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Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, je vous remercie. Je suis heureux d'être des vôtres pour examiner certains éléments clés de mon portefeuille.
Jusqu'à maintenant, le comité m'a toujours adressé des analyses pertinentes et d'excellentes recommandations formulées par tous les partis, et j'ai bon espoir qu'il va continuer à le faire.
Aujourd'hui, je suis en compagnie de Don Demers, notre sous-commissaire principal du Service correctionnel du Canada; Jim Judd, comme vous le savez, dirige le SCRS; voici ma sous-ministre Suzanne Hurtubise; la commissaire de la GRC, Beverley Busson; Stephen Rigby, premier vice-président de l'Agence des services frontaliers du Canada, et Mario Dion, qui représente la Commission nationale des libérations conditionnelles.
Je voudrais vous donner une vue d'ensemble de la répartition des crédits de ce portefeuille, puis nous pourrons entrer dans les détails. Si vous pouvez garder les principaux chiffres à l'esprit, vous aurez au moins un ordre de grandeur.
L'année dernière, le budget nécessaire pour couvrir l'ensemble de ces activités était d'environ 6 milliards de dollars. Cette année, il est de 6,5 milliards de dollars. Il s'agit d'une augmentation de 8 p. 100. Mon budget accapare 3,1 p. 100 de l'ensemble des dépenses gouvernementales, ce qui vous donne un ordre de grandeur. Les différents ministères et organismes ont environ 55 000 employés. C'est un portefeuille considérable.
Nous avons donc 55 000 employés et un budget de 6,5 milliards de dollars, répartis dans quatre secteurs principaux. Il y a d'autres secteurs aussi importants, mais les quatre secteurs principaux sont tout d'abord, 2,3 milliards de dollars pour la GRC, qui compte environ 26 000 agents dans l'ensemble du pays. C'est véritablement le domaine le plus important des quatre.
Évidemment, si les agents de la GRC font bien leur travail, le Service correctionnel va s'en ressentir, et c'est lui qui arrive en deuxième position dans la répartition de ces 6,5 milliards de dollars. Il obtient 1,8 milliard de dollars. Le Service correctionnel regroupe environ 15 400 agents qui travaillent non seulement dans les prisons proprement dites, mais également dans différents services de sensibilisation et de suivi, notamment en tant qu'agents des libérations conditionnelles, etc.
La protection de nos frontières obtient 1,4 milliard de dollars de ce budget, et les employés de l'ASFC qui s'y consacrent directement sont environ 13 000, répartis dans l'ensemble du pays. Cet effectif, du reste, ne comprend pas les personnes qui vous soumettent à un contrôle à l'aéroport et qui vous font passer par un détecteur de métal et tout le reste. Il est important de le signaler, car les limites sont parfois floues. Ces contrôleurs font partie non pas de l'Agence des services frontaliers, mais de l'ACSTA, qui relève de Transports Canada.
Notre quatrième pilier de protection est le SCRS proprement dit, avec son budget d'environ 346 millions de dollars et ses quelque 2 500 employés. Ce budget est en fait le cinquième du portefeuille, car un peu avant, on trouve le budget du ministère proprement dit: environ 428 millions de dollars et 995 employés. Ces 428 millions de dollars et ces 995 employés comprennent la planification d'urgence ainsi que tout ce qu'il faut pour assurer le soutien de ce gros organisme. Ils couvrent donc un territoire considérable.
