:
Merci, monsieur le président. Je suis évidemment très heureuse d'être parmi vous et de pouvoir participer à cette discussion à deux volets.
Je voudrais aussi profiter de l'occasion pour vous présenter la commissaire adjointe, Elizabeth Denham. Cette réunion marque la première fois, non seulement qu'elle comparaît devant le comité, mais qu'elle se trouve sur la colline du Parlement. Nous sommes très contents que Elizabeth, qui vient du Commissariat à la protection de la vie privée de l'Alberta, se soit jointe à notre équipe; en nous présentant le point de vue des provinces, elle saura nous aider à améliorer la qualité de nos interventions.
Je suis également accompagnée du directeur général des Finances et de l'Administration, M. Tom Pulcine, que vous avez déjà rencontré.
J'ai une brève déclaration liminaire qui, je l'espère, résumera les principaux éléments du document dont vous êtes saisis, et vous permettra d'approuver en principe les crédits rattachés au Commissariat.
Je vous rappelle qu'en 2005 — année à partir de laquelle nous avons opté pour une approche davantage proactive pour ce qui est de la protection et de la promotion du droit à la vie privée des Canadiens — nous avons bénéficié de ressources accrues. Ces dernières nous ont permis de réduire l'arriéré relatif aux enquêtes; de réduire le temps de traitement des demandes d'évaluation des facteurs relatifs à la vie privée; d'être plus actifs dans le domaine des enquêtes; d'augmenter le nombre d'enquêtes menées de l'initiative de la Commissaire — comme, tout dernièrement, l'enquête sur l'atteinte à la protection des données survenue chez TJX, le propriétaire américain des magasins Winners et HomeSense; d'augmenter le nombre de vérifications que nous sommes en mesure d'entreprendre — et vous avez peut-être vu le rapport spécial déposé devant le Parlement cet hiver au sujet de la GRC; et de participer activement à des actions en justice.
Au moment de recevoir des ressources supplémentaires, notre nouvelle vision de l'organisation était bien comprise, mais nous avons sous-estimé les difficultés associées à sa mise en oeuvre. Nous nous rendons compte maintenant que nous devrons redoubler d'effort pour mener nos enquêtes de façon plus efficace. Cette situation est due en partie à des défis contextuels, ainsi qu'à l'obligation qui nous incombe, en vertu des deux lois, d'instruire chaque plainte que nous recevons.
Le travail que nous effectuons a mis en lumière le besoin de définir des activités de communications et de prise de contact plus spécifiques et mieux ciblées afin d'accroître la conscientisation à la protection de la vie privée auprès des Canadiens.
Par exemple, nous avons entrepris l'élaboration d'une campagne de marketing social sur la protection de la vie privée des enfants sur Internet, et nous avons lancé un programme régional de mobilisation en vue de mieux comprendre les préoccupations en matière de protection de la vie privée et de mieux évaluer la conscientisation des citoyens dans l'ensemble du pays.
Nous reconnaissons qu'il est nécessaire de nous attaquer à un certain nombre de questions clés afin d'avoir un impact réel, positif et mesurable dans des domaines créneaux; ainsi nous avons repéré les quatre domaines prioritaires en matière de protection de la vie privée sur lesquels nous concentrerons nos efforts durant les trois prochaines années. Il s'agit des technologies de l'information, de la protection de la vie privée et de la sécurité nationale, de l'intégrité et de la protection de l'identité, et de la protection des renseignements génétiques.
Nous espérons que ces priorités nous permettront de profiter au maximum des ressources disponibles au sein de l'organisation, de prévoir des collaborations et des actions concertées avec les parties prenantes, de créer l'expertise et les capacités nécessaires, et d'adopter une approche à multiples facettes grâce à divers outils d'exécution et des efforts accrus en matière de recherche et de sensibilisation du public, afin de régler plus efficacement les nouvelles difficultés qui se présentent relativement à la protection de la vie privée.
Enfin, la mise en oeuvre de la Loi fédérale sur la responsabilité a entraîné de nouvelles responsabilités pour le Commissariat. Afin d'y répondre, nous avons mis sur pied un bureau qui sera chargé de gérer les demandes relatives à l'accès à l'information et à la protection des renseignements personnels. À cet égard, nous sommes en train d'engager de nouveaux enquêteurs pour prendre en charge les dossiers concernant les organisations qui seront désormais assujetties à la Loi sur la protection des renseignements personnels. De plus, nous instaurons un programme de vérification interne, qui est maintenant une exigence pour toutes les entités.
