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Bon après-midi, chers collègues.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement, nous étudions la réforme de la Loi sur la protection des renseignements personnels.
Nos témoins sont des représentants du Service correctionnel du Canada : Ian McCowan, commissaire adjoint, Politiques et recherche, et Anne Rooke, directrice, Accès à l'information et protection des renseignements personnels. Je vous souhaite la bienvenue à tous les deux.
Vous connaissez certainement nos méthodes de travail. Je crois comprendre que vous avez des déclarations liminaires, qui ont été distribuées aux membres du comité.
Je vous donne donc immédiatement la parole.
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Notre principale contribution à la sécurité publique consiste à assurer la garde des détenus en toute sécurité, à les aider à réintégrer la société en toute sécurité, et à les surveiller lorsqu'ils obtiennent la libération conditionnelle. Le SCC est une grande organisation qui gère 58 établissements d'incarcération, 16 centres correctionnels communautaires et 71 bureaux de libération conditionnelle, 24 heures par jour, sept jours par semaine.
Au cours de l'année financière 2006-2007, le SCC s'est occupé, si l'on tient compte de toutes les admissions et mises en liberté, de 19 500 délinquants incarcérés et de 14 000 délinquants surveillés dans la collectivité. Nous employons un effectif d'environ 15 200 personnes dans l'ensemble du pays en nous efforçant de faire en sorte qu'il reflète la société canadienne. Le budget annuel du SCC est d'environ 1,9 milliard de dollars.
Le traitement des demandes d'accès à l'information et de renseignements personnels présentent des difficultés particulières dans un milieu correctionnel. Comme d'autres organisations, nous nous acquittons de cette tâche dans le respect total de la vie privée. Toutefois, il nous incombe aussi de le faire dans le contexte de notre engagement primordial envers la sécurité publique.
La direction de l'AIPRP, qui relève de moi et qui est dirigée par Mme Rooke, est le point focal de l'application de la Loi sur l'accès à l'information et de la Loi sur la protection des renseignements personnels au SCC. Elle traite directement avec le public à l'égard des demandes d'accès à l'information et de renseignements personnels et joue le rôle de centre d'expertise pour permettre au SCC de s'acquitter de ses obligations législatives. À cette fin, elle doit veiller à ce que les demandes officielles d'accès à l'information et de renseignements personnels soient traitées dans les délais établis, et elle doit favoriser une culture d'ouverture et de transparence tout en prenant les mesures de protection voulues pour tous les renseignements personnels.
De par la nature même de ses activités et de son mandat législatif, le SCC traite un grand volume et répond à un nombre élevé de demandes chaque année. En moyenne, il reçoit entre 7 000 et 10 000 demandes d'accès à des renseignements personnels, sauf en 2003-2004 où il y a eu une hausse exceptionnelle du nombre de demandes. À part cette année-là, où le nombre de plaintes contre le SCC a représenté 65 p. 100 du nombre total de plaintes reçues par le Commissariat à la protection de la vie privée, le SCC a représenté entre 2003 et 2007 de 18 p. 100 à 25 p. 100 de toutes les demandes adressées au Commissariat.
Je vous donne cette information pour corriger une information erronée qui avait été donnée au comité. En effet, je crois comprendre qu'on vous a dit que les plaintes de détenus représentaient 50 p. 100 de toutes les plaintes déposées au Commissariat. Les chiffres que je viens de vous donner sont les chiffres exacts et ils ont été confirmés par le Commissariat. Ils reflètent plus correctement la part du SCC dans les plaintes déposées ces dernières années. Je dois préciser que ces chiffres comprennent les plaintes déposées par des employés, des détenus et des membres du public.
Étant le grand nombre de demandes d'accès à des renseignements personnels le concernant, il n'est pas étonnant que le SCC figure parmi les organismes qui, comme la GRC et l'Agence du revenu du Canada, font l'objet du plus grand nombre de plaintes adressées au Commissariat.
Comme le SCC reçoit un grand nombre de demandes, il importe de souligner que le nombre de plaintes formulées à son sujet représente en moyenne de 2 p. 100 à 10 p. 100 seulement de la charge de travail annuelle totale du SCC au titre de l'accès à l'information. Depuis 2003, environ 3 500 plaintes ont été enregistrées dans la base de données du SCC; 91 p. 100 d'entre elles concernaient le fait que nous n'avions pas respecté le délai législatif de 30 jours ou que nous avions appliqué des exemptions que le requérant contestait.
Comme l'indique l'article 12 de la Loi sur la protection des renseignements personnels, tous les citoyens canadiens ou résidents permanents bénéficient du même droit d'accès. De fait, en vertu de l'alinéa 4e) de notre propre loi, la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition, les délinquants conservent les mêmes droits et privilèges que tous les autres membres de la société, sauf ceux qui leur sont nécessairement retirés ou qui sont restreints à cause de leur peine. Par conséquent, les détenus ont le droit de demander les renseignements personnels les concernant que détient le SCC. Le SCC convient avec la commissaire à la protection de la vie privée que les plaintes doivent être traitées sans discrimination par les ministères fédéraux, même si elles émanent de personnes qui veulent simplement nuire à un organisme gouvernemental.
Comme vous le savez, au titre de la Loi sur la protection des renseignements personnels, le CPVP et tous les ministères fédéraux doivent traiter toutes les plaintes et demandes qu'ils reçoivent. À l'heure actuelle, il n'existe pas de mécanisme permettant de déterminer si une plainte est triviale, frivole ou vexatoire.
En ce qui concerne les modifications proposées à la Loi sur la protection des renseignements personnels, il serait malvenu pour nous d'exprimer un avis sur les dix solutions rapides recommandées par la commissaire. Je crois comprendre qu'elle les juge nécessaires pour s'acquitter de ses fonctions.
Voilà ce que j'avais à dire en guise d'introduction, monsieur le président, et nous répondrons avec plaisir à toutes vos questions.
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J'ai plusieurs remarques à faire à ce sujet. Tout d'abord, en ce qui concerne la politique énoncée dans la Loi sur la protection des renseignements personnels, mon interprétation est que ce sont le Conseil du Trésor et le ministère de la Justice qui sont les principales parties concernées, la commissaire occupant évidemment une place centrale dans le dispositif.
