:
Je déclare la séance ouverte.
Il s'agit de la 28e séance du Comité permanent de la sécurité publique et nationale. Nous traitons aujourd'hui de l'armement des agents de l'Agence des services frontaliers du Canada.
Nous souhaitons la bienvenue à nos témoins que nous avons hâte d'entendre.
Nous commencerons, je crois, avec l'Agence des services frontaliers du Canada. Monsieur Jolicoeur, pourriez-vous vous présenter et vous aurez ensuite la parole. Vous pouvez nous présenter un exposé.
Nous suivrons ensuite l'ordre du jour, avec le ministère des Ressources humaines et du Développement social et la Gendarmerie royale du Canada.
Nous avons commencé avec un peu de retard et avec la permission du comité, nous dépasserons l'heure prévue à la fin.
Est-ce que tous y consentent? Bien.
Monsieur Jolicoeur, vous avez la parole.
:
Merci et bonjour, monsieur le président.
Comme j'ai déjà fourni au comité mon discours, je ne dirai que quelques mots d'introduction, afin qu'il y ait plus de temps pour les questions.
[Français]
Vous m'avez invité aujourd'hui pour discuter de l'armement des agents frontaliers. Il s'agit d'une politique du gouvernement et, manifestement, d'une initiative d'envergure pour notre organisation.
[Traduction]
L'ASFC a pris l'engagement, à tous les niveaux, de mettre en oeuvre l'initiative d'armement en respectant la sécurité, le professionnalisme et la transparence, sans retard indu.
Je sais que vous avez de nombreuses questions. Nous n'en sommes encore qu'à la planification de cette initiative, mais nous répondrons volontiers à vos questions aujourd'hui, de notre mieux, pour vous donner le plus de renseignements possible.
Je suis accompagné de la vice-présidente aux opérations de l'ASFC, Mme Barbara Hébert, qui est aussi responsable de la mise en oeuvre de l'initiative d'armement à l'ASFC.
[Français]
Nous avons hâte de vous présenter les progrès que nous avons réalisés jusqu'ici et de vous parler du travail qui sera fait au cours des prochains mois et des prochaines années.
[Traduction]
Nous serons heureux de répondre à vos questions.
Merci, monsieur le président.
:
Bonjour. C'est avec grand plaisir que je me retrouve parmi vous aujourd'hui.
Je suis directeur général des Opérations nationales du Travail du Programme du travail de RHDSC. Le Programme du travail est responsable de l'administration et de l'application de la partie II du Code canadien du travail. Le Code s'applique aux lieux de travail de compétence fédérale, notamment à la Fonction publique fédérale et la plupart des sociétés d'État fédérales.
La partie II du Code canadien du travail a trait à la santé et à la sécurité au travail et son but est de prévenir les accidents et les blessures.
J'aimerais maintenant souligner que le Programme du travail ne s'occupe pas de questions de sécurité nationale. L'intérêt du Programme du travail par rapport à l'ASFC et à d'autres lieux de travail de compétence fédérale se limite strictement à la santé et à la sécurité des employés.
Avant d'aborder les questions soulevées au sujet de l'ASFC, je souhaiterais offrir aux membres du comité un aperçu de la partie II du Code. Le Code accorde aux employés trois droits fondamentaux relativement à leur santé et à leur sécurité: le droit de connaître les risques en milieu de travail, le droit de participer aux dossiers de santé et de sécurité et le droit de refuser du travail dangereux.
Tout en reconnaissant ces droits, la partie II vise à ne pas empiéter injustement sur le droit de l'employeur de gérer le lieu de travail.
[Français]
Le code établit également les responsabilités particulières des employeurs et des employés, et fait en sorte que les parties au travail veillent activement à la santé et à la sécurité en siégeant à des comités de santé et de sécurité au travail.
Le code est fortement axé sur la prévention. Le système de responsabilité interne prévu dans le code vise à inciter les parties en milieu de travail à jouer un rôle important dans l'obtention et dans le maintien d'un degré élevé de santé et de sécurité au travail.
Cela dit, selon le Code canadien du travail et le Règlement canadien sur la santé et la sécurité au travail, les employeurs sont les principaux responsables de la santé et de la sécurité, et ils doivent prendre les mesures qui s'imposent pour protéger la santé et la sécurité des employés.
