:
Merci, madame la présidente.
Je suis heureuse de vous présenter mon rapport de novembre 2006, déposé la semaine dernière à la Chambre des communes.
Je suis accompagnée aujourd'hui de Doug Timmins, Hugh McRoberts et Ronnie Campbell, vérificateurs généraux adjoints.
[Traduction]
Le rapport aborde des activités gouvernementales très diverses, allant du système de gestion des dépenses du gouvernement, de l'éthique dans la fonction publique, à la gestion des contrats, et aux programmes qui contribuent à la santé et au bien-être des Canadiens.
Le rapport comprend quatre vérifications dont les résultats devaient être rendus publics le printemps dernier. Comme le calendrier parlementaire avait été modifié à cause de l'élection fédérale, nous avons reporté la publication du rapport jusqu'à maintenant et mis à jour les constatations de nos vérifications.
Pour commencer, j'aimerais vous parler de la démarche que suit le gouvernement fédéral pour décider de l'utilisation des fonds publics. Chaque activité gouvernementale entraîne des dépenses. Le système de gestion des dépenses est donc au coeur des activités du gouvernement. Au cours des six dernières années, les dépenses annuelles du gouvernement fédéral sont passées de 162 milliards à 209 milliards de dollars. Il est essentiel que le gouvernement ait un système de gestion des dépenses efficaces s'il veut obtenir les résultats prévus et rendre compte à la population canadienne de ce qu'il fait en son nom.
Nous avons constaté que le système actuel ne permet pas de déterminer sur une base régulière si les programmes existants sont encore pertinents, efficients et efficaces. Je constate avec inquiétude que le système met surtout en question les nouvelles propositions de dépenses, et qu'il tient bien peu compte des dépenses courantes. De plus, dans de nombreux cas, la répartition du financement ne correspond pas aux nécessités des programmes, ce qui nuit à leur exécution.
Enfin, nous avons constaté que les ministères utilisent de plus en plus le Budget supplémentaire des dépenses au lieu du Budget principal des dépenses pour obtenir certains fonds. Cela signifie que le Parlement n'a pas de vue d'ensemble des dépenses proposées lorsqu'il approuve les plans de dépenses annuels.
[Français]
Le gouvernement revoit actuellement le système de gestion des dépenses, et je l'encourage à corriger les faiblesses que nous avons relevées. Il ne suffit pas d'avoir de bons systèmes, il faut les utiliser de la bonne manière et selon les normes d'éthique établies. Les ministères et les organismes peuvent prendre plusieurs mesures officielles pour assurer la bonne conduite des affaires publiques.
Dans le chapitre 4, nous avons examiné les principaux aspects de ces mesures au sein de la Gendarmerie royale du Canada, du Service correctionnel du Canada et de l'Agence des services frontaliers du Canada.
Nous avons constaté que ces organismes de sécurité publique ont mis en place des programmes d'éthique, mais que beaucoup d'employés ne savent pas qu'ils existent. De plus, seulement la moitié des employés croient que leur organisation prendrait des mesures à la suite de rapports d'actes fautifs, et beaucoup ne croient pas que des personnes qui signalent des cas de mauvaise conduite au travail sont généralement respectées.
Les programmes officiels ne suffisent pas pour encourager les employés à signaler des actes fautifs de collègues. Les employés doivent avoir l'assurance que la direction prendrait des mesures lorsque des actes fautifs sont signalés.
[Traduction]
Les dirigeants d'organismes en particulier devraient se conformer aux normes éthiques les plus élevées. Lorsqu'ils ne le font pas, le public perd confiance envers le gouvernement. Dans le chapitre 11, malheureusement, nous faisons rapport sur un cas de comportement contraire à l'éthique, d'un cadre supérieur — l'ancien enquêteur correctionnel.
Le comportement de l'ancien enquêteur correctionnel est très inquiétant, tout comme le fait qu'il ait duré aussi longtemps et que personne n'ait réagi.
Ce genre de conduites n'est certainement pas courant dans la fonction publique, et il ne faudrait pas généraliser à partir de cas isolés. Je sais par expérience que la plupart des fonctionnaires se conforment aux normes élevées qu'on leur demande de respecter.
[Français]
Dans le chapitre 9, nous examinons un problème lié au Régime de retraite et d'assurance à la GRC.
