Monsieur le président, honorables membres du comité, au nom de l'Association canadienne de médecine nucléaire, je vous remercie tous de nous avoir donné l'occasion de comparaître devant le Comité permanent des ressources naturelles pour faire rapport des effets de la pénurie d'isotopes.
Comme vous le savez, l'ACNM est le porte-parole des radioisotopistes de tout le Canada et des deux millions de patients qu'ils soignent chaque année. Depuis le premier arrêt du réacteur NRU en décembre 2007, l'Association canadienne de médecine nucléaire a collaboré assidûment avec l'Ontario Association of Nuclear Medicine, l'Association des médecins spécialistes en médecine nucléaire du Québec, l'Association canadienne des technologues en radiation médicale, l'Association canadienne des radiologistes, la Canadian Association of Radiopharmaceutical Scientists, l'Organisation canadienne des physiciens médicaux, Santé Canada, le comité d'experts de Ressources naturelles Canada et des organisations soeurs internationales afin d'atténuer les effets de la pénurie d'isotopes sur le bien-être des Canadiens.
La fermeture, depuis cinq mois, du réacteur NRU a eu effet très important sur les Canadiens et le milieu de la médecine nucléaire au Canada. Il y aura aussi un effet durable sur la santé des patients, l'exercice de la médecine au Canada et dans le monde, les milieux canadiens et internationaux et la technologie nucléaire canadienne.
Au cours des cinq derniers mois, l'approvisionnement hebdomadaire de technétium au Canada a fluctué entre 0 et 100 p. 100 avec une moyenne se situant entre 50 et 70 p. 100 selon l'emplacement géographique et les fournisseurs. Les professionnels de la médecine nucléaire, les technologues, les physiciens médicaux, les radiopharmaciens, le personnel de soutien et les médecins partout au Canada ont travaillé sans relâche pour répondre aux besoins de leur patients. En faisant des doubles quarts, en replanifiant les examens pour les faire coïncider au moment de la livraison du technétium de rechange disponible, en utilisant des protocoles et des isotopes différents, en passant énormément de temps au téléphone pour contacter les patients et demander aux médecins de replanifier des études, en ne fournissant pas de services essentiels, nous avons pu atténuer l'effet de la pénurie des isotopes sur les patients canadiens.
En raison de cette très délicate question d'équilibre et au détriment d'une forte augmentation des coûts opérationnels, l'annulation des essais effectués sur les malades a été limitée. Cet effort extraordinaire et insoutenable de notre milieu et l'incertitude liée à l'approvisionnement de technétium et à la production d'isotopes médicaux au Canada ont déjà eu des conséquences graves et très préjudiciables. Le taux d'inscription des étudiants, principalement des technologues et des médecins, dans les sciences de la médecine nucléaire a diminué. Nous avons assisté à la première mise à pied de technologues et les scientifiques de l'énergie nucléaire envisagent de quitter le pays ou l'ont déjà quitté.
En raison de son unique capacité à diagnostiquer les fonctions des cellules, des tissus et des organes, la médecine nucléaire permet la détection et le traitement de maladies au niveau moléculaire avant que ces maladies ne deviennent évidentes anatomiquement et avant l'apparition de symptômes chez les patients. Plus tôt le diagnostic d'une maladie est fait, plus grandes sont les chances de guérison. L'ACNM est vivement préoccupée par l'importante diminution — de 10 à 25 p. 100 selon les régions — des demandes d'essais oncologiques et de cardiologie nucléaire. Sans détection et évaluation précoces, les maladies cardiaques et le cancer progressent jusqu'au stade où le bien-être du patient est fortement menacé et où la morbidité est plus élevée quel que soit le traitement, sans compter le fardeau financier accru assumé par le système de soins de santé et la société.
Un grand nombre d'entre nous ont assisté à la réunion de l'European Association of Nuclear Medicine tenue la semaine dernière à Barcelone. La réunion annuelle de l'EANM est l'une des réunions les plus importantes des professionnels de la médecine nucléaire au monde. Cette année, plus de 5 000 personnes y ont assisté.
