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Merci, madame la présidente. Bonjour aux membres du comité et aux autres témoins. Merci de m'avoir invité à venir vous faire part de mes idées sur votre étude importante. Au nom de mon organisme, j'espère contribuer utilement à vos travaux et j'espère que ce n'est pas la dernière fois que nous nous verrons.
Notre organisme est le Département des métiers de la construction. Nous représentons environ 550 000 travailleurs de la construction syndiqués d'un océan à l'autre. Nos membres appartiennent à 15 syndicats différents et à plus de 50 corps de métier. Il y a notamment des conducteurs d'équipement lourd, des charpentiers, des soudeurs, des briqueteurs et tous les autres. Nous construisons l'infrastructure: les usines de l'industrie lourde comme les raffineries de pétrole, les centrales nucléaires, les écoles, les hôpitaux et les résidences.
Pour préparer mon exposé j'ai cherché de l'information formelle et j'ai sollicité les observations personnelles de nos membres. Selon une étude menée en 2008 par le Conseil sectoriel de la construction, 4 p. 100 de nos 550 000 membres sont des femmes. Dans certains corps de métier, le taux de participation des femmes est beaucoup plus faible, soit de 2 p. 100 environ. Nous avons un assez grand nombre de femmes qui sont spécialistes de l'isolation thermique, charpentières et peintres. Par contre, les briqueteuses, les finisseuses de béton, les monteuses de conduites de vapeur et les électriciennes sont moins nombreuses. Ces pourcentages sont stables depuis un bon moment déjà. À l'échelle nationale, l'industrie a connu une croissance de 45 p. 100 au cours des 10 dernières années. En Colombie-Britannique et en Alberta, le taux de croissance a atteint 100 p. 100. Cela veut dire qu'il y a eu une augmentation proportionnelle du nombre de travailleurs de la construction.
J'aimerais vous donner un aperçu des difficultés auxquelles nous faisons face aujourd'hui en ce qui concerne les programmes d'apprentissage. Ensuite, les difficultés auxquelles font face les femmes apprenties seront évidentes. Au Canada, le nombre d'inscriptions au programme d'apprentissage a atteint un niveau record, or le nombre de diplômés n'a pas augmenté depuis 1995. Il y a un problème systémique au Canada qui empêche les apprentis de terminer leur programme. Dans le cas des femmes, particulièrement dans la construction, le taux de réussite est inférieur à 1 p. 100. Cela veut dire que seulement une femme sur 100 que nous avons réussi à attirer à nos métiers réussit à terminer les cours et les stages requis pour devenir compagne d'apprentissage. Cela aide à expliquer pourquoi il y a si peu de femmes dans nos rangs.
Je ne pense pas que l'achèvement du programme d'apprentissage dépende beaucoup du sexe. J'ai préparé une petite liste des obstacles auxquels font face tous les apprentis dans notre industrie.
Premièrement, il y a l'absence de stabilité. C'est un fait dans la construction. C'est un travail de nature cyclique, ce qui incite nos membres à se chercher un emploi plus prévisible dans d'autres industries. Pendant une mauvaise année, un travailleur de la construction travaille de 700 à 1 000 heures. Pendant une bonne année, il peut travailler plus de 2 200 heures. Pendant une très bonne année, comme nous venons d'en connaître quelques-unes, ce chiffre peut grimper jusqu'à 3 000 heures. Nos heures de travail ne sont pas souples et les conditions de travail dans certains camps éloignés sont loin d'être idéales.
Deuxièmement, il y a les événements de la vie. Personne ne peut contrôler ce qui arrivera dans la vie d'un apprenti. Maladie, mariage, enfants, déménagement de la famille dans une autre province — tout cela peut empêcher l'apprenti de terminer son programme. Vous êtes sans doute au courant des données des recensements de 2001 et de 2006. Ces chiffres nous indiquent dans quels métiers nous devons faire des efforts. C'est sûrement en raison de ces chiffres que vous avez décidé d'examiner ces questions importantes.
La troisième chose que j'ai découverte en préparant cet exposé m'a fait un peu peur. Les décisions que nous prenons à l'école secondaire influencent le cours de nos vies. N'en parlez pas à ma femme. Le Conseil sectoriel de la construction a fait un sondage auprès d'un certain nombre de jeunes femmes pendant leurs années de formation et a constaté que celles d'entre elles qui étaient informées des compétences nécessaires pour exercer un métier et des possibilités d'emploi étaient davantage susceptibles de choisir un métier.
