Monsieur le président, je vous remercie de m'avoir invitée à comparaître devant ce comité dans le cadre de votre étude sur les défis démographiques à relever dans le secteur public. Deux de mes collègues de la Commission de la fonction publique se sont joints à moi aujourd'hui: Linda Gobeil, vice-présidente principale, Direction générale des politiques, et Dan Coffin, directeur général, Projets spéciaux, Services de dotation et d'évaluation.
La Commission de la fonction publique est un organisme indépendant qui rend compte au Parlement de la dotation et de l'impartialité politique dans la fonction publique. Nous recrutons, pour la fonction publique, des Canadiennes et des Canadiens de talent de toutes les régions du pays. Nous renouvelons sans cesse nos services de recrutement pour répondre aux besoins d'une fonction publique moderne et novatrice.
Notre mandat, c'est la dotation, soit davantage l'offre, au regard de l'équation offre et demande. D'autres organismes, comme Statistique Canada et l'Agence de gestion des ressources humaines de la fonction publique du Canada, définissent, de concert avec nous, la demande de travailleurs pour la fonction publique. J'ai joint, en annexe 1, un document présentant un bref aperçu des données sur l'effectif de la fonction publique fédérale, ainsi que les résumés de deux rapports de Statistique Canada, en annexes 2 et 3, qui vous donneront plus de renseignements à ce propos.
[Traduction]
Voici ce que nous savons. Nous pouvons affirmer que le roulement de personnel est déjà amorcé et que les activités d’embauche sont à la hausse. L’effectif de la fonction publique est, en moyenne, plus âgé que la population active. La fonction publique sera touchée par la vague de départs à la retraite des membres de la génération du baby-boom avant qu’elle n’atteigne l’ensemble de la population active. On assiste déjà à une transition vers une demande accrue de travailleurs du savoir dans la fonction publique. En raison du relèvement du niveau des qualifications exigées, l’âge moyen d’entrée dans la fonction publique est de 35 ans. L’âge moyen du départ à la retraite en 2003-2004 était proche de 58 ans.
D’après les données de Statistique Canada, le taux de départs à la retraite a augmenté, passant de 1,6 p. 100 en 1999-2000 à 2,3 p. 100 en 2003-2004. On prévoit que ce taux atteindra 3 p. 100 en 2008-2009 pour culminer à 3,5 p. 100 en 2012-2013, avant de diminuer progressivement.
Le taux de départs global de la fonction publique, qu’il s’agisse de retraites, de départs volontaires et involontaires ou de décès, était de 3,7 p. 100 en 2003-2004. Il s’agit là d’un faible taux de départs par rapport à celui d’autres fonctions publiques ou du secteur privé.
Pouvons-nous répondre aux besoins futurs de la fonction publique? À cette question, je ne peux répondre qu’en me basant sur l’expérience de la Commission de la fonction publique jusqu’à présent. En vertu de la nouvelle Loi sur l’emploi dans la fonction publique, l’employeur a la responsabilité de déterminer ses besoins en matière de dotation. Vous voudrez peut-être consulter à ce sujet l’Agence de gestion des ressources humaines de la fonction publique du Canada.
Nous avons connu et continuons de noter un intérêt marqué à l’endroit des emplois dans la fonction publique. Ainsi, au cours d’une période de 10 mois, soit d’avril 2006 à janvier 2007, notre Système de ressourcement de la fonction publique, outil automatisé de présentation et de présélection, a traité près de 920 000 demandes d’emploi. Au cours de la même période, notre site Web, emplois.gc.ca, a fait l’objet de près de 19,5 millions de consultations. Bien que ce chiffre englobe les consultations faites à répétition par les mêmes personnes, il montre tout de même le degré d’intérêt à l’égard des emplois de la fonction publique.
Nous avons d’ailleurs mené un sondage auprès de la population étudiante de niveau postsecondaire, qui nous a démontré que, sur un échantillon de 29 409 étudiants, la fonction publique était désignée comme un employeur de choix.
