – établit six catégories de dépenses hors caisse.
Trois de ces catégories sont considérées comme des crédits législatifs. De ce fait, les ministères n’ont pas à faire voter des crédits pour engager ces dépenses. En Ontario, il en est de même pour les intérêts, qui sont considérés comme des crédits législatifs ne nécessitant pas un vote.
Ces catégories sont l’amortissement d’une immobilisation, une perte exceptionnelle liée à une immobilisation et une créance irrécouvrable liée à des prêts ou à des débiteurs.
Toutes les dépenses provinciales découlant de ces éléments ont déjà été approuvées par l’Assemblée législative sous la forme d’une affectation de crédits. Les dépenses hors caisse ultérieures engagées en raison de l’amortissement ou de la moins-value de ces éléments sont considérées comme des dépenses obligatoires. Autrement dit, le comité législatif n’a pas vraiment à prendre de décisions à leur égard.
Par exemple, l’acquisition ou la construction d’une immobilisation devant faire l’objet d’un amortissement ou d’une moins-value sur sa durée de vie utile nécessite une autorisation législative. L’incendie d’un bâtiment constitue un bon exemple d’une perte exceptionnelle. Dans un tel cas, cependant, une autorisation législative est nécessaire pour la reconstruction du bâtiment, parce qu’il s’agirait d’une dépense en trésorerie.
Étant donné l’envergure des portefeuilles de prêts et de débiteurs, il est inévitable qu’une certaine proportion de ces sommes soit irrécouvrable. En vertu des normes relatives à la comptabilité d’exercice, une provision pour les créances irrécouvrables doit être établie chaque année pour tenir compte de la perte de valeur estimative liée à ces éléments. Généralement, l’estimation de la provision pour créances irrécouvrables est fondée sur 1’historique de recouvrement. L’Assemblée législative n’a pas beaucoup de latitude à cet égard.
Bien que ces catégories de dépenses hors caisse ne fassent pas l’objet d’un vote de l’Assemblée législative, les estimations liées à ces crédits législatifs doivent figurer dans le budget des dépenses du ministère en cause lors de sa présentation à l’Assemblée.
Les trois autres catégories de dépenses hors caisse sont définies comme des dépenses discrétionnaires. Ainsi, une autorisation législative est nécessaire avant d’engager ces dépenses. Elles comprennent certaines charges à payer hors caisse telles que les intérêts théoriques afférents à des prêts consentis à des taux d’intérêt inférieurs à ceux du marché, les pertes constatées à la cession ou à l’échange d’une immobilisation en deçà de sa valeur comptable nette, de même que la fourniture d’un bien ou la prestation d’un service dans un exercice ultérieur, mais dont les charges ont été payées d’avance.
Les deux premiers exemples sont, je crois, parfaitement explicites. Le troisième fait intervenir un concept un peu plus difficile.
Il découle essentiellement de certains programmes de paiements de transferts conditionnels dans le cadre desquels des versements périodiques sont effectués pour le compte d’organisations en fonction des flux de trésorerie estimatifs, quand il s’avère ultérieurement qu’il y a eu un trop-payé.
Ces trop-payés, qui constituent des dépenses en trésorerie, sont classés au titre des charges payées d’avance dans l’exercice où ils ont été engagés. Dans la plupart des cas, ils sont utilisés pour réduire les charges d’exercices subséquents. Autrement dit, dans l’année suivante, les déboursés réels sont moindres parce qu’on tient compte du trop-payé de l’exercice précédent. L’élément de dépense hors caisse de l’exercice ultérieur nécessite une approbation législative.
Une autre modification a été faite en vue de permettre le transfert de fonds, en vertu d’un décret du Conseil du Trésor, entre deux éléments ayant fait l’objet d’une affectation de crédits officielle entre la fin de l’exercice et la date de clôture des livres, laquelle survient généralement peu de temps avant que les états financiers de la province soient déposés devant l’Assemblée législative.
Cette modification ne change en rien l’autorité générale d’engager des dépenses conférée par l’Assemblée, mais permet de faire des écritures de régularisation en fin d’exercice au moment de la fermeture et de la vérification des comptes publics.
Si ces écritures de régularisation donnent lieu à des dépenses excédant l’affectation de crédits approuvée par l’Assemblée législative pour un exercice donné, une approbation législative doit être obtenue à l’égard de chacun des montants excédentaires.