Dans certaines régions du Canada, les cours d'atelier n'ont plus la cote et dans certains cas, ils ont été tout simplement annulés, en raison des coûts ou des risques de blessure pour les étudiants. En Autriche et en Allemagne, où les étudiants passent pas mal de temps à acquérir ces compétences, le taux de participation au programme d'apprentissage est beaucoup plus élevé qu'au Canada, aux États-Unis ou en Australie.
La quatrième chose que j'ai découverte en préparant cet exposé, c'est une étude récente du Forum canadien sur l'apprentissage sur les raisons qui motivent les femmes à choisir un métier. Ces gens ont formulé une hypothèse à trois volets pour expliquer les raisons qui ont amené les femmes qu'ils ont interrogées à choisir leur métier. La première hypothèse était l'attente d'un travail constant, la deuxième était leur intérêt pour le métier et la troisième était leur ambition de devenir travailleuse autonome.
J'ai quelques observations à faire sur cette étude. Je le répète, nous sommes un secteur très cyclique et la construction est toujours lente à s'adapter aux conditions économiques. La récession n'a pas encore frappé les métiers et la vaste majorité des ouvriers certifiés au Canada ne sont pas des travailleurs indépendants, mais sont à l'emploi de petits et moyens entrepreneurs.
Il semble donc que nous ayons du pain sur la planche pour informer les gens sur les conditions de travail des hommes et des femmes de métier. Plus tard dans mon exposé, je vais demander au comité et au gouvernement du Canada de nous aider.
Enfin, j'aimerais vous transmettre des observations complémentaires et les expériences que j'ai recueillies auprès de nos partenaires ouvriers et entrepreneurs que j'ai interrogés la semaine dernière. Les grandes entreprises de construction — c'est-à-dire une entreprise qui compte plus de 100 employés — font des progrès dans la gestion de la construction. Selon Tony Fanelli, directeur des relations de travail à Bantrell Constructors Company de Montréal et Toronto, il y a eu, dans son entreprise, une augmentation du nombre de femmes dans les services d'inspection, dans la santé et la sécurité, les services de représentation, la logistique et le génie. Tout cela est positif. Je considère qu'une petite entreprise de construction est une société qui a moins de 100 employés. Pour elle, les difficultés sont plus grandes puisqu'en général ces services sont exécutés à contrat par d'autres entreprises. Dans ce cas, elle obtient l'employé que lui envoie le sous-traitant.
Lorsque j'ai sondé nos membres, j'ai découvert quelques organismes qui ajoutent de la valeur dans de nombreuses régions du pays. Il y a des initiatives comme Alberta's Women Building Futures, Saskatchewan Women in Trades and Technology, the Women Unlimited Project en Nouvelle-Écosse, et STEP en Colombie-Britannique. STEP est le programme d'emploi dans les métiers spécialisés, une initiative conjointe de la British Columbia Construction Association et du gouvernement provincial. Ce programme vise à mettre en rapport les employeurs et les femmes de métier qui se cherchent un emploi. Il s'agit de programmes préapprentissage formels et sans but lucratif à l'intention des femmes qui souhaitent faire carrière dans notre industrie.
Fait intéressant, nos métiers de la construction en Nouvelle-Écosse donnent 3 ¢ par heure de travail à un groupe qui s'appelle Texploration. Texploration fait la promotion des carrières dans les sciences, les métiers et les occupations techniques et technologiques auprès des jeunes femmes de la 9e à la 12e année. Nous lançons un programme semblable à Terre-Neuve dans le cadre du projet de fonderie de Vale Inco à Long Harbour.
Pour conclure, votre invitation à comparaître aujourd'hui nous a amenés à nous poser de nombreuses questions sur les moyens d'améliorer ce que nous faisons. Voici certaines questions que nous nous posons maintenant au sujet de la diversité des travailleurs. Est-ce que nos tâches intéressent les femmes et comment est-ce que nous pouvons les améliorer? Est-ce que la culture de la construction attire les femmes? Si notre culture n'est pas attirante, comment pouvons-nous la rendre telle? Comment les jeunes femmes sont-elles informées au sujet des emplois dans la construction? Enfin, nous nous demandons où et comment ces femmes sont formées et qui va les aider à persévérer dans les programmes d'apprentissage?
Pour l'avenir, voici le message que j'ai pour vous. Les métiers de la construction du Canada seraient prêts à travailler en partenariat avec le gouvernement du Canada et les autorités provinciales compétentes pour lancer un projet pilote avec nos entrepreneurs. Peut-être qu'un conseil sectoriel de la construction serait le moyen de faire avancer cette initiative. Nous avons besoin d'une aide continue pour promouvoir nos métiers comme un choix de carrière viable pour les jeunes hommes et les jeunes femmes. Cette aide nous vient du gouvernement du Canada par le régime d'AE, la subvention incitative aux apprentis et à des endroits concrets comme le Parlement du Canada.