Évidemment, tout le processus de sélection et d’évaluation consiste essentiellement à jumeler l’offre et la demande. Si nous voulons que le système soit efficace, nous devons bien comprendre ces deux notions. À l’heure actuelle, nous fonctionnons selon un système de recrutement axé sur l’offre. Bien qu’une pénurie semble se profiler dans certains domaines, dans l’ensemble, nous ne prévoyons aucune pénurie de fonctionnaires.
Pour ce qui est de la demande, nous devons nous doter de plans plus efficaces, qui cernent les besoins actuels et futurs en matière de ressources humaines et les intègrent à la planification des activités. Avec une meilleure planification, la dotation peut commencer avant que nous ayons à faire face à une pénurie importante. Lorsque la fonction publique repère des secteurs de pénurie, comme celui des spécialistes en ressources humaines, la Commission, en collaboration avec les ministères, prend des initiatives de recrutement spéciales qui permettent de répertorier de nombreux candidats qualifiés.
Par exemple, nous connaissons actuellement une pénurie de conseillers en rémunération et avantages sociaux. Nous avons tenu récemment un processus de dotation externe visant des postes de conseillers en rémunération et avantages sociaux. Nous avons reçu 6 000 candidatures. Grâce à notre système automatisé, nous avons retenu 652 candidats qui répondaient aux exigences du poste et les avons présentés aux organisations intéressées.
[Français]
Nous avons apporté de nombreuses modifications aux programmes de recrutement pangouvernementaux d'importance comme le Programme de recrutement postsecondaire, le Programme fédéral d'expérience de travail étudiant et le Programme de recrutement de leaders en politiques. Parmi les candidatures que nous recevons dans le cadre de ces programmes, bon nombre représentent des groupes de minorités visibles. Toutefois, nous avons un grand pas à faire pour atteindre un taux de nomination comparable à celui de la main-d'oeuvre disponible. Vous trouverez, en annexes 4 et 5, des renseignements plus détaillés sur le sujet. Nous recevons régulièrement de nombreuses candidatures qui donnent lieu à un certain nombre d'embauches permanentes.
Ces programmes sont axés sur l'offre. Ils témoignent d'un intérêt marqué à l'endroit de la fonction publique, mais les ministères et les organismes n'embauchent pas beaucoup de personnes à partir de ces programmes. Plus souvent, l'embauche des ministères est fondée sur des besoins immédiats à court terme.
Nous examinons de plus près la façon dont les personnes accèdent à des emplois permanents dans la fonction publique. L'an dernier, 44 662 activités d'embauche ont été menées. De ce nombre, 11,4 p. 100, ou 5 090, visaient des emplois permanents, et 22,6 p. 100, ou 10 088, des postes de durée déterminée. Les autres emplois touchaient des postes d'étudiants ou d'occasionnels.
[Traduction]
Le recours à l’embauche d’occasionnels – dans des postes à durée temporaire, déterminée ou autre – est un indicateur clé de l’existence de mesures de dotation ponctuelle et constitue, bien souvent, une façon d’accéder aux emplois permanents de la fonction publique. À preuve, 17% des employés qui ont été nommés à des postes de durée déterminée et indéterminée avaient récemment occupé des emplois d’occasionnels.
Le système doit être davantage axé sur une stratégie. La présence de travailleurs occasionnels signifie que les gestionnaires délégués prennent des décisions ponctuelles, contribuant ainsi à augmenter le nombre d’emplois occasionnels déjà élevé. Les administrateurs généraux délèguent leurs pouvoirs de dotation, mais doivent également assumer la direction de la planification des ressources humaines, des stratégies et des approches ministérielles à cet égard, afin de répondre aux besoins opérationnels à long terme.
