Bonjour, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité.
Comme le président l'a signalé, je suis accompagné aujourd'hui de M. François Bernier, directeur des Services juridiques à Élections Canada.
Le président de ce comité m'a demandé d'aider les membres du comité dans le cadre de votre étude portant sur l'examen et le traitement des comptes de campagnes électorales et les points principaux à prendre en compte dans l'examen des rapports présentés. Lors des discussions que nous avons eues avant ma comparution, le président m'a demandé de fournir une explication détaillée des aspects du cadre législatif et administratif qui touchent le financement politique sous le régime de la Loi électorale du Canada, et plus particulièrement le traitement des dépenses électorales.
Ma première présentation portera sur ce sujet. J'espère que celle-ci permettra au comité de mieux comprendre le contexte opérationnel dans lequel sont prises les décisions relatives au remboursement des dépenses électorales. l'aborderai ensuite la question de certaines décisions pouvant intéresser le comité et j'expliquerai comment elles sont reliées au cadre législatif et administratif.
[Français]
Le mandat d'Élections Canada est d'administrer la Loi électorale du Canada de manière équitable, uniforme, transparente et impartiale. À titre de haut fonctionnaire du Parlement, mon premier devoir est de servir le Parlement et les Canadiens. Bien que le comité examine des activités de titulaires de charge publique, j'ai confiance qu'il comprendra qu'en ma qualité de directeur général des élections, je ne peux parler que de questions électorales. Je ne formulerai pas de commentaires sur les enquêtes que mène actuellement le commissaire aux élections fédérales ni ne donnerai de détails concernant l'affaire en instance devant la Cour fédérale. Je ne discuterai pas non plus de cas individuels.
Monsieur le président, avec votre accord, je vais maintenant commencer la première partie de la présentation. Le comité a déjà reçu une présentation qui s'étend sur plusieurs pages — 42 pages, je crois. Je me priverai donc de lire chacune de ces pages et ferai simplement les commentaires principaux sur les éléments essentiels de la présentation.
La présentation contiendra quatre parties. D'abord, l'objectif lui-même ainsi qu'une partie traitant des principes clés qui sous-tendent la législation et l'administration de cette législation, les aspects clés de la législation et, finalement, les aspects de l'administration de cette législation. Je ferai aussi une courte conclusion.
[Traduction]
Selon moi, on ne se trompe pas en affirmant que, pendant les 100 premières années de démocratie fédérale au Canada, l'attention a porté à peu près entièrement sur la conduite des élections et sur l'expansion progressive de l'électorat — le droit de voter — jusqu'à ce que tous les citoyens canadiens puissent le revendiquer. De fait, le droit de vote est devenu un droit fondamental protégé par la Constitution et la Charte canadienne des droits et libertés en 1982.
L'attention ainsi portée à la question ne se dément pas aujourd'hui, comme en fait foi le programme de la 39e législature. Par exemple, le projet de loi C-2, la Loi fédérale sur la responsabilité, traitait de la nomination des directeurs de scrutin, responsabilité qui incombe maintenant au directeur général des élections. De même, le projet de loi C-31 traitait de l'intégrité du vote lui-même. Il y a eu aussi le projet de loi C-18, où il était question de la preuve de résidence. Et, en ce moment, il y a le projet de loi C-6, qui porte sur l'identification visuelle des électeurs; le projet de loi C-16, qui traite du scrutin anticipé; et le projet de loi C-20, texte de loi important qui traite de la nomination des sénateurs. Tout cela pour dire que les gens s'attachent toujours au processus électoral et à la conduite des élections.
Tout de même, depuis 40 ans, l'influence de l'argent sur le processus électoral suscite de plus en plus d'inquiétudes. Ces inquiétudes ont conduit le Parlement à mettre au point progressivement un régime de réglementation qui régit l'utilisation faite de l'argent pendant les campagnes électorales. Nous en sommes arrivés au point où le Canada se situe à l'avant-plan des démocraties pleinement développées pour les règles touchant l'influence de l'argent en campagne électorale. Ce régime de réglementation du financement politique a vu ses premiers jours durant les années 70; dans l'intervalle, il a été associé à d'incessantes réformes législatives qui demeurent à l'ordre du jour aujourd'hui. Encore une fois, le Parlement qui est là aujourd'hui a adopté le projet de loi C-2, lequel traite des contributions et des dons, et qui interdit les contributions provenant de personnes morales et de syndicats. Le Parlement se penche sur un autre aspect important du régime financier, le projet de loi C-29, qui traite des prêts.
Mon but aujourd'hui est de traiter d'un aspect particulier et important de notre régime de financement politique, soit les dépenses électorales et la façon dont Élections Canada s'y prend pour les traiter sous le régime de la Loi électorale du Canada. Plus particulièrement, j'aborderai le cadre législatif, le cadre administratif et le programme d'observation et d'application de la loi.
Certains principes sous-tendent le cadre législatif et administratif. Premièrement, pour conserver la confiance du public, il faut faire preuve de transparence et d'équité. Ces principes se retrouvent dans diverses dispositions de la Loi, là où il est question de la divulgation au public, des plafonds de dépenses, du financement public, de l'observation et de l'application de la loi et — chose qui est souvent oubliée — du caractère distinctif des entités politiques. Chacune a son propre régime comportant des obligations et des droits particuliers.
Qui dit transparence dit divulgation. Il s'agit de renseigner les électeurs sur les candidats, les partis et d'autres entités. D'un point de vue financier, il s'agit de déclarer les recettes et les dépenses, et également d'où elles proviennent.
L'équité représente un principe clé d'une démocratie en santé. Dans notre démocratie à nous, par souci d'équité, nous permettons aux candidats des partis politiques de présenter aux électeurs leur visions, leurs politiques et leurs valeurs. La nature de ce qui est présenté ainsi et la façon dont c'est communiqué aux électeurs relèvent entièrement des partis politiques et des candidats. Cependant, la loi vise à garantir que la bataille que se livrent les partis politiques et les candidats pour obtenir le vote des électeurs respecte certaines règles, conçues pour créer et préserver des règles du jeu équitables. Encore une fois, au cours des 40 dernières années, le législateur a adopté des règles qui visent à favoriser cette égalité. Les règles en question portent particulièrement sur la façon dont l'argent peut être amassé et sur la façon dont il peut être dépensé quand vient le temps de présenter des idées et de rejoindre les électeurs.