En reconnaissance de cette nouvelle vision et de nos défis organisationnels, nous avons fixé cinq priorités stratégiques pour l'exercice en cours: continuer d'améliorer la prestation des services grâce à la convergence des efforts et à l'innovation; promouvoir stratégiquement la protection de la vie privée à l'échelle mondiale pour les Canadiens; aider les Canadiens à prendre des décisions plus éclairées concernant la protection de leur vie privée; renforcer les capacités organisationnelles de manière durable; et exercer le leadership nécessaire afin de réaliser des progrès dans les quatre domaines prioritaires que j'ai mentionnés.
Durant le prochain exercice, nous poursuivrons le travail entrepris au cours du dernier exercice en ce qui a trait à la modernisation de notre organisation, pour la rendre plus réceptive et proactive. Comme je vous le disais il y a quelques instants, c'est avec grand plaisir que j'ai accueilli en novembre dernier, Elizabeth Denham, à titre de commissaire adjointe à la protection de la vie privée. En sa qualité de commissaire adjointe principalement responsable de la LPRPDE, Mme Denham est chargée de sensibiliser le public à l'importance de la protection de la vie privée et de s'assurer que les entreprises se conforment à la Loi. Elle a aussi dirigé les efforts de mobilisation régionale déployés par le Commissariat; même si elle est en poste depuis très peu de temps, elle a déjà rencontré les intervenants clés et noué de précieux liens avec les responsables du Yukon, de la Saskatchewan et de la Nouvelle-Écosse.
[Français]
Je continue sur le thème du renforcement des capacités organisationnelles de manière durable. Nous mettons présentement à niveau notre plan organisationnel des ressources humaines, conformément à notre objectif de renforcer les capacités organisationnelles de manière durable. Ce plan comprend deux volets principaux: une stratégie de dotation qui nous permet d'augmenter nos effectifs et une stratégie de maintien en fonction pour embaucher, perfectionner et conserver le personnel.
Notre plan de ressources humaines est ambitieux. D'après le graphique qu'on vous a remis, vous constaterez que notre organisation doit croître considérablement en vue de gérer de façon adéquate la charge de travail et les demandes toujours croissantes à l'endroit de nos services.
C'est à la Direction des enquêtes que la demande de service est la plus grande. L'année dernière, nous avons rendu compte à ce même comité de nos efforts pour réduire les arriérés dans le traitement des plaintes. Si nous avons considérablement réduit les arriérés dans le traitement des plaintes en vertu de la LPRPDE, il subsiste des arriérés dans le traitement des plaintes en vertu de la Loi sur la protection des renseignements personnels et de la LPRPDE en raison des défis auxquels nous faisons face pour attirer et conserver le personnel affecté aux enquêtes. Chaque année depuis deux ans, cette direction a connu un roulement de personnel de 40 p. 100.
En plus des stratégies de dotation et de maintien en fonction, nous réorganisons tout notre processus opérationnel. C'est Mme Denham qui est responsable de cette initiative. Nous recevons un plus grand nombre de plaintes concernant les enjeux de la technologie et des questions transfrontalières. Il est de plus en plus nécessaire de collaborer avec nos homologues provinciaux et internationaux. Nous projetons de créer une direction qui possédera les compétences, les connaissances, et qui aura recours aux processus pour traiter ces plaintes de façon adéquate et avec efficacité. Nous prévoyons terminer de réorganiser nos processus d'ici 2009.
[Traduction]
L'automne dernier, le Canada était l'hôte de la 29e Conférence internationale des Commissaires à la protection des données et de la vie privée, laquelle a réuni sous le thème Terra Incognita plus de 700 commissaires et spécialistes de la protection de la vie privée du monde entiers, afin d'échanger des idées et des connaissances.
Si je ne m'abuse, monsieur le président, vous avez tous reçu une copie du compte rendu des délibérations des participants à la conférence. Le Président de la Chambre, M. Milliken, nous a honorés de sa présence et a inauguré la conférence. Dans l'ensemble, les délégués ont jugé que la conférence était un immense succès; ils ont quitté Montréal plus convaincus que jamais de l'utilité de leur cause et leur action communes.