Ce sont des plaintes d'employés qui ont permis de mettre au jour le problème de pratique abusive à l'égard de ces régimes. Nous avons constaté que la GRC avait donné suite de manière adéquate à une enquête sur des cas d'abus et de gaspillage, mais aussi qu'il reste des problèmes à régler. La GRC doit trouver une façon de garantir que les enquêtes sur ces activités sont effectuées de manière indépendante et impartiale dans les faits et en apparence. Elle doit aussi analyser l'incidence d'une décision rendue récemment par un tribunal sur les cas qui justifient la prise de mesures disciplinaires.
Dans le chapitre 3, nous constatons que le gouvernement fédéral éprouve encore des difficultés à gérer les grands projets de technologies de l'information. Ces projets sont très coûteux et il faut suivre des règles et des processus rigoureux pour les gérer.
Au cours des trois dernières années, le gouvernement fédéral a approuvé l'octroi de 8,7 milliards de dollars pour la réalisation de nouveaux projets dans lesquels les technologies de l'information tiennent une large place.
[Traduction]
Un cadre de pratiques exemplaires pour la gestion de tels projets est en place depuis 1998, mais plusieurs des problèmes que nous avons observés dans le passé sont toujours présents. Seulement deux des sept grands projets de technologies de l'information examinés ont satisfait à tous les critères d'une bonne gestion de projet. Il est très inquiétant de voir que ces problèmes de longue date persistent, non seulement parce que d'importants investissements publics sont en jeu, mais aussi parce qu'on rate des occasions d'améliorer les pratiques de gestion et la prestation des services à la population canadienne.
Deux chapitres du rapport font état de graves lacunes pour ce qui est de l'attribution et de la gestion d'importants contrats.
Dans le chapitre 5, nous avons examiné l'administration de deux contrats octroyés dans le but de réinstaller les membres de Forces canadiennes, de la GRC et de la fonction publique fédérale. En 2005, le gouvernement a payé environ 272 millions de dollars pour la réinstallation de 15 000 employés. Les contrats du gouvernement devaient être attribués selon un processus juste, équitable et transparent. Notre vérification a révélé que ces contrats n'ont pas satisfait à ces conditions et cela malgré divers signaux d'alarme. La demande de proposition contenait de l'information inexacte, ce qui donnait un avantage indu au soumissionnaire qui avait obtenu le contrat précédent. La gestion de ces contrats a aussi comporté d'importantes lacunes et des membres des Forces canadiennes ont été surfacturés pour des services qu'ils ont reçus.
Dans le chapitre 10, nous avons constaté que le gouvernement n'avait pas respecté les exigences fondamentales dans l'attribution et la gestion d'un important contrat relatif aux services de santé. Ce contrat, de plusieurs millions de dollars, a été attribué, même si Travaux publics et Services gouvernementaux Canada n'avait pas veillé à ce que toutes les exigences soient respectées. De plus, pendant les sept années qui ont suivi, Santé Canada a géré le contrat sans appliquer certains contrôles financiers de base.
Je constate cependant que les problèmes liés à la gestion des contrats à Santé Canada ont été réglés.
[Français]
Nous avons aussi examiné la façon dont Santé Canada affecte les fonds à ses programmes de réglementation.
Dans le chapitre 8, nous avons fait l'examen de trois programmes qui réglementent la sécurité et l'utilisation de produits couramment utilisés par les Canadiens, soit des produits domestiques tels que les berceaux, de l'équipement médical comme les stimulateurs cardiaques et des médicaments tels que les médicaments d'ordonnance.
Vu qu'il s'agit d'un domaine d'une importance vitale pour la population canadienne, Santé Canada doit savoir quel niveau d'activité, de conformité et d'application de la loi ces programmes de réglementation doivent maintenir. Le ministère doit aussi savoir quelles ressources sont nécessaires pour effectuer son travail.
Nous avons constaté que Santé Canada n'avait pas cette information. Ce ministère ne peut donc pas démontrer qu'il s'acquitte de ses responsabilités en matière de réglementation.
