:
Merci beaucoup, monsieur le président. C'est un plaisir pour moi d'être ici et je vous remercie de nous offrir l'occasion de parler de ce projet de loi important.
Je suis accompagné de Michael Baker, directeur général, Capacité d'intervention et rétablissement des activités, Bob Lesser, directeur général des Opérations, Suki Wong, sous-directrice générale des Politiques en matière d'infrastructures essentielles et Tracy Thiessen, directrice générale pour la Coordination, qui est responsable de nos bureaux régionaux.
J'ai de brèves observations à vous adresser et, si vous le voulez bien, je pourrais simplement commencer.
Je dois d'abord mentionner que je suis ici à titre intérimaire, en tant que sous-ministre adjoint suppléant. Cela dit, les deux personnes les mieux placées pour vous informer au sujet de ce projet de loi n'ont malheureusement pas pu venir. La sous-ministre adjointe suit un programme de formation en dehors de la ville et n'est malheureusement pas disponible. Le directeur général pour la Politique de gestion des urgences est à l'étranger. Néanmoins, mes collègues et moi-même feront de notre mieux pour répondre à vos questions.
Le projet de loi fournit au gouvernement du Canada des moyens nouveaux pour exécuter efficacement ses activités internes de gestion des urgences. Il propose de créer une Loi sur la gestion des urgences qui permettrait de réagir aux nouveaux risques qui pèsent contre les Canadiens et les Canadiennes et qui fournirait le fondement législatif nécessaire pour les mesures à prendre à cette fin.
[Français]
Le projet de loi renforce le rôle du gouvernement fédéral dans les questions liées aux urgences et à la protection des infrastructures essentielles au XXIe siècle. En outre, le projet de loi reconnaît la nécessité d'une intervention fédérale coordonnée qui complète les interventions des autres autorités en cause et qui respecte la compétence des provinces et des territoires dans la gestion des situations d'urgence.
[Traduction]
Le Canada a dû réagir à toute une série d'urgences. Pour n'en nommer que quelques-unes, il y a eu la tempête de verglas dans l'est de l'Ontario et l'ouest du Québec en 1998, l'épidémie de SRAS de 2003 et les pannes d'électricité qui ont frappé l'Ontario au cours de cette même année, les nombreuses inondations dont l'Alberta, le Nouveau-Brunswick et le Québec ont été victimes, ainsi que les feux de forêt qui ont ravagé la Colombie-Britannique. Bien entendu, il y a de nombreux autres exemples.
Les efforts au niveau fédéral doivent être axés sur tous les dangers éventuels auxquels pourraient être confrontés les Canadiens et Canadiennes, y compris les catastrophes naturelles, le terrorisme ou la criminalité, les incidents cybernétiques ou d'autres répercussions sur nos infrastructures essentielles. De plus, des événements comme l'ouragan Katrina qui a déferlé sur la côte américaine du golfe du Mexique nous rappellent que le Canada doit demeurer prêt à intervenir dans des catastrophes à l'extérieur de ses frontières. Comme nous partageons notre frontière terrestre avec les États-Unis, nous devons élaborer des plans d'urgence avec nos voisins afin de nous fournir un soutien réciproque.
Les ravages de l'ouragan Katrina nous ont permis de constater que les paliers de gouvernement doivent mettre en place des cadres précis permettant de faciliter la coordination de leurs efforts, et il faut le faire suffisamment de temps à l'avance.
En deux mots, monsieur le président, les risques auxquels les Canadiens et les Canadiennes sont confrontés continuent d'évoluer. C'est dû, par exemple, à l'augmentation de l'incidence des conditions climatiques extrêmes et du risque d'incidents informatiques. Le projet de loi C-12 vise à mettre notre cadre réglementaire au diapason de cette évolution. Voilà pourquoi le gouvernement a énoncé dans le projet de loi les pouvoirs qui seraient impartis au ministre de la Sécurité publique et à d'autres ministres pour leur permettre de s'acquitter de leur rôle et de protéger les Canadiens et les Canadiennes.
