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Je déclare la séance ouverte.
Il s'agit de la 19e réunion du Comité permanent de la sécurité publique et nationale qui a pour ordre du jour d'examiner le budget des dépenses principal pour 2006-2007.
Nous accueillons l'honorable Stockwell Day. Je suis très heureux de vous recevoir parmi nous, monsieur. On nous a dit que vous seriez des nôtres durant une heure et nous allons donc tout de suite entrer dans le vif du sujet.
Comme à notre habitude, nous allons vous laisser une dizaine de minutes pour vos remarques liminaires, mais sachez que nous ne sommes généralement pas très rigoureux à cet égard. Après cela, nous passerons aux questions en commençant par l'opposition officielle.
Je vous invite à nous présenter les fonctionnaires qui vous accompagnent, puis à nous faire part de vos observations.
Merci beaucoup et bienvenue.
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Merci, monsieur le président et chers collègues de l'intérêt que vous portez à la sécurité et à la sûreté de notre pays.
Et c'est précisément ce dont mon portefeuille est chargé. Le Premier ministre et moi-même estimons que la responsabilité de tout gouvernement consiste à assurer la sécurité et la sûreté de ses citoyens, et je peux vous garantir que c'est ce que font les 52 000 personnes qui travaillent pour mon portefeuille. Je peux aussi affirmer, en toute sincérité, que la très vaste majorité de ces 52 000 employés — qui travaillent pour l'Agence des services frontaliers, pour des établissements correctionnels, pour des détachements de la GRC, pour des antennes du SCRS, dans nos différents emplacements de la protection civile ainsi que dans les bureaux, comme le personnel de soutien des organisations que j'ai citées — a vraiment l'impression, sept jours sur sept et 24 heures sur 24, de participer à quelque chose de très important et de valable en rapport avec la sécurité de notre pays et de nos compatriotes.
Cela dit, je me mets à votre disposition pour répondre à vos questions, parce que je veux vous donner le plus de temps possible pour poser des questions.
Nous disposons d'un effectif de 52 000 personnes et d'un budget — quand on ajoute le budget supplémentaire des dépenses — de quelque 6 milliards de dollars, ce qui représente un investissement important dans la sécurité et la sûreté.
J'ai cru comprendre que certains députés désirent surtout s'attarder à la question des armes à feu aujourd'hui.
Permettez-moi donc de vous présenter, pour commencer, John Brunet, qui est contrôleur au ministère de la Sécurité publique et qui connaît le dossier dans son menu détail. Il me rend fidèlement compte de tout ce qui se passe, que ce qu'il me dit me plaise ou non. Je suis aussi accompagné de Peter Martin qui est sous-commissaire des Services nationaux de police. Je l'ai invité à se joindre à moi quand j'ai su que vous vouliez parler du Centre national des armes à feu. Comme la GRC a récemment assumé cette responsabilité, il pourra faire le point de la situation et répondre à des questions précises auxquelles je ne pourrai peut-être pas répondre moi-même. De plus, je suis accompagné de Paul Gauvin, sous-commissaire, Gestion générale et contrôle à la GRC, qui sera également en mesure de répondre de façon générale aux questions concernant la Gendarmerie.
Avant de m'arrêter et de laisser un maximum de temps aux députés pour me donner des conseils ou me poser des questions, je tiens à rappeler aux membres de votre comité, monsieur le président, qu'il ne faut pas oublier certaines choses en matière d'armes à feu. En vertu du système actuel, toute personne qui désire acquérir ou qui possède une arme à feu doit détenir un permis sans égard au type d'arme en question, qu'elle soit à autorisation restreinte ou pas. Tous les détenteurs de permis seront inscrits dans une banque de données nationales. Les renseignements concernant ces détenteurs de permis sont accessibles par les corps policiers, à des fins d'information et de sécurité.
Toute personne désireuse d'acheter ou de posséder une arme à feu ou des munitions doit produire un permis qui n'est pas garanti à vie. Le permis peut être révoqué pour un motif valable sur l,avis d'un préposé provincial aux armes à feu. Les antécédents des demandeurs de permis doivent faire l'objet d'une vérification poussée. Pour ceux qui veulent acquérir une arme à feu, comme une arme de poing, qui apparaît sur la liste des armes à autorisation restreinte, le processus d'émission de permis est encore plus strict. Ceux et celles qui veulent acquérir une arme à feu doivent suivre un cours sur la sécurité, le maniement et l'entreposage des armes à feu. Les armes doivent être entreposées sous clef au lieu de résidence, conformément au règlement du gouvernement. Ainsi, si vous possédez une arme à feu à autorisation restreinte — par exemple, si vous êtes tireur sportif et avez une arme de poing —, vous devrez vous plier à certaines contraintes en matière de transport et de lieu de destination. Vous devrez vous rendre directement de votre domicile au club de tir auquel vous appartenez.
