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Merci beaucoup, monsieur le président.
C'est toujours un plaisir d'être convoqué devant un comité de la Chambre des communes et d'avoir l'occasion de présenter les points de vue de l'industrie.
Je vais présenter brièvement un tableau de la coalition. Ensuite, je parlerai de la façon dont l'énergie géothermique contribue ou peut contribuer davantage aux systèmes énergétiques intégrés dans les collectivités. Je vais conclure en parlant de notre expérience en matière d'organisation de l'industrie.
Je viens de me rappeler que la dernière fois, je parlais beaucoup trop vite pour les interprètes. Je vous promets de parler plus posément aujourd'hui.
Essentiellement, la Coalition canadienne de l'énergie géothermique est une association de représentants d'intervenants dans le secteur de la géothermie. C'est une représentation matricielle. On représente tous les intervenants, que ce soit les installateurs, les manufacturiers, les gens du secteur financier, et ainsi de suite. C'est une association englobante.
On parle de l'approche intégrée des services énergétiques en la plaçant dans un contexte nord-américain. On pense qu'il y a un défi vraiment nord-américain, même si on parle de collectivités. À l'heure actuelle, un certain nombre d'enjeux doivent être résolus dans le secteur de l'énergie.
Le premier consiste à s'adapter aux importantes fluctuations des prix de l'énergie. C'est une réalité de tous les jours. Il est aussi important de continuer à optimiser les mécanismes de l'offre et de la demande d'énergie, que ce soit la sécurisation ou la meilleure gestion des formes d'énergie traditionnelles, l'efficacité énergétique ou les efforts qu'on doit faire pour intégrer les énergies renouvelables dans l'équation de l'offre et de la demande, tout en tenant compte du rôle déterminant que le Canada joue en matière de sécurité énergétique en Amérique du Nord.
Il faut replacer le débat dans ce contexte et définir le rôle des collectivités en matière de gestion de l'énergie. Cela nous oblige à revoir les mécanismes de déplacement de l'énergie vers et à l'intérieur des municipalités ou des collectivités, tout en construisant et en améliorant des infrastructures qui tiendront compte de l'adoption de nouvelles technologies, notamment les énergies renouvelables, en préservant la croissance économique et en travaillant au développement durable sans perdre un seul emploi et, si possible, en en créant de nouveaux. Le défi, à nos yeux, est excessivement important.
Les formes d'énergie qui se trouvent dans les régions éloignées, que ce soit le pétrole, l'hydroélectricité ou le gaz naturel, sont amenées aux collectivités au moyen de différents mécanismes de transport. C'est la vision traditionnelle de l'offre et de la demande.
Or, en réalité, la plus grande partie de l'énergie consommée au sein des collectivités est thermique. Donc, il s'agit d'énergie qui aurait été transformée et, pour l'essentiel, produite à l'aide de combustibles fossiles. Une autre réalité importante des collectivités est que les organismes n'ont pas de culture propre à la gestion de l'énergie. Les collectivités sont habituées à recevoir de l'énergie, mais pas à la gérer.
La conclusion qu'on en tire, c'est qu'on doit promouvoir une utilisation élargie des technologies produisant de l'énergie thermique de façon plus efficace dans toute la chaîne d'approvisionnement et accélérer un usage plus complet et avisé des technologies simples, afin de déplacer l'énergie thermique au sein des collectivités. C'est le point central de notre position.
Évidemment, la technologie clé permettant de faire le transfert de cette énergie, ce sont les pompes à chaleur géothermiques et les pompes à chaleur en général. L'outil clé, c'est l'approche intégrée des services énergétiques à l'intérieur des collectivités.
Si vous tournez la page de la présentation, vous verrez une représentation visuelle de ce que nous considérons comme une approche intégrée de la fourniture des services énergétiques. Je ne passerai pas en revue chacun de ces points, mais essentiellement, dans le coin supérieur gauche de la diapositive se trouvent les sources d'énergie traditionnelles qui entraient dans la collectivité, alors que toutes les autres boîtes représentent des sources d'énergie potentielles ou des sources de consommation d'énergie, que ce soit au chapitre de la gestion des déchets municipaux, de la cogénération des procédés industriels ou de l'excès de chaleur produite par les arénas ou les supermarchés. Une grande quantité d'énergie thermique est ainsi perdue.
J'ai positionné stratégiquement ce que j'appelle des dispositifs de stockage thermique et des échangeurs de chaleur. C'est le concept de la géothermie. Ces appareils peuvent être installés dans la municipalité pour absorber cette énergie et la redistribuer par la suite au sein de la collectivité.
Cependant, le marché pose énormément de barrières à l'intégration de ces dispositifs. Je ne les passerai pas en revue une par une, faute de temps. Quoi qu'il en soit, on est confronté exactement aux mêmes barrières auxquelles se butent les autres formes d'énergie, notamment le financement, la réticence à abandonner les habitudes de travail, le goulot d'étranglement quant à la fourniture des produits et services en matière d'énergie renouvelable, et les questions réglementaires et normatives. Le développement des services énergétiques intégrés dans les collectivités fait donc face à toutes ces barrières traditionnelles en matière d'efficacité énergétique.
Pour nous, l'approche des services énergétiques intégrés passera par une transformation obligatoire des marchés. Il est illusoire de penser qu'on va accroître ou améliorer la façon dont l'énergie circule dans les collectivités si l'on n'a pas comme objectif ultime de transformer les marchés, donc de passer de la méthode actuelle à des méthodes plus futuristes en matière de livraison de l'énergie. Le marché pose des barrières, mais des échecs de marché doivent également être résolus. Lorsque le marché est incapable de résoudre ces barrières, le gouvernement ou les associations industrielles doivent s'attaquer aux échecs de marché. La transformation de ces marchés se fera évidemment en trouvant des solutions au marché. Cela implique également la promotion et la révision de certaines normes et pratiques. Cela ne se fera pas tout seul, il faut se donner des outils pour le faire. Les gouvernements ont un rôle important à jouer à cet égard. Ensuite doit venir l'application des pratiques et des normes. Ce n'est pas tout de mettre en place des normes, encore faut-il les appliquer. Sinon, on n'aura pas de transformation des marchés.