Le projet de loi repose sur deux principes fondamentaux.
Premièrement, le gouvernement du Canada reconnaît la nécessité de coordonner la planification et les interventions du gouvernement fédéral tout en reconnaissant et en respectant la compétence des provinces et des territoires. Il respecte donc leur compétence et coordonne la planification et l'intervention au niveau fédéral avec les provinces et les territoires et, avec l'aide de ces derniers, appuie les autorités locales.
Deuxièmement, le gouvernement fédéral continue de fournir une aide financière d'urgence aux provinces et aux territoires en misant sur les ententes déjà conclues.
Aux termes de la mesure législative proposée, le ministre de la Sécurité publique aurait la responsabilité d'exercer un leadership en coordonnant les activités de gestion des urgences des divers intervenants fédéraux et en collaborant avec les gouvernements provinciaux et territoriaux.
Le projet de loi reconnaît également le rôle important dévolu à d'autres entités, dont les organisations non gouvernementales, comme la Croix-Rouge et le secteur privé. Je ferais observer que le nom même de la loi ainsi proposée fait ressortir qu'il n'appartient pas seulement au gouvernement fédéral de se préparer à contrer les risques, mais que tous les gouvernements doivent travailler ensemble pour prévenir les situations d'urgence, ou en réduire les répercussions, intervenir et aider les collectivités à se relever d'une catastrophe.
Le projet de loi établit également les responsabilités de mon ministre pour tous les aspects de la gestion des urgences. Si une urgence devait survenir, mon ministre serait chargé de coordonner les interventions du gouvernement fédéral.
[Français]
En vertu du projet de loi proposé, le ministre exercerait un leadership en établissant les politiques et les programmes qui régiraient la préparation des plans de gestion des urgences par d'autres ministres.
[Traduction]
Le Centre des opérations du gouvernement, qui appuie le ministre aujourd'hui et à l'avenir, opère 24 heures par jour, sept jours par semaine. Il surveille et analyse les menaces et coordonne les interventions en cas d'incidents. Avec l'appui du Centre et celui d'autres ministres, le ministre de la Sécurité publique peut conseiller le gouvernement fédéral sur les mesures à prendre et faire fonction de personne-ressource pour l'aide à apporter aux provinces et aux territoires.
Il importe également d'observer que le projet de loi établit que tous les ministres fédéraux ont la responsabilité de repérer les risques, de préparer, de garder à jour et de mettre à l'essai des plans pour y réagir et de fournir de la formation pour l'exécution de ces plans. Ces responsabilités ne sont certes pas nouvelles, mais le projet de loi réitère l'importance de ces responsabilités pour les organismes fédéraux et il les met en lumière.
Le projet de loi C-12 n'impose aucune activité précise pour la gestion des urgences; il permet plutôt l'innovation et la formation d'un consensus avec la collectivité par tous les ordres de gouvernement. Il permet aussi l'élaboration et la mise en oeuvre de programmes conjoints, d'exercices nationaux ainsi que d'activités de formation, de sensibilisation et de recherche dans le domaine de la gestion des urgences et de la sensibilisation de la population.
Le projet de loi reconnaît qu'une approche commune pour gérer les urgences, comportant des normes et des pratiques exemplaires, peut accroître l'efficacité des programmes, et ce, pour tous les paliers de gouvernement et le secteur privé. La formation par l'entremise d'exercices en matière d'urgence pour mettre à l'épreuve l'état de préparation du pays en est un bel exemple.