Selon l'ajout récent au règlement de la partie XIX portant sur le programme de prévention des risques, les employeurs doivent explicitement, de concert avec les comités ou les représentants des comités de sécurité, mettre au point, mettre en ordre et surveiller le programme de prévention des risques au travail.
Si un employé s'inquiète de sa santé et de sa sécurité au travail, le code permet de régler cette situation grâce au système de règlement interne des plaintes. L'employé est tenu de porter ses préoccupations concernant la santé et la sécurité à l'attention de son superviseur pour que ce dernier puisse régler la situation.
Toute plainte non résolue peut être confiée aux comités ou aux représentants de santé et de sécurité et faire l'objet d'une enquête. L'employeur adopte alors une solution.
[Traduction]
Si les parties ne règlent pas la plainte, notre représentant de la santé et de la sécurité est avisé et le Programme du travail est alors chargé de l'enquête.
Selon la partie II du Code, un employé est en droit de refuser de travailler « s'il a des motifs raisonnables de croire » qu'une condition quelconque au travail l'expose à un danger, à moins que cette condition soit une condition normale de l'emploi ou que le refus de travailler mette la vie, la santé ou la sécurité d'une autre personne directement en péril.
On décrit à la partie II du Code une marche à suivre obligatoire lorsqu'un employé exerce ce droit de refuser de travailler. L'employé doit d'abord signaler la situation à l'employeur dans les plus brefs délais. L'employeur doit alors faire enquête immédiatement à ce sujet en présence de l'employé et d'au moins un membre du comité de santé et sécurité n'exerçant aucune fonction de direction ou d'un représentant en matière de santé et de sécurité. Si ni l'une ni l'autre de ces personnes ne peut participer à l'enquête, l'employé choisit au moins une personne du milieu de travail.
Si l'employeur reconnaît l'existence du danger, il doit prendre des mesures immédiates pour protéger l'employé contre le danger, puis doit aviser le comité au travail ou le représentant en matière de santé et de sécurité des mesures prises pour régler le problème.
Si l'employeur conteste les faits présentés par l'employé ou s'il prend des mesures pour protéger l'employé, mais que ce dernier a des motifs raisonnables de croire que le danger existe toujours, l'employé peut maintenir son refus de travailler. Le Programme du travail est alors avisé du maintien du refus de travailler. Un de nos agents de santé et de sécurité fait alors enquête.
Je le répète, un agent de santé et de sécurité (ASS) doit alors faire enquête sur le refus de travailler lorsqu'il est avisé qu'un employé refuse toujours de travailler, une fois suivi le processus interne établi. Lorsque l'ASS conclut à l'absence de danger, il doit aviser les parties en milieu de travail de sa décision. L'employé qui a entamé le refus de travailler doit alors reprendre ses fonctions.
Lorsqu'il conclut à la présence de danger, l'ASS émet une instruction à l'employeur l'avisant d'écarter le risque ou de régler la condition ou de modifier l'activité constituant le danger ou de protéger la personne contre le danger. L'employeur ou l'employé peut faire appel de la décision de l'agent de santé et de sécurité auprès du Bureau canadien d'appel en santé et sécurité au travail.
En ma qualité de directeur général des Opérations du travail, je sais que des employés de l'ASFC ont exercé leur droit de refuser de travailler en vertu de la partie II du Code, à plusieurs occasions. Depuis mai 2005, on a demandé à des agents du Programme du travail de faire enquête sur 44 refus de travailler par des inspecteurs des douanes de l'ASFC à divers points d'entrée à travers le pays.
Sur les 44 refus, 38 étaient des refus de travailler collectifs et deux étaient des refus individuels. La grande majorité de ces refus de travailler ont fait suite à l'émission d'un avis de surveillance de l'ASFC. On y indiquait que des personnes potentiellement armées et dangereuses pourraient tenter de traverser la frontière au Canada.
Dans tous ces refus de travailler, sauf deux, les agents du Programme du travail ont conclu à l'absence de danger, au terme de leur enquête. Dans les deux cas où il y avait bel et bien un danger, l'ASFC n'avait pas respecté sa pratique interne établie, laquelle vise à réduire les risques auxquels s'exposent les agents.