Monsieur le président, nous voulons axer nos ressources sur les façons les plus efficaces de contrôler les armes à feu. Depuis la création du registre des armes à feu, le Bureau du vérificateur général signale des dépenses énormes et parfois même grotesques, de même que d'un manque d'efficacité dans la gestion de cet instrument.
Je ne m'en prends pas ici aux employés qui sont chargés de l'administration du registre. On leur a confié un dossier et une tâche qui, à certains égards, étaient impossibles à assumer.
Pour ce qui est des armes d'épaule ne faisant l'objet d'aucune restriction, il se trouve qu'il y a en des millions et des millions en circulation : fusils de chasse en tous genres, 22 Long Rifle et fusils de chasse de calibre 303, essentiellement des armes que possèdent des agriculteurs et des tireurs sportifs. On en trouve plusieurs millions au Canada. Il s'est avéré impossible d'enregistrer chacune de ces armes portant des numéros d'inscription différents. La Vérificatrice générale elle-même a dit que les données ne sont pas fiables.
Nous voulons utiliser les fonds — qui sont donc nos fonds, nos ressources — de la façon la plus efficace possible pour contrôler les armes à feu. C'est pour cette raison que, selon nous, il faut faire porter l'accent sur l'enregistrement de toutes les armes à autorisation restreinte ou prohibées et s'intéresser à tous ceux et à toutes celles qui veulent posséder de telles armes. Toutefois, la façon la plus efficace ne consiste certainement pas, contrairement à ce qu'on a cherché à faire dans le passé, à investir ce qui aurait pu atteindre un milliard de dollars dans l'enregistrement des armes d'épaule que possèdent surtout des agriculteurs et des tireurs sportifs. La Vérificatrice générale a dit que ces données n'étaient pas fiables.
Monsieur le président, nous cherchons à réduire le nombre de tragédies dues à l'usage d'armes à feu. Nous voulons nous concentrer sur ceux qui peuvent présenter un risque ne serait-ce qu'en possédant une arme à feu. Nous voulons empêcher ceux et celles qui ne devraient pas posséder d'armes à feu d'en avoir une. Malheureusement, on a concentré l'essentiel de nos dépenses dans un secteur qui ne pose que peu voire aucun problème, celui des agriculteurs et des chasseurs de canards qui possèdent des millions et des millions d'armes à feu qui ne sont pas à autorisation restreinte.
Pour vous en donner un simple exemple, monsieur le président, sachez qu'en 2003 on a dénombré 549 homicides au Canada. Deux d'entre eux ont été commis par un détenteur d'arme à feu à autorisation restreinte — deux seulement! Nous voici donc en train de consacrer la majorité de nos ressources, soit des centaines de millions de dollars, pour régler 0,5 p. 100 du problème tandis que, d'un autre côté, le nombre de crimes commis à l'aide d'armes de poing est écrasant. C'est sur ce plan que nous devons axer notre attention, celui de l'activité des gangs et de la contrebande des armes à feu.
Pour terminer, monsieur le président, je tiens à indiquer aux Canadiens que nous sommes résolus dans cette démarche. Dans les jours à venir, après ce que nous avons appris et à l'occasion de la tragédie du Collège Dawson et d'autres incidents, nous allons renforcer le système et je crois que nous pourrons y parvenir. Nous voulons disposer de systèmes qui nous alerteront au cas où quelqu'un posséderait une arme à feu sans autorisation afin, espérons-le, de pouvoir l'arrêter avant que les choses ne tournent mal.
C'est sur cela que nous continuerons de faire porter notre attention et c'est pour cela que nous allons améliorer les procédures d'inscription et les activités de lutte contre le trafic d'armes à feu. Nous avons adopté des programmes de prévention se chiffrant en millions de dollars à l'intention de nos collectivités pour nous intéresser aux jeunes à risque et lutter contre les activités des gangs. C'est sur cela que nous voulons faire porter l'accent.
Je vous remercie, monsieur le président et chers collègues députés, de m'avoir écouté à ce sujet. Je suis à présent prêt à répondre à vos questions ou à entendre les conseils que vous voudrez bien me donner. Il est entendu que cet échange n'est pas limité aux armes à feu et que je ferai de mon mieux pour répondre aux questions concernant la sécurité publique. Si je ne dispose pas des renseignements nécessaires et si je ne peux vous répondre sur-le-champ, je vous recontacterai personnellement dans les plus brefs délais.
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Merci, monsieur le président.
Merci monsieur le ministre et merci aux autres témoins qui se sont rendus à notre invitation.
Je débuterai en citant Hayder Kadhim, qui a été blessé lors de la tuerie de Dawson. Il a déclaré que l'idée d'abandonner le registre des armes à feu était insensée. J'enchaînerai par deux ou trois choses dont je veux que nous parlions.