Par ailleurs, un changement non récurrent a été rendu nécessaire pour l’exercice dans lequel la comptabilité d’exercice a été adoptée. En effet, dans le cadre de la transition à cette méthode pour les budgets des dépenses, il a fallu obtenir l’autorisation de verser un paiement unique relativement aux passifs non réglés à la fin de l’exercice terminé le 31 mars 2003 et constatés dans les états financiers vérifiés de la province. Cette autorisation était nécessaire du fait qu’aucune autorité permettant de régler ces passifs n’avait été prévue ni dans les affectations de crédits découlant de la méthode de comptabilité de caisse modifiée ni dans celles de l’année suivante qui étaient basées sur la comptabilité d’exercice.
Ainsi, la Loi sur l’administration financière a été modifiée de manière à permettre le paiement éventuel de ces passifs, qui étaient constitués de créditeurs courants, de prestations de retraite et d’autres passifs.
Pour appliquer la méthode de la comptabilité d’exercice, il a fallu modifier le contenu et la présentation du budget des dépenses de la province afin d’y inclure deux nouveaux postes, soit l’actif de fonctionnement et l’actif d’immobilisations, en plus des postes existants relatifs aux charges de fonctionnement et d’immobilisations. L’affectation de crédits liée à l’actif de fonctionnement a été créée afin de permettre la constatation des dépôts et des charges payées d’avance, des avances et des sommes recouvrables, de même que des prêts et des placements liés aux programmes de chaque ministère.
Pour illustrer la méthode de présentation des prévisions liées à l’actif de fonctionnement, j’ai joint en annexe des exemples de budget des dépenses du ministère de la Santé et des Soins de longue durée. Je vous en parlerai dans quelques instants. Il y a aussi un exemple de budget des dépenses du ministère des Transports qui illustre la catégorie de l’actif d’immobilisations.
Il y a lieu de noter, comme Jim l’a signalé, que l’Ontario ne capitalise actuellement dans ses états financiers condensés que les terrains, les immeubles et les infrastructures de transport, qui représentent environ 90 p. 100 des immobilisations corporelles de la province. L’Ontario compte capitaliser ses autres catégories d’actif à compter de 2008-2009.
En résumé, l’Ontario a mis en œuvre la comptabilité d’exercice de manière à assurer que l’Assemblée législative continue de recevoir tous les renseignements qu’elle recevait auparavant sur les charges de fonctionnement et les dépenses en immobilisations engagées, et qu’elle obtienne en plus des renseignements sur les dépenses hors caisse. Les dépenses découlant des actifs de fonctionnement et des immobilisations, qui étaient antérieurement comptabilisées au titre des charges de fonctionnement et des dépenses en immobilisations, sont maintenant présentées à part. Cette modification de la présentation des budgets des dépenses assure une plus grande transparence pour l’Assemblée législative quand vient le temps d’approuver les affectations de crédit.
Bref, qu’est-ce que tout cela signifie? La transition vers la comptabilité d’exercice pour l’établissement des budgets des dépenses de la province a donné lieu à un certain nombre d’avantages. Le plus important réside dans la possibilité de mieux évaluer les dépenses liées aux programmes. De plus, on dispose d’une meilleure base pour comparer les dépenses liées aux programmes d’un exercice à l’autre. Autrement dit, le moment où un paiement est effectué est moins important que celui où la dépense correspondante a été engagée.
La nouvelle méthode assure une meilleure base pour le contrôle tant législatif qu’administratif des dépenses provinciales. Comme Jim l’a mentionné, elle élimine la confusion découlant du maintien de deux méthodes de comptabilité différentes pour les budgets des dépenses et les états financiers condensés de la province.
Je voudrais maintenant passer brièvement aux exemples qui, je crois, sont plus faciles à suivre que ce que je viens de dire au sujet du budget des dépenses. Le premier que j’ai ici – j’espère que c’est aussi le premier que vous avez – est celui du ministère des Transports de l’Ontario. Comme vous pouvez le voir, il y a une comparaison avec les prévisions de l’année précédente ainsi qu’avec les chiffres réels de l’année antérieure.
Nous avons ici quatre catégories de base, dont l’une est celle des charges de fonctionnement. Comme vous pouvez le voir, les affectations législatives sont énumérées, y compris les créances irrécouvrables, qui représentent un crédit législatif, ce qui explique le « L » placé en regard.
Le montant inscrit de 1 000 $ est symbolique. Il permet simplement de faire une inscription dans ce compte particulier. Le ministère n’avait aucune estimation de ses créances irrécouvrables et a donc inscrit ce montant pour couvrir la possibilité qu’il y en ait une en fin d’exercice, qui serait alors déclarée à l’Assemblée législative l’année suivante.
La catégorie suivante est celle de l’actif de fonctionnement. Comme vous pouvez le voir, les chiffres inscrits sont encore une fois symboliques parce que le ministère n’avait pas d’actif de fonctionnement à déclarer.