La Loi électorale du Canada a confié au directeur général des élections la tâche qui consiste à administrer ces règles complexes, en vue de s'assurer que les principes clés sont en tout temps respectés. En faisant cela, Élections Canada doit agir de manière équitable et impartiale, et faire sans cesse preuve de diligence. Lorsque l'organisme a raison de croire que les règles n'ont pas été observées et qu'il y a une infraction possible à la loi, il doit exercer les pouvoirs que lui confère la loi, compte tenu des exigences liées à l'équité et à l'application régulière de la loi, dans les strictes limites que confère la loi. En agissant autrement, non seulement il se minerait lui-même comme institution, mais il minerait aussi la démocratie.
Je vais me tourner maintenant vers l'aspect clé du cadre législatif en tant que ce dernier se rapporte au traitement des dépenses électorales et la place qu'occupent ces principes clés dans la loi électorale.
Les éléments pertinents du cadre législatif sont les définitions clés, les fonctions des agents officiels, exposées brièvement, les plafonds de dépenses électorales en tant que notion et concept, la notion de transferts entre les entités politiques, les exigences relatives aux déclarations des entités politiques en question, le droit au remboursement des dépenses et les différences principales entre les partis et les candidats. Notez que certaines personnes saisissent mal le système et tendent à voir leur parti et leurs candidats comme formant ensemble une seule entité, alors que la loi établit des distinctions nettes sur ce plan et impose aux partis et aux candidats des obligations, des responsabilités et des avantages particuliers. Essentiellement, ceux-ci sont traités indépendamment les uns des autres. Cela vaut particulièrement pour les exigences relatives à la divulgation et aux déclarations, qui diffèrent souvent selon qu'il s'agit du parti ou du candidat. L'accès au financement public n'est pas le même. Les plafonds de dépenses sont établis différemment selon qu'il s'agit du candidat ou du parti. Dans une certaine mesure, les règles régissant la collecte de contributions ne sont pas les mêmes selon qu'il s'agit du candidat ou du parti.
Regardons d'abord les définitions clés. Sous la rubrique des dépenses de campagne électorale du candidat, il y a trois définitions clés qu'il faut examiner: les dépenses de campagne électorale du candidat, les dépenses électorales du candidat et les dépenses personnelles du candidat.
Les dépenses de campagne électorale sont les dépenses raisonnablement entraînées par une élection; elles englobent les dépenses électorales elles-mêmes et les dépenses personnelles. Il existe des dépenses de campagne électorale qui ne sont ni des dépenses électorales ni des dépenses personnelles. Les dépenses de vérification engagées au-delà de l'allocation accordée en sont un exemple. Il s'agit de dépenses de campagne électorale, mais non pas de dépenses électorales à proprement parler. Il y a aussi le loyer d'un bureau occupé en dehors de la période prévue du loyer. Par exemple, si un candidat loue un bureau avant que l'élection ne soit officiellement déclenchée ou qu'il conserve le bureau après la date du scrutin, il engage par là des dépenses de campagne électorale, mais non pas des dépenses électorales.
Les dépenses électorales s'entendent des frais engagés et des contributions non monétaires reçues, dans la mesure où les biens et les services faisant l'objet des dépenses ou des contributions servent à favoriser ou à contrecarrer directement un candidat pendant une période électorale. L'expression « favoriser directement » n'englobe pas que les frais engagés expressément pour inciter les électeurs à voter pour ou contre un candidat particulier. Nettement plus grande, sa signification englobe tous les frais qui concourent directement à l'élection d'un candidat. Par exemple, cela comprend la location d'un bureau, le matériel utilisé dans le bureau en question, les ordinateurs, les fournitures et la rémunération des travailleurs affectés à la campagne pendant la période électorale. Tous les frais ainsi engagés favorisent directement le candidat et sont donc comptés parmi les dépenses électorales aux fins de la loi.
La troisième définition se rapporte aux dépenses personnelles. Les dépenses personnelles d'un candidat sont les dépenses de campagne électorale qu'il engage mis à part les dépenses électorales raisonnablement entraînées en rapport avec sa campagne. Parmi les dépenses personnelles, il faut compter les frais de déplacement et de subsistance, les frais de garde d'enfants et autres dépenses semblables.
Il importe de signaler qu'il existe trois catégories de dépenses, dont chacune comporte sa propre définition et ses propres normes. De manière générale, les dépenses électorales doivent être divulguées au public. Elles peuvent être remboursées et sont assujetties à des plafonds. Les dépenses personnelles peuvent être divulguées, et elles peuvent être remboursées. Les dépenses résiduelles, celles qui sont ni personnelles ni électorales, doivent être divulguées, mais elles ne peuvent être remboursées. Encore une fois, j'ai invoqué le cas de l'allocation accordée pour une vérification.
La notion de transfert est un autre concept clé pour qui se penche sur la question des dépenses électorales. La loi permet aux entités politiques de la même appartenance politique de déplacer des ressources entre elles sans être assujetties aux restrictions quant à la source et aux montants des contributions prévues par la loi. La contribution est une somme d'argent reçue et non remboursable, ou la valeur commerciale d'un service ou de biens, ou de l'usage de biens ou d'argent, s'ils sont fournis sans frais ou à un prix inférieur à leur valeur commerciale.
Encore une fois, voilà un concept essentiel et nouveau — celui de la valeur commerciale. Comment définit-on la valeur commerciale? C'est le prix le plus bas exigé pour un bien ou un service par leur fournisseur, dans le cas où la personne exploite une entreprise qui les fournit. Sinon, c'est le prix exigé par un fournisseur commercial, dans le cas où la personne n'exploite pas une telle entreprise.
À la fin de la campagne électorale, les candidats doivent déposer un compte de campagne électorale. Le compte en question recense toutes les opérations financières effectuées en rapport avec l'élection. C'est un formulaire de 15 pages qui se divise en quatre parties. C'est un peu plus long qu'une déclaration d'impôt sur le revenu; le remplir est donc une tâche d'une certaine complexité.