Monsieur le président, dans un autre ordre d’idées, en avril 2006, la Commission de la fonction publique a amélioré l’accès des Canadiens et Canadiennes aux postes d’agent de la fonction publique fédérale, en instaurant une zone nationale de sélection dans la région de la capitale nationale. Nous entendons élargir l’application de la zone à tous les postes d’agent ouverts au public, au Canada, d’ici le mois prochain, soit en avril 2007. Sous réserve des résultats de l’étude d’impact, nous entendons recourir à la zone nationale de sélection pour tous les postes de la fonction publique d’ici décembre 2007.
Pour conclure, il n’y a aucun signe de manque d’intérêt à l’endroit de la fonction publique et rien ne nous permet de dire que cette situation changera. Pour de nombreuses personnes, la fonction publique constitue une carrière de choix. D’ailleurs, les pratiques exemplaires des secteurs public et privé montrent qu’un recrutement efficace doit prendre en compte quatre facteurs: des besoins en ressources humaines bien ciblés, une image de marque bien établie, l’attrait de personnes de talent et des méthodes améliorées.
[Français]
L'annexe 6 décrit les pratiques exemplaires en matière de recrutement. Il va sans dire qu'à la Commission de la fonction publique, nous veillons à améliorer les méthodes de recrutement. En outre, l'administration publique s'emploie à mieux saisir la définition du mot « besoin » en l'associant à la planification des besoins en ressources humaines, une approche qui permet d'élaborer des stratégies efficaces.
Monsieur le président, la CFP a la capacité d'entreprendre d'importantes initiatives de recrutement pour répondre aux besoins cernés. Enfin, nous nous sommes engagés à appuyer une fonction publique accessible, non partisane, représentative et fondée sur le principe du mérite.
Merci de votre attention. Je serai heureuse de répondre à vos questions.
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Je vous remercie de votre question.
Permettez-moi d’abord de donner quelques précisions sur notre zone nationale de sélection, qui nous permet de nous conformer à l’exigence d’ouvrir à tous les Canadiens les concours relatifs à des postes d’agent. Autrement dit, les postes subalternes de soutien administratif et de travail manuel ne sont pas encore compris. Ce sera l’étape finale, à laquelle nous arriverons lorsque tous les systèmes seront en place. Pour le moment, dès le 1er avril, 55 p. 100 des emplois de la fonction publique fédérale seront ouverts à tous les Canadiens.
Quant à votre question concernant les chances d’obtenir un emploi, je m’inquiète un peu de la situation. Vous trouverez quelques chiffres à ce sujet à l’annexe 4 concernant les programmes de recrutement.
Vous pouvez voir, par exemple, que dans le cadre du programme de recrutement postsecondaire, relatif à des postes d’agent au niveau d’entrée ou à un niveau subalterne, qui s’adresse aux diplômés récents d’universités et de collèges, nous avons reçu plus de 35 000 demandes d’emploi. Certaines personnes posent leur candidature plus d’une fois parce qu’on peut s’inscrire dans plusieurs catégories. Dans l’ensemble, cependant, 550 candidats ont été engagés, et il ne s’agit pas dans tous les cas de postes permanents. Vous pouvez donc voir qu’il y a un grand écart entre le nombre de candidatures et le nombre de personnes embauchées.
Un peu plus bas dans l’annexe, vous verrez que dans le cadre du programme fédéral d’expérience de travail étudiant, sur les 76 000 personnes qui ont posé leur candidature, environ 8 500 ont obtenu un emploi. Par conséquent, le nombre des personnes intéressées est beaucoup plus grand que celui des personnes engagées.
De plus, ce tableau n’est pas complet. C’est ce qui m’inquiète. J’ai dit dans mon exposé que nous avons embauché l’année dernière près de 45 000 nouveaux employés, mais ce n’est pas toujours dans le cadre de ces programmes. Il y a bien des façons d’entrer dans la fonction publique. Par conséquent, pour bien répondre à votre question, je dois mieux connaître toutes ces façons. Je m’inquiète un peu de certains de ces moyens. En fait, nous avons entrepris des travaux assez importants pour être en mesure de mieux les comprendre.
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Merci, monsieur le président.
