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Je déclare la séance ouverte. Conformément à l'alinéa 108(3)
h)(vi) du Règlement, nous reprenons l'étude des activités du Parti conservateur du Canada durant la campagne électorale de 2006 concernant certaines dépenses électorales et les normes en matière d'éthique des titulaires de charge publique.
Nos témoins aujourd'hui sont M. Marc Mayrand, directeur général des élections du Canada et M. François Bernier, directeur des Services juridiques à Élections Canada.
Nous allons reprendre la séance de questions. Tous les exposés ont été présentés. Je crois savoir que les membres du comité ont encore à poser un assez bon nombre de questions, et nous allons continuer jusqu'à ce qu'ils croient avoir épuisé les questions de fond qui leur viennent à l'esprit. Nous ne savons pas à quel moment cela sera fait; nous allons donc simplement passer au travers de la séance.
Je tiens à rappeler aussi aux membres que nous devons nous pencher sur les travaux du comité aussi. La réunion durera le temps qu'il faut. L'avis dit peut-être 16 heures, mais ce n'est que l'heure à laquelle le comité voudrait lever la séance; nous devons régler la question du choix des témoins dont les noms ont été soumis.
Chacun des partis a remis une liste au greffier. La fusion des listes est en train de se faire; les noms en double seront éliminés. Nous allons remettre aux membres, dans les deux langues officielles, la liste générale des noms proposés par le comité, que vous aurez le loisir d'examiner pendant le reste de la séance, jusqu'à la fin des questions posées à M. Mayrand. Ensuite, nous nous pencherons sur l'approche que nous souhaitons adopter. Une fois que nous aurons donné congé à M. Mayrand, je vais proposer des façons possibles pour nous de nous attaquer à une liste où il y a un très, très grand nombre de noms.
Je voudrais faire part aussi au comité d'une préoccupation. Comme vous le savez, et cela vaut particulièrement pour les audiences sur l'affaire Mulroney-Schreiber, j'ai souvent répété que nous devons traiter tous nos témoins avec dignité et respect. Ce ne sont pas de vains mots. Ils sont ici à notre invitation. Je m'inquiète quelque peu des allégations ou des déclarations qui ont été faites au sujet de notre témoin en particulier et d'Élections Canada aussi — des propos qui ont pour effet de les étiqueter.
Je comprends que la question suscite certains sentiments, mais je crois que nous sommes très près de la tentative d'intimidation envers les témoins... quand il est question d'allégations à propos de ce qui les pousse à agir ou du poste qu'ils occupent. En tant que parlementaire, en tant que président de notre comité, en tant que collègue, j'encourage, je prie les membres du comité de réfléchir deux fois plutôt qu'une à la question de la dignité de nos témoins et du fait qu'il faut les respecter. Je voudrais bien que les propos de cette nature soient limités durant notre audience et que nous nous en tenions à la question qui nous est confiée.
Enfin, comme je l'ai fait après la séance d'hier matin, au début de la séance qui a eu lieu en après-midi, monsieur Mayrand, je vous donne l'occasion de faire toute déclaration que vous jugez nécessaire pour préciser les réponses que vous avez données ou les points que vous avez fait valoir pendant votre exposé, ou de donner toute autre information que vous voudriez porter à l'attention du comité. Je vous donne maintenant l'occasion de vous adresser au comité.
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Merci, monsieur le président. J'aimerais revenir sur certains aspects de la journée d'hier et apporter certaines précisions. En fait, j'aimerais couvrir trois aspects, ce matin, si vous me le permettez.
Le premier traite des facteurs dont on a abondamment discuté hier, et qui ont mené à ma décision qui a fait l'objet de plusieurs discussions devant ce comité. Il semble qu'il y ait une certaine confusion à l'égard de ces facteurs. Je voudrais d'abord simplement signaler aux membres du comité que dans le mot « facteur », il y a le mot « fait ». Hier, on a beaucoup mentionné que certains de ces facteurs ne se trouvaient pas dans la loi. Je voudrais simplement préciser que la loi exige que le directeur général des élections certifie qu'une dépense peut légalement être remboursée avant qu'elle ne le soit.
Comment le directeur général établit-il qu'une dépense est admissible? Il y parvient en appliquant les définitions de la loi qui précisent qu'une dépense électorale doit être encourue à une valeur marchande par les candidats. Dans le dossier en cours, il a fallu déterminer si, en effet, la dépense avait été encourue et si elle avait bel et bien été encourue à la valeur commerciale, comme l'exige la loi. J'en suis arrivé à la conclusion que les dépenses telles que soumises n'avaient pas été encourues à leur juste valeur commerciale.
Les faits qui m'ont amené à cette décision sont ceux que j'ai énoncés hier. Le premier de ces faits était le manque de connaissances des candidats lorsqu'ils ont été questionnés à propos de la nature de la dépense. Ce fait en soi n'est pas suffisant pour tirer une conclusion. Cependant, nous avons posé d'autres questions, vu le manque de connaissances relatives à la dépense. Nous avons demandé une preuve documentaire, par exemple l'existence de contrats ou de documents qui pouvaient établir le lien contractuel entre la campagne et le fournisseur de service. Encore une fois, les candidats ont été dans l'impossibilité de nous fournir cette preuve documentaire. Cette absence de preuve documentaire suffisante est le deuxième fait que j'ai considéré.
Le troisième fait était que des représentations avaient été faites par le parti à l'effet que celui-ci avait conclu des arrangements contractuels et reçu les factures.
Le quatrième fait était que les candidats ont reçu les factures du parti et non pas du fournisseur de service, et que l'argent qui a été utilisé pour payer la dépense qui nous était soumise était en tout temps sous le contrôle du parti. Enfin, la répartition des coûts, pour les réclamations qui nous étaient soumises, ne reflétait pas une juste valeur commerciale.
Ces faits m'ont amené à conclure que, selon la loi, la dépense n'avait pas été encourue par le candidat et ne représentait pas en tout état de cause la valeur commerciale. Je tenais simplement à apporter ces précisions, compte tenu de ce que j'ai perçu comme étant de la confusion hier.
Le deuxième aspect que je voudrais soulever devant le comité aujourd'hui traite de la nature des questions qui m'ont été posées hier. J'ai essayé en toute bonne foi de répondre le plus complètement possible aux questions qui m'étaient soumises. J'ai cependant constaté que plusieurs des questions qui m'ont été posées hier avaient déjà été posées en Cour fédérale à l'occasion d'un contre-interrogatoire auquel les représentants d'Élections Canada ont été soumis dans le cours du dossier judiciaire.
Je veux simplement souligner que le témoignage de Mme Vézina devant la Cour fédérale représente la position d'Élections Canada dans ce dossier, que l'affidavit d'Élections Canada dans le dossier est du domaine public et fait partie des dossiers de la Cour, que Mme Vézina a été assujettie à un contre-interrogatoire de près de quatre jours, et que la transcription du contre-interrogatoire de Mme Vézina est également maintenant du domaine public puisqu'elle a été versée aux dossiers de la Cour fédérale.
Je veux, encore une fois, assurer le comité de mon désir d'offrir la plus grande collaboration possible dans le cadre de ses travaux. Toutefois, compte tenu du dossier devant la cour, je dois, par respect pour l'autorité des tribunaux, refuser de répondre à des questions qui sont déjà devant le tribunal. Je ne voudrais pas, d'ailleurs, qu'on m'accuse ou qu'on accuse Élections Canada d'avoir utilisé ce forum pour améliorer sa position devant les tribunaux. J'aimerais que le comité fasse preuve de compréhension à cet égard.
Le troisième aspect sur lequel je souhaite revenir ce matin, à la suite de mon témoignage d'hier, traite de l'allégation d'une fuite relative à l'opération de perquisition qui a eu lieu dans le cadre de ce dossier. Même si j'ai peine à voir le lien avec le mandat du comité et la motion à l'étude, j'ai confirmé que cette allégation retrouvée dans les médias m'avait troublé. J'ai également informé le comité qu'à l'époque, j'avais rapidement mené une revue succincte de la situation, et que j'en étais arrivé à la conclusion qu'il n'y avait pas de motifs raisonnables, quant à moi, de croire à une fuite quelconque en provenance d'Élections Canada.
Je comprends que le comité est saisi d'une motion qui pourrait me demander ou m'ordonner — ce n'était pas tout à fait clair dans ce que j'ai entendu hier — de commander une enquête indépendante. Avant d'engager des fonds publics pour une telle enquête, je demanderais, en tout respect, que le comité, s'il le juge à propos, fasse état des considérations qui l'amèneraient à adopter une telle motion, de préciser les allégations quant à cette fuite et de préciser, si c'est possible, les sources de cette fuite. Enfin, je demanderais au comité de préciser de la meilleure façon possible les tenants et aboutissants d'une telle enquête, afin que le mandat qui serait confié à un enquêteur indépendant puisse énoncer clairement quelles sont les attentes du comité et, si la motion devait être adoptée, que le rapport réponde aux attentes du comité.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
D'abord, monsieur Mayrand, je voudrais vous remercier des précisions que vous avez apportées au tout début de la rencontre, et vous rappeler que le 29 avril dernier, tous les partis représentés à cette table, à l'exception des conservateurs, ont voté en faveur d'une motion du Bloc québécois qui visait à réaffirmer notre confiance envers Élections Canada et envers le commissaire aux élections. Alors, je voudrais réitérer cette expression de confiance.
Je voudrais aussi profiter de l'occasion — puisqu'on n'a pas souvent l'occasion de parler, ici — pour vous mentionner que le Bloc québécois va se prononcer contre la motion des conservateurs qui vous demandent de faire une enquête publique sur la fuite qui a conduit des caméras de télévision aux lieux de la perquisition que vous avez effectuée à l'aide de la GRC, parce qu'en ce moment, les conservateurs jouent les vierges offensées.
Ils vous demandent de faire une enquête publique mais eux, ils font des enquêtes internes. Dans l'affaire de Maxime Bernier, ils ont fait une petite enquête à la va-vite aux Affaires étrangères. En ce qui concerne la fuite au sujet de Barak Obama et de l'ALENA, ils ont fait une autre petite enquête à la va-vite à l'interne et maintenant, ils vous demandent de faire une enquête publique. Cela n'a aucun sens et c'est la raison pour laquelle le Bloc québécois va voter contre cette motion.
On le sait et on le voit depuis tout à l'heure, ils font tout ce qui est possible pour faire diversion et prendre des mesures dilatoires, comme ils l'ont fait pendant les 10 heures qu'a duré la discussion qui nous a amenés à vous recevoir hier et aujourd'hui. Ils ne cessent d'utiliser des mesures dilatoires et de soulever des rappels au Règlement plus farfelus les uns que les autres pour éviter de discuter des vraies choses. Même quand ils parlent des perquisitions, ils transforment le sujet. On a l'impression que ce n'est pas la perquisition qui les choque, mais le fait que cela ait été télédiffusé. En fait, quand on a une position indéfendable, c'est peut-être la seule voie à utiliser.
Hier, monsieur Mayrand, vous m'avez dit, à moi personnellement, que vous ne saviez pas à qui attribuer les dépenses de publicité. Il y avait des groupes de transaction qui avaient été formés, et vous avez dit que tout ce que vous saviez, c'est que les dépenses n'étaient pas attribuables aux candidats. Vous avez rappelé tout à l'heure que les agents officiels ne savaient pas que ces dépenses avaient été faites, qu'il y avait une absence de documentation, que les contrats n'avaient été signés ni par les candidats ni par les agents officiels mais par le parti lui-même, et que les factures avaient été produites par le parti. En fait, tout avait été fait sous le contrôle du parti. En plus, ce n'était pas payé à sa juste valeur.
M. Hiebert disait tout à l'heure que les agents officiels étaient des bénévoles, des militants. Mais les agents officiels, normalement, selon la loi — vous pourrez me le confirmer tout à l'heure — doivent, il me semble, faire partie d'un ordre de comptables. Il me semble qu'ils doivent signer des documents qui les rendent responsables des gestes qu'ils vont poser. Il s'agit d'une fonction très importante dans un parti. Il ne s'agit pas de gens qui font du pointage, mais qui ont la fonction d'être agents officiels et de contrôler les dépenses d'un parti en campagne électorale. Cela est tellement important qu'il y a des gens de mon comté qui ne voudraient pas occuper cette fonction parce qu'ils savent que même s'il s'agit de bénévolat, ils sont soumis à un code de déontologie important. J'aimerais que vous puissiez me confirmer cela, tout à l'heure.
