:
Merci, monsieur le président.
[Français]
Honorables députés, je vous remercie de votre invitation et de me donner l'occasion de vous informer des priorités du Commissariat à l'information du Canada pour l'année financière à venir.
Je suis accompagné de Suzanne Legault, commissaire adjointe, Politique, communications et opérations, d'Andrea Neill, commissaire adjointe, Règlement des plaintes et du respect de la Loi, de Me Daniel Brunet, avocat général et directeur des Services juridiques, ainsi que de M. Stephen Campbell, directeur des Services des finances.
[Traduction]
Monsieur le président, lors de ma comparution devant votre comité au sujet du budget principal des dépenses de l'an dernier, quelques mois après mon entrée en fonction, j'ai dit que ma mission à titre de commissaire à l'information consistait à régler les plaintes, à favoriser de meilleures relations avec les institutions fédérales et à persuader celles-ci de faire preuve d'une plus grande ouverture et transparence en ce qui concerne leur information. Mon personnel et moi-même travaillons à cet objectif tous les jours au moyen de diverses activités.
Il est toutefois devenu évident au cours de l'année que d'autres priorités devaient être abordées pour assurer une gestion efficace et efficiente des opérations internes du Commissariat dans le domaine des enquêtes, des services de soutien internes, des services administratifs et des ressources humaines. De vastes efforts ont été déployés et continueront de l'être afin de renforcer et, dans certains cas, de bâtir la capacité organisationnelle du Commissariat.
[Français]
Le commissariat a un budget annuel de 7,6 millions de dollars et 78 employés à plein temps. Ce budget n'a pas subi de modifications importantes au cours des dernières années. Ce n'est pas tout à fait exact, mais quoi qu'il en soit, le commissariat a dû faire face à des obligations additionnelles.
L'an dernier, nous avons demandé et obtenu l'approbation du Conseil du Trésor pour des fonds supplémentaires pour nous conformer aux dispositions de la Loi sur l'accès à l'information, telle qu'elle a été modifiée par la Loi fédérale sur la responsabilité, et pour instaurer et maintenir une fonction de vérification interne, ce qui est requis par la politique et les exigences du Conseil du Trésor.
Ces fonds supplémentaires ne figurent pas dans le Budget principal des dépenses de 2008-2009, mais seront inclus dans le Budget supplémentaire des dépenses à l'automne. Si le Parlement décide de nous accorder ces fonds additionnels, notre budget passera à 9,6 millions de dollars et nos ressources humaines passeront à 90 employés à plein temps pour 2008-2009.
[Traduction]
L'entrée en vigueur de la Loi fédérale sur la responsabilité grève encore davantage nos ressources internes, à tel point qu'une révision de notre modèle de prestation de services, y compris nos processus d'enquête et de soutien administratif, s'est imposée. Pour voir si nos ressources humaines et financières nous permettront de réaliser notre mandat, le Commissariat procédera à une révision des services votés en ce qui concerne le financement, les opérations, le matériel technologique et les effectifs.
Nous avons déjà débuté notre examen des moyens pour améliorer l'efficacité de nos opérations. Nous avons amorcé l'année dernière un examen exhaustif de notre processus de traitement des plaintes, qui exigeait de grandes améliorations. Il s'agit d'une importante mesure de notre stratégie visant l'arriéré des plaintes.
Grâce à cette stratégie, j'espérais être en mesure de vous annoncer aujourd'hui que nous avions pu réduire de beaucoup notre arriéré des plaintes. Or, à la fin de l'année et selon nos normes de service, près de 85 p. 100 de nos dossiers faisaient partie de l'arriéré des plaintes, ce qui représente une augmentation par rapport à l'année dernière.
Comment cela peut-il être possible, me demanderez-vous? Eh bien, le fait que le nombre de plaintes reçues a presque doublé y est pour quelque chose. Je crois cependant que nos normes de service sont irréalistes et ont grandement contribué à l'arriéré des plaintes en établissant des échéanciers qui ne tiennent pas compte de la complexité des plaintes et des ressources disponibles.