Je vais vous donner un exemple où tous ces concepts convergent. Disons qu'un parti politique regroupe les achats d'affiches pour ses candidats et offre les affiches en question aux candidats pour que les gens puissent les mettre sur leur pelouse. Le candidat a la possibilité d'accepter l'achat commun ou de le refuser. Disons qu'un candidat convient d'acheter 1 000 affiches pour sa campagne et que les affiches en question ont une valeur de 10 000 $; cependant, le candidat ne peut consacrer que 2 000 $ à l'achat. Dans la mesure où les affiches sont utilisées pendant la campagne pour favoriser le candidat en question, le compte devra présenter l'opération comme suit: premièrement, la dépense électorale du candidat s'élève à 10 000 $, étant donné qu'il a reçu les 1 000 affiches en question et qu'il les a utilisées pendant sa campagne. C'est le montant inscrit à titre de dépense. La dépense engagée qu'il indiquera sera de 2 000 $. Il fera état d'un transfert non monétaire de 8 000 $, qui représente la valeur commerciale des affiches transférées du parti aux candidats. Le montant indiqué à titre de dépenses sera compté aux fins du plafond de dépenses et pourra être remboursé. Le montant du transfert non monétaire comptera aussi aux fins du plafond de dépenses, mais il ne pourra être remboursé, étant donné que rien n'a été payé en échange.
C'est un exemple très simple de la façon dont ces opérations doivent être inscrites dans le compte.
Compte tenu du rôle capital que joue l'argent et de la nécessité de contrôler rigoureusement les entrées et les sorties d'argent, de même que pour s'assurer que les activités financières respectent strictement les limites imposées par le législateur, la loi prévoit ou exige que chacun des candidats désigne un agent officiel. De fait, un candidat ne peut se présenter officiellement aux élections s'il ne nomme pas d'agent officiel. C'est une obligation de par la loi.
L'agent officiel est bien plus qu'un teneur de livres. De fait, s'il faut faire une analogie, disons qu'il pourrait être assimilé à un trésorier ou à un contrôleur financier. La diapositive 9 fait voir les fonctions principales des agents officiels.
De manière générale, l'agent officiel est responsable de contrôler toutes les dépenses de campagne électorale — c'est-à-dire que, dans le cas de la campagne d'un candidat, seul l'agent officiel ou le candidat ou une personne détenant une autorisation écrite peut engager une dépense de campagne électorale. Vous comprendrez donc que, pour exercer ses fonctions, l'agent officiel doit, bien entendu, maîtriser l'ensemble des concepts et des définitions que j'ai exposés plus tôt, et qu'il doit acquérir une bonne connaissance des principes sous-jacents de la loi.
Je vais parler brièvement des plafonds de dépenses. Le premier point fait voir que les partis et les candidats sont soumis à des plafonds distincts. Les plafonds s'appliquent aux dépenses électorales, qu'elles soient payées ou non, et comprennent la valeur commerciale des contributions ou des cessions non monétaires.
Élections Canada calcule les plafonds de dépenses applicables à chacun au moyen d'une formule qui est exposée dans la loi. Je ne vais pas donner de précisions sur la formule, sauf pour dire que, dans le cas des candidats, elle tient compte du nombre d'électeurs, de la densité de la population dans la circonscription et de la géographie de la circonscription, et qu'elle prévoit un rajustement en fonction de l'inflation.
Le calcul des plafonds de dépenses des partis est un peu plus simple. Il s'agit du nombre d'électeurs qui se trouvent dans les circonscriptions où le parti présente des candidats.
Pour la 39e élection — nous sommes à la diapositive 13 —, le plafond de dépenses moyen par candidat par circonscription était d'un peu plus de 81 000 $. Pour un parti enregistré ayant présenté un candidat dans chacune des 308 circonscriptions, il était d'un peu plus de 18 millions de dollars. Qu'est-ce que cela veut dire? On peut être tenté de dire que, globalement, un parti ayant présenté 308 candidats pourrait dépenser jusqu'à 18 millions de dollars pour le parti et jusqu'à 24 millions de dollars, presque 25 millions de dollars, étant donné les plafonds établis pour chacun des candidats, ce qui donnerait un total de 43 millions de dollars. Cependant, ce serait une erreur de le voir de ce point de vue-là, étant donné que la loi n'envisage pas la famille politique comme étant une seule et unique entité. Elle voit plutôt, pour reprendre ce cas et cet exemple, 308 entités distinctes et séparées pour lesquelles il y a des obligations et des droits particuliers.
Je vais parler brièvement des cessions. La Loi électorale du Canada reconnaît le lien organique qui existe au sein d'une famille d'entités politiques et permet à ces dernières de transférer entre elles des fonds, des biens et des services sans assimiler à des contributions les déplacements de ressources en question. Le fait pour un parti politique de fournir des ressources à un autre, chose qui n'est pas prévue expressément dans la loi, constitue une contribution qui est assujettie aux règles d'admissibilité et de plafond de dépensées prévues dans la loi.
La cession des dépenses est interdite, étant donné que les plafonds particuliers imposés aux partis et aux candidats n'auraient plus de sens si c'était le cas. Comme vous pouvez le voir, il est absolument essentiel de garder à l'esprit l'ensemble des définitions et des concepts en question au moment d'examiner les divers comptes présentés à la fin d'une campagne électorale.
La diapositive 15 vous fait voir les cessions — celles qui sont permises et celles qui ne le sont pas. Évidemment, vous êtes à même de voir que la Loi électorale du Canada autorise tout à fait les cessions entre partis et candidats. Il y a certaines normes à respecter, mais les entités peuvent se transférer librement les ressources.
Vous noterez que, dans le cas des candidats, les déplacements des ressources en question ne peuvent commencer qu'une fois que la personne s'est présentée officiellement comme candidat, ce qui veut dire que sa candidature a été déposée au bureau du directeur du scrutin. Vous remarquerez aussi que les cessions aux candidats à la suite du jour du scrutin ne sont permises que pour le paiement de créances impayées.
La diapositive 16 fait voir la situation d'un autre point de vue. La diapositive fait voir un triangle qui illustre la relation entre le parti, les candidats et les associations de sa circonscription, ainsi que les obligations et les droits respectifs de chacun. Vous le voyez clairement: la cession d'argent, de biens et de services entre les trois entités est permise. Vous remarquerez aussi que la cession des dépenses ne l'est pas, et vous verrez qu'Élections Canada, par le truchement des divers programmes qu'il applique, veille sur la façon dont l'argent circule entre les entités.
Je devrais souligner que, dans la 39e élection, Élections Canada a eu affaire à 15 partis enregistrés ayant plus de 1 200 associations de circonscription et plus de 1 600 candidats, dont chacun avait son propre agent.