Une fois ce contexte en place, je voudrais vous donner quelques détails pour vous montrer de quoi se compose ce qui vient s'ajouter cette année au 1,4 milliard de dollars déjà ajouté par rapport à l'année précédente dans le budget de 2006. Je vais vous donner des renseignements concernant spécifiquement le budget de 2007: 64 millions de dollars pour démanteler les gangs, pour combattre la production illicite de drogues, pour prévenir la consommation et pour traiter la toxicomanie; 14 millions de dollars sur les deux prochaines années pour améliorer le contrôle préliminaire de ceux qui font une première demande de permis de possession d'une arme à feu, et nous y reviendrons plus en détail quand nous aborderons cette partie du budget; il y a 6 millions de dollars par an pour la GRC et encore une fois, ce sont des montants supplémentaires qui visent à renforcer les programmes et les activités actuels de protection des enfants contre l'exploitation sexuelle et le trafic des personnes; 10 millions de dollars sur les deux prochaines années pour étendre les activités du Centre canadien de recherches policières et pour établir sa base à Regina; 80 millions de dollars sur les deux prochaines années pour permettre au SCRS de travailler plus efficacement dans les enquêtes sur les menaces terroristes — nous n'entrerons pas dans les détails sur l'emploi de ces fonds, mais c'est essentiellement une augmentation des effectifs; 3,5 millions de dollars en soutien à l'examen du système correctionnel du Canada, qui est en cours actuellement et dont les responsables doivent déposer leur rapport en octobre; 102 millions de dollars, un montant nouveau dans ce budget, qui va permettre au Service correctionnel du Canada d'examiner certaines de ses exigences essentielles, sur lesquelles je reviendrai dans un instant; 1 million de dollars sur les deux prochaines années pour le bras canadien de l'Association internationale des pompiers; il s'agit d'intensifier la formation des pompiers en matière de manipulation des matériaux dangereux.
Vous avez donc ici une information concernant les augmentations consenties dans ce budget.
[Français]
C'est pourquoi je suis heureux d'être ici aujourd'hui pour vous présenter le plan des dépenses qui nous permettront d'atteindre nos objectifs.
[Traduction]
Je vais maintenant entrer quelque peu dans les détails avant de vous céder la parole. Je vais utiliser les quelque 10 minutes qui me sont allouées, et je vois que j'en suis déjà à la moitié.
Nous célébrons actuellement la Semaine nationale de la police. Je suis sûr que vous le savez. C'est pour nous l'occasion de mettre en relief le formidable travail accompli dans l'ensemble du pays par les divers corps de police.
J'ajoute sur une note personnelle que la GRC a fait l'objet, ces derniers mois, d'une analyse très minutieuse, si vous me permettez cet euphémisme. J'ai apprécié les commentaires du commissaire aux plaintes, celui qui concrètement — et je le dis de façon très positive — s'en prend à la GRC lorsque des citoyens portent plainte contre elle. Dans le contexte de toute l'attention consacrée récemment à la GRC, ses commentaires traduisent bien ce qui, à mon avis, reste l'opinion la plus courante, à savoir que cet organisme est toujours reconnu dans le monde entier pour son intégrité, pour son professionnalisme, pour la façon dont il mène ses activités afin d'assurer la sécurité de nos citoyens. Il y a eu un petit nombre de cas et de personnes qui ne se sont pas comportées ou qui n'ont pas réagi comme elles auraient dû le faire, et cela même aux niveaux les plus élevés. Je pense qu'il est important de garder les choses dans leur contexte lorsqu'il est question de la GRC et des tâches de première importance confiées à ces hommes et à ces femmes en uniforme qui, jour après jour, doivent nous protéger et assurer la sécurité là où nous vivons.
Vous souvenez-vous que l'année dernière, dans le budget de 2006, nous avons réservé 161 millions de dollars sur les deux prochaines années pour recruter 1 000 agents supplémentaires conformément à notre engagement? D'ici la fin du présent exercice financier, 241 de ces nouveaux postes auront un titulaire. Les 37 millions de dollars réservés pour la Division Dépot ont déjà permis la construction d'installations et d'infrastructures de formation, et permis l'amélioration de l'encadrement sur le terrain. Le programme vise à faire en sorte que tous les diplômés de l'école de formation de la GRC soient jumelés à un agent chevronné lorsqu'ils obtiennent leur diplôme, dans le cadre d'un véritable programme de mentorat. Ce sont des agents d'expérience qui ont suivi avec succès le cours d'encadrement sur le terrain de la GRC.
Comme je l'ai déjà mentionné, il y a un montant supplémentaire de 6 millions de dollars à la GRC pour la protection des enfants, et environ un tiers des 64 millions de dollars que nous avons réservés à la stratégie antidrogue sera investi pour aider la justice pénale à combattre la production de drogues illicites, la culture de marijuana et les laboratoires de méthamphétamines, contre lesquels nous redoublons d'efforts.