Bref, la dépense n'a pas été faite par le candidat, par l'agent officiel. Alors, quand on veut savoir à qui attribuer cette dépense, on peut se demander, un peu simplement, à qui profite le crime. Cependant, il faut se demander d'où provient l'argent. Dans vos documents, quand on cherche qui transfère les fonds, on s'aperçoit qu'il s'agit du fonds conservateur. Alors, je voudrais que vous me parliez un peu d'où venaient les fonds pour que les agents officiels signent les yeux fermés des chèques à Retail Media, je suppose.
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Monsieur le président, je tiens simplement à rappeler aux membres du comité la motion qui fait que nous sommes là. Le dernier point de la motion dit: afin de déterminer si les agissements du Parti conservateur répondent aux normes en matière d'éthique des titulaires de charge publique. C'est une motion dont l'objet est très grave.
De notre côté, nous avons posé plusieurs questions qui sont demeurées sans réponse. Personnellement, j'ai posé des questions pendant cinq minutes au total. Je suppose qu'on pourrait dire que mes collègues ont accaparé le reste du temps, mais j'ai encore des questions à poser et j'espérais pouvoir les poser. Comme certaines personnes le savent peut-être, cinq minutes ne me suffisent pas, à moi.
L'autre question que je soulève — et M. Martin ne l'entendait peut-être pas ainsi et c'est peut-être moi qui n'a pas compris ce qu'il disait en parlant de l'idée de « libérer » les témoins... J'espère qu'il entendait par là que nous allons libérer les témoins pour l'instant. Il y a encore plusieurs témoins, que nous allons choisir en tant que comité en temps et lieu, et d'autres précisions à demander à M. Mayrand.
J'espère que M. Martin n'est pas en train de dire: « Eh bien, voilà, M. Mayrand, vous... » Il se peut que, après avoir entendu d'autres témoignages, nous ayons d'autres questions à poser. Je présume qu'il ne l'entend pas ainsi, mais sa motion vise à faire en sorte que M. Mayrand puisse être libéré pour l'instant, mais qu'il devrait rester en disponibilité, étant donné que nous pourrions le convoquer à nouveau après avoir entendu d'autres témoignages.
Je dis donc simplement à l'auteur de la motion, M. Martin, que, de ce côté-ci, nous avons plusieurs questions à poser encore. Personnellement, j'ai plusieurs questions à poser encore. J'ai eu la courtoisie de laisser à mes collègues le temps de poser leurs questions à eux, mais je dois vous assurer qu'il me faudra plus de cinq minutes pour questionner ces témoins sur une question à ce point importante, pour déterminer les normes attendues de la part d'un titulaire d'une charge publique. C'est une motion dont l'objet est très grave et, bonté, j'aurai droit à plus de cinq minutes pour poser des questions. Et les cinq minutes accordées incluent non seulement les questions, mais aussi les réponses. Essentiellement, si la motion est adoptée, on pourra dire que j'ai été exclu, et vous disposez d'un nombre suffisant de voix dans l'opposition pour faire cela. Nous sommes à votre merci.
Monsieur le président, je n'appuie pas cette motion-là.
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Merci, monsieur le président.
Je vais appuyer le sous-amendement qui fait que nous ajouterions huit tours de table. De même, je m'opposerai certainement à certains des propos qui ont été tenus.
Monsieur Mayrand, je n'essaie d'aucune façon de vous intimider. De fait, j'essaie de savoir ce qui s'est passé jusqu'à maintenant.
Je voudrais que le comité sache, avec tout le respect que je dois à M. Martin, auteur de la motion initiale, ce que M. Martin a dit en présentant la motion. Il a affirmé qu'il présentait la motion, mais que nous, nous faisions de l'obstruction. C'est tout à fait faux. Le compte rendu fait voir que, souvent, notre parti a essayé d'étendre le champ d'action. Nous étions tout à fait prêts à ouvrir nos livres, et pas seulement pour 2006; nous avons offert de les ouvrir pour 2004 aussi, car nous n'avons absolument rien à cacher. La condition pour nous, c'était que l'examen porte sur la situation de tous les partis, étant donné que les comités parlementaires — voici la logique appliquée — ne se penche pas sur le cas d'un seul et unique parti. C'est ce que font les tribunaux. Les comités parlementaires étudient la Loi électorale et les dépenses électorales de tous les partis.
Avec tout le respect qui lui est dû, je dois dire que M. Martin a absolument tort de parler d'un écran de fumée. Nous avons essayé d'ouvrir nos livres complètement. Ils ont bloqué la démarche. De fait, lorsque nous avons proposé d'ouvrir cela, le NPD a été le premier parti à affirmer: « Non, nous ne voulons pas que quiconque ne regarde nos livres. » Et savez-vous ce qui s'est passé en plus? Les libéraux ont pratiquement piqué une crise, surtout quand nous avons parlé de 2004. Voilà qui est drôle. Et, bien entendu, le Bloc a voté contre l'idée.
Bon, voici où je voulais en venir: ce n'est pas un écran de fumée; ce pourrait être une preuve en béton. J'ai devant les yeux une série de courriels que le comité voudra voir, j'en suis sûr, et qui montre en quoi les cinq facteurs de M. Mayrand ont été appliqués à l'affaire en cause. C'est une question significative pour moi. Je veux savoir si une alerte a été donnée dans l'affaire. M. Martin veut peut-être mettre fin à la démarche rapidement parce qu'il sait que le NPD est en cause. Mais je veux savoir si et, le cas échéant, comment les facteurs qui nous sont expliqués depuis deux jours, qui ne se trouvent pas dans la loi, qui ne figurent pas dans les guides, ont été appliqués, et dans la mesure où ils ont été appliqués, pourquoi on les a éliminés.
Je ne veux pas me lancer là-dedans maintenant, mais je veux dire que j'ai besoin de plus de temps pour poser les questions. Huit tours suffiraient probablement. L'agent officiel dit: « Ce n'est pas notre facture. ». Et savez-vous ce que ça dit? « C'est très, très mauvais. Vérifiez donc ça: c'est très, très mauvais par rapport à notre plafond de dépenses. » Et l'aide-comptable du NPD qui dit: « Rentrez ça de force quand même. Mettez-le dedans quand même. »
Monsieur Mayrand a affirmé à plusieurs reprises que nous pouvons faire des transferts de fonds dans un sens comme dans l'autre. Le problème n'est pas là. Par contre, on ne peut transférer des dépenses.
Eh bien, Pat, voici que votre parti donne très exactement cette consigne-là.
Je ne demande donc simplement qu'un tour de questions pour pouvoir demander à notre témoin expert comment il a appliqué ces facteurs inventés dont nous venons d'entendre parler cette semaine, lui demander s'il les a appliqués, de fait, ou, s'il ne les a pas appliqués, pourquoi pas. Ce sont là des questions légitimes. Ce ne sont pas des questions sectaires. Ce ne sont pas des attaques contre le directeur général des élections. Nous avons le plus grand respect pour Élections Canada.
Une voix: Bravo!
M. Gary Goodyear: Parfaitement. De fait, je me rappelle avoir rencontré M. Mayrand à plusieurs reprises. J'ai le plus grand respect pour l'homme. Tout de même, à l'évidence, quelque chose a déraillé, et s'il s'agit là de rien d'autre que d'un exercice de relations publiques des libéraux, nos membres vont continuer de voter en faveur d'une motion qui prévoit au moins huit tours de table supplémentaires. C'est tout à fait juste, surtout vu les paramètres appliqués aux questions que nous pouvons poser au témoin et aux questions auxquelles le témoin peut choisir de répondre ou de ne pas répondre, tout cela ayant été débattu au comité.
Personne ne s'en étonne. Nous avions très bien dit... et tout le monde a fait valoir que l'affaire devrait se trouver devant les tribunaux, là où les questions ne sont soumises à aucune restriction et là où les réponses aux questions ne sont soumises à aucune restriction.
Devinez quoi? Il n'y a pas un groupe de partis de l'opposition qui, par la seule force du nombre, peut moduler et dicter le résultat de la procédure pour se faire du capital politique. Ce sont encore là des partis politiques qui utilisent l'argent du contribuable à leurs fins propres, car tout cela coûte les yeux de la tête.
Et vous voulez limiter le débat? Vous voulez écourter l'exercice pour que nous ne nous réunissions pas jeudi ni encore vendredi. De mon point de vue, le prix du billet d'avion est le même que je reste un seul jour ou sept jours, mais là n'est pas la question. Ce n'est pas ce que l'opposition essaie de faire. Clairement, l'opposition essaie de faire exactement ce qu'elle a fait avec la combine des contrats publicitaires de 40 millions de dollars, c'est-à-dire qu'elle a trouvé une façon originale d'utiliser l'argent du contribuable pour se faire du capital politique.
J'appuie donc tout à fait l'idée de procéder à huit tours de table supplémentaires — pas quinze, ce qui me paraîtrait déraisonnable. Par contre, un seul tour de plus n'est pas raisonnable ni démocratique. Je vais appuyer le sous-amendement prévoyant huit tours de table supplémentaires, qui est pour moi un compromis raisonnable si nous souhaitons débusquer la vérité. De fait, c'est bien ce que nous voulons faire.
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Merci, monsieur le président.
Pour commencer, je tiens à corriger une erreur de fait qui se trouve dans l'exposé initial que fait M. Martin de sa motion. Il a affirmé que la seule façon d'obtenir la permission de la Chambre des communes consistait à adopter une certaine formulation. De fait, aucune permission active n'a été donnée par la Chambre des communes. Le président de la Chambre décidera, après coup, si le rapport du comité est recevable en tenant compte de plusieurs considérations, y compris le fait que le mandat lui-même ait été recevable ou non. C'est simplement pour corriger une erreur dont je sais bien qu'elle était involontaire.
M. Martin a aussi affirmé, en parlant des néo-démocrates, qu'il n'y a rien d'autre à régler au comité, en voulant dire, j'imagine, que nous n'avons plus de questions à poser à ce témoin. Et j'admets le fait qu'il n'a plus de questions à poser au témoin, étant donné qu'il l'a dit; toutefois, on ne saurait dire que personne d'autre n'a encore des questions à poser.
Si je comprends bien, la façon dont le tour se terminerait — je n'ai pas la liste devant les yeux —, il s'agirait essentiellement pour le Parti conservateur de poser une autre question, peut-être deux, puis le tour serait achevé, si ça se passe comme ça. Je ne figure pas parmi les deux dernières personnes à pouvoir intervenir, si tant est qu'il y en a deux, de sorte que je ne pourrai plus poser de questions à M. Mayrand. Je voudrais aborder plusieurs questions qui me paraissent très pertinentes dans le contexte et, de plus, les détails des actions judiciaires actuellement entreprises par les agents officiels du Parti conservateur contre M. Mayrand et Élections Canada. Voilà, monsieur le président, une restriction que vous nous avez imposée.
Si je le souligne, c'est que je souhaite justifier aux yeux des membres du comité, qui décideront comment ils veulent voter, pourquoi il devrait y avoir à mon avis huit tours de table — de fait, je préférerais qu'il y en ait davantage — en rappelant que, pendant les huit tours, il y aurait, je crois, en moyenne trois questions du côté du gouvernement. Or, les membres du gouvernement sont au nombre de cinq. Je m'attendrais à un tour et peut-être à une partie d'un autre tour, de sorte que j'aurais peut-être l'occasion de poser quatre questions.
Selon moi, certaines des questions que je voudrais explorer seraient jugées très, très pertinentes par les autres membres du comité; il s'agirait notamment de discuter plus à fond des cinq facteurs. Le directeur général des élections nous a dit qu'il a demandé à son personnel d'examiner la situation des autres partis et de déterminer si les autres partis répondaient aux cinq critères. En réponse aux questions de mon collègue, M. Hiebert, il a affirmé qu'il ne se rappelait pas très bien s'il avait rédigé la consigne par écrit ou s'il l'avait donnée simplement de vive voix. Mes questions à moi visaient à déterminer s'il s'est agi vraiment d'une enquête sérieuse ou si ça ne s'est pas plutôt fait au petit bonheur, pour la forme, pour qu'il puisse essentiellement dire: « Eh bien, nous avons examiné la situation de tous les partis », ou encore s'il y a vraiment eu une enquête sérieuse. J'aurais voulu parler de cela un peu. Je crois que c'est une considération très, très pertinente.
