:
Merci, monsieur le président.
Je suis ici pour donner suite à l'intérêt qu'a manifesté le comité d'en apprendre davantage sur le programme de protection des passagers.
[Français]
Je suis accompagné de Brion Brandt, qui est notre directeur de la Politique de sûreté. Comme vous le savez sans doute, depuis des dizaines d'années, l'aviation civile est la cible des groupes terroristes. De ce fait, un grand nombre de pays ont mis en place des mesures de sûreté renforcées, et le Canada est un chef de file dans l'amélioration de la sûreté. Nous sommes des pionniers dans le domaine de l'appariement des passagers avec leurs bagages et de techniques avancées de détection des explosifs.
En outre, une récente initiative qui a suscité l'intérêt des autres pays consiste à fournir une pièce d'identité sécurisée aux non-passagers — aux travailleurs, si vous voulez —, à savoir la Carte d'identité pour les zones réglementées, qui renferme des données d'identification biométriques et s'appuie sur un processus rigoureux d'émission d'habilitation de sécurité.
[Traduction]
La diversité des initiatives de sûreté aérienne révèle une approche qui a toutes les chances de succès, soit une approche de sûreté multi-niveaux, où chaque niveau ajoute un élément qui renforce l'efficacité de l'ensemble. Tous ces niveaux ont contribué à adapter et à améliorer la sûreté et la confiance du public dans l'aviation civile, et le nombre des passagers à bord des avions est à nouveau en hausse.
Le programme de protection des passagers répond à une nouvelle tendance, tendance que confirment les renseignements de sécurité que nous possédons, selon laquelle des membres de groupes terroristes tentent d'embarquer à bord d'appareils dans le but de les détruire ou de s'en servir comme arme. En 2004, en Russie, des terroristes ont réussi à embarquer à bord de deux avions et en ont provoqué l'écrasement, tuant du coup 89 personnes. En 2006, les autorités britanniques ont déjoué un présumé complot visant à faire exploser plusieurs appareils par des passagers utilisant des dispositifs d'explosion improvisés. C'était en août dernier.
[Français]
Le risque lié à cette tendance terroriste inquiétante est sans doute plus important dans le transport aérien, à moins d'être atténué par plusieurs moyens, y compris l'évaluation des passagers. Heureusement, il est plus facile d'effectuer une vérification minutieuse des passagers dans I'aviation que, par exemple, dans le domaine du transport en commun.
Le Programme de protection des passagers s'appliquera aux vols intérieurs au Canada, ainsi qu'aux vols en partance et à destination du Canada. Au Canada, le programme s'appliquera aux mêmes vols commerciaux pour lesquels on exige un contrôle des passagers, c'est-à-dire dans les 89 aéroports actuellement désignés. Ces vols nécessitent une attention accrue en raison de leur taille et de leur accès aux aéroports des grandes villes. Le programme s'appliquera et ajoutera d'autres avantages de sûreté aux vols à destination du Canada en partance d'aéroports étrangers qui, dans certains cas, ne disposent peut-être pas de programmes de contrôle comparables à ceux que nous avons ici.
[Traduction]
Pour la toute première fois, un programme obligera les transporteurs aériens à vérifier l'identité des passagers des vols intérieurs canadiens avant qu'ils ne montent à bord. Jusqu'à présent, les vérifications d'identité pour les vols intérieurs étaient facultatives et n'étaient pas toujours effectuées. Le programme de protection des passagers officialisera cette bonne pratique de sûreté.
Comme plusieurs autres programmes de sécurité aérienne, le programme de protection des passagers nécessite l'établissement d'un partenariat entre les organisations gouvernementales et les transporteurs aériens. Grâce aux informations de la GRC et du SCRS, Transports Canada sera en mesure de fournir aux transporteurs aériens une liste de personnes qui pourraient présenter une menace si elles s'embarquaient à bord d'un vol donné.
La liste sera dynamique. Comme l'exige la loi, chaque nom devra faire l'objet d'une nouvelle évaluation tous les 30 jours. On pourra aussi y ajouter des noms rapidement en cas de menace spécifique. En outre, plusieurs pays et même des entreprises privées utilisent de telles listes en raison de leur efficacité.