Je suis d'accord avec vous, monsieur le ministre, pour dire qu'il y a eu des problèmes dans le passé. Je siégeais au Comité des comptes publics lors de la législature précédente, et nous avions accueilli la Vérificatrice générale pour parler de problèmes qui appartiennent maintenant au passé. Il est un fait que le programme fonctionne aujourd'hui.
Et puis, il y a d'autres aspects dont il faut aussi tenir compte. Le nombre de décès causés par arme à feu, qu'il s'agisse d'homicides, de suicides ou d'accidents, a diminué depuis l'entrée en vigueur du registre. Le taux de mortalité attribuable à des armes de poing et à des armes d'épaule est également en baisse. Les corps policiers sont favorables au registre. Ils le consultent en moyenne plus de 5 000 fois par jour. Près de 16 000 permis d'armes à feu ont été refusés ou révoqués depuis l'entrée en vigueur de la Loi sur les armes à feu. Plus de 5 000 affidavits ont été produits à travers le Canada par le Centre des armes à feu, dans le cadre de procédures au pénal.
Pour ce qui est des coûts actuels, il n'en coûte en réalité que 15,7 millions de dollars par an pour assurer l'enregistrement des armes à feu. Quant à dire que les armes d'épaule ne sont pas importantes, permettez-moi de vous citer le président de l'Association canadienne de police qui, le 16 mai dernier, a déclaré que les six ou sept derniers policiers tués par des armes à feu l'ont été par des armes d'épaule.
Comme on le voit, ces armes-là représentent un risque et, compte tenu du succès que nous avons remporté grâce à ce programme, je veux comprendre pourquoi on ne cherche pas, tout d'abord, à éliminer les irritants pour rendre ce programme plus efficace. Pourquoi ce désir ou cette détermination à vouloir mettre un terme à ce programme? Est-ce une question d'idéologie? Pourquoi voulez-vous supprimer ce programme qui a tellement bien fonctionné?
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Vous parlez de supprimer le programme, mais je crois qu'il est très important que nos compatriotes n'en viennent pas à conclure que nous mettons un terme au registre des armes à feu ou que nous n'exigeons plus la détention d'un permis. Tel n'est pas le cas. Nous sommes plutôt en train de renforcer le programme.
Il y a un volet du programme qui s'est avéré incroyablement coûteux au point de devenir un vaste gaspillage — je ne fais ici que citer les constats de la Vérificatrice générale — et de nous faire passer à côté des objectifs qui avaient été fixés. Nous n'avons pas atteint les objectifs fixés en matière d'enregistrement de tous les fusils de chasse, qu'ils servent pour le canard ou pour la marmotte et qu'ils soient détenus par des chasseurs ou par des agriculteurs. Compte tenu du nombre d'erreurs commises, de l'impossibilité d'enregistrer ce nombre effarant d'armes à feu et de l'impossibilité d'obtenir les calibres exacts de millions et de millions d'armes d'épaule, tout cet exercice a été le type même de l'entreprise inutile. Ce volet très étroit du registre des armes à feu s'est avéré être un échec.
Quant aux crimes qui ont été commis avec des armes à feu, sachez que dans tous les cas où une arme d'épaule a été utilisée, si le système avait correctement fonctionné — pas l'enregistrement, mais le système dans son entier — il aurait été possible d'éviter un désastre. Un exemple a été la mort tragique d'une policière, l'année dernière au Québec. Elle s'était approchée d'une porte derrière laquelle se trouvait le suspect qui a ouvert le feu et l'a tuée à l'aide d'une carabine de grande puissance qui avait été enregistrée. La balle a transpercé son gilet pare-balle.
Lors de l'enquête, il a été frustrant et poignant de constater que l'assassin avait commis d'autres crimes qui auraient dû lui valoir le retrait de son arme d'épaule. D'ailleurs, une ordonnance d'interdiction avait même été émise à son égard. On lui avait ordonné de ne pas posséder d'arme à feu ni d'être trouvé en possession d'une telle arme. Il avait fait appel de la décision et avait demandé au tribunal de conserver son arme parce qu'il aimait chasser et qu'il souhait la posséder durant la saison de chasse uniquement. Le juge avait donc permis qu'on rende cette arme à un criminel à qui on avait interdit d'en posséder une.
Voilà pourquoi je dis que, pour certains, il faut limiter la possibilité d'obtenir des armes à feu. Nous proposons notamment d'appliquer un interdit absolu en cas de condamnation de ce genre. Il serait impossible de se présenter devant un juge. Nous rédigerons le libellé de telle sorte qu'un juge ne puisse rendre une arme d'épaule à un individu dangereux.