Si vous pouvez par n'importe quel moyen faire savoir qu'il y a un bel avenir pour les gens de métier, notre industrie vous en serait reconnaissante. L'an prochain — je crois que ce sera en mars, et j'ai l'impression d'être un peu l'agent de publicité du conseil sectoriel de la construction — le conseil tiendra un symposium qui traitera justement de cette question. Je crois que c'est en mars 2010 et je pense qu'il serait disposé à inviter tous les membres du comité.
Merci d'avoir invité le département des métiers de la construction. Je suis prêt à répondre à vos questions.
Je m'appelle Debbie Penner et j'habite à Winkler, au Manitoba. Je suis mère de trois enfants et une épouse depuis 20 ans. D'autre part, je travaille à Dig-All Construction, entreprise familiale.
Notre entreprise s'occupe de l'installation de conduites d'eau et d'égout, essentiellement pour le gouvernement provincial et les municipalités.
Je suis fière d'être ici aujourd'hui et d'effectuer une présentation devant le Comité permanent de la condition féminine, afin de parler des obstacles que doivent surmonter les femmes dans le secteur de la construction.
À l'heure actuelle, je suis gestionnaire de bureau et administratrice de Dig-All Construction, dont je suis également actionnaire. Nous sommes également propriétaires d'autres entreprises: Rosebrook Ltée, détaillant de maisons préfabriquées, et Rosebrook Place et Minnewasta Meadows, parcs de maisons mobiles dans notre collectivité.
Dans un geste d'humilité, il y a de nombreuses années, j'ai supplié mon père de me donner l'occasion de travailler pour la société de construction. J'ai commencé en 1991, au salaire minimum, qui s'élevait à l'époque à 5,25 $ l'heure. Je m'occupais de la comptabilité interne et de la paie, avec bien peu de connaissances ou d'expérience. J'ai graduellement appris à connaître les rudiments de ce secteur d'activité, et j'ai commencé à établir des devis, à commander des matériaux et à aider à la mise en place de projets.
Les sociétés de construction avec lesquelles je faisais affaire dans les années 1990 étaient essentiellement des entreprises familiales. C'est un secteur très masculin, où on n'y va pas par quatre chemins. En tant que femme, il m'a fallu prouver à ces hommes que je savais ce dont je parlais, mais aussi apprendre à affronter des comportements impolis et la discrimination à l'encontre des femmes dans ce milieu.
Au tournant du siècle, le secteur de la construction a commencé à changer. Il devenait plus professionnel et mieux organisé, du moins dans les services administratifs et d'ingénierie. L'évolution se poursuit, des bureaux aux chantiers, très lentement. Avec cette évolution, se multiplient les occasions offertes aux femmes dans le secteur. Aujourd'hui, il y a des femmes qui remplissent les fonctions d'ingénieurs, d'inspecteurs des travaux et d'administrateurs. Rares, par contre, sont celles qui travaillent vraiment sur les chantiers. Le travail sur les chantiers repose généralement sur des capacités physiques et les hommes embauchent des hommes.
Il y avait beaucoup d'hommes qui estimaient que les femmes n'avaient pas leur place dans le secteur de la construction. Cette attitude également a évolué au fil du temps. Il y en a toujours quelques-uns qui sont intimidés si une femme participe à des réunions de construction ou qui fusillent du regard une femme présente lors des forages d'essai. L'autre jour, quelqu'un m'a demandé pourquoi les attitudes avaient changé, pourquoi il était aujourd'hui plus acceptable qu'il y a 20 ans, voire même il y a 10 ans, d'avoir des femmes dans le secteur de la construction. Selon moi, il y a plusieurs raisons à cela.
Le secteur est devenu plus professionnel et plus organisé, du fait des lois, de la technologie, de l'éducation et de la formation. La jeune génération arrive maintenant dans les postes de gestion; dans certains cas, elle est devenue propriétaire d'entreprises. Ces jeunes ont grandi avec d'autres normes, d'autres idéaux. De plus, la technologie permet plus facilement aux femmes d'occuper des postes physiquement exigeants.
Pour que les obstacles disparaissent, il faut que le secteur évolue. Il y a encore trop d'employeurs à l'ancienne qui restent opposés à l'entrée des femmes dans le secteur de la construction. Avec l'arrivée sur le marché du travail des plus jeunes générations, la présence de femmes dans un environnement masculin devient plus fréquente; je le constate, année après année. Que ce soit dû à l'établissement de cours de formation ou à des pressions économiques contraignant une famille à compter sur deux revenus, la population dans son ensemble a été contrainte de reconnaître que les femmes sont en mesure de travailler dans des postes masculins.