Très brièvement, je dirai que notre expérience en géothermie a transformé les marchés au cours des quatre dernières années. Essentiellement, après des années de consultation auprès de compagnies d'électricité et de différents gouvernements, tant à l'échelle provinciale que fédérale, on a développé un programme de qualité globale et une approche d'autoréglementation menés par et pour l'industrie et qui fonctionnent relativement bien. Au bout du compte, l'équation de qualité que nous avons développée comporte essentiellement trois axes: la formation des individus, l'accréditation des professionnels et la certification des systèmes. Cela apporte tout d'abord une discipline au sein de l'industrie, parmi les gens qui y travaillent, mais surtout la confiance des consommateurs et des intervenants envers la technologie. C'est là le point fondamental qui nous préoccupe. D'ailleurs, on retrouvera cela dans l'approche pour les collectivités également.
Je ne m'attarderai pas sur la prochaine diapositive, mais elle présente les résultats obtenus après deux ans d'application de notre programme de qualité. Plusieurs centaines d'individus ont été formés et sont pleinement qualifiés, et quelques milliers de systèmes ont été certifiés par la coalition. Nous avons donc une belle histoire à succès qui peut être répétée avec d'autres formes d'énergie.
Dans la situation actuelle, on entrevoit des occasions de croissance pour l'industrie et de soutien gouvernemental. Le premier rôle du gouvernement touche à l'aide aux infrastructures et aux technologies pour l'approche intégrée. Chacune des formes d'énergie renouvelable au sein des collectivités devient plus efficace lorsqu'elle est combinée avec une autre forme d'énergie. La combinaison de deux technologies donne normalement un résultat plus intéressant que la somme des deux formes d'énergie individuellement. Le fait d'appliquer à l'ensemble de la collectivité 10, 15 ou 20 formes d'énergie différentes amplifie la situation. Il serait donc important que les programmes d'infrastructures en visent une meilleure intégration.
Un autre volet intéressant serait l'établissement d'objectifs de performance. On pourrait instituer dans les collectivités une vision à moyen et long terme. Par exemple, on doit comprendre que, selon les normes, un bâtiment devra être chauffé avec tant de kilowattheures ou de joules par mètre carré. On ne doit pas se contenter d'isoler un mur avec des produits cotés R-40 ou R-60 ou peu importe. Il s'agit beaucoup plus d'une approche de performance que d'une approche de prescription.
Par ailleurs, la récession actuelle peut présenter des occasions intéressantes. Pour ce qui est de la formation de la main-d'oeuvre, il y a actuellement un besoin d'offrir une nouvelle formation à des travailleurs. Il est également question d'investissements dans le remplacement des infrastructures. Il est important de remplacer les infrastructures actuelles en pensant aux systèmes énergétiques, et non pas en fonction de chacun des volets particuliers. Il faut aussi faire attention à la rotation des stocks de capitaux. Si on ne le fait pas maintenant, on ne pourra plus le faire dans l'avenir.
Bref, le modèle d'affaires pour une approche intégrée fonctionne relativement bien. On a prouvé que le déploiement de la géothermie était réaliste. Quant au besoin d'adapter les normes existantes, la confiance des intervenants dans les collectivités passe par le développement et l'application de normes. En outre, on note un besoin criant de mieux informer les intervenants. Évidemment, le modèle d'autoréglementation que la coalition a développé dans le secteur de la géothermie pourrait être adapté aux autres formes d'énergie.
Merci beaucoup.
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Merci beaucoup. C'est un plaisir d'être là.
Notre organisme est une association industrielle sans but lucratif qui représente à peu près tous ceux qui touchent à l'énergie éolienne au Canada, qu'il s'agisse de petits ou de grands projets. Nous comptons maintenant quelque 410 sociétés parmi nos membres, ce qui comprend des fabricants, des concepteurs, des établissements de recherche, des fournisseurs de services à l'industrie et ainsi de suite. C'est donc un groupe assez nombreux.
C'est un plaisir pour moi d'être là aujourd'hui pour faire valoir certaines des idées que nous entretenons à propos de la contribution des petites éoliennes, en particulier, aux services énergétiques dans les collectivités canadiennes.
En ce moment, comme vous le savez probablement, dans le domaine de l'éolien, l'attention porte d'abord et surtout sur les grandes éoliennes. Ce sont les grands dispositifs de 80 mètres de haut qui sont branchés sur les réseaux de transport d'électricité des services publics. Ces installations fournissent actuellement 1 p. 100 de l'ensemble de l'électricité au Canada. À l'ACEE, la plupart de nos activités s'articulent autour des éoliennes de grande puissance, mais nous comptons un groupe très actif qui se penche sur les petites éoliennes. Or, ce sont des éoliennes de petite puissance dont je voudrais parler aujourd'hui.
Nous qualifions de petite éolienne tout ce qui produit moins de 300 kilowatts. Si vous jetez un coup d'oeil aux parcs d'éoliennes pour la production d'électricité en réseau, vous constaterez qu'ils présentent un degré relativement élevé d'uniformité. Le parc peut compter 10 ou 100 éoliennes, mais le but est essentiellement le même: alimenter le réseau de distribution d'électricité.
Si on se penche au contraire sur les petites éoliennes, on voit que l'usage est nettement plus variable. Essentiellement, je voudrais parler aujourd'hui de trois de ces usages, qui représentent pour nous des occasions très différentes à saisir, des défis différents à relever. Pour agir en ce sens, il faut trois stratégies très différentes.
La première catégorie est celle des petites éoliennes résidentielles. Elles permettent de produire entre un et dix kilowatts. La deuxième catégorie est celle des éoliennes de puissance moyenne à usage commercial ou agricole. Elle permet de produire entre 10 et 100 kilowatts. La troisième catégorie est celle des grands parcs d'éoliennes et des systèmes éolien-diesel conçus pour les collectivités éloignées, qui permettent de produire entre 50 et 300 kilowatts. Comme je l'ai dit, les trois types d'éoliennes jouent des rôles très différents et présentent des occasions différentes en tant qu'éléments d'une filière énergétique locale. Dans les trois cas, il faut une stratégie très particulière pour en promouvoir l'usage. Je parlerai de chacun de ces cas.
La première application envisagée nous renvoie à ce que j'appelle la petite éolienne résidentielle. Le cas usuel serait celui d'une personne qui a dans sa cour une éolienne qui lui a coûté environ 6 000 $ et qui génère un kilowatt d'électricité, soit entre 10 et 15 ou 20 p. 100 des besoins en électricité du ménage, si les vents sont bons. En ce moment, les systèmes de ce genre ne sont pas très nombreux au Canada; il y en a de 300 à 400. Je dirais que le tiers environ des appels que nous recevons à l'ACEE portent sur ces petites éoliennes. Les gens les adorent. Le souci principal des gens est habituellement de nature environnementale: ils souhaitent réduire leur consommation. Il est rare que cela les intéresse d'un point de vue purement économique; d'abord et avant tout, ils souhaitent être moins dépendants du réseau de distribution. Voilà donc pour les petites éoliennes.