Voilà pour mon exposé. Je répondrai volontiers à vos questions maintenant.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie de nous avoir invités. Je suis accompagné aujourd'hui de la sous-commissaire Mme Barbara George, qui est responsable de la formation à la GRC. Après une courte allocution, je serai heureux de répondre à vos questions éventuelles.
D'ici là, je voudrais d'abord souligner l'engagement de la GRC à collaborer avec l'Agence des services frontaliers du Canada pour la prestation d'une formation au tir de haut calibre qui soit la plus avantageuse à long terme pour la GRC ou, ultimement, pour l'Agence des services frontaliers.
[Traduction]
Par suite de l'annonce du gouvernement fédéral dans le budget de mai 2006 au sujet d'un financement visant à armer les agents de l'ASFC, celle-ci a demandé à la GRC de l'aider à élaborer et à mettre en oeuvre une initiative d'armement nationale.
La GRC s'est engagée à fournir ce service. De fait, compte tenu de l'échéancier serré, nous avons déjà amorcé notre collaboration avec nos partenaires de l'Agence, et avons lancé la première étape du programme de formation, notamment la sélection et la formation des agents de formation de l'ASFC, le programme « Former le formateur », dont je vous entretiendrai dans un moment.
Le protocole d'entente de formation que nous avons conclu avec l'ASFC est un engagement de deux ans qui sera périodiquement réévalué.
À l'heure actuelle, nous avons détaché deux membres supérieurs de la GRC chargés d'assister l'ASFC au projet de formation. De plus, nous travaillons de concert avec l'Agence à l'élaboration d'une politique nationale d'armement et la GRC effectuera des détachements supplémentaires ou temporaires de membres spécialisés aux fins de formation dans la mesure où les ressources et les circonstances nous le permettent. L'ASFC paiera le salaire et les coûts liés au fonctionnement et à l'entretien dans le cadre des détachements aux fins de formation.
De plus, la GRC et l'ASFC ont entrepris l'élaboration d'un nouveau programme de formation qui intégrera à l'entraînement de base des recrues de l'Agence la formation au tir des utilisateurs, des tactiques défensives et des stratégies d'intervention tactique.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, un des volets clés de la formation au tir est un concept intitulé « Former le formateur ». Nous offrons un soutien pour la sélection d'agents de l'ASFC qui seront entraînés au maniement des armes à feu et aux techniques de formation afin qu'ils puissent à leur tour devenir formateurs. Ces futurs agents de formation de l'ASFC seront choisis à même une réserve de candidats dont les demandes ont été validées au moyen d'un processus établi par l'ASFC. Cette démarche vise à permettre à l'ASFC d'élaborer et de mettre en oeuvre son propre programme de formation afin de devenir autonome sur ce plan. C'est essentiel non seulement pour l'Agence, mais également pour la GRC, qui n'a pas les effectifs nécessaires pour former tous les 4 800 agents de l'ASFC.
En gros, tandis qu'un nombre grandissant de membres de l'ASFC sont formés à porter une arme à feu, l'Agence devra assumer des besoins soutenus, notamment ceux liés à la requalification et à la recertification. Dans un tel contexte, la GRC ne serait pas en mesure de poursuivre le projet de formation sans le volet de formation des formateurs.
De plus, il est primordial que les agents canadiens d'application de la loi, qu'il s'agisse de policiers ou d'agents de la paix de l'ASFC, reçoivent un degré de formation qui leur permette de manipuler leur arme à feu avec maîtrise et en toute sécurité. Il en va de la sécurité du public et des employés de l'ASFC ainsi que des agents d'autres organisations qui collaborent souvent à des enquêtes et dans d'autres circonstances.
Comme vous pouvez vous y attendre, étant donné l'échéancier serré, la GRC s'est fixée comme date limite le mois de mars 2007 pour amorcer la formation des formateurs de l'ASFC. L'objectif est d'offrir deux cours consécutifs afin de former environ 30 formateurs d'ici la fin de juin cette année.
D'ici mars 2008, soit moins d'un an plus tard, on prévoit que 300 agents de l'ASFC auront reçu le cours de trois semaines de formation au tir des instructeurs à l'interne. Si ceux-ci auront la responsabilité à long terme d'offrir la formation au tir au niveau des utilisateurs, la GRC continuera de superviser et de collaborer à cet égard durant les deux prochaines années.