Il a aussi déclaré, et j'ai pris la peine de le noter, de fait — il utilise le terme « faits » maintenant — « les faits sont apparus une fois que la poursuite était déjà en marche. » J'allais lui demander s'il voulait dire que les facteurs, les cinq critères auxquels il faut répondre, se sont présentés une fois la poursuite entamée. Je dois le confirmer auprès de lui, mais je présume qu'il fait référence aux autres partis.
Je crois que vous pouvez voir le but de telles questions. De fait, si j'interprète bien, cela confirme que les autres partis étaient assujettis à un examen moins rigoureux que le Parti conservateur du Canada quand il s'agit de déterminer s'il fallait oui ou non obtenir un remboursement. De fait, deux poids deux mesures ont été appliqués — je ne dis pas que ce serait M. Mayrand lui-même qui en serait la cause —, selon moi, par les personnes qui ont créé les critères en question.
Je note aussi que M. Mayrand a affirmé clairement qu'il n'a pas nécessairement conçu les cinq critères en question. Les critères existaient. Ce sont peut-être les enquêteurs qui en sont à l'origine. La question évidente est la suivante: cela tient-il au fait que seul l'enquêteur appelé à se pencher sur le compte de la personne du Parti conservateur appliquait ces normes-là, alors que ce sont des normes différentes, moins rigoureuses qui ont été appliquées aux autres partis? Voilà une autre question que j'aurais cherché à élucider en m'adressant au directeur général des sélections.
Il y a une autre question que je chercherais à approfondir, et que j'approfondirais de fait si nous nous entendons pour avoir huit autres tours de table — j'évoquerai les propositions que j'ai faites à M. Mayrand et aussi à M. Corbett, notre commissaire aux élections fédérales, lorsqu'ils sont venus témoigner devant le comité de la procédure et des affaires de la Chambre. À ce moment-là, nous leur posions des questions avant que la Chambre ne décide d'avaliser leur entrée en fonctions.
À ce moment-là, j'ai soulevé la question auprès de M. Corbett et de M. Mayrand: le système des bulletins d'interprétation en usage à Élections Canada est déficient. J'ai soulevé la question auprès d'autres organismes, par exemple l'Agence du revenu du Canada. Les responsables affirment qu'ils interprètent la loi d'une certaine façon, et ils disent en fait — de fait, ils le disent vraiment, c'est écrit — que si vous vous en tenez aux pratiques exposées en étant de bonne foi, vous ne serez pas poursuivi. J'allais signaler que j'ai soulevé la question auprès de lui et de M. Corbett et que, ensuite, M. Mayrand semble avoir décidé de revenir à la mesure même contre laquelle je l'avais mis en garde. J'allais demander si j'avais bien compris qu'il avait délibérément décidé de ne pas adopter la mesure que j'avais recommandée au moment de sa comparution devant le comité de la procédure et des affaires de la Chambre, soit qu'il n'appliquerait pas rétroactivement diverses règles ou interprétations autres que celles dont il disait qu'elles étaient en place — pour être juste, et il n'était pas directeur général des élections au moment des élections de 2006 — que son organisme avait appliqué à ce moment-là. Le cas échéant, j'allais lui demander de justifier une telle fa^con de faire.
En outre, j'allais lui demander si je n'avais pas mal compris ce qui se passait. Certes, ce sont là des questions légitimes qui ne pourront être posées que si M. Mayrand se prête à d'autres questions, au-delà... Comme je l'ai dit, je ne pourrai pas poser d'autres questions si nous nous contentons d'un seul tour de table de plus; par conséquent, il n'a pas à répondre à ces questions-là.
Je crois que ce sont des questions très importantes. J'invite vivement les membres des autres partis à se rappeler que, simplement parce que M. Mayrand ne donne pas des réponses qui concordent avec le récit qui devait sortir de nos réunions selon ce qu'ils avaient imaginé, selon lequel le Parti conservateur serait coupable d'avoir commis des abus extravagants... nous avons entendu le terme « complot ». Nous venons d'entendre M. Hubbard comparer la situation au scandale de Watergate. J'ai entendu le terme « criminel » plusieurs fois et ainsi de suite. Les poursuites au criminel, de fait, ne relèvent pas du mandat de M. Mayrand ou de M. Corbett. Mais toutes ces choses-là... Ce n'est pas parce que le récit attendu ne se concrétise pas qu'il faut renvoyer le témoin chez lui et essayer de trouver d'autres témoins qui raconteront l'histoire voulue, plutôt que de simplement chercher à connaître les faits tels qu'ils existent.
Monsieur le président, dans le contexte, j'inviterais vivement les membres à voter en faveur de l'amendement à la motion de M. Martin proposé par M. Poilievre. Merci.
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J'aimerais que le comité sache quelles sont certaines des questions que je poserais à M. Mayrand pour aider mes collègues à se décider au sujet de la modification que j'ai proposée.
Premièrement, il y a les cinq facteurs qu'il dit avoir pris en considération pour prendre sa décision. Il est incapable de trouver une source documentaire qui prouve qu'il a appliqué les cinq facteurs en question en étudiant les livres des autres partis. Il affirme qu'il a peut-être envoyé un courriel à ce sujet, qu'il a peut-être fait un appel téléphonique, qu'il ne sait pas très bien à qui il a demandé. J'aimerais savoir combien de personnes ont participé à l'enquête sur les autres partis. Il n'a répondu à aucune de ces questions-là.
Quant au premier des cinq facteurs qu'il énumère, il a dit que le problème qu'il décèle dans la conduite du Parti conservateur lui-même, c'est que les agents officiels ne semblent pas avoir une connaissance détaillée des dépenses relatives aux achats de publicité régionale. Par contre, il refuse de montrer où dans la loi il serait dit que les agents officiels doivent posséder une connaissance détaillée de toutes les dépenses engagées dans le cadre d'une campagne.
La seule tâche que doit accomplir l'agent officiel, c'est de faire la comptabilité de la campagne. Il n'a pas à mémoriser tout le contenu des brochures, ni à connaître tout le contenu d'une publicité. Dans le cas des affaires que nous examinons où la conduite du Parti conservateur est en jeu, nous savons que les campagnes locales ont autorisé les annonces. C'est le degré de connaissance détaillée exigé dans la loi. J'aimerais poser des questions à ce sujet.
Ensuite, il affirme qu'il n'y a pas de preuve documentaire établissant l'existence d'une entente contractuelle avec l'un quelconque des candidats participants et le fournisseur Retail Media. Il n'y a pas à en avoir. Il est parfaitement admis qu'une campagne peut acheter les services directement auprès du parti. Un parti peut acheter l'équivalent de 1 million de dollars en placards publicitaires, puis les vendre aux candidats locaux. Les candidats locaux n'ont pas à avoir d'entente contractuelle avec le fournisseur de ces placards; ils n'ont même pas à savoir qui est le fournisseur. Tout ce qu'ils ont à faire, c'est d'acheter les placards du parti, puis de noter la dépense dans leurs comptes. Non seulement c'est permis, mais ça se fait tous les jours.
Tout juste hier, j'ai communiqué avec mon directeur de campagne pour déterminer ce que nous avions l'intention de faire. Pour être franc, je ne sais même pas de qui nous achetions les placards. J'avais uniquement l'intention de les acheter de l'administration centrale du parti. Cela est parfaitement normal, parfaitement admis. Ça se fait tout le temps, et c'est expressément permis dans la loi.
Troisièmement, à propos des déclarations des responsables du parti, il affirme que c'est le parti qui a pris toutes les dispositions nécessaires pour les achats et que les factures ont été transmises au parti. C'est exactement comme j'ai dit à mon deuxième point. C'est parfaitement admissible. Voilà une question que je souhaite lui poser. N'est-il pas parfaitement admissible que les partis acquièrent des services pour les vendre ensuite à leurs candidats?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie beaucoup M. Mayrand d'être ici. Il en a dit suffisamment pour nous donner le goût de recevoir d'autres témoins. Il nous a fait un exposé de la Loi électorale du Canada qui était d'une très grande qualité. C'était très clair. Toute sa présentation a été immensément claire, mais il demeurait quelques zones d'ombre pour chacun de nous. Nous avons posé des questions, demandé des précisions de bonne foi. Il n'en demeure pas moins que toute sa présentation était d'une très grande qualité.
Les cinq critères, contrairement à ce que nous dit M. Goodyear qui vient juste d'appendre qu'il y a cinq critères, nous ont été exposés au début de la présentation, avant même que l'on ait posé des questions. Je vous réfère, monsieur Goodyear, aux documents contenant la présentation que nous avons reçus. Les cinq critères s'y trouvent. C'est clair pour quelqu'un qui veut comprendre. Ces cinq critères s'appuient sur la loi, c'est-à-dire que les dépenses doivent être faites par l'agent officiel. Elles doivent être autorisées et payées par l'agent officiel. C'est clair. En tout cas, j'ai compris que quand un agent officiel ne connaît pas une dépense, cela veut dire qu'il ne l'a certainement pas autorisée. Quand il n'y a pas de documents pour le prouver, qu'il n'y a pas de contrat, qu'il n'y a pas eu de facture du fournisseur et qu'il ne l'a pas payée à sa juste valeur, c'est clair que cela ne respecte pas la loi.
On parle de payer à sa juste valeur, alors je voudrais vous rappeler que Josée Verner, la ministre, n'a payé que 9 300 $ pour une annonce publicitaire dans laquelle elle était mise en valeur, alors que sa collègue du comté d'à côté, Sylvie Boucher, qu'on n'a jamais vu dans cette annonce, a payé 39 000 $. C'est clair qu'il y a une différence entre ce qui a été payé et ce que ça valait. Si je devais payer 39 000 $ pour une publicité dans laquelle je ne suis pas présente, je ne serais pas très contente. Je ne suis pas certaine que je l'accepterais. Je changerais d'agent officiel.
Cela étant dit, les cinq critères nous ont été expliqués pendant six heures, peut-être un plus, et ça a été très clair. On reverra M. Mayrand au besoin.
Je voudrais ouvrir une courte parenthèse relativement aux allégations de M. Poilievre sur les différences avec le Bloc québécois. Je l'ai expliqué plusieurs fois, mais M. Poilievre, visiblement, ne comprend pas ce qu'il ne veut pas comprendre. D'abord, en 2000, c'était légal. Depuis, la loi a changé. D'autre part, lors des élections subséquentes, nos candidats et nos agents officiels connaissaient-ils les dépenses? Oui, ils les connaissaient. On a décidé ça en conseil général, de façon tout à fait démocratique. Tous les candidats et tous les agents officiels connaissaient les dépenses. Y avait-il des documents? Je vous réfère aux procès verbaux et aux comptes rendus de ces conseils généraux. Ont-ils signé des contrats? Oui, ils en ont signé. Ont-ils eu une facture du fournisseur? Oui, ils l'ont eue. Ont-ils payé la juste valeur? Oui. Tout le monde a payé de façon équitable. Voici pour la différence avec le Bloc québécois. De toute façon, deux DGE ont dit qu'on avait agi correctement, parce qu'on a demandé une interprétation du DGE. Une cour supérieure a dit qu'on avait raison et il n'y a pas eu de perquisition aux bureaux de notre parti.
