[Français]
C'est pour moi un grand plaisir de m'adresser à vous ce matin.
[Traduction]
Je voudrais vous remercier en mon propre nom et au nom de Transports Canada de nous avoir invités à discuter du programme avec vous. Transports Canada a pour politique d'informer le public au maximum de la nature du programme, de ses objectifs et de son fonctionnement.
En fait, la semaine dernière, Transports Canada a lancé un site Internet, www.protectiondespassagers.gc.ca, dans les deux langues officielles pour aider les Canadiens à comprendre le programme, ses exigences et ses objectifs. La transparence et la communication nous permettent d'obtenir des programmes meilleurs et plus efficaces. J'ai passé les deux dernières années à parler de ce programme aux Canadiens de tout le pays, aux groupes de défense des libertés civiles, à des groupes de certaines communautés qui craignent que le programme ait des conséquences négatives pour eux. J'ai également passé beaucoup de temps avec le Commissariat à la protection de la vie privée. Et tout cela nous a été très utile.
Je voudrais simplement vous parler un peu de certaines questions qui ont été soulevées ici la semaine dernière. Je commencerai par dire que notre sujet de ce matin est le programme, mais aussi la sûreté du transport aérien. La sûreté aérienne demeure un important sujet de préoccupation pour le Canada et c'est pour assurer la sécurité des passagers et aussi celle du grand public, suite aux tragiques événements du 11 septembre, que nous établissons des programmes de sécurité. Nous le faisons de façon à ce que ces programmes améliorent la sécurité, soient efficaces et correspondent aux autres valeurs canadiennes telles que la protection de la vie privée.
Pendant les quelques minutes qui suivent, je voudrais surtout mettre l'accent sur l'efficacité du programme — une question qui a été soulevée, je crois, la semaine dernière — et revenir sur certains arguments qui ont été invoqués à ce moment-là.
Les mesures de sécurité forment un système complexe. Aucun des dispositifs en place n'est suffisamment parfait pour pouvoir remplacer tous les autres. Malheureusement, personne n'a encore trouvé le dispositif parfait. Personne n'a trouvé la solution idéale. Il faut combiner un ensemble de dispositifs de façon à ce qu'ils forment un tout plus fort que chacun de ses éléments. Ce dont nous parlons ici c'est donc d'un dispositif parmi d'autres.
Comme il est question de l'identité, des documents d'identification et qu'on en a beaucoup parlé, je crois qu'on a dit, la dernière fois, qu'une personne qui veut contourner le système n'a qu'à prendre une fausse identité. En général, même si le programme s'applique à la fois aux vols entre les villes canadiennes et aux vols internationaux, le document utilisé pour les voyages internationaux est le passeport. Aucun document n'est parfait, mais le passeport figure parmi nos pièces d'identité les plus solides, car il intègre des éléments de sécurité qui sont constamment améliorés. Voilà donc pour cette question.
J'ajouterais que les personnes que nous visons — elles ne sont pas nombreuses, ce qui est une excellente chose — sont des individus qui ont démontré, par leur comportement, qu'ils pouvaient représenter une menace à bord d'un avion. Cela veut dire qu'il s'agit également de personnes qui intéressent les forces policières et d'autres organismes. Bien entendu, la police et les organismes de sécurité ont notamment pour rôle de détecter les fausses pièces d'identité. C'est certainement une de leurs fonctions. Par conséquent, si vous avez un certain nombre de gens — ils sont peu nombreux — qui cherchent à se faufiler avec de fausses pièces d'identité, cela fait partie du travail des services de sécurité et de renseignement qui ont pour rôle de découvrir et de contrer ce genre de problème. Voilà pour cette autre question.
Comme vous le savez, on a aussi demandé s'il y avait eu des études démontrant l'efficacité des mesures prises. Cela pose un petit problème de méthodologie en ce sens que, lorsque vous examinez les divers systèmes de sécurité, il est difficile de prouver qu'un problème n'a pas eu lieu. Lorsque vous verrouillez les portes de votre automobile, savez-vous combien de voleurs de voitures vous avez dissuadés? Vous n'en savez rien. Vous êtes simplement contents que votre auto soit toujours là et qu'elle n'ait pas été volée. Pourtant, nous ne disons pas qu'il n'y a pas eu d'études quant au nombre de voleurs d'automobiles qui ont été dissuadés et que, pour cette simple raison, il vaut mieux ne pas verrouiller les portes de nos automobiles. Cela pose donc un petit problème de méthodologie.
Je ferais également valoir que, dans ce genre de situation, si vous vous basez sur les statistiques, il ne faut pas oublier que si un système de sécurité réussit à prévenir un incident comme ceux dont nous parlons, nous en aurons tiré un avantage des centaines de fois supérieur à son coût. Tel est le but des systèmes de sécurité. Les incidents dont nous parlons sont extrêmement graves. Nous savons tous de quel genre d'incidents il s'agit. Ils sont encore frais dans nos mémoires.
Voilà donc de quoi il est question. Si nous pouvons éviter ne serait-ce qu'un incident de ce genre, si nous avons cette chance, ce sera très important.
En l'absence d'études, sur quoi nous basons-nous? Nous examinons les mesures qui ont été prises en établissant des listes — des listes de surveillance, si vous voulez — les mesures prises par les gouvernements, par l'industrie, par les Nations Unies, par d'autres institutions. Si ces mesures ont été prises c'est parce que les organismes en question les ont jugées efficaces.
Tel est le contexte dans lequel j'espère que nous examinerons la question de l'efficacité. Les listes de surveillance pour le contrôle aux frontières — et non pas pour ce programme-ci étant donné qu'il n'a pas encore commencé — ont réussi à empêcher des individus ayant des antécédents criminels, des antécédents terroristes, de franchir des frontières. C'est pour cette raison que les listes de surveillance existent. Si elles n'avaient aucune efficacité ou aucune utilité, elles n'existeraient pas.
Nous constatons également que nous ne voyons pas les pays renoncer à ce genre de mesures. Nous constatons qu'ils s'intéressent à ces systèmes et à ces projets pilotes et qu'ils cherchent des moyens de les améliorer afin d'obtenir de bons résultats.