À la page 17, vous trouverez un tableau portant sur les cessions déclarées au Canada dans les comptes rendus en rapport avec la 39e élection. Vous verrez que tous les partis représentés à la Chambre ont cédé des ressources à leurs entités affiliées. Les cessions se sont faites entre candidats et partis, entre candidats et associations de circonscription et entre partis et associations de circonscription.
:
Et maintenant, pour ce qui est des exigences relatives aux déclarations que doivent respecter les candidats, la diapositive 18 fait voir que, compte tenu du principe de l'équité et de la transparence, la loi établit plusieurs normes et exigences concernant la divulgation, au public, les déclarations et la publication des affaires financières des entités politiques.
Le candidat doit soumettre son compte de campagne électorale au plus tard quatre mois après le jour de l'élection, mais il faut dire que ces comptes sont souvent présentés en retard. Le compte doit s'accompagner d'une déclaration où le candidat et son agent officiel attestent le fait que le compte est à la fois exact et complet.
Le candidat doit également recourir aux services d'un vérificateur indépendant qui sera chargé d'examiner les entrées dans le compte de campagne électorale et de présenter les résultats de sa vérification. Le vérificateur doit indiquer si, selon lui, le compte représente fidèlement les renseignements contenus dans les documents financiers sur lesquels il est fondé.
On me demande souvent: pourquoi soumettre la vérification à une vérification? Eh bien, la vérification indépendante qui accompagne le compte atteste que les écritures comptables se rapportant à la campagne sont fiables. Cependant, il n'atteste pas le fait que les opérations soient conformes aux exigences de la loi, rôle et responsabilité qui reviennent à Élections Canada.
Voilà donc des exigences qui sont une condition préalable pour les candidats ou les partis qui souhaitent obtenir des fonds du public. Manquer aux normes établies dans le cas de ces comptes de campagne électorale peut déclencher des sanctions pénales ou administratives, dont je vais parler un peu plus tard.
Les dépense déclarées doivent avoir été engagées par l'agent officiel, le candidat ou une personne détenant une autorisation écrite. Encore une fois, c'est une exigence claire selon la loi. De même, selon la loi, l'agent officiel du candidat doit recevoir toutes les contributions à la campagne, les déposer dans un compte bancaire désigné et débourser toutes les sommes d'argent. Toutes les dépenses doivent être déclarées à leur valeur commerciale dans le compte. Ce sont des éléments capitaux dont il faut rendre compte, car elles sont souvent soulevée dans le cadre de l'examen réalisé par les vérificateurs d'Élections Canada.
De fait, la diapositive suivante présente les exigences relatives aux déclarations des partis, qui diffèrent quelque peu de celles des candidats. Les partis soumettent leur compte de dépenses électorales six mois après le jour du scrutin, par opposition aux quatre mois dont disposent les candidats. Leur compte s'accompagne également d'un rapport de vérification. Cependant, le compte des partis politiques n'a pas à être accompagné de pièces justificatives. Les dépenses déclarées doivent avoir été engagées par l'agent principal, comme c'est le cas pour les candidats.
J'imagine que la différence fondamentale réside dans le fait que les comptes des partis sont considérés comme exacts, à moins qu'une erreur flagrante n'y soit décelée. Cela veut dire que l'examen approfondi effectué dans le cas d'un candidat ne l'est pas tout autant dans le cas du parti, étant donné qu'Élections Canada ne dispose pas de l'information, des outils ou du pouvoir législatif nécessaires pour le faire. La loi n'accorde pas à Élections Canada le pouvoir d'inspecter ou de vérifier les livres et les dossiers des partis, ni celui de leur ordonner de produire des documents.
Maintenant, pour le remboursement des dépenses, la loi énonce des formules employées, mais permettez-moi de dire simplement que, pour avoir droit à un remboursement, un candidat doit avoir obtenu 10 p. 100 des votes valables dans sa circonscription. Si le candidat obtient les 10 p. 100 en question, les dépenses qui répondent aux exigences de la loi peuvent être remboursées jusqu'à concurrence de 60 p. 100 du plafond de dépenses.
Encore une fois, pour déterminer le montant du remboursement, Élections Canada vérifie le compte fourni par le candidat et l'agent et s'assure qu'il est conforme à la loi. Pour réaliser l'examen en question, nous examinons la documentation du candidat et sommes à l'affût de cas possibles ou réels de non-conformité.
Je voudrais insister ici sur le fait que, pour décréter en définitive le remboursement des dépenses électorales et le versement des allocations de vérification, le directeur général des élections doit être convaincu que certaines dispositions de la Loi électorale du Canada ont été respectées. Pour en être assuré, il procède à l'examen et à la vérification des comptes en question.
Permettez-moi d'aborder un instant la question des dépenses électorales des partis. Encore une fois, celles-ci sont établies suivant une certaine formule qui figure dans la loi, et qui permet aux partis de se voir rembourser 50 p. 100 — et non pas 60 p. 100 — des dépenses électorales engagées par candidat. Pour avoir droit au remboursement, il faut avoir obtenu 2 p. 100 des votes au pays ou 5 p. 100 des votes dans les circonscriptions où le parti a présenté un candidat. Le remboursement se fait en un seul versement.
[Français]
Vous trouverez à la page suivante, soit à la page 24, un tableau des principales distinctions entre le parti et le candidat. Ces distinctions touchent: au plafond des dépenses, qui est différent et qui est établi d'une manière différente pour le parti et les candidats; au remboursement des dépenses qui sont assujetties à un pourcentage différent; au fait que les dépenses doivent être engagées, dans le cas du parti, par l'agent principal et, dans le cas du candidat, soit par le candidat, soit par l'agent officiel ou par la personne qui détient une autorisation écrite. Vous pourrez constater encore une fois, sur le plan de la révision, qu'il n'y a pas de pièces justificatives requises des partis, alors que les pièces justificatives des candidats sont requises.
Le degré de soutien populaire varie également selon que l'entité est un parti ou un candidat. Enfin, les dépenses pouvant être remboursées diffèrent également puisque le parti ne peut obtenir de remboursement que pour les dépenses d'une élection générale, alors qu'un candidat peut obtenir un remboursement des dépenses à l'occasion soit d'une élection générale ou d'une élection partielle et, enfin, les déclarations de dépenses varient entre le parti et le candidat.