Moi qui travaille dans le secteur depuis près de 18 ans, j'ai acquis certaines connaissances et souvent tissé des liens de travail solides. J'ai beaucoup de respect pour mes partenaires dans le secteur, mais quand il s'agit des entrepreneurs, je dois dire que les femmes sont encore rares. J'espère qu'on encouragera les femmes qui souhaitent faire carrière dans la construction à tenter l'aventure. C'est un secteur que j'adore et, au fil des ans, à force de travail acharné, de longues heures de travail et de dévouement, j'ai prouvé aux gens du secteur que les femmes étaient capables d'y avoir une place.
Merci.
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Bonjour à tous et à toutes.
Le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport du Québec définit ainsi ce qu'est un programme d'études non traditionnel: « Un programme d'études est considéré comme non traditionnel lorsque les professions correspondantes classées selon le Code national des professions (CNP) indiquent un taux de féminité inférieur à 33 1/3 %. » La Commission scolaire de Laval offre actuellement 21 programmes de formation professionnelle qui mènent à des métiers non traditionnels.
Les raisons pour lesquelles les femmes choisissent les métiers traditionnellement masculins ne sont pas différentes de celles des hommes. Plusieurs se dirigent dans cette voie parce qu'elles sont manuelles, désirent travailler physiquement, veulent faire quelque chose de leurs mains et qu'elles ont besoin d'un travail qui nécessite de bouger. Elles recherchent le concret plutôt que le théorique et se sentent à l'aise d'évoluer dans un milieu d'hommes. Le temps de formation plutôt court, les salaires élevés et les perspectives d'emplois favorables sont d'autres caractéristiques qui attirent les filles et les femmes dans ces milieux.
Consciente d'avoir entre ses murs des femmes qui tentent de se frayer un chemin dans un parcours de formation non traditionnel, la Commission scolaire de Laval a entrepris plusieurs actions afin d'encourager les femmes à s'inscrire dans ces parcours non traditionnels, à les soutenir tout au long de leur formation et de leur intégration sur le marché du travail.
Nous parlerons tout d'abord des activités de valorisation de la formation dans les métiers non traditionnels et des choix de carrière. Nous aborderons par la suite les différentes mesures pour faire place aux femmes en formation dans les métiers non traditionnels. Nous conclurons sur la place et l'importance du partenariat dans la réalisation d'une stratégie gagnante pour permettre à des femmes d'accéder à des métiers qui leur permettront d'exercer des professions valorisantes.
Plusieurs activités sont et seront réalisées afin de valoriser la formation.
Information et stage d'un jour. Bien que plusieurs programmes offerts en formation professionnelle soient très demandés, le recrutement représente un défi en soi. Ainsi, chaque année scolaire, du personnel professionnel et des enseignants des centres de formation professionnelle se déplacent dans les écoles secondaires pour animer des kiosques d'information et donner des conférences. Évidemment, les garçons autant que les filles sont invités à venir rencontrer ces professionnels qui répondent à leurs questions. Lorsque l'intérêt envers un métier est présent, les jeunes sont invités à se rendre aux centres de formation professionnelle afin de vivre l'expérience « d'élève d'un jour ». Ils sont alors mis en contact avec des enseignants et des élèves dans les salles de cours et les ateliers de travail. Ils peuvent ainsi expérimenter le métier de leur choix et en discuter avec les gens sur place, dans le but de favoriser leur orientation professionnelle en leur permettant de valider leur intérêt.
Femmes et métiers gagnants: une démarche d'orientation et d'exploration. À plusieurs reprises chaque année, des groupes de femmes constitués d'une quinzaine de participantes sont reçus dans nos centres de formation professionnelle. Ces femmes participent au programme « Femmes et métiers gagnants » subventionné par Emploi-Québec de la région des Laurentides. Pendant sept semaines, ces dernières sont amenées à élaborer un bilan personnel et professionnel, en plus d'explorer le marché du travail et les formations menant à des professions à prédominance masculine. Ainsi, chaque cohorte est invitée dans nos centres dans le but d'explorer, de s'informer et de se familiariser avec nos programmes. Elles visitent tous les départements où elles échangent avec les enseignants sur les réalités et les attentes de leurs métiers respectifs. Celles qui le désirent peuvent s'inscrire comme élève d'un jour. L'an dernier, deux des participantes à ce programme ont été diplômées au Centre de formation Le Chantier, l'une en briquetage-maçonnerie et l'autre en montage et installation de produits verriers. Cette année, suite à leur démarche dans le cadre du programme « Femmes et métiers gagnants », deux élèves se sont inscrites en charpenterie-menuiserie au Centre de formation Le Chantier.