L'un des thèmes importants de la conférence était que, partout dans le monde, les citoyens sont de plus en plus préoccupés par les conditions dans lesquelles leurs renseignements personnels traversent les frontières, et de quelle façon ils sont communiqués à autrui. Afin de répondre à ces préoccupations, nous avons fait de la protection de la vie privée à l'échelle mondiale, avec une forte dose de contenu canadien, une de nos cinq grandes priorités stratégiques. Un pays ou une administration ne peut pas, à lui ou à elle seul, affronter le phénomène de l'impartition et espérer régler les multiples problèmes de protection de la vie privée qui en découlent. À ce chapitre, nous avons déjà commencé à travailler à l'échelle internationale afin de trouver des solutions relativement aux problèmes de protection des renseignements personnels qui découlent nécessairement de la communication transfrontalière des données.
En conclusion, monsieur le président, les activités du Commissariat se déroulent dans un environnement en évolution constante; cela nous oblige à évoluer parallèlement, afin de remplir notre mandat, qui consiste à protéger et à promouvoir le droit à la vie privée des particuliers.
Le prochain exercice promet d'être des plus dynamiques pour notre organisation. Qu'on parle du recentrage de nos processus opérationnels ou de nos nouvelles initiatives de mobilisation communautaires, notre leitmotiv, c'est le changement.
Bien que nos ressources actuelles nous aient permis de prendre plusieurs initiatives à l'appui de notre nouvelle vision, il reste des lacunes à combler et des défis à affronter — j'en ai mentionnés plusieurs aujourd'hui. Dans les semaines qui viennent, j'espère pouvoir revenir afin de vous expliquer de quelle façon nous comptons relever ces nouveaux défis.
Nous visons à devenir une autorité de protection des données moderne, proactive, efficace et suffisamment souple pour s'adapter aux réalités du monde dans lequel nous vivons, afin de fournir aux Canadiens l'assurance que leurs renseignements personnels sont respectés et protégés ici comme ailleurs dans le monde.
Je remercie de nouveau le comité de m'avoir invitée à comparaître aujourd'hui, et je suis maintenant à votre disposition pour répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais souhaiter de nouveau la bienvenue à madame la Commissaire, ainsi qu'à tous ses collaborateurs.
Je crains que vous ne réussissiez pas à créer une capacité organisationnelle viable. D'après moi, vous êtes confrontés aux mêmes dilemmes que n'importe quelle entreprise ou cabinet d'experts-conseils privé, et ces derniers ont la même attitude en ce qui concerne le recrutement et le maintien en fonction des employés. Mais, votre situation est encore plus compliquée, étant donné que les gens doivent obtenir une habilitation de sécurité pour travailler chez vous.
Au cours des 10 à 15 prochaines années, l'expansion de la population active au Canada sera possible grâce aux immigrants, or, si je regarde ce qui est arrivé au cours des deux dernières années, je constate que le nombre d'immigrants permanents au Canada a baissé de 36 000.
M. David Tilson (Dufferin--Caledon, PCC): C'est pour cette raison que nous sommes si contents que vous appuyiez notre politique d'immigration.
M. Sukh Dhaliwal: Monsieur Tilson, je n'ai pas l'intention…
Comment voyez-vous votre situation actuelle, parce que la création d'une capacité organisationnelle durable est une stratégie positive? Toutes les organisations ont besoin de cela et, de plus, vous avez des défis importants à relever. Quand je regarde votre budget, je constate qu'il a baissé par rapport à l'an dernier. C'est bien ça?
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Il y a deux éléments de réponse. Premièrement, j'ai mentionné tout à l'heure que nous avons déjà établi des plans de gestion des ressources humaines qui devraient nous permettre de faire davantage de recrutement et de conserver nos effectifs. Étant donné que les mêmes règles s'appliquent à tout le monde, il s'agit pour nous de savoir comment nous pouvons nous assurer que nos employés voudront rester plus longtemps au Commissariat, et le feront de façon plus constante, au lieu d'accepter des offres d'emploi ailleurs, étant donné que, dans le présent contexte — et tout le monde se heurte au même problème — cela signifie essentiellement qu'il faut nager à contre-courant. Donc, nous examinons actuellement diverses solutions potentielles.
Vous avez mentionné plusieurs choses. Il est vrai que notre budget a légèrement diminué mais, comme nous l'avons expliqué précédemment, nous comptons demander des ressources additionnelles afin de faire remonter de nouveau notre budget et de nous attaquer à des priorités nouvelles, telles que la mise en oeuvre de la Loi fédérale sur la responsabilité.