Voilà pourquoi je dis qu'on a consacré — sans doute avec les meilleures intentions du monde — des centaines de millions de dollars à un volet où l'activité criminelle est relativement faible. Dans une des propositions que nous avons déposées à la Chambre, nous soutenons que les crimes avec arme à feu devraient faire l'objet d'une sanction obligatoire, mais ne parvenons pas à obtenir l'appui du parti Libéral à cet égard.
Une voix: Ce n'est pas vrai.
L'honorable Stockwell Day: J'ai bien peur, messieurs, que trois des quatre membres de ce comité n'aient même pas voté en faveur de cette disposition. Et pourquoi pas?
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Chaque fois que quelqu'un d'ici ou de l'extérieur dit qu'il n'y a pas de système d'enregistrement, il faut que je prenne le temps de vérifier et de corriger.
Au Canada, dans toutes les provinces et territoires, nous avons un système d'enregistrement. Nous voulons un système plus fort que celui des libéraux. Chaque fois que quelqu'un dit que nous n'avons pas de système d'enregistrement, je dois le corriger.
Depuis que nous avons un bon système, celui qui est présentement en place, nous avons épargné près de 13 millions de dollars. Simplement grâce au transfert de l'enregistrement des armes à feu à la GRC, nous avons réussi à économiser 10 millions de dollars, et ensuite la GRC a pu épargner 3 autres millions de dollars.
M. Peter Martin, sous-commissaire à la GRC et responsable du programme, peut vous donner plus de détails s'il le souhaite.
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Vous avez tout à fait raison d'aborder la question des sommes qui sont destinées à armer nos douaniers. Nous en sommes au stade où nous avons lancé des invitations à ceux qui voudraient devenir formateurs. C'est la GRC qui assurera la formation initiale, qui formera les futurs formateurs, choisis parmi les douaniers, qui seront chargés de former leurs collègues par la suite.
Soit dit en passant, 324 employés de l'ASFC ont soumis leur candidature pour devenir formateurs, ce qui est très encourageant. Nous ne les formerons évidemment pas tous à ces fonctions — il nous en faut bien moins que cela — mais nous pourrons choisir parmi ce groupe. On estime que les premiers agents auront été formés et seront prêts à entrer en service en juillet ou août de l'an prochain. Nous aurons donc jusqu'à 300 agents armés et opérationnels sur le terrain. Par la suite, nous formerons les autres à raison de 800 par an, ce qui, quand on tient compte de l'élimination naturelle des effectifs, nous permettra d'en former à peu près 625 ou 650 par an.
On a émis différentes hypothèses sur la durée de la formation nécessaire des quelque 4 800 agents concernés et on en est arrivé à six ans. Pour l'instant, toutefois, on sait qu'il faudra continuer de financer cette opération coûteuse pendant 10 ans.
Quand on regarde ce qui s'est fait dans d'autres pays... Au début, il a fallu à peu près le même temps aux services frontaliers américains pour faire la même chose. Nous pourrons donc compter sur 300 agents de formés d'ici juillet-août, agents qui seront répartis dans les secteurs où les besoins sont les plus importants. Après cela, nous poursuivrons la formation au rythme d'environ 800 agents par an, nombre qui sera réduit par les départs.
Je vais rapidement passer en revue les chiffres apparaissant dans le Budget des dépenses supplémentaire.
Pour ce qui est de la GRC, en vertu du crédit 61 — celui des dépenses de fonctionnement — et à l'exception des activités d'enregistrement et des fonctions, il est question de 38 millions de dollars.
Aux termes du crédit 62 — qui concerne le Centre des armes à feu — il est prévu 10 millions de dollars pour les dépenses de fonctionnement au titre des activités d'enregistrement et des fonctions.
Le crédit 10a, qui concerne l'Agence des services frontaliers du Canada, prévoit le transfert de 373 500 $ de Citoyenneté et Immigration et de 689 995 $ de la Défense nationale. Les cotisations pour les prestations des employés du SCRS sont de 35 266 000 $.
Pour le Service correctionnel, au chapitre du Service pénitentiaire et du Service national des libérations conditionnelles, il est prévu un autre transfert de 39 040 $.
Voilà les principaux postes de dépenses que j'ai devant moi pour l'instant, monsieur le président.
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Le Congrès, mais pas l'Administration américaine, nous a obligé à faire toutes sortes de contorsions à ce sujet. Comme vous le savez, il y a environ quatre ans, les États-Unis ont adopté une loi exigeant que, d'ici un certain temps, toute personne se présentant à la frontière soit munie d'un passeport . Cette mesure va même s'appliquer aux Américains retournant aux États-Unis. Au début, il avait été indiqué que tous les voyageurs se rendant aux États-Unis par avion ou par bateau devraient avoir un passeport avant le 1
er janvier 2007 et que toutes les personnes franchissant un poste frontière terrestre devraient également être munies d'un passeport à compter du 1
er janvier 2008.