La difficulté dans leur cas, celui des éoliennes produisant entre 1 et 10 kilowatts, c'est que rien n'incite actuellement les services publics ou le gouvernement à en reconnaître les avantages. Quand on y pense, il s'agit d'une personne qui dépense 6 000 $ pour se procurer sa propre éolienne, ce qui revient à consacrer 6 000 $ à l'efficacité énergétique: cela permet de réduire sa part du fardeau sur le réseau et, du même coup, de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il y a donc un intérêt pour la chose, mais il n'y a pas de mesures pour inciter les gens à agir en ce sens comme il y en a par exemple pour encourager l'adoption de mesures d'efficacité énergétique à domicile.
La deuxième difficulté pour les systèmes du genre, c'est que, souvent, le coût de branchement est égal, sinon supérieur au coût du dispositif lui-même. Un inspecteur vient et dit: vous pouvez brancher votre petite éolienne, cela vous coûtera 5 000 $; or, vous avez déjà consacré 5 000 $ à l'acquisition de l'appareil lui-même. Il y a donc là tout un impact aussi.
Ce qu'il faudrait, à notre avis, ce sont des mesures incitatives prenant la forme de remises ou d'encouragements fiscaux qui reconnaissent les avantages des éoliennes du point de vue de l'environnement et du réseau. Aux États-Unis, le Congrès vient d'adopter un crédit d'impôt à l'investissement qui s'applique à toutes les petites éoliennes et à une assez vaste gamme de systèmes. Nous n'avons rien de tel au Canada.
Le deuxième type de système qui nous paraît très intéressant est l'éolienne de puissance moyenne à usage agricole, qui peut générer entre 10 et 100 kilowatts. Le cas usuel est celui d'une éolienne qui produit 65 kilowatts. La machine vous coûtera entre 180 000 $ et 200 000 $. Elle peut répondre à 50 p. 100 ou plus des besoins en électricité d'une ferme laitière moyenne ou grande. C'est donc une proposition très intéressante. À l'heure actuelle, les éoliennes de ce genre sont très peu nombreuses au Canada. D'après nos estimations, il y en aurait entre 70 et 100.
L'intérêt suscité par ces éoliennes est énorme, pour une raison très différente — une raison principalement économique. De nombreux agriculteurs envisagent la chose et disent: oui, c'est un gros investissement au départ, mais, essentiellement, je verrouille le prix de mon électricité pour 20 ans et je deviens moins dépendant du réseau. Au moment des pannes de courant de 2007 et avant cela, nous avons vu le cas d'agriculteurs qui ont perdu entre 50 000 et 60 000 $ pour avoir été privés de courant pendant deux jours; ils cherchent donc à se prémunir contre cela.
Autre fait intéressant et méconnu à propos des éoliennes de cette taille-là: dans le monde entier, il existe une dizaine de fabricants d'éoliennes générant entre 10 et 100 kilowatts. Or, ce sont des Canadiens dans la moitié des cas et ils vendent presque tous leurs appareils à l'étranger, étant donné qu'il n'y a pas de marché pour cela au Canada. Les défis à relever ici sont donc assez importants. Les coûts de départ sont très élevés. De façon générale, les agriculteurs cherchent à obtenir un rendement minimum de 10 p. 100 sur leur investissement; ils cherchent à faire reconnaître les avantages de ces systèmes sous forme d'incitatif.
Ce que nous recherchons dans le cas des premières éoliennes, les petites, c'est une remise directe ou un encouragement fiscal. Pour le deuxième type d'éoliennes, les éoliennes de puissance moyenne, c'est davantage un incitatif à la production que nous recherchons. Les gens obtiendraient ainsi un paiement un peu comme cela se fait en ce moment dans le cas de l'écoénergie. Le paiement est fonction de l'électricité générée en nombre d'unités, sinon d'une mesure comme le tarif d'alimentation proposé dans le projet de loi sur l'énergie verte qu'il y a en Ontario.
La deuxième mesure importante devant être adoptée: nous devons rationaliser le processus de branchements sur le réseau. Quelqu'un peut acheter une éolienne de 200 000 $ puis, une fois qu'il l'a mise en place, un représentant du service public vient lui dire: il nous faut 50 000 $ pour déterminer quel impact cela va avoir sur le réseau. L'impact qu'il y aura sur le réseau est inférieur à celui que peut avoir une grosse machine à souder.
Les grandes éoliennes et les systèmes éolien-diesel forment le troisième type de système dont nous avons parlé — mais qui entrent toujours dans la catégorie de l'éolien de faible puissance. De façon générale, ce sont des systèmes qui génèrent entre 50 et 300 kilowatts et qui sont destinés à des collectivités éloignées. L'installation usuelle... Quiconque s'est déjà rendu dans l'île de Ramea, à Terre-Neuve, saura qu'il y a là une installation composée de six éoliennes de 65 kilowatts branchées sur toute une série de génératrices diesel. L'ensemble permet de satisfaire 80 p. 100 ou plus les besoins en électricité de l'île de Ramea.
Il y a au Canada plus de 300 localités situées dans le Nord ou ailleurs, loin des grands centres. En ce moment, toutes comptent sur des génératrices diesel. Cette façon de gérer l'électricité leur coûte entre 25 ¢ et 1,50 $ le kilowatt-heure, ce qui est 15 fois supérieur à ce que nous payons dans le Sud. De même, c'est très polluant avec les déversements de diesel et aussi les rejets dans l'atmosphère. C'est également une source d'énergie qui apporte peu d'avantages localement, car il faut essentiellement faire venir le diesel qu'on fait brûler par la suite, et c'est tout.
C'est un autre domaine où le Canada possède une expertise extraordinaire. Si vous parcourez le monde à la recherche de grands spécialistes des systèmes éolien-diesel, vous constaterez que plus de la moitié d'entre eux se trouvent au Canada. L'ennui, c'est qu'ils appliquent leur expertise d'abord et avant tout à l'étranger. Si vous allez en Alaska, vous verrez qu'il y a là toutes sortes d'éoliennes canadiennes, une technologie canadienne, des systèmes de commande canadiens dont on se sert pour alimenter en électricité un très grand nombre de localités éloignées, par exemple Kotzebue. C'est un domaine où nous possédons cette expertise, où nous occupons un créneau de marché, où nous avons la technologie voulue, mais nous n'avons pas le marché intérieur nécessaire pour soutenir l'affaire.