Il n'est pas exagéré de dire que la crédibilité du Canada et sa capacité à construire des réacteurs nucléaires pour produire des isotopes médicaux ont été fortement ébranlées. En outre, nos collègues européens ne comprennent tout simplement pas pourquoi le Canada envisage de produire du technétium alors que les technologies expérimentales utilisant le cyclotron et l'accélérateur linéaire ont toutes abouti à des échecs en Europe et au Japon. En fait, beaucoup de pays d'Europe occidentale ont décidé de continuer à se fier à leur technologie de réacteur nucléaire pour encore 25 ans.
La France est en train de construire, au sud de son territoire, un réacteur pour produire des isotopes médicaux et les pays européens ont conclu un accord pour construire un nouveau réacteur en remplacement du réacteur Petten en Hollande. L'ACMN encourage fortement les membres du comité à consulter les rapports des experts européens qui ont été publiés cet été et qui traitent de cette question.
En s'appuyant sur les plus de 600 000 années d'expérience et d'expertise de radioisotopistes du monde entier, sur les nombreux rapports d'experts nationaux et internationaux publiés ces derniers mois et sur les technologies disponibles aujourd'hui, l'ACMN recommande que le comité et le gouvernement envisagent sans délai les recommandations suivantes.
Premièrement, que la décision d'abandonner les réacteurs MAPLE 1 et MAPLE 2 pour produire des isotopes médicaux soit examinée immédiatement et de manière détaillée par un groupe d'experts internationaux et que les conclusions de cet examen soient communiquées au public et aux organisations médicales.
Deuxièmement, que le gouvernement fédéral, par l'entremise de Santé Canada, approuve rapidement l'utilisation clinique des isotopes émetteurs de positons dans ses produits radiopharmaceutiques, et ce, en se fondant sur les essais précliniques et cliniques effectués en Europe et aux États-Unis et sur les critères établis par les organismes de réglementation des États-Unis et de l'Union européenne relativement à l'utilisation clinique sans risque de ces radioisotopes.
Troisièmement, que pendant cinq ans, le gouvernement fédéral collabore avec les provinces et les territoires pour accorder une subvention afin de compenser l'augmentation du coût du technétium 99m imposée par le fabricant et le distributeur et pour financer le coût de déploiement de la tomographie par émission de positons dans tout le Canada.
Quatrièmement, que les ministères des Ressources naturelles et de Santé Canada travaillent de pied ferme et rapidement avec les organisations médicales nationales et internationales compétentes plutôt que de se fier à des experts individuels et que ces ministères établissent sans délai des processus de mise en oeuvre de ces recommandations.
En plus du déploiement de la tomographie par émission de positons au Canada et afin d'atténuer la pénurie chronique et criante de technétium, l'ACMN croit aussi que l'utilisation d'une nouvelle gamma-caméra utilisant un détecteur à cristal à semi-conducteurs et un logiciel de reprise de résolution constitue la solution à court, moyen et long termes applicable immédiatement. Ces technologies nouvelles et cliniquement accessibles réduisent par un facteur de deux à trois le montant de technétium 99m nécessaire pour effectuer la procédure médicale nucléaire et l'exposition aux rayonnements pour le patient et le personnel.
À cette fin, il faut établir un fonds d'équipement de médecine nucléaire pour toutes les cliniques et tous les hôpitaux dans le but de remplacer l'ancien équipement par des scanners plus modernes et plus efficients. Comme il est indiqué dans la lettre que nous avons adressée à la ministre Raitt en décembre 2008, l'ACMN est convaincue que les défis actuels représentent encore pour le Canada une occasion unique de sauvegarder sa technologie et son industrie nucléaire afin de réaffirmer son leadership et sa place prédominante dans le monde et d'actualiser le système canadien des soins de santé à l'aide des outils thérapeutiques, de médecine nucléaire et de diagnostic du XXIe siècle que méritent les Canadiens.