Vous trouverez également, aux pages 26 et 27 de la présentation, certaines infractions et sanctions qui sont prévues à la loi, d'une part pour les candidats, à la page 26 et, d'autre part, pour les partis, à la page 27. Il s'agit bien sûr d'un résumé et d'un aperçu des sanctions possibles. Vous constaterez également qu'en plus des sanctions pénales, il peut y avoir des sanctions administratives. Par exemple, un candidat qui n'aurait pas soumis son rapport de campagne ne pourrait plus obtenir le remboursement de son cautionnement et, évidemment, il perdrait l'admissibilité au remboursement. Un candidat qui aurait été élu à la Chambre des communes pourrait, dans certaines circonstances, perdre le droit de siéger et, enfin, pourrait perdre le droit de se présenter comme candidat dans d'autres élections futures.
De la même manière, vous avez certaines présentations assez générales des infractions et des sanctions pour les partis. Encore là, outre les sanctions pénales qui sont prévues à la loi, il peut y avoir également des sanctions administratives qui sont de l'ordre de la radiation du parti et de la liquidation de ses affaires, qui peuvent être requises soit par le DGE ou par un juge.
Ce type de cadre législatif pourrait facilement rester lettre morte s'il n'y avait pas des institutions chargées d'assurer leur bonne administration. En fait, si on fait un retour historique, on pourra constater que c'est une des raisons essentielles ayant mené à la création du Bureau du directeur général des élections: s'assurer que la loi soit administrée et respectée selon les exigences qui y sont inscrites. D'ailleurs, c'est pour cette raison que la fonction de commissaire aux élections fédérales a été créée d'abord en 1970. Son nom a été modifié en 1974.
Élections Canada a donc mis en place un cadre administratif pour assurer la saine administration des dispositions législatives. Dans ce cadre, nous avons deux priorités. La première a été de recruter un personnel compétent, de s'assurer de le garder autant que possible et de lui offrir une formation continue qui lui assure une actualisation de ses connaissances qui reflète les changements dans le milieu et dans la loi. Enfin, nous nous assurons d'inculquer à tous les employés d'Élections Canada des valeurs d'équité, d'impartialité et d'indépendance.
Sur un autre front, nous avons mis en place une stratégie de conformité qui s'appuie sur trois piliers essentiels. Notre premier objectif est d'assurer la promotion et la prévention. Nous le faisons par de nombreuses activités d'éducation, d'information et de soutien technique aux entités politiques. Évidemment, la législation nous a confié le mandat de surveiller l'application de la loi, ce que nous faisons par un système rigoureux et impartial de revue des comptes rendus de campagnes électorales des candidats et des partis.
Enfin, la loi nous a confié, par le biais du Bureau du commissaire aux élections fédérales, la responsabilité de nous assurer que les cas de non-conformité soient traités de façon à ce que la loi soit respectée.
[Traduction]
Permettez-moi de traiter plus particulièrement de trois éléments importants du cadre administratif.
[Français]
Parlons d'abord des programmes de prévention. Élections Canada s'emploie à offrir toutes les mesures d'information et d'assistance possibles aux entités politiques, pour s'assurer qu'elles soient informées et qu'elles comprennent bien les exigences de la loi. À cet égard, nous tenons des séances d'information pour les représentants des partis politiques partout au pays, sur une base régulière. En 2006, à la veille de l'élection fédérale, nous avons tenu 40 de ces sessions dans tout le pays, qui ont réuni plus de 500 agents financiers. En 2008, sans savoir exactement quelle serait la date du prochain scrutin, nous avons tenu 26 de ces sessions réunissant 333 représentants d'entités politiques dans l'ensemble du pays.
De plus, nous offrons aux partis politiques la possibilité de recevoir des sessions de formation taillées sur mesure. Il arrive qu'à l'occasion d'une réunion politique, le parti puisse vouloir saisir l'occasion de mettre à jour les connaissances des agents financiers, et sous réserve que nous recevions la demande dans un délai raisonnable, nous nous empressons d'y répondre.
Puisqu'il est difficile dans cet énorme pays de rejoindre tous les intéressés, nous avons également mis au point des outils électroniques: des vidéos, des rapports en ligne, des lignes téléphoniques, des logiciels et des présentations électroniques qui permettent à tous les agents officiels et à toutes les personnes intéressées de s'informer et d'acquérir une formation dans le domaine des dépenses électorales. Le site Web d'Élections Canada contient également des trousses multimédia et l'information pertinente qui peut être utile aux candidats et à leurs agents.
Enfin, pendant une période électorale, une ligne d'urgence permet aux conseillers juridiques des partis politiques de traiter de questions émergeant pendant une campagne avec les avocats spécialistes du droit électoral d'Élections Canada.
Outre ces activités de formation, d'information et de prévention, nous avons également des fonctions de contrôle de la conformité. Il faut noter que le DGE, avant d'être convaincu que le candidat et son agent officiel se sont conformés aux exigences législatives, doit réviser de façon détaillée les remboursements et les rapports de campagne électorale.
Il faut également rappeler ici que cet examen des rapports électoraux doit être mené à la lumière du fait que des fonds publics sont impliqués, puisque les remboursements proviennent de fonds versés par les contribuables. Nous avons donc institué un programme d'examen des comptes et nous avons organisé le personnel compétent de façon à s'assurer que cet examen des comptes se fasse de manière impartiale, objective et tout à fait indépendante.
Notre personnel de vérification est réparti en trois équipes, chacune comptant de sept à neuf vérificateurs et étant dirigée par un chef d'équipe et, ultimement, par un directeur général de la vérification. Les équipes sont réparties par région et non pas par parti ou par famille politique. Ces régions sont l'Est, pour le Québec et provinces de l'Atlantique, l'Ontario, le Centre et l'Ouest canadien. Cette répartition nous permet d'assurer un traitement équitable de tous les comptes qui nous sont soumis et nous permet d'offrir le service en fonction des zones horaires du pays et de la langue officielle des usagers.
Ce programme d'examen des comptes n'implique pas nécessairement l'examen de tous les documents soumis. J'ai apporté avec moi un rapport que tous les députés ont sans doute vu à un moment ou l'autre puisqu'ils ont eu à le signer. Ce rapport est accompagné d'une déclaration, du rapport des vérificateurs ainsi que des documents qui étayent ce qui est écrit dans le rapport. Il peut s'agir parfois de caisses de documents.