Cette année, nous mettrons pleinement en oeuvre les éléments de la stratégie, à commencer par l'instauration, à titre expérimental, d'un service qui se consacrera exclusivement à la réception des plaintes et à leur résolution rapide. Les membres de ce service donneront un ordre de priorité à chaque plainte selon un ensemble de critères que nous sommes en train d'établir. Ces critères pourraient être le degré d'urgence de la demande, la nature de la plainte et sa complexité, ainsi que le type de plaignants. Nous mettrons aussi de côté nos normes de service en vigueur et informerons plutôt nos clients, individuellement, du temps prévu qu'il faudra pour traiter leur plainte.
[Français]
D'autres secteurs de nos activités, comme notre système de technologie de l'information, devront être considérablement renforcés à la lumière de l'évolution technologique. Cette mesure est essentielle pour que les employés aient les outils voulus pour accomplir leurs tâches avec efficacité et pour que les communications électroniques entre le commissariat, les institutions fédérales et les membres du public soient plus efficaces.
Afin d'aider le Parlement et le gouvernement à aborder des questions relatives à l'accès à l'information, nous devons aussi accroître notre capacité d'élaboration de politiques et la fonction de relations parlementaires.
[Traduction]
J'aimerais, en passant, souligner notre nouvelle approche à l'égard des fiches de rendement, approche qui nous permettra de dresser un portrait plus exhaustif du rendement des institutions choisies. Nous avons choisi 10 institutions dont le rendement sera évalué en fonction de divers critères, tels que le temps requis pour répondre aux demandes; les tendances observées au cours de la dernière année, comme les consultations; l'établissement de modèles pour le traitement des demandes et les prorogations de délai; ainsi que les pratiques exemplaires et les progrès réalisés par les institutions visant la conformité à la loi. Les résultats de ces examens seront disponibles à l'automne, sous forme d'un rapport spécial au Parlement.
Plus fondamentalement, la réforme législative représente une grande priorité pour le Commissariat. Monsieur le président, le 1er juillet 2008, la Loi sur l'accès à l'information aura 25 ans. D'importants changements ont été apportés à la loi l'an dernier à la suite de l'adoption de la Loi fédérale sur la responsabilité, nommément l'inclusion de l'obligation de prêter assistance. Néanmoins, en cette année d'anniversaire, j'estime qu'il est opportun de prendre du recul et d'examiner la façon dont la loi doit s'adapter aux réalités d'aujourd'hui.
[Français]
Je tiens à féliciter le comité pour l'intérêt qu'il porte à la réforme de la loi. Je suis prêt à aider le Parlement à moderniser le programme d'accès à l'information. En prévision d'un tel dialogue, le commissariat tiendra une table ronde en juin avec des intervenants afin d'échanger des idées sur la réforme législative et la réforme administrative, et nous ferons rapport de ces travaux à l'automne.
[Traduction]
En terminant, monsieur le président, j'aimerais vous laisser sur une citation extraite du rapport Delagrave, diffusé en 2002, qui exprime très bien mes opinions et mon approche à l'égard de l'amélioration du régime d'accès à l'information :
Il n'y a pas de solution magique aux insuffisances du système. Pour atteindre les résultats voulus par le Parlement, tous les éléments du système d'accès doivent être présents et bien fonctionner: de bons systèmes pour traiter les demandes, un personnel compétent, des gestionnaires et ministres qui donnent leur appui, des ressources appropriées, une bonne gestion de l'information, une bonne compréhension des principes et des règles par tous, y compris les tiers, et des approches efficaces de la supervision de la loi.
Monsieur le président, j'ai fait état des priorités et des besoins en ressources financières du Commissariat pour la conduite de ces activités en 2008-2009. Je prévois déposer notre rapport annuel au Parlement dans la dernière semaine de mai 2008 et un rapport spécial comprenant les nouvelles fiches sur le rendement de certaines institutions fédérales en matière d'accès à l'information à l'automne.
Je vous remercie de votre attention et je suis prêt, de même que mes collègues, à répondre à vos questions.
