[Français]
Monsieur le président et membres du comité, je voudrais vous remercier de m'avoir invitée à comparaître devant votre comité aujourd'hui.
[Traduction]
Je m'appelle Linda Keen. Je suis ici à titre personnel aujourd'hui.
J'aimerais parler un peu de mon expérience, car il y a des personnes qui ne m'ont jamais rencontrée et qui ne savent pas ce que je fais. Je suis scientifique de formation, et j'ai été gestionnaire et directrice d'organisations scientifiques pendant environ 30 ans. J'ai commencé ma carrière au gouvernement fédéral en 1986 dans l'Ouest du Canada et j'ai gravi les échelons pour devenir sous-ministre adjointe principale. De janvier 2001 à janvier 2008, j'étais présidente et première dirigeante de la Commission canadienne de sûreté nucléaire, ici, à Ottawa.
Comme vous le savez sûrement, en janvier 2008 j'ai été congédiée par le Cabinet du gouvernement du Canada. Depuis ce temps, je me suis adonnée à plusieurs activités, mais je travaille principalement dans le secteur privé en gestion du risque d'entreprise, ce qui peut être un sujet d'intérêt à plusieurs égards aujourd'hui.
J'étais très fière du travail que j'ai accompli à la Commission canadienne de sûreté nucléaire. Je crois que c'est une organisation où travaillent plusieurs employés extraordinaires et talentueux. Or, je suis préoccupée par ce qui s'en vient. Certaines personnes ont appris avec beaucoup de plaisir que j'avais perdu ma cause; il est donc clair que j'ai été nommée à titre amovible par le gouvernement. Mais je crois que les citoyens et les parlementaires devraient être très préoccupés par ce sujet.
C'est dire que le chef de l'organisme de réglementation des substances et des matières nucléaires au Canada bénéficie actuellement d'une nomination partisane et à titre amovible. L'avocat chevronné qui représentait le gouvernement, les conservateurs, a dit qu'il était évident que je n'avais pas commis d'inconduite. Il a également insisté sur le fait que j'avais, pour reprendre ses mots, une « position précaire sur le plan politique » et qu'aucune raison ne devait être donnée pour congédier la présidente de la commission. Je crois que les incidences de cette situation sur l'avenir de l'organisme de réglementation du Canada devraient inquiéter les parlementaires.
Mon autre grande préoccupation aujourd'hui est, bien sûr, l'avenir des radio-isotopes et tous les patients — mais plus que les patients, plus que les personnes du secteur de la médecine nucléaire, c'est de tout le personnel des hôpitaux qui essaie d'améliorer son efficacité depuis des années et qui doit maintenant faire face à plus de problèmes qu'auparavant dont il est question. Les problèmes ne concernent pas seulement les radio-isotopes; le personnel doit informer les patients atteints de cancer et d'autres patients de l'interruption de l'approvisionnement. Je sais de quoi je parle, et je crois que l'attente de ce type de diagnostic est l'une des plus grandes épreuves dans une vie. Selon moi, il faut considérer la situation comme une question personnelle pour les patients au Canada et partout dans le monde.
Je crois aussi que nous ne parlons pas assez souvent du rôle d'institut de recherche vraiment incroyable du réacteur NRU au Canada. Nous savons certainement que ce réacteur produit plus que des radio-isotopes, mais nous devrions savoir que c'est également le lieu de prédilection de nombreux scientifiques canadiens et étrangers pour la recherche. Sa perte sera certainement ressentie par les personnes qui ont, comme moi et d'autres personnes présentes aujourd'hui, eu la possibilité d'y étudier et de voir le travail qui y était accompli.
Ce n'était que ma déclaration préliminaire, monsieur le président. Je serai plus qu'heureuse de répondre plus tard à toute autre question portant sur mon expertise et mon expérience concernant le réacteur NRU, en particulier au cours des sept années que j'ai passées comme présidente de la Commission canadienne de sûreté nucléaire.
[Français]
Merci beaucoup.
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Merci, et merci de l'invitation.
Comme vous l'avez dit, je suis professeur de physique et président de l'Institut canadien de la diffusion des neutrons. Cette organisation représente des étudiants et des chercheurs du milieu universitaire et de l'industrie qui doivent avoir accès à des faisceaux de neutrons pour appuyer leurs programmes de recherche. L'organisation compte actuellement plus de 500 membres et 15 membres payants qui représentent des universités. Notre objectif est de promouvoir l'utilisation des méthodes liées aux faisceaux de neutrons issues de la recherche sur les matériaux et de représenter les intérêts de l'utilisation des faisceaux de neutrons dans divers milieux. Le gouvernement a annoncé que nous nous retirerions de la production des isotopes lorsque le réacteur NRU à Chalk River aura atteint la fin de sa durée de vie utile, probablement vers 2016. On nous a demandé de commenter cette décision et de parler de ce qui devrait arriver ensuite.