Tout cela nous a beaucoup préoccupé. Nous avons réalisé un certain nombre d'études sur cette question. Nous pensons que cette disposition va avoir un effet négatif sur les déplacements du Canada à destination des États-Unis, mais nous craignons encore plus qu'elle ne refroidisse les désirs des résidents américains désireux de se rendre au Canada. Il semble en effet que les Américains sont plus réticents que les Canadiens à se procurer un passeport: un peu plus de 20 p. 100 d'entre eux possédant un tel document un contre près de 40 p. 100 des Canadiens. Et puis, il y a les coûts qui accompagnent cette opération.
Cette question est une priorité depuis que le premier ministre Harper a rencontré le président Bush et son homologue mexicain à Cancun. Le premier ministre estime que cette disposition risque d'avoir des répercussions particulièrement négatives sur notre économie. D'ailleurs, il n'y a pas que l'économie du strict point de vue comptable qui sera touchée, parce qu'il y aura aussi des effets négatifs sur l'économie sociale exprimée par le nombre de personnes traversant la frontière pour des raisons familiales ou amicales ou par les déplacements d'équipes sportives, comme les équipes de hockey ou de football. Cette loi risque d'avoir des conséquences sur un grand nombre d'aspects.
Nous avons progressé toutefois. Les Américains ont accepté le principe du recours à d'autres types de documents que le passeport. Nous sommes en train de définir ce dont il s'agira. Nous avons aussi réussi, jusqu'ici, à repousser la date de mise en oeuvre de cette loi d'un an et demi.
Je profite de cette occasion pour préciser aux députés ainsi qu'à tous les Canadiens et à toutes les Canadiennes qui nous écoutent que, d'ici le 8 janvier 2007, si vous vous rendez aux États-Unis en bateau ou en avion, vous devrez produire un passeport à la frontière. Si vous vous déplacez à bord d'un traversier assurant un service régulier, deux pièces d'identité suffiront. Toutefois, si vous vous déplacez par bateau ou par avion, munissiez-vous d'un passeport. Pour franchir les postes frontières terrestres, vous disposerez d'une autre année et demi avant de devoir produire ce document. Nous sommes en train d'essayer de trouver d'autres solutions à cet égard.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à préciser une chose à propos d'une remarque que vous avez faite en passant, et qui n'a l'air de rien.
Vous avez demandé pourquoi les Libéraux n'avaient pas appuyé les peines minimales obligatoires. En disant cela, vous avez déformé des faits historiques, même récents. On trouve en effet dans le Code criminel davantage de peines obligatoires pour des crimes commis par armes à feu — puisqu'il y en a une vingtaine — que pour n'importe quel autre type de crime, sauf le meurtre. Ces peines minimales obligatoires ont été introduites par le gouvernement libéral il y a 10 ans, tandis que le parti qui constituait l'opposition à l'époque — celui que vous avez transformé — y était opposé.
En novembre 2005, alors que j'étais ministre de la Justice, j'ai déposé un train de mesures législatives très complet assorties de peines obligatoires dans toutes les affaires de contrebande, de trafic et d'utilisation d'une arme à feu chargée dans un lieu public, à la suite d'une rencontre fédérale-provinciale-territoriale des ministres de la Justice et sur la recommandation unanime des ministres présents.
La question n'est donc pas de savoir s'il existe ou pas des peines minimales obligatoires. La question est plutôt de savoir pourquoi votre gouvernement a proposé des peines minimales obligatoires d'une telle portée et d'une telle rigueur— notamment des peines d'emprisonnement de 10 ans dans certains cas — quand il est, en partant, clairement prouvé que ces peines minimales ne sont pas efficaces parce qu'elles ne découragent pas la commission de crimes; quand toutes les preuves sur lesquelles le ministre de la Justice s'est appuyé pour prendre cette décision — c'est-à-dire ce qu'on a constaté au Massachusetts, au Michigan et à New York, par exemple — démontrent exactement l'opposé de ce que le ministre prétend; quand on sait que ces mesures auront des répercussions disproportionnées sur les peuples autochtones et que les experts ont conclu que ces peines minimales obligatoires vont dans la mauvaise direction tant sur le plan des orientations politiques que sur le plan légal.
Ainsi, la question n'est pas que nous n'avons pas appuyé les peines minimales obligatoires. Nous avons appuyé celles qui, selon nous, sont les plus efficaces sur le plan de l'orientation politique et qui ne présentent pas de problèmes en droit. Il convient donc de renverser la question et de demander pourquoi votre gouvernement a proposé de telles peines minimales obligatoires quand toute la preuve le contredisait?
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Eh bien, monsieur le président, c'est précisément pour cela que nous avons un Parlement et que nous y tenons des débats. Le député vient juste de parler de certains amendements que son parti a proposés pour réclamer l'application des peines qu'il jugeait plus efficaces. Le débat porte précisément sur cette question.