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Pour ce qui est de faire diminuer le nombre de demandes d'information par une plus grande transparence, c'est pure conjecture de ma part et je m'avance peut-être beaucoup. Mais plus il y a transparence de la part des institutions fédérales, mieux les gens sont informés et plus ils demandent des renseignements précis. Je pense que cela diminuerait beaucoup le nombre de ce qu'on appelle des expéditions de pêche, quand les gens demandent toute une pile de documents dans l'espoir de trouver une perle ou une aiguille dans une botte de foin.
C'est également lié à l'obligation de venir en aide que vous avez inscrite dans la loi. De faire tout effort raisonnable pour aider le demandeur, voilà une autre dimension de la loi qui, à mon avis, réduirait le nombre de plaintes que je reçois.
Pour la deuxième partie de votre question, au sujet de ce que le comité peut faire pour nous aider, ces nouvelles fiches sur le rendement que nous allons déposer au Parlement à l'automne représentent vraiment un effort pour mieux vous informer et vous inciter à obtenir des institutions qu'elles rendent compte de leurs performances. On vous présentera non seulement des détails statistiques, mais aussi le contexte des activités au cours de l'année écoulée, une réponse de l'institution gouvernementale et, espérons-le, un plan d'action. Vous aurez tout cela à l'automne, en même temps que vous recevez les rapports ministériels sur le rendement, dans le cadre du cycle des subsides. Vous les receviez au début de l'année et ils mettaient surtout l'accent sur les retards -- on donne une note de A à F et cela fait les manchettes, mais c'est vite oublié -- et dans une certaine mesure, je ne pense pas que vous obteniez un tableau complet de la situation.
Je ne veux pas dire que c'est un effort pour inciter le comité à accélérer le système, mais cela vous donnera certainement l'information voulue pour les obliger à rendre des comptes.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Marleau, je dois vous avouer que je me sens comme un petit chien fou. J'ai trop de questions à vous poser et je vais être obligée de faire le ménage dans les questions techniques que je voudrais vous poser et les questions de nature plus politique.
D'abord, dans votre document, vous dites que vous êtes prêt à aider le Parlement à moderniser le programme d'accès à l'information. Vous parlez évidemment de votre table ronde du mois de juin avec des intervenants. Ce n'est pas prioritaire, mais j'aimerais savoir éventuellement qui vous comptez inviter à votre table ronde. Mais ce n'est pas là ma question. Comme je vous l'ai dit, je me sens comme un petit chien fou, alors, il faut bien que je le démontre.
Je vais davantage vous parler de façon générale de la modernisation de la Loi sur l'accès à l'information. Je constate — évidemment, ça ne m'a pas pris un cours classique pour le comprendre — que les gouvernements ne veulent pas de loi sur l'accès à l'information. Ils en veulent une pour la galerie, mais ils n'en veulent pas vraiment. Même à ce comité, quand on parle de revoir la Loi sur l'accès à l'information, de la moderniser et de la renforcer, tout de suite les représentants du gouvernement au pouvoir collaborent très peu, pour ne pas dire qu'ils prennent carrément des mesures dilatoires.
Cela fait plusieurs fois qu'on invite le ministre de la Justice à venir en parler. Le premier ministre de la Justice, Vic Toews, s'est présenté devant nous, mais c'était pour nous renvoyer la balle dans l'intention de ne rien faire ou d'occuper les membres du comité. Le nouveau ministre ne s'est même pas montré le bout du nez. À un moment donné, on l'a menacé de convoquer tous ses fonctionnaires et il nous a donné une date approximative, mais au bout du compte, il n'est jamais venu. C'est extrêmement difficile de le faire comparaître. Je dois dire que je suis étonnée parce qu'à chaque fois qu'on parle d'une loi sur l'accès à l'information, les représentants des partis qui pourraient prendre le pouvoir dans un avenir certain hésitent à nous suivre.
