:
Monsieur le président et membres du comité, bonjour.
[Français]
Je suis heureux aujourd'hui d'avoir l'occasion de rencontrer les membres du comité afin de faire suite au rapport de la Commission d'enquête sur les actions des responsables canadiens relativement à Maher Arar, et de répondre à vos questions.
[Traduction]
J'estime qu'on ne saurait trop insister sur l'importance de cet examen. Ce sont des telles analyses, franches, exhaustives et stimulantes qui permettent d'assurer aux Canadiens que les erreurs commises ne seront jamais passées sous silence dans notre pays et que ni les institutions ni les personnes en position d'autorité ne sauraient être exemptées de leurs responsabilités dans tout dossier ou affaire où subsistent des points non résolus.
Le célèbre érudit Arnold Toynbee a écrit que l'évolution d'un individu, d'une organisation ou d'une société est déterminée par l'aptitude à relever des défis tant sur le plan humain qu'environnemental.
Comme tous les Canadiens, j'ai constaté avec quelle dignité M. Arar and Mme Mazigh ont traversé le cauchemar dans lequel ils ont été plongés il y a trois ans.
Monsieur Arar, j'aimerais profiter de l'occasion pour vous exprimer publiquement, à vous, votre femme et à vos enfants, à quel point je regrette les actions de la part de la GRC qui ont pu contribuer, dans quelque mesure que ce soit, à l'injustice effroyable dont vous avez été l'objet, et aux souffrances que vous et votre famille avez dû subir.
Je sais pertinemment que des excuses ne rendront jamais à M. Arar ce qui lui a été dérobé. Mais il nous est toutefois possible d'évoluer et d'adopter des réformes et des changements. En termes concrets, cela signifie déterminer et reconnaître les erreurs commises, mettre en oeuvre les correctifs qui s'imposent, et réitérer notre engagement envers notre mandat fondamental -- servir et assurer de notre mieux la sécurité de tous les Canadiens et du pays.
Mon but aujourd'hui n'est pas tant de plonger dans les détails de cette affaire, puisque c'est ce qu'a fait de façon exhaustive le juge O'Connor.
[Français]
Je désire plutôt exprimer au comité et, par son entremise, aux citoyens canadiens ma réaction personnelle au rapport du juge O'Connor, ainsi que les actions que la GRC a déjà posées ou entend poser à compter de maintenant.
[Traduction]
Mon but ultime est d'assurer aux Canadiens que je compte, ainsi que tous ceux qui travaillent à la Gendarmerie royale du Canada, faire tout ce qu'il nous est possible pour veiller à ce qu'aucun autre citoyen canadien ne subisse jamais à l'avenir ce qui est arrivé à la famille Arar.
Maintenant, je veux commenter plus particulièrement trois éléments du rapport. Tout d'abord, à propos de l'équipe du Projet A-O Canada, le groupe d'enquête de la GRC mis sur pied dans l'après-11 septembre, le juge O'Connor a confirmé que le Projet A-O Canada était formé d'une équipe d'enquêteurs de haut calibre qui possédaient une vaste expérience d'enquêtes majeures et complexes. Ses membres n'étaient cependant pas pourvus de l'expérience et de la formation voulues pour ce qui est des exigences particulières des enquêtes relatives à la sécurité nationale, notamment sur le plan de la communication de renseignements aux autorités américaines. L'équipe d'enquêteurs n'a pas reçu l'orientation ni les directives appropriées à l'interne.
Ensuite, pour ce qui est des mesures prises par la GRC, le Projet A-O Canada, l'équipe d'enquête créée à la GRC à la suite des attentats du 11 septembre, a suivi des étapes d'enquête appropriées. Toutefois, de l'information a été transmise aux autorités américaines sans qu'en ait été évaluée la pertinence ni la fiabilité, ni qu'en aient été omis d'éventuels renseignements personnels. En outre, aucun avertissement à cet effet n'a été annexé à l'information fournie. Bien qu'il y ait eu un effort fait précisément pour corriger l'étiquette affublée par erreur à M. Arar pendant qu'il était toujours détenu à New York, le juge O'Connor a jugé qu'il avait été inadéquat. Le juge O'Connor a déterminé que, bien que l'avis de guet aux frontières ait été une étape d'enquête raisonnable, il présentait de M. Arar et de son épouse une image inexacte et leur accolait une étiquette injuste.