Il s'est avéré que les dispositions adoptées par les Libéraux n'ont pas été efficaces. Quand le nombre de crimes commis avec des armes de poing est en augmentation, quand, à Toronto, de plus en plus de personnes sont tuées ou victimes de voies de faits graves avec usage d'armes de poing, force est de constater, monsieur le président, que ce que les Libéraux ont fait pour combattre le crime par les armes à feu n'a pas fonctionné. C'est ce que nous estimons. Nous estimons que ça n'a pas marché.
Cela étant, libre à eux de ne pas croire dans l'augmentation avérée de l'utilisation d'armes à feu à des fins criminelles, puisque nous sommes dans un Parlement. Il est toujours possible d'affirmer que deux et deux font cinq et de se lancer dans une dialectique à ce propos. C'est ce qui se fait au Parlement.
Permettez-moi de terminer. Vous avez commencé, alors je vais finir.
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Non, laissez-moi finir! Vous avez eu le temps de poser votre question et je vous ferais remarquer que je vous ai écouté attentivement.
Trois des quatre Libéraux ici présents ont décidé de ne pas appuyer le qui proposait un certain nombre de mesures qui, selon nous — et c'est là tout le débat — allait permettre de réduire le nombre de crimes commis par arme à feu, ce qui était leur droit. C'est pour cela que je trouve curieux, à l'heure où nous voulons insister sur la lutte contre la criminalité par arme à feu, que les Libéraux donnent l'impression de vouloir se concentrer sur quelque chose d'autre.
Soit dit en passant — et je vais vous faire part d'une information que je ne préciserai pas davantage pour des raisons de sécurité — des corps policiers m'ont indiqué que, dans une région très peuplée du pays — encore une fois, je préfère ne pas vous dire laquelle — les renseignements recueillis par des sources humaines et par des écoutes téléphoniques montrent que l'univers interlope a semblé très préoccupé à l'époque où nous avons déposé le projet de loi C-10, surtout ceux qui font du trafic d'armes à feu, parce que ces gens-là craignaient que nous ne resserrions la loi pour imposer des peines d'emprisonnement obligatoires à ceux qui seraient arrêtés. Cela les avait même amené à envisager de réorienter leurs activités.
Cela étant, je ne sais pas vers quoi ils voulaient se recycler J'espère que c'était dans des activités licites— ce dont je doute — mais nous avons entendu dire que le simple fait de déposer ce projet de loi avait créé une petite onde de choc dans la rue. Nous espérons que c'est vrai, et l'avenir nous le dira.
Maintenant, monsieur le ministre, vous proposez d'armer les agents des douanes. C'est dire qu'il faudra donner assez rapidement de la formation à plusieurs personnes.
Vous avez sans doute été informé du fait que l'École nationale de police du Québec, située à Nicolet, est prête à donner cette formation à autant d'agents que vous le souhaiterez, et je crois que vous reconnaissez vous-même qu'il y a à cet institut des gens assez compétents pour donner cette formation.
Je sais par ailleurs que le nombre d'agents qu'il faudrait former est si élevé que la GRC est incapable de donner, dans un temps raisonnable, la formation à tous les agents qui en auront besoin.
Avez-vous l'intention d'utiliser les services qui vous sont offerts par l'École nationale de police du Québec?
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Je vais essayer d'être le plus bref possible, mais je n'y parviendrai peut-être pas.
Pour tout vous dire, je voudrais que nous parlions de la GRC à la suite des questions qui ont été soulevées hier, lors de la rencontre avec le CSARS, et des autres réunions que nous avons eues en comité au sujet de l'affaire Arar. D'autres membres du comité ont, comme moi, relevé des contractions et des problèmes. Cela concerne surtout la comparution des représentants du CSARS, hier, et de mes échanges avec eux au sujet des pratiques exemplaires qu'ils échangent avec des organismes équivalents sur la scène internationale.
Une des différences qui existent entre les organismes canadiens et de nombreux autres organismes internationaux tient à trois choses: l'absence d'un comité de surveillance parlementaire, le nombre total d'agences ayant certaines informations en main et la façon dont l'information circule d'une agence à l'autre.
Monsieur le ministre, le gouvernement — le cabinet en particulier, s'il est possible d'en parler — a-t-il envisagé de confier la surveillance des services de renseignements à un comité parlementaire dont les membres seraient tenus au secret afin que nous puissions compter sur un organisme de surveillance, composé d'élus, qui pourrait surveiller le fonctionnement de nos quatre organisations chargées de la sécurité publique et surtout de la sécurité nationale?
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Monsieur le président, je peux vous dire que nous respectons le travail accompli par ce comité et par les autres dans ce domaine en particulier. Nous nous étions engagés, notre premier ministre s'était engagé à mettre sur pied une telle structure. Je veux examiner le travail considérable effectué par ce comité. M. Comartin et d'autres ont consacré beaucoup de temps à ce dossier.