Cela étant dit, il serait très agréable de revoir M. Mayrand au besoin, mais on ne veut pas limiter le débat. On ne veut pas arrêter ce débat, au contraire, on veut le voir se poursuivre, se développer et évoluer. On ne veut pas le voir dérailler comme est en train de faire le Parti conservateur. En effet, c'est exactement ce que vous faites. Vous êtes en train de — j'ose utiliser le terme — « morpionner » le débat parce que vous n'aimez pas ce que vous entendez. Étant donné que vous avez déjà voté contre le fait d'accorder votre confiance au directeur, on ne peut pas faire autrement que de penser que toutes vos questions n'ont d'autre but que de le faire dérailler. On ne peut pas penser autre chose. Vous-mêmes, chacun d'entre vous, vous vous êtes levés à la Chambre pour voter contre le fait d'accorder votre confiance au directeur. Vous avez dit vous-mêmes que vous n'accordez pas votre confiance au directeur des élections qui est assis ici. Comment peut-on penser de bonne foi que vous lui posez des questions qui ont pour but de faire évoluer le débat et de nous faire mieux comprendre la situation? Si on le garde davantage, je pense que cela va ressembler à un interrogatoire qui a pour but de le torturer. Je vous dirais, en boutade, qu'on n'est pas à Guantanamo.
Pour toutes ces raisons, je pense qu'un dernier tour sera suffisant, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Encore une fois, contrairement à ce que Mme Lavallée a dit, j'aime ce que j'entends ici, mais n'en parlons plus. Je pense que nous sommes bel et bien en train d'éclaircir certaines choses en essayant de mieux comprendre comment ces décisions ont pu être prises. Mais en ce qui concerne la question des tours de table supplémentaires, je ne vais pas me prononcer.
Le problème est le suivant, monsieur le président. Les greffiers nous ont remis un certain nombre de documents, et j'ai ici un document dont nous n'avons même pas parlé. Il s'agit du résultat d'excellentes recherches effectuées par la Bibliothèque du Parlement — Library of Parliament —, et je pense que tous les députés seront d'accord pour dire que les gens de la Bibliothèque du Parlement sont d'extraordinaires spécialistes pour ce qui est de faire des recherches et de bien cerner les questions que nous devons examiner.
Eh bien, la Bibliothèque du Parlement a découvert un certain nombre de choses, et je ne vais pas aborder les questions, puisque nous devons mettre l'amendement aux voix. Le document indique cependant qu'Élections Canada affirme que les frais de publicité dont le remboursement a été demandé ont été engagés non pas par les candidats, mais bien par le parti, parce que — c'est ce que le document dit — les messages visaient à promouvoir le parti et ses politiques, et non les candidats ou leurs politiques. Mais voyez-vous, hier, M. Mayrand a dit — ou à tout le moins nous avons découvert — que je pourrais acheter de la publicité pour faire la promotion du parti. J'aime mon chef. Cela me permet d'obtenir des votes, parce que, au bout du compte, ce n'est pas le parti qui obtient les votes. Les électeurs votent pour moi.
Selon Élections Canada, la promotion d'une ligne symbolique n'est pas suffisante. Selon la Loi électorale, c'est cependant amplement suffisant. J'aimerais donc mieux comprendre de quoi il retourne.
Ensuite, bien entendu, la Bibliothèque du Parlement donne son opinion sur l'affaire. Voici ce qu'elle dit: « La Loi électorale du Canada permet de transférer en grande partie librement des fonds, des biens et des services. » Nous avons donc déjà établi tout cela.
Je comprends. Je n'en viens pas au fait. Je vais essayer de le faire.
Je crois que l'idée, au bout du compte, c'est ceci. Je ne vais pas lire tout ça, encore une fois parce que nous n'avons pas le temps, mais ce que je dis, c'est que j'ai d'autres questions à poser à la lumière de l'information que le comité lui-même a fournie. Nous n'avons pas été en mesure d'examiner la documentation que nous avons demandée, que tous les députés ont demandée, aux greffiers et aux recherchistes de la Bibliothèque du Parlement.
Eh bien, ce qui me préoccupe, c'est que les députés de l'autre côté ont lu le document et ils ont décidé déjà que ça allait faire trop de dommages, alors ils veulent mettre fin au processus. Je pense pour ma part que ce n'est vraiment pas ce que nous devrions faire.
Ce n'est pas nous qui avons demandé la tenue de la séance, monsieur le président. Je soupçonne que c'est l'opposition qui l'a fait. Mais nous sommes ici. Les contribuables ont déjà payé pour que je sois ici. Ils ont payé, monsieur le président, pour que vous soyez ici. Ils ont payé pour que tout cela soit traduit dans les deux langues officielles. Pourquoi voudrions-nous tout régler en une, deux, trois ou quatre heures? C'est ridicule. Peut-être aurions-nous dû laisser les tribunaux s'occuper de l'affaire. Mais maintenant que nous nous sommes engagés dans cette voie, nous devons terminer le travail. Pourquoi courir et essayer de prendre des raccourcis alors que nous avons presque fait la moitié du chemin? Il ne peut y avoir qu'une raison: ils savent très bien que si nous continuons de poser des questions, cela va révéler leur opportunisme politique et leur esprit de parti. Ça va aussi montrer encore une fois aux contribuables que ce parti n'a pas changé, qu'il fait toujours preuve de créativité lorsqu'il s'agit de trouver des façons d'utiliser l'argent des contribuables pour obtenir des votes. C'est ce qui va finir par ressortir de tout ceci.
Je n'ai pas l'intention de montrer cela. Ce n'est pas mon intention. Je pense qu'il va être évident aux yeux des Canadiens que les libéraux, par exemple, font la même chose depuis des années, dès le moment où ils ont volé l'argent des contribuables pour gagner le Québec à coup de publicités. Nous sommes encore une fois témoins de leur façon créative d'utiliser l'argent des contribuables.
Si j'étais vous, Pat, je ne parlerais pas trop fort, parce que l'exemple que j'ai, c'est celui de votre parti. Des preuves accablantes, cher ami.
Je pense donc que la moindre des choses que nous devons faire...
Marlène, vous savez que c'est vrai. Un tour de table ne suffira pas. Huit tours? Je pense que même huit tours, ça ne suffira pas.
Mais j'essaie de faire des compromis. Faisons huit tours, et peut-être les membres du comité seront-ils d'accord pour rappeler M. Mayrand si d'autres questions sont soulevées. D'une façon ou d'une autre, l'idée, c'est de faire sortir la vérité, pas des demi-vérités.
Je sais que vous êtes habitué aux demi-vérités, monsieur Dhaliwal; je sais que vous l'êtes, mais calmez-vous. Nous sommes ici pour faire ressortir toute la vérité. C'est quelque chose de nouveau.
Je vais terminer là-dessus. Merci, monsieur le président, mais je demande instamment aux membres du comité de voter en faveur de l'amendement.
[Français]
Monsieur Mayrand, merci beaucoup d'être ici. Je pense que je peux, avec beaucoup de confiance, parler au nom de mon caucus et de mon parti concernant l'appréciation que nous avons de la qualité du travail, de l'impartialité, de l'objectivité d'Élections Canada et du directeur général d'Élections Canada, tant ici, au Canada, par rapport à nos élections fédérales générales qu'outre-mer et ailleurs dans d'autres pays.
Des insinuations ont été faites par des députés fédéraux du Parti conservateur comme quoi si vous refusiez de répondre à certaines questions qui vous ont été soumises lors de ces séances, cela indiquait nécessairement que vous craigniez d'affaiblir le cas qui se retrouve devant la cour actuellement, dans le cadre de la poursuite entamée par le Parti conservateur contre Élections Canada. Cela est simplement, à mon avis, ainsi que de l'avis de quiconque ayant le moindre soupçon de compréhension de la loi, ridicule.
D'autres comités permanents de la Chambre ont entendu des témoins sur d'autres sujets où les témoins, dans des cas en litige devant une cour criminelle ou civile, ont refusé de répondre à certaines questions.
[Traduction]
Je crois que c'est un acte répréhensible, de la part des députés conservateurs, d'insinuer que le directeur général des élections refuse de répondre à certaines questions en litige qui sont devant la Cour fédérale parce qu'il a peur de nuire à la cause qu'il soutient devant celle-ci. Nous avons vu des cas où les témoins qui ont comparu devant d'autres comités permanents au sujet du projet de train léger... Les conservateurs se rappellent peut-être que le ministre de l'Environnement., M. Baird, a annulé tout le programme. Eh bien, des témoins des deux parties de la poursuite au civil ont refusé de répondre à certaines questions posées par les membres du comité permanent.
Ce que je pense, pour essayer d'être objective, c'est que le directeur général des élections peut ne pas vouloir répondre à certaines questions posées par les députés conservateurs parce qu'il ne veut pas causer davantage de tort au parti, dont la réputation est déjà ternie par la fraude électorale et les méthodes de financement louches.
J'ai une question. D'après son rapport de campagne électorale, plus de 90 p. 100 des dépenses électorales du candidat conservateur de Cardigan, Île-du-Prince-Édouard, avaient trait à la publicité. Eh bien, cette circonscription, Cardigan, est l'une de celles qui étaient mentionnées à la fin du message publicitaire télévisé, avec d'autres candidats conservateurs. Il ne s'agit cependant pas de l'une des circonscriptions qui, selon Élections Canada, ont participé à la manigance dont l'organisation a déterminé qu'il s'agissait d'une infraction à la loi, premièrement, et qui fait qu'elle refuse de rembourser certaines dépenses. Deuxièmement, dans le rapport d'élections, l'agent officiel du candidat du Parti conservateur de Cardigan, à l'Île-du-Prince-Édouard, n'a pas déclaré ce message publicitaire dans les dépenses électorales, et ce message ne figurait pas non plus dans le rapport du parti national comme dépenses pour cette campagne électorale du candidat conservateur de Cardigan.
Avez-vous une quelconque explication à cet égard? Vous n'avez peut-être pas l'information en main. Si c'est le cas, pourriez-vous la fournir aux membres du comité par écrit, par l'intermédiaire de la greffière et du président, c'est-à-dire la raison pour laquelle le bureau de campagne n'a attribué aucune dépense à ce message publicitaire, lequel, avec les médias du Parti conservateur, ont publiquement attribué la publicité à cette circonscription par le moyen d'une mention du nom de l'agent officiel du candidat du Parti conservateur de Cardigan, à l'Île-du-Prince-Édouard? Dans le cadre du financement électoral, est-il possible qu'un message, qu'il soit imprimé ou électronique, soit attribué à un candidat sans que ce candidat n'ait à en déclarer la valeur à Élections Canada? Est-ce possible?
J'ai dépassé le temps qui m'était alloué.
Une voix: Vous n'aimez pas les règles, vous autres.
Une voix: Vous n'arrivez pas à vous habituer à suivre les règles.
Une voix: Puis-je prendre la parole?
Le président: Non, non, nous sommes en train de régler quelque chose.
Une voix: Le témoin.
Le président: Silence, silence.
Une voix: Faites entrer les témoins.
Le président: D'accord, je vais y arriver.
Je ne trouve pas ça drôle qu'on rie lorsque je demande le silence.
Nous avons bel et bien adopté une résolution selon laquelle nous allions entendre les deux derniers intervenants du tour de table et M. Poilievre. Après que M. Poilievre a fini de faire ses observations, et lorsque nous étions prêts à libérer M. Mayrand, celui-ci, d'après ce que j'ai entendu...
Une voix: Ce n'est pas vrai.
Le président: Je n'ai pas encore dit ce que j'avais entendu, alors comment pouvez-vous savoir que ce n'est pas vrai?
Une voix: Vous faites ça tout le temps.
Le président: J'ai entendu quelque chose au sujet de proposer la motion de M. ...
:
D'accord, chers collègues nous reprenons les travaux.
Nous avons fini de poser des questions aux témoins. Nous passons maintenant au deuxième point de notre avis de motion. Nous avons fini d'interroger MM. Mayrand et Bernier. Il y a deux ou trois affaires dont nous avons prévu nous occuper, et j'aimerais que nous le fassions maintenant. J'aimerais vous expliquer comment nous allons faire ça.
J'ai inscrit « travaux du comité » dans l'avis de convocation, et, comme nous en avons parlé très brièvement hier, la principale raison, c'est que nous devons parler des futurs témoins. Nous avons adopté une méthode de fonctionnement selon laquelle les membres de chacun des partis devaient dresser une liste de témoins proposés et la présenter au greffier avant le début de la séance d'aujourd'hui, c'est-à-dire avant 10 h. Ça a été fait. Tous les doublons ont été supprimés, sauf dans deux cas. J'en ai relevé deux, en fait, qui sont répétés, mais je vais vous en parler. Nous voulons donc nous occuper de cette liste de témoins.