Cela dit, le juge O'Connor souligne que les enquêteurs de la GRC n'ont fait preuve d'aucune mauvaise foi. Ils n'ont jamais eu l'intention de contribuer au transfert d'un citoyen canadien vers la Syrie, ni ne savaient que c'est l'effet qu'auraient leurs gestes. Il conclut aussi que les dirigeants de la GRC ne savaient pas que les autorités américaines avaient décidé de détenir et de renvoyer M. Arar en Syrie, qu'ils n'ont pas participé à cette décision et qu'ils n'y ont pas acquiescé. Au sujet des mesures prises par la GRC, le juge O'Connor conclut que le breffage de haut niveau fait aux cadres supérieurs du gouvernement était incomplet et manquait d'équilibre.
Ce sont des erreurs qui ont été faites; elles ne le seraient plus aujourd'hui.
Troisièmement, pour ce qui est du contexte dans lequel ces événements sont survenus, il me semble extrêmement important de replacer en contexte les événements en cause -- un contexte sans précédent pour le monde et pour tous les secteurs du gouvernement responsables de la lutte contre le terrorisme.
[Français]
Comme le dit le juge O'Connor dans son rapport :
À la suite des événements du 11 septembre 2001, les responsables de la sécurité nationale au Canada ont été confrontés à des défis inédits.
Les organismes occidentaux du renseignement et de l'application de la loi, y compris ceux du Canada, mettaient en effet tout en oeuvre pour retrouver les personnes impliquées dans le complot du 11 septembre 2001. On craignait par-dessus tout, non sans raison, une deuxième vague d'attentats.
[Traduction]
C'est vrai -- dans les premiers jours suivant le 11 septembre régnaient la confusion et des défis sans précédent. Bien sûr, ce n'est pas une excuse et cela ne nous autorise pas à éviter de faire face aux conséquences de ce qui s'est passé à ce moment-là. Mais il faut se rappeler que nous vivions dans un monde complètement différent au matin du 12 septembre. C'était un monde nouveau pour nous -- pour nous tous. En particulier pour ceux d'entre nous qui devons assurer la sécurité de notre pays.
Nous avons depuis appris de précieuses leçons en matière de sécurité. Dans certains cas -- comme celui-ci -- nous avons appris à la dure.
[Français]
J'accepte les recommandations du rapport, sans exception. De nombreux changements sont déjà en cours à la GRC, des changements qui vont dans le sens des recommandations qui ont été faites.
[Traduction]
En voici des exemples:
Nous avons renforcé notre gestion en mettant en service un nouveau système de gestion des dossiers protégés qui permet la supervision en temps réel des informations provenant d'enquêtes en cours.
Nous avons modifié des politiques et des procédures afin de donner une orientation concise sur le traitement et le partage d'information. Nous avons, entre autre, créé un Groupe du traitement des documents de nature délicate à la Direction générale de la GRC qui veillera à ce que les renseignements criminels soient dûment contrôlés.
Nous avons modernisé notre programme de formation en matière de sécurité nationale afin d'y traiter des mandats et des politiques et de favoriser une sensibilité aux normes d'autres cultures.
Nous avons élargis nos programmes de consultation et créé, à Ottawa, un comité consultatif communautaire sur la sécurité nationale qui servira de modèle dans l'ensemble du pays.
Nous avons entrepris l'examen de nos ententes écrites, de notre conformité aux politiques et aux directives ministérielles, de notre coordination centrale et de nos procédés de partage de l'information.
Nous avons instauré un bon nombre de programmes de contrôle de la qualité et mis au point un modèle pour les protocoles d'entente se rapportant à la sécurité nationale.
En outre, nous réagirons promptement et apporteront tous les autres changements qui nous permettront d'atteindre le but que j'ai déjà énoncé.
[Français]
Mesdames et messieurs, je sais que vous aurez de nombreuses questions à me poser dans le court laps de temps dont nous disposons aujourd'hui, et je me ferai un plaisir d'y répondre. Mais avant d'y arriver, j'aimerais faire deux dernières remarques.
[Traduction]
D'abord, je tiens à ce que vous sachiez que cette tragédie a eu de profondes répercussions sur la GRC. Depuis que M. Arar a été envoyé en Syrie, de nombreuses personnes se demandent en quoi consiste exactement le rôle d'un service de police moderne.
Dans notre quête de justice contre ceux qui détruisent notre qualité de vie, des innocents peuvent parfois être pris pour des personnes qui nous font du tort. C'est ce qui est arrivé à M. Arar. Il s'agit là d'une terrible vérité que nous avons dû admettre. Rien n'est plus important que de prévenir qu'une telle erreur se reproduise. Rien, non plus, n'est plus important que de protéger les Canadiens et notre existence même, contre ceux qui ont juré notre perte, avec toute l'horreur dont ils se sont montrés capables.