Merci.
:
Le programme se fonde sur la Loi sur la sécurité publique, qui a été adoptée en 2004 après plusieurs années de discussions au Parlement et plusieurs années d'étude.
En octobre 2006, un règlement décrivant le programme a été publié. Le ministère a alors fait connaître le programme en affichant sur Internet des renseignements sur la façon dont il fonctionnera, sur les exigences concernant les pièces d'identité, et le reste. C'était en octobre 2006.
Le ministère a pris les dispositions suivantes. Des annonces ont été publiées dans les journaux de tout le pays au début du mois, les 6 et 9 juin, je crois. D'autres annonces seront publiées dans les journaux la semaine prochaine. Ces informations sont diffusées en anglais, en français et dans les langues autochtones du Nord. De plus, de nombreux médias ont parlé du programme et ont aidé le ministère à informer le public de sa mise en place prochaine.
Il y aura également de la publicité à la radio, dans les sites Web, dans les sites Web de voyage, etc. Les transporteurs aériens ont reçu des affiches et d'autre matériel publicitaire. En fait, quelqu'un a eu l'idée de créer des petites étiquettes pour bagages qui donnent de l'information sur le programme.
Pour ce qui est de son impact, toute personne qui se rend en avion aux États-Unis ou dans un autre pays a besoin d'un passeport et c'est le cas depuis le 23 janvier 2007. Par conséquent, les voyageurs ont l'habitude de se servir d'un passeport qui répond aux exigences du programme ou les surpasse. Le problème se pose pour les gens qui voyagent en avion entre deux villes canadiennes, car jusqu'ici, la loi n'exigeait pas de pièces d'identité. Elles étaient toutefois exigées dans le cadre de la procédure mise en place par de nombreuses compagnies aériennes.
Lorsqu'une personne arrive à l'aéroport, elle doit produire une pièce d'identité. Le but de cette pièce d'identité est de la distinguer des personnes inscrites sur la liste. Par conséquent, au cas où votre nom correspondrait à un nom sur la liste… le risque est mince, car la liste a été établie en fonction de critères très stricts et très précis. Nous l'avons établie très soigneusement, en tirant la leçon de l'expérience des autres pays. Si vous produisez votre pièce d'identité, cela permettra de vous distinguer de la personne inscrite sur la liste et vous pouvez alors prendre votre vol. Cela ne pose aucun problème.
La situation dont vous parlez est la situation peu probable d'une personne dont le nom, le sexe, la date de naissance et les autres renseignements confirmeraient qu'elle figure vraiment sur la liste. Il s'agit là d'une situation très différente qui aurait lieu d'inquiéter tous les passagers à bord de l'avion et tous les gens vivant dans cette ville étant donné le genre d'incident dont nous parlons.
:
On pourrait en discuter longtemps, mais je passerai à autre chose. Il me semble que n'importe qui peut comprendre qu'un avion est un véhicule fragile. Il me semble que l'essentiel de l'expertise voulue relève de la sécurité plutôt que du transport. Cependant, ce n'est pas vous qui en avez décidé ainsi.
Relativement aux questions soulevées la dernière fois, vous avez dit qu'il était très difficile de prouver le négatif. Par rapport à nos inquiétudes, je trouve que vous cherchez vraiment à la mauvaise place. Vous auriez dû chercher là où la preuve du positif existe. La preuve du positif, ce sont les incidents et les attentats terroristes qui ont eu lieu. On est certain qu'ils ont eu lieu. On peut vérifier si les gens qui les ont commis présentaient des caractéristiques qui nous auraient permis de prévoir qu'ils représentaient un danger.
Je ne sais pas s'il existe de telles études; pour ma part, je n'en connais pas. Il semble que ceux qui vous ont précédé n'en connaissaient pas non plus. Ce qu'on connaît généralement, dans le public, c'est qu'il n'y avait pas grand-chose sur les responsables des incidents du 11 septembre qui les auraient fait mettre sur la liste. Pas plus que sur celui qui prétendait avoir des explosifs dans ses talons et ainsi de suite.
Avez-vous cherché seulement du côté de la preuve négative ou bien là où des preuves positives peuvent être établies?
:
Je crois que vous n'avez pas répondu à ma question du tout. Je ne crois même pas que vous ayez fait un effort pour y répondre. Mais vous savez, ne pas répondre, c'est une réponse. Je comprends très bien votre réponse: c'est que vous n'avez jamais vérifié. Si on avait appliqué les mesures actuelles dans le passé, vous ne savez pas si on aurait évité un incident qui s'est produit.
Je vais poser ma troisième question. Nous sommes très préoccupés par le fonctionnement d'une liste américaine de personnes interdites de vol et les erreurs qui ont été commises. Avez-vous étudié la raison pour laquelle ces erreurs ont été commises, de façon à les éviter au Canada? Par exemple, pourriez-vous nous expliquer pourquoi Bill Graham, le ministre canadien de la Défense et des Affaires extérieures, était sur la liste américaine de personnes interdites de vol? Pourquoi John Williams, l'un de nos collègues de la Chambre des communes, était-il aussi sur la liste américaine de personnes interdites de vol, tout comme le sénateur Edward Kennedy? Pourquoi le chanteur Cat Stevens — je ne connais pas son nom islamique; j'aimais beaucoup sa musique quand j'étais jeune...
Des voix: Ah, ah!
[Traduction]
M. Serge Ménard: Et je continue d'écouter sa musique.
[Français]
Comment se fait-il que ces gens se soient retrouvés sur la liste américaine de personnes interdites de vol? Qu'allez-vous faire pour éviter des erreurs aussi grossières?
:
Merci bien. C'est une question très importante.
[Traduction]
Je comprends, mais j'aimerais préciser une chose. Je vais me reporter à ce qu'ont dit les médias. Dans le cas de Bill Graham et de Ted Kennedy, ils n'étaient pas sur la liste des personnes interdites de vol. C'était une simple homonymie et le problème a été réglé. Seuls les noms correspondaient et cela a été confirmé. En général, ce genre de situation cause un retard, mais cela n'empêche pas les personnes en question d'embarquer. Ce n'est pas du tout la même chose et malheureusement, les médias n'ont pas fait la distinction.