Par ailleurs, je l'ai dit publiquement, monsieur Marleau, et je vous l'ai dit lors d'une rencontre privée, je n'ai pas l'impression que vous voulez faire appliquer la loi avec rigueur. J'aimerais que vous nous fassiez part de vos arguments, comme vous m'en aviez fait part à ce moment-là. Cette nouvelle loi est demandée par plusieurs. J'ai même vu circuler, la semaine dernière, un nouveau projet de loi d'un journaliste qui a modernisé la loi à son goût. Après celui de John Reid qu'on avait vu, un journaliste, dans ses temps libres, a écrit un nouveau projet de loi. Il y a de graves problèmes et de graves lacunes dans la loi actuelle. Vous l'avez dit, la loi a été écrite au moment où les cellulaires étaient très gros, mais je pense qu'il n'y avait pas de cellulaires en 1983. J'ai eu mon premier cellulaire en 1988, et j'ai dû être une des premières à en avoir un.
J'aimerais que vous nous disiez carrément si vous avez l'intention de faire appliquer cette loi avec rigueur. Qu'êtes-vous vraiment prêt à faire pour moderniser la Loi sur l'accès à l'information?
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Je tiens tout d'abord à dire que les tables rondes font partie du contexte. J'ai dit plus tôt que j'étais prêt à aider le Parlement à moderniser le régime. À mon avis, cette modernisation comporte trois volets.
D'abord, il faut moderniser la culture de la fonction publique en ce qui a trait à ce que j'appelle la culture de service. Quand il est question de répondre à un demandeur ou à une communication, il faut prôner une attitude de service. Pour ce qui est de la dernière modification que vous avez faite à la loi, je vais fonder toutes mes initiatives sur l'application de l'obligation d'assistance de façon raisonnable. J'en fais une question de leadership auprès des sous-ministres.
J'ai rencontré la vingtaine de sous-ministres qui constituent le Comité consultatif du Conseil du Trésor lors d'un petit déjeuner. Je leur ai dit que selon mon interprétation de cet aspect de la loi, l'obligation d'assistance, qu'on appelle en anglais duty to assist, est une question de leadership. Le parlementaire, le législateur n'a pas inclus cette notion dans la loi à titre de voeu pieux. Un chef d'entreprise ou une institution fédérale ne peut pas déléguer cette responsabilité au coordonnateur. En termes de leadership, il s'agit d'un continuum qui va vers le bas et remonte ensuite.
Le deuxième volet consiste à moderniser l'appareil administratif. On a déjà commencé à travailler, de concert avec le Conseil du Trésor, à la révision des recommandations incluses dans le rapport Delagrave. Ce dernier a été appuyé par mon prédécesseur, mais il a accumulé de la poussière sur les tablettes depuis 2002. Mme Legault, qui est commissaire adjointe, Politique, communications et opérations, a entamé des discussions avec les gens du Conseil du Trésor pour faire avancer ces dossiers. On parle ici des statistiques, de la formation, du recrutement et des compétences des fonctionnaires et peut-être éventuellement de leur certification. Vous avez repris, dans votre rapport sur l'Afghanistan, ma recommandation voulant que ces gens soient certifiés, que leurs compétences soient identifiées et que leur rôle au sein de leur institution fédérale soit très spécifique.
Le troisième volet est la modernisation de la loi. Ce sujet comporte toutes sortes d'aspects au sujet desquels je veux relancer le débat par l'entremise de la table ronde. Dans sa présentation au comité, mon prédécesseur — et ce n'est pas une critique que je fais ici — n'a pas débattu du régime d'ordonnance face à l'ombudsman. Je ne prône pas pour qu'on ait un pouvoir d'ordonnance, mais on n'en a pas parlé. Si mes souvenirs sont exacts, quatre juridictions au Canada ont un pouvoir d'ordonnance face au rôle de l'ombudsman.