Donc, il va de soi que nous n'examinerons pas à la loupe chacune des informations qui nous sont soumises. Nous procéderons en fonction de certains facteurs, notamment le fait de savoir si le candidat est admissible à un remboursement ou non, le fait de savoir qu'un candidat est près de la limite du plafond et certains autres facteurs de cette nature. Mais de façon générale, les vérificateurs se fient aux déclarations qui sont faites par les candidats.
Il arrive à l'occasion qu'à l'examen d'un rapport, certaines questions se soulèvent. Les vérificateurs parleront alors aux candidats ou à leur agent afin de clarifier certaines informations qui sont contenues dans les rapports. La plupart du temps, ces clarifications sont suffisantes pour assurer le traitement d'un rapport. Il arrive à l'occasion que certaines questions restent sans réponse ou sans réponse adéquate. Dans ces cas, le vérificateur augmentera son niveau d'examen de la documentation et devra faire rapport à son superviseur.
Lorsque, à la suite de cet examen, le vérificateur est satisfait du rapport, son examen est soumis à son superviseur et au superviseur du superviseur, pour bien s'assurer que le dossier a effectivement été traité conformément aux exigences de notre programme, et si c'est le cas, le remboursement sera autorisé. Dans quelques cas, il arrive que le vérificateur détecte des questions ou des enjeux de non-conformité. Ces enjeux sont portés, encore une fois, à l'attention du superviseur et du superviseur du superviseur pour s'assurer que les questions ont effectivement été bien définies et qu'il y a effectivement un enjeu de conformité.
Si à la suite de cet examen par la direction du financement politique cette dernière estime qu'il y a un enjeu de non-conformité, la question ne s'arrête pas là. Il y aura alors un autre examen, cette fois par un comité interne « senior » à Élections Canada qui va évaluer également la nature de la non-conformité, si véritablement elle semble apparente, et déterminer si oui ou non un dossier sera référé au commissaire aux élections. Vous pouvez donc voir qu'il y a un processus interne à Élections Canada, qui s'assure que l'évaluation des dossiers et la décision de renvoyer un dossier au commissaire n'est pas une décision capricieuse ou arbitraire, mais une décision qui fait l'objet d'un processus interne rigoureux à Élections Canada. En fait, je voudrais souligner aux membres du comité que le Bureau du vérificateur général, dans une vérification du rendement d'Élections Canada qui a eu lieu en 2005, a conclu que le personnel d'Élections Canada a appliqué la méthode de façon uniforme dans tous les cas.
En ce qui a trait à l'échéancier des remboursements, tout ce processus est destiné à assurer que les candidats puissent recevoir leur remboursement dans un délai raisonnable. Vous verrez, à la page 36 de la présentation, que pour 540 des 884 dossiers qui nous ont été soumis pour la 39e élection et qui étaient admissibles à des remboursements, nous avons pu traiter et émettre les chèques de remboursement dans les six mois qui ont suivi la date d'échéance de production. Si vous me demandiez quelle était la répartition entre les partis, je vous dirais que cette répartition est tout à fait équitable et qu'elle démontre que tous les partis et tous les candidats ont été traités de la même façon à cet égard.
À la page 37, vous avez un aperçu statistique qui vous montre le nombre de candidats à la 39e élection générale, soit un total de 1 636 candidats qui ont eu à soumettre des comptes rendus de dépenses électorales. Parmi ceux-ci, vous noterez que 517 n'ont pu le faire à l'intérieur du délai de quatre mois et ont donc dû demander une prolongation de délai, qui a été accordée soit par le directeur des élections ou par le tribunal, comme le prévoit la loi. Donc, il n'est pas rare qu'un rapport soit soumis tardivement.
Vous noterez également que 540 candidats ont demandé des modifications à leur rapport après nous l'avoir soumis. Ces demandes de modifications sont le résultat de discussions, dont je faisais mention un peu plus tôt, entre les vérificateurs et l'agent officiel du candidat et où les deux conviennent que la meilleure façon de présenter l'information serait d'amender le rapport pour mieux refléter les transactions. Ces demandes se sont produites à l'occasion de la 39e élection, dans le cas de 540 candidats.
En fait, vous constaterez que 884 candidats pouvaient recevoir un remboursement, et que ces candidats ont reçu au total 24 millions de dollars de remboursements provenant de fonds publics.
D'autre part, j'ai fait état un peu plus tôt des situations de non-conformité. Je voudrais signaler que, conformément à la Loi électorale du Canada, il appartient au directeur général des élections de nommer le commissaire aux élections fédérales. Il s'agit donc d'un haut fonctionnaire indépendant nommé en vertu de la Loi électorale du Canada par le directeur général des élections.
Je voudrais également faire remarquer que le directeur général des élections, même s'il nomme le commissaire et fixe sa rémunération, n'a pas le pouvoir, sauf lors de cas très exceptionnels, d'ordonner au commissaire de mener une enquête. En fait, le seul cas où le directeur des élections peut ordonner au commissaire de faire une enquête est lorsqu'il y a allégation qu'un fonctionnaire électoral, un directeur du scrutin ou un membre du personnel du directeur du scrutin a commis une infraction. Dans tous les autres cas, le pouvoir du directeur général des élections se limite à référer un dossier au commissaire qui, lui, doit exercer son jugement professionnel et sa discrétion, utiliser son expertise pour évaluer le dossier et décider quel est le meilleur moyen de traiter la situation de non-conformité. Dans certains cas, il décidera, de son propre chef, à la suite de l'information qui lui a été acheminée, de mener une enquête selon les modalités appropriées dictées par les circonstances de l'affaire.
Encore une fois, j'attire l'attention des membres du comité sur le fait que le Bureau du vérificateur général du Canada a également examiné le processus d'enquête du commissaire et a constaté qu'il avait été suivi de façon uniforme par le commissaire.
Comme je viens de le mentionner brièvement, lorsqu'une plainte est reçue ou lorsqu'un dossier est renvoyé au commissaire par le directeur général des élections, celui-ci va évaluer le dossier pour déterminer si les faits, tels qu'allégués, pourraient établir l'existence d'une infraction. Il va également déterminer quelles sont les mesures pertinentes à prendre. Toutes les plaintes ne justifient pas nécessairement une enquête. Tout dépendra, encore une fois, des circonstances, des faits allégués et de la nature de la plainte. S'il décide qu'il doit y avoir une enquête, il va déterminer l'ampleur à donner à cette enquête et la meilleure façon de colliger la preuve éventuelle de cette infraction. Si le commissaire, après une enquête, détermine qu'à son avis il y a eu une infraction et qu'il est dans l'intérêt public de déposer des accusations, il pourra, à ce moment-là, faire une recommandation au directeur des poursuites pénales.