Nous parlons du bras armé de la loi, mais nous parlons également des bras ouverts des collectivités et de l'équilibre qu'il faut respecter dans l'application de la loi pour tout mettre en oeuvre tant du côté de la répression que de celui de la prévention. C'est dans cet esprit que j'ai annoncé en janvier un montant de 16,1 millions de dollars destinés aux jeunes à risque, pour faire face aux problèmes émergents des bandes de jeunes et de la violence dans de nombreuses collectivités. Ce financement vise à permettre de rejoindre les jeunes, en particulier les jeunes à risque, afin de leur faire comprendre qu'ils peuvent faire d'autres choix et de leur éviter de tomber dans la criminalité. Nous voyons donc que des ressources importantes sont dirigées vers ce domaine.
Le secteur des armes à feu et de la lutte contre la violence armée par un contrôle efficace des armes à feu constitue un autre pilier de notre programme de sécurité publique, et nous investissons 14 millions de dollars pour améliorer le contrôle préliminaire de ceux qui demandent un permis d'arme à feu, notamment grâce à des entrevues à deux, qui sont prévues pour un avenir immédiat. La totalité des personnes qui font une demande de permis pour une arme à feu à autorisation restreinte — il s'agit principalement des armes de poing — vont devoir passer une entrevue à deux. Nous devons être en mesure d'améliorer l'efficacité du contrôle préliminaire de ceux qui peuvent mettre les autres en danger avec une arme à feu.
Je tiens à rappeler que je suis tout à fait conscient des divergences d'opinions dans l'analyse du problème des armes à feu et en matière de protection contre les armes à feu, mais il faut faire attention à ce que l'on dit. Bien souvent, certains disent et répètent au cours du débat que nous sommes en train d'éliminer le registre des armes à feu. Nous ne sommes pas en train d'éliminer ce registre. Nous nous en tenons à notre engagement d'éliminer toute la partie ruineuse et inefficace concernant les armes d'épaule, mais nous maintenons le registre des armes de poing, des armes à autorisation restreinte et des armes prohibées. Par conséquent, quelle que soit notre opinion dans ce débat, évitons d'agiter les épouvantails en disant publiquement que le gouvernement abandonne le registre des armes à feu. Ce n'est pas le cas. Nous le maintenons, sauf pour la partie concernant les armes d'épaule, dont la vérificatrice générale, notamment, a dit que les données n'étaient pas fiables et que l'argent n'était pas employé efficacement. Nous tenons à ce que les fonds publics permettent de s'en prendre à ceux qui commettent des crimes ou qui risquent d'en commettre.
Pour ce qui concerne les frontières, nous avons annoncé l'année dernière que nous allions doter les agents à la frontière d'une arme à feu et ajouter 400 agents supplémentaires pour qu'il n'y ait plus de situation où un agent travaille seul. C'est un progrès. D'ici le mois d'août, vous allez voir les premiers agents de l'Agence des services frontaliers dotés d'une arme à feu et vous allez assister à une réduction du nombre des postes éloignés et des situations où un agent travaille seul.
Cette année, nous consacrons 60,5 millions de dollars dans le budget de 2007-2008 à ces deux activités, soit la formation et l'armement des agents, ainsi que la dotation des 400 postes supplémentaires. Il s'agit là de la sécurité à la frontière.
En ce qui concerne la prospérité, nous voulons que le trafic à faible risque continue, et nous consacrons 97 millions de dollars à un système de manifeste électronique grâce auquel les camionneurs fourniront toute l'information requise avant même d'arriver à la frontière. On a prévu 6,9 millions de dollars pour la planification de la reprise des activités; si un incident se produit à la frontière, nous devons faire en sorte que la circulation continue à se faire aussi vite que possible. Le programme NEXUS et nos partenaires du programme de protection permettent aux entreprises de demander un statut de sécurité grâce auquel leurs expéditions pourront franchir plus rapidement la frontière.
Je constate que le président est très enthousiasmé par mes propos et il me fait signe de vous en dire encore davantage.
Comme je l'ai dit, il y a 80 millions de dollars pour le SCRS. Du côté de la sécurité intérieure, nous avons inscrit deux organismes supplémentaires, les Tigres de libération de l'Eelam tamoul et le Hezb-e-Islami Gulbuddin, sur la liste des groupes terroristes.
Du côté correctionnel, nous avons prévu 102 millions de dollars de plus pour les besoins d'infrastructure et les pressions dues à la complexité croissante des délinquants, des besoins en santé mentale, de la formation et de l'équipement de protection du personnel.