Au fédéral, l'ombudsman réussit à résoudre 99 p. 100 des plaintes. Ça fonctionne, mais c'est lent. Le régime d'ordonnance est-il plus efficace? Il conduit peut-être à des conflits juridiques plus tôt dans le processus et il n'est peut-être pas plus efficace. Cependant, il va falloir tenir un débat dans le cadre duquel on va mettre en parallèle les sanctions et les incitations et parler de l'ensemble du régime technologique. Il va aussi falloir traiter des délais prescrits dans la loi, se demander si les 30 jours, dans le cas d'une première réponse, sont un délai valable aujourd'hui, et si des limites doivent êtres imposées pour ce qui est des extensions. À l'heure actuelle, celle-ci sont illimitées, une fois que le ministère a fourni un document à l'intérieur du délai de 30 jours.
J'espère faire ressortir ces questions lors du débat des tables rondes et vous présenter à ce sujet un rapport plus détaillé l'automne prochain. À mon avis, ces questions ne sont pas couvertes par le projet de loi de M. Reid.
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J'ai lu attentivement le rapport soigneusement rédigé qu'on nous a remis.
Merci, monsieur Marleau, d'être venu. Je sais que la réunion est censée porter sur le budget des dépenses, mais comme vous le savez, nos conversations ont une plus vaste portée et j'ai bien aimé votre réponse à Mme Lavallée.
Au bas de la page 1 de votre rapport, vous dites que vous espériez être en mesure d'annoncer aujourd'hui qu'on avait réduit quelque peu l'arriéré des plaintes qui est un irritant pour les usagers du système, mais qu'au contraire, cet arriéré a augmenté. Et vous posez la question: Comment cela peut-il être possible? Je voudrais vous renvoyer la question et vous inviter à y répondre, mais je suppose qu'il faut s'attarder aux causes profondes de cette situation et à l'augmentation considérable du nombre de plaintes reçues, et j'en conclus que le système ne fonctionne pas bien. Peut-être que le gouvernement ne répond pas aux demandes, ce qui déclenche des plaintes.
Je vais vous donner un exemple. Dawn Black est la porte-parole du NPD pour la défense et elle a récemment reçu une réponse à une demande d'information dans laquelle on affirme avoir besoin d'une autre période de 300 jours pour répondre à la demande, laquelle a déjà dépassé le délai normal. On réclame encore 300 jours. Ensuite, si elle n'était toujours pas satisfaite, il lui faudrait déposer une plainte et Dieu seul sait combien de temps il vous faudrait pour y répondre, sans qu'il y soit de votre faute. On ne peut sûrement pas dire que c'est la liberté d'information; c'est plutôt l'art d'étouffer l'information.
Je vous demande donc votre avis sur le fait que le nombre de plaintes a doublé. De plus, vous avez évoqué... Non, je vais d'abord vous laisser répondre à cette première question.
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En effet, on utilise en quelque sorte les techniques des salles d'urgence. Quand on arrive, on vous dit: « Le temps d'attente est de six heures. » La première chose qu'on fait à l'arrivée d'un patient, c'est qu'on évalue s'il y a danger de mort, ou bien s'il faut l'envoyer à la radiologie, ou encore s'il faut administrer des analgésiques. On peut examiner tout cela à l'étape du triage. Nous devons être justes et équilibrés.
Je prends un risque dans ce dossier — je suis prêt à l'admettre au comité — et vous entendrez probablement des plaintes dans ce contexte au cours de la prochaine année. C'est donc une approche et nous avons une stratégie pour cela.
L'autre raison pour laquelle l'arriéré a pris de telles proportions, c'est que le projet de loi , la Loi fédérale sur la responsabilité, a réduit à 60 jours la période pour se plaindre. Auparavant, un demandeur devait attendre jusqu'à un an pour déposer une plainte; aujourd'hui, c'est 60 jours. Les plaintes nous arrivent donc plus tôt.
Je pense par ailleurs que le projet de loi a suscité beaucoup d'intérêt. Il y a une recrudescence des plaintes. Si nous avons connu une augmentation de 80 p. 100 de notre charge de travail, je soupçonne que les statistiques de l'année prochaine ou les chiffres compilés pour cette année par le Conseil du Trésor feront ressortir une augmentation comparable de notre charge de travail.