Cependant, la décision de procéder ne peut être prise par un seul individu. Le directeur des poursuites pénales fera à son tour sa propre évaluation des circonstances des faits soumis, déterminera si, à son avis, la preuve telle que recueillie par le commissaire serait susceptible de convaincre un tribunal compétent de l'existence d'une infraction et, si oui, il procédera à la mise en accusation. Un juge, évidemment, aura à entendre les parties, les chefs d'accusation et la preuve, déterminer si une infraction a effectivement été commise et déclarer l'accusé possiblement coupable selon la preuve qui aura été soumise. Une quatrième partie, tout à fait indépendante, déterminera l'existence d'une infraction et la nature de la sanction à appliquer.
Monsieur le président, membres du comité, j'aimerais souligner qu'Élections Canada a pour mandat d'appliquer le cadre législatif de la manière la plus impartiale et transparente possible. La cadre législatif régissant les dépenses électorales contribue grandement au maintien de règles du jeu équitables pour tous les participants à la joute électorale.
Le cadre administratif va de pair avec l'observation et l'application effectives de la loi. L'observation et l'application effectives de la loi sont essentielles au maintien de la confiance du public dans le processus électoral.
[Traduction]
J'espère que mon exposé vous permettra de mieux comprendre les éléments principaux du cadre régissant les élections fédérales, du point de vue du traitement des dépenses électorales.
Il est évident que le mandat et le rôle d'Élections Canada et du directeur général des élections ont gagné en importance, progressivement, au cours des 40 dernières années. Aujourd'hui, il dépasse nettement le seul fait de préparer et conduire une élection, ce qui, bien entendu, demeure la fonction centrale de tout organisme chargé d'élections. Aujourd'hui, le directeur général des élections a pour responsabilité de préserver la confiance qu'inspire notre démocratie électorale en s'assurant que le régime de financement — qui est conçu pour garantir l'équité, la transparence et des règles du jeu équitables — est bien compris, préservé et respecté; et dans les limites de la loi.
Pour exercer ses responsabilités, Élections Canada s'engage à agir de manière juste, constante et impartiale, et à respecter rigoureusement le principe de la primauté du droit et l'application régulière de la loi. Ce faisant, Élections Canada consacre l'essentiel de ses efforts à des mesures visant à promouvoir la conformité avec la loi; à mieux faire connaître les devoirs, les obligations et les droits à tous les participants; et à chercher toujours à les aider à répondre aux exigences de la loi.
Merci, monsieur le président. Voilà qui conclut cette partie de mon exposé.
:
Merci, monsieur le président.
[Français]
Comme vous me l'avez demandé, je vais maintenant faire le point sur la décision que j'ai prise au printemps 2007 concernant certaines transactions déclarées dans les comptes de campagne d'un certain nombre de candidats du Parti conservateur du Canada à l'occasion de la 39e élection générale.
Ce faisant, il importe de noter que cette décision fait l'objet d'une demande de révision judiciaire à la Cour fédérale. De plus, le programme d'achat de publicité régionale fait l'objet d'une enquête par le commissaire aux élections fédérales.
Je ne m'ingérerai pas dans ces processus. Mes remarques se limiteront aux faits et aux circonstances qui sont du domaine public. J'expliquerai sommairement ma décision relative à ce programme, de même que les facteurs qui la sous-tendent.
En 2005, le Parti conservateur du Canada a mis sur pied ce qu'il a appelé « un programme d'achat de publicité régionale ». En vertu de ce programme, le parti facilitait l'achat de temps de publicité à la radio et à la télévision auprès d'une agence de placement médiatique. Les représentants du parti ont décrit ces achats comme des engagements ou des contributions des candidats, lesquels ont par la suite déclaré cette dépense dans leur compte de campagne. Soixante-sept comptes de campagne ont fait état de dépenses associées à ce programme pour des montants allant jusqu'à 50 000 $. Dix-sept des comptes de candidats participants ont été traités selon les procédures que je viens de vous décrire un peu plus tôt, donc selon les vérifications habituelles, et les dépenses en cause ont été remboursées.
Toutefois, alors que nous examinions d'autres comptes, une déclaration d'un agent officiel a incité Élections Canada à entreprendre l'examen des transactions liées à l'achat de publicité régionale. En réponse à une question de routine au sujet des dépenses de publicité régionale inscrites dans le rapport de son candidat, cet agent officiel avait déclaré qu'il pensait que celui-ci avait contribué à la publicité nationale à la télévision. Il a ajouté que comme il était impossible pour ce candidat de dépenser le plafond permis, le parti lui avait demandé s'il pouvait contribuer. Une telle incertitude de la part d'un agent officiel face à une dépense majeure de son candidat — dans ce cas, cela représentait 40 p. 100 du total des dépenses électorales de la campagne du candidat — a soulevé des questions. Cela a mené à l'examen de tous les rapports comprenant une dépense de publicité régionale. L'information recueillie durant cet examen a soulevé des doutes quant à savoir si ces dépenses de publicité régionale étaient des dépenses des candidats.
En novembre 2006, mon prédécesseur a donc demandé des documents additionnels à l'appui des dépenses d'achat de publicité régionale pour les 11 dossiers de campagne qui en étaient à l'étape de l'examen final. Le 12 janvier 2007, la même demande a été faite pour trois autres dossiers qui en étaient arrivés à la même étape. Ces 14 requêtes ont été effectuées en vertu du paragraphe 451(2.2) de la Loi électorale. Nous voulions ainsi nous assurer que la dépense en cause était bien celle de la campagne du candidat qui la déclarait. Les pièces additionnelles requises comprenaient une copie de tout contrat ou entente écrite, une copie de l'annonce ou du script de la publicité, les documents indiquant la ou les dates de diffusion et le document indiquant la date à laquelle l'agent officiel a autorisé la dépense selon sa responsabilité et son obligation en vertu de la loi. Les candidats ont été invités à communiquer avec Élections Canada pour toute question ou pour obtenir des clarifications à cette demande. Bien entendu, ils pouvaient fournir tout autre renseignement pouvant servir à dissiper les doutes quant aux dépenses déclarées.