Le premier volet est assez simple. Ce qui est clair, c'est que le gouvernement a un rôle à jouer dans la fourniture d'une infrastructure pour la science et l'industrie; ce qui ne l'est pas, c'est si le gouvernement du Canada devrait participer à la fabrication d'isotopes médicaux pour leur vente à perte à une entreprise commerciale mondiale et, de ce fait, subventionner efficacement la médecine nucléaire à l'échelle de la planète. De ce que nous avons compris, c'est cette forme de production d'isotopes que le gouvernement tente d'abandonner — et qui pourrait s'y objecter?
Le deuxième volet est beaucoup plus complexe et a des incidences beaucoup plus importantes sur le pays, les Canadiens et la science et l'industrie au pays. Le réacteur NRU représente beaucoup plus que le plus grand producteur d'isotopes médicaux. C'est un ouvrage d'infrastructure essentiel qui appuie l'intendance et l'innovation dans l'industrie de l'énergie nucléaire au moyen d'installations expérimentales situées au coeur du réacteur. Les faisceaux de neutrons émis par le coeur permettent d'appuyer la recherche et le développement dans l'industrie canadienne, et les connaissances uniques obtenues grâce aux faisceaux de neutrons aident les entreprises à concevoir des produits plus compétitifs qui sont sûrs, fiables et de fabrication moins coûteuse.
Grâce au Centre canadien de faisceaux de neutrons du Conseil national de recherches, le Canada est un chef de file mondial qui donne accès à l'industrie à des secteurs clés — le nucléaire, l'aérospatiale, l'automobile et la fabrication. Le centre fournit aussi des installations concurrentielles pour appuyer la recherche fondamentale et appliquée dans de nombreux domaines importants — la physique, la chimie, la science des matériaux, les technologies d'énergie verte, les communications et les matières pour les sciences de la vie.
Plutôt que de nous concentrer sur ce que le gouvernement ne devrait pas faire, peut-être devrions-nous nous demander ce qu'il devrait faire. En nous penchant sur les 50 ans d'histoire du réacteur NRU, par exemple, nous pouvons constater ce qui a déjà été réalisé par le gouvernement du Canada grâce à son soutien des installations à Chalk River. La production d'isotopes médicaux au réacteur NRU favorise la santé et le bien-être des citoyens canadiens en permettant le diagnostic et le traitement des maladies du coeur, des maladies des os et du cancer. La recherche en génie au réacteur NRU soutient l'industrie canadienne, tant dans le domaine du nucléaire que dans d'autres domaines, en améliorant la compétitivité...
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Excusez-moi. Je vais essayer.
La recherche en génie au réacteur NRU soutient l'industrie canadienne, tant dans le domaine du nucléaire que dans d'autres domaines, ce qui améliore la compétitivité et ouvre de nouveaux marchés aux produits canadiens. Les installations de recherche au réacteur NRU ont été utilisées par des milliers d'ingénieurs et de scientifiques canadiens pour former des générations de Canadiens qui contribuent à la base de connaissances de nos industries et de nos universités. Cette situation met le Canada en valeur à titre de chef de file mondial dans le domaine de la technologie. L'infrastructure pour la science et l'industrie offerte par le gouvernement du Canada aux installations de Chalk River se voulait un investissement dans les Canadiens, qui leur a permis d'innover et de se retrouver sur le premier rang. C'est ce que le gouvernement du Canada fait le mieux, et c'est ce que nous devons faire en ce moment.
Que perdons-nous si nous abandonnons le réacteur NRU? Nous mettons fin à 50 ans de leadership canadien dans les domaines de la technologie et de la science nucléaires. Le réacteur ZEEP est le premier réacteur qui a été construit à l'extérieur des États-Unis. Il a fourni des données cruciales pour les programmes américains et canadiens de conception de réacteurs et il a mené à la construction du réacteur NRX et, quelques années plus tard, à celle du réacteur NRU. Une fois construit, le réacteur NRU était le réacteur nucléaire le plus puissant du monde. Il était gros, efficace et, plus important encore, il était polyvalent. Il a été construit en tant que plate-forme pour permettre la recherche utilisant les neutrons. Cinquante ans plus tard, il continue d'être un atout pour la recherche à l'échelle mondiale — ce qui témoigne de la force de la vision et des capacités de ses concepteurs.
La conception polyvalente du réacteur s'avère être une caractéristique clé, puisque presque toutes les activités exécutées actuellement au réacteur NRU n'avaient pas lieu initialement. L'industrie de l'énergie nucléaire n'existait pas, la production d'isotopes médicaux était sur le point de voir le jour et la recherche utilisant les faisceaux de neutrons, limitée par de faibles sources, en était à ses premiers balbutiements.
La recherche menée au coeur du réacteur NRU a eu un rôle à jouer dans la naissance de l'industrie de l'énergie nucléaire au Canada en permettant des essais de combustibles et de composants dans des conditions réalistes. Elle continue de contribuer à l'intendance de notre parc CANDU et à la conception de la prochaine génération de réacteurs.