« Chapeau, les filles! », un concours québécois de valorisation des femmes dans les métiers non traditionnels.
Depuis 14 ans, le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport et ses partenaires présentent le concours « Chapeau, les filles! », qui vise à faire connaître la diversification des choix de carrière des filles et à soutenir celles qui sont inscrites dans des formations à prédominance masculine, et ce, jusqu'à l'obtention de leur diplôme.
Les objectifs sont les suivants: valoriser les femmes qui choisissent un métier traditionnellement masculin; récompenser leurs efforts; aider les élèves à surmonter des problèmes liés au fait qu'elles sont en minorité dans un groupe à prédominance masculine; inciter les femmes à faire des choix de carrière non stéréotypés en donnant des modèles de réussite féminine.
Pour participer à ce concours, les filles doivent rédiger une lettre de présentation décrivant leur parcours, leur engagement envers un métier non traditionnel, leurs aptitudes et les moyens qu'elles utilisent afin d'assurer leur maintien dans ces milieux. Le concours se déroule sur deux paliers: le palier régional, dont les prix varient entre 500 $ et 1000 $, et le palier national, dont les prix varient entre 2000 $ et 5000 $.
Afin de s'assurer de la participation des candidates, il importe que les centres assument la publicité, le recrutement et l'accompagnement de ces dernières pendant tout le processus. L'an dernier, la Commission scolaire de Laval a vu quatre de ses élèves récolter les honneurs au niveau régional et l'une d'elles au niveau national.
Toujours dans le but de valoriser les femmes dans les métiers non traditionnels, la Commission scolaire de Laval prévoit la mise en oeuvre de trois activités au cours de l'année 2009-2010. La première est un atelier de manipulation. Il s'agit de la mise en oeuvre, par le Centre de formation Le Chantier, d'un atelier intitulé « Madame bricole tout » dont le but principal est d'augmenter l'autonomie des femmes en leur faisant expérimenter des travaux manuels. Lors de ces ateliers, les femmes pourront apprendre des travaux de base: peinturer des murs, visser, clouer, percer, installer des tablettes, etc. Des enseignantes et des élèves filles du Centre de formation Le Chantier seront les formatrices de ces ateliers.
Un autre projet, intitulé « Parcours extrême », consiste en une trousse d'exploration professionnelle réalisée par l'organisme Femmes et production industrielle. Elle s'adresse aux jeunes de la 3e secondaire et vise à faire connaître les métiers non traditionnels. Pour l'année en cours, un projet d'animation d'ateliers sera présenté dans les classes de niveau secondaire de la Commission scolaire de Laval en collaboration avec la Table de concertation lavalloise pour l'emploi des femmes dans les emplois non traditionnels, la Commission scolaire de Laval et le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport. Ce partenariat est à confirmer.
Le « Défi touche à tout » est un laboratoire d'expérimentation dans un centre de formation professionnelle. C'est un projet-pilote d'exploration de la formation professionnelle qui favorise l'approche « orientante ». L'objectif de ce projet est d'éveiller l'intérêt des filles et des garçons pour des professions offertes à la formation professionnelle par de l'expérimentation dans un centre de formation professionnelle, et ce, en mini laboratoire. Des activités d'apprentissage seront offertes aux élèves du 3e cycle du primaire. Elles favoriseront le développement de l'identité et le cheminement professionnel, tout en intégrant des éléments d'information scolaire et d'orientation aux programmes disciplinaires.
Les trois mesures « Place aux femmes » ont été mises en oeuvre afin de favoriser le maintien des femmes en formation et dans le milieu de travail, une fois qu'elles sont diplômées. La première mesure est un programme de maintien en formation. Ce programme est offert depuis janvier 2007 à toutes les femmes inscrites à un programme ou diplômées dans un métier non traditionnel de la Commission scolaire de Laval. Il vise à offrir un appui à ces femmes, une occasion de se réseauter et d'échanger entre elles. Deux fois par mois, les participantes se rencontrent. Une intervenante, accompagnée d'une femme compagnon dans le métier, anime l'activité. Un soutien téléphonique d'aide et de partage est également offert.
Au cours de l'année 2007-2008, deux groupes ont été constitués et subventionnés par Service Canada et le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport.