Comme je l'ai mentionné précédemment, l'aptitude à porter une arme à feu entraîne des responsabilités accrues. Ce qui est particulièrement vrai dans le cas de situations comportant un risque de violence. L'un des principaux outils qu'utilise la GRC pour entraîner ses membres à aborder de telles situations est le modèle d'intervention pour la gestion d'incidents. Ce modèle prévoit des interventions appropriées pour affronter des niveaux de résistance précis selon la perception du sujet. On privilégie toujours l'intervention la moins perturbante envers une menace donnée afin de préserver la sécurité du public et des policiers.
Il ne fait aucun doute que la GRC s'est acquise une réputation internationale d'excellence policière qui se traduit par de vastes demandes de la part d'autres corps de police et de ministères en matière de formation. En particulier, nous sommes spécialistes réputés dans la formation aux armes. Nous offrons une formation au tir élémentaire et de calibre d'instructeur, par exemple, au ministère des Pêches et des Océans. Nous sommes heureux d'avoir de nouveau l'occasion d'appuyer l'ASFC.
Si la GRC fournit déjà depuis de nombreuses années une formation à l'ASFC en tactiques de défense contrôlée, la prestation d'une formation au tir ne constitue qu'un autre volet à notre partenariat.
[Français]
En terminant, monsieur le président, la GRC et l'ASFC jouissent d'une excellente relation de travail dont profitera aussi le programme de formation de tir.
Nous sommes déterminés à maintenir notre partenariat avec l'ASFC et d'autres organismes d'application de la loi dans le but de préserver l'intégrité et la sécurité de nos frontières. Nos partenaires et nous-mêmes avons à coeur de maintenir des normes élevées de formation afin d'assurer la sécurité du public et des agents de la paix.
Je vous remercie de votre attention et je serai maintenant heureux de répondre à vos questions.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie également M. Jolicoeur, Mme Hébert, M. Bourduas, Mme George et M. Fracassi pour leur témoignage.
[Traduction]
La nécessité d'armer nos gardes-frontières me préoccupe. Je pense que le gouvernement libéral s'y est toujours opposé. Vos organismes se doivent désormais de mettre en oeuvre la décision politique prise par le nouveau gouvernement, le gouvernement conservateur. Mais je crois qu'il existe des solutions beaucoup moins coûteuses et plus sûres.
Permettez-moi de vous poser des questions plus précises.
Tout d'abord, monsieur Bourduas, en tant qu'agent de la sécurité publique, pensez-vous que cela va créer plus de violence? J'ai le sentiment que cela pourrait créer plus de violence à nos frontières. Je sais que vous allez former les gardes et former les formateurs pour qu'ils soient prêts. Dans la mesure où la plupart de nos échanges commerciaux, 80 à 90 p. 100, ainsi que la plupart des personnes traversent la frontière à sept ou huit postes comme celui de Detroit-Windsor, ou celui de Fort Erie-Buffalo, etc., ne vaudrait-il pas mieux garantir une intervention 24 heures sur 24, sept jours sur sept de la GRC si nécessaire, plutôt que d'investir ce milliard de dollars pour créer cette grille à la frontière? C'est le montant dont on parle. Le fait de former et d'équiper ces gens va coûter un milliard de dollars sur 10 ans. N'y a-t-il pas une solution moins coûteuse et qui permettrait véritablement de rendre nos frontières plus sûres?
:
L'ancien commissaire Zaccardelli a toujours maintenu la position selon laquelle c'était, en fin de compte, une décision du gouvernement du Canada. Bien entendu, nous nous engageons à coopérer avec nos partenaires de l'ASFC dans le cadre de cette initiative.
Le noeud du problème, c'est de fournir des armes à feu pour protéger les personnes qui s'engagent à protéger la population aux postes-frontières. C'est pour cela que nous allons nous concentrer sur cet aspect-là de la formation avec nos partenaires de l'ASFC, pour être certains que si nous sommes appelés à intervenir à la frontière... Évidemment, si vous parlez des personnes qui ne s'arrêtent pas aux postes-frontières, alors je vous dirai que les armes à feu ne régleront pas ce problème. Je pense que nous convenons tous de cela.