Je ne suis pas sûr de connaître la réponse à ces grandes questions avec lesquelles nous jonglons. Certes, le rapport du juge O'Connor nous aide tous à mieux comprendre comment nous pouvons atteindre ces objectifs.
[Français]
Deuxièmement, j'aimerais vous faire part de la certitude qui me sert de phare en cette sombre période, tant pour moi-même que pour la Gendarmerie royale du Canada.
[Traduction]
La voici. Lorsque nous, membres de la GRC, assumons la tâche complexe et parfois accablante d'assurer la sécurité de notre pays et de conserver la vitalité de nos communautés, rien n'ébranle notre profonde détermination à servir la population canadienne et à la protéger. Il n'y a pas un membre de la GRC au pays qui n'ait entrepris sa carrière dans l'unique intention de faire de son mieux, d'apporter sa propre contribution à l'application de la loi et au bien-être de sa communauté et des autres. Tous nos membres savent, en quittant la Division Dépôt à Regina après leur formation, qu'au cours de leur carrière, ils peuvent être appelés à faire des sacrifices, à surmonter des difficultés, à affronter le danger et même à connaître la peur de commettre une erreur.
[Français]
Il y a 36 ans, j'ai pris le même engagement, celui de servir mon pays de mon mieux, de respecter la loi et de faire tout mon possible pour vivre selon les valeurs qui font ressortir le meilleur de nous tous.
[Traduction]
Aujourd'hui, je réitère cet engagement et je vous assure qu'en tant que dirigeant de cette formidable institution canadienne, je m'efforcerai personnellement de relever les défis à venir dans le même esprit.
Mesdames et messieurs, j'ai l'honneur de travailler avec les hommes et les femmes les plus dévoués et les plus professionnels que vous puissiez imaginer. Nous rêvons d'un Canada sûr où règnent la justice et la paix. Je sais que chaque Canadien partage ce rêve et qu'ensemble nous continuerons de travailler à protéger tous les progrès accomplis en ce sens dans ce remarquable pays.
Merci.
[Français]
Merci, monsieur le président.
:
Merci, monsieur le président.
Je voudrais aussi vous souhaiter la bienvenue, Commissaire, et vous faire part de ma satisfaction pour les excuses publiques que vous avez présentées ce matin au nom de la GRC à Maher Arar et à sa famille pour la terrible injustice, comme vous l'avez dit, dont elle a été victime et pour le cauchemar qu'elle a vécu, de même que pour la mise en oeuvre des recommandations de la Commission O'Connor.
Comme vous le savez, Commissaire, les principales conclusions de la Commission O'Connor étaient non seulement que Maher Arar était innocent, mais qu'il a été l'innocente victime des gouvernements américain et syrien ainsi que des actes des autorités canadiennes. Plus précisément, la Commission a conclu que, même si la GRC n'a pas eu connaissance de la décision des États-Unis d'envoyer M. Arar en Syrie, qu'ils n'y ont pas participé ou qu'ils n'y ont pas acquiescé, comme vous l'avez dit vous-même, il n'en reste pas moins que des agents de la GRC ont transmis des renseignements faux et trompeurs aux autorités américaines ce qui, comme l'a dit le Commission, a probablement contribué au renvoi de M. Arar vers la Syrie et aux tortures qu'il a subies. Deuxièmement, ces agents ont fourni des renseignements inexacts et trompeurs au Conseil privé et aux ministres du gouvernement et, troisièmement, ils ont délibérément fait fuir des renseignements faux et trompeurs après la libération de Maher Arar -- et on pourrait dire qu'ils l'ont fait sciemment -- ce qui a eu des conséquences dévastatrices pour Maher Arar et sa réputation, comme l'a dit la Commission.
Ma question, Commissaire, est donc la suivante. Que saviez-vous et quand l'avez-vous appris? Plus précisément, saviez-vous que des agents de la GRC avaient transmis aux autorités américaines des renseignements faux et trompeurs qui ont probablement contribué au renvoi de Maher Arar vers la Syrie le décrivant, lui et sa femme, comme des extrémistes islamistes associés au mouvement terroriste Al-Qaïda, ce qui, comme le dit la Commission, risquait d'avoir des conséquences désastreuses, comme cela a été le cas?
Ce sont là mes questions, Commissaire.
:
Monsieur le commissaire, j'ai déjà dit combien j'avais apprécié votre acceptation des blâmes, votre intention de corriger la situation et les excuses que vous avez présentées à la famille Arar, qui, je l'espère, seront imitées par d'autres qui devraient faire de même.