L'Association canadienne de médecine nucléaire réitère son offre de fournir un support permanent, son expérience, son expertise et son témoignage en vue d'atteindre cet objectif.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président, honorables membres du comité.
L'Ontario Association of Nuclear Medicine est heureuse de présenter le point de vue des médecins en charge d'environ une centaine de services et de cliniques qui offrent des services de médecine nucléaire dans tout l'Ontario. Environ la moitié de ces établissements est constituée d'hôpitaux et l'autre moitié de cliniques ou d'établissements de santé privés répartis dans toute la province.
Cette dispersion géographique des ressources en médecine nucléaire en Ontario présente des problèmes importants. On a tenté, durant ces 10 dernières années, de régler ce problème en apportant quelques petits changements au niveau des frais techniques remboursés pour les soins assurés dans les cliniques et dans les hôpitaux. Le résultat est que la médecine nucléaire, qui a souffert de restrictions financières l'année dernière, s'est trouvée dans une situation financière fragile. La crise a placé nos médecins dans une situation où il est extrêmement difficile de fournir des soins aux patients de l'Ontario.
La plupart des cliniques et des hôpitaux ont à peine survécu ou fonctionnent actuellement à perte à cause de la situation de remboursement qui est unique à l'Ontario, par rapport au reste du pays. Par conséquent, il y a un manque d'équipement et de logiciels qui pourraient nous aider à régler les problèmes que nous rencontrons quotidiennement dans l'exercice de notre profession.
Cette crise a un des côtés positifs, la collaboration entre collègues, le développement des sciences de la médecine nucléaire et la capacité de réaliser plus de choses avec moins de moyens. Comme le Dr Urbain l'a dit, de nouvelles technologies sont disponibles, à la fois pour les détecteurs utilisés en médecine nucléaire et les logiciels qui utilisent plus efficacement l'activité d'un patient pour reconstruire les renseignements tirés de ce dernier à une dose bien plus faible et dans des délais plus courts. Cela permettrait d'utiliser des appareils technologiques plus modernes pour traiter un plus grand nombre de patients. Malheureusement, la capacité d'acquisition de ces technologies par les hôpitaux et les cliniques de l'Ontario est limitée à cause des restrictions financières résultant directement de l'augmentation des coûts eux-mêmes issus de la pénurie des isotopes.
Nous sommes d'accord avec l'Association canadienne de médecine nucléaire sur plusieurs points qui ont été soulevés.
Nous estimons qu'un fonds de développement de la médecine nucléaire est nécessaire pour régler les problèmes de financement ponctuel ou à long terme auxquels nous devons faire face à la suite de cette pénurie. Ce fonds pourrait aider les hôpitaux et cliniques dans tout le pays, et particulièrement dans la province de l'Ontario qui a été beaucoup plus touchée, à combler les lacunes au plan du matériel et des logiciels. L'investissement dans ces technologies pourrait nous aider à fournir des soins aux patients dans les limites des situations d'activité réduite que nous connaissons sur une base hebdomadaire et mensuelle.
En outre, nous estimons que la TEP, et compte tenu de la géographie du Canada de l'Ontario, la TEP mobile, est une solution à la fois à court terme et à long terme qui nous permettra de mettre fin aux pénuries périodiques et à long terme issues de la crise des isotopes.
Nous souhaitons que soient examinés sans délai l'établissement et le financement de radiopharmacies régionales visant à nous aider à assurer une distribution plus efficiente.
Jusqu'à la situation de ce printemps, nous distribuions assez facilement l'approvisionnement en technétium que nous avions reçu. Aujourd'hui, il est essentiel, pour la prestation des services de soins de santé en Ontario, de concentrer l'activité dans des zones géographiques afin que nous puissions assurer une distribution plus efficace.
Nous demandons que vous régliez le problème de la stabilité de l'approvisionnement, à la fois dans la fourniture et la distribution des isotopes, afin que les établissements puissent compter recevoir régulièrement un approvisionnement et puissent fixer des rendez-vous de patients.