Grâce au vaste coeur polyvalent, de nombreuses matières pouvaient être irradiées, ce qui permettait la production et l'exploitation d'un large éventail d'isotopes, plus particulièrement le cobalt 60 et le molybdène 99, des isotopes d'application médicale essentiels dans le monde. La production des isotopes a été inventée au Canada, et l'irradiateur du cobalt 60 était considéré par la Société Radio-Canada comme la 11e plus grande invention au pays. Aujourd'hui, 16 millions de traitements de radiothérapie par année dépendent du cobalt 60 produit au réacteur NRU.
Les installations de recherche utilisant les faisceaux de neutrons à Chalk River permettent aux Canadiens d'étudier de nombreux nouveaux matériaux. Ces nouveaux matériaux comprennent les supraconducteurs haute température critique, grâce auxquels le transport de l'énergie électrique pourrait se faire sans perte, les matériaux de stockage de l'hydrogène, les électrodes de piles permettant une utilisation plus écologique de l'énergie et les composites et superalliages à haute résistance qui révolutionneront la fabrication dans l'avenir.
En offrant aux Canadiens la meilleure source de neutrons au monde, le gouvernement du Canada a investi dans les Canadiens et a ouvert la voie aux innovations. Bertram Brockhouse a reçu le prix Nobel de physique en 1994 pour avoir inventé le spectromètre à trois axes, dont figure un exemplaire dans tous les laboratoires de faisceaux de neutrons nucléaires du monde. Dans un bon nombre de grandes installations, on retrouve plusieurs de ces instruments. Le scanneur de contraintes, inventé à Chalk River au milieu des années 1980, est lui aussi utilisé partout dans le monde aujourd'hui.
Ces innovations reconnues à l'échelle internationale m'amènent à ce qui est probablement mon argument principal: la fermeture du réacteur NRU ne représente pas simplement l'arrêt d'une machine; elle représente l'abandon des personnes.
L'infrastructure fournie par le gouvernement du Canada a permis tous ces développements. Mais ce sont les gens qui ont fait profiter de leur imagination au réacteur NRU puissant et polyvalent et qui ont trouvé une plate-forme pour appliquer leurs idées à des matériaux et à des produits, pour en faire bénificier la science et la société. Les chercheurs d'aujourd'hui viennent du monde entier pour travailler au réacteur NRU, pas parce que c'est le réacteur le plus puissant ou le plus récent, mais à cause des gens qui y travaillent. L'excellence du milieu technique et scientifique fourni par le Centre canadien de faisceaux de neutrons du Conseil national de recherches est depuis toujours reconnue par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie et a résisté à l'examen de groupes d'experts internationaux.
Dans le cadre de mes recherches à Chalk River, je peux faire des choses que je ne pourrais pas expérimenter dans d'autres installations en raison du milieu de recherche exceptionnel qu'offre le personnel. C'est un aspect essentiel de mes recherches et des recherches de mes nombreux collègues de l'Institut canadien de la diffusion des neutrons. Nous amenons des équipes d'étudiants des cycles supérieurs et du post-doctorat au réacteur NRU, où une formation pratique leur est offerte par des experts en techniques des faisceaux de neutrons et où ils rencontrent des chercheurs venant de partout sur la planète. C'est la prochaine génération de chercheurs au Canada. Mais si le réacteur n'est pas remplacé, où iront-ils?
Lorsque la navette Challenger a explosé après son décollage, les enquêteurs se sont concentrés sur les propulseurs auxiliaires à poudre. L'une des possibilités était que les contraintes exercées sur les joints auraient pu être à l'origine de l'explosion. Même si Thiokol, l'entrepreneur qui a construit les propulseurs pour la NASA, avait accès à des scanneurs de contraintes aux États-Unis, il a emmené une partie du propulseur à Chalk River. La pièce y a été analysée pour s'assurer que les seuils de tolérance relatifs aux contraintes autour de ces trous de boulons étaient respectés. La NASA a décidé de venir au Canada, au réacteur NRU, à cause des gens et de l'expertise qui y sont offerts. Alors, lorsque Julie Payette rejoindra la station spatiale demain, nous pourrons être encore plus fiers en sachant que le réacteur NRU a contribué à la sécurité de l'expédition.
Alors, que se passe-t-il quand le gouvernement annonce la fermeture du réacteur NRU en 2016 sans avoir pris d'engagement ferme pour le remplacer? Le Canada perd sa participation dans la production d'isotopes médicaux et l'approvisionnement en isotopes, le monde perd un fournisseur d'importance, et le manque ainsi créé sera difficile à combler. Le Centre canadien de faisceaux de neutrons, les gens qui ont accompli ce travail, disparaîtraient en un an. En sachant le réacteur NRU condamné et les chances d'avoir un nouveau réacteur pour le remplacer réduites à néant, les employés s'en iront. Ils iront faire leur carrière ailleurs. Ils iront dans les laboratoires étrangers et le Canada perdra ces ressources; nous n'aurons tout simplement plus accès aux installations à faisceaux de neutrons.