[Français]
Un résultat déplorable de l'utilisation de passagers par les terroristes pour perpétrer des attentats est la méfiance qu'elle suscite entre les passagers, ce qui a entraîné plusieurs incidents où l'on a demandé à des personnes de quitter un aéronef parce qu'on les soupçonnait de poser une menace. Le programme proposé donnera aux passagers des vols à destination, en partance et à l'intérieur du Canada l'assurance supplémentaire que leurs compagnons de voyage ne présentent pas de menace.
[Traduction]
Les défis auxquels est soumis le programme de protection des passagers ressemblent à ceux des autres programmes dans lesquels on se sert d'une liste de surveillance. Il peut arriver que les personnes qui posent une menace tentent de voyager sous une fausse identité pour éviter d'être détectées. Nous devons nous souvenir que les personnes dont je parle ici sont très peu nombreuses.
Créer une fausse identité et échapper à la détection exige des efforts. Les organismes d'application de la loi et du renseignement de sécurité peuvent empêcher ces personnes d'échapper à la détection et ce travail de détection peut les empêcher de monter à bord d'un aéronef. Il faut également se souvenir que les auteurs des attentats du 11 septembre et Richard Reid, l'homme à la chaussure piégée, voyageaient sous leur propre identité.
Le programme de protection des passagers fait également face à d'autres défis, notamment celui d'éviter les erreurs. Transports Canada travaille depuis deux ans avec l'industrie de l'aviation, des groupes de défense des droits et des organismes communautaires à la conception d'un système qui réduit les risques d'erreur. Il est important d'avoir une liste clairement axée sur la sûreté de l'aviation, dont la taille et la portée seront limités, mais suffisants pour faire le travail, sans plus.
En même temps, le système devrait permettre la résolution rapide des cas où le nom d'un passager est semblable à celui d'une personne sur la liste, en permettant au passager en question de fournir des données supplémentaires comme sa date de naissance, son adresse domiciliaire et son numéro de passeport sur place, à l'aéroport, avant l'embarquement, pour apporter les éclaircissements voulus. Si, à plusieurs reprises, un passager dont le nom correspond à celui d'une personne qui figure sur la liste est autorisé à monter à bord après une vérification de son identité, nous travaillerons avec lui, avant son prochain voyage, afin d'éviter que la situation se reproduise.
[Français]
Permettez-moi de prendre quelques minutes pour décrire la façon dont on aborderait une éventuelle situation d'interdiction de vol. Que l'enregistrement s'effectue au moyen d'Internet ou à un comptoir de services, les systèmes informatiques des transporteurs aériens bloqueraient l'impression de toute carte d'embarquement advenant le cas où le nom coïnciderait avec celui qui se trouverait à la liste des personnes désignées. Le passager qui se serait vu refuser une carte d'embarquement à un comptoir de services ou sur Internet serait alors dirigé vers un agent du transporteur aérien qui lui demanderait une pièce d'identité émise par le gouvernement afin de déterminer si le nom, la date de naissance et le sexe de la personne correspondent à ceux d'une personne inscrite à la liste.
Lorsqu'un passager présente une telle pièce d'identité émise par le gouvernement et que les renseignements qu'elle contient ne correspondent pas à ceux d'une personne désignée, le transporteur émet alors une carte d'embarquement.
[Traduction]
Lorsqu'il demande une pièce d'identité émise par un gouvernement, le transporteur aérien doit exiger soit une pièce d'identité avec photo sur laquelle figurent le nom, la date de naissance et le sexe de la personne, soit deux pièces d'identité émises par un gouvernement, dont au moins une comporte les renseignements requis. Une de ces deux pièces d'identité peut ne pas montrer la photo de son titulaire. Toute pièce d'identité émise par le gouvernement fédéral, une province ou un territoire peut être utilisée pour répondre à ces exigences. Ce sont les renseignements signalétiques que nous exigerons.
Le programme s'appliquera aux personnes qui sont âgées de 12 ans ou plus. Les jeunes enfants ne sont donc pas tenus de présenter une pièce d'identité émise par le gouvernement.