Par contre, si vous examinez l'évolution de nos ressources d'année en année, vous allez voir que nous avons progressivement augmenté le nombre de postes permanents à plein temps pour une période indéterminée. Mais, les gens entrent chez nous, et ils en sortent; c'est ça la réalité. Il y a un renouvellement permanent de l'effectif, ce qui cause nécessairement de graves difficultés dans toute organisation. Il reste que l'effectif est en voie d'expansion et, selon moi, nous commençons à attirer de jeunes employés fort compétents.
Monsieur le président, l'un des honorables membres du comité a parlé de nos antécédents. Par le passé, ce facteur a peut-être dissuadé un certain nombre de personnes qui se sont demandé à quoi elles s'exposeraient si elles venaient travailler au Commissariat. Mais, à mon avis, tout cela est derrière nous. Notre mandat comprend à présent des éléments tout à fait fascinants, et grâce à cela, nous commençons à attirer de plus en plus de gens talentueux. Je suis donc optimiste: selon moi, nous réussirons à augmenter progressivement notre effectif.
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Merci, monsieur le président.
Premièrement, en tant que Commissaire à la protection de la vie privée, je dois dire que je suis très heureuse que le comité s'intéresse à cette question. Elle n'est pas nouvelle et, depuis de nombreuses années — soit cinq ans après l'adoption de la Loi — les gouvernements successifs sont très réticents à apporter quelque modification que ce soit à la Loi sur la protection des renseignements personnels, sauf, évidemment, les modifications consécutives à l'adoption d'une autre loi.
À mon humble avis, il est tout à fait essentiel de réformer cette loi, pour toutes les raisons évoquées dans les deux documents, et Mme Black elle-même a peut-être également évoqué le fait que cette loi ne respecte plus les normes internationales modernes. Même en ce qui concerne le gouvernement — le fait est que le gouvernement ne s'impose pas les mêmes normes qu'il impose aux entreprises canadiennes, ou les mêmes droits qu'il accorde aux consommateurs canadiens, par rapport aux entreprises canadiennes, ou les droits qu'il accorde aux plaignants qui s'adressent au Commissariat, qui n'aiment pas la façon dont ils ont été traités par des entreprises commerciales canadiennes, pour ce qui est d'aller plus loin pour obtenir satisfaction. Il n'est pas normal que le gouvernement agisse ainsi. C'est tout simplement une question d'équité. Une modernisation s'impose. Dans une société qui valorise des droits aussi importants que cela, il est essentiel de définir ces droits de façon à ce qu'on puisse les exercer pleinement dans la société d'aujourd'hui.
Il y a aussi la question de la société de l'information et des mutations profondes qu'elle a entraînées mais qu'on n'avait pas prévues au début des années 1980. Vous apprendrez sans doute avec intérêt que 25 millions de Canadiens sont maintenant très actifs dans le monde virtuel — par exemple, sur Facebook. De plus, les gens qui sont actifs dans des sites comme Seconde vie, où ils vivent une sorte de vie virtuelle parallèle, y consacrent à présent une trentaine d'heures par semaine.
Si je vous cite ces exemples, c'est pour illustrer l'évolution radicale de notre réalité, alors que l'enjeu de la protection des protections des renseignements personnels ne change pas; or le problème du traitement des renseignements personnels et l'usage qu'on en fait est une préoccupation quotidienne pour les Canadiens, et la Loi qui est actuellement en vigueur n'est pas suffisante pour leur accorder la protection voulue. Donc, mon personnel et moi avons essayé de faire des recommandations qui ne me semblent pas bien radicales, compte tenu d'autres propositions de réforme qui ont déjà été faites et de la teneur de lois plus modernes.
Il y a deux autres suggestions que j'aimerais faire: la première est relativement simple et concerne le réexamen de la Loi après cinq ans, et l'autre touche la circulation transfrontière de données.
À mon avis, vous nous avez présenté un plan à la fois réaliste et réalisable. C'est extrêmement utile car, en comité, nous nous demandons depuis un moment si nous avons suffisamment de temps et de ressources pour faire une étude exhaustive de la Loi dans son ensemble.