L'industrie canadienne perdra son accès à une des principales installations d'évaluation de matériaux industriels, ce qui aura des conséquences négatives sur la compétitivité et la fiabilité des produits. On n'étudie pas uniquement des pièces de navette à Chalk River. Le Canada serait incapable de participer efficacement au programme international de développement des réacteurs nucléaires de génération IV, qui a pour but de permettre la création de la prochaine génération de réacteurs plus efficaces, dont nous aurons besoin si nous voulons nous défaire de notre dépendance aux technologies axées sur les combustibles fossiles.
Que doit-on faire? Le rôle du gouvernement est de fournir une infrastructure à la science et à l'industrie de manière à permettre aux Canadiens de mener des recherches et de stimuler leurs entreprises. En 1994, le rapport Bacon recommandait que le Canada s'engage immédiatement à développer une nouvelle source nationale pour la recherche sur les faisceaux de neutrons comprenant un réacteur et tout l'équipement nécessaire, mais nous ne l'avons pas fait. Le besoin lié aux installations de production de neutrons n'a pas diminué. Dans notre rapport de l'an dernier, nous avons présenté notre vision de ce qui devrait les remplacer: un réacteur de recherche multifonctionnel qui servira d'infrastructure clé pour la science et l'industrie canadiennes. La multifonctionnalité s'appuie sur les résultats positifs qu'a donné le réacteur NRU et vise à rassembler tous les intervenants actuels, tout en ayant la souplesse nécessaire pour répondre aux nouveaux besoins. Le concept regrouperait la recherche sur les coeurs de réacteur, la production d'isotopes et les faisceaux de neutrons en une installation de renommée internationale.
Une telle installation serait un pôle d'attraction irrésistible pour les ingénieurs et les scientifiques de talent. Notre leadership en génie nucléaire et en recherche fondamentale et appliquée, axée sur les neutrons serait assuré de manière permanente. Une source stable et fiable d'isotopes médicaux et industriels serait mise en place.
Pourquoi s'engager dans un projet aussi dispendieux en pleine récession? La construction du nouveau Centre canadien de faisceaux de neutrons est un investissement pour l'avenir. C'est d'être avant-gardiste que d'investir dans de nouvelles industries et de former les chefs de file scientifiques et techniques de demain. Si vous cherchez un projet de stimulation économique, c'est exactement ce qu'il vous faut. L'étape de la construction donnerait des emplois directs à des milliers de Canadiens et créerait encore plus d'emplois dans tout le pays par le biais de contrats attribués à de petites et moyennes entreprises. Bon nombre de ces contrats seraient liés à d'importants projets techniques à valeur ajoutée qui permettraient d'augmenter le potentiel de conception et de fabrication du Canada dans une industrie qui est sur le point de connaître une énorme croissance sur le marché. Il est raisonnable pour le gouvernement de s'attendre à récupérer la majeure partie des coûts en impôts et grâce aux industries arrivées à maturité; ce projet permettrait également de renforcer l'économie canadienne.
Comment devrait-on procéder? L'Institut canadien de la diffusion des neutrons a déjà produit un énoncé expliquant les exigences d'utilisation pour un nouveau centre multifonctionnel — un laboratoire de renommée internationale pour la recherche sur les matériaux à l'aide de faisceaux de neutrons. Pour rendre ce projet réalité, la prochaine étape est de s'attaquer en bonne et due forme à la conception technique, en collaboration avec tous les intervenants, et d'élaborer une estimation précise des coûts associés au projet, de sorte que la construction soit faite de manière transparente et responsable.
Il faudrait déterminer quel organisme fédéral a les compétences nécessaires pour entreprendre un tel projet. On devrait lui donner le mandat de coordonner un groupe de travail interministériel et le financement suffisant à cette fin, puis, au cours de la prochaine année, l'organisme présenterait une proposition de conception et le budget connexe. Le Canada sera alors prêt à songer à investir dans l'avenir du Centre canadien de neutrons, une ressource de renommée internationale pour la science et l'industrie, et ce, pour les 50 prochaines années.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vais d'abord vous expliquer rapidement notre cheminement professionnel.
Avant de commencer à travailler à McMaster en 2001, j'ai passé 14 ans au réacteur NRU à Chalk River. C'est là que j'ai commencé ma carrière, en tant que jeune ingénieur opérateur de quart. Je suis ensuite passé à des postes de niveaux supérieurs et, avant d'arriver à McMaster, j'étais le directeur technique du réacteur NRU.
M. John Valliant, un professeur de l'université, m'accompagne aujourd'hui. C'est un chef de file de renommée nationale et internationale en recherche sur les isotopes médicaux. En plus de sa charge d'enseignement, John est le directeur intérimaire du McMaster Institute of Applied Radiation and Sciences. Il est également le directeur général et le directeur scientifique en chef du nouveau Centre for Probe Development and Commercialization.