Si une personne présente une pièce d'identité conforme sur laquelle le nom, la date de naissance et le sexe correspondent à ceux d'une personne inscrite sur la liste, le transporteur aérien informera la personne que le traitement de son embarquement est retardé et appellera Transports Canada. De plus, le transporteur aérien demandera à la personne si elle possède des papiers d'identité qui fournissent des renseignements supplémentaires, comme nous venons de le voir.
Lorsqu'un transporteur aérien appelle Transports Canada au sujet d'une correspondance possible avec la liste de personnes désignées, un centre d'opération où des employés de Transports Canada assurent un service permanent, 24 heures sur 24 et sept jours sur sept, recevra l'appel. L'agent qui reçoit l'appel aura pour tâche de vérifier si la personne est réellement la personne sur la liste. Le transporteur aérien communiquera à Transports Canada les données que cette personne lui aura fournies.
[Français]
Transports Canada évaluera ensuite les données. Si les données révèlent que la personne est celle qui figure à la liste, le centre des opérations de Transports Canada informera un haut fonctionnaire.
On prendra alors une décision à la fois en fonction des renseignements fournis sur l'identité et de tout renseignement supplémentaire à jour à la disposition du ministère, en ce qui trait à l'émission d'une directive d'urgence au transporteur aérien dans laquelle on lui donne l'ordre de refuser l'embarquement de la personne.
[Traduction]
Transports Canada informera ensuite le transporteur aérien de sa décision.
Lorsque Transports Canada décidera d'émettre une directive d'urgence interdisant l'embarquement de cette personne, il en avisera immédiatement le personnel du centre national des opérations de la GRC afin de l'informer de la présence de la personne désignée dans un aéroport.
La GRC informera le service de police local de la présence sur son territoire de la personne visée par une directive de sécurité lui interdisant l'embarquement. Le transporteur aérien peut également communiquer avec le service de police ou avec le personnel de sécurité local.
Le transporteur informera la personne de l'émission d'une directive d'urgence lui interdisant l'embarquement et lui fournira les renseignements préparés par Transports Canada au sujet des demandes de révision.
Le personnel de la police ou de sécurité interviendra de façon appropriée selon la situation, mesure de sécurité ou exécution d'un mandat d'arrestation. C'est là un point clé. L'objectif du programme de protection des passagers est d'empêcher les personnes dangereuses de monter à bord d'un avion. Ces personnes peuvent être arrêtées, mais cette décision relève des services de police et non de Transports Canada.
[Français]
Si, malgré les éléments de conception du programme que je viens d'énoncer, une erreur est commise, Transports Canada mettra sur pied au bureau de réexamen pourvu de personnel qui n'a jamais participé à l'établissement de la liste de surveillance et appuyé par des experts indépendants, afin que la personne puisse fournir des renseignements supplémentaires pour contester la décision de Transports Canada.
Le ministre des Transports examinera les conseils du bureau de réexamen. Le processus de réexamen offre une approche peu coûteuse et rapide pour contester une décision, fondée sur la liste, de refuser l'embarquement.
[Traduction]
En allant de l'avant avec le programme de protection des passagers, nous nous fondons sur les dispositions de la Loi sur la sécurité publique, que le Parlement a approuvée à la suite d'un vaste débat, y compris la création d'une liste de surveillance pour protéger les voyageurs aériens. Le programme proposé contribue également aux objectifs du partenariat pour la sécurité et la prospérité qu'ont établi le Canada, les États-Unis et le Mexique afin d'élaborer des approches équivalentes en matière de sûreté aérienne, y compris en ce qui concerne l'évaluation des passagers et les programmes sur l'interdiction de vol.
Le programme de protection des passagers nous permettrait d'utiliser les normes canadiennes pour prendre ces décisions, de respecter scrupuleusement les lois canadiennes, y compris la Loi sur la protection des renseignements personnels, et, en même temps, d'inviter nos partenaires à dialoguer et à élaborer des programmes distincts mais comparables en vue d'améliorer la sécurité aérienne. Élaborer des programmes de sûreté appropriés est toujours complexe et prête souvent à la controverse. Nous devons élaborer des programmes pour accroître la sûreté dans le respect des renseignements personnels et de l'efficacité.
