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Merci, monsieur le président.
Ce que j'aimerais faire au cours des 20 prochaines minutes, c'est vous donner un aperçu des rôles, des responsabilités et des priorités du Service correctionnel du Canada.
Comme vous le savez probablement, le Service correctionnel du Canada est l'agence responsable de l'administration des peines d'emprisonnement d'une durée de deux ans ou plus. Les peines d'emprisonnement d'une durée de deux ans moins un jour relèvent de la compétence des gouvernements provinciaux et territoriaux, mais quiconque reçoit une peine de deux ans ou plus devient la responsabilité du Service correctionnel du Canada.
Nous sommes régis par un texte législatif unique -- la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition-- et par le règlement qui l'accompagne, le Règlement sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition. Nous sommes également régis, comme de nombreux autres organismes et ministères du gouvernement, par environ 70 autres textes législatifs, règlements ou ententes diverses concernant les relations avec les employés, les engagements financiers, les obligations et la façon d'exécuter le travail.
Nos activités s'étendent à la grandeur du pays. Un grand nombre de nos établissements, ou pénitenciers, fonctionnent 24 heures par jour, 365 jours par année. Nous sommes une organisation structurée hautement décentralisée, et la très grande partie de nos ressources est consacrée au salaire de nos employés. Je vous donnerai plus de détails sur cette question dans quelques minutes.
À l'heure actuelle, nous comptons 54 établissements pénitenciers de différents niveaux de sécurité. En vertu de la loi, nos détenus sont classés selon un niveau de sécurité minimale, moyenne ou maximale et nos établissements sont classés en conséquence, à savoir en établissements à sécurité minimale, moyenne et maximale. Nous avons également des établissements à vocation précise, comme les centres régionaux de traitement qui offrent spécifiquement des services aux personnes qui ont des problèmes de santé mentale. Nous avons une unité spéciale de détention au pays, située à Sainte-Anne-des-Plaines, Québec, qui est l'établissement qui accueille les délinquants qui posent le plus de problèmes, ceux qui ont montré une tendances à commettre des actes violents au sein des établissements pénitenciers à l'endroit de leurs codétenus ou du personnel.
Nous avons également des pavillons de ressourcement, établissements qui assurent spécifiquement des services correctionnels auprès des personnes d'origine autochtone. Nous avons également des centres régionaux de réception, établissements dans lesquels les délinquants confiés pour la première fois à un pénitencier fédéral sont soumis à un processus d'évaluation pour déterminer leur niveau de sécurité initial et pour amorcer l'élaboration du plan correctionnel qu'ils devront suivre pendant qu'ils purgent leur peine.
Dans une grande mesure, nos établissements pénitenciers ressemblent à des petites villes. Ils ont la responsabilité de l'approvisionnement en eau, des eaux usées, de l'entretien des bâtiments, des aliments, des services de santé, de la sécurité, des vêtements, etc.
Nous avons également 16 centres correctionnels communautaires dans l'ensemble du pays. Ce sont des établissements qui accueillent les personnes qui bénéficient d'une forme quelconque de mise en liberté sous condition. Alors, ces établissements s'adressent aux gens qui ont obtenu une libération conditionnelle totale, une semi-liberté ou une libération d'office s'accompagnant d'une assignation à résidence.
De plus, nous assurons le fonctionnement d'un peu moins de 200 établissements résidentiels communautaires par le biais d'ententes contractuelles avec des organismes comme la Société John Howard, la Société Elizabeth Fry, la Société Saint-Léonard et l'Armée du Salut.
Nous avons également dans l'ensemble du pays 71 bureaux de libération conditionnelle et huit bureaux de district de libération conditionnelle et il s'agit des bureaux dans lesquelles les surveillants de liberté conditionnelle travaillent. Ce sont les personnes responsables d'assurer la surveillance et la supervision de tous les délinquants retournés dans la collectivité en vertu d'une forme quelconque de libération sous condition ou de libération d'office, et même des personnes soumise à une ordonnance de surveillance de longue durée une fois qu'elles ont purgé leur peine, à l'expiration du mandat.