Monsieur le président, j'ai fait observer plus tôt que le projet de loi permet la prestation d'une aide aux provinces en cas d'urgence. Actuellement, pour aider une province ou un territoire à se remettre d'une situation d'urgence civile ou d'une catastrophe naturelle, le gouvernement du Canada peut allouer une aide financière fédérale en vertu des Accords d'aide financière en cas de catastrophe. Le projet de loi ne change pas les mécanismes qui permettent de fournir cette aide financière aux provinces. En fait, le projet de loi C-12 est le nouvel outil législatif proposé au moyen duquel une aide financière serait fournie à une province ou à un territoire en application de la Loi sur la protection civile.
Enfin, monsieur le président, en se préparant aux situations d'urgence et lorsque celles-ci se produisent, le gouvernement doit obtenir de l'information du secteur privé afin d'évaluer les menaces aux infrastructures essentielles et leurs vulnérabilités, d'élaborer des plans de gestion des urgences, d'améliorer les systèmes d'avertissement et de signalement et d'élaborer de meilleures interventions et moyens de défense. J'aimerais préciser que l'information demandée serait de nature technique et ne comprendrait aucun renseignement personnel.
Des modifications connexes proposées à la Loi sur l'accès à l'information sont nécessaires pour permettre au gouvernement d'échanger de l'information technique précise et fiable avec ses partenaires du secteur privé afin de protéger les infrastructures essentielles et de gérer les situations d'urgence. Les modifications visent à encourager l'échange de renseignements en reconnaissant explicitement dans la Loi sur l'accès à l'information que l'information sur les infrastructures essentielles dans le secteur privé doit être protégée contre la divulgation.
Monsieur le président, lorsqu'une situation d'urgence survient, les Canadiens et les Canadiennes se tournent vers leurs gouvernements pour gérer ensemble la situation. Pour se préparer à réagir à ces situations d'urgence, ces gouvernements doivent avoir la capacité de surveiller, d'évaluer et de prévenir les risques décelables et de mettre en place des plans bien rodés pour une intervention efficace et coordonnée.
[Français]
Le , aidera le gouvernement du Canada à mieux servir les Canadiens et les Canadiennes avant, pendant et après les situations d'urgence qui pourront survenir.
[Traduction]
Mes collègues et moi-même nous ferons un plaisir de répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie les fonctionnaires pour cet exposé.
Les choses ont certainement beaucoup changé depuis mon enfance où il y avait, probablement dans chaque ville, une sirène pour signaler les raids aériens. Quelqu'un se souvient-il d'avoir entendu tester la sirène de raid aérien pendant son enfance? Moi, oui. Ce n'est peut-être pas le cas de certains de mes collègues, car je suis beaucoup plus vieux.
Les choses ont donc beaucoup changé et je crois qu'en général les Canadiens sont très impressionnés par la façon dont les divers niveaux de gouvernement répondent aux urgences. Il y a toujours des questions qui sont soulevées après coup. Cela semble inévitable.
La première question de mes sept minutes est la suivante. Lorsqu'une catastrophe survient, quelqu'un, quelque part, doit aussitôt prendre une décision cruciale. Une intervention doit être déclenchée dans les 10 secondes qui suivent. Un dispositif doit être mis en branle dans les quelques instants qui suivent. Dans le système national de gestion des urgences que crée ce projet de loi, y a-t-il une personne ou un groupe qui va assumer cette responsabilité -- pas pour un incendie local, mais pour quelque chose d'important, aura-t-on le moindre doute quant à la personne qui devra prendre instantanément la première décision?
Il pourrait s'agir d'une situation comme celle du 11 septembre, d'avions risquant de provoquer une catastrophe ou d'un type d'urgence entièrement différent comme une tempête de verglas.
C'est un peu comme la théorie du big bang. Aussitôt après le big bang, il s'est produit quelque chose qui reste un mystère, mais nous ne voulons certainement pas de mystère dans ce genre de situation.