M. Dave Tucker compte plus de 20 ans d'expérience dans le domaine de la radioprotection et de la conformité à la réglementation. Dave a aussi passé 10 ans dans les laboratoires de Chalk River, où il était responsable de la conformité à la réglementation et aux normes sur le rayonnement et l'environnement pour le réacteur NRU ainsi que d'autres installations connexes servant à la production d'isotopes.
McMaster est une université canadienne de taille moyenne qui compte 20 000 étudiants de premier cycle, 3 000 étudiants de deuxième et troisième cycle et environ 7 000 employés. Nous sommes une université vouée à la recherche. Le budget alloué à la recherche est important, compte tenu de la taille et de la constitution de l'université, et grâce à notre combinaison unique d'installations nucléaires et de programmes de premier, deuxième et troisième cycle, nous sommes l'université canadienne spécialisée en nucléaire.
Je vais vous expliquer rapidement ce que McMaster peut faire pour remédier au problème d'approvisionnement en isotope. Nous avons étudié le problème à court, moyen et long terme. À court terme, nous avons dû augmenter notre production de I-125. À l'heure où l'on se parle, le réacteur de McMaster est un fournisseur mondial de I-125. Après l'arrêt de Chalk River, nous avons été en mesure d'augmenter notre production de 20 p. 100. Cette augmentation permettra de venir en aide aux patients atteints d'un cancer de la prostate, au Canada et ailleurs dans le monde. Chaque semaine, nous envoyons cet isotope, dont nous sommes actuellement le plus grand producteur, en Europe, en Amérique du Sud, en Amérique du Nord et en Chine.
Sous la direction de Mme Karen Gulenchyn, nos collègues sur le campus et dans les hôpitaux ont trouvé rapidement des applications cliniques au F-18 pour qu'on puisse continuer à dispenser certains des traitements qui dépendent du technétium. Nous sommes toujours un chef de file pour le développement de la prochaine génération d'isotopes et nous disposons sans nul doute de l'infrastructure de liaison entre le réacteur et les établissements médicaux qui est nécessaire pour arriver à nos fins.
À moyen terme, nous avons proposé au gouvernement de reprendre la production de molybdène 99 au réacteur, comme nous l'avons fait dans les années 1970, et nous croyons pouvoir aider environ 20 p. 100 des hommes en Amérique du Nord. En outre, les travaux du Centre for Probe Development and Commercialization ont déjà permis de proposer à Santé Canada de nouvelles technologies de remplacement pour les patients, qui seront — nous l'espérons — bientôt approuvées.
À long terme, nous avons l'intention de garder notre rôle de chef de file en recherche sur les technologies de remplacement grâce au développement de la prochaine génération d'isotopes médicaux et grâce à de nouvelles applications et techniques de production.
Parlons maintenant du réacteur. À McMaster, nous avons le seul réacteur de recherche au Canada qui a une structure de confinement tout en béton. Le réacteur est adjacent au bâtiment de recherche nucléaire, ce qui permet aux chercheurs d'être tout près des isotopes dont ils ont besoin pour leurs recherches. Il s'agit d'un réacteur de cinq mégawatts de type MTR, ce qui signifie « réacteur d'essais de matériaux ». Le concept de type à bassin ouvert est très polyvalent et favorable à la production d'isotopes. À l'heure actuelle, le réacteur a besoin de 3 mégawatts et fonctionne 16 heures par jour, 5 jours par semaine. Pour produire les types d'isotopes demandés, le réacteur devra fonctionner 7 jours par semaine, 24 heures par jour.
Comme je l'ai déjà dit, nous oeuvrons dans le secteur commercial de la production d'isotopes. Nous sommes un des meneurs mondiaux pour la production et la distribution de I-125. Nous disposons d'un outil de recherche et d'enseignement pertinent, polyvalent et très utile, et nous souhaitons en maximiser les avantages en augmentant la capacité de production d'isotopes.
Nous détenons actuellement une homologation valide jusqu'en 2014 et avons des plans détaillés afin de renouveler cette homologation pour de nombreuses années à venir.
À la diapositive 5 nous avons réuni quelques photos et des données illustrant ce que nous avons fait dans les années 1970. Plus simplement, précisons qu'une chaîne d'approvisionnement en isotopes a besoin de cibles. Nous avions des cibles fournies par un fabricant. Ces cibles ont été chargées dans une installation d'irradiation. Nous avons irradié ces cibles pendant environ deux semaines puis les avons transmises à Chalk River afin qu'elles soient traitées de façon à récupérer le molybdène 99. Pendant ce temps, nous avons effectué plus de 80 envois et envoyé plus de 100 000 curies de Mo 99 à Chalk River. À ce moment-là, la demande était plus faible, alors ces chiffres ne représentent pas notre capacité réelle.