Monsieur le président, je pourrais continuer encore pendant longtemps, mais vous voulez comme moi entendre le point de vue des autres. J'ai voulu vous présenter à gros traits les principales mesures que nous prenons. J'ai hâte d'entendre le point de vue des membres du comité et les conseils qu'ils vont pouvoir me donner maintenant.
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Eh bien, on entend parfois parler cyniquement du gouvernement qui avance à la vitesse d'un glacier. En l'occurrence, même si j'ai parfois éprouvé un peu d'impatience, il est évident que le fait d'armer ces agents va bien au-delà du simple geste de leur remettre des armes. Ainsi, pour limiter les coûts, nous avons mis en place un programme de formation des moniteurs en maniement d'armes.
En plus du maniement d'une arme à feu, l'agent doit être formé à toutes sortes d'autres tâches concernant les activités frontalières, le transport et l'interception de marchandises, et la formation au maniement d'armes doit donc s'intégrer dans un programme de formation plus vaste. Rien qu'en ce qui concerne la formation des moniteurs — et le programme remporte un très grand succès, les agents sont nombreux à vouloir atteindre ce niveau — la durée du stage qui comporte de la formation, une certification, un contrôle psychologique, une formation aux problèmes de santé en situation d'urgence... tout cela coûte très cher.
Ensuite, il faut trouver les établissements capables d'accueillir ce supplément d'agents à former. Nous sommes intervenus nous-mêmes dans la définition des différentes facettes de la formation. J'ai voulu qu'elles se déroulent de telle façon qu'une fois qu'on commence à former des agents — et nous avons maintenant les moniteurs qui assurent cette formation — d'autres organismes et d'autres groupes puissent manifester leur intérêt envers un même programme de formation plus efficace et semblable à ce qui se fait à l'Agence des services frontaliers.
En ce qui concerne la conception et la réalisation du matériel d'entreposage des armes à feu — les agents n'emporteront pas leur arme à feu chez eux, car les armes doivent être entreposées selon des règles précises — vous imaginez le volume de réglementation applicable en la matière. Il a fallu procéder à un appel d'offres soumis à la concurrence pour acheter non seulement les armes proprement dites, mais également les étuis et les munitions. Je peux vous dire qu'on a déjà choisi un modèle de pistolet et qu'on est en train de procéder à l'exécution du contrat dans le cadre de l'appel d'offres.
Le fait d'armer les agents à la frontière s'accompagne d'un volume considérable d'instructions et de mesures de soutien accessoires. Pensez donc que l'opération a commencé il y a un peu plus d'un an et dès cet été, vous allez voir les premiers agents armés. Ensuite, le rythme va s'accélérer, parce que toutes les étapes préliminaires, qui sont assez lentes et assez laborieuses, auront été franchies.
Je suis satisfait du rythme de progression de cette démarche, mais au début, j'étais assez impatient. Il n'est pas douteux dans mon esprit que l'ASFC s'est véritablement engagée dans ce processus. Les choses évoluent à un bon rythme, mais elles doivent être faites avec toutes les précautions qui s'imposent, dans le respect de toute la réglementation applicable.
La situation canadienne est conforme à ce qu'on a pu observer aux États-Unis lorsque les gardes américains ont été armés. Nous sommes dans les délais, compte tenu de tous les éléments à intégrer au processus.
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Merci, monsieur le président. Je vous remercie également, monsieur le ministre, ainsi que tous les fonctionnaires.
Monsieur le ministre, lorsque je considère l'ensemble de vos crédits budgétaires pour toutes les responsabilités que vous assumez — le ministère, la GRC, le SCRS, l'Agence des services frontaliers du Canada — je constate que ce budget diminue d'environ 3 p. 100 pour 2008-2009. Je sais que c'est un montant important. C'est 6,5 milliards de dollars. Vous avez fait référence au budget de 2006 dans lequel vous avez obtenu de nouveaux crédits, mais lors de ma dernière vérification, les individus du crime organisé et les terroristes n'avaient pas encore déclaré tout leur arsenal après le budget de 2006, et j'aimerais donc aborder certains sujets sur lesquels je pense qu'il manque quelque chose à votre budget.