Pourriez-vous m'expliquer ce qui se passe au moment où survient une catastrophe?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
L'une des principales missions du Centre des opérations du gouvernement est de surveiller ce genre d'événements. De façon plus générale, la loi fait précisément mention des urgences. Le Centre surveille aussi les questions de sécurité publique en général. Nous avons donc suivi la situation de près lorsqu'il y a eu la tuerie, à Montréal, il y a quelques semaines ou l'explosion dans un Tim Hortons, à Toronto, il y a quelques mois. Était-ce des attentats terroristes? De quoi s'agissait-il exactement?
Nous effectuons notre surveillance à partir d'un certain nombre de sources, des sources fédérales, bien entendu, comme le Service canadien du renseignement de sécurité et la GRC. Le Commandement canadien a également un service de surveillance par l'entremise du Commandement du Nord des États-Unis. Nous surveillons aussi les médias afin d'obtenir les premières informations qui, même si elles ne sont pas toujours confirmées, nous permettent dans bien des cas d'avoir une longueur d'avance. Il y a un processus pour avertir les organismes fédéraux et aussi nos collègues des provinces et des territoires de ce qui se passe.
Après les attentats à la bombe au Royaume-Uni, les organismes fédéraux se sont réunis très rapidement. Il était alors 4 heures du matin, dans l'Ouest, pour notre ministre et nous avons eu un appel conférence pour nous assurer que tout le monde, y compris le Commissaire et le directeur du SCRS, etc., était au courant. Les provinces ont été avisées immédiatement de ce qui se passait. Les provinces -- justement, j'en ai parlé la semaine dernière avec nos collègues de Colombie-Britannique qui ont très rapidement averti leurs installations de transport, leurs services de transport en commun, etc., dans tout le sud de la province, pour s'assurer qu'ils avaient les renseignements nécessaires et qu'ils connaissaient les risques que les attentats à la bombe pouvaient représenter pour le Canada.
:
Je vais commencer par la visite.
Lorsque nous sommes devenus un nouveau ministère, nous avons hérité de ce qu'il y avait déjà. Comme cela ne répondait aux besoins de personne, nous l'avons simplement détruit. Nous avons un centre des opérations temporaire qui est toujours là, mais le début novembre est sans doute le meilleur moment pour venir. Vous serez certainement les bienvenus une fois que nous nous serons débarrassés de nos casques de construction et de ce genre de choses.
Quant aux fonctions du Centre, il y en a un certain nombre. La première est une fonction de surveillance et de rapport. Comme je l'ai déjà mentionné, le centre surveillance différentes choses et c'est assez vaste. C'est beaucoup plus que les urgences. C'est la sécurité du public en général, si vous voulez. Nous produisons aussi un certain nombre de rapports. Il y en a un que nous appelons un bulletin d'information et qui s'adresse principalement à notre ministre, à son personnel et au Bureau du Conseil privé pour leur donner une longueur d'avance. Il contient des renseignements non confirmés, non corroborés et, dans les 30 minutes qui suivent, nous le faisons suivre de ce que nous appelons une notification. Il s'agit alors de renseignements confirmés et que nous avons vérifiés de notre mieux au sujet de ce qui se passe.
Dans les autres domaines de notre ressort, nous prenons connaissance de la situation. Pour employer une expression à caractère plus militaire, cela a pour but de brosser un tableau opérationnel commun. À partir de ces renseignements, nous pouvons faire une évaluation des risques. Nous ne faisons pas d'évaluation de la menace. C'est ce que font le SCRS, la GRC, la Défense nationale, etc. Nous faisons une évaluation des risques et nous nous demandons en quoi cela nous concerne, qu'est-ce que cela veut dire et, si cela veut dire quelque chose, que devons-nous faire? Nous cherchons à voir si nous avons déjà un plan à mettre en oeuvre ou si nous devons en préparer un pour répondre à cette situation particulière. Si nous n'avons pas encore de plan, nous établissons un plan d'action immédiat.