Je vous remercie de votre temps et nous avons hâte d'entendre vos questions.
Puis-je poser une question? Ce règlement soulève de nombreuses questions.
Je reconnais au départ qu'il a pour but de protéger la population. Nous acceptons tous cela. Tout ce processus vise à mettre en place un régime qui nous assurera la meilleure protection possible.
Je pose ma question en tenant pour acquis qu'un tel régime existe. Je vais simplement modifier légèrement l'angle de mes questions pour envisager ce qui peut arriver au citoyen moyen. Je vais vous poser deux ou trois questions de ce genre.
Donnez-moi un exemple, si vous le pouvez, de ce qui pourrait vous amener à supprimer de la liste le nom d'une personne. Je sais que vous procédez à une révision mensuelle. Mais une fois qu'un nom figure sur la liste, le fait que quelqu'un révise cette liste et affirme que les renseignements originaux s'y trouvent, avec le nom, et dit que le nom doit demeurer sur la liste — j'aimerais savoir pour quel motif on pourrait supprimer un nom de la liste. C'est ma première question.
Ma deuxième question concerne la directive d'urgence. Si vous partez du principe que le nom de la personne en cause est sur la liste, la seule question est de savoir si la personne qui se présente à l'aéroport est bien la personne dont le nom figure sur la liste. C'est pourquoi on lui demande de fournir des renseignements d'identité supplémentaires pour essayer de le vérifier.
Le règlement prévoit que Transports Canada peut émettre une directive d'urgence — ce centre qui fonctionne 24 heures sur 24 et sept jours sur sept. Est-il possible que la directive d'urgence émane d'un organisme autre que Transports Canada? Que se passe-t-il si les responsables de cette directive ne sont pas sûrs? Est-ce que le citoyen en question ne pourrait embarquer à bord de l'aéronef parce qu'il y a un nom qui correspond au sien sur cette liste? Qu'est-ce qui permettrait à ce citoyen d'embarquer à bord de l'aéronef si celui-ci ne faisait pas l'objet d'une directive d'urgence?
Ce citoyen ne se retrouverait-il pas dans une sorte de no man's land? Un nom identique au sien figure sur la liste. Il a présenté des papiers d'identité. Transports Canada n'est pas en mesure de décider ce qu'il faut faire, de sorte qu'il n'émet pas de directive d'urgence. Cela revient au même pour le citoyen voyageur. Il ne peut embarquer dans l'avion. Il doit rester à l'aéroport. Il doit rentrer chez lui et on espère qu'il n'habite pas une autre ville.
Voilà mes deux questions. Il ne me reste de toute façon sans doute pas beaucoup de temps de parole.
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Même si elle est longue? Cela pourrait me prendre jusqu'à 13 heures, monsieur le président. J'apprécie votre générosité, mais je ne sais pas si mes collègues l'apprécieraient autant.
Je vais essayer d'être bref, mais j'aimerais vous parler de certaines choses. J'apprécie l'intérêt que les membres du comité manifestent pour cette question particulière, et non pas seulement celle-ci, mais aussi l'excellent travail qu'effectue le comité dans divers domaines.
La sécurité, comme vous le savez, et nous l'avons souvent répété, est une priorité pour le gouvernement.
[Français]
C'est une des priorités du gouvernement du Canada que d'avoir des systèmes qui assurent la sécurité de tous ses citoyens d'un océan à l'autre, dans les rues, dans les villes, partout au pays. C'est pourquoi le budget de 2006 a augmenté de 1,4 milliard de dollars les fonds alloués à la sécurité.
[Traduction]
C'est évidemment un domaine prioritaire. Notre gouvernement s'est donné comme objectif d'assurer la sécurité de ses citoyens. Cela devrait être le premier objectif de tous les gouvernements.