Merci, madame Barrados, monsieur Coffin et madame Gobeil, d'être parmi nous cet après-midi.
On le sait, ce n'est pas une nouvelle qu'on a appris avant de vous inviter à venir témoigner, cela fait déjà plusieurs années que l'on s'entend, preuves à l'appui, pour dire qu'il y aura un déficit, peu importe l'ampleur, que c'est démographique et que les personnes de la génération du baby-boom vont partir.
Madame Barrados, ma première question concerne la planification. Je vous ai écoutée attentivement et je comprends que vous nous invitez à nous adresser également aux fonctionnaires de l'agence. J'aimerais savoir si on peut éprouver un certain réconfort, pour ne pas dire une certaine confiance, du fait que la planification se fait de mieux en mieux. Ou devrait-on plutôt s'inquiéter du fait qu'il y a eu ou qu'il y a encore une certaine abdication dans la délégation de pouvoirs?
La personne qui délègue est toujours responsable. C'est bien de déléguer, je suis en faveur de cela, mais lorsque j'entends vos propos en regard de ce que j'appelle les employés recrutés à court terme, par exemple, je trouve encore, tout comme avant, que les décisions ponctuelles sont inacceptables. Le fait que des gestionnaires prennent des décisions ponctuelles sachant que cela va créer un problème à long terme peut devenir impardonnable.
Ma deuxième question ne vous surprendra pas. Elle concerne les langues officielles et elle me tient beaucoup à coeur. On a parlé de représentativité. C'est aussi important. Compte tenu du fait que des gens qualifiés dans tous les domaines vont quitter, donc aussi dans le domaine des langues officielles, pouvons-nous avoir une certaine assurance que ceux et celles que l'on recrutera vont satisfaire aux exigences linguistiques des postes, tant sur le plan du service qu'en regard de leurs droits, francophones ou anglophones, et qu'ils pourront travailler dans la langue officielle de leur choix? Cela veut donc dire que les surveillants pourront évidemment faire de la surveillance dans la langue officielle de leur choix.
Ce sont mes deux premières questions, mais j'en ai beaucoup d'autres à poser.
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Je vous remercie beaucoup de vos questions.
À mon avis, il y a une amélioration de notre planification, mais le progrès n'est pas assez rapide. C'est une toute nouvelle approche. Tous les sous-ministres se sont engagés envers notre délégation à débuter leur processus de planification. Je ne suis pas prête à dire qu'il y a une abdication à l'égard de la planification. Il y a un engagement à le faire, mais d'après ce que nous avons vu, il n'est pas assez fort. C'est un commencement.
Il y a des défis démographiques, et nous devons améliorer le système dans sa totalité. À ce sujet, l'agence peut donner plus d'information. Par contre, il s'agit de plus que de la totalité du système. Nous devons aussi faire de la planification dans les ministères, surtout les plus gros qui comptent beaucoup d'employés. Là, nous devons apporter des améliorations. En plus de la planification, on doit aussi avoir l'intention de prendre des mesures correctives. C'est une chose d'avoir un plan, mais il faut entreprendre les actions qui viennent avec ce plan.
En regardant les chiffres concernant les programmes de recrutement centraux, je m'aperçois qu'on ne contrôle pas pleinement le système qui doit être planifié et organisé, qui est plus qu'un processus pour répondre à toutes les demandes à court terme.
En ce qui concerne votre deuxième question, sur langues officielles, Linda pourra vous donner plus d'information. Cependant, vous trouverez un tableau à l'annexe 5 qui donne les chiffres sur l'application des langues officielles. On peut voir qu'il y a un bon nombre de candidats dont la langue première est le français.
Mais ce n'est pas exactement une réponse à votre question: est-ce que les gens répondent aux exigences des postes? Je pense qu'il y a aussi une amélioration à cet égard, mais ce qui m'inquiète, c'est que souvent, les gens qui répondent à toutes les exigences du poste perdent l'usage de leur langue seconde une fois en poste.