Notre dernière fonction est la coordination des opérations, qui est faite au niveau stratégique, ce qui n'est pas la même chose qu'une action au niveau tactique ou disons, au niveau opérationnel intermédiaire. Pour le moment, le directeur du Centre des opérations est un membre des Forces canadiennes. Nous avons un planificateur des Forces canadiennes qui est chargé du plan d'intervention en cas de pandémie et c'est donc un planificateur aguerri. Nous intégrons notre système de planification dans le système de planification militaire. Nous constatons que ces plans s'alignent largement sur ceux des Jeux olympiques de 2010. Nous avons, au Centre des opérations du gouvernement, d'anciens membres de la GRC et du SCRS qui se chargent de la connaissance de la situation, de l'évaluation des risques, de la planification dont j'ai parlé, et de la coordination des opérations.
Lorsqu'un incident survient, s'il est très petit et très rapide... Comme vous l'avez sans doute lu dans les journaux, il arrive parfois qu'il y ait à bord d'un avion des personnes qui figurent sur la liste d'interdiction de vol des Américains. Il est parfois nécessaire que, dans le cadre du NORAD, les Canadiens ou les Américains fassent décoller immédiatement des jets pour assurer une protection et se livrent ensuite à une série de vérifications pour voir s'ils peuvent ou non confirmer ou infirmer le risque. Nous collaborons immédiatement avec cinq ministères clés pour déterminer le risque. S'il était jamais arrivé qu'on décide, aux plus hauts niveaux, qu'un avion devait être abattu, nous aurions participé à la gestion des conséquences de cette action, en avertissant les provinces et fournissant l'aide nécessaire.
Certains incidents se déroulent en moins de 20 minutes tandis que d'autres sont d'une durée assez longue. Notre participation au rapatriement des citoyens libanais s'est étalée sur environ trois ou quatre semaines. Dans l'ensemble, notre rôle était assez simple en tant qu'interlocuteurs entre le ministère des Affaires étrangères, les provinces et des municipalités locales comme Montréal. Le Québec a certainement fait un excellent travail en s'occupant des citoyens rapatriés au cours des premières 72 heures. L'Ontario et la Ville d'Ottawa ont également fait un excellent travail. Nous jouons donc aussi le rôle d'agent de liaison, nous prenons connaissance de la situation et nous transmettons ces renseignements.
Lorsqu'un incident passe au niveau deux puis au niveau trois, nous faisons à peu près la même chose, mais en faisant intervenir des gens d'autres ministères et organismes. Nous nous considérons simplement comme les experts du dispositif d'intervention d'urgence. Nous ne sommes pas des experts et nous n'avons pas l'intention d'en être. En cas de menaces radiologiques ou biologiques ou de menaces contre la sécurité nationale, nous ferions appel aux experts du domaine en question qui participeraient au processus de planification, à l'évaluation des risques et à la coordination des opérations et ils y joueraient un rôle clé.
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Très bien. Pas de problème.
Je viens de la municipalité de Pickering, où j'ai été conseiller municipal pendant sept ans, et aussi de la région de Durham.
Dans la région de Durham, nous avons deux grandes centrales nucléaires et nous y avons fait un grand nombre d'exercices d'intervention d'urgence. Quand nous avons eu des urgences dans la région, nous avons pu constater l'efficacité de nos centres d'opérations locaux.
J'ai très bien compris que les municipalités et les provinces ont collaboré pour établir ces plans. Je comprends très bien aussi que le gouvernement fédéral doit pouvoir surveiller le niveau de préparation des provinces et des municipalités en cas d'urgence, afin de s'assurer qu'elles ont suffisamment de ressources et qu'elles savent ce qu'elles devront faire.
Mais vers quoi allons-nous? Je m'explique. Si nous avons trois niveaux de gouvernement et si à un moment donné le gouvernement fédéral joue un rôle trop prépondérant, ne risquons-nous pas de trop intervenir, ce qui aurait pour effet de ralentir le processus d'intervention?