Une question fondamentale me préoccupe quand même beaucoup à l'écoute de votre témoignage. Dès que vous avez su que M. Arar était en Syrie, vous avez fait sortir le dossier. Vous saviez que c'était une erreur de la GRC qui l'avait entraîné dans tout cela. Selon tout le monde, vous l'avez laissé pourrir presque un an dans les prisons syriennes. Pour la majorité des Canadiens — pas tous —, avant le rapport de la Commission O'Connor, M. Arar était lié aux terroristes, et vous saviez que c'était faux.
Comment, comme policier, pouviez-vous laisser dans une prison quelqu'un que vous savez innocent? C'est votre organisation qui est à l'origine de ce qui l'a amené dans cette prison.
De plus, devant les tentatives répétées pour salir sa réputation afin de justifier cette incarcération, comment ne pouviez-vous pas trouver un moyen d'intervenir et d'informer correctement personnellement le ministre? Vous saviez aussi que les autorités politiques et le ministre, à ce moment-là, semblaient croire les gens qui leur disaient que s'il n'était pas un terroriste, il était au moins relié aux terroristes et qu'il était, au fond, un peu responsable de la situation dans laquelle il se trouvait.
Je vois bien aussi, dans les projets de réforme que vous nous présentez, que vous ne les avez pas improvisés depuis la publication du rapport O'Connor. À vous entendre, vous saviez que c'était un problème important auquel vous aviez déjà commencé à apporter des solutions.
Pourquoi n'avez-vous pas fait tout votre possible afin que M. Arar soit libéré et que sa réputation soit lavée avant le rapport?
:
Merci, monsieur le président.
Commissaire, vous avez dit que vous ne saviez pas que des renseignements faux ou trompeurs avaient été transmis au départ aux États-Unis, mais que vous avez appris que ces renseignements avaient été corrigés pendant la détention de M. Arar et que c'est sans doute à ce moment-là que vous avez été mis au courant.
Ma première question est la suivante: lorsque vous avez appris que les renseignements faux et trompeurs transmis aux autorités américaines avaient été corrigés, selon vos propres paroles, pourquoi le gouvernement canadien n'a-t-il pas été informé des faits? Pourquoi la GRC a-t-elle continué à transmettre des renseignements faux et trompeurs aux autorités canadiennes alors qu'elle avait déjà transmis un correctif aux autorités américaines et a-t-elle continué à le faire après le retour de Maher Arar au Canada?
Deuxièmement, quand vous avez appris que des renseignements faux et trompeurs avaient été transmis aux États-Unis, pourquoi la GRC n'a-t-elle pas, comme le mentionne le juge O'Connor, appuyé la lettre consensuelle adressée à la Syrie ce qui, comme le dit le juge O'Connor, a nui aux démarches visant à sa libération et à son retour au Canada? Je voudrais savoir si vous avez participé aux discussions concernant l'initiative consensuelle? Dans l'affirmative, l'avez-vous appuyée? Sinon, pourquoi ne l'avez-vous pas fait?
Ma troisième et dernière question est la suivante: peu importe que les fuites émanaient ou non de la GRC, une fois que le public canadien en a eu connaissance, un an après la détention initiale de Maher Arar, pourquoi n'avez-vous pas rectifié publiquement la situation? Comme vous saviez qu'un rectificatif avait été adressé aux Américains, un an plus tôt, au sujet de ces renseignements faux et trompeurs, pourquoi n'avez-vous pas rectifié publiquement la situation, ici au Canada, alors que la réputation de Maher Arar et de sa famille avait été gravement ternie et qu'il était clair qu'aucune preuve n'avait été relevée contre lui?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Commissaire, permettez-moi d'abord de vous remercier pour votre comparution ici aujourd'hui et pour avoir présenté votre point de vue sur cette question très importante non seulement sur le plan national, mais aussi sur le plan international.
Vous avez présenté vos excuses, ce qui montre que vous prenez effectivement cette question très au sérieux.
Nous avons abordé toutes sortes de questions au cours de cette réunion, aussi bien les fuites que la chronologie des événements, votre participation personnelle, les problèmes dont on a parlé en ce qui concerne les effectifs et la formation, la question de savoir si les instances politiques ont donné ou non des instructions, le rapport du juge O'Connor, ses recommandations, l'échange international d'information et les problèmes qui peuvent parfois en résulter.
J'ai également pris bonne note du fait que la mentalité policière avait changé à la suite des événements du 11 septembre, non seulement au Canada, mais sur la scène internationale. Vous avez aussi précisé que la famille Arar ne faisait l'objet d'aucune enquête.
