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Je vous remercie. Nous sommes ravis d'être ici aujourd'hui. J'espère que nous parviendrons à vous donner un aperçu très intéressant de la situation des Canadiennes sur le marché du travail.
Je vais commencer par traiter du taux de chômage. C'est une statistique avec laquelle tout le monde est familier et dont nous entendons passablement parler.
Le premier graphique vous permet de voir l'évolution du chômage depuis 1976, aussi bien pour les hommes que pour les femmes. Celui des femmes est illustré par la ligne rouge. Vous pouvez constater que, pendant la plupart des 20 dernières années, il a été plus faible que celui des hommes. Avant cela, en remontant aux années 1970 et 1980, il était plus élevé pour les femmes que pour les hommes, mais la situation s'est inversée pendant la récession des années 1990. En janvier 2009, ce taux était de 6,2 p. 100 pour les femmes et de 8 p. 100 pour les hommes.
Je reviendrai dans la suite de cet exposé sur le contexte économique actuel et sur la hausse du chômage à laquelle nous assistons, mais je vais quand même vous en donner un aperçu tout de suite.
Au cours du dernier trimestre, nous avons observé une hausse du chômage. Elle a atteint cinq dixièmes de point de pourcentage chez les femmes. Le taux de chômage est alors passé de 5,7 p. 100 qu'il était en octobre 2008, juste avant l'apparition des problèmes économiques actuels, à 6,2 p. 100 maintenant. Pour les hommes, il a grimpé de 6,8 p. 100 à 8,0 p. 100 au cours de la même période, soit une hausse plus marquée que pour les femmes. Nous y reviendrons plus en détail un peu plus tard.
La diapositive suivante montre l’évolution du taux d'emploi. Il s’agit du pourcentage de la population qui a un emploi, et cela englobe aussi bien les employés que les travailleurs autonomes. Ici aussi, comme vous pouvez le constater, nous nous intéressons à la tendance à long terme puisque le graphique va de 1976 à aujourd'hui. On y observe la tendance à la hausse du taux d'emploi des femmes et un rétrécissement de l'écart entre les taux d'emploi des hommes et des femmes. Celui des femmes reste toutefois inférieur à celui des hommes puisqu'ils sont respectivement 58,7 p. 100 et de 66,6 p. 100. Ce sont là les derniers chiffres, ceux de janvier 2009.
La diapositive numéro quatre montre la situation des Canadiennes sur le marché du travail en regard de celle des femmes d'autres pays. La hausse du taux d'emploi des Canadiennes pendant toutes ces années en fait maintenant l'un des plus élevés parmi tous les pays membres de l'OCDE. Il appert en effet que seuls quelques pays scandinaves, soit la Norvège, le Danemark et la Suède, ainsi que la Suisse, ont des taux d'emploi des femmes plus élevés que le Canada. Vous constatez aussi que la moyenne des pays membres de l'OCDE apparaît nettement plus bas dans la liste et que ces taux sont très faibles dans de nombreux pays. C’est en particulier le cas en Italie et au Mexique, qui enregistrent les résultats les plus faibles en la matière.
Vous remarquerez peut-être que les chiffres apparaissant sur ce graphique diffèrent légèrement de ceux du graphique précédent. Cela tient au fait que le premier utilise le taux d'emploi des femmes âgées de 15 ans et plus alors que le second reprend les données de l'OCDE, qui portent sur les femmes âgées de 15 à 64 ans. C'est de là que viennent ces écarts.
Puisque vous vous intéressez aux différences entre les modèles d'emploi des femmes et des hommes, nous allons passer au graphique suivant qui nous donne un bref aperçu de la situation en 2008.
Les femmes sont plus susceptibles de travailler à temps partiel. En réalité, il est beaucoup plus probable qu'elles travaillent à temps partiel. Nous constatons que 26 p. 100 des emplois des femmes sont à temps partiel, contre 11 p. 100 pour les hommes. Les femmes qui travaillent à temps partiel vont le faire plus souvent pour des raisons non économiques, c'est-à-dire volontairement pour reprendre la terminologie statistique, puisque 78,4 p. 100 de celles travaillant à temps partiel le font pour des raisons volontaires alors que seuls 75,4 p. 100 des hommes sont dans cette situation.