Nous sommes dans la même situation que beaucoup d'autres ministères fonctionnels, c'est-à-dire que nous aurons opérationnaliserons tout mécanisme adopté par le législateur, quel qu'il soit.
Je dois dire cependant que le SCC est un peu différent des autres organismes fédéraux, à certains égards. Nous ne calculons pas le nombre exact de demandes que nous recevons dans les différentes catégories mais, comme nous avons beaucoup de gens qui sont des détenus dans notre système, ce sont des gens qui déposent fréquemment des demandes de renseignements personnels, essentiellement au sujet de leur dossier carcéral. De par la loi, nous sommes tenus d'enregistrer une grande quantité d'informations sur tous les délinquants, et il y a même dans notre loi une disposition en vertu de laquelle toute demande que nous recevons par écrit doit être traitée conformément aux dispositions de la Loi sur l'accès à l'information et de la Loi sur la protection des renseignements personnels.
Pour ce qui est du SCC lui-même, nous recevons toujours un grand nombre de demandes de renseignements personnels, de par la nature même de nos activités. L'information est au coeur même de nos opérations puisque c'est elle qui nous permet de prendre des décisions sur les délinquants. Elle doit donc toujours être à jour et être aussi exhaustive que possible. Il y aura toujours des préoccupations à ce sujet et je soupçonne que nous figurerons toujours dans le peloton de tête des organismes faisant l'objet de demandes de renseignements personnels et de plaintes à cet égard.
Pour répondre à votre question, la commissaire à la protection de la vie privée a proposé des solutions rapides que j'ai lues avec grand intérêt.
Tout ce que je peux vous dire, c'est que je ne me sens pas en mesure d'exprimer un avis sur ce que la commissaire estime nécessaire pour faire son travail. Nous opérationnaliserons le mécanisme que le législateur jugera approprié, quel qu'il soit.
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Madame Rooke, quand l'Association du barreau canadien est venue témoigner, elle a parlé de cette idée d'une nouvelle loi pour resserrer les modalités d'obtention de cette information. À son avis, les deux sont possibles : adopter une nouvelle loi et préserver la souplesse du système.
Monsieur McCowan, vous avez dit que le système vous convient tel qu'il existe actuellement mais, si une nouvelle loi était adoptée, avec des modalités resserrées, cela vous causerait-il des problèmes? Voilà ce que je veux savoir. Pensez-vous que le système restera assez souple? Évidemment, je sais que cela dépendra des dispositions précises de cette nouvelle législation.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais, pour commencer, saluer nos témoins.
Vous ne pouvez pas commenter les propositions d'amendement à la loi de la commissaire, et je le comprends. Par contre, je m'aperçois que vous traitez un grand nombre de plaintes et je voudrais savoir comment il se fait que ce soit vous, et non la commissaire, qui les traitez.
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Je vais répondre à cette question.
Ces derniers mois, nous avons en fait affecté des ressources supplémentaires à la Division d'accès à l'information et de protection des renseignements personnels. Comme l'a dit Mme Rooke, il y a eu certains problèmes
[Français]
par rapport aux échéances et à des choses du genre.
[Traduction]
Nous avons donc transféré quelques ressources supplémentaires pour faire un ajustement au sein de l'organisation, si je peux m'exprimer ainsi.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de comparaître devant le comité.
Permettez-moi de ne pas être d'accord avec vous quand vous dites que vous n'avez pas de problème. Nous avons eu ce joli volume que nous a remis la commissaire à la protection de la vie privée, qui nous donne un assez bon aperçu de ce qui se passe au ministère. Il y a dans ce volume la liste des 10 premières institutions d'après le nombre de plaintes reçues. Le Service correctionnel est en tête de liste. Il y en a 194. La suivante est la Gendarmerie royale du Canada, au numéro 141.
C'est un volume intéressant car, avant d'arriver à cette liste, on trouve des exemples de plaintes. J'essaie d'en trouver quelques-uns. En voici un. Une femme a dit que Ressource humaines et développement social Canada, RHDSC, a porté atteinte à sa vie privée. Il y a une autre plainte concernant un propriétaire d'armes à feu que la GRC a libéré. L'Agence du revenu du Canada figure aussi en haut de la liste. Voici une plainte d'un particulier concernant les vérificateurs de l'Agence. Voici une plainte d'un employé concernant une divulgation d'ADN.
Il y a beaucoup d'exemples mais il n'y en a absolument aucun concernant le Service correctionnel.
Je ne sais pas combien coûte réellement le Commissariat à la protection de la vie privée mais c'est plus de 10 millions de dollars, je crois. Si l'on tient compte de la répartition des plaintes, un calcul rapide montre que vous représentez environ le quart du coût.
Je ne vous accuse pas et je ne veux pas laisser entendre que... Je pense que c'est à cause de moi que vous êtes ici aujourd'hui car, quand j'ai vu ça, j'ai pensé que nous avions un problème. C'est bien beau de dire que les choses vont relativement bien mais je constate qu'il y a un problème ici. Il me semble que si les détenus causent beaucoup de difficultés — corrigez-moi si je me trompe — et que c'est ça le problème, vous devez nous le dire pour que nous puissions y faire quelque chose.
Nous sommes en fait tous très favorables à l'amélioration et à la refonte de la Loi sur la protection des renseignements personnels mais, si on nous raconte des histoires, nous voulons le savoir. Il vous appartient de nous dire très franchement si nous avons un problème. Si c'est le cas, nous chercherons une solution. Donc, ce que je vous demande, c'est : quel est le problème?
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Je comprends votre position et je vais vous répondre en revenant à ce que je disais il y a une minute au sujet du contexte. Si vous retournez 10 ans en arrière, vous avez raison. Traditionnellement, nous étions en haut de la liste ou dans le groupe de tête en ce qui concerne les plaintes. Nous sommes aussi en haut de la liste ou dans le groupe de tête en ce qui concerne les demandes. Nous sommes dans une situation telle que nous avons un grand nombre de demandes, et il y a une certaine association avec le nombre de plaintes. Voilà une partie de l'explication.
L'autre partie concerne la nature de nos activités dans cet environnement. Certains ministères se retrouvent constamment en haut de la liste, du point de vue des demandes et des plaintes, de par la nature de leurs activités. Pour ce qui est du Service correctionnel du Canada, nous sommes tenus, de par notre loi organique, de recueillir des informations extrêmement détaillées sur les délinquants. Nous devons savoir tout ce qu'il est possible de savoir à leur sujet afin de prendre les meilleures décisions possibles sur une foule de choses très différentes reliées à leur incarcération.