Je tiens à souligner que des erreurs ont été commises et que lorsque c'est le cas, il est à espérer qu'on en tirera la leçon.
Commissaire, un homme comme vous qui a servi son pays et la GRC pendant plus de 36 ans comprend certainement que la Gendarmerie royale du Canada est une institution dans notre pays. C'est une organisation dont les Canadiens sont fiers. Elle joue un rôle très important dans notre société civile. En tant que commissaire, quelles garanties pouvez-vous donner au public canadien, qui suit peut-être les audiences du comité à la télévision, que ces erreurs ne se répéteront pas et que la GRC pourra s'acquitter de ses responsabilités à l'avenir?
:
Merci, monsieur le président, et je remercie les membres du comité pour l'intérêt qu'ils portent à cette question très importante. Je vous remercie de m'avoir fait venir ici pour vous parler des conclusions très importantes de M. le juge O'Connor sur les agissements des autorités canadiennes à l'égard de M. Maher Arar, son renvoi vers la Syrie à partir des États-Unis et sa détention en Syrie.
[Français]
Un deuxième rapport, qui portera sur la création d'un mécanisme d'examen des activités de la Gendarmerie Royale du Canada en matière de sécurité nationale, doit être publié plus tard cet automne. Selon ce qu'on rapporte, ce sera très important.
[Traduction]
Le deuxième rapport, qui concerne un mécanisme d'examen pour les activités de la Gendarmerie royale du Canada se rapportant à la sécurité nationale, doit être publié plus tard cet automne. Je sais que les membres du comité s'intéressent également à ce rapport.
[Français]
Je tiens à féliciter le juge O'Connor et toutes les personnes qui ont travaillé à ce rapport. Le rapport du juge O'Connor est un document important. Il jette la lumière sur un volet très complexe et très difficile du travail de nos organismes de sécurité.
[Traduction]
Encore une fois, je voudrais féliciter M. le juge O'Connor et tous ceux qui ont travaillé à ce rapport. C'est un document d'une importance cruciale. Il nous éclaire sur un élément très complexe et très difficile du travail de notre agence de sécurité.
Certains ont dit que tous ces événements ont eu lieu sous le gouvernement précédent, mais je tiens à faire savoir à tout le monde que le nouveau gouvernement du Canada et le premier ministre ont déclaré sans équivoque que nous acceptions la responsabilité de la totalité des 23 recommandations de ce rapport. D'autres ont également laissé entendre qu'au lendemain du 11 septembre, il fallait agir rapidement sur le plan de la sécurité, qu'il y avait des pressions auxquelles il fallait répondre et que le système en place à l'époque en ce qui concerne les capacités d'enquête n'était peut-être pas optimal. Ce contexte était sans doute bien réel, mais il n'excuse pas les erreurs qui ont été commises. Des décisions et des mesures ont été prises et cela a eu de graves conséquences pour M. Arar, sa vie et sa famille. Ce que M. Arar et sa famille ont subi était inacceptable et injuste.
La semaine dernière, ici-même à la Chambre des communes, les députés ont voté unanimement pour exprimer leur opinion au sujet de cette affaire. Nous avons exprimé le sentiment qu'il fallait présenter des excuses en procédant à ce vote et en faisant part de nos regrets.
Le travail accompli par le juge O'Connor nous a donné largement matière à réflexion. En fait, il nous a préparé une feuille de route qui va pouvoir nous guider et qui nous guide déjà.
[Français]
Monsieur le président, le gouvernement du Canada accepte le rapport. Nous allons mettre en oeuvre les recommandations qu'il contient. En fait, nous avons déjà commencé à le faire et nous allons continuer.
[Traduction]
Le gouvernement du Canada accepte le rapport du juge O'Connor. Nous allons suivre ses recommandations et nous avons d'ailleurs déjà commencé à le faire.
Nous examinons à fond toutes les possibilités de mise en oeuvre et nous allons donner suite à ces 23 recommandations. Dans la première partie du rapport, les recommandations 1 à 11 sont directement et principalement reliées au rôle de la GRC et à son travail sur le plan de la sécurité nationale ainsi qu'à la coordination de ses activités avec celles des autres agences.
Conformément aux dispositions de la loi, la coopération entre la GRC et le SCRS revêt une importance cruciale dans ce domaine. Je peux vous dire que maintenant les responsables de la GRC et du SCRS se réunissent au moins chaque mois pour coordonner leurs efforts et aligner leurs priorités. Ce n'était pas le cas lorsque M. Arar a été envoyé et incarcéré en Syrie. C'est le cas maintenant que le nouveau gouvernement du Canada est au pouvoir.