[Traduction]
Dans le chapitre 7, nous avons examiné la gestion par Affaires indiennes et du Nord Canada, au nom du gouvernement du Canada, du processus des traités avec les Premières nations de la Colombie-Britannique. Le vérificateur général de la Colombie-Britannique a également déposé la semaine dernière un rapport sur le rôle du gouvernement provincial dans le processus. Ce processus de traité est important pour tous les Canadiens. Ces traités peuvent notamment aider les membres des Premières nations qui vivent en Colombie-Britannique à améliorer leur niveau de vie. Ils peuvent également avoir des effets bénéfiques importants sur la situation économique.
Les négociations ont été amorcées en 1993 et, à ce jour, une entente définitive est en voie d'achèvement et deux autres semblent imminentes. Cependant, aucun traité n'a encore été signé et les coûts continuent d'augmenter.
Nous avons constaté que le gouvernement fédéral doit mieux gérer le processus des traités de la Colombie-Britannique. La négociation des traités est complexe, longue et parfois très difficile. Le gouvernement doit repenser ses stratégies en se fondant sur un échéancier réaliste.
[Français]
Dans le chapitre 6, nous faisons rapport sur le programme de la Sécurité de la vieillesse.
Environ 4 millions de personnes touchent des prestations de la Sécurité de la vieillesse, ce qui correspond à environ 28 milliards de dollars par année. On prévoit que le nombre de bénéficiaires doublera d'ici 25 ans. Des erreurs qui touchent même un petit nombre de prestataires peuvent quand même avoir des répercussions sur un nombre considérable de personnes et coûter très cher.
Nous avons constaté qu'il y avait des erreurs de paiement dans moins de 1 p. 100 des demandes et nous nous réjouissons de ce faible taux d'erreur. De plus, nous sommes heureux que des mesures comme le programme de relations avec le public et la simplification du processus de demande aient été prises pour améliorer l'accès des personnes âgées aux prestations de la Sécurité de la vieillesse.
[Traduction]
Nous avons également examiné une situation où le gouvernement a créé un obstacle qui a nui au fonctionnement qu'il a créé pour appuyer ses objectifs environnementaux. Dans le chapitre 12, nous avons constaté qu'une clause ajoutée par le Secrétariat du Conseil du Trésor dans le dernier accord de financement conclu entre le gouvernement et Technologies du développement durable Canada empêchait le conseil d'administration de prendre quelque décision que ce soit au cours d'une réunion où la majorité des membres présents sont des personnes nommées par le gouvernement.
Enfin, nous faisons observer, dans deux chapitres du rapport, que nous n'avons pas pu vérifier certains aspects des activités gouvernementales parce qu'on nous a refusé l'accès à l'information et aux analyses obtenues et préparées par le Secrétariat du Conseil du Trésor. Le refus des fonctionnaires était fondé sur une interprétation étroite d'un décret pris en 1985, qui énonçait notre droit aux documents du cabinet. Nous avons eu de nombreuses discussions avec les représentants du gouvernement et la question a finalement été réglée, il y a trois semaines, par la publication d'un nouveau décret, ce dernier reconnaît clairement mon besoin d'avoir accès aux analyses du Secrétariat du Conseil du Trésor. Je remercie le gouvernement d'avoir répondu à nos inquiétudes.
[Français]
Ceci conclut notre introduction, madame la présidente.
Nous serons heureux de répondre aux questions des membres du comité.
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Merci, madame la présidente.
Merci, madame Fraser, d'être parmi nous une fois de plus. Merci également à vos collaborateurs. C'est un plaisir de vous recevoir.
D'entrée de jeu, vous nous dites ceci :
Il est essentiel que le gouvernement ait un système de gestion des dépenses efficace s'il veut obtenir les résultats prévus et rendre compte à la population canadienne de ce qu'il fait en son nom.
Le gouvernement est le fiduciaire non seulement des contribuables, mais des citoyens en général. Selon ce que vous dites, nous n'avons pas vraiment les renseignements dont nous avons besoin pour jouer notre rôle. En tant qu'élue, je suis inquiète, une fois de plus.
Par ailleurs, vous avez parlé de budgets supplémentaires. Ceux-ci existent depuis 1997, si mes souvenirs sont exacts. Or, pendant cette période, il semble y avoir eu une certaine dérive quant à l'utilisation de ces budgets. Entre 1990 et 1997, cette dérive n'existait pas. Pour être honnête, cependant, je dois admettre ne pas avoir consulté les rapports de votre prédécesseur.