On peut cependant voir des chiffres beaucoup plus importants dans la catégorie des charges d’immobilisations. Celles-ci comprennent deux postes. Le premier, génie des transports et construction, est lié à la planification des routes de l’Ontario, aux études et aux travaux de même nature qui ne se rattachent pas à la construction de projets précis. Ces dépenses ne répondent pas aux normes de capitalisation du CCSP, mais elles font partie de notre programme d’immobilisations et continuent donc d’être présentées comme charges d’immobilisations.
La catégorie suivante, au-dessous, est celle de l’actif d’immobilisations. Ce sont les grands éléments d’actif de la province, qui augmentent durant l’année, ce qui s’ajoute aux immobilisations capitalisées dans l’année.
Les pages suivantes donnent plus de détails sur les dépenses salariales et les avantages sociaux dans chacune de ces catégories. Comme vous pouvez le voir, nous présentons l’évolution des immobilisations durant l’année, puis leur mouvement dans la catégorie de l’actif d’immobilisations. Vous pouvez passer un certain temps à regarder ces chiffres. Nous essayons d’être transparents en montrant l’évolution des dépenses dans les comptes et leur inscription dans l’actif.
Je passe maintenant à l’exemple du ministère de la Santé. Encore une fois, c’est une illustration assez détaillée de l’actif de fonctionnement. Dans le cas du ministère de la Santé, vous pouvez voir que les postes de l’actif de fonctionnement contiennent des chiffres assez élevés. À cause de la nature des programmes du ministère et des avances en fin d’exercice, une partie de l’argent n’est pas dépensée. Toutefois, comme il s’agit de dépenses en trésorerie prélevées sur le Trésor, elles doivent quand même être approuvées par l’Assemblée législative. Cela donne une idée des montants accordés d’avance aux différents organismes au cours de l’année. C’est le principal élément de l’actif de fonctionnement.
Nous passons ensuite aux charges de fonctionnement de l’exercice. Une fois de plus, dans ce cas, il n’y a pas d’actif d’immobilisations.
Pour le moment, l’Ontario n’a pas une ventilation détaillée des éléments d’actif qu’il possède. De ce fait, les principaux ministères touchés par la déclaration de l’actif d’immobilisations sont le ministère des Transports et le ministère du Développement du Nord et des Mines, qui possèdent la majorité des immobilisations. Il n’y a pas eu de répercussions importantes pour les autres ministères.
Avant de conclure, je voudrais formuler une observation concernant les effets sur les décisions prises par les ministères, dont Jim a parlé. Dans le domaine du fonctionnement, la transition entre la comptabilité de caisse modifiée et la comptabilité d’exercice n’a probablement eu que des effets secondaires sur les décisions de fonctionnement des ministères. En effet, les principales décisions à prendre sur la gestion de programmes existants sont étroitement contrôlées. Les effets sont donc les plus importants dans le domaine des décisions liées aux immobilisations et des indications que cela donne aux ministères.
Il n’y a pas de doute que nous avons assisté à des changements de comportement depuis l’introduction de la comptabilité d’exercice intégrale en 2002-2003. À long terme, les gestionnaires devraient rechercher les solutions qui coûtent le moins cher aux contribuables, alors que les contraintes budgétaires de l’ancienne méthode de comptabilité de caisse leur interdisaient de le faire et les décourageaient donc de prendre les décisions les plus avantageuses pour les contribuables.
Je crois donc que lorsque nous sommes passés à la comptabilité d’exercice intégrale, il était très clair qu’il y aurait beaucoup plus de cohérence à cause de la possibilité de prendre les décisions économiques les plus rationnelles et de suivre leurs effets dans les comptes. Je suis donc persuadé qu’il y a eu des changements de comportement positifs, particulièrement du côté des immobilisations, grâce à l’adoption de la comptabilité d’exercice.
Quant aux montants accumulés à long terme, notamment dans le domaine des pensions, les comptes sont principalement tenus au niveau des organismes centraux du gouvernement. Dans ce cas, les facteurs qui interviennent dans les décisions découlent principalement des négociations avec nos différents syndicats. Ce secteur a fait l’objet d’analyses assez approfondies dans le passé. Je ne crois donc pas que la transition ait donné lieu à d’importants changements à cet égard.
Quant aux décisions prises dans les ministères au sujet des immobilisations et à nos plans pour 2008-2009, la situation est déjà intéressante. Les gestionnaires ont commencé à modifier leur façon de planifier en s’interrogeant par exemple sur l’opportunité de louer des ordinateurs, alors qu’il pourrait être plus économique de les acheter. Nous assistons donc d’avance à des changements de comportement. Certains ministères nous demandent même de devancer la date prévue parce qu’ils ont l’impression que la transition serait avantageuse pour eux. Je pense, par conséquent, que la comptabilité d’exercice peut avoir des effets positifs sur les décisions prises par les ministères.