Comment veiller à ce que surtout les municipalités, qui sont les premiers intervenants et les mieux placées pour comprendre la situation sur le terrain, ne soient pas retardées dans leur intervention parce qu'en essayant de les aider le gouvernement fédéral aura créé un contexte beaucoup trop bureaucratique?
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Merci d'être venus ce matin.
Vous avez beaucoup d'importance à mes yeux. Avant d'occuper mes fonctions actuelles, j'ai été superviseur dans un centre de communications et plus tard, associé dans un service d'intervention hiérarchisée dans le domaine de la police.
Du point de vue d'un centre de communications qui doit répartir les ressources pour une intervention hiérarchisée, un des problèmes que j'ai constatés c'est que nous avons tendance à considérer que l'intervention d'urgence fait appel à des relations verticales alors que, sur le terrain, la mise en oeuvre et la prestation des services exigent souvent des relations latérales ou horizontales.
Je me réjoui de vous entendre dire que vous vous occupez principalement de l'intervention fédérale et que vous reconnaissez qu'en cas d'urgence c'est généralement un intervenant local qui répond aux besoins immédiats, après quoi cela remonte la chaîne alimentaire, dirons-nous.
Si vous prenez vos relations avec les provinces et les municipalités, comme l'a mentionné M. Holland, et si l'on craint que quelqu'un ait l'air d'en savoir plus que les autres, une chose essentielle dans pratiquement tous les cas d'urgence est qu'il faut pouvoir communiquer directement et efficacement. Je me suis réjoui de vous entendre dire que vous avez un logiciel qui vous met directement en contact avec d'autres organismes.
Je sais que les pompiers, les policiers et les ambulanciers ne sont pas tous nécessairement sur la même fréquence radio. Je sais que la Province de l'Ontario cherche à se doter d'une stratégie de communication commune pour tous ses services d'urgence.
Pour en revenir aux logiciels, je suppose que c'est M. Lesser qui pourrait répondre à cette question. Constatez-vous des problèmes dans les relations entre le gouvernement fédéral et les provinces? Vous n'avez pas besoin d'être précis, mais de façon générale, avez-vous constaté des cas où les logiciels, les dispositifs de communication ou le personnel ne s'intègrent pas parfaitement dans le système fédéral?
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Je pense que le travail se poursuit dans ce sens.
Un certain nombre de provinces ont utilisé des logiciels. Sans vouloir faire de publicité, Telus a le logiciel E Team. La Colombie-Britannique s'en sert depuis un certain temps et l'Alberta en fait une utilisation intensive. L'Ontario a son propre logiciel qu'elle a mis elle-même au point et le Québec se sert de Neptune4. Un certain nombre de ministères fédéraux ont commencé à utiliser E Team. Par exemple, l'Agence de la santé publique et Santé Canada ont commencé à s'en servir, ainsi que nous-mêmes.
En ce qui nous concerne, nous l'utilisons seulement provisoirement car il n'est pas assez complet pour répondre aux besoins en cas de catastrophe nationale. Comme le prévoient nos plans et notre système d'intervention, nous allons mettre au point un système qui sera interopérable avec les systèmes provinciaux. Il n'est pas nécessaire qu'il soit relié aux municipalités. Nous allons le relier aux systèmes des provinces et laisser ces dernières rejoindre les municipalités.
Si vous me permettez aussi de répondre au sujet des systèmes, c'est la technologie qui les soutient et qui détermine comment ils fonctionnent. Dans la plupart des provinces, et en tout cas au niveau local -- c'est vrai aussi pour le système américain qu'on appelle le système de commandement des incidents -- on se sert d'un système que nous avons utilisé et adapté au niveau fédéral. Il est très semblable ou similaire à celui qu'utilisent les provinces et très similaire au système utilisé au niveau tactique. C'est également très semblable au système militaire, au système continental.