Quoi qu'il en soit, est-ce qu'on peut établir une corrélation entre les surplus qu'on connaît — et je ne ferai pas de jugement politique à ce sujet, même si j'en ai envie — et le fait qu'on ait recours à de tels budgets?
Il y a des surplus et on agit très différemment. Selon moi, le gouvernement devrait gérer l'argent que le population lui confie de façon plus responsable.
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Merci, madame la présidente.
Encore une fois bonjour, madame la vérificatrice générale. Je vous remercie de tout le travail que vous faites pour nous aider à comprendre comment le gouvernement fonctionne. Je sais que les Canadiens qui paient leurs impôts et qui travaillent fort pour gagner leur vie veulent que notre gouvernement fédéral optimise les deniers publics.
Je voudrais dire tout d'abord que même si votre travail consiste à souligner les lacunes et ce que nous devrions faire mieux, il y a bien des choses au gouvernement qui fonctionnent bien et pour lesquelles les Canadiens peuvent être certains qu'il y a optimisation des deniers publics.
Naturellement, ce qui nous intéresse ici, ce sont les montants considérables qui sont dépensés alors qu'il n'y a pas de comptabilité adéquate. Nous devons mettre l'accent sur ces problèmes et tenter de les corriger. Les dépenses de TI m'ont vraiment sauté aux yeux. Vous avez dit que 8,7 milliards de dollars avaient été approuvés pour de nouveaux projets au gouvernement fédéral au cours des trois dernières années. Il s'agit là d'un montant considérable.
M. Kramp a donné l'exemple d'un petit projet de TI qui a mal tourné... Je sais que d'autres ont fait la même expérience. Je l'ai fait moi aussi lorsque j'ai été élue pour la première fois, avec le premier bureau que je voulais louer. Le propriétaire se voyait déjà empocher un gros chèque du gouvernement et il s'est empressé d'augmenter le prix, alors je suis vite partie et je suis allée ailleurs où j'ai trouvé un loyer plus avantageux.
Je suppose que c'est là le genre de choses qui préoccupent les Canadiens: ils veulent l'optimisation des deniers publics et ils veulent que nous sachions où va l'argent.
Ce qui m'a frappé au chapitre 3, c'est lorsque vous dites que la plupart de ces grands projets de technologie de l'information ont les mêmes problèmes qu'auparavant en ce qui a trait aux pénuries de main-d'oeuvre qualifiée et expérimentée et à l'analyse inadéquate des principales activités. C'est un problème de longue date. Vous avez constaté que quatre des sept projets étaient bien gérés mais que la qualité de la gestion variait considérablement et que les projets qui avaient de moins bonnes pratiques de gestion connaissaient de longs retards et des dépassements de coûts importants.
Il y a toutes sortes de bons exemples dans le secteur privée et dans le secteur public. Quel est le principal obstacle qui empêche notre gouvernement de déterminer les pratiques exemplaires et de les faire adopter, particulièrement pour ces gros projets de technologies de l'information?
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Merci, madame la présidente.
[Traduction]
Merci à nos invités.
C'est un plaisir de vous revoir. Même en politique, nous avons parfois l'occasion de dire « Je vous l'avais dit ». Ce n'est pas ce que je vous dis.
J'ai dans mon bureau un dossier d'une victime de crime qui a déposé une plainte contre le Service correctionnel du Canada. C'est un dossier très volumineux, si cela vous intéresse. Toute l'affaire concerne la formulation d'une plainte, et ceux qui étaient visés par la plainte étaient justement ceux qui faisaient l'enquête. Il y avait une dissimulation après l'autre. Or, je regarde au chapitre 11, et vous parlez du Service correctionnel du Canada.
À la suite de cette plainte nous en avons fait une priorité à mon bureau, et j'ai commencé à préparer des projets de loi d'initiatives parlementaires pour régler le problème au Service correctionnel du Canada. Le Service correctionnel du Canada s'est mobilisé contre mon projet de loi d'initiatives parlementaires. J'ai reçu de nombreuses visites des représentants du SCC à mon bureau. Ils ont assisté aux séances de comité. Ils ont tout fait pour que ces projets de loi soient rejetés. Ce qui les préoccupait le plus au sujet de ces projets de loi, c'était la création d'un conseil d'administration, et pourtant maintenant nous constatons tout ce vous avez découvert.