De décembre 2006 à mars 2007, de nombreux échanges ont eu lieu, tant verbalement que par écrit, entre les représentants du Parti conservateur du Canada et ceux d'Élections Canada. L'information obtenue durant cette période n'a pas permis de dissiper les doutes qui existaient. Le 5 avril 2007, après avoir analysé soigneusement toute l'information que j'avais alors en main, j'ai pris la décision de ne pas rembourser les dépenses associées au programme d'achat de publicité régionale. Toutes les autres dépenses électorales admissibles ont été remboursées à ce moment-là. Il a également été décidé de renvoyer au commissaire aux élections fédérales l'examen des circonstances entourant le programme d'achat de publicité régionale.
Le 11 avril 2007, une réunion a eu lieu à la demande du Parti conservateur du Canada. Les représentants du parti ont réitéré leur position sur la question du programme d'achat de publicité régionale. Ils ont aussi indiqué que les candidats ne pourraient fournir aucun autre document que ceux qu'ils avaient déjà fournis.
Pendant la réunion, les représentants ont été informés de la décision de ne pas rembourser les dépenses liées à l'achat de publicité régionale. Ils ont également été prévenus que la question avait été portée à l'attention du commissaire aux élections fédérales.
Fait important à signaler, les agents officiels et les candidats reconnus comme ayant participé au programme ont aussi été informés du fait que le commissaire aux élections fédérales étudiait les circonstances entourant le programme d'achat de publicité régionale.
Par ailleurs, j'ai écrit aux agents officiels et aux candidats dont les dépenses n'avaient pas encore été remboursées pour les aviser de ma décision d'exclure les dépenses déclarées du total des dépenses électorales. Ils ont également été informés, comme les autres, que la décision d'exclure cette dépense pourrait être revue advenant qu'ils produisent des pièces justificatives supplémentaires qui me permettraient de conclure que la dépense en question était en fait une dépense engagée pour la campagne électorale du candidat. Aucun candidat ou agent officiel n'a fourni de documents additionnels.
[Traduction]
Je voudrais revenir brièvement à la décision que j'ai prise de ne pas approuver le remboursement des dépenses d'achat de publicité régionale.
Cette décision n'était pas fondée sur un seul et unique facteur. De fait, c'est plutôt un ensemble de facteurs qui ont fait que je n'étais pas convaincu qu'il s'agissait bien d'une dépense remboursable.
Outre la déclaration de l'agent officiel mentionnée plus tôt, d'autres déclarations d'agents officiels ou de candidats ont révélé qu'ils savaient peu de choses sur la dépense d'achat de publicité régionale.
Le deuxième facteur est l'absence de documents pouvant aider à démontrer l'existence d'une entente contractuelle entre le fournisseur Retail Media et les candidats participants.
Le troisième facteur, ce sont les affirmations de représentants du parti selon lesquelles toutes les dispositions pour l'achat des publicités avaient été prises par le parti et que les factures avaient été envoyées au parti.
Le quatrième facteur, ce sont les détails de ces dispositions, selon lesquels les factures étaient remises aux candidats par le parti, et non par Retail Media à titre de fournisseur, et le fait que des sommes étaient transférées par le Fonds conservateur du Canada qui en conservait le contrôle par le truchement de virements interbancaires préautorisés.
Enfin, le cinquième facteur concerne les différences importantes et inexpliquées entre les montants facturés à divers candidats pour la même publicité, de sorte que les dépenses déclarées par chaque candidat ne reflétaient pas la valeur commerciale — nous en avons discuté — de la publicité.
Ayant pris ces facteurs en considération, j'ai décidé que ces dépenses-là n'étaient pas remboursables.
Je me suis tout de même penché sur d'autres éléments contextuels qui auraient pu éliminer les doutes que j'entretenais quant à la nature des dépenses en cause. Il y avait notamment la publicité en question et le fait que le parti avait presque atteint le plafond de dépenses électorales permis pour la 39e législature. En ce qui concerne la publicité elle-même, son contenu n'a pas permis de dissiper les doutes quant à savoir si les dépenses de publicité régionale étaient des dépenses des candidats.
On a allégué que tous les partis enregistrés et leurs candidats effectuent de telles transactions et qu'elles n'ont rien d'anormal. J'ai demandé au personnel d'Élections Canada d'examiner les comptes de tous les grands partis enregistrés et leurs candidats pour les 38e et 39e élections générales. Élections Canada n'a trouvé aucune autre transaction ou groupe de transactions qui réunissent tous les facteurs que j'ai mentionnés plus tôt.
Comme je l'ai dit plus tôt, avant de verser la tranche finale d'un remboursement, je dois signaler au Receveur général que je suis convaincu que le candidat et son agent officiel ont respecté les exigences de la loi. Si une dépense ne semble pas avoir été engagée par un candidat ou avoir été déclarée à sa valeur commerciale, je ne peux pas me dire convaincu qu'elle a été déclarée conformément à la loi.
Les facteurs qui m'ont poussé à refuser le remboursement aux candidats qui déclaraient des dépenses liées à l'achat de publicité régionale ont aussi mené au renvoi de cette affaire devant le commissaire aux élections fédérales. L'enquête du commissaire est en cours, et compte tenu de l'indépendance que je souhaite maintenir avec le commissaire, je ne peux répondre à des questions qui relèvent de son enquête.
Les membres du comité savent également que la décision d'exclure l'achat de publicité régionale des dépenses électorales admissibles à un remboursement fait l'objet d'une demande de révision judiciaire qui a été présentée à la Cour fédérale. Cela s'est fait le 14 mai 2007. La position d'Élections Canada est exposée dans l'affidavit déposé à la Cour fédérale. L'affidavit explique l'ensemble des circonstances et facteurs qui ont mené à la décision contestée.
Pour terminer, j'espère que la vue d'ensemble du régime de financement politique que j'ai présenté plus tôt aura été utile aux membres du comité. Par ailleurs, l'objectif de mon exposé était de rappeler aux membres du comité les principaux facteurs reliés au programme d'achat de publicité régionale.
Il me reste des décisions à prendre concernant ce dossier. De nouveaux éléments d'information ont fait surface. Ils ont été rendus publics. Bien entendu, je devrai tenir compte de toutes les informations disponibles pour prendre les décisions qui permettront de clore ce dossier. D'ici là, j'ai l'intention de respecter les démarches en cours au bureau du commissaire aux élections fédérales et à la Cour fédérale.
Merci, monsieur le président.