Comme vous pouvez l'imaginer, les délinquants tiennent beaucoup à savoir ce qu'il y a dans leur dossier. Comme je l'ai déjà dit, il y a dans notre loi une disposition dont l'effet concret est que, lorsqu'ils demandent des renseignements sur leur dossier, la demande aboutit souvent sur le bureau de Mme Rooke comme demande formulée en vertu de la Loi sur l'accès à l'information. Les délinquants tiennent à savoir ce qu'il y a dans leur dossier car cela aura une influence sur les décisions qui seront prises à leur sujet. Ils veulent savoir ce que sait le Service correctionnel.
Cela ne concerne pas que les délinquants mais aussi les victimes. Cela concerne aussi les employés qui s'intéressent à cet énorme bassin de renseignements que nous avons. Je pense que ça nous différencie des autres ministères, puisque l'information est l'essence même de notre activité. Si nous devons aussi assurer la sécurité publique, il est essentiel que nous maîtrisions parfaitement les informations concernant chaque délinquant, en tout temps. Les gens essayent continuellement de pêcher dans ce bassin d'informations de plusieurs manières — parfois des victimes, parfois des délinquants. La plupart sont des délinquants, vous avez raison, mais la réalité est que nous aurons toujours des décisions à prendre à leur sujet et qu'ils chercheront toujours une manière d'avoir accès à l'information que nous possédons dans leur dossier puisque cela joue un rôle fondamental dans les décisions les concernant.
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Merci, monsieur le président.
Bon après-midi.
Il est difficile de croire qu'il y a près de 20 000 personnes incarcérées dans des établissements fédéraux, selon votre déclaration liminaire, et qu'il y en a 14 000 sous une forme quelconque de libération surveillée. Vous avez 15 000 employés et vous coûtez près de 2 milliards de dollars par an au contribuable canadien.
Si je ne me trompe, quand un délinquant est incarcéré et qu'il entre dans son premier établissement fédéral, un dossier l'accompagne. Son avenir, du point de vue de l'obtention de la libération conditionnelle anticipée ou de sa relation avec le système, dépendra de la manière dont son dossier sera utilisé, des choses qu'on y mettra, et du fait que l'information qui s'y trouve est exacte ou non, concernant les deux parties concernées.
Il est très facile à un garde, par exemple, de mettre dans ce dossier quelque chose qui aura une incidence cruciale lorsque que le prisonnier demandera la libération conditionnelle après avoir purgé sa peine minimum.
Nous avons ici des dossiers de prisonniers mais quel recours peu utiliser un prisonnier s'il a des difficultés avec un ou deux gardes qui mettent dans son dossier des choses qu'il conteste? Quel accès a-t-il à son dossier, pour voir ce qu'il contient, et que peut-il faire s'il y voit quelque chose qui ne correspond pas à la réalité?
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Je vais répondre à la première partie et Mme Rooke répondra à la deuxième, concernant les recours.
Comme je l'ai dit, les informations que nous recueillons au sujet des détenus sont au coeur même de nos activités. Si nous voulons prendre de bonnes décisions pour la sécurité publique, nous devons recueillir toutes les informations pertinentes, et les recueillir continuellement.
Je comprends ce que vous dites. Les détenus voudront toujours savoir ce qu'il y a dans leur dossier parce que cela aura une incidence énorme sur les décisions prises à leur sujet. De ce fait, Mme Rooke recevra toujours, dans des décennies d'ici, de nombreuses demandes d'accès à ces dossiers et, si les détenus ne sont pas satisfaits de ce qu'ils obtiennent, je suis sûr qu'ils déposeront des plaintes.
En bout de ligne, l'information est l'élément crucial de ce que nous faisons, et l'information qu'il y a dans un dossier de détenu revêt pour lui un intérêt considérable. Elle revêt aussi beaucoup d'intérêt pour les victimes. Il y a beaucoup de parties intéressées, c'est tout simplement la réalité.
Mme Rooke a peut-être des précisions à vous donner sur les recours.
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Quand des demandes d'accès au dossier sont présentées, il y a diverses catégories d'exemptions qui peuvent s'appliquer, comme vous le savez. Il se peut que certaines informations ne puissent pas être divulguées pour des raisons de sécurité du public ou de l'établissement carcéral. Un détenu peut être intéressé à savoir de quoi il s'agit, ce qui peut déboucher sur une plainte.
Je le répète, cela est relié à la nature de notre environnement. Le défi, pour le service de Mme Rooke, est de trouver le juste équilibre entre le rôle que nous avons à jouer pour assurer la sécurité du public et l'obligation que nous avons d'interpréter correctement les exemptions prévues dans la loi. Les détenus voudront toujours obtenir plus d'informations, notamment celles qui font l'objet d'une exemption.
Voulez-vous ajouter quelque chose?
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Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins.
J'ai quelques questions à vous poser pour mon premier tour. Tout d'abord, j'aimerais savoir depuis combien de temps vous faites ce travail, en termes d'accès à l'information et de protection des renseignements personnels, que ce soit dans cette organisation ou dans d'autres organismes fédéraux. Pouvez-vous me donner des précisions sur vos antécédents, parce que vous avez mentionné quelque chose d'autre, monsieur, qui...
Je crois que Dave était l'un de ceux qui tenaient à ce que votre organisme comparaisse devant le comité. La raison en est que nous cherchons des recommandations pour améliorer la loi. Je pense qu'elle avait fait l'objet d'un examen en 1986 — on avait appelé ça « Ouvert ou fermé » ou quelque chose comme ça.
L'une des choses qui m'intéressent... Un comité des droits des prisonniers est venu nous en parler. Y a-t-il quelque chose comme ça dans le système aujourd'hui? Les prisonniers ont-ils un comité des droits? Sinon, ça règle le problème. Disent-ils que l'accès à leur information fait partie de leur problème?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je m'excuse de mon retard. J'ai été retenue à la Chambre pour traiter d'un sujet qui nous concerne tous. D'ailleurs, il manque quelques membres réguliers du comité.
Monsieur McCowan, vous avez dit que Mme Rooke était la spécialiste de l'équilibre entre la sécurité publique et les droits des détenus, n'est-ce pas?