Mais avant cela, j'aimerais faire quelques commentaires. M'adressant particulièrement à un gouvernement qui se glorifie, du moins vis-à-vis de la population, d'être un gouvernement de loi et d'ordre... Le budget total du SCRS, par exemple, reste à 6 millions de dollars. Celui de la GRC est en baisse. Celui de l'Agence des services frontaliers du Canada reste le même de 2007-2008 à 2008-2009. La gestion des urgences et la sécurité sont saignées à blanc. En cette ère de changements climatiques, il faudrait en faire beaucoup plus pour atténuer et contrôler les pertes, et je suis consterné de voir cela. Je regarde le budget du ministère, qui subit des compressions considérables, et je vois que la sécurité de la population en a beaucoup perdu. Cela signifie, je suppose, que les programmes de prévention de la criminalité sont saignés à blanc, alors que dans ma circonscription, ils ont donné d'excellents résultats dans la lutte contre le trafic de drogues, les gangs et les jeunes criminels. La police et l'application de la loi passent de 36 millions de dollars à 23 millions de dollars. À l'Agence des services frontaliers du Canada, le budget de la sécurité diminue d'environ 40 millions de dollars. À mon avis, tout cela, au total, ne correspond pas à un gouvernement qui se dit de loi et d'ordre.
J'aimerais aborder deux sujets en particulier. Il y a une chose que je ne trouve pas ici, monsieur le ministre, et c'est la réouverture des détachements de la GRC au Québec. En 2005, le ministre a déclaré publiquement à deux reprises, à la Chambre des communes, que tout d'abord il fallait mettre un terme aux fermetures, et ensuite, qu'il fallait rétablir les détachements au Québec. Je sais que M. Toews, le président du Conseil du Trésor, est du même avis parce qu'il se préoccupe des fermetures au Manitoba. Pour autant que je sache, le président du Conseil du Trésor est un partisan convaincu de la loi et de l'ordre.
Comment se fait-il, monsieur le ministre, que vous ne puissiez obtenir le budget qu'il vous faut? Pour autant que je puisse voir, il n'y a pas un sou dans ce budget pour rouvrir les détachements.
Deuxièmement, en ce qui concerne l'armement des gardes-frontières de l'Agence des services frontaliers du Canada, qui résulte d'une décision à mon sens totalement erronée, on a dit à ce comité que l'opération allait coûter 1 milliard de dollars sur dix ans. Je sais que l'Agence est un organisme très efficace, mais pouvez-vous confirmer qu'elle va devoir prendre en charge 1 milliard de dollars sur dix ans? Peut-être y a-t-il dans ce budget, monsieur le ministre, un crédit qui aurait échappé à mon attention.
Que pouvez-vous nous dire à ce sujet?
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Je vais vous répondre autant que je peux, mais les questions auxquelles je ne pourrai répondre, je m'engage à vous faire parvenir l'information détaillée par la suite.
En fait, pour l'ensemble du budget de la sécurité publique, il y a une augmentation de 8 p. 100, puisqu'il passe d'un peu plus de 6 milliards de dollars à 6,5 milliards de dollars. Je peux vous montrer comment se répartissent les dépenses d'immobilisations et, dans les cas où nous avons obtenu un financement sur deux ans, comment l'essentiel du crédit sort au cours de la deuxième année plutôt que de la première, grâce à la procédure des demandes de budget supplémentaires. Mais je vous ferai parvenir les renseignements que vous avez demandés si je ne les donne pas tous dans les délais qui nous sont impartis.
Les Canadiens devraient renoncer aux vieilles spéculations concernant le coût global de l'armement des agents frontaliers, comme je leur ai demandé de le faire. Les chiffres sont tout simplement inexacts. En fait, nous avons fait les calculs et je voudrais vous donner une idée des différents éléments qui s'insèrent dans le processus.
Le programme proprement dit de formation et de perfectionnement coûte environ 3 millions de dollars. Il faut considérer la formation des agents actuels, puis il y a un cours de rappel qui se déroule une fois par an ainsi que le renouvellement de la certification. En ce qui concerne le matériel proprement dit, y compris les pistolets, les étuis, les ceinturons et le matériel d'armurerie, on a 43 millions de dollars pour l'ensemble de ces éléments. Les infrastructures d'entreposage, mais également la formation complémentaire, la certification, les installations existantes et supplémentaires, se montent à plus de 90 millions de dollars. Au total, on atteint un peu plus de 770 millions de dollars.