Le montant de 1,4 milliard de dollars qui figurait dans le budget de 2006 — il y a eu quelques ajouts depuis — affectait des ressources dans un certain nombre de domaines. Je pense que les membres du comité se souviennent du fait que nous nous sommes engagés à embaucher plus de 1 000 agents de la GRC au cours des quatre prochaines années, dans toutes les régions du Canada, pour les services de police fédéraux. Pour réaliser cet objectif, le budget de l'année dernière comportait un engagement de 161 millions de dollars sur deux ans destiné à démarrer la formation, le recyclage et la construction de locaux destinés à la formation — un centre à Regina. C'est là encore un engagement très clair qu'a pris notre gouvernement et cela montre ce que nous sommes prêts à faire pour renforcer notre sécurité.
Pour ce qui est de nos frontières, le sujet à l'ordre du jour, j'ai annoncé il y a quelques semaines que nous allions renforcer nos capacités aux frontières, principalement dans le domaine de la technologie. Nous avons annoncé 431 millions de dollars, dont 390 millions seront consacrés à ce que nous appelons le manifeste électronique.
Dans très peu de temps, la plus grosse partie du trafic des camions, voire sa totalité, utilisera des manifestes électroniques qui seront envoyés aux postes frontières dont les camions approchent. Ces manifestes mentionneront ce qui se trouve à bord du camion, les marchandises expédiées, le nom du conducteur, le nom des courtiers et celui de leurs partenaires commerciaux.
Cela montre que nous privilégions deux secteurs: la prospérité à la frontière pour faciliter les échanges commerciaux et le passage sécuritaire des personnes et la sécurité, puisque nous empêchons les marchandises et les personnes dangereuses d'entrer au Canada.
Lorsqu'on regarde ce qui passe à la frontière — 1,9 milliard de dollars de marchandises par jour —, on constate que c'est vraiment énorme. La valeur des marchandises qui passent sur le seul pont qui relie Windsor à Detroit est supérieure aux biens échangés par les États-Unis et le Japon. Ce sont des chiffres considérables. Au cours d'une année, près de 90 millions de personnes font l'objet de contrôles lorsqu'elles passent la frontière et chaque jour, les agents de l'Agence des services frontaliers examinent et contrôlent près de 266 000 personnes, que ce soit de façon approfondie ou superficielle, au sujet de la sécurité.
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Merci de m'accorder le délai habituel, monsieur le président, parce qu'il est impossible d'examiner cette question isolément. Il faut l'examiner dans son contexte.
Comme je le disais, chaque jour, 18 000 camions traversent la frontière. En une année, les agents frontaliers examinent près de 21 millions de véhicules, au moment où ils passent la frontière.
Avant la fin de la journée, les agents frontaliers auront opéré deux douzaines de saisies de drogue. Il y aura eu cinq cas où les agents auront confisqué des armes que portent des personnes au moment de traverser la frontière, des armes illégales, et une de ces armes sera une arme à feu.
Plus d'une fois par semaine, un enfant disparu qui figure sur la liste des enfants disparus est appréhendé à la frontière.
Tout ce passage, tous les incidents qui ont lieu à la frontière concernent en fait 3 600 personnes, les agents frontaliers. Ils sont très bien formés. Ils sont capables d'effectuer des arrestations et des saisies. Depuis quelques années, ils demandent d'être équipés correctement, notamment d'être armés.
Même si les statistiques criminelles ont diminué dans certains domaines, notamment dans plusieurs catégories de crimes graves, comme le crime organisé, les voies de fait graves, nous constatons que les personnes qui commettent des crimes graves aux États-Unis essaient d'entrer au Canada.
Il y a des statistiques troublantes qui montrent que le nombre de ces crimes augmente. Lorsqu'on informe nos agents frontaliers, dont certains travaillent seuls, qu'une personne dangereuse ou une personne armée s'apprête à franchir la frontière — et si vous renversez la situation et qu'il s'agit d'une personne du Canada, d'une personne dangereuse qui s'apprête à franchir la frontière des États-Unis et qu'un avis leur est donné, leurs agents sont armés et sont prêts à intervenir en cas de besoin. Nos agents ne le sont pas.
Il arrive, comme vous le savez, que bien trop souvent les agents frontaliers décident de quitter leur poste, parce qu'ils estiment que la situation est trop dangereuse et parce qu'ils ne sont pas armés. Ils vont d'abord fermer le poste frontière et ensuite le quitter en attendant qu'arrive de l'aide, qu'elle vienne de la police d'une localité voisine ou de la GRC.