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais en savoir un peu plus sur cette question de dossiers médicaux, du point de vue de la relation entre médecin et patient. Malheureusement, dans notre pays, le dossier appartient toujours au médecin, pas au patient. Or, nous savons que nous avons d'énormes difficultés avec le suivi des gens atteints de maladies graves, comme le VIH-sida, qui entrent en prison ou qui en sortent.
Que faites-vous du dossier médical? Le détenu en reçoit-il un exemplaire quand il sort de prison? Comment réglez-vous cette question du dossier médical?
Au fond, ce que je vous demande, c'est pourquoi ces gens ne peuvent pas voir leur dossier? Pourquoi doit-il y avoir une ÉFVP à ce sujet?
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Je suis nouveau au sein de ce comité mais j'apprends en cours de route.
Vous devez probablement faire attention quand on vous demande votre avis au sujet des modifications proposées à la Loi sur la protection des renseignements personnels. Je me demande cependant toujours s'il n'y a pas un commentaire quelconque que vous pourriez faire, avec prudence, quant à la manière dont on pourrait s'y prendre.
Vous avez déjà fait certaines remarques qui nourrissent ma réflexion à ce sujet mais, s'il n'y a pas de mécanisme permettant de déterminer quelles sont triviales, frivoles ou vexatoires, avez-vous une idée quelconque issue de votre formation en droit, Ian? Vous avez probablement passé des nuits blanches à réfléchir sérieusement à ça. Avez-vous des idées? Il faut qu'on réfléchisse très sérieusement à la question pour savoir quelle solution adopter, surtout en ce qui concerne le système correctionnel.
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Oui. D'après mon expérience au ministère de la Justice, il y a parmi les choses que l'on confie souvent aux nouveaux avocats de ce ministère les demandes adressées à un tribunal pour que des personnes soient déclarées frivoles et vexatoires. C'est une tâche qu'on confie généralement aux nouveaux et, quand je suis arrivé à la Justice, on m'en a confié plusieurs.
Ce que je peux dire à ce sujet, dans le contexte d'un tribunal, c'est que la barre a été placée très haut. Il faut convaincre un juge que quelqu'un a continuellement abusé de son droit de faire telle ou telle chose, que ce soit intenter une plainte devant un tribunal...
Je ne connais pas les paramètres exacts de ce qu'a proposé la commissaire à la protection de la vie privée et je ne saurais dire si c'est nécessaire ou non pour lui permettre de s'acquitter de sa tâche. Je pense que c'est à elle qu'il revient d'exprimer un avis, et aussi, je suppose, au Conseil du Trésor et au ministère de la Justice, considérant leurs responsabilités.
Ce que je peux dire, c'est que, d'après ce que j'ai vu, et j'encourage Mme Rooke à intervenir si elle a un avis différent, je ne sache pas qu'il y ait un déluge de griefs qui pourraient passer au-dessus de la barre, la barre très haute dont je me souviens du temps où j'étais avocat, sur ce qui est frivole et vexatoire.
Si une exemption était incluse dans la loi, je suis sûr qu'il y a des cas où nous pourrions l'invoquer mais je n'irais certainement pas jusqu'à dire, loin de là, que la majorité des demandes que nous recevons des détenus tomberait dans cette catégorie.
Mme Rooke.
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Oh, deux ans aussi. Bien.
Dans l'ensemble, je conclus que vous êtes d'accord avec la commissaire à la protection de la vie privée. Comme vous l'avez dit dans votre déclaration liminaire, tous les ministères doivent traiter les plaintes qu'ils reçoivent, sans préjugé, même s'il s'agit de quelqu'un qui veut simplement nuire à tel ou tel organisme fédéral.
Je vous ai interrogé sur toutes ces choses générales et je crois comprendre, d'après vos réponses, que vous craignez sincèrement qu'il puisse y avoir des choses tombant dans la catégorie de ce qui est trivial, frivole et vexatoire mais, dans votre remarque antérieure selon laquelle il faut traiter tout cela sans préjugé — je vais vous donner la chance de répondre et de vous défendre —, cela me donne l'impression que vous avez un préjugé qui est de dire : « Cela n'a peut-être strictement aucune importance; comme il faut traiter tout sans préjugé, quelqu'un a peut-être ou non quelque chose à reprocher au service, donc pourquoi devrions même nous demander si c'est trivial, frivole, vexatoire? »
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Merci, monsieur le président.
Je continue sur le même sujet qui me semble très important. Il faut absolument vider cette question.
Comprenez bien que je n'accuse personne. Je sais que vous essayez de faire votre travail. Essayez simplement de m'aider à comprendre.
En 1971, à peu près, j'ai suivi un cours de droit au secondaire — ça remonte loin — et je n'en ai pas retenu grand-chose si ce n'est que, si vous allez en prison, vous perdez vos droits. Je suppose que tout cela a changé avec la Charte, en 1984. Ai-je raison, Ian?
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La Loi sur la protection des renseignements personnels a probablement évolué à partir de la Charte des droits et libertés. Avec le temps, nous reconnaissons que les gens ont droit à la protection de leur vie privée. Nous avons donc ici ces éléments fondamentaux de démocratie qui nous sont chers, en tant que nation. À mon avis, ceux-ci menacent réellement ce que nous essayons de faire. Nous ramenons ça à de l'argent.
J'ai interrogé l'un de nos assistants qui semble penser que le budget de la commissaire à la protection de la vie privée s'élève à 14 millions de dollars environ — étant entendu qu'il y a beaucoup d'éducation qui se fait et que de l'argent y est consacré. Je sais, à la suite d'une autre investigation qui a été faite par le truchement du commissaire à l'éthique, qu'une de ces choses-là n'est pas bon marché. Nous parlons de milliers de dollars quand il y a un rapport. S'il y a eu 839 plaintes en 2006-2007 et que le budget était alors de 10 millions de dollars, il n'est probablement pas excessif de dire que ça coûte environ 8 000 $. C'est énorme. On peut dire que ça n'a pas d'importance et que c'est le prix à payer.