Un des problèmes qui se présentent ici, dès qu'on souhaite installer des éoliennes dans une petite collectivité, c'est que, souvent les représentants des services publics disent: « Nous avons déjà payé nos génératrices diesel; nous n'allons donc vous remettre que ce que vous nous permettez d'économiser en carburant. Si vous réduisez votre consommation de 100 litres, nous allons vous payer l'équivalent de 100 litres de diesel ». Ils excluent tous les coûts inhérents à la technologie en place, qu'ils ont maintenant fini de payer; cela donne donc des règles de jeu inéquitables. Encore une fois, ce qu'il nous faut ici, ce sont des encouragements pour que les gens franchissent cet obstacle.
Depuis deux ans, l'Association canadienne de l'énergie éolienne préconise un programme d'encouragement à la production d'énergie éolienne en région éloignée. Essentiellement, c'est un élargissement du programme écoÉNERGIE pour l'électricité renouvelable, mais conçu particulièrement pour les localités du Nord et des régions éloignées. Nous croyons qu'il y a là un potentiel énorme. Moyennant un investissement de quelque 51 millions de dollars, vous allez pouvoir répondre à 10 p. 100 des besoins en électricité du Nord du Canada grâce à l'éolien. Le vent est là, la technologie est là. Ce sont des éoliennes canadiennes; il n'y a donc qu'à mettre tout cela ensemble.
En guise de conclusion, je dirais que l'énergie éolienne fait l'objet d'une demande très forte provenant de multiples sources. Les propriétaires de maison s'intéressent aux petites éoliennes. Les agriculteurs s'intéressent aux dispositifs de puissance moyenne. Les collectivités éloignées s'intéressent aux grandes éoliennes.
Ces systèmes présentent de nombreux avantages. Premièrement, la source d'énergie est située près du lieu de la demande, ce qui réduit les pertes de lignes et donne un réseau plus solide. Au Canada, nous avons l'occasion de devenir le chef de file de la conception de ces éoliennes de moyenne puissance. De façon générale, on s'entend pour dire que les localités rurales vont s'électrifier de plus en plus, non seulement au Canada, mais partout dans le monde. Si le Canada est bien placé grâce à ces technologies, nous allons vraiment profiter d'un tel développement.
Les défis à relever sont vraiment importants. Il faut reconnaître les avantages environnementaux que présentent les éoliennes. Il faut aider l'éolien à affronter les technologies en place comme les génératrices diesel. Dans tous les cas en question, nous croyons que le gouvernement a vraiment un rôle clé à jouer.
En 2001, nous avons vu l'introduction de l'encouragement à la production d'énergie éolienne. C'était de l'ordre d'un cent le kilowatt-heure. Cela s'est transformé en programme écoÉNERGIE. Le programme a aidé énormément l'industrie des éoliennes de grande puissance. On ne saurait trop insister là-dessus. Maintenant, nous disposons de 2 400 mégawatts en capacité installée, d'abord et avant tout en raison de cet encouragement-là. Nous croyons qu'il faut adopter le même encouragement aujourd'hui pour les éoliennes de faible et de moyenne puissance.
Sur ce, je vais conclure mon exposé. Merci beaucoup de l'occasion que vous m'avez donnée de faire valoir notre position.
Je tiens à remercier le président et le comité d'avoir invité l'Institut Pembina à présenter son point de vue aujourd'hui.
L'Institut Pembina est une cellule de réflexion sur les sources d'énergie durable et une des plus grandes ONG environnementales du Canada. Nous avons des bureaux à Vancouver, Calgary, Edmonton, Drayton Valley, Canmore, Toronto, Yellowknife et, de l'autre côté de la rivière ici, Gatineau. Nous sommes présents partout au pays et avons une assez bonne connaissance de ce qui se passe à l'échelle nationale.
J'apprécie que vous m'ayez invité aujourd'hui. Je sais qu'il vous aurait mieux convenu de m'accueillir la semaine prochaine. Malheureusement, je m'étais déjà engagé à rencontrer des gens en Saskatchewan et en Alberta la semaine prochaine. Dans ces provinces, les représentants de nombreuses localités m'ont invité à discuter de la façon de s'y prendre pour adopter des systèmes d'énergie renouvelable. Cela s'est fait à la suite d'un rapport de recherche que nous venons de publier, intitulé Greening the Grid, qui fait voir comment l'Alberta pourrait adopter des énergies renouvelables en vue de réduire son empreinte de carbone.
Malheureusement, je n'ai pas eu le temps de préparer un exposé en bonne et due forme, depuis le moment où on m'a invité à comparaître il y a quelques jours de cela, parce que j'étais en Alberta, encore une fois, la semaine dernière. J'étais le conférencier d'honneur à une rencontre organisée par le ministère de l'Agriculture de l'Alberta. La rencontre en question visait à déterminer comment les agriculteurs peuvent tirer parti des systèmes d'énergie renouvelable à la ferme même et au compteur.
La rencontre a eu lieu à Taber, dans le sud de l'Alberta. Toutes les places avaient été vendues. Il a fallu refuser l'entrée à des agriculteurs et à des propriétaires fonciers qui souhaitaient assister à la rencontre, et qui recherchaient tous des façons de réduire leur propre impact sur l'environnement. Les personnes qui ont pu assister à la conférence ont eu droit à des exposés sur l'éolien de faible puissance, l'énergie solaire, l'énergie géothermique, et aussi sur une technologie qui enseigne aux vaches comment pomper leur propre eau, de sorte que l'électricité qui servirait à cela est économisée. Il y avait là toute une palette d'informations. Je dois admettre que c'est la conférence qui m'a probablement le plus enthousiasmé depuis longtemps. Voir ce degré d'intérêt manifesté dans le sud de l'Alberta a été très inspirant.
Je travaille avec l'Institut Pembina depuis 2002. Mon domaine de recherche, c'est les systèmes de production d'énergie renouvelable et d'amélioration de l'efficacité énergétique. J'ai travaillé au service d'un grand nombre de collectivités, sujet de notre rencontre aujourd'hui. J'ai travaillé avec les responsables de collectivités du Grand Nord, jusqu'à la frontière du Manitoba et du Nunavut, et même jusqu'à la ville de Toronto. J'ai travaillé avec les gens de Dawson Creek, en Colombie-Britannique, et je suis allé jusqu'à Tuktoyaktuk, dans les Territoires du Nord-Ouest. J'ai travaillé avec des personnes, avec des coopératives, avec des grandes sociétés pétrolières et avec des gouvernements cherchant à voir comment s'y prendre pour mettre en place des technologies propres aux énergies durables et des technologies propres à l'efficacité énergétique.