Pour ce qui est de notre structure, nous avons cinq administrations régionales. Service correctionnel Canada est divisé en cinq régions: région du Pacifique, qui couvre la province de la Colombie Britannique et le territoire du Yukon; la région des Prairies, qui couvre l'Alberta, la Saskatchewan, le Manitoba, les Territoires du Nord-Ouest et une partie du Nunavut; la région de l'Ontario, qui couvre la province de l'Ontario et la partie est du territoire du Nunavut; la région du Québec, qui couvre toute la province de Québec; et la région de l'Atlantique, qui couvre toutes les provinces de l'Atlantique. Notre administration centrale est située à Ottawa, au 340, avenue Laurier Ouest.
Une partie de notre structure est un organisme de service spécial appelé CORCAN. Cet organisme est chargé d'offrir des possibilités d'emploi et de formation aux délinquants de sorte que lorsqu'ils retournent dans la société, ils ont une meilleure chance de se trouver un emploi.
Cet organisme offre également des occasions de travail aux détenus dans les établissements. Les détenus fabriquent différents types de meubles et de casiers. CORCAN a également des contrats avec le MDN pour la remise à neuf de certains de ses véhicules. Il existe de nombreux contrats différents par lesquels CORCAN offre des occasions d'emploi aux détenus dans les établissements pénitenciers.
Nous avons cinq collèges de formation du personnel qui dispensent presque entièrement la formation de notre personnel. De plus, nous avons un Centre d'apprentissage en gestion correctionnelle à Cornwall, Ontario, où se donnent les programmes de formation en gestion plus avancée ainsi que la formation précise concernant des questions comme la gestion de crise ou des questions pour lesquelles il est nécessaire d'avoir un degré plus élevé d'uniformité dans l'ensemble du pays.
Nous avons un centre de recherche en toxicomanie situé à Montague, Île-du-Prince-Édouard, qui est responsable principalement de la recherche sur les toxicomanies et l'abus des substances.
Nous avons des arrangements, par le biais de divers partenariats et ententes, avec les provinces, les territoires, les services de police, les tribunaux, des bénévoles et d'autres ONG pour fournir divers services liés aux délinquants.
Pour vous donner un bref aperçu de la population des délinquants et du travail que doit accomplir notre personnel sur une base quotidienne, nous avons, en tout temps, environ 20 800 délinquants sous responsabilité fédérale, dont 12 600 qui vivent dans des établissements partout au pays et 8 200 qui font l'objet d'une surveillance.
Les femmes représentent entre 3 et 4 p. 100 de la population des délinquants, et environ 18 p. 100 de la population de délinquants est d'origine autochtone -- premières nations, métis ou Inuit. J'ajouterai une note là-dessus -- et je pense que la plupart des membres de ce comité le savent, monsieur le président --, à savoir que cette proportion dépasse largement la proportion des populations autochtones au pays.
Voici quelques précisions au sujet de la population des délinquants, des données sur le profil: environ 90 p. 100 des hommes que l'on retrouve dans le système correctionnel ont eu une condamnation antérieure devant un tribunal pour la jeunesse ou un tribunal pour adultes. Ce sont des gens qui ont séjourné dans des établissements pour jeunes contrevenants ou dans des établissements correctionnels provinciaux.
Environ 80 p.100 des délinquants éprouvent des problèmes de toxicomanie, qu'il s'agisse d'alcool, de drogue ou des deux. Environ 76 p. 100 d'entre eux ont commis des infractions avec violence à un moment donné ou l'autre de leur passé criminel. Environ 26 p. 100 ont commis un homicide. À l'heure actuelle, environ 26 p. 100 de l'ensemble de la population carcérale est formée de personnes qui purgent une peine d'emprisonnement pour une période indéterminée pour meurtre ou pour avoir enlevé la vie. Trente-cinq pourcent des détenus ont été condamnés pour vol qualifié.