Nous voulons également régler la question des dates des prochaines séances. J'ai écouté certaines interventions. Deux ou trois députés ont soutenu avec vigueur que, en ce qui concerne le Québec, il est grosso modo impossible de prévoir les réunions pendant la dernière semaine de juillet et la première d'août. C'est une période importante — pour les vacances et pour d'autres activités — au Québec, et par conséquent, je vais proposer...
Par ailleurs, M. Goodyear, entre autres, a mentionné à deux ou trois reprises que le fait de venir ici pour deux jours, pour rentrer ensuite et revenir pour deux jours encore, ce que ça coûte en billets d'avion... ce que je vais vous proposer — et vous pourrez jeter un coup d'oeil sur votre calendrier dès maintenant —, c'est que, une fois que nous aurons réglé la question de la liste de témoins, le comité pourrait se réunir les 11, 12 et 13 août, et peut-être aussi le 14. C'est dans à peu près un mois. Ça va donner suffisamment de temps aux membres du comité, aux greffiers, et ainsi de suite. Nous avons pas mal de travail à faire: établir clairement les raisons pour lesquelles il est pertinent que nous recevions tel ou tel témoin, regrouper ceux-ci, vérifier s'ils sont disponibles, et ainsi de suite. Ça va prendre du temps. Nous n'arrivons pas à terminer ce travail avant la dernière semaine de juillet. Ainsi, la possibilité que nous avons, c'est la semaine que je propose. Donc, en fonction du nombre de témoins que nous allons pouvoir recevoir, ce sera deux, trois ou quatre jours, mais ce sera entièrement pendant cette semaine. C'est ce que je propose aux députés.
Enfin, il y a une autre affaire dont nous devons nous occuper, et c'est la motion de M. Reid, qui a été présentée au comité en bonne et due forme et qui a été proposée. C'est une motion qui est sujette à débat. Les députés le savent, et nous devrions régler ça. Par ailleurs, c'est la dernière chose dont nous allons nous occuper, d'après ce que je peux voir. C'est simplement pour donner aux députés une idée de ce que nous allons faire.
La liste des témoins proposés par les députés est très longue. Si vous avez tous en main votre exemplaire de cette liste, je veux vous montrer que, à la deuxième page... Avez-vous un exemplaire de la liste?
:
Au commencement de la liste de témoins figurent le nom de M. John Courtney, de M. Andrew Heard et de Mme Heather MacIvor. J'observe qu'aucune de ces personnes n'a participé aux élections de 2006; or, on permet que leur nom demeure sur la liste. Pourquoi? Parce qu'ils sont prêts — ou, à tout le moins, ils vont être invités — à offrir des commentaires au sujet de cette élection et du financement électoral d'un parti pendant cette élection, même s'ils n'ont pas participé à l'élection en question. Selon toute logique, si on permet que leur nom demeure sur la liste, une foule de personnes qui peuvent aussi avoir quelque chose à dire au sujet des pratiques de financement du Parti conservateur pendant les élections de 2006 devraient aussi être sur la liste.
Ainsi, même si le prétexte — injustifiable en soi — pour exclure tous les témoins conservateurs appelés était valide, il n'a pas été appliqué de façon uniforme, car nous permettons que le nom de certaines personnes demeure sur la liste alors que celles-ci n'avaient rien à voir avec les élections de 2000 ni avec les pratiques du Parti conservateur durant ces élections.
Je trouve intéressant de constater que M. Martin veut que le nom de Robin Sears soit retiré. Robin Sears n'est pas appelé à commenter les pratiques électorales passées. On l'appelait pour commenter les pratiques du Parti conservateur aux dernières élections, dans le cadre desquelles il a été commentateur. M. Martin et l'opposition veulent que son nom soit retiré pour la seule et unique raison qu'il pourrait exprimer des opinions qu'ils ne partagent pas. En somme, c'est le seul critère appliqué pour déterminer l'admissibilité des témoins ici. Si l'opposition ne souscrit pas aux opinions d'un témoin potentiel ou a peur de l'information que pourrait divulguer ce témoin, alors on l'empêche de se présenter devant le comité. C'est essentiellement ce qui s'est produit jusqu'à maintenant.
Je ne peux pas imaginer comment on pourrait justifier une chose pareille.
Supposons que l'opposition avait raison, qu'aucun des autres partis n'a eu recours, dans le cadre des dernières élections, aux pratiques dont on nous accuse. Si c'est le cas, alors pourquoi ne laisse-t-on pas simplement les témoins se présenter et le démontrer? Ils peuvent comparaître; cela ne prendra que quelques minutes. Nous poserons nos questions, ils y répondront et, si la pratique du transfert « in and out » dont nous sommes accusés n'a jamais été utilisée par un autre parti dans le cadre d'une élection, cela se verra facilement, très, très vite. Bien sûr, nous savons très bien que tous les partis ont fait exactement la même chose que ce dont l'opposition accuse actuellement le Parti conservateur. Si nous avons l'occasion d'entendre les autres partis parler de leurs pratiques, tout le monde verra bien que c'est évidemment le cas.
Monsieur le président, vous avez pris vos directives du bureau du chef de l'opposition lorsque vous avez rayé de la liste toutes les personnes qu'on croyait susceptibles de compromettre les libéraux. Les autres partis, qui tentaient de jeter un voile sur leurs propres activités et leur propre hypocrisie à l'égard du processus électoral, vous ont donné une liste supplémentaire de personnes à exclure. Et il est intéressant de constater que, si l'on cherche une constante dans la façon dont vous avez dressé la liste des témoins, le seul critère appliqué uniformément, c'est que chaque personne à qui vous avez refusé le droit de témoigner ou que vous avez retiré de la liste des témoins est affiliée au Parti conservateur -- chaque personne. Chaque personne que vous avez autorisé est affiliée à l'opposition. C'est la seule constante dans votre décision. Aucune autre justification ne saurait s'appliquer de façon uniforme à chaque nom sur la liste. Par conséquent, je m'oppose à cette liste.
De plus, les députés et les membres du Cabinet ne sont pas tenus de comparaître, et je doute fort qu'ils aient l'intention de participer à votre semblant de tribunal d'inquisition. Vous pouvez faire ce que vous voulez de cette prédiction.
Merci beaucoup.
:
Monsieur le président, le comité a confirmé votre décision selon laquelle le témoignage de certaines personnes n'était pas pertinent parce que c'était le cas. Votre décision a été confirmée, car aucune raison crédible ne donnait à penser que ces témoins sauraient quoi que ce soit des activités du Parti conservateur du Canada en ce qui concerne ses dépenses dans le cadre de la compagne électorale et les normes éthiques qui régissaient les titulaires de charge publique pendant la campagne électorale de 2006.
L'un de mes collègues de l'opposition, monsieur Poilievre, remet en question la pertinence de faire témoigner ces experts du droit électoral, malgré votre décision à cet égard. D'ailleurs, le comité a confirmé votre décision.
J'aimerais simplement faire valoir une chose. M. John Courtney est politicologue à l'Université de la Saskatchewan, au Diefenbaker Canada Centre, et expert du système électoral canadien. Pourquoi? Parce qu'il mène des recherches scientifiques sur le sujet.
M. Andrew Heard est professeur agrégé de science politique à l'Université Simon Fraser, et il mène aussi des recherches scientifiques sur le système électoral canadien.
Heather MacIvor est professeur de science politique à l'Université de Windsor. Elle aussi est politicologue et mène des recherches scientifiques sur le système électoral canadien.
M. Martin a déposé une motion visant à modifier la liste, et vous avez rendu une décision — que le comité a confirmée — qui consiste à retirer le nom de M. Robin Sears. Or, M. Robin Sears, autant que je sache, n'est pas un universitaire et n'a pas gagné sa vie à mener des recherches scientifiques sur le système électoral canadien. Je crois comprendre qu'il est conseiller en communications pour le Très honorable Brian Mulroney. S'il n'occupe pas ce poste actuellement, il l'a fait par le passé. Il n'est manifestement pas un potentiel témoin non partisan, contrairement aux universitaires. C'est la première chose.
Monsieur le président, je voudrais aussi proposer un amendement à la motion de M. Martin. Je propose qu'on retire le nom de Jean Landry et de Lise Vallières. Ils figurent à la page 4, au milieu. La ligne commence ainsi: « Richmond—Arthabaska: Jean Landry (candidat) et Lise Vallières (agent officiel) », soumise par le Parti libéral et le Bloc québécois. Je propose qu'on les retire. Je crois que cela ferait probablement le bonheur des députés conservateurs qui sont membres du comité.
Une voix: Absolument.
Mme Marlene Jennings: M. Landry était candidat conservateur dans le cadre des élections de 2006. Je propose, par mon amendement, que l'on retire son nom.
Je dirais qu'il y a bien assez de témoins conservateurs potentiels sur cette liste, alors j'ai du mal à comprendre pourquoi M. Poilievre, M. Tilson, M. Reid et M. Goodyear sont dans tous leurs états parce que certains des témoins qu'ils ont proposés ont été rejetés. Il y a un grand nombre de députés conservateurs qui étaient candidats aux élections de 2006 et dont le nom demeure sur la liste. Les exemples abondent: Ann Julie Fortier, Liberato Martelli, David Marler, Gary Caldwell, Joe Goudie, Cynthia Downey, Sam Goldstein, Elizabeth Pagtakhan, Louise O'Sullivan et Steve Halicki.
Monsieur le président, laissez-moi lire deux ou trois autres noms qui sont sur la liste et qui désignent en fait des titulaires de charge publique. Où sont-ils? Permettez-moi d'en nommer quelques-uns: Maxime Bernier, de la Beauce, et son agent officiel, Aline Drouin; madame Josée Verner...
[Français]
Mme Josée Verner est une titulaire de charge public. Son nom est toujours sur la liste. Les conservateurs devraient être contents. Si on consulte la liste des témoins, on peut voir les noms des personnes suivantes: M. Christian Paradis, qui vient d'avoir une promotion lors du dernier remaniement ministériel de M. Harper, et son agent officiel, Mme Manon Blanchette; Stockwell Day, le ministre de la Sécurité publique, et son agent officiel, Neil Jamieson; Lawrence Cannon, ministre des Transports, de l'Infrastructure et des Collectivités, et ministre politique pour la région du Québec, ainsi que Marc Lafrenière, son agent officiel; Jay Hill, le whip du gouvernement, et son agent officiel, Cecil C. Cranston.
Comme je l'ai dit — et je ne les ai pas tous nommés —, il y a beaucoup de membres conservateurs. Il y a même des titulaires de charge publique qui sont conservateurs ou des agents officiels de conservateurs qui demeurent sur la liste. Je me demande pourquoi les quatre conservateurs assis devant moi sont en train de pleurer.
Ma motion a pour but de biffer le nom de M. Jean Landry et de son agent officiel, Mme Lise Vallières.
[Traduction]
Donc, mon amendement vise à retirer le nom de Jean Landry et de Lise Vallières de la liste de témoins et je propose en outre qu'on accorde au président le pouvoir de citer à comparaître ces témoins qui demeurent sur la liste, au besoin.
:
Dans ce cas, je vais profiter de l'occasion pour parler des deux. Je crois que vous constaterez que je suis autorisé à le faire, car le comité a l'habitude de clore les débats au moyen de cette stratégie, et c'est probablement ce qui va se produire. Il est assurément possible de recommencer.
Je vais commencer par signaler la chose évidente. Le Bloc québécois a soumis 45 noms de témoins, le Parti libéral en a soumis 43, les néo-démocrates en ont proposé 17 et le Parti Conservateur en a proposé 11. Chaque témoin proposé par le Parti conservateur a été rejeté.
Nous n'avons pas eu l'occasion d'entendre une explication pour justifier l'appui que les membres du comité ont accordé au président. Nous n'avons pas entendu la justification du président. Mon inquiétude évidente à cet égard — cela est pertinent à la discussion en cours, comme nous examinerons d'autres propositions de témoins — tient au fait que, lorsqu'on a soumis le nom de ces personnes, on a joint certains renseignements.