Par ailleurs, comme le juge O'Connor a annoncé son intention de réfléchir sur cette question, nous attendons de connaître ses conclusions dans un prochain rapport qu'il a annoncé. Je ne veux pas brûler les étapes. En revanche, dès que nous saurons ce qu'il pense de cette question, je mobiliserai votre comité et d'autres pour voir quel genre de surveillance devrait nous permettre de répondre au mieux aux besoins des Canadiennes et des Canadiens en matière de sécurité tout en nous assurant que nous protégerons leur vie privée.
Je conclurai en vous disant qu'un rapport international a été publié ce matin — vous voudrez bien m'excuser d'en avoir oublié le titre — qui dresse un classement des pays en matière de respect de la protection des renseignements personnels. Le Canada y est classé bon deuxième.
Je vous laisserai sur ces mots, et sachez que j'attends de voir le résultat de vos réflexions quant au type de comité de surveillance qu'il faudrait mettre sur pied afin de protéger au mieux les intérêts des Canadiens.
Je vous remercie beaucoup.
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Permettez-moi de poursuivre un peu quant à la façon dont vous avez l'intention d'améliorer la reddition de comptes, surtout en ce qui concerne les problèmes relevés par la Commission O'Connor; je me souviens qu'à la suite d'une question que je lui ai posée, le commissaire m'a déclaré que vous étiez en train de revoir certaines de vos politiques et procédures internes.
Voici ce que je serais tenté de vous dire, à vous et au commissaire, surtout parce que je suis très soucieux de la réputation de la police. La police doit, autant que faire se peut, éviter de prêter le flanc au genre de critiques formulées par le juge O'Connor.
Ne pensez-vous pas que ce serait une bonne idée — et je crois que je vais être très précis ici —, à la faveur de l'élaboration de nouvelles procédures et des changements que vous avez apportés à vos politiques internes, de vous fonder sur l'avis d'organismes semblables au Canada afin d'améliorer vos pratiques exemplaires. J'en ai parlé avec le commissaire en faisant allusion à des organismes semblables, pas uniquement au Canada, mais dans le reste du monde. Compte tenu des réalités canadiennes, je recommanderai plus particulièrement que vous consultiez la Sûreté du Québec et un autre grand corps policier au Canada.
C'est une suggestion que je vous fais et j'aimerais savoir ce que vous en pensez, sous-commissaire.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais tirer une petite chose au clair avant de poser une question sur ce que le ministre a déclaré tout à l'heure. Il n'a pas dit qu'on économiserait des centaines de millions de dollars, mais qu'on avait gaspillé des centaines de millions de dollars. Il a dit que 20 p. 100 de 86 millions de dollars — soit les économies que l'on pourrait réaliser en supprimant le registre des armes d'épaule — représentent beaucoup plus que 2 millions de dollars, comme l'ont déclaré les représentants du Centre des armes à feu Canada.
Ma question va porter sur la GRC et sur le budget. Je suis un admirateur inconditionnel de ce qu'a fait et continue de faire la GRC au Canada. On estime que son budget, cette année, sera de 3,3 milliards de dollars. Cela suffira-t-il à vos opérations?
Je suis conscient de vous poser une question à tiroirs. Toutefois, il se trouve que vous essayez de recruter 1 000 autres gendarmes en un temps limité. Il est naturel que vous vouliez toujours plus de fonds pour vos opérations, mais étant donné que vous cherchez à recruter 1 000 gendarmes, où pensez-vous que vous risquez de manquer d'argent et en fonction de quelles priorités effectuerez-vous d'éventuelles coupures?
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Merci, monsieur le président, et merci pour cette précision.
Je vous propose de parler un peu des répercussions que le programme d'armement des agents de l'ASFC aura sur le Budget des dépenses. Le premier poste est celui de la formation. J'aimerais savoir, de la GRC et de vous-même, ce qu'il en est à cet égard.
J'ai exprimé énormément de réserves en ce qui concerne le régime de formation envisagé. Je l'ai catégorisé de « formation allégée », parce que des agents de la GRC, qui sont des experts en matière de manipulation d'armes à feu, vont former un petit nombre d'agents des services frontaliers qui, à leur tour, seront appelés à former leurs collègues. J'éprouve, à cet égard, un problème qui relève des orientations politiques, mais je ne vais pas l'aborder.
Je vais plutôt vous demander de me parler de la différence de coûts entre les deux modes de formation. Quelle serait la différence entre une formation individuelle assurée par la GRC et la formation proposée qui consiste à faire encadrer par des membres de la GRC un petit nombre d'agents des services frontaliers qui assureront la formation de leurs collègues?
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Merci, monsieur le président.