S'il y a un fil conducteur dans tous mes travaux, c'est cela: les Canadiens cherchent une façon d'agir pour régler la crise climatique au moyen de solutions qu'ils peuvent adopter à la maison et au sein de leur collectivité. De plus en plus, je suis convaincu que, pour donner aux Canadiens les moyens d'agir, il faut des projets à l'échelle communautaire et à l'échelle individuelle.
Je suis très heureux de constater que le comité s'attaque à ce sujet important et envisage le rôle que pourrait jouer le gouvernement fédéral à cet égard.
Je détiens une maîtrise en génie mécanique que j'ai obtenue en étudiant les éoliennes dans le Nord, en particulier. Après avoir décidé de poursuivre des études postdoctorales, je me suis vite rendu compte du fait que le génie mécanique n'était pas pour moi. Ce n'est pas vraiment la technologie qui était en cause; dans la plupart des cas, c'était la nature des politiques gouvernementales ou l'absence de soutien de la part du gouvernement, sinon les deux, qui empêchaient l'adoption de technologies reposant sur des énergies renouvelables. De fait, nous appliquons souvent des politiques qui produisent l'effet inverse, qui empêchent la mise en valeur des énergies renouvelables. Je me vois de plus en plus agir dans le monde des politiques, étant donné qu'on y trouve les obstacles que nous devons surmonter pour mettre en place les technologies en question.
J'admets que vous vous retrouvez devant une tâche assez redoutable et qu'on ne saurait trop insister sur les facteurs de complexité et l'envergure des questions qui sont le lot du Canada, sur le plan tant géographique que politique. En voyageant partout au Canada, j'ai appris qu'il n'y a pas de solution universelle qui conviendrait à chaque localité et à chaque ville. Je crois que cela n'étonnera personne, mais, en même temps, je ne crois pas que cela puisse justifier l'inaction ou un retard dans l'action à l'échelle fédérale.
De fait, le gouvernement fédéral a montré la voie quand il s'agit de promouvoir le développement des énergies renouvelables au Canada, comme Sean l'a fait remarquer pendant l'exposé d'avant. L'ex-EPEE, ou encouragement à la production d'énergie éolienne, devenu aujourd'hui écoÉNERGIE pour l'électricité renouvelable, est ce qui a vraiment lancé l'éolien partout au Canada.
De ce fait, chaque province a adopté des cibles à atteindre, des politiques et des buts complémentaires aussi, dont rien n'existait avant que le gouvernement fédéral ne pose la première pierre. On peut en dire autant du programme de rénovation des maisons, les provinces et les territoires prévoyant des programmes et des subventions de contrepartie après que le gouvernement fédéral a montré la voie.
Quant au livre blanc qui expose une bonne part du travail dont nous parlons aujourd'hui, je dirai qu'il y a très peu à redire sur ce document, particulièrement au titre: Un consensus sur le besoin d'agir rapidement.
Ce document énonce toute une série de mesures envisageables — mais pas de panacée — allant de l'idée de fixer un prix à la pollution jusqu'à l'éducation, en passant par la sensibilisation. De fait, la plupart des politiques et des recommandations formulées dans le document sont des politiques que la plupart d'entre nous ont probablement déjà vues, soit en pratique sous l'action d'administrations avant-gardistes, soit pendant les discussions auxquelles nous avons participé à propos des orientations à prendre, en ce qui concerne les changements climatiques ou le développement des énergies renouvelables.
Ce qui a fait défaut au Canada, à mon avis, c'est que les investissements n'ont pas eu l'ampleur nécessaire pour que nous touchions au but. J'ai distribué un document — je ne sais pas si tout le monde l'a reçu — où nous comparons les récents programmes de relance économique des États-Unis et du Canada. Ça se trouve sur le site Web de l'Institut Pembina, si vous n'avez pas reçu un exemplaire.
Par habitant, les États-Unis vont dépenser six fois plus d'argent que le Canada pour soutenir les énergies renouvelables, l'efficacité énergétique et le transport en commun. Les artisans des énergies renouvelables de tout le Canada me disent qu'ils s'inquiètent du marché croissant qu'il y a à cet égard aux États-Unis. Ils se disent inquiets de ce que le Canada soit exclu de l'économie de l'énergie verte en expansion du XXIe siècle
Il existe de nombreuses occasions d'agir dont je pourrais bien parler aujourd'hui et, même si je n'ai pas vraiment le temps de les passer une à une, je tiens tout de même à en signaler quelques-unes qui sont importantes à l'échelle communautaire.
D'abord, comme Sean le faisait remarquer, on n'appuie pas les projets d'énergie renouvelable de portée limitée au Canada, c'est-à-dire ceux qui se font à l'échelle d'une collectivité, à l'échelle individuelle, dans un cadre urbain ou rural, dans le Nord ou en région éloignée, et même sur les lieux d'une résidence particulière. Le soutien fédéral des systèmes d'électricité renouvelable de portée limitée est important; c'est un élément complémentaire de ce que nous avons mis en place à plus grande échelle.
L'accès au capital a toujours été un obstacle aux projets d'énergie renouvelable et d'efficacité énergétique, que ce soit à grande ou à petite échelle, et le contexte économique actuel vient vraiment accentuer ce fait. Les garanties de prêt et les obligations vertes sont des idées que le gouvernement fédéral pourrait adopter pour dégager des capitaux sans devoir engager des dépenses extraordinaires.
Le dernier élément à retenir, c'est qu'il faut une politique stable et prévisible dans le domaine. Pour implanter des systèmes d'énergie renouvelable, il faut réunir des capitaux et consulter les intervenants; or, les deux démarches prennent du temps. L'incertitude en matière de politiques peut faire obstacle tout autant qu'une politique mal avisée.
S'il y a une question que je veux contester parmi celles qui sont soulevées dans le document QUEST, c'est l'idée qu'il faut davantage de projets pilotes et de projets de démonstration. Je sais que les auteurs du document n'insistent pas là-dessus, mais c'est une des recommandations. C'est peut-être vrai dans certains cas, mais je dirais que la plupart des technologies dont nous discutons aujourd'hui sont déjà appliquées sur le terrain, que ce soit au Canada ou ailleurs dans le monde. Nous savons qu'elles fonctionnent, qu'il s'agisse d'un système éolien-diesel à forte pénétration à Ramea, Terre-Neuve, ou d'un village fonctionnant à l'énergie solaire à Okotoks, en Alberta, ou encore un système de chauffage de district par la biomasse à Chibougamau, au Québec. Nous souhaitons aller au-delà des projets pilotes et entrer rapidement et de toute urgence dans la phase de mise en oeuvre — et comme les investissements de l'ampleur qu'il faut sont sur le point d'être faits et de produire tous leurs effets aux États-Unis, nous croyons que le moment est venu pour le Canada d'investir aussi.