Étant donné les autres sujets qui nous intéressent — le réexamen de la Loi sur l'accès à l'information, entre autres — je doute que nous ayons même assez de temps, d'ici la fin de cette législature minoritaire, pour faire un travail vraiment exhaustif. À mon avis, ces huit recommandations, de même que les deux autres éléments, constituent un excellent point de départ.
Mais, pour moi, il y a la question plus générale qui me semble importante, et je me dis que la protection des renseignements personnels correspond peut-être, dans la société d'aujourd'hui, à un luxe qu'on ne peut plus se permettre. C'est une attente qui est tout à fait dépassée dans le monde d'aujourd'hui…
Je ne cherche pas à faire de la polémique mais, même dans votre première recommandation, vous nous rappelez que, dans certains pays, les gouvernements ne peuvent recueillir des renseignements à moins de pouvoir démontrer la nécessité de le recueillir à chaque fois. Aux termes de notre législation sur la sécurité nationale, cela voudrait dire à peu près tout, n'est-ce pas? En observant les conflits perpétuels entre les défenseurs de la sécurité nationale et ceux et celles qui voudraient protéger leur droit à la protection de la vie privée, cela m'inquiète et je me dis que c'est le droit à la protection de la vie privée qui va être écarté à chaque fois, du moins dans l'environnement actuel. J'ai vraiment que, de façon générale, le droit à la protection de la vie privée ne devienne l'une des multiples victimes du nouvel environnement de sécurité nationale.
Ceci dit, je parcourais le document intitulé « Terra Incognita », que je trouvais très intéressant, et j'y ai trouvé un chapitre sur les sceaux de protection de la vie privée. Il y est question de « marques de confiance » utilisées dans les opérations commerciales et, si vous voulez traiter avec ces entreprises commerciales, vous pouvez vous renseigner sur les sceaux — comme celui de Good Housekeeping — ou marques qui vous garantiront que vos renseignements personnels sont protégés.
Selon vous, quel devrait être le sceau de protection de la vie privée utilisé par le gouvernement du Canada? Quel degré de protection peut-on raisonnablement garantir aux Canadiens, et comment cela se comparerait-il à ce qui existe ailleurs?
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Ce n'est même pas l'ISO; c'est une autre norme de protection de la vie privée à laquelle nous travaillons.
La norme de protection de la vie privée du gouvernement du Canada est probablement moyenne; selon nous, elle devrait être élevée. Donc, elle est probablement moyenne, et ce qui nous aide, c'est une forte appréciation historique de l'importance de la protection de la vie privée chez les citoyens d'un bout à l'autre du Canada.
Cependant, cette protection est de plus en plus minée, voire même compromise, comme vous nous l'avez fait remarquer, à cause de l'enjeu de la sécurité nationale, la technologie et les pressions internationales. Par exemple, le ministre américain chargé de la sécurité intérieure a récemment déclaré que les empreintes digitales ne constituent pas des renseignements personnels, ce qui est tout à fait contraire à ce que prévoit la Loi sur la protection des renseignements personnels. Et là, on ne parle même pas de la collecte de données génétiques, qui fait l'objet d'un débat à l'échelle internationale.
Nous parlons donc d'une norme moyenne… mais, bon nombre de pays n'ont même pas ces protections-là. Je ne prétends pas que le Canada soit en bas de la liste, mais les mécanismes actuels deviennent de plus en plus dépassés au fur et à mesure que des pressions liées à la technologie, à des situations internationales, à divers alliances mondiales, au commerce international et à d'autres questions du même genre sont exercées sur les gouvernements. Voilà pourquoi je vous exhorte à retenir au moins certains de ces changements. Nous avons fait de notre mieux pour…
S'agissant des modifications proposées, au moins la moitié correspondent à des politiques du Conseil du Trésor qui devraient être inscrites dans la Loi, et nous pourrions toujours vous donner d'autres renseignements à ce sujet si vous décidez de faire cette étude. Ce n'est pas qu'il n'existe aucun consensus au sein du gouvernement concernant la nécessité de le faire; par contre, il est plus probable, selon nous, que ces politiques nous paraissent essentielles si nous constatons qu'on ne les observe pas. Si l'idée a déjà fait son chemin, pourquoi ne pas prévoir dans la Loi qu'il faut obligatoirement effectuer une évaluation de l'incidence sur la protection des renseignements personnels? Pourquoi ne prévoyons-nous pas dans la Loi que, avant de transmettre des renseignements à l'étranger, il faut faire l'exercice que prévoit le Conseil du Trésor, à savoir procéder à une évaluation de l'impact sur la protection de la vie privée?