Il reste que la GRC s'est engagée à appuyer l'ASFC d'autres façons également, grâce à un déploiement tactique le long de la frontière ou, si nécessaire, à une intervention s'il y a une demande d'aide effectuée auprès d'un détachement local de la GRC ou de la police municipale ou provinciale. Nous en tiendrons compte aussi dans le cadre de cette initiative.
Nous nous sommes engagés auprès du gouvernement et auprès de l'ASFC à former les gardes-frontières, et donc nous le ferons.
:
En effet, je ne pense pas que cela dissuadera les gens qui essaient de faire passer des armes à feu ou des drogues à la frontière et qui passent les postes-frontières sans s'arrêter. C'est un problème que nous devons régler. Mais si on donne l'alerte, alors les organes d'application de la loi pourraient intervenir, et ce sont des personnes qui...
J'accorde ma pleine confiance aux agents de l'Agence des services frontaliers du Canada, et je pense qu'après un certain temps et de gros investissements, lorsqu'ils seront formés... mais il ne faut pas se leurrer, la formation c'est une chose, mais l'expérience en est une autre. La GRC et les autres organes d'application de la loi comptent de nombreuses années d'expérience et savent intervenir au bon moment afin de réduire au minimum les dangers encourus par des personnes qui se trouveraient là par hasard.
Il y a toujours beaucoup de gens à un poste-frontière. Si on veut intercepter un véhicule, je pense qu'il faut le faire de façon intelligente et raisonnable, c'est une décision qui peut être prise par des agents d'application de la loi qui ont beaucoup d'expérience, et ils choisiraient un endroit où la vie de personnes innocentes se trouvant là par hasard ne serait pas mise en danger.
J'ai une question pour M. Fracassi. Comment se fait-il que dans la vaste majorité des cas où les gardes-frontières syndiqués ont décidé de quitter leur poste, le ministère, dans son évaluation, en est arrivé à la conclusion — objective je suppose — que l'agent n'était nullement menacé. Alors que l'étude effectuée par Northgate, et qui a été commandée par le syndicat...? Si j'étais cynique, je dirais peut-être que cette étude manque d'objectivité. En laissant tout cynisme de côté, pouvez-vous me dire comment ces deux groupes en arrivent à des conclusions aussi divergentes?
:
Merci, monsieur le président.
Essentiellement, l'arrangement que nous avons conclu est celui décrit par M. Bourduas.
[Français]
Monsieur Ménard, je m'excuse, je suis passé à l'anglais sans s'en m'en rendre compte.
Cela m'arrive aussi.
M. Alain Jolicoeur: Il n'est pas dit qu'au fil des années, on ne profitera pas des services et des locaux d'autres écoles de police au Canada. L'initiative qu'on prend présentement, c'est d'utiliser l'expertise de la Gendarmerie royale pour préparer un cours spécifiquement pour nous.
Également, pour compléter la réponse de M. Bourduas, les situations qui seront utilisées, dans le contexte de ce cours de trois semaines, sont des situations spécifiques à l'environnement de nos officiers à la frontière.
Après deux ans, la plus grande part de la formation, spécialement celle de nos nouveaux employés, se fera dans le contexte d'un cours beaucoup plus long, à notre institut de formation de Rigaud, un institut national.
Il est important pour nous d'avoir un programme de formation qui soit cohérent, qui soit le même dans l'ensemble du pays. On ne voulait pas se retrouver avec des employés qui travaillent avec des procédures différentes, des façons de travailler qui diffèrent. Il était donc important d'avoir un seul cours.
Cela étant dit, une fois le cours en place, une fois qu'on aura un nombre suffisant de formateurs, il n'est pas exclu — c'est quelque chose que l'on considère — d'obtenir le soutien d'autres organisations, à l'avenir, pour nous permettre de former nos employés un peu plus rapidement.
:
Merci, monsieur le président, et merci aux témoins d'être venus aujourd'hui.
Monsieur Jolicoeur, j'aimerais d'abord aborder le peu d'empressement que vous semblez mettre à armer les agents à la frontière dès maintenant.