Pour ce qui est des fonctions, comme je l'ai déjà dit, il y a de nombreuses similarités au niveau de notre travail avec les provinces. Nous avons mis en lumière sept fonctions clés que nous remplissons tous de façon identique. Nous sommes maintenant en train de nous demander comment nous allons partager notre connaissance de la situation afin d'établir un tableau opérationnel commun.
Nous sommes allés à Washington il y a trois ou quatre semaines pour jeter un coup d'oeil sur ce qu'ils appellent un COP. Le logiciel qu'ils sont en train de mettre au point est un tableau opérationnel commun. Nous voulons nous assurer que notre système sera également compatible avec le leur. Comme je l'ai dit, les travaux sont en cours.
Pour revenir à ce projet de loi, en nous donnant un rôle prépondérant dans la gestion des urgences, il nous permet de prendre l'initiative de diriger la coordination avec les autres. On se demande qui va prendre l'initiative sur ce plan-là. Dans de nombreux domaines, ce projet de loi précise le mandat du ministère.
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Premièrement, la Fédération canadienne des municipalités a-t-elle été consultée pendant l'élaboration de ce projet de loi?
Y aura-t-il des changements dans le financement de cette section du ministère et le ministère a-t-il fait l'objet de restrictions budgétaires dans le dernier budget ou la semaine dernière?
Madame Wong, en ce qui concerne la responsabilité ministérielle, il est certain que tous les ministres doivent élaborer ces plans, mais à moins d'avoir mal lu le projet de loi, je n'y vois aucun mandat permettant au ministre de la Sécurité publique ou à qui que ce soit d'autre de superviser ces plans afin de s'assurer qu'ils sont complets et mis à jour régulièrement. Si c'est bien le cas, c'est peut-être fait quelque part à l'interne.
Monsieur Baker, vous avez décrit les exercices et les tests auxquels nous soumettons les systèmes. D'après certains articles que j'ai lus au sujet de FEMA, elle avait fait la même chose et si nous avions posé ces questions à ses responsables avant Katrina, ils auraient été convaincus que les exercices étaient concluants et efficaces. Je me demande donc ce que nous faisons pour tester nos tests et nos exercices, et s'ils correspondent vraiment aux situations réelles.
Monsieur Lesser, pour avoir vécu la panne d'électricité en Ontario, j'imagine le ministre ici à Ottawa incapable de communiquer avec qui que ce soit. Vous avez dit, je crois, que ce problème avait été réglé, mais j'aimerais que vous le confirmiez.
Dans la même veine, madame Wong, vous pourriez répondre à cela. Un des problèmes que nous avons eus à ce moment-là, à Windsor, est que la station locale de la SRC a interrompu sa diffusion. Elle offre sa programmation à la fois en anglais et en français. Il était essentiel de pouvoir diffuser l'information en français étant donné que 5 à 7 p. 100 de la population compte sur la radio en langue française pour s'informer. Mais la station n'avait pas de génératrice et elle a cessé sa diffusion pendant plus d'une heure. Bien entendu, cela a suscité une certaine panique car les gens ne pouvaient pas obtenir d'information dans leur langue.
Avez-vous prévu des mesures pour les sociétés d'État et pas seulement pour les ministères? Allons-nous superviser les plans d'urgence des sociétés d'État? Je pense notamment au secteur des communications, mais aussi à l'industrie nucléaire.
L'autre problème auquel j'ai été confronté lors de cet incident est que je n'avais aucune idée de ce que j'étais censé faire en tant que député. Depuis, je me suis informé à plusieurs reprises auprès de nos responsables locaux de la protection civile dont le chef est un de mes amis, mais ils n'ont pas pu me dire ce que je suis censé faire. Je voudrais donc savoir si l'on prévoit donner des instructions à tous les députés ou à leurs bureaux, et je parle de leurs bureaux de circonscription plutôt que sur leurs bureaux sur la Colline.
Merci, monsieur le président.