Cela ne m'inquiète pas. Je pense que c'est gérable. Pour le moment, je ne dis même pas qu'il nous faut davantage de ressources. Nous faisons un examen des services votés. Je pense qu'avec une approche différente pour la gestion des plaintes, nous pouvons fournir un meilleur service qu'actuellement.
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Merci, monsieur le président.
Je vais essayer d'aller rapidement, parce que j'ai beaucoup de questions, et vous entendrez peut-être de nouveau parler de moi.
Je suis de ceux qui conservent le livre de l'année dernière, pour vérifier ce que vous avez dit que vous feriez l'année dernière.
Maintenant, je sais que vous êtes relativement nouveau et je ne suis donc pas sûr qu'il s'agisse de vos chiffres, mais je suis déjà un peu perplexe, étant donné ce que vous nous avez présenté aujourd'hui.
Le budget de fonctionnement pour 2006-2007 prévoyait 57 personnes. On prétendait que les effectifs atteindraient 90 en 2007-2008. C'était l'estimation. Il semble bien que, d'après le livre actuel, nous ayons 61 employés. Ensuite, vous me dites que sur votre liste, vous en avez 78. Il y a donc une foule de gens qui sont en quelque sorte dans les limbes.
Pouvez-vous m'expliquer la raison de cet écart? Parce que nous n'avons pas d'autre information. De plus, je constate qu'il y a une augmentation de 19 p. 100 du budget total à la fin, et cela ne s'explique pas par... En fait, même si l'on était passé de 61 à 90 employés, cela représente une augmentation d'environ 40 p. 100 des effectifs. Donc, le montant que vous demandez ne correspond pas au nombre d'employés que vous envisagez d'avoir.
Au sujet des effectifs, le chiffre baisse par la suite à 82 personnes. Comment allez-vous régler le problème de l'arriéré avec moins d'effectif? J'attends vos explications.
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Il est difficile de lire les feuilles de thé et d'essayer de prévoir ce qui va se passer. Ce que je peux vous dire, c'est qu'il y a eu un accroissement marqué au début de l'exercice, accroissement qui s'est maintenu jusqu'à tout récemment, c'est-à-dire jusqu'à la fin mars. La tendance, comme vous pouvez le voir d'après ce graphique-ci — et je peux le faire parvenir au comité — était certainement à la hausse, puis elle a commencé à baisser.
Allons-nous revenir à la norme l'an prochain? Je n'en suis pas sûr. Je soupçonne que la norme sera différente à cause du délai de 60 jours qu'ont les gens pour présenter une plainte et éviter qu'elle ne soit rejetée. Il est difficile de savoir si nous sommes simplement en train d'atteindre un nouveau plateau. Depuis cinq ou six ans, le plateau se situe à 1 300, 1 400, 1 500 plaintes. Il dépasse largement maintenant les 2 000 plaintes. Est-ce là le nouveau plateau? Je ne peux pas le dire de manière certaine.
Il y a aussi une autre dynamique qui entre en ligne de compte. Auparavant, nous ouvrions une enquête sur chaque plainte et nous continuions tant et aussi longtemps que le demandeur n'avait pas obtenu l'information qu'il avait demandée, ou s'il y avait des exceptions, des prolongations des plaintes, tout passait par ce même processus. Maintenant, si nous jugeons que l'information a été refusée, nous obtenons que le ministère s'engage à fournir l'information pour une certaine date, et nous disons au plaignant et au ministère: « L'affaire est maintenant close. Si le ministère ne respecte pas son engagement, revenez nous voir. »
Nous espérons ainsi assurer un meilleur dialogue et suivre ce qui se passe. Autrement dit, une fois que le ministère s'est engagé à respecter une certaine échéance, il doit prendre les mesures voulues, sinon nous allons revenir à la charge, au lieu que nous continuions tout simplement à faire enquête au nom tant du demandeur que du ministère.
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Merci, monsieur le président.
Merci de votre présence ici aujourd'hui.