Moi, je représente Windsor, en Ontario, et 40 p. 100 du commerce entre le Canada et les États-Unis passe par chez moi. J'ai été témoin de nombreux incidents, et pas seulement de contrebande. Il est arrivé que des policiers américains traversent la frontière et se rendent jusqu'à l'esplanade de notre poste frontalier, l'arme à la main. Il y a aussi eu des policiers américains qui ont tenté de cacher leurs armes à feu qu'ils ont ensuite déchargées accidentellement dans leur véhicule. D'après ce que je sais de ces incidents, c'est la police locale qui intervient, parce que c'est elle qui est la première sur les lieux.
En matière de formation, quelle sorte d'installations cherchez-vous? Je sais que vous avez dit ne pas aller à l'externe, mais à Windsor, par exemple, le ministère de la Défense nationale a des champs de tir intérieurs et extérieurs. C'est une installation commune du MDN et du service de police de Windsor qui compte aussi des salles de réunion et d'autres installations pour la formation.
Pourquoi ne pas profiter du potentiel de ce site, puisque Windsor, Fort Erie, Buffalo, Niagara Falls et Sarnia sont toutes tout près? Comme vous l'avez signalé, le roulement au sein de votre ministère est assez important et souvent les agents se lancent dans d'autres carrières. Pourquoi ne pas utiliser ces installations pour accélérer la formation?
:
Monsieur le président, il ne fait aucun doute que pour la recertification, nous ne pourrons employer seulement deux ou trois établissements. Nous devrons utiliser les installations qui existent un peu partout au pays pour la recertification de nos agents et il y aura bien des occasions comme celle que vous venez de décrire d'utiliser les installations existantes.
En ce qui concerne la première partie de cette importante initiative, il était crucial pour nous d'assurer l'uniformité de la formation à l'échelle du pays et de faire appel à la GRC, parce que notre organisation n'a pas ce genre d'expérience. Dans le cadre des nombreuses mesures que nous avons prises en parallèle pour assurer un déploiement rapide de nos agents à la frontière, nous avons recruté et formé des formateurs. Bon nombre de nos agents dans toutes les régions du pays sont intéressés à acquérir ces compétences par l'entremise de la GRC.
Ces personnes ont déjà été mises à l'épreuve. Elles ont subi toute une série de tests portant sur la formation et les compétences. Il y a aussi des tests psychologiques, et d'autres, car certains de nos employés n'ont pas ce qu'il faut pour ce genre de tâche. Le processus est en cours et progresse rapidement. Comme l'a indiqué mon collègue, le premier groupe d'employés formés au maniement des armes à feu sera déployé l'été prochain.
Par la suite, et une fois que nous serons satisfaits de notre processus, nous irons voir à l'interne. Nous solliciterons les manifestations d'intérêt de la part d'autres organisations qui pourraient dispenser exactement la formation qui a été conçue à l'origine. C'est ce qui se fait en ce moment.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être venus aujourd'hui.
Je m'intéresse personnellement à la situation à la frontière. Je représente une circonscription qui compte deux postes frontaliers : le pont des Mille-Îles et le pont Johnstown-Ogdensburg.
J'ai lu le rapport modifié ModuSpec, j'ai aussi lu le rapport Northgate et je connais beaucoup d'agents à la frontière. Ce sont souvent des personnes avec qui j'ai grandi et avec qui j'ai joué au hockey. Leurs enfants et les miens fréquentent la même école. Je suis donc bien au courant de ce qui se passe en première ligne.
Je crains que l'Agence des services frontaliers du Canada ne soit pas véritablement déterminée à assurer l'armement des douaniers dans les meilleurs délais. Il n'y a pas longtemps, on nous a dit qu'il faudrait 10 ans et un milliard de dollars pour le faire, mais M. Jolicoeur nous a dit aujourd'hui que cela coûterait 781 millions de dollars.
Monsieur Jolicoeur, vous êtes-vous personnellement engagé à exécuter le plan du gouvernement visant à armer les agents à la frontière?
:
Merci, monsieur le président, et merci à notre groupe de témoins.
Il y a manifestement une différence de point de vue philosophique entre mes collègues d'en face et notre côté. Nous estimons qu'il faut assurer la sécurité à la frontière pour protéger les gardes-frontières et les Canadiennes et les Canadiens. Ainsi, la GRC n'enverrait pas son personnel sans arme, parce qu'on ne sait pas ce qui traverse la frontière, et c'est une position qui me semble justifiée.