Un groupe était composé de femmes diplômées de différents métiers non traditionnels, tandis que l'autre était composé de femmes inscrites au programme Intervention en sécurité incendie. Suite à ce succès et aux besoins confirmés, la Commission scolaire de Laval assure la continuité de ce programme avec la participation financière de la Commission de la construction du Québec. Depuis le printemps 2008, trois cohortes ont ainsi été mises sur pied.
La deuxième mesure est le recours à des ressources professionnelles. Deux psychoéducatrices sont disponibles pour l'ensemble de la clientèle de formation professionnelle de la Commission scolaire de Laval. Également, toujours dans le but de favoriser le maintien en formation des filles, un de nos établissements, le Centre de formation Le Chantier, a mandaté la conseillère en formation professionnelle pour rencontrer, dès leur première semaine de classe, toutes les étudiantes. Cette ressource est aussi disponible, au besoin, tout au long de la formation des étudiantes. D'ailleurs, Bianka est elle-même conseillère et elle s'occupe des filles au Centre de formation Le Chantier.
La troisième mesure consiste en une activité de sensibilisation auprès des enseignants, de l'ensemble du personnel et des élèves du Centre de formation Le Chantier sous la forme d'une pièce de théâtre. Cette pièce vise à sensibiliser ce public à la place des femmes dans les métiers non traditionnels.
Parlons de partenariat. Vouloir assurer le maintien, le recrutement et l'insertion professionnelle des femmes dans un métier non traditionnel demande une concertation avec différents partenaires. Voici quelques exemples de projets porteurs réunissant différents acteurs pour une même cause. D'abord, un projet novateur vise la création et la mise sur pied d'outils de promotion, de sensibilisation et d'intervention favorisant l'accès des femmes aux métiers et secteurs non traditionnels, notamment dans l'industrie de la construction. Il permet de déterminer le profil des femmes inscrites et les principales difficultés rencontrées tout au long de leur formation.
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Vous parlez plus précisément des femmes à l'intérieur des parcours de formation.
Mme Lise Zarac: Effectivement, oui.
M. René Barrette: Je n'ai peut-être pas les statistiques pour l'ensemble des 21 programmes de la commission scolaire. Mon expérience se situe un peu plus sur le plan du Centre de formation Le Chantier. Il s'agit spécifiquement de programmes de construction, donc cinq avec M. Smillie qui sont un peu similaires, soit briquetage, maçonnerie, électricité, charpenterie, menuiserie, etc.
Au fil des années, il y a eu une augmentation croissante des femmes à l'intérieur de ces programmes. Vous l'avez souligné plus tôt, c'est non seulement l'engagement qui compte mais la mise en place de structures d'accompagnement de ces personnes. Ce n'est pas nécessairement facile pour une femme de suivre un parcours dans le milieu de la construction. On a eu un témoignage à ce sujet, d'ailleurs, aujourd'hui.
Félicitations, madame, pour votre parcours, ce n'est pas nécessairement facile.
Nos filles vivent cela au quotidien quand elles suivent les programmes. Il faut donc y croire et leur donner des ressources, attribuer des ressources pour les accompagner dans ce parcours.
Dès que je suis arrivé en poste, il y a trois ans, on a tout de suite engagé une conseillère en formation à temps plein afin de favoriser l'intégration des femmes dans ces métiers.
Dieu sait que l'industrie de la construction a besoin de femmes pour assainir ses pratiques et les rendre un peu plus propres. Vous êtes au courant de ce qui se passe au Québec, dans les métiers de la construction, depuis quelques semaines. On ne s'étendra pas là-dessus, ce n'est pas l'objet du débat d'aujourd'hui. Je pense que la place des femmes est non seulement attendue, mais aussi méritée, dans ce milieu. Il faut donc y croire et mettre les structures en place.
En ce qui concerne le nombre, le meilleur incitatif — cela dépend du nombre de demandes —, c'est de s'adapter constamment à la demande des femmes. Lorsque j'en ai énormément au cours d'une année et que ce sont des programmes contingentés pour les garçons, on exerce une discrimination positive. On réserve d'office jusqu'à deux places pour les femmes dans les programmes où il y a de 20 à 22 inscriptions. Donc, automatiquement, si j'ai assez de demandes qui le justifient, je fais de la place à deux femmes, peu importe les résultats au test de sélection.
Ce qui se dit ici aujourd'hui est vraiment très intéressant. Certains métiers non traditionnels sont connus, mais sont peu connus des jeunes filles. J'ai deux jeunes filles, ou plutôt deux jeunes femmes, à la maison. Je les encourage à choisir des métiers non traditionnels. Je ne sais pas si je vais réussir. Il n'y a pas suffisamment d'information à ce sujet. En effet, elles ne savent pas très bien où aller.