La diapositive suivante donne un aperçu du réacteur. Si vous examinez la grille de neuf points par six points, chaque case laissée en blanc est une case où nous pouvons introduire une barre de combustible ou une barre d'assemblage servant à mettre le réacteur sous tension. Si vous vous rappelez un peu à quoi ressemble le porte-cibles d'irradiation, et bien, c'est exactement la même chose qu'une barre de combustible ou barre d'assemblage. Chacun des espaces blancs est un site éventuel de production de Mo 99.
Au bas de la diapositive, nous vous présentons certains calculs sur la capacité. Nous avons fait ces calculs avec deux assemblages et quatre assemblages. Ces chiffres correspondent à environ 20 p. 100 de la demande nord-américaine. Ils ne représentent pas la demande totale, mais elle pourrait certainement permettre de soulager un nombre important de patients qui ont un besoin critique de ces isotopes.
J'aimerais comparer le réacteur NRU et le réacteur MNR, étant donné que de nombreuses personnes ne connaissent pas bien la production actuelle des isotopes. Tout se résume à une question de flux, à savoir le nombre de neutrons et le matériau cible que l'on peut introduire dans le coeur du réacteur. À la lumière de cette simple comparaison, vous pouvez constater que les réacteurs NRU et MNR peuvent irradier le même nombre de cibles, mais que notre limite, qui correspond à environ 20 p. 100 du marché nord-américain, se situe au niveau de la différence de flux entre les deux réacteurs.
À la prochaine diapositive, je décris la chaîne d'approvisionnement des isotopes au Canada, le rôle que McMaster peut jouer et celui que nous avons joué dans les années 1970. Nos cibles sont fabriquées en France par une entreprise portant le nom de CERCA. Actuellement, cette entreprise fabrique toutes les cibles d'irradiation pour la chaîne d'approvisionnement européenne et produit notre combustible. Cette entreprise possède à la fois l'équipement et l'homologation nécessaires pour faire ce travail. Les cibles sont inventoriées au laboratoire de Chalk River et sont ensuite transmises au réacteur pour irradiation sur demande. L'irradiation des cibles s'étend sur environ 200 heures, soit une semaine. Elles sont ensuite transmises à EACL aux fins de traitement puis intégrées à la chaîne d'approvisionnement normal tel qu'elle existe actuellement au Canada.
Lorsque nous nous sommes penchés sur cette proposition pour la première fois, il y a 18 mois, nous avons tout de suite constaté que McMaster pouvait jouer un rôle pour aider à réduire la pression exercée sur le réacteur NRU pendant le cycle d'exploitation. Ce cycle est actuellement échelonné sur une période de six semaines. Puis, il y a une fenêtre d'arrêt très courte d'environ quatre jours. Le premier jour, le personnel se prépare à faire le travail et le dernier jour est consacré à la reprise des opérations. Le personnel subit une énorme pression pour exécuter de nombreux travaux en très peu de temps. Nous croyons que McMaster pourrait aider à étendre cette fenêtre d'arrêt pour leur permettre de procéder à des inspections plus poussées, d'effectuer des travaux d'entretien plus détaillés et de prendre la relève de réacteur à qui on demande sans cesse de produire davantage.
De la façon dont nous voyons les choses actuellement, en cette période de crise, nous pourrions offrir un mode de production différent. Il est évident que nous ne pourrions pas répondre à toute la demande d'approvisionnement à laquelle répond le réacteur NRU, mais nous pourrions simplement contribuer à la partie canadienne de la solution internationale que le gouvernement fédéral souhaite avancer.
Le modèle européen est efficace parce qu'il repose sur un certain nombre de machines différentes capables de procéder à des activités d'irradiation avec une seule centrale de traitement. C'est ce que nous tentons de reproduire ici au Canada, avec un réacteur à Chalk River qui peut faire des irradiations et le réacteur de relève à McMaster qui peut également irradier des cibles. Nous pourrions donc nous retrouver avec un système de radiation réparti assorti d'une centrale de traitement. Ce modèle s'est révélé efficace en Europe pendant un certain nombre d'années et leur a permis de pouvoir compter sur un approvisionnement abondant lorsqu'une des installations était en période d'arrêt.
Je crois que les principales exigences à satisfaire se situent au niveau du personnel et du combustible requis pour exécuter le nouveau cycle de service. Nous disposons actuellement d'un personnel qui travaille 16 heures par jour, cinq jours par semaine. Afin d'assurer l'efficacité du processus, nous avons besoin de plus de combustible et d'employés, de façon à offrir un cycle de service de 24 heures, sept jours par semaine, comme dans les années 1970.
Comme je l'ai déjà signalé, nous ne sommes qu'un élément de la chaîne d'approvisionnement. Tout cela exige également une collaboration entre un certain nombre d'intervenants, y compris le gouvernement fédéral, EACL et les autres responsables plus bas dans la chaîne d'approvisionnement. Nous avons vraiment besoin d'établir de solides partenariats axés sur un mandat si nous voulons que tout cela se concrétise.