Environ 12 p. 100 des délinquants ont un problème de santé mentale diagnostiqué à l'heure actuelle et tout ce que cela comporte comme défis. Vingt pourcent de la population doit prendre un médicament prescrit pour des problèmes de santé mentale. On estime qu'environ 26 p.100 de cette population est atteinte de l'hépatite C, comparativement à environ 0,8 p.100 de la population canadienne. On estime également qu'environ 1,5 p.100 de la population est atteinte du VIH.
Environ 16 p. 100 de toute notre population possède une affiliation quelconque avec un gang, et cette proportion augmente depuis quelques années. Une forte proportion de notre population de délinquants a un faible degré d'éducation, un faible niveau d'aptitude et divers problèmes familiaux, y compris la violence familiale et l'abus sexuel au sein de la famille. Et une grande proportion de nos délinquants éprouve des difficultés quelconques en matière d'antécédents professionnels d'importance.
Globalement, cette population est subdivisée dans le Service correctionnel en fonction des niveaux de sécurité dont j'ai parlé plus tôt. Environ 19 p. 100 de la population totale vit actuellement dans un établissement à sécurité maximale; environ 58 p. 100, dans des établissements à sécurité moyenne; environ 15 p. 100, dans des établissements à sécurité minimale et environ 8 p. 100, dans ce que nous appelons des établissements à niveaux de sécurité multiples. Il s'agit d'établissements comme les centres régionaux de traitement, qui accueillent à la fois des détenus de niveau de sécurité maximale et moyenne, et, dans certains cas, même des détenus de niveau de sécurité minimale, afin de répondre à leurs besoins.
Pour vous donner un bref aperçu d'une journée de travail au sein du milieu correctionnel, tous les jours, 20 à 25 délinquants sont admis ou libérés. Environ 12 délinquants arrivent à l'expiration du mandat chaque jour. Environ 580 sont traités dans nos installations psychiatriques ou de traitement dans l'ensemble du pays. Environ 3 500 sont inscrits dans les programmes correctionnels. Environ 3 200 participent à des programmes de formation. Environ 9 000 sont employés dans une activité de travail quelconque au sein du milieu correctionnel. Environ 150 se voient accorder la permission d'aller dans la communauté sous une forme quelconque de mise en liberté autorisée en vertu de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition. Tous les jours, environ 5 300 visiteurs, bénévoles et entrepreneurs entrent dans les établissements du SCC et en sortent.
Notre main-d'oeuvre compte environ 14 500 employés. Un grand nombre d'entre eux travaillent dans des domaines spécialisés. Environ 41 p. 100 de nos employés sont des agents de correction et environ 14 p. 100, des surveillants de liberté conditionnelle. Nous employons des personnes qui accomplissent des tâches d'infirmière, de psychiatre, de plombier, d'ingénieur, d'informaticien, d'aumônier, de psychologue, d'employé de services alimentaires, d'électricien, d'architecte, d'agent financier et d'aîné autochtone.
Notre main-d'oeuvre est soutenue par les efforts d'environ 10 000 bénévoles, dont un grand nombre provenant de nos comités consultatifs de citoyens. En vertu de la loi qui nous régit, nous sommes tenus de mettre sur pied des comités consultatifs de citoyens et nous en avons un dans chacun de nos établissements et bureaux de district de libération conditionnelle dans l'ensemble du pays
Je peux vous donner un aperçu de la répartition de notre effectif: environ 13 p. 100 de notre personnel total travaille dans les administrations centrale ou régionales, 79 p. 100, dans les établissements et 8 p. 100, dans la communauté. Notre personnel est composé de 46 p. 100 de femmes et de 54 p. 100 d'hommes. Environ 7 p. 100 de nos employés sont d'origine autochtone.