Les femmes sont plus susceptibles d'occuper des emplois temporaires, puisque c'est le cas de 12,7 p. 100 d'entre elles. Pour les hommes, ce pourcentage est de 11 p. 100.
Les domaines dans lesquels les femmes sont les plus susceptibles de travailler sont ceux de la vente, des services, des soins de la santé, des finances et de l'administration. Cela ne surprend probablement personne. Il est par contre moins probable qu'elles travaillent dans les métiers, la gestion où les ressources naturelles, comme dans les exploitations agricoles. Ce sont là des comportements relativement constants. Si les femmes ont réalisé quelques percées dans des métiers généralement dominés par les hommes, au moins de façon traditionnelle, on n’observe toutefois pas de progression marquée. Il en va de même pour les hommes qui sont maintenant plus présents dans des métiers traditionnellement dominés par les femmes, comme dans le domaine infirmier, sans que leur nombre soit toutefois suffisant pour modifier sensiblement l’équilibre hommes-femmes dans ces métiers.
Les femmes sont moins susceptibles d'être des travailleuses autonomes. Seulement 11 p. 100 de celles qui ont un emploi sont des travailleuses autonomes, contre 19 p. 100 pour les hommes. La catégorie dans laquelle on trouve le plus de travailleurs autonomes, aussi bien pour les hommes que pour les femmes, est celle des travailleurs autonomes qui n’ont pas constitué de société et qui n'ont pas d'employés. Ce sont effectivement des travailleurs autonomes qui ont montré leurs propres entreprises, mais celles-ci ne sont pas enregistrées ni constituées en société, et elles n'ont pas d'employés. Au sein de cette catégorie, les femmes dominent. Chez les hommes, le pourcentage de ceux ayant intégré un cadre de travail plus formel, ayant constitué une société et ayant des employés, est plus important. Ces différences ont des répercussions sur leurs revenus respectifs et c'est un volet que nous aborderons plus tard.
J’aurais, bien sûr, beaucoup plus de choses à vous dire sur les différences entre les emplois des hommes et des femmes, mais nous y viendrons peut-être en répondant à vos questions.
Le graphique suivant vous montre la répartition des métiers occupés par des hommes et par des femmes, par groupe professionnel. Il était destiné à vous montrer ce que je viens de vous dire et nous pouvons peut-être passer rapidement au suivant puisque nous ne disposons que de peu de temps. Vous y constatez, comme je vous l'ai déjà dit, que les femmes sont plus susceptibles de travailler dans les domaines des ventes, des services, des soins de la santé, et dans ces types de groupes professionnels.
La diapositive suivante traite des gains. Le graphique est construit à partir des données du Recensement de 2006 sur les gains des personnes travaillant à temps plein toute l’année. D'après ces données, les revenus des femmes ont représenté environ 77 p. 100 de ceux des hommes. Cela signifie que les femmes ont gagné environ 35 000 $ par année, presque 36 000 $ en vérité, alors que les revenus des hommes atteignaient presque 47 000 p. 100. Ce graphique nous montre les revenus des femmes en pourcentage de ceux des hommes, et ce pourcentage est d'environ 77 p. 100 dans tous les métiers, comme je viens de vous le dire.
Le reste de métiers énumérés ici sont les 10 les plus répandus au pays. Le métier pratiqué le plus couramment au pays, pour les deux sexes, est celui de conducteur de camion, par exemple, et relève de la catégorie des conducteurs de véhicules à moteur et de transport en commun. Vous avez donc là les 10 métiers les plus répandus et vous pouvez vous faire une idée du rapport entre les revenus des hommes et des femmes. Les pourcentages ne sont pas les mêmes dans tous les métiers. Ce que montre ce graphique est qu'ils varient d'un métier à l'autre.
Vous vouliez avoir des chiffres sur les demandes d'aide sociale des hommes et des femmes. Malheureusement, par manque de temps, nous n'avons pas été en mesure d'extraire beaucoup de données sur cette question. Cette information n'est pas facile à extraire de nos bases de données. Nous pouvons vous en dire davantage que ce que les chiffres montrent ici, mais voilà ce que nous sommes en mesure de vous montrer aujourd’hui.