Je pense que nous n'en avons pas vraiment fini. Nous devons savoir exactement ce qui se passe. Nous avons besoin de votre aide. Nous avons besoin que vous nous disiez s'il y a là un problème. C'est là qu'est le problème. Ensuite, si nous voulons adopter des modifications et changer la loi pour l'améliorer, je suis fermement convaincu qu'il faut apporter certaines modifications à la loi pour corriger cette situation.
C'est sérieux. Nous parlons non seulement d'un quart du coût mais d'un quart de l'énergie dépensée. Nous devons aller au fond des choses et je ne pense pas que nous l'ayons fait aujourd'hui. Comme le disait Maurice, vous pouvez bien dire, et je comprends que vous ne pouvez pas... Nous avons besoin d'aide. Je pense vraiment que nous devons apporter certaines modifications.
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Je ne sais pas dans quelle mesure les dossiers médicaux sont concernés mais nous nous engageons à vous communiquer des informations supplémentaires à ce sujet, en particulier sur la manière dont c'est relié au moment où la situation dans le dossier va dans la communauté.
En ce qui concerne les décisions que nous prenons, nous devons obtenir les meilleures informations et les informations les plus récentes possibles. Comme cela fonde toute une série de décisions prises dans le contexte de notre cadre législatif, vous aurez toujours des individus qui seront affectés par ça, qu'il s'agisse de délinquants ou de victimes essayant d'obtenir le plus d'accès possible à cette information. C'est la nature de la bête.
Cela dit, je comprends votre argument et nous vous communiquerons certainement les informations que j'ai promises. Si vous souhaitez poursuivre la discussion, nous le ferons avec plaisir.
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Merci, monsieur le président.
J'ai quelques autres questions. Mme Bennett m'a juste incité à essayer de mieux comprendre. Si je ne me trompe, il y a certainement sur la colline parlementaire un bureau quelconque qui a des informations me concernant.
Il serait important pour moi de savoir, pas seulement d'un point de vue théorique, si c'est le type d'informations qu'il y a dans un dossier de détenu. Si un détenu a des tendances racistes, cela sera-t-il mentionné dans son dossier? Cela déterminera-t-il qui on pourra mettre avec lui dans sa cellule? Est-ce que c'est le genre de choses qui...
Dans notre fonction de député, nous avons tous eu à nous occuper de demandes d'AIPRP à un moment ou à un autre et nous avons donc une certaine expérience en la matière.
Je me souviens d'avoir travaillé un jour avec un employé qui s'occupait d'une demande d'AIPRP sur un sujet assez grave, un sujet délicat sur le plan politique. Comme j'étais impliqué dans l'affaire, dans une certaine mesure, j'ai formulé la demande et j'ai reçu une réponse dont beaucoup d'informations avaient été cachées. Cela me concernait mais j'avais eu d'autres demandes sur une question d'ordre plus général. L'explication des passages occultés était qu'ils concernaient quelqu'un d'autre et qu'on n'avait pas obtenu leur consentement. De ce fait, même les éléments qui, selon moi, me concernaient personnellement, avaient été occultés car, chaque fois qu'une phrase contenait mon nom et celui de l'autre personne, toute la phrase était occultée. Cela m'intrigue.
Si vous avez un détenu qui demande des renseignements sur quelque chose et qu'il y a eu, par exemple, une mesure disciplinaire ou une interaction ou une altercation avec un agent correctionnel, devez-vous obtenir la permission de ce dernier?
Vous dites que non?
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Non, je ne vous avais pas entendu. Normalement, je vous entends très bien mais pas cette fois.
Dans son rapport, la commissaire à la protection de la vie privée parle de ce qui se passe de son point de vue. Au sujet du Service correctionnel, elle dit ceci : 11 abandonnées, 9 non fondées, réglées en cours d'enquête, 43 fondées. Si je comprends bien, il s'agit de plaintes qui, après leur traitement chez vous, au Service correctionnel, ont fait l'objet d'un appel devant le Commissariat à la protection de la vie privée. Dans vos fonctions antérieures, vous auriez fait enquête, n'est-ce pas?
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Vous avez les fonds. Ce n'est donc pas un problème d'argent. Il s'agit de trouver des gens et de les former.
Comme vous respectez les délais dans la moitié des cas, disons, il ne peut pas y avoir d'appels pour ce motif. Cela donne donc le reste. Avez-vous établi un processus pour entreprendre une médiation avec le demandeur, si vous n'allez pas respecter le délai de 30 jours, afin qu'il ne fasse pas appel? Sinon, laissez-vous simplement les choses suivre leur cours en laissant le demandeur décider s'il va faire appel ou non? Y a-t-il un système quelconque pour essayer de réduire le nombre d'appels, même dans les cas où vous savez que vous n'allez pas respecter le délai?
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Oui, c'est au cas par cas, comme vous dites. Il y a certaines règles générales.
Certaines personnes diront, et je sais que ces accusations ont été faites, que, lorsqu'il y a interaction entre l'accès et la vie privée, en même temps, il y a un certain degré de — je vais employer le mot le plus positif — subjectivité, évidemment. On pourrait employer un mot plus fort. Quand certaines parties de phrases sont dissimulées pour protéger la vie privée d'une personne, d'autres pourraient dire que ça représente un déni d'accès.
En ce qui concerne la formation des employés, je crois vous avoir entendu dire qu'il y a probablement... J'ai certains amis qui travaillent dans ce domaine. Ils vont bientôt prendre leur retraite. Ils travaillent maintenant à temps partiel. Ce sont des gens âgés. Ils ne partent pas complètement. Ils aiment bien contrôler leurs horaires mais ils n'ont pas envie de travailler à temps plein, cinq jours par semaine. Ça leur convient. C'est un avantage d'avoir ces gens d'expérience à votre disposition.
En ce qui concerne la formation des nouveaux employés, y a-t-il un manque d'argent ou s'agit-il simplement de trouver plus de candidats et d'entreprendre une campagne de recrutement plus vigoureuse?
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J'ai plusieurs choses à dire et j'encouragerais ensuite Mme Rooke à donner son avis.
Tout d'abord, pour ce qui est du problème, on manque de candidats. Il faut recruter des gens et les former, comme vous dites, et pas seulement en ce qui concerne l'application des deux lois. Dans notre cas, il faut leur apprendre ce que sont le Service correctionnel du Canada et l'environnement carcéral car les exemptions sont appliquées de manière dynamique. Les employés doivent comprendre comment les établissements et la communauté fonctionnent pour donner aux exemptions une vie appropriée, si je peux m'exprimer ainsi.