Par conséquent, si vous n'êtes sur aucune liste des personnes interdites de vol, le fait que vous devez présenter des pièces d'identité avec votre date de naissance, etc. entraîne un certain retard.C'est un inconvénient, mais le problème serait beaucoup plus grave si l'une des personnes dont nous parlons se trouvait à bord d'un avion. Je pense que vous serez d'accord.
:
Par conséquent, qu'avons-nous fait pour réduire cet inconvénient? C'est très important et très utile. Nous avons créé des lignes directrices, comme je l'ai déjà mentionné. Elles sont très précises. Les listes sont très détaillées. Cela a pour effet immédiat de réduire le nombre de personnes répondant à ces caractéristiques et cela réduit donc la possibilité de concordance et d'erreur. Le risque d'erreur est donc diminué.
Nous avons créé un centre d'opération fonctionnant sept jours sur sept 24 heures sur 24, sur place, où vous pouvez montrer des pièces d'identité afin de pouvoir fournir non seulement votre nom, sexe et date de naissance, mais aussi d'autres renseignements — si vous avez un passeport ou un permis de conduire avec votre adresse — pour régler la question immédiatement. Par conséquent, nous veillons à ce que seules les personnes visées soient interdites de vol. Deuxièmement, nous avons créé une interaction au moment de l'embarquement pour clarifier les choses si votre nom correspond à un nom sur la liste.
Pour revenir à ce que j'ai dit tout à l'heure, il est important de faire la distinction entre le cas d'une personne dont le nom correspond à un des noms sur la liste et dont l'embarquement est retardé — ce qui est un inconvénient — et le cas d'une personne qui se voit refuser l'embarquement. Le refus d'embarquement est beaucoup plus grave. Dans le cas du programme canadien, c'est le ministre des Transports qui prend cette décision. Elle est prise à ce moment-là à partir des renseignements reçus et pour assurer la sécurité de toutes les personnes à bord de l'avion et, de façon plus générale, de l'aéroport et des zones avoisinantes.
Il est donc important de ne pas confondre ce qui se passe quand le nom correspond à un nom sur la liste, un inconvénient que l'on s'efforce de résoudre très rapidement — et la décision d'inscrire quelqu'un sur la liste, qui est prise conformément aux lignes directrices. Cette décision doit reposer sur certains renseignements.
Je crois qu'il y a eu une discussion sur les difficultés qui se posent dans le cas des enfants âgés de plus de 12 ans. Pour les voyages internationaux ou les voyages aux États-Unis, vous avez besoin d'un passeport quel que soit votre âge.
Néanmoins, à l'intérieur du Canada, cela peut poser des difficultés. Pour essayer de rejoindre les familles qui pourraient voyager cet été, le ministre des Transports a annoncé, la semaine dernière, que les jeunes âgés de 12 à 17 ans ne seraient pas entièrement soumis aux exigences concernant les pièces d'identité. Autrement dit, ils n'auront pas à fournir deux pièces d'identité ou une pièce d'identité avec photo, mais une seule pièce d'identité pendant les mois d'été, du 18 juin au 18 septembre.
La décision a été prise pour aider les familles. On l'a également prise en sachant que nous avons un système de sûreté aérienne assez solide qui comprend d'autres dispositifs, comme je l'ai déjà mentionné, et que l'on peut donc accorder cette exemption d'une durée limitée pour permettre aux gens d'obtenir les documents nécessaires.
Je voudrais toutefois en profiter pour expliquer un peu pourquoi l'âge a été fixé à 12 ans. Comment en sommes-nous arrivés à cet âge?
:
Oui, les transporteurs aériens sont parfaitement au courant des documents qui figurent sur la liste. Nous travaillons en collaboration très étroite avec eux. C'est le règlement et les gens doivent s'y conformer.
Le problème ne se pose pas vraiment si vous allez aux États-Unis ou dans un autre pays, car vous avez besoin d'un passeport de toute façon, mais pour les voyages au Canada, il s'agit de faire savoir aux gens qu'ils ont besoin d'une pièce d'identité. Pour prendre l'avion, vous avez besoin d'une pièce d'identité.
Encore une fois, cela fait déjà des décennies que les transporteurs aériens ont l'habitude d'exiger une pièce d'identité. En fait, certaines personnes nous ont dit: « C'est nouveau? Vous plaisantez. Nous pensions que cette exigence avait toujours existé ».
Certaines personnes vont donc peut-être devoir s'adapter. Voilà pourquoi nous informons le public et voilà pourquoi le ministre a décidé d'accorder cette exemption pendant l'été pour réduire les exigences concernant les pièces d'identité.
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Il faut que les gens sachent ce que l'on attend d'eux. S'ils ne le savent pas, cela suscite la confusion. Nous avons donc affiché cette liste dans le site Web.
Nous écoutons ce que les gens des différentes provinces ont à nous dire. Nous examinons et mettons à jour, si nécessaire, la liste des documents qui peuvent être présentés. Nous essayons d'expliquer à l'avance aux gens quels sont les documents dont ils ont besoin. C'est public et c'est publié.
Nous faisons connaître au public la nécessité de produire une pièce d'identité par toutes sortes de moyens. Nous les informerons dans les aéroports, dans les journaux, à la radio, dans les sites de voyage, dans Internet de façon à rejoindre le groupe de gens limité, mais important, qui voyagent à l'intérieur du pays. Cela ne s'applique pas à ceux qui se rendent aux États-Unis ou dans d'autres pays.
:
Pourquoi 12 ans? Il y a plusieurs raisons. Ce chiffre n'a pas été choisi au hasard. Le chiffre 12 joue un rôle dans notre Code criminel. Une distinction est faite entre les jeunes âgés de moins de 12 ans et ceux de plus de 12 ans pour ce qui est de la responsabilité de leurs actes. C'est l'âge que prévoit le Code criminel.