Pour vous donner une idée du budget du SCC, notre budget de fonctionnement est de 1,6 milliard de dollars, dont 60 p. 100 sont consacrés aux salaires et avantages sociaux du personnel, 30 p. 100, aux frais d'exploitation et d'entretien, et 10 p. 100, aux frais d'immobilisation. On peut ajouter que 89 p. 100 de notre le budget total est non discrétionnaire, c'est-à-dire que nous n'avons pas la possibilité de réaffecter des fonds parce qu'ils sont engagés soit pour le versement des salaires soit pour d'autres postes dans la structure budgétaire.
Pour vous donner une idée de ce à quoi servent ces 1,6 milliard de dollars, environ 430 millions de dollars sont consacrés aux services de sécurité, les agents de correction, à la formation des agents de correction, aux programmes d'analyse dans les établissements. Environ 130 millions de dollars servent à offrir des services de soins de santé au sein du Service correctionnel du Canada. Environ 157 millions de dollars sont affectés aux activités de gestion de cas. Environ 100 millions de dollars sont attribués à l'élaboration et à la prestation de programmes correctionnels dans l'ensemble du pays. Environ 174 millions de dollars sont affectés aux services corporatifs — cela comprend tout depuis la gestion financière jusqu'au fonctionnement des systèmes informatiques, les activités de ressources humaines — et environ 8 millions de dollars sont prévus spécifiquement pour des services d'aumônerie à l'échelle du pays.
Un grand nombre de nos postes budgétaires sont déterminés par des formules qui ont été élaborées de concert avec le Conseil du Trésor de manière à reconnaître les mouvements de population en tout temps.
Simplement pour vous donner une petite idée de certains des défis auxquels l'organisation est confrontée à l'heure actuelle, dont certains ont été mentionnés rapidement plus tôt, nous avons de plus en plus de délinquants qui arrivent dans le système fédéral avec des antécédents poussés de violence et de toxicomanie. Cela crée des défis pour ce qui est de l'élaboration et de la mise en oeuvre de programmes et d'interventions efficaces adaptés à ces personnes. Il y a une augmentation du nombre de personnes qui arrivent dans le système et qui ont une affiliation avec des gangs. La proportion se situe à 16 p. 100 à l'heure actuelle. J'ai parlé plus tôt de la question des besoins importants en matière de santé mentale et de l'augmentation observée à ce chapitre, ainsi que de l'augmentation du nombre de personnes d'origines autochtones, premières nations, métis et Inuit. Ce phénomène est plus prononcé dans les régions des Prairies et du Pacifique que dans les trois autres régions du pays.
Nous voyons également arriver dans le système un plus grand nombre de personnes qui sont classées, au stade initial, comme des détenus de niveau de sécurité maximale, des personnes qui posent un risque plus élevé d'évasion ou d'incidents d'importance dans les établissements.
Du côté sortie, nous voyons également plus de personnes qui sont libérées, comme premier type de libération, en vertu d'une libération d'office. En vertu du régime fédéral, à titre d'information -- je pense que ma collègue, Mme Colette, traitera de cette question en plus grand détail --, une personne qui n'a pas accès à une forme quelconque de mise en liberté sous condition, la semi-liberté ou la libération conditionnelle totale, s'il ne s'agit pas d'une personne qui a reçu une peine d'emprisonnement à perpétuité ou d'une personne qui est détenue en vertu des dispositions de la loi jusqu'à ce qu'elle ait purgé la totalité de sa peine, serait admissible à la mise en liberté après avoir purgé les deux-tiers de sa peine. C'est ce qu'on appelle la libération d'office. Cependant, le dernier tiers de la peine doit faire l'objet d'une surveillance. Alors, bien que ces personnes soient retournées dans la société, elles doivent faire l'objet d'une surveillance.