Dans les polyvalentes, on parle des infirmières, des ambulancières et ambulanciers, mais on voit très peu d'affiches qui incitent nos filles à se diriger vers les métiers de la construction, par exemple en maçonnerie ou en ajustage mécanique.
Je me souviens qu'il y a 35 ans, je voulais étudier l'ajustage mécanique. Or on m'a dit que je devais d'abord suivre un cours de secrétariat. Ce n'est pas tout à fait ce que je voulais faire. Mais bon, c'était l'époque, mais les tendances ont changé.
Pouvez-vous nous parler des programmes que vous avez créés, au Centre de formation Le Chantier, pour recruter les jeunes femmes?
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On a constaté, au cours des années, que l'information, quoique disponible, n'allait jamais à la bonne place. Toujours s'attaquer au même public cible, c'est-à-dire la 3
e secondaire ou la 4
e secondaire , n'était peut-être pas la meilleure idée. Il faut peut-être informer les jeunes filles plus tôt de ce qui se passe.
Cette année, on a décidé de mettre en place des ateliers pour les petits du primaire. Par exemple, on s'adresse aux enfants de cinquième ou de sixième année dans deux écoles différentes de la commission scolaire. Ils viennent passer une journée chez nous. On paie le lunch et l'autobus, et on leur fait vivre l'action, avec du mortier, entourés d'enseignants de formation professionnelle. On leur fait faire un petit montage électrique avec des électriciens. Ils suivent une formation pendant une journée avec l'enseignante du primaire qui, elle, révisera ce qu'elle a vu durant la journée et qui se rapporte à son enseignement au primaire avec ses élèves, par la suite. Ainsi, s'il y a eu des calculs à faire relativement au briquetage, des calculs de volume ou de masse, elle les reprendra avec eux en mathématiques. S'il y avait des consignes à lire en français, pour être capable de faire le montage en électricité, elle les reprendra avec eux.
En fin de compte, ce n'est pas seulement une expérience plaisante pour les gens du primaire. Les jeunes filles aussi seront appelées à s'habiller, à mettre un casque de sécurité, à suivre et à faire de la manipulation comme poser des briques ou étendre du mortier. On commence cette année.
À mon avis, si on s'attaque au début, on aura peut-être de meilleurs résultats au cours des prochaines années. On saura dès le primaire que c'est possible, parce qu'on aura été mis en contact avec cela. Il n'y a rien de mieux que l'apprentissage du concret.
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Ce sont de très bonnes questions.
On a des informations qui nous proviennent de la Commission de construction du Québec, car ces femmes sont inscrites à un régime d'apprentissage et elles cumulent des heures pour devenir compagnon. Outre ces informations, qui peuvent être précises, on sait que c'est à peu près le même taux pour les femmes que pour les hommes. Celles qui demeurent en emploi dans la construction après trois ans représentent à peu près 25 p. 100, le même taux que chez les hommes. La difficulté est de se rendre dans le milieu.
Je vais vous raconter une anecdote à ce sujet. On a eu affaire à un cas de discrimination l'année dernière, qui touchait une jeune fille qui terminait un programme d'étude. Ce n'était pas un homme qui avait bloqué sa candidature, c'était une femme. Un employeur féminin lui a dit que son mari n'en voulait pas, mais c'est elle qui disait non. Au départ, elle disait qu'elle ne voulait pas de charpentières dans son entreprise parce qu'elles partaient en congé de maternité, parce qu'elles n'étaient pas fiables, etc.
On est intervenu, avec l'aide de la Commission de la construction du Québec, et l'entrepreneur a été sévèrement blâmé sur ce point. Il a été ramené à l'ordre. Je vous raconte cela pour vous dire qu'il s'agit d'un problème d'accès. Dès que les filles sont dans le milieu, elles y restent autant que les hommes. Le problème est d'accéder au milieu.
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Je peux vous donner un exemple personnel.
J'ai un garçon qui se dirigeait plutôt vers l'université. Il était analyste en informatique. Il était très bon, d'ailleurs. Il a été embauché par la Défense nationale, mais un jour, les budgets ont été réduits et son poste a été aboli. Il est revenu à la maison et m'a dit qu'il allait au Chantier. Physiquement, il n'était vraiment pas du type à exercer un métier de la construction. Il passait son temps dans un édifice, assis derrière un ordinateur.