Par exemple, il y a eu Libby Davies, députée de Vancouver Est; Phyllis Loke était l'agent officiel de Mme Davies dans le cadre des élections de 2006. Bien sûr, ce ne sont pas là toutes les caractéristiques de ces personnes. Il y a beaucoup de facettes à leur personnalité, leur profession, leurs opinions et ainsi de suite, et certaines de ces caractéristiques auraient pu se révéler pertinentes, vu la question étudiée, surtout au moment de comparer les pratiques, lesquelles, dans bien des cas, et même dans les cas énumérés ici, étaient identiques à celles qu'Élections Canada a condamné dans le cas des candidats conservateurs. Voilà pourquoi ces témoignages auraient été pertinents.
Quoi qu'il en soit, des membres auraient pu tenter de les interroger sur des sujets qui sortaient du cadre du débat. Ces questions auraient pu être déclarées irrecevables. Leurs commentaires au sujet des similitudes — ou des différences, selon le cas — avec leurs pratiques auraient fait la lumière sur le rejet par Élections Canada des dépenses électorales de différents candidats conservateurs. En effet, leur comparution aurait été on ne peut plus pertinente.
J'ai remarqué que vous n'avez pas rejeté M. Sears, seul nom à ne pas être accompagné d'une description. M. Martin a fait cela, j'imagine, à cause d'une des caractéristiques de M. Sears — qui, comme toutes les autres personnes sur la liste, a une personnalité, une carrière et des intérêts, entre autres, qui comportent de nombreuses dimensions — est qu'il a déclaré officiellement que ces audiences étaient inappropriées. Cela s'inscrit dans une tendance des députés de l'opposition de ce comité à rejeter tout témoignage à l'encontre de la position qu'ils défendent. On a fait fi du témoignage de M. Mayrand, par exemple, lorsqu'il disait des choses qui ne correspondaient pas à leur version des faits.
M. Sears, je peux vous le garantir, n'aurait pas été de leur avis, et je doute fort que Libby Davies ou Rick Limoges ou Jean-Paul Marchand, candidat du Bloc québécois dans le cadre des élections générales de 2000, auraient livré des témoignages qui correspondent à leur version des faits; cela aurait nécessité votre intervention à titre de président, pour les orienter dans la bonne direction — c'est-à-dire, seulement se concentrer sur des questions au sujet du caractère uniforme de l'application de la loi à leur parti et à leur campagne et au Parti conservateur et aux différents candidats conservateurs dans le cadre des élections de 2006. Cela aurait assurément été pertinent. Ces points sont assez importants.
Trois experts du droit électoral ont été proposés par le Parti libéral, et Mme Jennings a plaidé en faveur de leur présence. Ce n'est pas mon rôle de déterminer s'ils ont des commentaires pertinents à faire. Il est raisonnable de penser que c'est le cas. J'ai peine à comprendre en quoi ils sont plus ou moins qualifiés que M. Sears, que M. Martin, par sa motion, propose d'exclure de la liste des témoins. Ce sont toutes des personnes qui participent au processus. Je ne peux mettre le doigt sur une distinction, mais, lorsque j'ai fait un commentaire au sujet de la personnalité de M. Sears, M. Martin a dit qu'il avait une personnalité terrible. Eh bien, le fait que M. Martin n'apprécie pas personnellement M. Sears ne constitue pas une raison pour ne pas l'inviter.
Une voix: Il était chef de cabinet pour Bob Rae.
M. Scott Reid: Dieu sait que, si la personnalité était le fondement pour devenir membre du comité, beaucoup d'entre nous ne serions peut-être pas admissibles. Je ne crois pas que cette décision devrait s'appuyer sur ce fondement. M. Sears a effectivement des choses pertinentes à dire, et il a affiché ses couleurs publiquement. Il serait pertinent que ces questions soient présentées au comité. Je crois qu'il faudrait tenir compte de cette considération.
Laissez-moi parler un instant de M. Jean Landry. Je ne peux pas me prononcer sur Lise Vallières, mais elle était son agent officiel dans le cadre de la campagne de 2006. Je crois comprendre que M. Landry, qui était un candidat du Parti conservateur aux élections de 2006, a quitté le Parti conservateur depuis cette époque. Il cherche maintenant à se faire élire sous la bannière libérale, ou il l'a déjà fait, je ne sais pas où il en est. Quoi qu'il en soit, on peut croire que sa présence rendrait évident le conflit — ce n'est pas le bon terme — , puisqu'il cherche à se faire élire comme candidat libéral et il doit faire ce qu'il peut pour discréditer le Parti conservateur afin de remporter sa campagne. Il va sans dire que le bien-fondé de son exclusion de la liste est évident.
Pourtant, c'est la seule des 105 personnes proposées par les autres partis qui est remise en cause à l'heure actuelle, tandis que chacun des témoins proposés par les conservateurs — sans exception — a été rejeté, tout comme chacune des questions que j'aurais posées à M. Mayrand, si la durée de son témoignage avait été celle prévue, qui m'ont aussi été refusées. Cela démontre bien à quel point ces audiences s'apparentent à la chambre étoilée ou à un semblant de tribunal d'inquisition.
Il y a encore un problème, monsieur le président. Je change légèrement de cap, car je veux parler de certains des autres témoins que ni M. Martin ni Mme Jennings ont décidé d'exclure de la liste. Une nouvelle règle a été adoptée ce matin: l'interprétation sélective de la convention relative aux affaires sub judice. Jusqu'à maintenant, les libéraux et les néo-démocrates n'ont affiché que du mépris pour la convention relative aux affaires sub judice. Je sais ce que je dis, car, déjà en août dernier, je remettais en cause la légitimité de présenter ces questions au comité de la procédure et des affaires de la Chambre parce que les tribunaux en étaient saisis.
Jusqu'à ce matin, on avait convenu d'en faire fi. Il faut passer à l'action, et nous ne nous embêterons pas avec les dispositions de la convention relative aux affaires sub judice. Nous nous fichons du fait que la question soit présentée aux tribunaux; nous devons poursuivre nos travaux — à moins, bien sûr, que cela ne suppose d'examiner les pratiques des autres partis.
Essentiellement, les autres partis ont passé un an à s'opposer à parler de quoi que ce soit qui supposerait l'examen de l'une ou l'autre de leurs pratiques: il ne faudrait surtout pas qu'on s'aperçoive qu'elles sont identiques à celles des conservateurs. En effet, sachez que nous faisons exactement la même chose — et les tribunaux ont confirmé que c'était légal — que le Bloc québécois, qui avait pris cette mesure particulière et exigé que ses candidats cèdent des fonds à la campagne nationale. Dans leur cas, cette mesure servait à gonfler la somme du remboursement d'Élections Canada; la convention relative aux affaires sub judice n'avait tout simplement pas de poids.
On ne s'en préoccupait même pas hier, lorsque, devant le comité, M. Mayrand a pu répondre à des questions liées à des affaires dont le tribunal était saisi concernant le cas des agents officiels du Parti conservateur qui contestent le refus de nous rembourser nos dépenses. Tout d'un coup, c'est sacré, et M. Mayrand n'a pas pu répondre à des questions qu'il avait lui-même portées à notre attention — par exemple, les cinq critères qui justifient que l'on accorde ou non un remboursement.
Maintenant que le comité a adopté cette règle, je ne peux faire autrement que de remarquer le grand nombre de témoins potentiels dont la comparution n'a été contestée ni par M. Martin ni par Mme Jennings; leur présence semble donc acceptable à l'opposition, alors qu'ils sont impliqués dans le litige en question. En effet, chaque agent officiel sur la liste — pas toutes les personnes sur la liste, mais chacun des agents officiels — serait impliqué. Par exemple: dans la circonscription de la Beauce, Aline Drouin; dans la circonscription de Louis-Saint-Laurent, André Laurin; et dans la circonscription de Mégantic—L'Érable, Manon Blanchette, etc. Toutes ces personnes sont touchées par ce litige.
Effectivement, pour ce qu'ils auraient à dire... Car ces personnes ne sont pas des experts universitaires, ni des partisans de longue date, à l'instar de M. Sears, ni des personnes qui occupent un poste permanent à l'Université Simon Fraser ou à l'Université de Windsor, comme c'est le cas de M. Heard et de M. MacIvor, respectivement. Ces personnes n'auraient rien d'autre à offrir au comité que des commentaires et des témoignages liés au litige que, selon notre décision — ou, plus précisément, selon celle que vous avez rendue ce matin, monsieur le président —, ne sont pas conformes à la définition d'un témoignage recevable. Ainsi, ce que nous faisons en réalité, c'est rejeter des personnes qui pourraient livrer des témoignages qui ne contreviendraient pas à la convention relative aux affaires sub judice, comme Lucy Ladouceur, qui a mené, à titre de comptable pour le NPD durant les élections de 2006, des activités comparables à celles du Parti conservateur, mais qui n'est pas partie au litige. Elle pourrait présenter des commentaires et un témoignage qui ne contreviendraient pas à la convention relative aux affaires sub judice. Or, elle est rejetée.
Libby Davies et Phyllis Loke, son agent officiel, sont aussi rejetées. Ils ont tous deux participé à une cession de fonds tout à fait identique aux pratiques appliquées par le Parti conservateur aux fins de la publicité, et ils pourraient donner des commentaires relatifs à ce que nous dénonçons, soit le manque d'uniformité d'Élections Canada dans l'application de la loi. Ils seraient recevables; ils ne contreviendraient pas à la convention relative aux affaires sub judice.
En effet, à l'exception, peut-être, des experts universitaires — quoiqu'il faudrait que je fasse attention ici, car il pourrait y avoir une personne qui n'est pas directement impliquée dans le litige en question — et des personnes qui ont été exclues, personne dans cette liste, essentiellement, ne sera en mesure de présenter un témoignage qui respectera à tout moment la convention relative aux affaires sub judice si elle comparaît devant nous et répond à nos questions.
Certains d'entre eux sont des experts, je vous l'accorde. Je crois que Janice Vézina, la sous-directrice générale associée d'Élections Canada, est une experte qui comprendrait et pourrait expliquer que, à un certain moment, vous posez une question liée à l'affaire en instance opposant son organisme et les agents officiels. Mais les agents officiels impliqués ne jouent pas de rôle sur le plan des politiques et de l'application de la loi électorale, sauf dans le cadre de leurs fonctions d'agents officiels durant les élections, et ce sont leurs pratiques à titre d'agents officiels qui font maintenant l'objet du litige.
En deux mots, toute la liste constitue une contravention de la convention relative aux affaires sub judice, à l'exception des personnes désignées pour être rejetées. Comme vous avez omis quelques personnes lorsque vous avez rayé les noms de la liste, M. Martin a gentiment proposé de retirer le nom d'une autre personne qui pourrait livrer un témoignage utile.
Maintenant, je reconnais que Marlene Jennings a proposé de retirer le nom de quelqu'un qui, en effet, ne devrait pas être présent, parce qu'il serait raisonnable de supposer que M. Landry et Lise Vallières, dans leur témoignage, n'évoqueraient que des sujets qui sont liés au litige entre Élections Canada et les agents officiels, qui est devant les tribunaux. Alors ce rejet en particulier est raisonnable — quoique peut être pas pour la raison... Je ne connais pas ses motifs, car elle n'en a pas parlé.
Je crois qu'elle craint de jeter le Parti libéral dans l'embarras. Mais, nom de Dieu, on ne peut figurer sur cette liste que si on risque de contrevenir à la convention relative aux affaires sub-judice, alors je dois dire que la présentation de ce document est absolument extraordinaire, et que la série de modifications proposées l'est tout autant.
Au bout du compte, je crois que ce que je demande, c'est que les députés prennent un peu de recul et songent sérieusement au discrédit que jettera la prise de ces mesures sur le comité et, bien sûr, sur tout le processus parlementaire dans lequel il s'inscrit. Ce n'est pas sage. Je les encouragerais à retirer leurs motions et leurs sous-motions. Sinon, j'encouragerais tous les députés à voter contre le sous-amendement de Mme Jennings et contre la motion initiale de M. Martin.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais dénoncer ce sous-amendement, ainsi que la motion elle-même, parce que Mme Jennings a tenté de duper le comité, ainsi que les Canadiens qui la regardent, en prétendant nous faire le cadeau de retirer de la liste le nom de quelques députés, dont elle prétend que la présence ferait son bonheur, alors que Mme Jennings sait très bien que ses motifs sont tout autres. Certaines des personnes qu'elle veut retirer de la liste vont probablement briguer les suffrages au cours de la prochaine campagne libérale. Alors personne n'est dupe, à l'exception, probablement, de Mme Jennings.
