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Merci beaucoup, madame la présidente. Avant de commencer ma déclaration, je tiens à préciser que le contexte qui motive mes propos est le fait que les femmes ont une espérance de vie supérieure à celle des hommes. Gardez en tête que mes propos s'inscrivent dans cette optique.
Voici ce que nous avons à dire sur la Sécurité de la vieillesse, le Supplément de revenu garanti, le Régime de pensions du Canada et le Régime de rentes du Québec. Nous ne contestons pas le fait que l'ampleur de la pauvreté a été diminuée. Toutefois, les gens qui vivent sur la SV et le SRG sont bel et bien pauvres. Ils sont en deçà du seuil de faible revenu, sans oublier que les déterminants de la santé ont une incidence négative sur la santé plus les gens vieillissent. Selon Statistique Canada, la hausse des taux d'inflation n'a pas le même effet sur les aînés que sur la population générale et, bien entendu, les augmentations qu'ont connues la SV et le SRG sont fondées sur l'indice des prix à la consommation. Pour ces raisons, les aînés, tout particulièrement les vieilles femmes, s'en trouvent affectés.
La pauvreté prend des proportions endémiques chez les personnes âgées, ce qui nous préoccupe grandement. On constate que le taux de pauvreté chez les personnes âgées célibataires qui vivent seules, et tout particulièrement les femmes, est assez élevé. Le taux est de 38 p. 100 pour les femmes par rapport à 25 p. 100 pour les hommes, et pourtant, les gouvernements prétendent que le problème de la pauvreté chez les personnes âgées a été résolu. Les nouveaux immigrants plus âgés sont une source de préoccupation, en particulier ceux qui sont venus au pays à la demande de leur enfant pour qu'ils prennent soin de leurs petits-enfants. Ils risquent de se retrouver sous le seuil de la pauvreté parce que pour être admissible à la SV et au SRG, il faut avoir accumulé un certain nombre d'années de résidence. Les communautés autochtones — les premières nations, les Métis et les Inuits — sont les plus menacées par la pauvreté et le dénuement, et c'est pourquoi nous espérons que votre comité accorde une attention spéciale aux femmes de ces populations afin de voir comment des changements apportés aux pensions peuvent améliorer leur vie.
Les changements qu'on observe dans le marché du travail sont un facteur important, car comme vous le savez — des gens sont venus vous en parler —, les régimes de pension à prestations déterminées disparaissent graduellement pour être remplacés par des régimes de pension à cotisations déterminées, où les risques sont très élevés. Je le répète: les femmes vivent plus longtemps que les hommes, donc les risques auxquels elles s'exposent deviennent proportionnellement plus élevés. La plupart des vieillards sont nonagénaires, et la majorité sont des femmes. Les exigences du FERR, qui prévoit que les sommes doivent être toutes retirées une fois que le particulier a atteint l'âge de 90 ans, mettent à mal les femmes plus âgées, surtout si on pense que le groupe de personnes âgées qui grossit le plus rapidement est celui des 80 ans et plus.
Comme je l'ai fait remarquer, la longévité des femmes est un facteur capital dans le monde des pensions, et il est bien clair que le coût de la vie n'est pas beaucoup moins élevé pour une personne que pour deux. Si une des deux personnes meurt, il faut toujours payer pour se loger et se nourrir.
Nous attirons votre attention sur la rémunération versée aux femmes. Les femmes gagnent moins que les hommes, et l'écart est significatif. On les retrouve encore majoritairement dans les secteurs à faible salaire du marché du travail, tout particulièrement le secteur des services. Les travailleurs dont le salaire est bas vivent au jour le jour et ne peuvent pas mettre de côté de l'argent dans des comptes d'épargne exempts de taxe ou des REER. Les données de Statistique Canada que vous affichez sur votre site Web sont incorrectes. Je n'ai peut-être pas compris le contexte, mais en juin de cette année, Statistique Canada a indiqué que le revenu moyen des femmes correspondait à 65,7 p. 100 du revenu des hommes en 2007. C'est un point qui me préoccupe.
Vous connaissez la situation des mères chefs de famille et vous savez que les occasions d'épargner de l'argent pour leurs vieux jours sont pour elles très limitées. Le nombre de travailleurs autonomes augmente, et les femmes constituent une grande partie de ce groupe. Elles le font par nécessité, et non par choix. Pour pouvoir profiter du RPC et du RRQ, elles doivent y cotiser à la fois comme employeur et employé, ce qui peut être très difficile.
Passons maintenant à la question des femmes et des soins. Les femmes assument encore les principales responsabilités lorsqu'il s'agit de donner des soins, ce qui les force à se retirer de la population active ou à opter pour un emploi à temps partiel. Cette situation entraîne une baisse des pensions. Les dispositions d'exclusion du RPC et du RRQ qui s'appliquent à la garde d'enfants devraient aussi s'appliquer aux autres types de soins dispensés à la famille. La condition à remplir pour avoir droit au crédit d'impôt aux aidants naturels ne devrait pas être fondée sur la mort imminente de la personne qui reçoit les soins, mais devrait plutôt tenir compte de l'éventail de soins dont une famille a besoin.