Un des problèmes soulevés a été l'accès à l'uranium hautement enrichi (UHE). Au cours de discussions récentes avec les Américains, nous avons eu l'impression qu'ils étaient plus que disposés à fournir le matériau cible à la France afin de permettre que les cibles établies soient irradiées à l'université.
Du point de vue de la réglementation, il sera très important de collaborer avec les personnes qui en sont responsables tout au long du processus. Nous ne prévoyons aucun changement visant directement les exigences d'homologation de notre réacteur. Nous avons déjà fait ce travail auparavant. Notre rapport d'analyse de la sécurité porte sur cet aspect du processus. Nous aurons toutefois besoin de faire homologuer un réservoir servant au transfert du matériau irradié, mais là encore, nous nous tournerons vers les Européens afin d'obtenir leurs plans et leurs connaissances techniques pour nous aider à cet égard.
Nous devrons également collaborer avec l'entreprise MDS Nordion pour examiner les répercussions sur les activités en aval, à savoir les applications visant les patients. Nous discutons de la possibilité d'utiliser très exactement la même composition chimique pour les cibles, mais la cible du réacteur NRU comporte une géométrie différente de la cible du réacteur de McMaster. La cible du réacteur NRU est en forme de tige, alors que la cible de McMaster et de la plupart des autres cibles utilisées dans le monde se présente sous forme plissée.
En conclusion, nous sommes là pour aider. En tant qu'institution canadienne, nous sommes disposés à utiliser l'infrastructure canadienne pour aider le Canada à traverser cette crise. Nous croyons que nous pouvons avoir une incidence à court terme, à moyen terme et à long terme. Nous ne prétendons pas être la solution définitive, mais je crois qu'il est clair pour la communauté internationale qu'il s'agit là d'un problème complexe auquel il n'y a pas de solution rapide. Il faudra que des efforts soient déployés sur la scène internationale afin d'examiner un certain nombre de solutions différentes et de s'entendre afin de protéger les patients partout dans le monde.
Merci.
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Merci de me donner la possibilité de témoigner devant le comité. Alors, qu'est-ce que TRIUMF? Eh bien, TRIUMF est un laboratoire national canadien pour la recherche en physique nucléaire et en physique des particules. Il est géré par un consortium réunissant environ 14 universités canadiennes, allant de l'Université Saint Mary's, en Nouvelle-Écosse, à l'Université de Victoria sur la côte ouest en passant par l'Université McMaster — dont certains de mes collègues sont près de moi aujourd'hui.
Nous sommes ici pour parler de médecine nucléaire, alors, permettez-moi de dire quelques mots au sujet de la contribution de TRIUMF à la médecine nucléaire. En effet, TRIUMF possède cinq cyclotrons qui sont tous en mesure de produire des isotopes médicaux de divers types. Le principal programme de recherche de TRIUMF porte sur la physique des particules et la physique nucléaire et, dans le cadre de la composante physique nucléaire, on étudie des isotopes rares, les isotopes du futur, si vous voulez les appeler ainsi.
Ces cyclotrons jouent donc un rôle important dans la production des isotopes médicaux. En effet, TRIUMF produit tous les isotopes TEP destinés à l'Agence du cancer de la Colombie-Britannique à des fins cliniques. Nous produisons également tous les isotopes destinés au Centre du Pacifique pour la recherche sur la maladie de Parkinson. Nous entretenons depuis 30 ans un partenariat de fabrication avec MDS Nordion qui permet de produire 2,5 millions de doses-patients par année. Nous collaborons avec l'Institut Cancer Cross situé à Edmonton ainsi qu'avec Sherbrooke. Les cyclotrons conçus par TRIUMF sont dispersés dans le monde; on les retrouve notamment à Taïwan, en Corée et aux États-Unis.
L'élément important ici est que TRIUMF conçoit les cyclotrons qui servent à fabriquer les isotopes. Nous sommes également présents au niveau de la chimie des corps radioactifs requise pour lier les molécules à ces isotopes et notre personnel compte des spécialistes en imagerie TEP.
Je suis parmi vous aujourd'hui pour vous parler d'une autre méthode de production du Mo-99 en utilisant un accélérateur. Il y a essentiellement deux façons de fabriquer le Mo-99. L'une de ces technologies a recours à un réacteur, dont on vous a entretenu plus tôt, et l'autre utilise un accélérateur. Dans notre proposition, nous avons recours à l'uranium non enrichi. En fait, nous comptons utiliser l'U-238 qui, à mon avis, constitue l'élément fort de tout ce dont nous discutons. Le résultat de l'irradiation de l'U-238 à l'aide d'un faisceau d'électrons, ce que nous proposons, est, qu'en principe, le produit final serait identique au produit provenant du réacteur NRU.