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Bonjour, madame la présidente et membres du comité.
C’est un plaisir pour moi d’essayer de vous donner une idée de ce qui s’est passé en Colombie-Britannique.
Comme l’a signalé mon collègue Jim McCarter, j’ai eu la chance d’occuper les fonctions de contrôleur de la Colombie-Britannique, dont je suis maintenant le vérificateur général. Je crois que je peux essayer, avec une certaine appréhension, d’aborder ce sujet des deux points de vue.
Je dois vous dire cependant qu'en ce qui concerne cette initiative particulière, le bureau du vérificateur général et le bureau du contrôleur, qui a déjà été le mien, ont travaillé de concert, de sorte qu’il s’agit en fait d’une initiative commune. En vous parlant aujourd’hui, je crois pouvoir vous présenter le point de vue des deux bureaux.
J’aimerais partager avec vous l’expérience de la Colombie-Britannique. J’espère que vous avez des exemplaires de mes notes. Je vais essayer de présenter mon exposé assez rapidement parce que je pense que vous profiterez le plus des questions que vous poserez et, je l’espère, des réponses que nous vous donnerons.
Le Comité a déjà eu des discussions concernant la comptabilité d’exercice. Je n’approfondirai donc pas la question. Je me rends compte qu’elle peut être intimidante pour certains. Je crois d’ailleurs que Bruce nous a déjà suffisamment familiarisés avec le sujet. Nous pouvons donc poursuivre.
Mon but aujourd’hui est de vous donner un bref aperçu de la structure de nos états financiers et de nos budgets, ainsi que l’historique de la comptabilité d’exercice dans notre province.
Je décrirai aussi brièvement les changements survenus, les principaux avantages que nous en avons tirés, à mon avis, et les répercussions sur les autres, et notamment sur les parlementaires.
À mon avis, la situation actuelle ressemble à un film qui n’est pas encore fini. Il reste encore du travail à faire. Je voudrais aussi vous en parler.
Pour gagner du temps, j’ai joint en annexe quelques documents. J’ai en fait coupé dans mon texte à deux reprises parce que je croyais que la règle de 10 minutes s’appliquait sans exception. Je vous remercie du privilège que vous m’accordez.
Les deux annexes contiennent des renseignements supplémentaires que je vous encourage à lire, mais je ne les aborderai pas dans mon exposé.
Je vous encourage également, si vous êtes vraiment intéressés, à jeter un coup d’oeil au budget et aux documents financiers de la Colombie-Britannique. Vous les trouverez tous sur Internet.
J’apporte aujourd’hui quelques documents pour montrer comment nous avons procédé en matière de comptabilité d’exercice et de rapports. Je vous les laisserai pour que vous les fassiez traduire. Nos traducteurs les ont trouvés trop intimidants pour s’y attaquer.
Je voudrais mentionner quelques faits et caractéristiques importants qui vous permettront, je l’espère, de comprendre ce que nous avons vécu.
Sur le plan de l’organisation, il est évident que la Colombie-Britannique est bien plus petite que le gouvernement fédéral. Nous avons quelque 150 organismes dans ce que nous appelons, dans notre jargon, l’entité comptable du gouvernement de la Colombie-Britannique. Notre budget actuel comporte des dépenses prévues de 34 milliards de dollars.
Nous avons en Colombie-Britannique un régime très réglementé, si je peux m’exprimer ainsi. Je vous donnerai des explications à ce sujet au fur et à mesure que nous avancerons.
Par exemple, nous devons déposer notre budget dans la troisième semaine de février. C’est une exigence du B.C. Budget Transparency and Accountability Act.
De même, la loi nous impose de publier nos comptes publics au plus tard le 31 août, mais nous avons pris l’habitude de les publier le 30 juin. Je dois cependant admettre que 2005-2006 a été une exception à cet égard. Cela a peut-être à voir avec le fait que j’ai changé d’emploi.
Comme en Ontario, le budget et les comptes publics sont préparés au niveau condensé de l’entité. Cela signifie que les 150 organismes sont tous inclus, à un titre ou à un autre. Ces documents sont établis conformément aux principes comptables généralement reconnus. Encore une fois, la Colombie-Britannique est une exception par rapport aux autres gouvernements d’ordre supérieur parce que la loi nous impose de nous conformer aux PCGR.