Lorsqu'il y a une plainte à l'égard du Service correctionnel du Canada ... Il n'y a pas de conseil d'administration. Il y a une personne responsable, une personne que l'on appelle, je crois, un commissaire. La plaignante, une de mes électrices, qui est la mère d'une victime de crime — ce qui en fait elle aussi une victime — a persévéré. J'insistais tellement ici à Ottawa que tout à coup elle m'a dit : « Je ne peux plus en parler. » Il n'est pas nécessaire d'être avocat pour savoir qu'ils ont réglé, qu'ils ont payé, et cela à condition qu'elle n'en parle plus.
Je sais que cela se fait beaucoup, et c'est peut-être une pratique raisonnable. C'est peut-être une façon de régler les plaintes lorsqu'il y a des poursuites, mais je dénonce le fait qu'ils n'aient aucun compte à rendre à qui que ce soit. Qu'est-ce qui est ressorti de tout cela? La personne responsable du Service correctionnel du Canada a été déplacée — sans doute qu'elle a reçu une promotion, car c'est ce que l'on fait pour compenser les faiblesses au sein d'une société de cette taille lorsqu'on n'a pas de conseil d'administration. Mais la nouvelle personne responsable qui arrive n'a aucune idée de ce qui se passe.
J'aimerais vous poser trois questions. Premièrement, avez-vous trouvé des preuves que l'ombudsman — l'enquêteur correctionnel, comme vous l'appelez, aurait profité d'avantages particuliers? C'est ce qu'on a laissé entendre dans les médias. Je ne crois pas toujours ce que j'entends dans les médias, mais je vous demande si vous avez constaté qu'il y avait eu des avantages particuliers inhabituels. Dans l'affirmative, des accusations ont-elles été portées contre ces personnes?
La GRC peut prendre 15 ans pour faire enquête, mais pour moi, lorsqu'une vérification révèle qu'il y a eu un comportement contraire à l'éthique, eh bien, un comportement contraire à l'éthique au gouvernement est du vol. Pouvez-vous nous dire si des accusations ont été portées contre l'enquêteur correctionnel?
Ma deuxième question est à deux volets. Pouvez-vous me dire pourquoi logiquement le Service correctionnel du Canada n'aurait pas un conseil d'administration pour surveiller son fonctionnement plutôt qu'une seule personne qui a davantage de pouvoirs que le premier ministre en ce qui concerne l'information au sujet du Service correctionnel du Canada , information qu'il refuse de donner au ministre, qu'il refuse de donner à qui que ce soit au Parlement? Ils prétendent que c'est la Loi sur la protection des renseignements personnels qui les empêche de divulguer quoi que ce soit au sujet de Suzack. Dans ce cas, il a été transféré d'une prison à sécurité maximale à une prison à sécurité moyenne moins de deux ans après avoir été condamné à perpétuité. C'est pour ce genre de choses qu'ils refusent de donner de l'information au ministre.
J'aimerais faire appel à vos compétences. Je crois savoir pourquoi ils résistent, mais pourriez-vous nous dire comment cela changerait votre travail et le travail du ministre, s'il y avait quelqu'un de responsable à qui on pouvait parler; si, lorsqu'il y a un problème, on pouvait s'adresser au conseil d'administration qui est nommé et qui pourrait tout au moins craindre d'être remplacé? Le système actuel fait en sorte que les gens reçoivent une promotion lorsqu'ils ont des ennuis.
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Merci, madame la présidente. Je tiens simplement à répéter que les vérifications que nous faisons sont destinées à améliorer la gestion et à donner des assurances aux parlementaires pour ce qui est de savoir si les pratiques et les systèmes d'envergure fonctionnent bien ou s'il y aurait lieu de les améliorer.
En ce qui concerne toute cette question de la surveillance, la mesure du rendement en est une composante essentielle. Les ministères ont-ils en place de bonnes mesures de rendement? Je crois que nous devons tous reconnaître que la mesure du rendement au gouvernement, dans le secteur public est bien plus compliquée qu'elle ne l'est dans le secteur privé. Dans le secteur privé, il s'agit généralement de mesures financières, qui se fondent sur le revenu par action ou le prix des actions, si bien qu'il est peut-être plus facile d'assurer l'efficacité des systèmes. Par ailleurs, dans le secteur public, il arrive bien souvent que les programmes doivent être en oeuvre pendant une très longue période avant qu'ils puissent effectivement donner des résultats mesurables. La chose n'est donc pas facile dans le secteur public. C'est une question d'attribution. Par exemple, la réduction de la pauvreté est-elle attribuable aux mesures prises par le gouvernement, ou y a-t-il d'autres facteurs qui l'expliquent?