L'an dernier, nous avons obtenu des ressources supplémentaires qui sont maintenant transférées à l'accès à l'information et à la protection des renseignements personnels. Cela nous permettra de faire concurrence, si je peux m'exprimer ainsi, aux autres ministères. Si vous êtes un analyste chevronné en AIPRP, vous pouvez faire le tour des différents ministères et choisir celui que vous voulez. Je pense qu'il était assez clair que nous avions besoin d'une certaine capacité additionnelle. Nous nous en sommes occupés et nous espérons que cela améliorera la situation. Si nous revenons devant le comité dans un an ou deux, nous pourrons vous dire que nous avons fait certains progrès.
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Un rappel au règlement, monsieur le président.
Tout cela est tout nouveau pour moi et je vous remercie de votre présence ici. Malheureusement, je n'ai pas pu être là pour la première partie.
Mon rappel au règlement concerne le fait qu'il est dit dans le mémoire que ces témoins estiment qu'il ne serait pas légitime pour eux de faire des commentaires sur les changements que la commissaire juge nécessaires pour s'acquitter de ses fonctions, ce qui me porte à conclure que les questions ne sont pas pertinentes.
Une voix: Ce n'est pas un rappel au règlement.
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Comme vous le savez, quand on discute d'information et de renseignements personnels, il y a toujours un équilibre délicat à trouver.
Je constate ici, madame Rooke, que vous êtes directrice à la fois de l'accès à l'information et de la protection des renseignements personnels. Au niveau des agents du Parlement, vous savez bien sûr que les fonctions de commissaire à la protection de la vie privée et de commissaire à l'information sont séparées. Il y a eu un débat sur la question de savoir si les deux devraient être réunies mais le consensus au Parlement a été de les maintenir séparées parce qu'il y a une tension inhérente entre les deux objectifs, l'un concernant la liberté de l'information et l'autre, la protection de la vie privée. Pour s'assurer qu'il n'y aura jamais de conflit entre ces deux intérêts contradictoires, il doit y avoir deux bureaux différents.
Dans votre fonction de directrice de l'accès à l'information et de la protection des renseignements personnels, avez-vous déjà perçu cette tension entre les deux fonctions?
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À l'ordre, s'il vous plaît.
Je me demande si cette question est pertinente. C'est une discussion que j'ai déjà eue dans un comité spécial de tous les partis politiques de John Bryden — une discussion sur l'accès et la protection de la vie privée. Je rappelle aux membres du comité qu'ils doivent s'en tenir aux modifications envisagées ou aux propositions formulées au sujet de la Loi sur la protection des renseignements personnels.
Cette remarque vaut à la fois pour les membres du comité et pour les témoins. Je tiens à ce que le débat s'en tienne à l'ordre du jour.
Veuillez continuer, monsieur Poilievre.
Nous examinons depuis longtemps cette tension entre l'accès et la protection des renseignements personnels. Le président est très au courant de la question. Il vient juste de mentionner pourquoi, et je l'en remercie.
Ma question porte plus généralement sur la manière dont nous, parlementaires, traitons avec le Service correctionnel sur les questions de protection de la vie privée. Pensez-vous que le Service pourrait rehausser sa transparence à ce sujet devant le Parlement?
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Merci, monsieur le président. C'est seulement mon deuxième tour. J'ai délibérément laissé passer les autres dans l'espoir que nous pourrions traiter des travaux du comité, comme c'est prévu à l'ordre du jour. Je constate que nous n'y sommes pas encore.
Je m'adresse aux témoins. J'espère que vous comprenez bien que vous êtes ici devant un comité de députés qui travaillent ensemble. On nous appelle le Comité de l'accès à l'information — question que nous examinons de temps à autre et que nous espérons étudier à nouveau bientôt —, de la protection des renseignements personnels — question que nous examinons aujourd'hui — et de l'éthique des députés.
En ce qui concerne la notion d'éthique, bien sûr, c'est...
Cela commence à m'inquiéter. Je constate que les gens sont un peu frustrés et énervés. Nous n'avons pas besoin de cela. Nous avons du travail à faire.
Je voudrais informer les membres du comité d'une situation particulière qui vient d'apparaître. Je pense que c'est important pour nous. Il s'agit du fait que les fonctionnaires sont généralement convoqués, comme on dit ici, « par rapport à la mise en oeuvre et à l'exécution de la politique gouvernementale, plutôt qu'à la détermination de celle-ci ».
C'est l'une des raisons pour lesquelles les témoins qui comparaissent devant nous ont dû dire qu'ils ne sont pas en mesure d'exprimer d'opinion claire sur la politique fondamentale. Ce ne serait pas correct pour eux de le faire. Cela les placerait dans une situation difficile. Par conséquent, je pense que leur témoignage a porté fondamentalement sur la question soulevée par M. Hiebert, c'est-à-dire que nous sommes très préoccupés par le fait qu'un pourcentage aussi élevé de plaintes émane de ce secteur particulier, le Service correctionnel.
Je pense que les témoins ont très clairement indiqué dans leur déclaration liminaire d'où viennent les chiffres. Je pense qu'il était utile d'avoir cette information sur les raisons, c'est-à-dire qu'il peut y avoir certaines frustrations parmi les détenus parce qu'il y a dans leurs dossiers des informations auxquelles ils n'ont pas accès.
Cela étant, je sais parfaitement, et je pense que les députés le savent aussi... C'est pourquoi les questions ont porté plus sur l'AIPRP et l'accès que sur la protection des renseignements personnels, mais je pense que nous nous approchons très rapidement du point où le débat ne peut plus être très constructif.
Je sais que les membres du comité ont pu poser des questions d'intérêt général aux témoins mais j'ai l'impression depuis déjà un certain temps, depuis au moins une demi-heure, que les questions ne sont plus pertinentes par rapport à notre mandat.
Je vais continuer avec ma liste et permettre aux membres du comité de poser des questions mais je tiens à ce que celles-ci soient pertinentes. Je vous demande de respecter ce principe. La pertinence est un élément crucial de notre travail, quel qu'il soit, et personne n'est obligé d'utiliser son temps de parole simplement parce qu'il lui a été accordé. Cela ne témoignerait d'aucun respect à l'égard des témoins ou des autres membres du comité.