Vous avez donc le nombre de familles dans lesquelles au moins une personne reçoit des prestations d'aide sociale, par type de famille ou de ménage. Vous pouvez constater, par exemple, qu'il y a environ 300 000 familles monoparentales qui reçoivent une forme quelconque d'aide sociale. Ces familles monoparentales ne sont pas toutes dirigées par une femme, mais nous savons fort bien que souvent le cas. C'est même la majorité des cas. Ce graphique vous permet donc de vous faire une idée des prestations d’aide sociale versées à des femmes par comparaison à des hommes. Toutefois, il n'est pas complet; j'en conviens.
Sur le graphique suivant, la ligne bleue montre le nombre de couples — c'est la ligne du milieu — ayant bénéficié d'assistance sociale. Ils sont environ 350 000. Il y a au moins une femme dans chaque couple, n’est-ce pas? J'essaie ici de vous donner une indication des prestations d'aide sociale versées aux femmes. Au besoin, si vous le souhaitez, nous pouvons vous fournir plus d'informations que celles dont nous disposons aujourd'hui.
Passons maintenant à l'assurance-emploi parce que je crois savoir que c'est le sujet de votre étude.
Ce sont là les données de 2008. Les derniers chiffres de décembre ont été publiés il y a une semaine par Statistique Canada. Comme vous pouvez le voir, ce graphique montre le pourcentage de femmes parmi tous les bénéficiaires des prestations d'assurance-emploi, à la fois au niveau national et provincial, ce qui permet de constater les écarts entre elles.
En 2008, les femmes ont représenté en moyenne, au niveau national, 39,6 p. 100 de tous les prestataires d'assurance-emploi. Il s'agit ici des prestations régulières d'assurance-emploi, sans prendre en compte les congés de maternité ou parentaux ni les prestations spéciales. Cela signifie que, en 2008, il y a eu en moyenne 192 000 femmes par mois qui ont touché des prestations d'assurance-emploi. Les hommes, eux, étaient au nombre de 293 000.
Ce sont là des chiffres importants. En effet, 39,6 p. 100 des prestataires d'assurance-emploi étaient des femmes alors qu'elles représentaient en même temps 43,4 p. 100 de tous les chômeurs. Dans l’ensemble du pays, le pourcentage de femmes prestataires de l'assurance-emploi est donc plus faible que celui des chômeuses. Il y a donc un écart entre les deux. En réalité, le nombre de chômeuses est beaucoup plus élevé que celui des femmes prestataires de l'assurance-emploi.
Peut-on donner quelques-unes des raisons expliquant cette situation?
Nous avons réalisé une enquête appelée Enquête sur la couverture de la population par le régime d'assurance-emploi. Le graphique suivant présente certaines des données obtenues au moyen de cette enquête. Il fait la comparaison entre les hommes et les femmes au chômage qui sont potentiellement admissibles à l'assurance-emploi. Il se peut en effet, si vous ne travaillez pas, que vous ne soyez pas admissible à l'assurance-emploi. C'est le cas, par exemple, des personnes qui n'ont jamais travaillé ou qui n'ont pas travaillé au cours de la dernière année, ou encore qui, pour d'autres raisons, n'ont pas cotisé au programme. On constate sur ce graphique que moins de la moitié de toutes les femmes qui sont au chômage sont potentiellement admissibles à l'assurance-emploi, si on se fie aux résultats de cette enquête. Leur proportion est plus faible que celle des hommes. Je n'ai pas le chiffre exact pour les hommes, mais environ 57 p. 100 de tous les chômeurs sont admissibles à l'assurance-emploi.
Pourquoi y a-t-il une différence entre les hommes et les femmes? Eh bien, c'est qu'un plus grand nombre de femmes au chômage non pas travaillé récemment, et cela semble être la principale raison pour laquelle il y a moins de femmes potentiellement admissibles à l'assurance-emploi. C'est ainsi qu'une femme qui a passé un certain temps chez elle à prendre soin de ses enfants, ou qui est allée à l'école, peut avoir été en dehors du marché du travail pendant longtemps. C'est une situation qui s'observe plus souvent chez les femmes que chez les hommes.