Monsieur le commissaire, quand j'ai lu votre citation, cela m'a rappelé une autre citation. C'est Ronald Reagan qui disait :
Les mots les plus terrifiants qu'on puisse entendre sont les suivants « Je suis du gouvernement et je suis là pour vous aider. »
Ce que j'apprécie chez Reagan, c'est la même chose que j'apprécie chez vous, et c'est un compliment: il savait aller droit au but et dire ce qu'il avait à dire. D'après ce que j'ai pu constater les fois où nous vous avons rencontré et les fois où je me suis entretenu avec vous, vous avez aussi ce talent.
Quand nous avons fait notre rapport sur l'Afghanistan, on s'inquiétait beaucoup de l'ineptie de l'appareil gouvernemental. Au bout du compte, nous avons conclu que le problème n'était pas là et qu'il y avait d'autres facteurs qui entraient en ligne de compte. Les fonctionnaires essaient tout simplement de faire leur travail. Ils essaient de bien faire leur travail, et j'aime à penser que c'est le cas de manière générale pour l'ensemble de la fonction publique.
J'ai deux questions à vous poser. Vous exercez vos fonctions depuis environ un an, et on a entendu des allégations selon lesquelles nous aurions une culture du secret. Pensez-vous que c'est vrai? Pensez-vous que notre gouvernement cherche à s'abriter sous le voile du secret, ou est-ce simplement que...? Peut-être que je ne devrais pas suggérer au témoin sa réponse. Pensez-vous que nous avons une culture du secret?
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C'est bien la première fois de ma vie qu'on me compare à Ronnie Reagan. Alors, ce qui me vient à l'esprit quand on parle de secret, c'est « Monsieur le premier ministre, veuillez abattre ce mur ».
Des voix: Ah, ah!
M. Robert Marleau: Je ne crois pas qu'il y ait une culture du secret au sein du gouvernement du Canada. Je l'ai déjà dit publiquement.
Y a-t-il des foyers de résistance à la divulgation? Bien sûr que oui. Y a-t-il des groupes qui essaient de mettre des bâtons dans les roues pour empêcher que des documents soient communiqués? Sans doute que oui. Je n'y vois pas de complot. Je ne pense pas que les sous-ministres se disent le matin en se levant qu'ils vont violer la Loi sur l'accès à l'information aujourd'hui.
Notre régime de gouvernement suit le modèle de Westminster, qui se fonde sur le caractère confidentiel de l'activité du Cabinet. Cela se répercute-t-il de haut en bas? Oui, bien sûr. Tous les hauts responsables veulent éviter que le ministre soit surpris ou qu'il soit pris au dépourvu en raison d'information qu'il n'aurait pas déjà ou qu'il ne pourrait pas expliquer. C'est donc là un réflexe dans notre régime de gouvernement qu'il faut gérer. Cela ne veut pas dire qu'ils ne peuvent pas être plus transparents. Cela ne veut pas dire que les hauts responsables ne peuvent pas appuyer un régime où il y aurait plus de transparence, où la divulgation se ferait plus rapidement et de façon plus complète, et où la divulgation irait même au-delà de ce que prescrit la loi.
C'est à contrecoeur que j'ai pris part au débat sur le présumé manque de divulgation au sujet des détenus en Afghanistan peu de temps après Noël. Mais ce n'était pas vraiment une question d'accès, c'était une question de communication. Si nous pouvons amener les gouvernements à communiquer de façon plus proactive sur ce qu'ils font... Quel que soit leur message, il doit être possible d'en vérifier l'exactitude grâce à l'accès à l'information. Les hauts responsables ne peuvent pas simplement communiquer quelque chose et empêcher que le message ne puisse ensuite être vérifié.
C'est à cette dynamique que je faisais allusion dans la citation que j'ai utilisée. Il s'agit d'un continuum de communication d'information qui fait en sorte que tout est plus transparent.
Je donne peut-être l'impression de rêver en couleur, mais je ne crois pas qu'il y ait une culture du secret. Je crois qu'il y a des comportements inacceptables et qu'il faut intervenir à cet égard.