Et ça, c'est avant l'appel d'offres. Nous voulons mettre en place notre programme certifié pour bien définir le cahier des charges. Ensuite, à partir du prochain budget, nous lancerons un appel d'offres. Nous avons déjà reçu des propositions très intéressantes concernant les installations supplémentaires, qui peuvent être utilisées en parallèle aux installations existantes, et qui devraient faire baisser nos coûts. Le budget comprend également le recrutement de 400 personnes supplémentaires. Si vous voulez un chiffre précis concernant les armes à feu, le matériel proprement dit va coûter 43 millions de dollars.
Je comprends bien qu'il est assez difficile de faire le tour de tous les postes budgétaires, mais le total est bien loin du chiffre que vous avancez. En fait, nous sommes convaincus qu'on va le voir diminuer après l'appel d'offres.
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais vous remercier de votre présence aujourd'hui pour répondre à nos questions. J'aimerais qu'on discute du CNPC. Vous avez dit que, dans la lutte à la criminalité, vous considériez que la prévention était quand même importante. D'ailleurs, vous êtes venu dans mon comté pour annoncer des millions de dollars pour la prévention au Québec, pour les jeunes à risque et plus spécifiquement pour les gangs de rue, ce qui est très intéressant. Toutefois, concrètement, sur le terrain, on ne voit pas les millions de dollars retomber. Je pourrais vous donner beaucoup d'exemples, mais je ne vous en donnerai que deux, faute de temps.
D'abord, le projet AIDE a été soumis au CNPC. Il est porté par la Faculté des arts et des sciences l'Université de Montréal ainsi que le CSSS de mon comté, qui ont déposé une demande en juin 2006. Ils sont venus me voir en février ou en mars 2007 parce qu'ils n'avaient toujours pas reçu de réponse. Le 2 avril 2007, nous sommes entrés en contact avec votre bureau, et on nous a annoncé, vers 11 h 48, que ce projet n'avait pas été accepté. À 15 h 56, on nous a dit que la décision n'était pas trop certaine. Le lendemain, on nous a dit que, finalement, ce n'était pas rejeté, que c'était à l'étude et qu'on n'en savait pas vraiment plus. Le 25 avril, donc plusieurs jours plus tard, nous avons appelé, mais on ne nous a pas rappelés. Sept jours plus tard, nous avons reçu un appel de votre bureau disant que le projet était toujours à l'étude et qu'on ne savait pas trop où cela s'en allait. Tout cela ne fait pas très sérieux. Nous ne savons donc pas vraiment ce qui se passe dans le cas de ce projet.
Ensuite, il y a un projet porté par l'Université de Montréal qui s'appelle Médiation sociale et communautaire Sainte-Marie. Le but de ce projet est de créer un comité de médiation dans un quartier spécifique où il y a des HLM. C'est donc une zone très à risque, où il y a beaucoup d'enfants qui sont presque mis dans la rue. Ce comité permettrait aux parents et aux gens du milieu de résoudre les conflits de manière pacifique. C'est de la prévention contre les gangs de rue, je peux vous l'assurer, de la même manière que le projet AIDE vise le développement et la sécurité des enfants. Jusque-là, ces projets visent la lutte contre les gangs de rue. Ce groupe a reçu une réponse le 30 mars 2007. On s'excusait d'abord du retard puisqu'on avait mis près d'un an à répondre, le ministère étudiant des programmes de subvention, dont celui du CNPC. Ensuite, on leur disait que leur projet était refusé parce que la priorité était la réduction du nombre de familles à risque élevé, les quartiers à risque, etc. Or, le projet répondait tout à fait à cette priorité. Les gens ne comprennent donc plus quels sont les critères.
Je ne vous ai donné que deux exemples, mais plusieurs autres projets attendent votre signature pour qu'on aille sur le terrain et qu'on travaille avec les jeunes. Pendant ce temps, des adolescents et des enfants sont dans les rues, et les gangs de rue en recrutent tous les jours. Y a-t-il un problème administratif ou est-ce tout simplement que vous ne croyez pas à la prévention?