Récemment, sous les auspices du nouveau gouvernement du Canada, le SCRS et la GRC ont signé un protocole d'entente mis à jour qui guide leur travail dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et qui appuie des programmes de formation conjointe. En fait, une nouvelle norme de formation a été établie pour la sécurité nationale et elle sera appliquée conjointement en vertu du protocole d'entente.
Le commissaire Zaccardelli m'a également informé que la GRC a actuellement quatre équipes intégrées de la sécurité nationale dans des grandes villes du pays. Ces équipes comprennent des membres d'autres agences fédérales et de services de police provinciaux et municipaux. Cela contribuera à obtenir un rendement maximal de nos efforts d'application de la loi. Nous avons eu un échantillon des résultats en juin dernier quand on a procédé à des arrestations à Toronto.
La surveillance des enquêtes sur la sécurité nationale est également maintenant centralisée au quartier général de la GRC.
[Français]
Une des principales questions abordées dans le rapport concerne le partage de l'information à des fins de sécurité publique et nationale. Le juge O'Connor formule des recommandations à ce sujet.
[Traduction]
L'échange d'information aux fins de la sécurité publique et de la sécurité nationale était une question au centre du rapport. Le juge O'Connor a fait un certain nombre de recommandations à ce sujet.
Je me suis également réjoui de lire que le juge O'Connor reconnaît tout à fait l'importance d'échanger de l'information pour protéger les intérêts du Canada sur le plan de la sécurité nationale et contrer les menaces pour notre sécurité. J'ai appris que la GRC avait révisé ses lignes de conduite au sujet de l'échange de renseignements dans le cadre des opérations de sécurité nationale afin de les rendre plus précises et plus claires. Le rapport aidera à guider l'examen de cette question importante.
D'autre part, je m'intéresse particulièrement au fait que la GRC centralise la gestion de tous les aspects des enquêtes sur la sécurité nationale, y compris l'application uniforme des réserves. À cet égard, on m'a assuré que toutes les réserves existantes faisaient l'objet d'un examen.
J'ai hâte de voir le deuxième rapport, car le juge O'Connor va y préciser sa pensée au sujet de l'examen des activités de la GRC et de la surveillance. Je sais que mes collègues qui sont autour de cette table s'intéressent beaucoup à cette question.
Les recommandations 12 à 15 portent sur la gestion des relations avec les gouvernements étrangers et les préoccupations relatives aux droits de la personne qui sont associées à des échanges d'information. Cela touche un grand nombre de ministères et d'organismes. Je peux vous assurer que l'application de ces recommandations est en cours. Par exemple, le SCRS a prépareri une nouvelle réserve pour accompagner tous les renseignements qu'il partage avec des agences étrangères afin de s'assurer qu'ils ne seront pas utilisés à mauvais escient.
L'Agence des services frontaliers du Canada et le ministère des Affaires étrangères sont en train de procéder à un examen de leurs pratiques d'échange d'information, particulièrement dans ce domaine. De plus, le ministère des Affaires étrangères partage déjà des rapports sur les droits de la personne dans divers pays avec les agences de sécurité et de renseignement comme le juge O'Connor l'a recommandé. Cela aide à prendre des décisions efficaces dans ce domaine et cela posait un problème par le passé.
Le SCRS a modifié sa procédure pour la liaison et la coopération avec les agences étrangères, ainsi que sa politique de ciblage afin de bien préciser que les antécédents des autres pays en matière de droits de la personne doivent entrer en ligne de compte.
Un nouvel examen aura lieu compte tenu de ces recommandations précises.
[Français]
Dans son rapport, le juge O'Connor formule quelques recommandations, les recommandations 16, 17 et 18, sur les affaires consulaires. Je tiens à vous assurer que mon collègue le ministre des Affaires étrangères est résolu à apporter les changements nécessaires conformément à ces recommandations.
[Traduction]
Dans son rapport, le juge O'Connor formule quelques recommandations, les recommandations 16, 17 et 18, sur les affaires consulaires. Je tiens à vous assurer que mon collègue le ministre des Affaires étrangères est résolu à apporter les changements nécessaires conformément à ces recommandationse et selon les besoins.
[Français]
On m'informe que la formation du personnel des services consulaires est en voie d'être renforcée et qu'elle sera offerte à un plus grand nombre d'employés de première ligne.
[Traduction]
On m'a aussi informé que la formation du personnel des services consulaires est en voie d'être renforcée et qu'elle sera offerte à un plus grand nombre d'employés de première ligne.