Merci.
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Merci, monsieur le président. Merci de nous accueillir aujourd'hui pour vous présenter notre proposition.
Nous sommes un réseau de coopératives de travailleurs forestiers québécois. La fédération, qui existe depuis 70 ans au Québec, regroupe 38 coopératives qui procurent du travail à 3 000 personnes. Nous sommes spécialistes de l'aménagement forestier. Nous produisons des arbres et nous en plantons. Nous avons planté plus d'un million d'arbres depuis le début de notre existence. Nous faisons aussi beaucoup de récoltes et de travaux de transport et de voirie. Nous sommes en général les fournisseurs des industriels forestiers. Quelques coopératives sont aussi actives dans la transformation.
Compte tenu de la crise que connaît le secteur forestier au Québec et partout au Canada, depuis plus de deux ans, nous travaillons à établir de nouvelles façons d'améliorer la compétitivité de notre industrie. Nos travaux nous ont permis de découvrir que la biomasse forestière constituait une occasion très intéressante pour notre développement. Nous tenons à vous proposer de considérer cela dans votre analyse actuelle de l'approche intégrée des services énergétiques dans les collectivités canadiennes. Nous croyons qu'il s'agit d'une occasion particulièrement intéressante pour les collectivités canadiennes, parce que cela permet d'améliorer l'efficacité énergétique et le bilan environnemental ainsi que de réduire la dépendance au pétrole. Cela sert aussi au développement local et à l'occupation du territoire.
Mes données ne s'appliquent qu'au Québec. Nous n'avons pas d'informations sur le reste du Canada. Comme la forêt québécoise ne représente que 20 p. 100 de la forêt canadienne, nous présumons que ce potentiel est au moins aussi grand ailleurs dans le reste du Canada.
Chez nous, le ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec estime que le potentiel disponible pour la biomasse s'élève à 6,5 millions de tonnes métriques anhydres. Si je vous traduis cela en calcul plus simple, cela équivaut à environ 20 millions de barils de pétrole par an. Cela présente un potentiel très important. Cette ressource n'est pas entièrement accessible et il ne faut pas la prélever entièrement, mais elle possède quand même un bassin très important.
La biomasse, contrairement aux autres sources d'énergie, est une filière qui comporte plusieurs segments très différents les uns des autres. On peut chauffer directement avec de la biomasse, avec des bûches ou avec des copeaux, comme on le fait dans les chaudières institutionnelles, et nous vous en parlerons plus abondamment. On peut également transformer cette biomasse en granules ou en bûchettes densifiées. On peut aussi produire de l'électricité et de la chaleur, ou encore que de l'électricité ou de l'éthanol. Cependant, le créneau que nous jugeons le plus intéressant pour les communautés est celui de la chauffe directe des bâtiments institutionnels.
Nous avons déterminé plusieurs raisons pour lesquelles notre réseau cible ce créneau. Tout d'abord, selon le bilan énergétique, c'est la façon la plus efficace d'utiliser l'énergie. Pour une unité de pétrole, nous allons produire 15 unités d'énergie thermique. Dans le cas de l'éthanol, le ratio est de 1 pour 4,6; dans le cas des granules, 1 pour 6. Ainsi, on utilise entièrement, ou presque, la disponibilité énergétique de la ressource.
On arrive aussi à des coûts énergétiques très bas dans des circuits courts d'approvisionnement. Les coûts de l'approvisionnement sont légèrement inférieurs à 3 ¢ du kilowatt, comparativement à 8 ¢ pour l'électricité et à plus de 11 ¢ du kilowatt pour le mazout. Il faut dire que la situation était particulièrement préoccupante chez nous à l'hiver 2008. Il s'agit donc d'une option économique intéressante.
La technologie nécessaire à cette transformation est disponible. Les chaudières à haute performance ne se comparent pas du tout au chauffage au bois. Il y a une très grande contestation populaire au Québec, mais à la température à laquelle se fait la chaufferie, tous les gaz sont brûlés et l'émission de vapeur et de poussière est très faible.
Au chapitre de l'emploi, un emploi est créé par 500 000 tonnes métriques de biomasse. Cela est très intéressant quant à l'occupation du territoire.
Pour ce qui est de l'amélioration de la compétitivité de l'industrie, on utilise les chemins créés et les équipements présents sur le terrain. Il est impossible de contester cela dans l'entente relative au bois d'oeuvre. Il s'agit simplement d'une amélioration des procédés. C'est très important et très intéressant pour nous.
Par ailleurs, l'optimisation des retombées économiques pour les collectivités est rendue possible grâce aux projets qui se font à l'échelle de la communauté et aux capitaux auxquels ont accès les communautés.
En outre, le bilan de carbone est très intéressant. Quatre mètres cubes de bois équivalent à plus ou moins 2 tonnes métriques anhydres, qui évitent 2,5 tonnes de carbone. Voilà qui est très intéressant de ce côté.
Cela a également pour avantage la réduction de la dépendance énergétique. En ce moment, la consommation de pétrole a beaucoup diminué, mais les prévisions à long terme sont très préoccupantes et les collectivités sont un peu prises en otage dans cette dépendance. Il faut comprendre que le coût du combustible pour la chaufferie représente moins de 50 p. 100, alors que c'est plus de 80 p. 100 pour le pétrole. Et ce sont là des chiffres très modérés. C'est donc très intéressant déjà.
On vous a présenté sommairement, à titre d'exemple, la stratégie de déploiement de notre fédération dans cette filière. On espère fournir de l'énergie à de 300 à 400 bâtiments institutionnels, ce qui représenterait la création de près de 1 000 emplois et qui capturerait 15 p. 100 de la biomasse disponible. Je vous épargne les détails, mais c'est simplement pour vous dire que c'est une stratégie. Même si elle en est encore à l'étape de la préparation, c'est quelque chose de très concret.
Il y a un aspect sur lequel je tiens à insister à propos de notre stratégie, qui coûterait environ 446 millions pour sa mise en oeuvre. Le coût le plus important, c'est celui des équipements que les institutions ont besoin d'acquérir pour faire ce transfert. C'est sur ce plan que le Canada pourrait jouer un rôle important. On cherche tous des solutions en ce moment pour traverser la crise, pour créer de l'activité économique sans effets récurrents dans le temps. Cet investissement permettrait de créer des emplois durables, et les dépenses, par la suite, seraient assumées par le fonctionnement.