Les prévisions budgétaires principales des ministères et des autres organismes sont regroupées au niveau des crédits, comme dans l’administration fédérale, mais selon la comptabilité d’exercice intégrale. Comme en Ontario, nous présentons un budget de fonctionnement et un budget d’investissement distincts. Si vous avez regardé la documentation, vous les aurez vus tous deux.
Les ministères et bureaux sont tenus de déterminer les comptes de régularisation, par exemple l’amortissement des immobilisations acquises antérieurement, les recettes et les autres dépenses faisant partie des demandes budgétaires
Tous ces montants se retrouvent dans les crédits de régularisation et sont approuvés dans le cadre de ce que nous appelons le Livre bleu. Ils sont adoptés par l’Assemblée législative par vote de crédits établissant la distinction entre les dépenses, les emprunts, les avances et les acquisitions d’immobilisations. L’Assemblée constitue l’autorité suprême.
Les affectations de crédit sont directement comparables aux comptes publics. C’est une caractéristique que nous voulions avoir dès le départ. Vous trouverez beaucoup de détails dans nos documents. Certains ont été vérifiés, et d’autres pas, mais les renseignements sont là.
En Colombie-Britannique, il n’y a aucune conversion à faire pour passer du budget aux comptes publics. Cela ne signifie pas que tous nos législateurs comprennent parfaitement chaque chiffre. Si l’un d’entre eux avait été présent, je crois qu’il en conviendrait. Comme on l’a déjà dit, l’établissement d’un budget selon la comptabilité d’exercice n’est pas nécessairement facile à comprendre, mais comme je l’expliquerai dans un instant, cette comptabilité est généralement acceptée.
Le passage de la Colombie-Britannique aux budgets et aux rapports en comptabilité d’exercice a débuté dans les années 1990. La province a pris la décision, avant les autres, je crois, de capitaliser ses actifs. Pour faciliter les choses, cette capitalisation a été réalisée progressivement sur un certain nombre d’années. Ayant donc commencé vers la fin des années 1990, elle a été achevée en 2002, en avance sur l’échéancier imposé par le Conseil sur la comptabilité dans le secteur public.
Le Bureau du vérificateur général de la Colombie-Britannique a publié, en février 1999, un rapport intitulé A Review of the Estimates Process in British Columbia. C’était du temps de mon prédécesseur. Si vous vous demandez pourquoi cela s’est fait ainsi, je vous dirais que c’est parce que nous avons un problème particulier en Colombie-Britannique. Nous sommes transparents. En 1996, un budget que l’on disait équilibré avait été déposé avant des élections. Trois semaines après les élections, il n’était plus équilibré. Une importante enquête a eu lieu pour déterminer comment cela s’était produit. Le rapport disait, entre autres, que les prévisions budgétaires devaient englober les budgets et les plans financiers des organismes qui composent toute l’entité comptable du gouvernement.
Après la publication du rapport du vérificateur général, un comité de révision du processus budgétaire a été créé. En septembre 1999, ce comité a également recommandé que le budget englobe toute l’entité comptable qui, comme je l’ai dit, comprend aujourd’hui 150 organismes, ceux-ci devant se conformer aux politiques comptables du budget, exactement comme dans les comptes publics.
C’est ainsi qu’en 2000 le gouvernement a mis en application la première version du Budget Transparency and Accountability Act. C’est la raison pour laquelle je vous ai dit que nous sommes beaucoup plus réglementés que les autres provinces. Cette loi comporte différentes dispositions. Elle nous imposait de nous conformer aux PCGR dès 2004-2005. De plus, elle exigeait que le budget et les comptes publics soient établis sur la même base, c’est-à-dire selon la comptabilité d’exercice intégrale.
La loi est un instrument dont le gouvernement d’alors s’est servi. Elle a été modifiée et renforcée par le gouvernement libéral qui a suivi.
Par conséquent, dans notre approche du changement, l’enregistrement des immobilisations et l’enregistrement connexe de l’amortissement ont été les deux éléments clés de notre plan pluriannuel de mise en place d’un nouveau cadre pour la Colombie-Britannique.
Comme en Ontario, nous avons adopté en 2000 un système CAS Oracle. Vous verrez dans un instant que c’est une initiative assez coûteuse. Je n’en ai pas parlé dans mes notes, mais le système nous a coûté un peu moins cher qu’en Ontario. Le coût initial a été d’environ 30 millions de dollars. Je n’ai d’ailleurs pas tenu compte de ce chiffre dans les frais de conversion.
L’inscription dans le budget de toutes les entités, y compris les écoles, les universités, les collèges et les autorités sanitaires, a constitué un grand défi pour la province. Nous l’avons fait sur trois ans car cela a nécessité beaucoup de travail.