Nous avons écourté la période de questions aujourd'hui. Nous avons écourté les tours quand nous avions un témoin légitime devant nous. M. Reid, mon collègue, a absolument raison. Le témoin était très franc hier, mais il ne l'était pas autant aujourd'hui, au moment où, j'imagine, nous voulions lui poser d'autres questions. En effet, j'avais plusieurs questions à poser, dont certaines auraient démontré de façon assez rigoureuse — si, en fait, comme je l'ai dit à maintes reprises, nous étions à la recherche de la vérité — que Libby Davies, par exemple, avait reçu l'ordre du NPD fédéral de contribuer à la campagne, et que l'argent entrait et l'argent sortait.
Nous ne disons pas qu'il y a là un problème. Nous affirmons que c'est tout à fait acceptable. Seulement, nous voici: peut-être devrais-je m'expliquer... Je sais que les députés ici présents... Ou peut-être pas, mais il est certain que le public qui nous regarde ne comprend pas qu'il y a quatre députés d'allégeance conservatrice, et, bien que la majorité soit une chose merveilleuse pour la démocratie canadienne, ici dans le comité, il se trouve que la majorité est libérale, bloquiste et néo-démocrate. Il est impossible que le résultat soit impartial.
Ensuite, notre président a été nommé par les libéraux, il est lui-même libéral et a rendu une quantité importante de décisions qui, à mon avis, dénotent un parti pris, mais...
L'hon. Charles Hubbard: [Note de la rédaction: inaudible]
M. Gary Goodyear: Je ne vous ai pas interrompu, monsieur Hubbard.
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Merci beaucoup, monsieur le président, vous venez de valider mon argument. Il s'agit d'une interprétation fantaisiste. Le fait demeure: si vous jetez un coup d'oeil procès-verbal de cette réunion, dès que la décision du président a été contestée, on est passé au vote. La majorité l'emporte. C'était fini. Vous êtes ensuite passé à la mise aux voix de la motion. C'est vrai.
C'est la même chose qui est arrivée aujourd'hui, dès le moment où nous avons contesté la liste des témoins. Ce n'est qu'un jeu auquel on s'adonne. Mais la conclusion, c'est qu'il n'y a aucune raison d'empêcher ces témoins de comparaître, aucune raison qui ne se tienne, monsieur le président. Si vous occupez le fauteuil, et qu'un témoin est appelé à répondre à une question que vous jugez irrecevable, ou si un témoin prend une direction que vous n'aimez pas, s'il s'écarte de la question visée par le mandat dont vous avez convenu, vous pouvez l'interrompre.
Au point où nous en sommes, lorsque vous rejetez notre liste de témoins, je me pose tout simplement des questions. Ne voyez-vous pas le message que vous transmettez aux Canadiens lorsque vous limitez le débat, lorsque vous convenez avec les témoins des questions auxquelles ils peuvent répondre et des questions qui ne peuvent pas être posées, lorsque vous prenez tout simplement l'initiative de retirer non pas tous les témoins de la liste, mais seulement chaque témoin proposé par le Parti conservateur?
Ensuite, bien sûr, Mme Jennings a tenté d'atténuer la manchette éventuelle des journaux qui paraîtront demain en disant: « Eh bien, retirons aussi ces autres personnes. » Les Canadiens savent très bien que ces personnes sont retirées de la liste pour une bonne raison — Libby Davies —, comme je l'ai déjà dit.
J'ignore quel poids aura mon argument, car j'étais absolument persuadé, dès avril, mai et juin, que les membres s'étaient clairement mis dans la tête que des élections pourraient être déclenchées à l'automne et qu'il s'agissait d'une occasion en or de faire un coup de publicité partisane, si vous me passez l'expression.
Je ne fais qu'encourager les membres du comité, s'il y a la moindre possibilité que nous puissions revenir en arrière et permettre aux 11 témoins proposés par le Parti conservateur de comparaître, et M. Martin a même laissé entendre, sur un ton des plus aimable — encore une fois, dans le but de sauver les apparences —, que nous pourrions ajouter des témoins plus tard. Eh bien, nous savons tous que cela n'arrivera pas. Nous savons tous que toute motion que nous proposerons sera débattue puis rejetée à la suite d'un vote. C'est la vérité. Encore une fois, c'est la raison pour laquelle cette question devrait être tranchée par les tribunaux. Dans un tribunal, il y a un juge qui sait vraiment ce qu'il fait et qui décide quelles questions sont irrecevables, puis il y a des témoins qui peuvent être tenus de répondre, et on permet une certaine latitude.
Quoi qu'il en soit, cela dit, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait permettre à ces témoins de comparaître devant le comité si vous, monsieur le président, contrôlez le débat, dans une certaine mesure. Je crois qu'on devrait leur permettre de comparaître. Nous ne savons pas ce qu'ils diront; nous ne savons pas ce qu'ils ont à offrir. Je crois que nous devrions aller de l'avant et entendre ces témoins. S'ils décident d'aborder un sujet que vous ne voulez pas qu'ils abordent, monsieur le président, vous pouvez les interrompre.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Lorsque les membres du comité ont d'abord soulevé la question auprès du comité, le président a signalé d'entrée de jeu que l'examen se limiterait à la conduite des titulaires de charge publique; ainsi, nous admettrions seulement le témoignage de personnes investies d'une charge publique.
Ensuite, il a été saisi d'une motion relative à une enquête sur le Parti conservateur. Il a décidé que la motion était recevable, même si le Parti conservateur n'est pas titulaire d'une charge publique. Il entendait par là que l'examen serait limité aux titulaires de charge publique d'un seul parti politique.
Naturellement, nous avions supposé qu'il entendait admettre les témoignages d'anciens titulaires de charge publique, comme l'a déjà fait le comité de l'éthique par le passé. Mais il a précisé que, non, le comité examinerait seulement la conduite des titulaires de charge publique actuels — et ils doivent être membres du Parti conservateur. Cela ne semblait pas très raisonnable, puisque Brian Mulroney avait été invité à comparaître, alors qu'il n'a pas été titulaire d'une charge publique depuis une quinzaine d'années. De toute évidence, une décision a été fabriquée et conçue pour établir des distinctions arbitraires entre ce qui est permis et ce qui ne l'est pas.
Nous sommes venus ici aujourd'hui, disposés à procéder à l'étude en dépit de tout cela, et nous avons commencé à interroger le témoin. Nous avons rapidement constaté que les questions auxquelles le témoin avait de la difficulté à répondre ne seraient pas permises, parce que l'affaire est devant les tribunaux. Bien sûr, toute l'affaire est devant les tribunaux, mais le président a tout de même permis que l'on tienne des discussions à ce sujet.
Avant que nous passions à la prochaine étape, prenons un instant pour examiner les limites qu'a établies le président. Premièrement, on ne peut poser des questions qu'au sujet d'un seul parti politique. Deuxièmement, pour la première fois dans l'histoire du comité, seules les questions au sujet de la conduite de titulaires de charge publique actuels sont permises. Troisièmement, si vous ne voyez pas de problème avec la conduite de ces titulaires de charge publique, vous pouvez poser des questions au sujet de la conduite de personnes qui ne sont pas titulaires de charge publique, pour autant qu'ils soient membres du Parti conservateur.
Ainsi, nous avons continué à poser des questions au témoin et nous avons constaté que, non seulement le contenu de ces questions était-il restreint à ce que le témoin pouvait répondre facilement, mais, lorsque les choses se sont corsées pour l'opposition et Élections Canada, on a coupé court au débat deux heures avant la fin.
Ensuite, nous avons entrepris la discussion au sujet de la liste de témoins, et nous avons constaté que chacun des témoins proposés par les représentants conservateurs du comité avait été rejeté. On n'a toujours pas expliqué clairement pourquoi ils avaient été rejetés. Tout ce qu'on nous a dit, c'est que leur témoignage n'était pas pertinent. Il est intéressant de voir comment le président peut se prononcer sur la pertinence d'un témoignage qu'il n'a pas encore entendu. Il ignore si ces témoins, vu leur expérience politique, pourraient avoir quelque chose à dire au sujet de la Loi électorale du Canada. Ils ont peut-être quelque chose à dire sur la façon dont cette loi a été appliquée par le passé. Et, même s'ils ne parlent pas du passé, ils ont peut-être quelque chose d'intéressant à dire au sujet de l'avenir.
Une chose est certaine: la liste des témoins n'est limitée ni aux membres du Parti conservateur, ni à ceux qui ont participé à la campagne électorale du Parti conservateur en 2006, car il y a de tierces parties qui, sans égard à leurs compétences, ont été invitées à donner leurs opinions. Je suis certain que leurs opinions seront très intéressantes. Je crois qu'ils devraient tous avoir le droit de témoigner. Nous aurions aimé que d'autres personnes qui ont aussi des opinions soient autorisées à venir témoigner, mais, puisqu'elles sont membres d'autres partis politiques et que le président craint qu'elles ne fassent la lumière sur les pratiques électorales de ces autres partis politiques, on les a exclues de toute forme d'enquête.
Un homme, qui, selon M. Martin, n'est même plus membre du Nouveau Parti démocratique et serait maintenant d'allégeance conservatrice, a été rejeté — c'est M. Robin Sears — parce qu'il pourrait exposer une opinion qui déplairait aux membres de l'opposition.
Voici seul critère maintenant en place pour déterminer qui sera autorisé à participer à cette discussion: il faut que la personne soit une bonne cible, qu'elle soit membre du Parti conservateur ou qu'elle soit considérée par l'opposition comme pouvant livrer un témoignage à leur avantage sur le plan politique. Toutefois, toute personne qui pourrait faire la lumière sur les pratiques des partis d'opposition est exclue, et quiconque pourrait opposer une opinion crédible à la thèse de l'opposition sur cette question est aussi exclue de tout débat.
On ne peut que se demander ce que l'opposition a à cacher, ce que le Parti libéral a à cacher ou pourquoi le Parti libéral a jugé si important de forcer la main du président et de le contraindre à faire la déclaration qu'il a faite afin d'exclure tant de personnes de la discussion. Si l'opposition et le président libéral n'avaient rien à cacher et savaient qu'ils pouvaient établir le bien-fondé de leur argument devant le comité, alors pourquoi, ne permettraient-ils pas à tous les témoins de comparaître? Si le témoignage de ces personnes se révélait non pertinent, les spectateurs pourraient s'en apercevoir rapidement.
Toutefois, ils savent ce que nous savons, soit que ces témoins révéleraient le fait que le Bloc québécois s'est adonné à la manoeuvre « in and out » la plus vaste et englobante de toute l'histoire du Canada.
[Français]
C'est la raison pour laquelle tout le monde appelle le chef du Bloc le père du in and out.
[Traduction]
Ils savent ce que nous savons, soit que le Parti libéral ne voudrait pas que ses pratiques électorales soient de nouveau regardées à la loupe. Ils savent ce que nous savons, soit que la plus grande fraude électorale de l'histoire politique canadienne a eu lieu dans les quinze dernières années — je parle, bien sûr, du scandale des commandites des libéraux —, et Élections Canada n'a jamais vu l'intérêt d'enquêter pour déterminer où ces millions de dollars avaient été dépensés et s'ils avaient influé sur les résultats des élections ou causé un excédent de dépenses.
Imaginez, monsieur le président, que vous travaillez pour Élections Canada et que vous êtes chargé de vous assurer que les déclarations des candidats politiques sont en règle et qu'elles ne dépassent pas la limite permise, puis vous apprenez d'une commission d'enquête publique qu'un parti politique fait passer en douce au moins 40 millions de dollars dans ses campagnes, et qu'une grande partie de ces fonds étaient en argent liquide, tout simplement impossible à retracer. Pouvez-vous vous imaginer occuper ce poste à Élections Canada, regarder cette affaire et dire: « Il n'y a absolument pas de raison d'enquêter ici; il est impossible que ces 40 millions aient servi à couvrir des dépenses électorales en argent comptant qui ont peut-être aidé le parti à dépasser dans l'impunité son plafond de dépenses dans de nombreuses circonscriptions et à se soustraire à des exigences redditionnelles?