Je lui ai demandé s'il était certain de son choix et il m'a répondu qu'il l'était. Ne doutant pas de ses capacités, il est allé s'inscrire au Chantier où il a suivi une formation. Maintenant, c'est l'homme le plus heureux que je connaisse. Il travaille sur un chantier de construction hiver comme été. Je suis tombée des nues en me rendant compte de cela.
J'ai ici l'exemple concret d'un enfant qui a terminé sa 5e secondaire avec une moyenne générale de 94 p. 100, qui a obtenu 3 000 $ de bourse au niveau collégial, mais qui n'est finalement pas allé à l'université. Il a réussi grâce à cette formation, et aujourd'hui, il gagne sa vie et a bâti sa propre maison. Il est heureux comme un roi.
Pour ce qui est des femmes, on a formé à la Commission scolaire de Laval des électriciennes qu'on a embauchées par la suite. Elles travaillent pour nous. Il y a deux ans, dans le cadre d'une soirée de reconnaissance envers notre personnel, une des femmes a été reconnue pour son travail, et ce, parmi ses pairs. Ce n'est pas rien. Je vous dis qu'il faut continuer. En tous cas, il faut vraiment valoriser les femmes.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je vous remercie grandement d'être ici aujourd'hui. Je ne peux pas vous dire à quel point je suis fière d'être de Laval et de pouvoir dire que Le Chantier se trouve dans ma circonscription. Le travail qui s'y fait est exceptionnel.
Vous avez parlé d'une formation qui aurait lieu en 2010, soit « Madame bricole tout ». Ça m'interpelle particulièrement parce qu'à mon avis, l'un des facteurs faisant en sorte que les filles risquent d'opter pour un métier non traditionnel est le fait que leur mère leur en parle.
Pour ma part, à presque 60 ans, j'ai encore peur du marteau. J'ai cinq oeuvres encadrées sur un bureau à la maison, ici, à Hull. J'ai acheté un marteau et des clous, mais les cinq oeuvres sont sur le bureau depuis trois mois. Je ne les accrocherai pas au mur: il va falloir que quelqu'un d'autre le fasse.
Nous, les filles, nous apprenions à jouer à la poupée pendant que nos frères apprenaient à jouer avec des marteaux, des tournevis, des pinces, etc. Je pense qu'en offrant une formation de ce genre et en sensibilisant davantage des groupes de femmes comme les Cercles de Fermières, on réussirait peut-être à convaincre plus de filles d'opter pour des métiers non traditionnels.
Je ne sais pas. Je lance l'idée. Vous êtes déjà si actives qu'il est difficile de vous trouver d'autres projets. En fait, je veux que la réussite soit plus grande encore. Je pense à un réseau. Il y a des réseaux de femmes d'affaires, mais y a-t-il un réseau dans le cadre duquel les femmes qui exercent des métiers non traditionnels peuvent se concerter et s'encourager une fois qu'elles occupent un emploi?
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Serait-il possible de monter un projet-pilote? En effet, il existe un programme de Condition féminine Canada, un programme de partenariat. Cela pourrait aider à maintenir les jeunes femmes dans des métiers non traditionnels. Vous parlerez avec Sylvie après la réunion.
On fait cet exercice parce qu'on veut trouver des solutions à vos problèmes. On a besoin que vous nous disiez quels sont vos défis, vos recommandations, comment on peut vous aider le mieux. Nous-mêmes, les députées, pratiquons un métier non traditionnel. Nous devons nous battre constamment pour faire changer les choses. On est conscientes que tant qu'on ne sera pas au moins 30 p. 100 de l'ensemble des députés, il n'y aura pas de changement. C'était la même chose en ce qui concerne les poids, pour les caissières, etc.: tant qu'il n'y a pas eu de femmes qui ont fait ce travail, il n'y a pas eu de changement. Il faut absolument qu'on se concerte, qu'on travaille ensemble, et c'est pourquoi on vous a invités aujourd'hui. Nous voulons avoir le maximum de données afin de pouvoir vous aider à continuer votre excellent travail.
Madame Penner, je vous félicite, car vous avez oeuvré dans le milieu de la construction en 1990, au Manitoba. Je travaillais sur une ferme, à cette époque, en Saskatchewan. Croyez-moi, je sais par quoi vous êtes passée. Je vous félicite, vous êtes vraiment une femme exceptionnelle. Il est bon, comme le disait Mme Hoeppner, d'avoir des femmes, des modèles comme vous, mais on a besoin de les voir et de les connaître. On ne vous aurait jamais connue. Comment cela se fait-il? Il n'y a pas de journaux, de magazines, de revues, qui parlent des femmes dans les métiers non traditionnels? Je ne sais pas.