Une charte des PCGR a été élaborée. Encore une fois, comment faire? Nous l’avons fait en collaboration avec nos collègues. J’étais au bureau du contrôleur général, mais je m’en suis occupé en coopération avec les membres du personnel du Conseil du Trésor. Ils étaient bien sûr responsables des prévisions budgétaires, mais ils ont eu beaucoup d’aide de la part de mon ancien bureau et d’autres services du gouvernement.
Nous avons modifié progressivement le processus budgétaire. Comme dans le cas de la capitalisation, on avait considéré qu’il serait trop difficile de tout changer en même temps. Nous avons donc introduit progressivement dans les prévisions ce qu’il fallait pour respecter l’échéance de 2004-2005.
Nous avions également un comité consultatif de la politique comptable. Il nous fallait en effet des comptables respectés de l’extérieur pour nous conseiller sur la meilleure façon de procéder. Nous avons vraiment tiré parti de leur aide. Il y a lieu de signaler que ce comité figure lui aussi dans la loi et qu’il continue à conseiller le gouvernement sur les questions comptables.
Les autres changements étaient semblables à ceux de l’Ontario, dont mes collègues vous ont parlé. Vous savez qu’ils ont dû modifier leur Loi sur l’administration financière. Nous avons également dû le faire parce qu’elle se fondait sur la comptabilité de caisse. Nous avons dû modifier la définition de « dépense », comme je le mentionne dans mes notes. Je m’excuse, mais notre définition est un peu plus longue que celle de l’Ontario. Je dirai brièvement que les dépenses comprennent les montants affectés à l’amortissement, les provisions pour créances douteuses et les autres frais hors caisse. À cet égard, toute mention de paiement, de dépense ou d’utilisation de montants englobe l’application de dépenses hors caisse aux fins prévues.
C’est l’une des principales mesures qu’il a fallu prendre pour nous conformer au cadre juridique établi.
Comme vous le savez, une formation considérable est nécessaire.
Nous avons eu de la chance en Colombie-Britannique. Nous avons une grande expérience des cadres, des systèmes et des experts financiers, mais la comptabilité d’exercice a introduit quelques nouveaux obstacles à surmonter. Nous avons donc mis en œuvre un programme de formation intensive. Nous avons également eu de la chance parce que la majorité de nos agents financiers de niveau supérieur avaient une formation de comptable. L’une des choses pour lesquelles je m’étais battu à titre de contrôleur, et que j'appuie maintenant dans mes nouvelles fonctions de vérificateur, c’est que nous avons besoin de comptables dans quelques-uns des postes-clés pour nous assurer que le travail est fait correctement. J’ai pu me rendre compte, en bavardant avec votre contrôleur, qu’il est du même avis.
Il a fallu beaucoup travailler pour déterminer les effets du nouveau processus. Je dois dire que certaines transactions demeuraient incertaines. C’est le cas lorsqu’on entreprend n’importe quelle grande réforme. Il ne suffisait pas de changer la méthode comptable et le processus budgétaire. Il fallait aussi changer de culture. Et comme tout le monde n’était pas comptable, nous avons trouvé que certains points nécessitaient plus d’attention que d’autres, une fois que nous avons commencé.
Dans l’ensemble, cependant, je dirais que le changement a été moins difficile que nous ne l’avions prévu au départ. À titre de contrôleur, je m’étais beaucoup inquiété de la façon dont la transition se déroulerait, surtout dans notre Assemblée, qui est comparable à la Chambre des communes. Nous avons eu des surprises. Par exemple, des ministères ont oublié certains comptes de régularisation. C’était évidemment un problème, auquel il a fallu remédier en présentant des budgets supplémentaires. Je crois que cela peut se produire dans le cadre de toute conversion.
La Colombie-Britannique a un avantage parce qu’elle a un crédit de prévoyance qui varie, mais qui permet à l’occasion d’affronter des problèmes de ce genre. Comme en Ontario, nous avons des affectations législatives pour certains postes. Bref, malgré les surprises, les difficultés étaient surmontables et nous sommes heureux de la façon dont nous nous en sommes tirés. Je suis également heureux de dire que l’expérience récente a été plus positive parce que nous avons de plus en plus de connaissances et que les gens sont mieux formés.
En ce qui concerne les coûts, il est difficile d’être très précis. Nous n’avons pas essayé de déterminer tous les coûts assumés par l’ensemble des organismes. Il y en a 150, dont certains sont plus efficaces que d’autres. Quoi qu’il en soit, les coûts directs se sont élevés à environ 5 millions de dollars, sans compter le système Oracle de gestion financière. Si je me souviens bien, ce système nous avait coûté quelque 30 millions de dollars, qui ont été capitalisés, lors de sa mise en œuvre en 2000. Il a été amélioré à plusieurs reprises depuis, ce qui fait que le coût calculé aujourd’hui se chiffrerait probablement aux alentours de 70 millions de dollars.