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Monsieur le président, c'est difficile de répondre sur la base d'un cas en particulier. Mais si vous me faites parvenir des cas bien spécifiques, je vais tenter de vous répondre. Lorsque vous parlez de mon bureau, parlez-vous du bureau du ministre, du bureau du ministère? C'est très difficile.
J'ai annoncé l'injection de beaucoup d'argent, entre autres pour le Québec. Par exemple, en novembre dernier, j'étais au Québec et j'y ai annoncé l'injection de 10 millions de dollars dans des programmes de prévention adressés surtout aux jeunes. En janvier, j'ai également annoncé l'injection de 356 550 $ dans d'autres projets visant à aider les parents autochtones à prévenir la criminalité chez leurs enfants. En janvier, une fois de plus, j'ai annoncé l'injection de beaucoup d'argent pour appuyer le Centre international pour la prévention de la criminalité.
Avec tout le respect que je vous dois, pour chaque groupe que vous mentionnez qui n'est pas heureux, je peux vous en citer un autre qui est très heureux.
Il n'y a pas assez de fonds pour toutes les demandes. Cependant, nous avons établi quelques critères. Notamment, le projet doit être local, car ici, à Ottawa, nous n'avons pas toutes les bonnes idées. Ce n'est pas à nous de décider d'un programme exact, spécifique à une région. De plus, il est nécessaire qu'un programme fonctionne. Voilà pourquoi je pose une question au regard de tous les programmes: qu'est-ce qui fonctionne? What works?
On verra peut-être alors si on a beaucoup d'argent pour des projets de recherche... Mais je veux avoir des programmes qui vont fonctionner dans les rues. Je peux vous assurer qu'il n'y a pas de programmes à mon bureau actuellement qui attendent ma signature. Par contre, il y a encore des programmes dans les ministères qui attendent de subir les épreuves finales.
La semaine dernière, j'ai demandé au ministère où on en était avec les programmes pour la province de Québec. On m'a répondu qu'il y en a au moins 10 qui sont maintenant prêts, mais on ne les a pas encore acheminés à mon bureau. Je pense cependant que vous pourrez en prendre connaissance bientôt.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, il est rassurant de savoir qu'un nombre important de ces programmes qui semblent avoir subi des compressions... À la page 9 de votre RPP, on peut voir que les dépenses globales liées à votre portefeuille sont passées de 6,7 milliards de dollars à 6,583 milliards de dollars. Mais peut-être qu'avec de la créativité comptable et des états ou des résultats financiers hors bilan pourriez-vous alors nous rassurer, nous convaincre quand vous nous enverrez une réponse écrite nous informant que la protection civile et les politiques connexes n'ont pas subi de compressions, que le SCRS a bénéficié d'une augmentation de budget plus importante qu'il n'y apparaît ici, que les programmes communautaires de prévention de la criminalité de votre ministère ont été renforcés et que les détachements de la GRC au Québec... L'argent avait été prévu dans le budget pour tout cela, mais que tout cela n'apparaît pas sur cette feuille de papier.
Monsieur le ministre, je suis absolument abasourdi que mes collègues du Bloc ne vous aient pas posé de questions concernant la réouverture des détachements de la GRC au Québec, parce que je sais qu'ils s'intéressaient à la question au plus haut point à la dernière législature.
En ce qui concerne le prédédouanement aux postes frontaliers terrestres, j'aimerais vous poser deux questions. Je crois savoir qu'il y avait des projets pilotes à Fort Erie et à Buffalo. Quand nous étions au pouvoir, il y avait une entente tacite que ces projets pilotes iraient de l'avant. On me dit que ce n'est plus le cas maintenant. Peut-être pourriez-vous me le confirmer, le nier ou nous expliquer pourquoi.
Encore une fois, quand nous étions au pouvoir, nous avions lancé une initiative très importante appelée l'initiative en matière d'équité pour appliquer le même principe de transparence à l'Agence des services frontaliers du Canada, notamment l'aspect Douanes, que lorsque les Douanes faisaient partie de l'Agence des douanes et du revenu du Canada, de sorte que les contribuables avaient des droits et des responsabilités. Les gens qui traversent nos frontières devraient avoir des droits et des responsabilités.