Monsieur Hubbard, je comprends votre position. Vous avez la parole. Vous n'avez utilisé qu'une minute de votre temps. Il vous en reste quatre. Si vous avez des questions à poser aux témoins concernant le travail que nous devons faire, veuillez continuer. Sinon, je donne la parole à quelqu'un d'autre.
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Merci, monsieur le président.
Nous sommes saisis de la deuxième partie de notre mandat, l'accès à l'information et la protection des renseignements personnels. La troisième partie concerne l'éthique.
J'espère que les témoins sont en mesure d'apprécier vraiment ce qu'est devenu notre comité aujourd'hui car on dit que nous sommes le comité ayant le plus haut niveau d'éthique à la Chambre des communes.
Il est désolant, monsieur le président, que nous ayons laissé nos témoins être harcelés par des questions qui n'ont rien à voir avec le thème de la séance d'aujourd'hui. J'espère que vous en êtes conscient, monsieur le président, et que nous allons passer à la deuxième partie de notre mandat, pour essayer d'avancer.
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Merci, monsieur le président.
J'ai déjà fait partie de comités où des témoins ont été harcelés et je peux vous garantir que ce n'était pas le cas aujourd'hui.
Je vous remercie de votre présence et de votre attention. J'espère que vous avez entendu le président parler aujourd'hui à la télévision du fait que les parlementaires ont le droit de poser des questions, parce qu'il était très éloquent à ce sujet. C'était il y a quatre ou cinq heures seulement et j'espère que lui-même s'en souvient.
En ce qui concerne la Loi sur la protection des renseignements personnels, ma question portera sur les informations transfrontalières. Quand vous dites qu'une tierce partie a le droit de vous poser des questions, cela veut-il dire que le ministère de la Justice des États-Unis, par exemple, a le droit de demander des renseignements sur un détenu canadien?
Le président: Cette question porte-t-elle sur l'accès à l'information?
M. Mike Wallace: Elle porte sur le dossier d'un particulier. Je ne le sais pas et ils ne le savent manifestement pas non plus. C'est une question légitime.
Considérant les critères énoncés par la commissaire à la protection de la vie privée, l'une des questions dont on parle concerne les informations transfrontalières, ce sur quoi porte ma question. C'est relié à la Loi sur la protection des renseignements personnels. Cela concerne les personnes dont ils sont responsables. C'est une question tout à fait légitime, monsieur le président.
Une autre recommandation est que la Cour fédérale doit interpréter largement les critères, pour lui permettre de revoir tous les motifs en vertu de la Loi sur la protection des renseignements personnels, pas seulement de l'accès. Considérant l'expérience de Mme Rooke, je suppose que la loi actuelle permet à un détenu de... Si les 30 jours sont passés et qu'il formule une plainte, fondée maintenant sur le délai ou sur le manque d'accès, il a actuellement, si l'on n'apporte pas de modifications, le droit d'interjeter appel devant la Cour fédérale.
Ai-je raison?
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J'aimerais avoir cette information. Je ne sais pas dans quelle mesure cela vous concerne. Cela arrive-t-il souvent ou non?
Je sais que vous ne pouvez pas faire de commentaires. Vous avez dit que vous ne vouliez pas exprimer d'avis sur le fait que ce soit bien ou mal mais la commissaire affirme que le rôle devrait peut-être être élargi. Elle a aussi déclaré qu'elle devrait avoir le pouvoir de dire si c'est frivole ou non. En fait, le ministre de la Justice, quand il a témoigné, a dit qu'il y aurait peut-être là un certain conflit d'intérêts. Comment pouvez-vous, d'une part, donner le droit de dire que c'est frivole et, d'autre part, élargir le droit d'aller devant la Cour fédérale pour d'autres questions?
Je ne sais pas si, d'un point de vue organisationnel... Comme vous êtes l'un des gros utilisateurs du système, en tout cas selon la commissaire à la protection de la vie privée, et c'est sous cet angle que je vous interroge aujourd'hui... Nous parlons du Commissariat à la protection de la vie privée. Vous avez absolument raison de dire qu'il est chargé d'appliquer la loi et c'est pourquoi nous examinons d'éventuelles modifications, mais je voudrais savoir comment ça marche pour ceux qui, sur le terrain, sont réellement chargés de son application.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur McCowan, pour en revenir là où nous étions quand j'ai terminé mon tour précédent, y a-t-il un problème avec la Charte? Non, pas un problème, ce n'est pas le bon mot. Cela résulte-t-il de la Charte? Les problèmes dont nous traitons aujourd'hui sont-ils le résultat des garanties de la Charte? Corrigez-moi si je me trompe mais la loi est récente — 1991 — et la Charte remonte à 1984. Autrement dit, ces problèmes auraient-ils existé en 1974?
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Monsieur le président, je pense que c'est une chose que nous devrions aussi examiner. Nous devrions nous pencher sur les lois françaises et voir...
Je dis cela parce que j'ai pris l'avion avec un criminologue et je ne suis pas... Je pense qu'il y a plus de problèmes. Je pense que nous venons juste de lever une partie du voile. Y a-t-il quelque chose dans les tribunaux concernant le crime organisé? Exploite-t-il cette législation? C'est là où je veux en venir, je suppose. Est-ce que cette législation, cette belle chose que nous avons adoptée, ces droits que nous avons accordés à tous nos citoyens... Est-ce que les criminels, les détenus, les gens qui sont devant les tribunaux parce qu'ils doivent être accusés d'actes criminels nous roulent dans la farine?
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Je n'ai pas connaissance de solutions rapides.
Madame Rooke, n'hésitez pas à intervenir si vous connaissez des ajustements que nous pourrions apporter à nos activités pour avoir une incidence notable sur la vie privée.
Comme je l'ai dit, je pense que la majorité de celles que nous recevons émanent de délinquants qui veulent savoir ce qu'il y a dans leur dossier parce que c'est pertinent dans le contexte des diverses décisions prises à leur sujet. Voilà la réalité sous-jacente.
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Madame Rooke, n'hésitez pas à intervenir.
Je n'ai pas connaissance de solution rapide, d'un point de vue correctionnel, pour réduire sensiblement le nombre de demandes touchant la vie privée.