La tâche est très complexe. J'estime néanmoins que c'est justement pour cette raison qu'elle est si importante. Au fil des ans, nous avons réalisé un certain nombre de vérifications sur la mesure du rendement. De manière générale, le gouvernement a fait des progrès appréciables au cours des dix dernières années, mais il semble qu'il y ait eu un certain ralentissement ces quelques dernières années, ce qui m'amène à dire, si je peux me permettre de le faire remarquer, que les parlementaires devraient s'intéresser davantage à la chose. Les ministères produisent beaucoup d'information à ce sujet. Mais pour tout vous dire, je crois que bien des gens, les parlementaires y compris, déploreraient que cette information ne soit pas examinée, et ce, pour des raisons tout à fait valables.
Si je peux me permettre de faire la comparaison avec le secteur privé, tous les actionnaires reçoivent le rapport annuel et les états financiers de l'entreprise dans laquelle ils ont des parts. Je ne suis pas sûre qu'ils lisent tous ces documents du début jusqu'à la fin. Leur courtier en valeurs mobilières est là pour faire l'analyse et leur recommander de vendre ou d'acheter.
Les parlementaires auraient peut-être besoin d'un service, que ce service soit logé à la Bibliothèque du Parlement ou ailleurs, qui ferait une analyse plus rigoureuse — je sais qu'il a déjà été question de cela — et qui pourrait les aider à analyser les rapports sur le rendement; ils seraient alors plus en mesure d'interroger les ministères sur leur rendement.
C'est à mon avis un problème qu'il faut examiner et qu'il faut résoudre. Mais les parlementaires devraient aussi faire pression afin que l'on améliore le système de mesures du rendement au gouvernement.
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Merci, madame la présidente.
Madame Fraser, les propos que vous avez inclus dans votre rapport pour rassurer les citoyens et les citoyennes sont évidemment essentiels. Vous avez dit qu'il y a des cas décourageants, et je pense qu'il y a matière à se décourager à la lecture de certains faits. Mais éviter de blâmer plus de 300 000 personnes, c'est autre chose.
Les détails du chapitre 11 nous plongent dans une histoire d'horreur. En effet, je ne veux pas décourager d'autres personnes, mais peu importe le mode de gestion — des biens physiques tels qu'une automobile, des ressources humaines ou des finances —, le type n'était pas seul. D'autres personnes, à un moment donné, ont complété des documents et ont dû se dire qu'elles ne détenaient pas de preuves, que le registre était à refaire ou qu'on leur demandait de faire telle chose. Or, qu'on le veuille ou non, je comprends que très souvent, un peu comme dans l'armée, on dit qu'on doit obéir à son supérieur ou à son superviseur. Cela nous amène donc à la question de l'éthique dans son intégralité.
Je me demandais donc si vous aviez une réflexion à émettre. On attend le projet de loi . Indépendamment de cela, si la Loi sur la protection des fonctionnaires divulgateurs d'actes répréhensibles avait été mise en oeuvre, ou un texte de cette envergure, cela aurait-il pu aider?
Madame Fraser, je vous pose cette question parce qu'à ce comité, lors de la dernière législature, nombre de hauts fonctionnaires et de chefs d'organisation sont venus nous dire que le projet de loi ne répondait pas à un réel besoin, parce que cela existait déjà et que cela fonctionnait très bien: les valeurs et les notions d'éthique étaient connues. Cependant, chaque fois que surviennent des choses aussi graves, les citoyens et citoyennes se demandent où se situe l'éthique du gouvernement fédéral, et cela nous interpelle beaucoup. C'est indépendant de la petitesse du service.
La mise en application d'une telle loi aurait-elle permis d'éviter semblable situation? Cela pourrait-il faire en sorte d'éviter que des situations semblables se produisent dans l'avenir, ou est-ce que je me leurre?