Le juge O'Connor a fait d'autres recommandations, plus précisément les recommandations 19 et 20 concernant la formation et les politiques. Comme vous, je souhaite une meilleure formation et des politiques plus claires dans les ministères et organismes fédéraux à l'égard des problèmes reliés au profilage racial, religieux ou ethnique. Je dis cela en reconnaissant que certaines organisations ont déjà des politiques bien établies et des programmes de formation dans ce domaine.
Néanmoins, l'apprentissage est un processus continu et nous poursuivrons nos efforts conformément à ces recommandations.
J'ai aussi demandé aux agences qui relèvent de mon ministère de mettre en oeuvre la recommandation 21 du juge O'Connor concernant l'utilisation d'avis de surveillance à la frontière. Je peux confirmer que, comme vous le savez, nous avons pris des mesures la semaine dernière, dans les 24 heures suivant la publication du rapport et que l'Agence des services frontaliers du Canada a supprimé les noms de M. Arar, sa femme et sa famille de la liste des avis de surveillance. Il n'y a aucun avis de surveillance concernant M. Arar. De plus, toute mention de Mme Mazigh et de ses deux enfants a été supprimée du système de gestion des renseignements, comme le juge O'Connor l'a recommandé. Nous avons suivi cette recommandation très rapidement.
Par ailleurs, j'ai écrit au secrétaire d'État à la sécurité intérieure des États-Unis pour l'informer de la principale conclusion du rapport à savoir qu'aucune preuve n'indique que M. Arar a commis la moindre infraction ou que ses activités constituent une menace pour la sécurité du Canada. Je l'ai également informé que j'ai ordonné la suppression -- ce qui a été fait -- de toute mention de M. Maher Arar ou de sa famille dans les avis de surveillance de l'ASFC. J'ai partagé ce renseignement avec les États-Unis pour m'assurer qu'aucune mesure ne serait prise sur la foi de renseignements inexacts, et j'ai invité les Américains à suivre notre exemple.
[Français]
Je tiens également à ajouter qu'en 2004, le Canada et les États-Unis ont signé un protocole.
[Traduction]
Monsieur le président, il est important de souligner qu'un protocole existe entre le Canada et les États-Unis pour que chacun des deux pays avertisse l'autre s'il envisage de renvoyer un de ses ressortissants vers un pays tiers. Nous avons demandé cette entente afin d'éviter la répétition de ce qui s'est passé dans l'affaire Arar. Nous poursuivrons le dialogue avec le gouvernement des États-Unis à cet effet.
Je crois que nous sommes le seul pays à avoir conclu ce genre d'entente avec les États-Unis. Le gouvernement du Canada a déjà exprimé ses préoccupations au gouvernement syrien au sujet de la détention de M. Maher Arar. Il fait suite aux recommandations du juge O'Connor à cet égard.
La dernière recommandation du juge O'Connor, la recommandation 23, porte que le gouvernement du Canada devrait évaluer la demande de dédommagement de M. Arar et y répondre en conséquence. Le gouvernement a déjà demandé à son avocat de contacter l'avocat de M. Maher Arar pour poursuivre la médiation à ce sujet. Ce contact a été pris.
Le juge O'Connor déclare qu'il a entendu suffisamment de preuves au sujet de MM. Almalki, El Maati et Mureddin pour dire que ces cas devraient être réexaminés dans le cadre d'un processus indépendant et crédible. Il ne recommande pas ou ne suggère pas que ce soit dans le cadre d'une enquête publique comme dans le cas de M. Arar, mais il recommande de le faire. Le gouvernement cherche actuellement la façon la plus efficace de procéder et nous le ferons.
Monsieur le président, nous devons profiter de l'occasion pour tirer la leçon des événements passés afin que toutes les agences et tous les ministères qui assument des responsabilités sur le plan de la sécurité nationale répondent aux besoins et aux attentes des Canadiens. Même si toute cette affaire s'est déroulée sous le gouvernement précédent, cela ne diminue pas la responsabilité du nouveau gouvernement du Canada.
Après avoir étudié le rapport du juge O'Connor, je crois important de dire que, même s'il estime que la façon dont les renseignements concernant M. Maher Arar ont été utilisés et dont les agences ont travaillé ensemble est très problématique, il n'a pas trouvé la preuve que les autorités canadiennes ont participé ou acquiescé à la décision des États-Unis de détenir M. Arar ou de l'envoyer en Syrie.
:
Pour ce qui est de la première question concernant les excuses, je vous demanderais encore une fois de vous reporter au rapport. Nous voulons veiller à procéder comme le juge O'Connor l'a suggéré.