En ce qui concerne l'interception des divers types de communications, nous avons un cadre législatif et réglementaire qui régit ce que nous pouvons faire et ne pas faire mais, si vous examinez l'ensemble des demandes, il s'agit de détenus qui essayent d'avoir accès à leur dossier parce qu'ils veulent être informés au sujet des décisions qui seront prises dans leur cas de diverses manières. C'est l'essentiel.
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Il n'a pas encore démarré. Vous n'avez encore rien dit.
Je veux rappeler aux membres du comité qu'on ne peut pas faire un rappel au règlement simplement parce qu'on veut la parole alors qu'elle a été donnée à quelqu'un d'autre.
Des voix: Bravo!
Le président: Je vais citer la règle : « Tout membre du comité peut invoquer le Règlement pour attirer l'attention sur un écart à celui-ci ou à la façon dont le comité mène habituellement ses délibérations ». C'est dans Marleau et Montpetit, au chapitre 20. Je ne voudrais pas établir de précédent en laissant les membres interrompre les travaux à leur guise par des rappels au règlement.
Monsieur Murphy, vous avez invoqué le règlement. Veuillez exposer la nature de votre rappel au règlement avant d'en débattre.
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Merci, monsieur le président.
C'est ma première occasion de poser une question...
Je suis désolé, vous ne m'entendez probablement pas parce que trop de gens parlent en même temps.
C'est la première occasion que j'ai de poser une question et je veux commencer par remercier les témoins de leur présence.
Je m'adresse à vous, monsieur McCowan. Vous avez dit que vous êtes au Service correctionnel depuis deux ans et que vous êtes le commissaire adjoint responsable des politiques et de la recherche. En quoi cela est-il relié aux questions de vie privée au Service correctionnel?
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Très bien. Cela m'aide à comprendre la situation.
Je ne sais pas qui l'a dit — en fait, c'était Mme Rooke — mais vous avez procédé à deux évaluations des facteurs relatifs à la vie privée au cours de l'année passée. Pourquoi? Quelle était la raison? À l'heure actuelle, en vertu de la Loi sur la protection des renseignements personnels, ce n'est pas obligatoire, et c'est d'ailleurs l'une des choses que demande la commissaire à la protection de la vie privée. En fait, c'est ce qu'elle demande pour tous les ministères — c'est sa troisième recommandation. Je sais que le Conseil du Trésor a évoqué quelque chose de semblable mais je ne savais pas que c'était réellement exigé de tous les ministères.
Y a-t-il une loi ou un règlement qui vous oblige à procéder à ces évaluations ou les faites-vous simplement parce que vous avez le sens des responsabilités et du travail bien fait? Quelle est votre motivation à cet égard?
Ces évaluations des facteurs reliés à la vie privée correspondent-elles à ce qu'a proposé la commissaire à la protection de la vie privée ou sont-elles différentes?
Ce qu'elle demande, c'est une ÉFVP, une évaluation des facteurs reliés à la vie privée. Ce que vous me dites, c'est que le Conseil du Trésor les exige déjà de manière systématique. Demande-t-elle quelque chose qui existe déjà ou savez-vous s'il y a une différence entre ce qu'elle a proposé et ce qu'exige la politique du Conseil du Trésor?
Je vous remercie de vos bonnes questions concernant ces recommandations, monsieur Hiebert. C'est une question importante pour nous.
M. Vellacott sera le dernier, pendant cinq minutes. Ensuite, avant de lever la séance, j'aimerais dire quelques mots aux membres du comité sur ce qui viendra après.
M. Vellacott.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Pour protéger la vie privée des détenus et de ceux qui sont dans les établissements correctionnels quand ils formulent une demande de renseignements, vous devez faire attention aux informations divulguées à d'autres personnes. S'il y a un refus et qu'ils sont insatisfaits, et qu'une plainte est déposée...
Vous avez dit avoir quelque 3 500 plaintes dans cette base de données, dont 91 p. 100 concernent le fait que le ministère n'a pas respecté le délai législatif de 30 jours. Dans le réexamen qui fait suite, vous faites venir la personne d'origine mais qui d'autre faites-vous venir quand la plainte est déposée ou rendue ou je ne sais quoi? Qui du service correctionnel du Canada vient examiner cette plainte?
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Non, nous avons terminé. La séance est terminée. La séance sera bientôt terminée.
Je tiens simplement à dire au comité que notre greffier habituel, M. Rumas, a eu un problème de santé hier et a dû être conduit à l'hôpital. C'est pourquoi nous avons eu aujourd'hui James Latimer, qui remplacera M. Rumas jusqu'à son retour. Nous avons aussi Miriam qui nous aidera à faire en sorte que les choses continuent sans heurts. Je voulais simplement vous dire pourquoi M. Rumas n'était pas ici.
Cela étant, vous avez peut-être lu aujourd'hui dans les journaux que M. Pratte, l'avocat de M. Mulroney, a répondu à M. Rumas au sujet de notre demande de comparution. La réponse vous a été envoyée électroniquement et vous avez donc la lettre de M. Pratte, l'avocat, et la réponse que j'ai envoyée hier soir. Nous n'avons pas le temps d'en discuter en ce moment mais je me suis laissé dire qu'il y aura peut-être d'autres développements dans un avenir proche.
Nous n'avons malheureusement pas pu aborder le deuxième sujet à l'ordre du jour, la motion de M. Hubbard, et je vais vous proposer de laisser cette séance continuer, c'est-à-dire de conserver le même ordre du jour pour débuter la séance de mardi. Nous aurons peut-être aussi à ce moment-là une mise au point à faire au sujet de M. Mulroney et vous pourrez alors donner votre avis sur la suite des événements.
Aucun témoin n'est prévu pour mardi. Vous vous souviendrez que nous devions recevoir Mme Stoddart mais elle nous a signalé qu'elle n'est pas disponible ce jour-là. Nous commencerons donc immédiatement la séance en reprenant le débat sur la motion de M. Hubbart, conformément à l'ordre de renvoi du comité du 3 juin, puisque la motion a déjà été déposée. Le débat avait été ouvert mais la séance était terminée.
Voilà donc ce que nous envisageons et je consulterai les membres du comité si d'autres développements m'obligent à prendre certaines décisions dans l'intérim, car je tiens à ce que tous les partis soient informés et participent à toutes les décisions que je pourrais être appelé à prendre.
Merci.
La séance est levée.