Je passe maintenant au graphique suivant. Je tiens à vous parler un peu de la situation économique actuelle. Nous avons tous entendu dire que l'emploi diminue et que le chômage augmente. Ce graphique montre la diminution des emplois des hommes et des femmes au cours des deux dernières récessions, en vert et en bleu, et au cours des quatre derniers mois, en jaune. La récession actuelle n'étant pas terminée, les colonnes jaunes vont continuer à s'allonger vers le bas. Nous n'en sommes encore qu'au début. Vous pouvez par contre constater que, au cours des deux dernières récessions, les pertes globales d'emplois et la hausse du chômage ont davantage touché les hommes que les femmes. Il en est ainsi parce que les hommes travaillent fréquemment dans des secteurs d’activité plus cycliques, comme ceux de la fabrication et de la construction.
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Le taux de chômage des femmes est plus faible que celui des hommes. C'est un point important.
Une autre question que nous étudions est la participation au marché du travail. Comme je le disais précédemment, il ne suffit pas d'analyser le chômage. Nous devons nous pencher sur les taux de participation au marché du travail et sur les pourcentages de la population, qu’elle soit masculine ou féminine, qui est active sur ce marché. Votre comportement sur le marché du travail détermine votre situation en regard du chômage. Si vous êtes sans emploi et cherchez du travail, vous serez comptabilisé comme chômeur alors que si vous n’en cherchez pas, vous ne serez pas comptabilisé comme chômeur.
Nous devons faire la distinction entre une personne au chômage et une personne qui se trouve à la maison pour d'autres raisons. Vous ne voulez pas compter toutes les femmes qui ne travaillent pas à l'extérieur comme des chômeuses, parce que certaines y restent pour prendre soin de leurs enfants ou de membres âgés de leur famille, ou pour aller à l'école. Il en est de même pour les hommes.
Une voix: C’est vrai.
M. Geoff Bowlby: Nous avons des statistiques, mais rien de concluant. L'Enquête sur la population active ne comporte pas de questions qui nous aideraient à comprendre les entraves auxquelles se heurtent les hommes et les femmes. Il y a quelques éléments de suggestions, mais nous ne demandons pas directement « Pourquoi ne travaillez-vous pas? ». Nous ne demandons pas non plus « Pourquoi n'avez-vous pas trouvé d'emploi? » D'autres enquêtes traitent de ces questions. Celles que je connais bien, et en particulier l'Enquête sur la population active, ne posent pas ces questions.
Mais voici ce que nous savons. Comme je vous l'ai dit, le type de participation au marché du travail a des répercussions sur le taux de chômage. Les femmes sont beaucoup moins susceptibles de participer au marché de travail que les hommes, surtout parce qu'elles restent à la maison pour prendre soin des enfants. Ce n'est pas toujours la motivation de femmes plus âgées. Pour elles, cela fait souvent partie du mode de vie de leur génération : l'homme va travailler à l'extérieur et la femme reste à la maison. C'est pourquoi, dans nos enquêtes, on parle de préférence personnelle. C'est ainsi que cette expression est apparue.
Je pourrais aller plus en détail. Je n'ai pas les statistiques ici, mais nous pourrions vous montrer, par exemple, quels sont les pourcentages de femmes qui ne sont pas au chômage, en précisant ce qu'elles font. Sont-elles à la maison? Vont-elles à l'école? Les réponses à ces questions vous donnent une idée des raisons pour lesquelles elles ne vont pas travailler à l’extérieur. Les taux d'activité des femmes qui ont des enfants de moins de cinq ans sont très faibles. Je ne devrais pas le formuler comme cela, parce qu'ils sont plus élevés qu'ils ne l'ont jamais été, mais ils sont beaucoup plus faibles que chez les hommes ayant des enfants du même âge.
C'est le mieux que je puisse faire sur cette question pour l'instant, mais je peux essayer de la creuser un peu plus.