Malheureusement, nous constatons également — et c'est une terrible tragédie — que des jeunes prennent part aux guerres sur la scène internationale. On les appelle les enfants soldats. C'est une grave situation sur laquelle se penchent les Nations Unies.
Ce programme est un programme international. Ces vols desservent un grand nombre de pays. C'est également une chose dont il faut tenir compte.
Il y a un aspect pratique à considérer du point de vue des transporteurs aériens. Comment savez-vous quel âge a une personne? Douze ans est plus ou moins un âge charnière. Lorsque les enfants ont 13, 14 ou 15 ans, peut-on savoir s'ils n'ont pas 16, 17 ou 18 ans? C'est difficile à dire selon leur taille et le reste. Il faut commencer quelque part. Malheureusement, nous avons même entendu parler, au Canada, de gangs qui recrutent de jeunes enfants, et d'adolescents qui utilisent des armes à feu. C'est donc pour cette raison que cet âge a été choisi.
Nous savons que cela pose des difficultés pour certaines personnes qui voyagent à l'intérieur du pays et c'est pourquoi une exemption a été accordée pour cet été. Nous prenons également des mesures pour remédier à la situation.
Voilà d'où vient ce chiffre.
:
De toute évidence, vous ne savez pas vraiment comment fonctionne le système. J'ai quand même une autre question à vous poser.
Une des inquiétudes que nous avons émises au comité est que le SCRS et la GRC ont d'assez bons services de renseignement mais qu'il leur arrive à l'occasion de commettre une erreur. Par conséquent, ce comité consultatif… Transports Canada n'est pas un expert des menaces contre la sécurité nationale — comme chacun sait et comme nous en avons déjà discuté — si bien que le ministère et ce groupe consultatif vont se fier aux renseignements fournis par le SCRS, la GRC et d'autres organismes.
Dans ce cas, prenons un scénario où quelqu'un qui doit voyager à l'étranger pour gagner sa vie se retrouve sur cette liste et ne peut pas voyager. Cette personne va être très ennuyée, n'est-ce pas? Quel recours aura-t-elle? Quelqu'un va vouloir invoquer la Charte. Le comité s'est penché sur la question au nom du public canadien, dans le contexte des certificats de sécurité et de la Loi antiterroriste — bien entendu, l'analogie n'est pas parfaite. Il faudrait que quelqu'un protège les intérêts du passager inscrit sur la liste en procédant à une évaluation et une corroboration indépendantes du dossier, pour s'assurer que les renseignements fournis par le SCRS et la GRC sont fiables et exacts.
Qu'avez-vous fait sur ce plan-là?
:
Je comprends les explications que vous m'avez données à propos du sénateur Kennedy et de M. Bill Graham. Je vous ai soumis deux autres noms et vous ne m'avez pas répondu. Je me demande pourquoi vous ne vous y êtes pas préparé. C'est dommage que M. John Williams ne soit pas ici. D'après ce qu'on a compris la dernière fois, il a bien fait état des difficultés qu'il a eu à faire retirer son nom des listes. Apparemment, il ne pouvait pas prendre l'avion, puisque son nom était sur la liste.
Je vous ai soumis deux autres noms: John Williams et Yusuf Islam, qui est le nouveau nom de Cat Stevens. C'est quand même significatif, car avec un nom comme Yusuf Islam, on fait face à du profilage racial ou religieux. Je n'utiliserai plus l'argument du sénateur Kennedy, ni celui de Bill Graham, puisque c'était effectivement une erreur dans leur cas. Il reste tout de même que cela nous préoccupe.
M. John Williams n'a pas été ministre, mais il était député à la Chambre des communes. Il a un nom assez commun. Je pense qu'un grand musicien s'appelle également John Williams.
Prétendez-vous que tous ces cas qu'on a signalés comme étant des erreurs des listes de passagers aériens indésirables sont simplement des concordances de noms, qui peuvent être facilement réglées en présentant des papiers d'identité faisant état de la date de naissance et ainsi de suite?
Je reviens aux premières explications et arguments que vous nous avez donnés aujourd'hui. Il n'y a pas une seule mesure qui puisse assurer complètement la sécurité. La sécurité est mieux assurée par une série de mesures qui se complètent les unes les autres. Je comprends parfaitement cet argument. La question n'est pas là.
La question est de savoir quelle protection supplémentaire cela nous donne par rapport aux inconvénients. Je me demande encore quel danger un terroriste qui a été fouillé et dont on est sûr qu'il n'a rien sur lui ou dans ses bagages peut représenter une fois à bord d'un avion. Pouvez-vous nous donner une évaluation, qui sera nécessairement très subjective, de la sécurité supplémentaire que procurent les no-fly lists par rapport aux mesures de sécurité que sont la fouille et l'examen avant embarquement?
Les nouvelles technologies nous permettront de prendre l'équivalent de radiographies, mais dans des millionièmes de seconde. Elles pourront même déceler les armes de plastique, de la même manière que la technologie actuelle permet de détecter les armes de métal. Qu'est-ce que cela donne de plus? La personne peut bien être un terroriste, mais si elle ne porte aucune arme, quel danger représente-t-elle?
Je ferais simplement une distinction. Encore une fois, il faut être très prudent lorsqu'on parle de la nature exacte des mesures de sécurité et de la façon dont chacune fonctionne. Il faut être prudent.
De façon générale, je dirais que la sécurité que nous avons au Canada est peut-être plus solide qu'ailleurs. Je ne sais pas combien de ces personnes ont fait des voyages internationaux. Pour ce qui est des machines, elles sont de divers types. Il y a eu des cas, sur la scène internationale, où les agents qui étaient censés contrôler les passagers ont regardé de l'autre côté. Des gens ont pu monter à bord des avions et les avions se sont écrasés. Il y a eu des cas de ce genre.