Nous avons récemment signé une entente avec MDS Nordion selon laquelle d'ici 2012, nous voulons procéder à l'irradiation d'une cible et démontrer cette technologie. Ce que nous souhaitons obtenir c'est que, suite à notre processus d'irradiation, la définition du Mo-99, issue d'une fiche maîtresse de médicament, soit identique à celle produite par le réacteur NRU. Si cela se confirme, alors nous croyons que dans un an et demi le secteur privé pourra prendre le relais, construire un ou plusieurs accélérateurs, produire le Mo-99 et entrer dans un cycle de production. En d'autres mots, d'ici quatre à cinq ans, le Mo-99 pourrait être introduit dans la chaîne d'approvisionnement par le secteur privé à l'aide d'un accélérateur. Cela suppose l'approbation d'un financement de cinq ans versé à TRIUMF, financement qui actuellement vient du gouvernement du Canada par l'entremise du Conseil national de recherches, donc un financement couvrant la période 2010 à 2015.
Je sais qu'aujourd'hui vous vous préoccupez du Mo-99 mais, à mon avis, l'avenir de la médecine nucléaire réside dans les caméras TEP et non dans le Mo-99. Comme vous le savez probablement, la TEP n'utilise pas le Mo-99. La composante de la physique nucléaire qui connaît l'essor le plus rapide est l'imagerie TEP. L'an dernier, les ventes de caméras TEP aux États-Unis ont été supérieures à celles des caméras TEMP qui utilisent le Mo-99. La révolution médicale dont nous faisons probablement tous partie, est une combinaison de la génomique et de l'imagerie moléculaire — l'imagerie moléculaire nous permet d'explorer l'intérieur du corps et le métabolisme, et la médecine nucléaire est une partie très importante de l'imagerie moléculaire — qui sera, à mon avis, la voie d'avenir pour les soins de santé dans le monde. Je crois que nous devons occuper une place importante dans cette révolution.
Merci.
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Merci, monsieur le président, pour la question.
Premièrement, le seul aspect positif qui m'a traversé l'esprit quand j'ai été congédiée, c'était de savoir que ça allait peut-être attirer l'attention des gens sur la question et qu'ils allaient peut-être commencer à s'y intéresser. Je dis ça parce que c'était tellement clair à l'époque qu'EACL, son conseil d'administration, sa haute direction et le gouvernement étaient tout simplement fascinés par l'idée de nouveaux réacteurs, et on ne parlait que des nouveaux réacteurs et de la renaissance nucléaire, et non de questions essentielles comme le réacteur NRU et la gestion des déchets. Je pensais qu'on allait alors s'y attarder et qu'on allait faire quelque chose.
Si on regarde le côté positif des choses, je crois qu'il y a eu du travail de fait dans le domaine de la santé grâce aux spécialistes en médecine nucléaire. C'était évident selon le rapport produit par le comité spécial, même s'il avait recommandé le maintien en fonction du réacteur MAPLE, ce qui ne s'est jamais fait. Mais je crois que le personnel de Santé Canada a réellement fait des efforts. Il n'a peut-être pas élaboré un plan de gestion des crises, mais il a amélioré les rapports avec les provinces et les territoires.
De l'autre côté, le réacteur NRU, le réacteur MAPLE et les autres solutions de rechange marchaient très bien, et j'ai été quelque peu surprise, l'an dernier, quand le ministre a annoncé la fermeture du réacteur MAPLE. Je savais qu'il y avait des problèmes, mais aucun qui ne soit impossible à résoudre. Ça m'a vraiment pris de court.
J'ai aussi été surprise de savoir que non seulement le réacteur MAPLE allait être fermé, mais qu'il n'y avait aucune autre solution d'envisagée. Selon moi, il aurait fallu mettre de la pression sur les autorités de réglementation pour qu'elles accordent un autre permis. En sept ans comme directrice de la réglementation, je n'ai jamais, au grand jamais, entendu une société ou un détenteur de permis, y compris ceux qui sont ici aujourd'hui, me dire que leur objectif était d'obtenir un permis. Ce qu'ils voulaient, c'était une installation qui fonctionne bien et qui respecte ou surpasse la réglementation. J'ai été très surprise de voir que rien n'avait été fait sur le plan de l'approvisionnement, et je le sais parce que j'ai encore des liens avec des collègues de l'étranger, particulièrement en Europe.
Je trouve bien triste d'avoir à arriver à ce constat: rien n'a été fait, et en fait, les choses sont encore pires qu'elles étaient dans certains domaines, car il n'y a jamais eu de plan pour corriger la situation. Comme certains l'ont dit tout à l'heure, nous savons qu'il ferme toutes les six semaines. Je ne vois pas comment on pourrait espérer maintenir ce rythme à tout jamais.
Je vais terminer en disant qu'après 18 mois, il est intéressant d'entendre aujourd'hui qu'il s'agit d'un « très vieux réacteur très peu fiable », alors qu'il y a 18 mois, il n'était considéré ni vieux, ni peu fiable. Rien n'a changé. C'est comme ça depuis un certain temps déjà. C'est dommage de devoir en arriver là pour que le réacteur reçoive enfin de l'attention.
J'espère que ça répond à votre question.