Cela cause de graves difficultés économiques. Comme vous le savez, avec le principe du juste-à-temps, une frontière, en particulier une frontière importante, n'a qu'à fermer pendant deux ou trois heures pour que cela bloque immédiatement les chaînes d'assemblage et de fabrication de l'autre côté de la frontière.
Le comité s'inquiète à juste titre du coût d'une telle mesure. On a lancé toutes sortes de chiffres parce qu'il y a de nombreuses variables.
L'armement et la formation des agents frontaliers — nous parlons d'environ 4 800 personnes, 3 600 à la frontière et 1 200 ailleurs — entraîneront des coûts d'environ 400 millions de dollars, et près de la moitié de ce montant concerne le recyclage et la requalification qui doivent se faire tous les ans, dans le cadre de la formation supplémentaire donnée aux agents frontaliers.
Il faut ajouter d'autres chiffres à tout cela, ce qui donne un montant global plus élevé. La rénovation des locaux de formation est évaluée à près de 100 millions de dollars, mais cela ne servira pas seulement à la formation des agents frontaliers mais il y a aussi les questions d'intégrité et de structure. Cela fait longtemps qu'il faut rénover Rigaud, ce qui coûtera 100 millions de dollars pour ce seul site.
Il y a aussi le coût de l'embauche de 400 personnes supplémentaires qui vont travailler dans près de 95 points de contrôle, dans l'ensemble du pays, où les agents travaillent seuls.
En plus de la pression qui s'exerce pour réduire le prix global de cette mesure, il y a le fait que l'ASFC s'est maintenant engagée — en plus de la formation initiale qui sera offerte à Ottawa et à la base de Chilliwack de la GRC, lorsque les formateurs auront été formés et lorsque le processus de formation aura démarré — à faire un appel d'offres dès le mois d'avril pour des locaux alternatifs, à des gens qui peuvent fournir des locaux d'accueil dans d'autres lieux, non seulement en vue d'accélérer le processus, mais pour en réduire le coût, et non pas la formation elle-même. C'est ce dont s'occupera l'ASFC, à savoir fournir des locaux.
Monsieur le président, voilà qui vous donne une image approximative de ce dont il s'agit. Je serais très heureux d'entendre les questions, suggestions et conseils des membres du comité.
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur le ministre, d'être venu.
Comme vous le savez, mon parti est en faveur de l'initiative qui consiste à assurer la sécurité des gardes frontières dans l'ensemble du pays. Mais je dois également avouer que je partage les inquiétudes de M. Ménard au sujet de la formation. J'aimerais faire une déclaration.
Je pense vraiment qu'il y a deux attitudes sur cette question. Premièrement, l'agence fait preuve d'une arrogance institutionnelle parce qu'elle estime être la seule à pouvoir offrir cette formation, ce qui va à l'encontre de tout ce que disent nos spécialistes, qu'il s'agisse de la GRC, de nos services de police provinciaux ou de ceux de nos grandes villes, qui seraient en mesure d'offrir une formation d'une qualité au moins égale à celle que peut offrir l'Agence des services frontaliers.
Je pense que l'autre aspect, et je vais consigner cela au compte rendu, est qu'il existe une opposition institutionnelle dans les niveaux supérieurs de l'agence.
Après avoir fait ces deux déclarations, je vais en revenir à la formation, parce que j'ai analysé cet aspect jusqu'à un certain point. Lorsque la PPO a comparu devant le comité, elle a fait savoir qu'elle estimait être en mesure d'assurer cette formation. Il faudrait bien sûr revoir le programme et il est évident que l'Agence des services frontaliers jouerait un rôle clé dans l'élaboration d'un tel programme, tout comme le feraient les normes internationales. Il serait même peut-être essentiel de prendre en compte les normes internationales et de ne pas se fier uniquement à ce que pense l'agence.