Le message que cela envoie aux transporteurs aériens est le suivant: « C'est vous qui assumez la responsabilité de ce vol; travaillez avec nous, travaillez en collaboration pour empêcher certains individus de monter à bord de l'avion ». Mais plus il y a de sécurité… Et je suis d'accord avec vous. Chaque élément remplit une fonction différente, mais tous les éléments travaillent ensemble et se renforcent mutuellement.
Avec ce système, par exemple, à un moment donné, vous avez la personne, son identité, sa carte d'embarquement, le fait qu'elle a un siège réservé à bord de l'avion et tous ces éléments sont réunis. C'est une simple question de bon sens. C'est bien la personne qui est censée monter à bord de l'avion. Elle a une carte d'identité valide.
C'est une aide supplémentaire, mais je dirais qu'au niveau international cela pourrait même être encore plus utile étant donné que les différents maillons de la chaîne n'ont peut-être pas la même robustesse.
Encore une fois, ce n'est qu'un des dispositifs. Comme nous l'avons dit la dernière fois, il y en a bien d'autres. Ils se complètent les uns les autres. Chaque dispositif a ses propres coûts financiers, sa propre efficacité et pose ses propres défis sur le plan de la protection de la vie privée et des droits de la personne. Je dis seulement qu'il faut tenir compte de l'ensemble lorsqu'on examine un des éléments. Ils se complètent tous les uns les autres.
Pour ce qui est de la falsification d'identité, j'aimerais faire la distinction entre un adolescent qui présente une fausse pièce d'identité pour entrer dans un bar parce qu'il n'a pas l'âge légal et le genre de situation dont nous parlons. Nous parlons de cas très différents. Nous parlons de gens qui sont dans la mire de la communauté internationale. Les agences de renseignement craignent fort que ces personnes n'utilisent de fausses pièces d'identité pour arriver à leurs fins. C'est certainement ce qui nous inquiète.
Pour faire face au problème des pièces d'identité falsifiées, il faut être encore plus attentif. Il ne s'agit pas de falsifications maladroites… Là encore, les conséquences ne sont pas du tout les mêmes quand quelqu'un présente une fausse pièce d'identité pour entrer dans un bar ou pour monter à bord d'un avion. Par conséquent, ce genre d'individu fera l'objet d'une attention beaucoup plus grande. S'ils essaient d'utiliser une pièce d'identité falsifiée, on y prêtera beaucoup plus d'attention que dans d'autres contextes.
Toutes les mesures de sécurité doivent être envisagées du point de vue de l'efficacité. Les gens veulent continuer à voyager et ils ne veulent pas subir d'inconvénients. Cela soulève-t-il la question de la protection de la vie privée et des droits de la personne? Vous avez un système multi-couches composé d'un certain nombre de dispositifs différents dont l'action conjointe permet d'obtenir les résultats désirés, c'est-à-dire la sécurité des transports. Notre industrie de l'aviation est prospère, le nombre de gens qui voyagent a augmenté. C'est très positif et c'est certainement quelque chose que nous voulons appuyer.
Il y a un grand nombre de compagnies aériennes différentes dans le monde. Elles ont des systèmes informatiques plus ou moins perfectionnés. Comme j'en ai fait moi-même l'expérience, certaines se contentent que je leur donne mon nom tandis que d'autres émettent un billet imprimé. Nous avons différents systèmes dans les pays industrialisés et c'est encore plus différent dans le monde en développement.
En ce qui concerne notre système, nous n'avons pas centré nos efforts sur la vente de billets. N'oublions pas qu'il s'agit d'un secteur dynamique. Il y a souvent trois ou quatre intermédiaires entre la vente de billets et le transporteur aérien. Cela dépend de qui vend le billet et des conditions de vente. La carte d'embarquement est le document qui, quelle que soit sa taille ou sa forme, permet à une personne de monter à bord de l'avion. C'est donc le document sur lequel nous centrons notre attention.
Les transporteurs aériens nous disent que selon le modèle commercial qu'ils ont adopté et la façon dont ils fonctionnent, ils savent qui va prendre place à bord d'un avion lorsque les gens arrivent à l'aéroport et reçoivent une carte d'embarquement. C'est donc à ce niveau-là que nous centrons nos efforts. Au niveau de la vente des billets, il est de moins en moins facile de savoir qui va voyager, où, quand et comment et les choses sont beaucoup plus difficiles du point de vue opérationnel et du point de vue commercial.
Voilà pourquoi nous avons centré notre attention sur la carte d'embarquement qui est le document autorisant à monter à bord et nous refusons qu'une carte d'embarquement soit émise aux personnes interdites de vol.
:
Nous allons examiner la question et je vous remercie pour cette suggestion.
Nous examinons les cartes qui sont émises par le gouvernement — je ne connais pas bien le programme NEXUS, mais je crois qu'elle en fait partie — les cartes d'identité qui désignent une personne et non pas un groupe de personnes et les cartes qui permettent à l'intéressé de faire quelque chose. Par conséquent, si cela entre dans cette catégorie… Je suis prêt à recevoir des suggestions pour ce qui est des autres cartes entrant dans cette catégorie. Comme nous l'avons dit, les gens aiment que ce soit clair. Cela leur facilite les choses, alors plus nous pourrons inscrire sur la liste de cartes d'identité émises par la gouvernement, mieux ce sera. Cela ne veut pas dire qu'il n'y en a pas d'autres. Certaines pièces d'identité qui ne figurent pas sur la liste sont peut-être valides, mais les gens veulent savoir quelles sont les pièces d'identité acceptées.
Nous allons voir ce qu'il en est pour NEXUS et toutes les autres suggestions que vous voudrez bien nous faire. Nous sommes prêts à les recevoir.
Nous recevons des suggestions des différentes régions du pays et nous examinons chacune d'elles. Nous essayons d'aider les gens à se conformer au règlement.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je dois dire que tous les arguments que vous essayez d'avancer ne m'ont pas du tout convaincu aujourd'hui. Je vois trois sérieuses objections à ce système.