L’avantage, en Colombie-Britannique, est que nous n’avons qu’un seul système pour tous les ministères et les organismes. Si j’ai bien compris, vous avez, au niveau fédéral, six ou sept systèmes acceptés. Il y en a peut-être moins ou plus aujourd’hui. À cause de ce facteur, la conversion chez vous sera probablement plus difficile qu’elle ne l’a été en Colombie-Britannique.
De toute façon, nous n’avons pas suivi tous les coûts, mais j’estime le total à environ 5 millions de dollars, à part les systèmes.
Pourquoi avons-nous fait tout cela? De toute évidence, l’objectif était non seulement de remédier aux problèmes constatés lors du dépôt du budget de 1996, mais aussi de profiter de certains avantages semblables à ceux dont vous ont parlé mes collègues de l’Ontario. Nous croyons que la comptabilité d’exercice augmente la transparence et la responsabilité lorsque les prévisions budgétaires et les comptes publics sont présentés sur la même base.
Il est possible de comparer les chiffres et de les suivre d’un document à l’autre. Ce n’est pas très facile pour des non-comptables, mais c’est faisable.
Nous croyons en outre que le nouveau système améliore la gestion ou l’intendance des ressources, dont les éléments d’actif font partie. Dans l’ancien système, les éléments d’actif étaient imputés à un exercice donné. On avait donc tendance à les acheter simplement parce qu’il restait assez d’argent dans le budget en fin d’exercice. En quelque sorte, on les achetait, puis on les oubliait.
Cela ne se produit plus maintenant. Lorsqu’on achète des biens, on sait, selon la période d’amortissement, qu’il y aura un coût à reporter dans les budgets futurs. Si on acquiert un bien important, cela se répercute bien sûr sur d’autres frais de fonctionnement. Nous croyons, par conséquent, que le nouveau système rend les gens plus responsables en matière d’immobilisations.
Il y a un autre élément de passif que j’aime bien. Il s’agit des prêts et avances des ministères, pour lesquels les dépenses pour créances irrécouvrables n’apparaissent que plus tard. La comptabilité d’exercice impose de la discipline car il faut maintenant prévoir une provision pour créances douteuses, dont chaque ministère est le principal responsable. Nous avons eu recours à des moyens de faciliter les choses pour les ministères en centralisant dans certains cas les écritures de régularisation. La saisie dans le système est alors plus simple et nous pouvons être sûrs qu’elles sont de la qualité voulue.
Nous avons aussi constaté une meilleure comparaison des choix possibles. Vous avez entendu mon collègue parler du vieux problème de l’achat par opposition à la location, qui revient régulièrement. Nous ne voulons pas que les décisions soient prises en fonction de ce qu’il reste dans le budget plutôt que sur la base des frais de fonctionnement et d’amortissement à long terme, qui peuvent souvent favoriser une solution différente.
M’étant déjà entretenu avec Mme Fraser, je sais qu’elle vous a mentionné cette question. En tout cas, c’est une chose que nous avons constatée.
Nous avons déjà parlé du passif à long terme. De nombreuses dépenses hors caisse sont importantes pour l’établissement des états financiers.
Les projets d’immobilisations sont très importants. Je voudrais juste vous donner un aperçu pour vous permettre de faire le lien avec votre situation. Ces projets ne constituent pas une part très importante du budget total de la province. En ce moment, nos acquisitions sont légèrement inférieures à 500 millions de dollars. Ce chiffre est quand même assez important pour la province.
Comme je l’ai dit, nous obtenons l’argent nécessaire grâce à une loi de crédits, de sorte qu’il y a encore un contrôle au niveau de l’acquisition. Ensuite, on pourra voir le coût courant du bien, sous forme de dépenses d’amortissement et de fonctionnement.
J’ai déjà parlé de la péremption de fin d’année. Je ne reviendrai donc pas là-dessus.
Nous ne nous attendions pas à de nombreux avantages complémentaires, surtout lorsque nous avons intégré les écoles, les universités, les collèges et les autorités sanitaires. Je répète que nous sommes le seul gouvernement d’ordre supérieur — sans parler du gouvernement fédéral — qui englobe dans son budget l’ensemble des écoles, des universités, des collèges et des autorités sanitaires. Certains se sont joints à l’entité comptable sans trop rechigner, d’autres ont résisté davantage, mais nous avons surmonté cet obstacle depuis 2004 ou 2005. Tout va bien aujourd’hui.