Je vais d'abord m'adresser au représentant de la GRC, quoique je vous dirai tout de suite que j'ai bien apprécié vos explications sur l'utilisation progressive de la force, qui est le principe d'intervention des policiers, avant d'utiliser l'arme.
Je veux vous poser une question précise. À la page 427 du budget — je croyais que lorsqu'on me donnait un PDF, j'avais la même pagination que vous, mais disons que c'est la première page du point 25 —, il est question du Centre canadien des armes à feu et des dépenses de fonctionnement au titre des activités et des fonctions d'enregistrement. On constate que l'an dernier, vous demandiez 14,550 millions de dollars et que pour la prochaine année, vous en demandez 14,654 millions.
Je sais, monsieur Martin, que l'on doit abolir l'enregistrement des armes longues, donc que vous ne prévoyez pas de dépenses pour l'enregistrement des armes longues. Alors, si vous enregistrez moins d'armes et que vous comptez en enregistrer moins, pourquoi demandez-vous 104 000 $ de plus pour enregistrer les armes?
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La décision concernant l'enregistrement des armes d'épaule n'a pas encore été adoptée et, pour l'instant, nous devons continuer à administrer le registre de ce type d'arme, malgré l'amnistie qui a été décrétée. Il demeure que, si cette loi n'était pas adoptée, nous devrions continuer d'administrer ce volet du registre et de nous assurer que les renseignements sont à jour.
Tout à l'heure, quand vous parliez de 14,6 millions de dollars, monsieur Ménard, il faut savoir qu'il s'agit de dépenses de fonctionnement associées aux activités d'enregistrement. Les armes d'épaule, les armes à autorisation restreinte et les armes prohibées sont incluses dans ce montant. Si vous examinez la liste des dépenses associées à l'administration du registre, vous constaterez que les 83,6 millions de dollars ont été réduits de 13 millions, soit 10 millions à l'occasion du transfert du registre à la GRC et 3 autres millions que nous avons trouvés ensuite.
Nous sommes parvenus à ce genre d'économie parce que le registre a été transféré à la GRC. À l'origine, celui-ci était administré par une structure très hiérarchisée. À sa tête, il y avait un sous-ministre et un certain nombre de cadres supérieurs, deux EX-3 et des EX-2, ce qui en faisait une structure de gestion tirant plutôt vers le haut. Nous nous en sommes débarrassés. Désormais, le responsable du Centre des armes à feu Canada est un directeur général, un EX-3. De plus, nous avons intégré cette structure à celle de la GRC. Par exemple, l'organisation du registre comportait ses propres services des ressources humaines, des finances et de l'information — cette dernière étant coiffée par un dirigeant principal de l'information. Or, comme on retrouve tout cela à la GRC, ce sont les services des ressources humaines, des finances et des technologies de la GRC qui apportent leur soutien au registre.
Beaucoup de consultants sont intervenus dans ce dossier. Le programme d'exploitation de la base de données du système d'enregistrement des armes à feu a été écrit par des consultants. Désormais, ces tâches et responsabilités sont assumées par la GRC.
C'est ainsi que nous sommes parvenus à économiser, si bien que le registre ne coûte plus que 70 millions de dollars.
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C'est la même chose que ce dont M. Ménard parlait tout à l'heure. Le ministère de la Sécurité publique apporte un appui aux services de police des Premières nations de concert avec les provinces. Il s'agit d'un programme de sécurité en vertu duquel nous assumons 52 p. 100 des services de police dans les communautés des Premières nations, les provinces payant les 48 autres pour cent. En Ontario et au Québec, beaucoup de ces ententes sont directement conclues avec les communautés des Premières nations. Dans ce cas, les contributions aboutissent directement dans les caisses de la communauté de Première nation concernée qui peut déployer son propre corps policier ou conclure un contrat avec la Sûreté du Québe ou la PPO, selon la province concernée.
Ailleurs au Canada, quand c'est la GRC qui assure les services de police localement, l'entente que nous concluons avec la province prévoit que la nous devons assurer un service de police pour le compte de la communauté, service qui est financé par nous-même et par la province. Dans ce cas, nous avons un problème à cause des dispositions de Loi sur la gestion des finances publiques. Dans d'autres parties du pays, il est prévu que nous versions une contribution aux communautés autochtones qui assument elles-mêmes les frais inhérents au maintien d'un corps policier. Dans cette situation, l'argent est versé à la GRC.
Le financement est un simple transfert. Avant, il s'agissait d'un financement sous forme de contribution. Dans le Budget des dépenses principal de cette année, il est question de dépenses de fonctionnement au titre de ce programme et non d'un programme de contribution. L'enveloppe de financement du programme n'a pas été réduite, mais c'est la répartition entre les contributions, d'une part, et les dépenses de fonctionnement, d'autre part, qui a été modifiée.