La première porte sur les pièces d'identité. Un grand nombre des documents qui figurent sur la liste que vous nous avez montrée pourraient être facilement falsifiés. L'agent de la compagnie aérienne aurait énormément de difficulté à repérer de fausses pièces d'identité inscrites sur cette liste, sans parler des pièces d'identité supplémentaires qui pourraient être acceptées. Pour ce qui est de former du personnel pour repérer les faux permis de conduire des différentes régions du pays, il y a 10 provinces qui émettent 10 permis de conduire et 10 cartes d'assurance-santé différents. Même pour les pièces d'identité inscrites sur votre liste, les possibilités de falsification sont nombreuses.
Vous dites que le passeport garantit l'identité des gens, mais il y a aussi une longue liste d'autres pièces d'identité qui sont acceptables. Par conséquent, votre argument selon lequel le passeport est un bon document d'identité ne tient plus.
J'ai une autre objection concernant la sécurité. Même si j'étais d'accord avec vous pour dire que si nous pouvons éviter un seul incident, cela vaudra la peine d'avoir incommodé environ 80 p. 100 des Canadiens — je ne suis pas d'accord, mais même si je l'étais — je crains que votre filet ne soit tellement troué que même pour essayer d'attraper un petit poisson, il n'ajoutera rien aux autres dispositifs de sécurité dont vous parlez.
Si une personne peut falsifier deux pièces d'identité et acheter un billet d'avion par Internet par l'entremise de quelqu'un d'autre, lorsqu'elle se rendra à l'aéroport, vous n'aurez aucun moyen de l'attraper à moins qu'elle n'ait été suivie par la police depuis le début. Si c'est le cas, vous n'avez pas besoin de liste des personnes interdites de vol, mais vous allez quand même causer des inconvénients à environ 20 millions de Canadiens.
Le pire est que vous donnez au public un faux sentiment de sécurité alors que cela n'ajoute rien à tous les autres dispositifs de sécurité dont vous parlez. Voilà pour ma première objection.
Pour ce qui est de la deuxième, comment quelqu'un se retrouve-t-il sur la liste? Il est possible que des personnes qui n'ont pas été condamnées se retrouvent sur la liste des suspects. Selon le premier critère que vous avez mentionné, une personne suspectée de terrorisme, peu importe d'où viennent les soupçons, pourrait figurer sur la liste. M. Arar aurait pu être sur la liste.
Je considère que c'est une atteinte aux droits civils. Le fait que c'est à cette personne de prouver qu'elle ne mérite pas de se retrouver sur la liste viole nos principes fondamentaux, le droit fondamental des Canadiens à l'application régulière de la loi. Voilà ce qui m'inquiète.
La troisième chose qui m'inquiète est que la compagnie aérienne pourrait communiquer cette liste à d'autres autorités, ce qui porte atteinte à la vie privée des Canadiens.
Jusqu'ici, toutes les réponses que vous avez données aux questions des différents partis ne m'ont pas convaincu. Vous ne m'avez pas convaincu de l'utilité de ces mesures et en même temps, vous causez beaucoup de difficultés à la majorité des Canadiens. Pour tout système que nous voulons imposer, nous devons établir un juste équilibre entre l'efficacité et l'utilité du système d'une part et les inconvénients que cela causera aux citoyens, d'autre part, ainsi que les atteintes que cela portera à leurs droits.
:
Pour ce qui est des condamnations et des soupçons, c'est une question très importante. Nous cherchons des personnes qui sont peut-être au Canada ou qui sont peut-être ailleurs. Nous ne sommes pas en mesure de condamner quelqu'un pour des actes commis dans un autre pays. Ce sont ces personnes qui constituent une menace pour les passagers des avions. À Londres, en août 2006, les autorités ont déjoué un complot qui visait à faire monter des gens à bord de 10 avions pour les faire s'écraser au-dessus de l'Atlantique. Voilà donc de quoi nous parlons. Ces gens-là n'ont pas été condamnés. N'était-ce pas une bonne idée que de les empêcher de monter à bord d'un avion? Je pense que oui.
Nous nous soucions beaucoup des droits civils, mais nous nous soucions aussi du droit à la sécurité de la personne. Il faut donc assurer un juste équilibre entre les deux, et cela dans l'intérêt des Canadiens.
En ce qui concerne la communication de la liste et la protection des renseignements personnels, les transporteurs aériens ne sont pas autorisés à communiquer la liste avec qui que ce soit. En vertu du règlement et du protocole d'entente que nous signons, le ministre peut imposer aux transporteurs aériens des sanctions lourdes de conséquences s'ils violent la loi. Il y a donc des mesures très rigoureuses pour protéger ces renseignements. Si un gouvernement étranger… si cela arrivait, un dialogue pourrait éviter que des personnes se retrouvent sur une autre liste. Nous dirions, d'accord, nous nous préoccupons de la sécurité, mais vous n'avez pas à vous inquiéter de cette personne. Il existe également des moyens de mieux protéger la vie privée de ces personnes.
Par conséquent, nous ne visons aucunement des petits criminels pour reprendre une expression que vous avez utilisée, je crois. Nous visons des gens bien précis qui constituent une menace pour la sécurité des Canadiens. Par conséquent, lorsqu'on évoque tous ces scénarios hypothétiques, ils ne sont pas vraiment valides. Ce qui est vrai — et je ne conteste pas ce qu'en disent mes collègues — c'est que certaines personnes se retrouveront sur cette liste pour une raison quelconque. Néanmoins, si nous faisons confiance au système — et si nous sommes ici, c'est pour renforcer la confiance dans le système — il faut que nous comprenions, et il faut que vous puissiez nous convaincre, que le système est très ciblé et qu'il y aura peu de personnes sur cette liste.
Ce que nous voulons savoir, je pense, c'est si nous ciblons bien les rares personnes qui menacent la sûreté aérienne, mais non pas un petit criminel qui va se retrouver sur la liste et qui porte le nom de bien d'autres personnes au Canada. Nous nous intéressons aux Canadiens et non pas aux Américains. Nous ne voulons offenser personne, mais il s'agit d'assurer la sécurité des Canadiens et ce sont les Canadiens que ces mesures vont incommoder. Par conséquent, vous devez nous convaincre que ces mesures seront très étroitement ciblées sur ce qui menace la sûreté aérienne.