C'est une situation différente de celle que l'on observe dans les systèmes provinciaux et territoriaux où le système de mise en liberté après les deux-tiers de la peine est appelé système de réduction méritée de peine. Si la personne a mérité entièrement la réduction de sa peine et qu'elle est mise en liberté après avoir purgé les deux-tiers de sa peine, elle est libre à moins qu'elle ait fait l'objet d'une ordonnance de probation. Alors, un des problèmes que nous avons avec ces personnes qui entrent maintenant dans le système fédéral avec un dossier chargé de jeunes contrevenants et des antécédents provinciaux, c'est qu'ils pensent que tout ce qu'ils ont à faire, c'est de se rendre aux deux-tiers de la peine pour être libre comme l'air, ne comprenant pas que le dernier tiers de leur peine, s'ils sont admissibles ou s'ils font l'objet d'une libération d'office, devra faire l'objet d'une surveillance.
Un autre défi important auquel nous sommes confrontés, c'est l'augmentation du nombre de personnes qui arrivent dans les établissements pour purger des peines d'une durée de deux à trois ans. Il s'agit d'un changement d'importance pour nous. Environ 56 p. 100 des admissions actuelles concernent des personnes qui ont reçu ce type de peine. Auparavant, la peine moyenne était d'environ cinq ou six ans et nos programmes globaux et nos approches d'intervention étaient axés sur ces peines plus longues.
Les personnes qui arrivent avec des peines de deux à trois ans n'obtiennent pas le même niveau d'intervention ou de programmes que celles qui ont reçu des peines plus longues. Maintenant, il ne s'agit pas d'une façon de réclamer des peines plus longues, mais il s'agit d'un défi important auquel notre organisation doit faire face.
En concluant, monsieur le président, je vais vous donner un aperçu rapide de certains des défis auxquels le Service correctionnel du Canada est confronté étant donné sa situation financière. Pendant que les divers défis que j'ai mentionnés se concrétisent, ou que nous y faisons face quotidiennement, nous avons de la difficulté à trouver des façons nouvelles et novatrices d'utiliser nos ressources disponibles pour relever ces défis, pour offrir une programmation efficace devant l'augmentation du nombre de délinquants autochtones qui arrivent dans le système, pour mettre en oeuvre les bonnes interventions et les bons programmes en santé mentale pour répondre aux besoins des personnes concernées, pour trouver des façons de motiver les détenus pour qu'ils participent aux programmes, parce que la recherche démontre très clairement que les personnes qui participent aux programmes axés sur la recherche offerts par le Service correctionnel du Canada ont beaucoup moins de chances de récidiver que les personnes qui ne participent pas à ces programmes.
Alors, nous avons certains défis concernant la réaffectation de l'argent qui est mis à notre disposition pour faire face aux défis actuels causés par le changement du profil de la population des délinquants.
Un autre défi auquel nous devons faire face financièrement, c'est la question que nous décrivons couramment dans l'organisation comme l'usure. Un grand nombre de nos bâtiments sont vieux de 30 et 40 ans et n'ont pas été prévu pour l'usage que l'on en fait quotidiennement aujourd'hui. Plus les bâtiments vieillissent, plus les frais d'entretien augmentent et il s'agit d'argent que nous devons trouver à même le budget de l'organisation. Plus nous consacrons d'argent à la question de l'usure, moins nous avons la possibilité de répondre aux besoins des délinquants en matière de programmes et d'intervention.
Je vais m'arrêter ici, monsieur le président. Il s'agissait d'un aperçu très rapide. Je sais que les membres du comité auront probablement des questions plus précises.
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Cela me fait plaisir de comparaître devant votre comité. Je m'appelle Renée Collette. Je suis la première vice-présidente de la Commission nationale des libérations conditionnelles et je suis présentement la présidente par intérim également. Qui sommes-nous? Mes remarques seront d'ordre général et non spécifique, car je préfère vous laisser poser des questions.
Établie en 1959, la Commission nationale des libérations conditionnelles est un tribunal administratif indépendant. Notre mandat est de prendre des décisions. Nous ne faisons pas de surveillance. La commission travaille donc à distance de l'appareil gouvernemental. Les pouvoirs de la commission lui sont conférés par la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition. C'est aussi cette loi qui confère ses pouvoirs à l'organisme de mon collègue. C'est la partie II qui nous gouverne.