Toute cette affaire a été étalée sur la place publique, tout le monde en connaissait les détails; pourtant, Élections Canada ne voyait pas l'intérêt d'enquêter sur la question et ne l'a donc pas fait. Tout cela est très intéressant et amène à se demander pourquoi l'organisme se comporte de la façon dont il le fait actuellement.
Monsieur le président, il ne me reste rien d'autre à faire que de m'opposer à cette motion, et je vais répéter ma prédiction: les députés et les ministres conservateurs invoqueront des principes légitimes pour justifier de ne pas participer à ce semblant de tribunal d'inquisition. Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Tout d'abord, j'appuie la motion de M. Martin. Je suis également d'accord sur l'amendement de Mme Jennings. Je n'ai aucune objection à retirer les deux ou trois noms qu'elle a suggérés. Je trouve qu'on a enfin une liste équilibrée, qui contient toutes les catégories de personnes qu'on veut rencontrer, qui vont nous permettre d'adopter une démarche intellectuelle rigoureuse, systématique, intelligente, de poursuivre le débat, de le faire évoluer, de comprendre ce qui s'est vraiment passé et d'apprendre des choses, notamment ce qui a mené à la perquisition aux bureaux du Parti conservateur.
Tel qu'indiqué dans la motion, cela va nous permettre d'examiner le comportement éthique des titulaires de charge publique. C'est notre objectif. En toute sincérité, c'est ce qu'il faut faire.
Je suis tout à fait d'accord sur le sous-amendement de Mme Jennings qui porte sur le subpoena. C'est même une excellente idée. On sait qu'il n'est pas nécessaire d'avoir recours à la Chambre pour émettre des subpoena. Il ne s'agit pas d'un mandat d'amener, mais d'un subpoena auquel les gens doivent normalement répondre avec enthousiasme.
Nos amis conservateurs se plaignent qu'aucun des noms qu'ils avaient suggérés n'a été retenu. Ils rient de nous. Ça n'a pas de sens. Quel genre de noms ont-ils suggérés? On fait l'examen du comportement éthique des titulaires de charge publique. Comment se fait-il que le nom de Lawrence Cannon ne soit pas sur leur liste? Lawrence Cannon est un titulaire de charge publique et il était l'organisateur en chef de la campagne électorale au Québec. Si leur démarche était rigoureuse et de bonne foi, un des premiers noms qu'ils auraient suggérés aurait été celui de Lawrence Cannon.
On parle d'examiner le comportement éthique des titulaires de charge publique. Comment se fait-il qu'ils n'aient pas proposé le nom de Mme Josée Verner, qui est ministre, donc titulaire de charge publique, et qui a payé 9 000 $ pour une annonce publicitaire, alors que sa collègue du comté voisin, Sylvie Boucher, qui n'était même pas dans son annonce publicitaire, a payé 37 000 $?
On sait maintenant que des hauts dirigeants du Parti conservateur ont essayé de flouer le système. On le constate grâce à tous les documents. Je pense qu'une députée du Parti conservateur s'est fait flouer par sa collègue Josée Verner. Bref, quand on veut examiner le comportement éthique des titulaires de charge publique, il faut inviter ces gens. Comment se fait-il que vous ne les ayez pas inscrits sur la liste? Comment se fait-il que vous n'ayez pas inclus des gens d'Élections Canada sur votre liste? Comment se fait-il que vous n'ayez pas mis les associés de Retail Media? Comment se fait-il que vous n'ayez pas mis vos titulaires de charge publique, vos députés conservateurs, vos candidats défaits et quelques experts de la Loi électorale? Voulez-vous vraiment faire une démarche intelligente, intéressante et examiner ce qui s'est vraiment passé? C'est la question qu'il faut se poser. Par contre, vous arrivez avec des noms qui sont complètement hors contexte. Aucune des personnes que vous avez suggérées n'est concernée directement ou n'a une opinion d'expert sur le sujet.
Vous ne devez vous en prendre qu'à vous-mêmes. Vous parlez de pièges parce qu'on demande le vote ou qu'on dénonce les décisions du président. Ce ne sont pas des pièges. Le vrai piège que vous êtes en train de nous tendre depuis des heures est d'obstruer les débats, d'utiliser des mesures dilatoires. C'est le piège que les conservateurs tendent sans cesse et que tout le monde voit. Vous parlez de fuite lors de la perquisition, alors qu'on parle du comportement éthique des titulaires de charge publique. Là sont les vrais pièges.
Je ne sais pas comment faire, parce que je ne suis pas une experte en pièges procéduraux comme les conservateurs. Toutefois, je voudrais qu'on vote, tout simplement. Serait-il possible de vous demander ça, monsieur le président, et ce avant 16 heures? Ils sont en train de faire de l'obstruction.
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Monsieur le président, je vais me prononcer brièvement sur la motion et l'amendement. Je présume que c'est votre décision.
Au début, la motion visait à nous permettre d'entendre les invités qui sont là depuis une journée et demie, puis d'autres motions se sont ajoutées, dont certaines venaient de moi, auxquelles nous avons constamment fait allusion, et nous devions nous en occuper aujourd'hui. Ensuite, hier, on a proposé que le comité axe ses travaux sur les témoins. Si les motions avaient été présentées — il y en avait trois —, elles auraient fait l'objet d'un débat et d'un vote. Peut-être qu'elles auraient été rejetées, mais nous aurions eu l'occasion de débattre de chacune d'elles comme il se doit.
Ensuite, on a signalé que chaque parti présenterait une liste. Elles seraient regroupées en une seule par le greffier, qui la distribuerait aux membres. C'est ce qu'on a fait. Ensuite, nous arrivons, puis vous déclarez que vous allez retirer certains noms. Chacun de ces noms désignait un membre du Parti conservateur. C'est d'ailleurs ce qui est arrivé à ceux qui ont fait l'objet de mes motions, et, normalement; j'aurais eu la possibilité d'en débattre. Vous m'avez refusé le droit de lancer un débat sur la raison pour laquelle ces noms devraient ou non figurer sur la liste.
Je comprends. Vous avez eu plus de votes que nous, et vous pouvez faire ce que vous voulez, et c'est ce que vous faites. C'est ça, la politique — c'est comme ça.
Mais il faut reconnaître ses torts: c'est vrai, j'ai retiré mes motions. À la suite de vos déclarations, monsieur le président, je les ai retirées. Et ensuite, c'est vrai, j'ai supposé qu'après avoir inscrit les noms sur la liste, nous aurions l'occasion de débattre de chacun d'eux.
Toute cette histoire est une mise en scène. Toute cette histoire est une farce.
Ensuite, M. Martin vient déclarer: « Ah oui, soit dit en passant, j'aimerais que l'on retire encore un nom, celui de l'ancien chef de cabinet de Bob Rae. » Je trouve cela incroyable. Je trouve que tout ce processus est incroyable.
Ainsi, je m'oppose à la motion de M. Martin. Je comprends bien qu'il veuille passer aux choses sérieuses. Nous tournons beaucoup en rond aujourd'hui, je comprends bien. Mais la justice, quant à elle, est absente. Tout cela est unilatéral. Du retrait de nos questions destinées aux témoins ce matin jusqu'à l'ensemble du processus qui en découle aujourd'hui, ce n'est pas juste. Quiconque en est témoin va bien s'apercevoir que ce n'est pas juste. Oui, l'opposition veut s'en prendre aux membres du gouvernement, et c'est la vie. C'est incroyable. Mais il n'y a aucune justice.
Quant à l'amendement proposé par Mme Jennings, visant à retirer certains noms, j'ai trouvé un peu condescendant son commentaire selon lequel les conservateurs devraient s'en réjouir. Vous affirmez que tout cela vise à renforcer la coopération. Non, c'était condescendant. Alors, je ne suis pas trop content.
Je vais revenir sur l'une des choses qu'elle a signalées concernant le droit du président de citer n'importe qui à comparaître — ou peut-être a t-on parlé d'assignations. Cette mesure est plutôt autoritaire de la part d'un simple comité. Même les tribunaux, à vrai dire, hésitent à faire ce genre de chose.
Un comité peut ordonner à une personne de comparaître ou de se conformer à une directive. Vous m'avez contesté sur cette question, mais j'aimerais vous expliquer en quoi consiste, selon moi, le processus. Voilà une autre raison pour laquelle je m'oppose à l'amendement. Je crois qu'il est plutôt autoritaire. Seule la Chambre peut contraindre un témoin à obéir, à condition qu'elle soit du même avis que le comité; la Chambre peut s'opposer au comité. Le comité ne peut pas tenir pour acquis que la Chambre sera du même avis que lui.
Le comité a l'habitude, en général, d'inviter des témoins à comparaître. C'est le processus normal: nous les invitons. Nous ne les citons pas à comparaître et nous ne leur délivrons pas d'assignations; nous les invitons à comparaître. La plupart du temps, cela fonctionne. À la dernière grande audience que nous avons tenue, nous avions convoqué des personnes, et elles n'ont pas comparu. Eh bien, nous avons poursuivi nos travaux.
Lorsqu'un témoin refuse de comparaître, monsieur le président, ou si le comité est d'avis qu'il fait de l'obstruction, il peut adopter une motion visant à citer le témoin à comparaître. À cette étape, le témoin qui refuse se rend coupable d'outrage. C'est ainsi, je crois, que se déroule le processus.
Un membre du comité devrait alors attirer l'attention du comité sur cette question. Si le président est d'avis qu'il y a outrage, il peut lancer un débat sur une motion visant à soumettre la question à la Chambre. Le rapport rendrait compte des faits et de la situation, il résumerait les événements, préciserait le nom de la personne impliquée, mentionnerait qu'il y a peut-être eu outrage, et prierait la Chambre des communes de prendre des mesures.
La Chambre a le choix de prendre des mesures ou non. Dans un pareil cas, il y aurait un débat et un vote sur la question. Une fois le rapport déposé à la Chambre, un député peut présenter l'affaire comme question de privilège. Le président examinerait alors la question et, s'il juge que, de prime abord, il y a question de privilège, il inviterait le député à proposer une motion pour demander à la Chambre de prendre des mesures.
C'est à ce moment que l'on passe à l'action. C'est à vous de décider si l'amendement est recevable ou non, mais je suis d'avis que l'amendement sur ce point en particulier est plutôt autoritaire et ne reflète pas la façon dont on fait les choses ici.
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Merci, monsieur Tilson. Je crois que vous avez fait un très bon résumé, et je connais très bien...
Et j'aimerais vous répéter que, à mon avis et selon mes connaissances et mes consultations, l'amendement qui nous est présenté est effectivement recevable. Comme vous le savez, même si le président citait des témoins à comparaître, la personne visée pourrait toujours décider de ne pas comparaître, puis la question serait soumise à la Chambre. Alors cette deuxième étape existe toujours.
Mais, quant au pouvoir de citer des témoins à comparaître, le comité est habilité en vertu de l'article 108 du Règlement à le faire. J'en suis absolument certain, je tiens à vous l'assurer.
Nous pourrions peut-être passer un peu de temps ensemble, tout les deux, à un moment convenable, juste pour revoir le processus. Peut-être qu'il serait utile de faire une ou deux propositions de modification au Règlement.
Maintenant, chers collègues, il n'y a plus d'intervenants et je vais donc mettre aux voix toutes les questions qui nous permettront de nous prononcer sur la motion qui nous est présentée. Mme Jennings a proposé un amendement à la motion qui consisterait à ajouter, après les mots « Robin Sears », les noms de Jean Landry et de Lise Vallières, et à ajouter, après les mots « 11 août 2008 », ce qui suit: « que le président ait le pouvoir discrétionnaire de citer à comparaître tout témoin potentiel qui déclinerait l'invitation à comparaître du comité. »
Le premier vote concerne l'amendement, qui consiste à retirer deux autres noms de la liste et à permettre au président, à sa discrétion, de citer des témoins à comparaître si nécessaire — si nécessaire, pas dans tous les cas. Donc, j'aimerais mettre aux voix la question de l'amendement qui vise à retirer ces deux noms et à donner au président le pouvoir discrétionnaire de citer des témoins à comparaître
(L'amendement est adopté par six voix contre quatre.)