J'en arrive à nos demandes au gouvernement fédéral. Ce qu'on constate, c'est que le segment de l'utilisation de la biomasse pour les chaufferies institutionnelles, puisque ça n'existe pratiquement pas encore au Canada, n'a pas encore été pris en charge. Nous souhaitons, par exemple, que le programme écoÉNERGIE pour l'électricité renouvelable, qui subventionne à raison de 10 $ par mégawatt pour une période pouvant atteindre 10 ans, puisse s'appliquer à la production de l'énergie thermique pour la combustion de la biomasse. En ce moment, le gouvernement subventionne, dans le fond, la production d'électricité à partir de la biomasse. C'est une petite aberration économique, si on pense que cette électricité sera ultérieurement utilisée pour le chauffage. Ce n'est pas très efficace; il serait plus intéressant de financer directement la chaufferie.
On pense aussi au programme écoÉNERGIE Rénovation pour les bâtiments, qui concerne aussi la biomasse, mais dont la portée est extrêmement limitée parce ça ne porte que sur la partie économie d'énergie. Il serait plus intéressant de subventionner l'ensemble de la contribution de la biomasse en substitution à des énergies thermiques, combustibles fossiles et même électriques.
Dans le dernier budget du gouvernement fédéral, des mesures ont été prévues pour passer à une économie reposant sur l'énergie verte. Ces mesures s'inscrivent dans la foulée de l'engagement du Canada à réduire de 20 p. 100 ses émissions de gaz à effet de serre. Ces mesures, pour l'essentiel, touchent le développement de technologies de captage et de stockage de carbone. C'est quelque chose de très important à faire, mais on pense qu'il serait très intéressant de considérer aussi la filière de la biomasse pour les chaufferies. Le fonds pour l'infrastructure verte d'un milliard de dollars serait aussi intéressant à utiliser pour financer le transfert des équipements des institutions.
Ce sont nos recommandations. Ce que nous sommes venus vous dire aujourd'hui, c'est que le Canada, sans véritablement faire un grand effort financier, peut contribuer à améliorer son bilan énergétique, contribuer à consolider les collectivités et envoyer un signal clair qu'on peut développer une énergie verte au Canada.
Je vous remercie.
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Merci beaucoup de poser la question.
L'éolien se divise en deux mondes, en fonction de la puissance des dispositifs: les petites éoliennes et les grandes éoliennes.
Pour ce qui est des éoliennes de grande puissance, nous avons au pays des fabricants de tours. Il y en a un à Saskatoon et un autre à Gaspé. Nous avons des fabricants de pales. Nous avons des fabricants de nacelles. On a adopté des exigences relatives au contenu, particulièrement au Québec, où, par exemple, il faut que 60 p. 100 des dépenses consacrées au projet aient été engagées au Québec.
De ce fait, nous en sommes arrivés à produire un grand nombre des composantes de l'appareil mais, en même temps, le Canada s'est doté d'une expertise notable si on envisage ne serait-ce que le seul domaine de l'intégration de l'éolien à la filière énergétique. Quant aux services offerts à l'industrie éolienne, nous comptons certains des plus grands experts mondiaux du domaine de l'évaluation des ressources, des prévisions et ainsi de suite.
Le Canada est très bien positionné. En ce moment, environ 4 000 personnes travaillent au sein de l'industrie de l'énergie éolienne au Canada. Voilà donc pour l'éolien de grande puissance. De manière générale, pour un projet canadien donné en ce moment, on peut dire que 30 à 35 p. 100 du coût du projet ou de l'éolienne est canadien.
Ce qui est arrivé récemment aux États-Unis, par contre, c'est qu'on a adopté un encouragement dont la valeur est trois fois celle du programme écoÉNERGIE. Cela est à l'origine d'une croissance incroyable. Depuis un an aux États-Unis, on a assisté à la mise sur pied de 51 établissements de fabrication d'éoliennes. Il y a maintenant de 50 000 à 60 000 personnes qui travaillent au sein de l'industrie éolienne, du fait que l'industrie a répondu au signal durable donné par le gouvernement américain et qu'elle a commencé à construire des usines. Les représentants de l'industrie l'ont dit: « Le gouvernement s'engage à long terme, et nous allons commencer à mettre sur pied les installations, car nous savons que les éoliennes que nous allons produire vont trouver preneur aux États-Unis pendant bien des années à venir. »
Dans le monde de l'éolien de faible puissance, c'est très différent. Comme je l'ai mentionné, c'est un fait méconnu: la moitié des fabricants d'éoliennes de puissance moyenne dans le monde sont canadiens. J'apparente cela au cas du Danemark qui, il y a 15 ans, occupait un petit créneau du marché des éoliennes. Les Danois ont vraiment poussé dans ce sens-là. Quinze ans plus tard, ils figurent parmi les grands producteurs mondiaux d'éoliennes de grande puissance.
Je crois que nous en sommes au même point en ce moment. Nous comptons des fabricants comme Entegrity Wind, à Charlottetown, et aussi Énergie PGE, Wenvor et WES Canada. Nous avons une solide capacité de fabrication. Les entreprises en question exportent presque toutes leurs éoliennes en ce moment, car le marché est à l'étranger. Si nous pouvons bien démarrer notre marché intérieur, comme on l'a fait au Danemark il y a 15 ans, je crois que les fabricants en question seront bien placés d'ici 10 ou 15 ans, au moment où le marché sera florissant et où, subitement, il y aura un besoin incroyable d'électrification de collectivités éloignées pour pratiquement la moitié de la population mondiale qui ne dispose pas encore d'électricité. Le débouché qu'il y a de ce point de vue en ce moment est extraordinaire.
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L'incitatif écoÉNERGIE pour l'électricité renouvelable a été introduit en 2007 accompagné d'une cible d'environ 4 000 mégawatts. Il devait s'appliquer jusqu'en 2010.
Pour résumer, comme le programme a été victime de son propre succès, très rapidement, le nombre d'inscriptions est devenu excessif, car c'était vraiment un élément capital pour lancer ces projets-là, et chapeau au gouvernement conservateur pour l'avoir mis en place. Encore une fois, c'est le succès qui a amené tous les problèmes dont il est question.