La commission a l'autorité de décider du moment opportun et des conditions de mise en liberté des délinquants dans la collectivité, et aussi de révoquer la libération des délinquants qui ne respectent pas leurs conditions de libération, en plus de maintenir en incarcération à la date de libération d'office — ce que mon collège a bien expliqué — les délinquants au sujet desquels nous avons des raisons de croire qu'ils pourraient commettre une infraction causant la mort ou des blessures graves, ou encore une infraction grave reliée à la drogue.
La commission administre également la Loi sur le casier judiciaire et a le pouvoir de prendre des décisions, d'octroyer et de révoquer des pardons. De plus, la commission formule des recommandations au Cabinet sur la prérogative royale de clémence.
Chaque année, la commission effectue de 22 000 à 24 000 examens. Les décisions concernant la libération conditionnelle sont écrites, documentées et accessibles au public sur demande. Environ 21 500 décisions concernant la libération conditionnelle ont été rendues publiques au cours des cinq dernières années. Nos audiences ne sont pas secrètes, elles sont ouvertes au public. Les personnes qui le souhaitent peuvent présenter une demande pour y assister à titre d'observateurs, y compris les membres de ce comité. Je vous invite donc à y assister. Plus de 5 600 personnes, dont des victimes et des journalistes, ont assisté à des audiences de libération conditionnelle au cours des cinq dernières années.
[Traduction]
Qui sont les membres de la Commission? Nous sommes 45 membres à temps plein et nommés pour une période de cinq ans et environ 40 membres à temps partiel nommés pour une période de trois ans. Les membres de la Commission sont nommés pour leur compétence et ont une formation poussée en matière d'évaluation du risque et de prise de décision avant de participer à des audiences ou de prendre des décisions dans les dossiers. Ils sont recrutés à la suite d'un processus qui permet de reconnaître les gens les plus qualifiés et sont nommés par le gouvernement. Nos membres reflètent la diversité multiculturelle du Canada et viennent de tous les horizons -- éducation, travail social, médecine, droit, police, milieu des affaires ainsi que gestion dans les secteurs privé et public.
La loi qui nous régit, la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition, définit le mandat de la Commission comme la contribution à la sécurité et la protection du public en prenant des décisions sur le moment et les conditions de libération qui faciliteront le plus la réhabilitation des délinquants et leur réintégration à la société. C'est là que la libération conditionnelle tire sa valeur, contribuant à la sécurité publique et à la réintégration graduelle et supervisée des délinquants dans la société.
Notre loi oriente et dirige le processus de prise de décision. Elle précise comment conduire les audiences, ce que nous devons prendre en considération, le moment où ces décisions doivent être prises et à quel moment nous avons compétence et à quel moment nous ne l'avons pas; elle exige que nous respections des garanties de procédure et que nous respections le devoir d'agir équitablement; et elle protège les membres de la Commission contre les poursuites civiles s'ils ont fait leur travail conformément à la loi et aux politiques.
On peut interjeter appel de nos décisions devant la section d'appel de la Commission et devant la Cour fédérale du Canada.
La CNLC observe deux principes de base qui sont fondamentaux au travail de la Commission: la protection de la société est le critère prépondérant en tout temps et nous devons prendre les mesures nécessaires à la protection du public le moins restrictives possible.
[Français]
Qui sont les gens visés par nos décisions? Il s'agit de l'ensemble des délinquants sous responsabilité fédérale purgeant une peine de deux ans ou plus dans un établissement de détention fédéral, et des délinquants sous responsabilité provinciale purgeant une peine de moins de deux ans dans sept des dix provinces et dans les trois territoires ne possédant pas leur propre commission des libérations conditionnelles. Actuellement, les provinces de l'Ontario, du Québec et de la Colombie-Britannique ont une commission provinciale des libérations conditionnelles. Donc, la majeure partie de notre travail s'effectue auprès des délinquants sous responsabilité fédérale.