L’un des avantages complémentaires que nous avons obtenus, c’est que ces organismes s’inscrivent bien dans notre cadre financier. Beaucoup d’entre eux, comme les universités, ont commencé à produire des états financiers trimestriels, ce qu’ils n’avaient jamais fait auparavant. Ils le font maintenant pour nous permettre de produire nos propres états financiers trimestriels, qui sont exigées par la loi. Tout cela fait partie de notre cadre de contrôle.
Passons maintenant aux législateurs. Comme je l’ai mentionné, j’étais assez inquiet, à titre de contrôleur, de la réaction du ministre des Finances — un homme très compétent — et de ce qui se passerait au comité des comptes publics ainsi qu’à l’Assemblée. On me demandait souvent : « Eh bien, Arn, qu’est-ce que cela signifie vraiment? De quoi dois-je m’inquiéter? » En fin de compte, tout a été bien accepté, probablement parce que cela s’inscrivait dans un cadre plus grand, un changement plus vaste touchant toute l’entité comptable : comptabilité d’exercice intégrale, meilleurs rapports, échéances prescrites dans la loi. Tout le monde a compris que cela devait se passer ainsi pour que nous puissions moderniser le système de la Colombie-Britannique.
Nous avons cherché à ménager de nombreuses occasions de donner des explications à l’Assemblée, au comité des comptes publics et, plus particulièrement, au Conseil du Trésor. On nous a posé beaucoup de questions, mais tout a été accepté.
Nous avons eu des problèmes. Comme je l’ai dit, aucun système n’est jamais tout à fait au point. Je l’ai appris après 31 ans, presque 32 ans de service. Je laisse donc cela au contrôleur. Je m’y intéresse maintenant sous un autre angle. Bien sûr, il est toujours possible d’apporter des améliorations.
Il reste encore du travail à faire dans certains domaines, comme la planification des projets d’immobilisations. Je ne parle pas tant des 500 millions de dollars des ministères, mais plutôt du secteur des écoles, des universités, des collèges et des autorités sanitaires, qui a besoin d’importantes ressources en capital. Nous avons besoin d’une meilleure information à ce sujet. Nous nous en occupons actuellement.
Nous avons davantage besoin de comprendre les effets d’aval du capital. Nous pouvons en voir une partie dans l’amortissement des principaux éléments d’actif. Toutefois, comme vous le savez, l’amortissement n’est qu’un aspect de ce qui se passe en aval. Lorsqu’on construit un nouvel hôpital ou une nouvelle école, il faut compter 30 ou 40 ans de frais de fonctionnement, à moins qu’il ne s’agisse d’un établissement de remplacement. L’acquisition de certaines immobilisations peut donc avoir des répercussions majeures sur le budget.
Il y a un autre aspect que je n’ai pas mentionné dans le texte, mais dont je voudrais vous parler. Nous sommes satisfaits de l’utilisation faite par les ministères de la comptabilité d’exercice et des rapports correspondants, mais il faut en faire davantage. J’aimerais élargir la compréhension de la comptabilité d’exercice et des rapports au-delà de nos services financiers, qui sont très compétents, pour l’étendre aux gestionnaires de programme. Dans notre cas, beaucoup d’entre eux ont une certaine compréhension du système, mais pas au degré que nous aimerions voir. Bien sûr, il s’agit avant tout de donner à ces gestionnaires une bonne information pour qu’ils prennent de bonnes décisions.
Nous voulons également poursuivre la vérification de différentes classes de biens à notre bureau. Nous avons capitalisé tous nos éléments d’actif. Il n'en reste donc plus à inclure à l’heure actuelle. Cela comprend les systèmes. Cela comprend également les terres, dans la mesure où elles sont achetées, mais pas les terres souveraines. Sont également comprises toutes sortes d’immobilisations. Les systèmes constituent probablement le plus gros des 500 millions de dollars dont j’ai parlé. Ils représentent près de 150 millions de dollars par an, ce qui n’est pas surprenant. Je crois qu’il en serait de même au niveau fédéral.
Par conséquent, il reste du travail à faire. Je ne veux pas vous donner l’impression que nous nous reposons sur nos lauriers. Nous sommes encore occupés.
Je ne vous ai pas donné tous les exemplaires des différents budgets et rapports financiers. Je les ai ici, et je vous encourage, si vous êtes intéressés, à en prendre des copies. Malheureusement, je ne les ai pas dans les deux langues officielles. Je sais que cela représente une difficulté quand on vient à Ottawa. Je m’en excuse.