Ce dont nous voulons nous assurer, c'est d'en avoir pour notre argent. M. Jolicoeur et Mme Hébert savent que c'est depuis longtemps l'une de mes préoccupations.
Hier, par curiosité, j'ai regardé le site Web de la Commission de police de l'Ontario. J'ai constaté que la formation de base des agents de police, qui amène les agents de police de l'Ontario aux normes requises par la province — sans doute similaires à celles établies de par le pays, vu la préoccupation universelle des citoyens — est un cours de 12 semaines qui coûte 7 500 $. Peut-être y a-t-il certaines subventions, mais il s'agit d'un cours de 12 semaines. Là, nous parlons d'un cours de trois semaines.
Je sais que nous avons évoqué la nécessité de compenser les salaires, pendant cette période, mais les chiffres que vous nous avez indiqués s'élèvent, semblerait-il, à environ 100 000 $ par garde-frontière que l'on veut armer et former. Avons-nous envisagé de confier la formation à d'autres organismes? Serait-il possible, d'autre part, d'envisager des partenariats avec d'autres organismes, comme la Commission de police de l'Ontario, ou le corps de police du Québec... ou encore n'importe où au pays?
Nous avons fait de notre mieux pour parvenir à l'estimation des coûts et aux prévisions élaborées. Elles ont fait l'objet de vérifications internes et externes: par le Conseil du Trésor, qui devait essentiellement faire preuve de diligence raisonnable avant d'octroyer l'argent; et par des experts du secteur privé, depuis.
Le chiffre cité — la taille, la période — surprend toujours les gens. N'oublions pas qu'il s'agit d'un gros organisme. Il s'agit de former 4 800 personnes, en fait environ 7 000 personnes, à cause du roulement. Je ne me souviens plus exactement du chiffre, mais c'est un nombre considérable de personnes. Notre projet vise aussi à transformer un organisme. Ce n'est pas un corps de police où existent déjà des procédures établies, en ce qui concerne les armes à feu et les processus pour les gérer, la surveillance, etc. Il faut partir de zéro, ce qui explique une partie des coûts. Dans les 100 000 $ dont vous parlez, il y a 10 000 $ par personne et par an, y compris les cours de recyclage et tous les frais généraux.
Cela dit, je suis convaincu que c'est le meilleur chiffre disponible à l'heure actuelle. Pour certains éléments de l'ensemble, il nous faut, effectivement, voir ce qui serait disponible à l'extérieur, ouvrir la porte, comme je l'ai suggéré plus tôt, à l'intérêt que pourrait exprimer tout organisme susceptible de faire mieux. Et s'il existe une façon de réduire l'un ou l'autre de ces chiffres, nous l'envisagerons très sérieusement.
:
Oui, merci, monsieur le président.
C'est en fait une question qui devrait s'adresser à , mais je vais la poser aux témoins au cas où ils puissent répondre.
Monsieur Bourduas, avez-vous dit — et nous en conviendrions probablement tous —qu'armer les gardes-frontières ne réglera pas le nombre de personnes qui veulent faire passer des armes ou des stupéfiants. L'effet dissuasif sera minime, au mieux, et je dirais que c'est là un sérieux problème. Comme M. Jolicoeur et d'autres le savent bien, le gouvernement avait d'autres possibilités que d'armer les gardes-frontières; il a choisi cette option mais si l'effet dissuasif est minime ou nul et que, comme l'a dit M. Jolicoeur, les gens à la frontière ne seront pas tenus d'interdire, sauf pour ceux qui auront des armes et seront reclassifiés — et je crois que M. Jolicoeur a dit qu'il allait les mettre dans son propre groupe — il y a un coût implicite à cette reclassification, parce que si l'on porte une arme, on a droit à une rémunération plus élevée. Que ce soit un nouveau système ou autre chose, cela coûte quelque chose.
Je ne vois pas vraiment quel est l'avantage d'armer les gardes. Si le résultat n'est pas une diminution des refus de travailler du personnel frontalier, et si cela semble être le seul avantage, c'est un prix très élevé à payer. Je ne sais pas, a-t-on fait une étude de rentabilité à ce sujet?
Deuxièmement, j'aimerais revenir à la question de ma collègue sur les étudiants qui travaillent l'été. Seront-ils aussi armés?