Qui sont-ils? Mon collègue les a décrits, mais je vais vous faire un résumé. La majorité d'entre eux sont des récidivistes. Neuf sur dix ont déjà été reconnus coupables d'une infraction devant un tribunal de la jeunesse ou devant un tribunal pour adultes. Les deux tiers ont déjà été détenus dans une prison provinciale pour adultes, et un sur quatre a déjà purgé une peine dans un établissement de détention fédéral.
La grande majorité des délinquants sous responsabilité fédérale au Canada, soit quatre sur cinq, purgent une peine d'une durée déterminée. Leur peine prendra donc fin et ils reviendront éventuellement et inévitablement dans la collectivité. Les délinquants qui purgent une peine d'emprisonnement à perpétuité ou une peine à durée indéterminée sont légalement admissibles à la libération conditionnelle, et nous devons appliquer les mêmes critères.
[Traduction]
Sur quel genre d'information nos décisions sont-elles fondées? Nous dépendons beaucoup de l'information qui nous est transmise par une variété de source, notamment les corps policiers, les procureurs de la Couronne, les tribunaux, les services correctionnels provinciaux, les services correctionnels fédéraux, les surveillants de libérations conditionnelles fédéraux, les psychologues, les psychiatres, les travailleurs sociaux, les organismes privés ainsi que les victimes.
Notre processus de prise de décisions est très systématique et rigoureux. L'évaluation du risque comporte un examen approfondi et complet du passé, du présent et de l'avenir du délinquant. Le passé signifie les antécédents complets -- par exemple, la nature et la gravité des infractions criminelles actuelles et antérieures; les antécédents familiaux; l'éducation; l'emploi; les groupes de pairs; les associations criminelles; les antécédents de toxicomanie; les peines d'emprisonnement antérieures ainsi que les mises en liberté sous caution, la probation ou les libérations conditionnelles antérieures; et les conséquences de l'infraction pour la victime.
Le présent consiste à déterminer si le délinquant a abordé la question du changement; un examen du comportement en établissement, de la participation aux programmes et des bienfaits dérivés; si le risque de récidive a été réduit; si le délinquant comprend la gravité de son infraction et du préjudice qu'il a causé aux victimes; et si le délinquant reconnaît les facteurs qui ont contribué à son comportement criminel.
L'avenir, c'est une évaluation du plan de libération du délinquant, du soutien communautaire, des perspectives d'emploi, de l'accessibilité à des programmes de libération et de prévention, des contrôles de supervision, et des conditions spéciales nécessaires à la gestion du risque dans la collectivité.
Quels sont les résultats de nos décisions? Au cours d'une période de trois ans, près de 75 p. 100 des délinquants à qui une libération conditionnelle totale a été octroyée ont terminé leur période de libération conditionnelle avec succès; 15 p. 100 ont été remis en incarcération pour violation des conditions de libération conditionnelle; 10 p. 100 sont retournés en incarcération après avoir été condamné pour une nouvelle infraction, et de ce nombre, 1 p. 100 pour un crime avec violence. Les résultats pour la semi-liberté sont encore meilleurs.
En vertu de la Loi sur le casier judiciaire, la CNLC reçoit plus de 25 000 demandes de réhabilitation chaque année. Je dois dire que ce chiffre augmente. La réhabilitation est accordée dans 98 p. 100 des cas. Depuis que la Loi sur le casier judiciaire a été adoptée en 1970, près de 350 000 Canadiens se sont vus octroyer une réhabilitation. Toutes, sauf 3 p. 100, sont toujours en vigueur, ce qui indique que la très grande majorité de ceux qui se font octroyer une réhabilitation continuent de se tenir à l'écart du crime dans leur collectivité.
Il ne s'agissait ici que d'un résumé. Je vous remercie de votre attention et je suis prête à répondre à vos questions.