Je vais donc vous demander — et ensuite, vous inviter, parce que je ne pense pas que l'agence ait suffisamment réfléchi à cet aspect — si vous allez examiner cet aspect de plus près. Je vous invite à le faire.
J'aimerais également parler du coût. Je sais que les chiffres qui ont été publiés dans les articles qui ont paru au début de la semaine sont fortement gonflés, mais je m'inquiète de nous voir dépenser le genre de fonds que l'on se propose de dépenser à Rigaud, alors qu'il existe un certain nombre de locaux au Canada où il serait possible d'offrir cette formation.
Je pense aux manèges militaires qui sont situés dans ma propre circonscription — en fait, c'est dans la circonscription voisine, mais ils sont situés à quelques blocs du pont, où la plupart de ces personnes vont travailler après avoir reçu cette formation. Ces manèges sont utilisés par le service de police de Windsor. C'est là que les policiers comme les militaires suivent leur formation. Il y a des salles de classe. Les locaux sont tout à fait adaptés à l'entraînement physique.
On pourrait dire la même chose de la Sûreté du Québec, de la PPO et d'un certain nombre de services de police municipaux du Canada. La PPO a fait savoir qu'elle serait effectivement intéressée à offrir cette formation. Elle estimait être en mesure de le faire.
L'autre aspect que je voulais mentionner est celui des coûts récurrents. Si nous choisissons Chilliwack, nous allons être obligés de déplacer le personnel d'un bout à l'autre du pays tous les ans pour qu'il suive des cours de recyclage.
Encore une fois, je pense aux locaux que nous possédons à Windsor et je pense que ces agents n'auraient pas très loin à aller pour dormir chez eux. Ils seraient absents de leur travail beaucoup moins longtemps. Le coût des travailleurs chargés de les remplacer serait sensiblement moins élevé. Et cela pourrait se faire dans l'ensemble du pays.
Cela dit, j'aimerais avoir vos commentaires.
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Cette demande a été présentée il y a longtemps.
Quant à votre observation au sujet du registre des armes à feu, je vais vous laisser en discuter avec M. Lee, mais...
Une voix: Je suis heureux qu'il ait remarqué ce rapport.
L'hon. Stockwell Day: ... je suis sensible à votre remarque.
Toutes les enquêtes montrent que l'immense majorité, qu'il s'agisse de l'étude Northgate, de la propre étude de l'Union Douanes Accise ou de l'étude ponctuelle qu'a effectuée la direction de l'ASFC... Celle-ci a fait un rapport ponctuel dans la mesure où elle a parlé, comme je l'ai dit, à des groupes de personnes ou à des individus, pour leur demander ce qu'ils en pensaient.
Il y a toujours un pourcentage de gens... Premièrement, le nombre des agents qui ont déclaré ne pas vouloir du tout être armés, d'après le rapport Northgate et le rapport de l'Union Douanes Accise, est très faible; il s'établit à près de 2 p. 100. Il y a ceux qui ne pourront pas réussir l'examen physique, que ce soit à cause d'un problème de vue ou autre, qui est obligatoire pour obtenir le droit de porter une arme. Dans ces cas-là, il y aura des postes administratifs et régionaux que pourront occuper les agents qui ne souhaitent vraiment pas être armés.
Cela fera par contre désormais partie du métier. Les agents embauchés aujourd'hui par l'ASFC ne pourront pas envisager de ne pas porter de revolver, tout comme un pompier ne peut pas présenter sa candidature en disant qu'il ne veut pas monter dans un camion de pompier. Cette personne serait écartée dès le départ.
Nous tenterons de prendre des mesures spéciales, mais l'immense majorité des agents veulent être armés et pour ce qui est de savoir depuis combien de temps ils le demandent, je dirais qu'ils le demandent depuis des années.
Je ne voudrais pas me lancer dans un débat partisan. Vous savez que je n'aime pas du tout ce genre de débat, mais nous avons examiné cette question avant les dernières élections et aujourd'hui, en tant que nouveau gouvernement du Canada et pour toutes les raisons que j'ai mentionnées, il nous paraît absolument nécessaire de prendre cette mesure pour la sécurité et la prospérité du Canada, premièrement, et deuxièmement, pour nos amis du Sud.