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Merci, monsieur le président.
Je suis assez d'accord avec M. Martin. C'est un dossier tout à fait intimidant, en réalité. Ici sur la colline du Parlement et dans toute la cité parlementaire, il y a des gens qui circulent avec des Blackberry équipés d'une caméra, si bien que tout est enregistré. On ne peut pas respirer sans être enregistrés. En réalité, on n'a pas du tout de vie privée. Des gens descendent votre rue en voiture et, à l'aide d'une machine, ils sont en mesure de savoir ce que vous êtes en train d'écrire sur votre ordinateur portable à l'intérieur de la maison. C'est vraiment tout à fait incroyable.
Et, il y a évidemment la question de la protection de la vie privée par opposition au droit à l'information et à l'obligation d'une nation comme le Canada de protéger sa sécurité nationale. Toute la question de la circulation transfrontière des renseignements — je pense bien que c'est ce terme-là que vous avez utilisé — est extrêmement complexe pour ce qui est des mesures à prendre. Vous avez parlé d'une dizaine de modifications.
Monsieur le président, je pense qu'il va peut-être falloir interroger d'autres témoins au sujet de ces 10 recommandations. D'ailleurs, nous n'avons même pas donné à la Commissaire la possibilité de nous les expliquer. Nous pouvons tous les lire, mais j'imagine qu'elle pourrait nous faire un discours sur chacune d'entre elles. Ce sont des questions très difficiles. Si quelqu'un posait une question très simple — par exemple, quelle est la définition des renseignements personnels — qu'est-ce qu'on pourrait dire?
Je présume que vous avez eu de longues discussions philosophiques sur la question.
Monsieur le président, je n'ai pas vraiment de questions à poser, mais je pense que nous avons besoin des conseils de la Commissaire et de son personnel sur cette question. Je ne sais pas au juste quand ce serait possible, mais à mon avis, ils devraient revenir pour que nous recevions leurs conseils, et je dirais même que, dans un premier temps, ils pourraient nous expliquer ces 10 recommandations.
Je n'ai pas de questions; je voulais juste faire cette observation-là.
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Très bien. Je pense qu'il y a consensus. Pour moi, nous allons dans la bonne direction, mais il convient de consacrer un peu plus de temps à cette question-là.
Madame Stoddart, il était prévu au départ que vous comparaissiez le 29 avril, et ensuite, nous vous avons dit que vous devriez plutôt venir passer deux heures avec nous aujourd'hui. Mais, nous avons besoin de vous revoir. La suggestion de M. Tilson est bonne, c'est-à-dire qu'on vous donne l'occasion de nous présenter une brève évaluation de chacune de ces recommandations. Il nous faut absolument savoir ce qui les motive et sur quoi vous vous fondez pour faire ces recommandations. Quelle est leur raison d'être? Ces recommandations sont-elles le résultat de vos discussions internes seulement ou s'appuient-elles sur les pratiques exemplaires d'autres pays? Vous avez certainement des raisons de faire ces recommandations, et il nous faut explorer votre réflexion à ce sujet pour guider notre travail.
Nous n'avons réservé personne pour le 29 avril. Je sais que le préavis est très court, mais si vous avez une heure à nous consacrer, ou même deux heures, entre 15 h 30 et 17 h 30, nous aimerions bien vous revoir, si vous êtes disponible.
Les membres du comité vont vouloir réfléchir un peu à tout cela, étant donné que nous avons mis de côté notre projet de départ, à cause de vos conseils et ceux d'autres personnes, mais je pense que les membres voudront explorer d'autres éléments aussi.
Peut-être pourrez-vous nous proposer un minimum de témoins que nous pourrions inviter à comparaître, afin d'affirmer le bien-fondé de ces recommandations. J'imagine que nous allons probablement faire venir des témoins qui sont de l'avis contraire, mais j'estime qu'il est tout à fait essentiel de connaître les vues de tierces parties sur la question.
Je dois vous avouer que j'ai commis une grave erreur: je n'ai pas donné la parole à M. Nadeau, pour une raison qui m'échappe. Mais son nom est sur la liste, et il nous reste encore cinq minutes.
Monsieur Nadeau, je vous cède tout de suite la parole.