Je vais vous lire un extrait du rapport :
... si le gouvernement du Canada choisit de négocier avec M. Arar,
-- et c'est ce que nous faisons. Nous l'avons indiqué et nous avons commencé à le faire --
les arrangements négociés peuvent être plus créatifs qu'un jugement en dommages-intérêts. Une entente de dédommagement pourrait indiquer aussi bien des excuses qu'une offre d'emploi ou de l'aide à obtenir un emploi.
C'est ce que recommande le juge O'Connor.
Laissez-moi répondre à votre question, Joe. Vous m'avez demandé de le faire et je veux le faire.
Nous avons l'intention d'aller plus loin qu'une simple offre d'emploi, mais c'est une discussion qui doit avoir lieu entre M. Arar et ses avocats. Le juge O'Connor, qui comprend bien ces procédures judiciaires, comprend également qu'un dédommagement peut inclure des excuses.
Si vous me permettez de citer un autre exemple, nous avons eu le cas de la taxe d'entrée imposée aux Chinois. Écoutez simplement ce que j'ai à dire. Cette taxe avait été instaurée par un autre gouvernement, mais notre gouvernement a assumé la responsabilité de régler le problème. Néanmoins, avant d'émettre des excuses, nous avons eu de nombreuses discussions avec les personnes qui avaient introduit une poursuite civile. Nous devions nous assurer que les excuses suffiraient aux personnes qui avaient été lésées.
C'est précisément le principe qui est appliqué ici. Le juge O'Connor dit que si le gouvernement veut le faire -- et nous le voulons -- nous devons procéder de cette façon. Cela peut inclure des excuses et d'autres choses. Voilà pourquoi, par respect pour M. Arar et les épreuves que sa famille et lui ont traversées, nous voulons être certains de procéder comme il se doit.
Pour ce qui est de la deuxième question portant sur la sécurité nationale, à peu près 99,5 p. 100 de tout ce que le juge O'Connor voulait publier a été publié. Pour certaines questions de sécurité nationale...
:
Je me fie à l'opinion de la sécurité nationale. Je me fie à l'opinion de ceux qui travaillent avec les autres services de sécurité. Pour une question de sécurité nationale et compte tenu de l'importance d'entretenir de bonnes relations avec les autres agences de sécurité, avec nos alliés, nous avons décidé de ne pas divulguer une infime quantité de renseignements.
Je crois très important de mentionner que même si le juge O'Connor n'est pas d'accord avec nous sur ce point, il a dit qu'aucun des renseignements refusés ne limitait la portée de son rapport, de ses critiques ou de ses recommandations. Par conséquent, rien n'a limité sa capacité à formuler d'excellentes recommandations.
Je dirais seulement en ce qui concerne certains renseignements que, lorsqu'il s'agit de la sécurité nationale, des risques pour les Canadiens et des risques pour certains membres de nos agences de sécurité, je dois prendre la bonne décision et recommander qu'une infime partie de ces renseignements, qui pourraient causer du tort non pas à M. Arar -- M. Arar a reçu clairement l'assurance que tout sera réglé en ce qui le concerne... Mais telle est ma position.
En fait, nous adoptons la position que prévoit la loi et nous en avons informé le juge O'Connor. Nous prendrons les mesures nécessaires, au moyen d'une ordonnance du tribunal, pour protéger ce que nous croyons être les intérêts de la sécurité nationale. Si cela va devant les tribunaux, ce sera aux tribunaux d'en décider un point c'est tout. Mais c'est la raison pour laquelle nous adoptons cette position; c'est dans l'intérêt de la sécurité des Canadiens.
Pour ce qui est de la surveillance du Parlement, M. Comartin n'ignore pas, je pense, que le juge O'Connor a dit qu'il voulait produire un deuxième rapport et c'est ce qu'il va faire. Cela concernera en grande partie les politiques, mais la question de la surveillance du Parlement y sera largement abordée.
J'ai déclaré publiquement, même lorsque j'étais membre de l'opposition, que je voulais un mécanisme de surveillance quelconque. Cela faisait également partie des engagements que nous avons pris lors de la dernière campagne électorale et cela fait toujours partie des engagements du premier ministre. Nous voulons qu'un groupe de parlementaires de tous les partis assure une surveillance adéquate.
Certaines personnes autour de cette table ont formulé d'excellentes recommandations à ce sujet par le passé. Nous donnerons suite à ce projet à un moment donné, mais par respect pour le juge O'Connor, je pense que nous devons attendre son opinion. Nous continuerons à nous diriger dans cette voie.