On a déjà essayé de limiter ou de supprimer les augmentations du coût de la vie dans ces programmes nationaux de pension et de soutien du revenu. Nous vous supplions de ne jamais répéter cette expérience, et ce, malgré le déficit. Les services gouvernementaux ont une énorme incidence sur les gens à faible revenu. Compte tenu de la conjoncture économique difficile, n'importe quelle mesure visant la suppression des services gouvernementaux aura des répercussions importantes sur les gens à faible revenu.
Nous avons examiné le cas des nouveaux immigrants qui souffrent de la pauvreté, tout particulièrement ceux qui sont arrivés au Canada au cours des vingt dernières années. La probabilité de chômage ou de chômage déguisé est pour eux très élevée. C'est eux qui formeront bientôt le groupe des personnes âgées sous le seuil de la pauvreté.
Comme les femmes vivent plus longtemps que les hommes, le risque de pauvreté et d'absence de pension individuelle est très élevé. Le salaire des femmes qui font partie d'une minorité ethnique, surtout parmi les nouveaux immigrants au pays, est bas alors que les taux de sous-emploi et de chômage sont élevés. Ces femmes constituent une main-d'oeuvre secondaire et la très grande majorité des employés des maisons de soins infirmiers, des travailleurs de soutien et des aidants naturels rémunérés. Elles n'ont pas de régime de pension et elles devront s'en remettre à la SV et au SRG.
Les risques que le nombre toujours plus grand de travailleurs qui n'ont accès à aucun régime de pension et de travailleurs au salaire minimum se retrouvent sous le seuil de la pauvreté seront plus élevés. Les jeunes travailleurs qui occupent actuellement un emploi nous préoccupent. Selon Statistique Canada, l'avoir des personnes de 44 ans n'était que de 47 000 $ en 2007, ce qui ne suffira pas pour leurs vieux jours.
Nous n'avons pas parlé des menaces que font planer les faillites sur les pensions. Un programme en Ontario permet de protéger les pensions jusqu'à concurrence de 1 000 $ par mois, mais il risque de disparaître en raison de la crise économique. Un tel programme n'existe dans aucune autre province.
Nous avons donc élaboré neuf stratégies pour le changement.
Le taux de remplacement maximal du RPC devrait passer à 60 000 $ et être totalement indexé. Ce serait bien que l'indexation corresponde à celle des personnes âgées. Le RPC doit tenir compte des variations grandissantes qui marquent la participation à la vie active.
Nous souhaitons que le comité tienne compte des effets qu'amène l'augmentation du nombre d'emplois de courte durée et de travailleurs autonomes sur les cotisations au RPC et au RRQ et les avantages qui en découlent.
Le gouvernement fédéral et les provinces doivent introduire un régime de pension contributif qui permettrait aux travailleurs à faible revenu et aux gens qui n'ont pas de régime d'y participer. Ils devraient faciliter l'adoption d'un tel régime bien géré qui serait offert à tous les travailleurs, tout particulièrement aux employés de petites entreprises ou aux travailleurs autonomes.
Nous sommes aussi préoccupés par le fait que les gens âgés entre 60 et 65 ans se voient infliger des pénalités pour avoir eu recours trop tôt au RPC, alors qu'il leur est pratiquement impossible de trouver un emploi.
Si on pouvait garantir la mise en place de programmes sur l'emploi et l'équité salariale, la situation des femmes s'améliorerait et elles n'auraient plus à souffrir de salaires moins élevés que les hommes.
Il faut se concentrer sur les femmes qui font partie d'une minorité ethnique et qui travaillent dans les services personnels et les systèmes de santé et de services sociaux. Leurs conditions de travail et leur niveau de rémunération les condamnent à une vie de pauvreté.
Certaines des pires menaces à la santé et au bien-être des femmes âgées diminueraient s'il y avait suffisamment de logements abordables et supervisés où le loyer est établi en fonction du revenu. Bien sûr, cette mesure profiterait à toutes les personnes âgées à faible revenu.
Idéalement, la création d'un revenu annuel garanti assurerait à tous les Canadiens un revenu de base, quel que soit l'âge. Cela permettrait de réduire le montant des pénalités infligées aux gens qui dépendent entièrement des programmes gouvernementaux.
Pour terminer, compte tenu de la situation économique actuelle, nous faisons remarquer que les avantages dont bénéficient les citoyens par le biais des services publics l'emportent haut la main sur n'importe quelle réduction d'impôts.
Ce sont les gens à faible revenu et à revenu modeste qui ressentiraient le plus les répercussions de la réduction possible des services gouvernementaux, due à l'énorme augmentation des déficits national et provinciaux. L'utilisation des crédits d'impôt profitent seulement à ceux dont le revenu se situe dans la moyenne supérieure et n'apportent rien à ceux dont le revenu est faible ou se situe en deçà du seuil de faible revenu.
Merci beaucoup de votre attention et de la patience dont vous avez fait preuve tandis qu'on tentait d'établir la connexion.