Je sais que vous m'avez dit, monsieur le ministre, que si quelqu'un éprouve des difficultés à la frontière, il devrait vous appeler. Je suis sûr que vous êtes mieux renseigné maintenant, et j'aimerais donc savoir si vous appuyez l'initiative en matière d'équité qui vise à établir les principes de la transparence et du recours dans nos postes frontaliers.
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Brièvement, sur la question de l'équité et le fait pour les gens de m'appeler, sachez que quand des incidents sont signalés à mon bureau — et les gens m'appellent effectivement pour me dire qu'ils se sont heurtés à un problème à la frontière et qu'ils n'estiment pas avoir été traités correctement —, chacun de ces incidents est examiné à fond, un rapport détaillé est préparé à mon intention, puis envoyé à la personne concernée. Au besoin, des mesures correctives sont prises.
Je pourrais vous montrer une correspondance volumineuse qui parle de mesures correctives qui ont dû être prises. Ce peut être le cas d'un agent à la frontière qui ne s'est pas montré sensible à une question en particulier ou celui d'une personne qui transportait quelque chose; peu importe. Dans d'autres cas, la situation s'est peut-être résolue par un constat de désaccord. Quoi qu'il en soit, chaque incident qui est signalé fait l'objet d'un examen approfondi.
Compte tenu du temps qui est alloué, je vous donnerai l'explication concernant les cas où il semble y avoir une baisse. Par exemple, sur une des pages auxquelles vous vous êtes reporté, il y avait une baisse, mais comme l'argent avait été demandé pour l'année précédente, et il s'agissait de nouveaux modules de gestion de l'information sur la santé, toute la technologie a été achetée et le tout a été mis en place, si bien que le montant en question n'était plus nécessaire, et c'est pourquoi on a l'impression que c'est une baisse. Cela étant, je vais vous montrer les augmentations opérées dans les autres activités que vous avez mentionnées.
En ce qui concerne la dernière question, et c'est très important, et je trouve intéressant que le député l'ait soulevé. Je suis quelque peu navré de signaler que les discussions sur le prédédouanement n'aient pas abouti. À mon avis, le prédédouanement offrait de grands avantages. Si les députés ne savent pas de quoi il s'agit, le prédédouanement est un mécanisme qui aurait permis aux véhicules circulant entre les deux pays de remplir les formalités douanières avant d'arriver au poste frontalier de l'autre pays. Chacun des deux pays achèterait une zone terrestre de l'autre côté de la frontière où pourrait se faire le dédouanement avant d'arriver au poste frontalier proprement dit.
Nombre de questions avaient été aplanies, car il s'agissait pour nos agents de travailler en territoire américain et pour les agents américains de travailler en territoire canadien. Bien entendu, nous maintenons que la souveraineté canadienne doit être capitale. Tout en préservant notre souveraineté, nous avions réussi à éliminer pratiquement tous les problèmes sauf un. En effet, les autorités américaines voulaient faire en sorte que si une personne arrivait à un poste frontalier, en sol canadien mais dans la zone de prédédouanement américaine, et qu'il y avait des suspicions à son sujet, la personne serait alors obligée de se soumettre à un deuxième contrôle et de fournir ses empreintes digitales. Or, notre loi dispose qu'on ne peut prendre les empreintes digitales des Canadiens que si ceux-ci y consentent ou s'ils sont inculpés d'un crime. Si vous n'êtes pas accusé d'un crime, on ne peut pas vous obliger à fournir vos empreintes digitales. Les États-Unis voient les choses un peu différemment. En effet, ils estiment que si vous êtes en sol américain, une fois que vous arrivez à un poste frontalier et qu'on vous soupçonne de quelque chose, on peut vous soumettre à un deuxième contrôle et prendre vos empreintes digitales. Ils voulaient garder la même capacité en sol canadien.
Nous avons examiné d'autres possibilités. Les Américains ont insisté. J'ai donc dû dire non, puisque c'est un droit canadien fondamental. C'est un droit garanti par la Charte, et même si je voulais que la formalité de prédédouanement aille de l'avant, nous n'allions pas diminuer le droit de tout Canadien en sol canadien.
Je suis navré de le dire, mais tout s'est arrêté à ce moment-là. Je le regrette. Je leur ai demandé de repenser leur position, mais ils semblent y être attachés.