Je pense que nous avons tous, maintenant, grâce à un membre du personnel, la liste des pièces d'identité. Je remarque qu'on peut lire ceci: « Les pièces d'identité suivantes émises par un gouvernement satisfont aux exigences du Règlement sur le contrôle de l'identité ».
J'ai des antécédents dans la police, comme mon collègue, et on nous a toujours enseigné, comme policiers, qu'un des principaux outils à notre disposition était le discernement. Lorsque je lis cette phrase, elle ne dit pas que ce sont les seules pièces d'identité émises. Un certain nombre de questions ont été posées au sujet de telle ou telle carte d'identité et mon collègue a mentionné la carte NEXUS, ce qui semblerait logique. Sauf erreur, je suppose qu'il s'agit là des pièces d'identité habituelles et qu'elles sont acceptées, mais que les personnes qui sont chargées du contrôle dans les aéroports feront preuve de discernement.
Nous parlons tous des mesures prises aux différents niveaux. Par conséquent, ce programme sera en place, les Canadiens le savent, les terroristes le savent et je suis sûr que tout le monde est au courant. Néanmoins, lorsque nous parlons de mesures dissuasives, je sais par expérience qu'une petite étiquette collée sur une fenêtre dissuade parfois les voleurs de pénétrer dans un immeuble et je pense que vous vous êtes servi de cette analogie lorsque vous avez parlé d'une voiture volée.
Je reconnais donc que, comme vous le dites, ce n'est là qu'un élément de l'équation et je pense que les Canadiens comprennent aussi qu'il y a différentes formes de dissuasion dont l'efficacité est extrêmement difficile, sinon impossible à mesurer. Néanmoins, chacun sait, je pense, que l'information peut avoir un effet dissuasif et personnellement, je crois qu'on a eu raison de décider, en 2004, de mettre en place ce genre de programme. Il ne sera pas parfait, mais nous pourrons l'améliorer au fur et à mesure.
Je crois donc que du point de vue des Canadiens, cela pourrait être un bon début. Cela pourrait être un excellent commencement. En tout cas, ce programme apporte une certaine protection aux Canadiens.
Vous n'avez pas à répondre. Je tenais seulement à le dire.
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Si nous remontons à 2004, c'était un peu plus près des événements du 11 septembre. On a discuté pendant trois ans de ces questions et de l'article qui constitue les bases juridiques de ce programme.
Nous étions alors un peu plus près de cette tragédie. Malheureusement, il y a eu l'écrasement de deux avions en Russie, en 2004. Nous avons vu malheureusement, en 2006, l'été dernier en Grande-Bretagne, les menaces qui ont été dirigées contre l'Amérique du Nord. Nous avons appris, ces dernières semaines, en Arabie saoudite, que des gens étaient formés pour devenir des pilotes-suicide, pour utiliser des avions, encore une fois. Il y a eu aussi, malheureusement, en 1995, l'opération Bojinka par laquelle des groupes de terroristes voulaient abattre des avions.
C'est très regrettable, mais il n'est pas très intelligent ou prudent de prétendre simplement que le problème n'existe pas. Que pouvons-nous faire, de façon à atteindre un juste équilibre et à travailler en collaboration, de manière inclusive, pour assurer le succès de ce programme?
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Très bien. Je dois vous dire que si des gens sont refusés, je vais recevoir des appels chez moi et pas seulement à mon bureau de circonscription. J'ai dans ma circonscription des communautés où il y a beaucoup de gens qui portent le même nom, tout comme mon collègue M. Chan. Nous allons recevoir ces appels. J'espère qu'il n'y en aura pas beaucoup. J'espère que vous avez parfaitement raison, car nous serons confrontés à ce problème d'ici deux semaines.
Je crois toutefois que vous pourriez permettre aux Canadiens d'éviter un drame à l'aéroport ou de réduire les erreurs. Vous pourriez notamment leur dire que si leur compagnie aérienne leur permet d'obtenir une carte d'embarquement à l'avance par ordinateur, qu'ils le fassent pour s'assurer qu'ils ne figurent pas sur la liste.
Je ne comprends pas que vous n'aidiez pas mieux les gens.
Une autre façon de voir les choses, si je me fais l'avocat du diable, est la suivante. Disons que je suis un terroriste sur la liste des terroristes. Je vais vérifier si je pourrais monter ou non à bord d'un avion en imprimant ma carte d'embarquement. Si je ne peux pas l'imprimer à partir de mon ordinateur, il est évident que je suis sur la liste et que je ne pourrai pas prendre ce vol. Alors peut-être que cela empêchera quelqu'un, de façon indirecte — je vous le concède, monsieur MacKenzie — de prendre place à bord d'un avion. Néanmoins…
Une fois que votre nom est sur une liste, il est difficile de le faire enlever. À l'ère de l'Internet, les listes durent éternellement.
Vous allez avoir un bureau de réexamen. Je ne veux pas que le public s'imagine que vous allez réexaminer le dossier dans les 30 jours, car ce n'est pas le cas. Nous pouvons seulement espérer que vous le ferez dans un délai de 30 jours, après avoir reçu les renseignements nécessaires. Personne ne pourra vous contacter. Nous ne connaissons même pas le nom des personnes qui examinent les dossiers. Au cours d'une de nos réunions antérieures, on nous a dit qu'on ne révélera pas aux gens pourquoi leur nom ne peut par être radié de la liste.
Mais supposons que cela se termine bien. Une personne va être rayée de la liste parce qu'elle y a été inscrite par erreur. Comment communiquez-vous… ou allez-vous en aviser tous ceux qui ont reçu la liste où ce nom a été inscrit par erreur et a causé des inconvénients à cette personne? Comment faites-vous rayer son nom étant donné que ces listes peuvent maintenant se retrouver dans d'autres pays, car certains des agents des compagnies aériennes à qui nous les avons communiquées ont peut-être enfreint vos lignes directrices et votre règlement en transmettant ces listes à d'autres gens?