Selon les prévisions, tous les fonds associés à l'incitatif écoÉNERGIE auront été attribués d'ici la fin 2009, un an avant la date limite prévue. Et le cent du kilowatt-heure, faut-il le mentionner, est trois fois inférieur à ce qui est actuellement offert aux États-Unis. À son arrivée, le président Obama a manœuvré très rapidement dans le dossier de l'éolien, et de façon très énergique, et a affirmé que l'administration allait appliquer l'incitatif jusqu'en 2012, en affirmant que, d'ici 2012, le prix du carbone permettra d'égaliser les chances, mais que, jusqu'à ce moment-là, il faudra l'incitatif en question.
Nous étions donc d'avis qu'il était souhaitable de porter à 2012 le terme de l'incitatif écoÉNERGIE pour emboîter le pas à l'administration américaine, mais sans changer le niveau — garder cela à 1 ¢ le kilowatt-heure — simplement pour donner là le signal de quelque chose de durable.
Nous faisons certainement valoir que le signal en question permettra de créer des emplois et de mobiliser des investissements directs. Mondialement, c'est 1 billion de dollars qui seront investis dans l'industrie éolienne d'ici 2020. Nous devons nous demander ce qu'il faut faire pour attirer une plus grande part de cet investissement-là au Canada. Cela ne fait aucun doute, nous rivalisons avec les États-Unis à cet égard; mieux nous réussissons à donner le signal d'un phénomène à long terme, mieux nous allons pouvoir attirer les investissements et créer des emplois dans le contexte.
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J'aurais presque le goût de donner une partie de mon temps à M. Allen, mais je suis sûr que cela n'apaisera pas les gens de l'autre côté. Je ne veux pas lui causer de problèmes.
Merci beaucoup. Tout cela a été très utile.
En particulier, je suis sûr que le comité est impressionné par la transformation qui a lieu lorsque les résultats des recherches sont commercialisés et donnent lieu à la création de nouveaux produits, puis aux compétences nouvelles qui s'élaborent. On parle de près de 2 000 installateurs, d'ateliers pour les concepteurs de systèmes résidentiels et commerciaux et de toute l'infrastructure que ça suppose... ça semble être comme ça. Je suis sûr que le comité a bien compris ce qu'il en est du point de vue de la transformation industrielle, de la compétitivité mondiale et ainsi de suite.
J'allais donner suite à l'idée soulevée par M. Tanguay en réaction aux propos de M. Weis, soit que les projets pilotes n'étaient pas nécessaires, mais je me demande si, d'un point de vue urbain, je peux caractériser en quelque sorte ce qui m'apparaît être la nécessité de projets pilotes sur les systèmes d'énergie intégrés. Je suis sûr qu'il y a des exemples d'utilisation de la biomasse en milieu urbain, au Québec.
Je ne m'attache pas à une technologie en particulier, mais à l'idée d'un réaménagement de terrains industriels qui, partout au pays, permettrait de consolider les réseaux de transport en commun, de les rendre plus autonomes en les soustrayant au réseau classique, pour qu'ils soient plus localisés et qu'ils acquièrent une certaine autonomie financière, et intégrer cela au développement communautaire. Monsieur le président, le seul exemple qui me vient à l'esprit dans ce que nous avons vu, à cette échelle-là, c'est celui de Dockside Green, à Victoria.
Tous ces petits exemples sont extrêmement importants. Là où il est question d'adaptations et de conséquences pour le milieu agricole et le milieu résidentiel, tout cela est extrêmement important. En tant que comité, que pouvons-nous faire pour proposer toute une série de systèmes de soutien qui encourageraient les applications urbaines intégrées du genre, où il s'agit de transformer des terrains d'une centaine d'acres qui font partie d'une collectivité plus vaste à l'intérieur d'une ville, par exemple Toronto?
Mis à part les projets pilotes, que pouvons-nous faire pour en stimuler l'application dans l'ensemble du pays en mobilisant tous les ordres de gouvernement et l'industrie de la mise en valeur en ce qui concerne la mobilisation du capital et la mise sur pied des types de programmes qui ont été proposés? En tant que comité, que pouvons-nous faire pour mettre en branle un tel programme d'action?
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Merci beaucoup de poser cette question. C'est une très bonne question.
Quant aux études d'impact environnemental, pour l'instant, tout projet d'éolienne doit faire l'objet d'une évaluation environnementale provinciale. Si le projet bénéficie d'un appui fédéral ou s'il doit être implanté près de l'eau, il faut aussi une évaluation environnementale fédérale. Soyons honnêtes: ces procédés-là sont exhaustifs, et ils exigent beaucoup de temps, ils posent de grandes difficultés, mais ils permettent vraiment de bien confirmer le bien-fondé des projets. Nous sommes d'avis que les projets qui sont approuvés dans le cadre des études d'impact fédérales et provinciales sont vraiment solides.
Parmi les problèmes qui surviennent, il y a la multiplication des exigences, et c'est une chose que nous avons vue, avec les exigences qui commencent à se chevaucher. Le promoteur d'un projet au Nouveau-Brunswick peut devoir se prêter à une étude d'impact environnemental provinciale, puis à une étude d'impact fédérale qui couvre les mêmes questions à 90 p. 100. Puis, il arrive dans une municipalité, et la municipalité dit qu'elle doit faire un relevé des individus de tels espèces d'oiseaux, chose qui a peut-être déjà été faite à l'échelle fédérale et provinciale, mais ce n'est pas accepté.
C'est donc une question de rationalisation. Ce n'est pas pour toucher à la rigueur de l'exercice, car pour être franc avec vous, je dirais que nous avons intérêt à avoir des projets qui sont vraiment viables et solides. Il est plutôt question de s'assurer qu'il y a le moins de chevauchement possible et la plus grande certitude possible entourant le projet, qu'il y a des délais qui disent combien de temps il faudra pour que le projet passe du point A au point B.
Quant à votre deuxième question, il est intéressant de souligner notre vision de l'avenir pour l'éolien: l'éolien permettrait de satisfaire à 20 p. 100 de l'ensemble de la demande canadienne en électricité. Si vous prenez toutes ces éoliennes et que vous les espacez correctement, vous constaterez qu'elles occupent un terrain de la taille de l'Île-du-Prince-Édouard; elles occuperaient donc un cinq millième des terres canadiennes. Il ne faut donc pas tant d'espace pour répondre à un cinquième de notre demande globale en électricité.
Quant à savoir qui peut participer à la mise en valeur de l'éolien, nous ne sommes pas dogmatiques. Il y a un rôle pour tout le monde. Au Nouveau-Brunswick, il y a TransAlta. C'est une pétrolière albertaine, qui s'occupe surtout de combustibles fossiles, mais qui prend en charge ce projet-là. Il y a Acciona, entreprise internationale de mise en valeur...