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Il n'est pas difficile de voir qu'il y a d'importantes divergences d'opinions ici aujourd'hui. Je suppose que c'est dû en partie à ce que j'appellerais une conception idéologique de ce genre de mesures et peut-être aussi… mais je vais m'abstenir de le dire, car je n'aime pas associer les mots « politique » et « viciée ».
Néanmoins, quelqu'un a dit qu'une personne pourrait simplement demander une carte d'embarquement en disant qu'elle est un terroriste. C'est comme si un bandit se promenait dans la rue principale d'une ville ou d'un village en disant qu'il va voler la banque en espérant que rien ne lui arrivera. Ceux qui feront cette déclaration ridicule en subiront les conséquences.
Je pense que nous avons sans doute mis en lumière certaines des faiblesses que nous voyons dans ce genre de réponses à un problème mondial. Bien entendu, nous savons que les gens intelligents qui veulent vraiment nous nuire, se serviront de tous les moyens possibles pour contourner toutes les mesures de sécurité que nous aurons mises en place. J'ai été très content de vous entendre dire que ce n'est là qu'un des dispositifs de sécurité qui visent à soulager les craintes des voyageurs, surtout des Canadiens, lorsqu'ils veulent voyager en avion, parce que c'est beaucoup plus commode dans un grand pays comme le nôtre. J'ai de la famille en Colombie-Britannique et à cause de mes fonctions, je n'ai pas beaucoup de temps pour leur rendre visite et je ne peux donc pas aller les voir en voiture ou en train. Je prends l'avion. Je pense que la plupart des Canadiens veulent être sûrs que toutes les mesures qu'il est raisonnablement possible de prendre sont prises pour assurer leur sécurité.
Cela m'amène à la question suivante: votre ministère a-t-il vérifié si les autres pays ont des programmes similaires ou d'autres mesures que nous pourrions prendre? Avez-vous examiné les pratiques exemplaires en vigueur dans le monde? Qui a la meilleure sûreté aérienne et comment ces dispositions pourraient-elles s'appliquer ici, compte tenu de la nature de la société canadienne et de nos lois? L'avez-vous fait?
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Certainement, en l'absence des études statistiques que tout le monde aimerait avoir. Néanmoins, les statistiques concernant la sécurité posent un problème, car vous essayez de prévenir un incident et si vous réussissez, ce n'est inscrit nulle part. Cela peut arriver dans certains cas, mais c'est rare.
Nous nous penchons certainement sur ce que les autres pays font pour assurer leur sécurité et le Canada fait partie du G-8. Entre autres choses, le G-8 a un groupe appelé le Groupe Roma/Lyon: Roma se rapportant à l'antiterrorisme et Lyon au quartier général d'Interpol. Le Canada y participe et je joue un rôle au sein de ce groupe où nous examinons les pratiques exemplaires en vigueur dans les pays du G-8.
Nous participons à l'APEC. L'APEC, qui désigne la Coopération économique Asie-Pacifique, s'intéresse de très près à la sécurité. Elle s'intéresse beaucoup à la sûreté aérienne et nous allons également participer aux travaux de ce groupe. L'Organisation des États américains est également très active sur le plan de la sûreté aérienne.
Pour ce qui est des leçons que nous avons tirées, nous envisageons une liste de surveillance. Je sais que l'Australie et la Nouvelle-Zélande sont dans une situation particulière parce qu'ils ont relié l'émission des visas à une liste de surveillance. Au Canada, nous relions également l'émission des visas au même genre de critères. Par conséquent, nous essayons de profiter au maximum de toutes les expériences des autres et de les appliquer plus directement à l'aviation.
Dans le cas de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande, étant donné que pour s'y rendre il faut prendre l'avion, ces pays exercent un contrôle aux frontières en utilisant une liste de surveillance pour le transport aérien. Je crois que c'est un système assez efficace. Les États-Unis ont également un système que nous connaissons beaucoup mieux et dont nous entendons beaucoup parler. Il retient beaucoup l'attention des médias. Par conséquent, nous tirons une leçon de ces expériences.
Néanmoins, tout cela fait l'objet d'études internationales et c'est certainement le cas pour certaines initiatives canadiennes et certaines mesures que nous prenons, particulièrement lorsqu'il s'agit d'établir un juste équilibre entre l'efficacité, la sécurité et la protection de la vie privée. Nous avons peut-être certains renseignements à échanger avec d'autres pays qui se soucient de la sécurité, mais nous tenons à le faire de façon à protéger la vie privée des gens et à réduire les inconvénients pour les passagers.
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Merci, monsieur le président.
Je vais partager mon temps avec M. Chan et je vais donc être très bref.
Je voudrais seulement dire que si nous n'avons pas notre propre liste, les compagnies aériennes se serviront d'autres listes. Malheureusement, je n'ai pas pu obtenir de réponses et je pense donc qu'à l'automne nous devrions peut-être faire comparaître les compagnies aériennes, IATA et ce genre de groupes.
J'ai moi-même constaté — même si cela ne m'a pas touché personnellement — que la liste américaine des personnes interdites de vol contient des erreurs ou du moins en contenait. Si nous avons une liste canadienne établie avec rigueur, ce sera peut-être préférable. Mais je n'ai pu obtenir aucune assurance à cet égard.
Je voudrais faire suite à ce qu'a dit Mme Barnes. On ne peut pas téléphoner à votre bureau pour dire: « Voici comment je m'appelle. Voici ma date de naissance. Je voudrais savoir si je suis ou non sur la liste ». Toutefois, si j'ai accès à un ordinateur, je peux voir si je peux obtenir une carte d'embarquement et je pourrais alors le savoir. Si j'obtiens ma carte d'embarquement, cela veut dire que je ne suis pas sur la liste.
C'est tout à fait ridicule. D'un côté vous déclarez que vous ne pouvez pas dire aux gens s'ils sont ou non sur la liste, mais de l'autre, si vous avez un ordinateur et si vous pouvez obtenir une carte d'embarquement, cela veut dire que vous n'êtes pas sur la liste. Je ne comprends pas.