Nous soulignons, comme l'Association canadienne de médecine nucléaire, qu'il faut avoir une solution de rechange stable alors que nous allons de l'avant. Nous sommes préoccupés que des technologies expérimentales soient mises en oeuvre avant d'être sûrs de ne pas aboutir à une situation similaire à celle dans laquelle les technologies ne peuvent pas être déployées.
Nous demandons aussi un examen indépendant, un examen international, du statut des réacteurs MAPLE, et de revoir le bien-fondé de cette décision et si elle pourrait nous être utile à court et moyen termes.
Il a été extrêmement difficile aux médecins ontariens de fournir des soins de santé à leurs patients ces six derniers mois. Je crois que la communication a aussi été l'un des problèmes de cette crise. Nous demandons que tous nous travaillons ensemble pour aider les médecins sur le terrain à communiquer et à planifier afin qu'en cas de retard de livraison, nous soyons en mesure d'y remédier rapidement et d'atténuer au maximum les problèmes causés aux services fournis aux patients.
Merci
[Français]
Bonjour. Je m'appelle Steve West. Je suis chef d'exploitation de MDS Inc. et président de MDS Nordion. La personne qui m'accompagne est Jill Chitra, vice-présidente, Technologies stratégiques chez MDS Nordion.
Aujourd'hui, je souhaite vous parler principalement de l'état actuel de la pénurie d'isotopes médicaux, de leur disponibilité à long terme et du rôle essentiel que joue le Canada dans le secteur nucléaire.
[Traduction]
Afin de mieux évaluer Ie secteur dans lequel elle est un chef de file mondial, MDS Nordion s'efforce de comprendre Ie point de vue de la communauté médicale. De récentes informations commerciales nous ont permis de mieux comprendre l'incidence de la pénurie d'isotopes médicaux sur Ie marché de l'utilisateur final de technétium en Amérique du Nord et en Europe. Bien que nos travaux relatifs à l'étude du marché soient dirigés et de nature qualitative, ils comportent des observations pertinentes sur l'incidence de la pénurie. Nous sommes d'avis que des recherches approfondies valideraient ces conclusions
Notre étude du marché nous a appris ce qui suit.
Comme il fallait s'y attendre, la fermeture du réacteur NRU a entraîné une baisse importante de l'approvisionnement des hôpitaux et des cliniques en technétium. Les hôpitaux ont modifié leurs procédures pour atténuer les effets de la pénurie mais cette modification n'est pas considérée comme étant viable à long terme. D'après notre examen du marché, nous estimons que l'administration des doses de technétium a chuté de 15 p. 100 en Amérique du Nord et en Europe en raison de la pénurie.
La pénurie actuelle d'isotopes médicaux est cependant plus importante que cette estimation ne le laisse croire car, en modifiant la gestion des rendez-vous des patients, en prolongeant les heures de travail et en augmentant l'efficacité globale liée à la préparation et à l'administration du technétium aux patients, la communauté médicale a réduit l'incidence de la pénurie. Toutefois, de nombreux utilisateurs ont affirmé que cette solution n'est pas viable à long terme. En outre, et ceci est d'une importance cruciale, selon les échanges que nous avons eus, le Canada a été le plus durement touché à l'échelle de l'Amérique du Nord et de l'Europe; nous estimons que l'approvisionnement en technétium pour l'utilisation finale a diminué de plus de 35 p. 100. Cette diminution est beaucoup plus importante que celle qu'ont connue les États-Unis, que nous estimons de l'ordre de 20 p. 100, et celle qu'a connue l'Europe, diminution que nous estimons négligeable. D'après le calendrier prévu pour l'approvisionnement du réseau mondial, les perspectives pour 2010 ne sont pas plus encourageantes et, en fait, elles pourraient être bien pires.
Le RFE à Petten, aux Pays-Bas, nécessitera un arrêt du réacteur pour une période d'environ 26 semaines a compter de la mi-février. Il est possible que pendant six semaines, le RFE et le réacteur NRU soient tous deux hors service, ce qui implique qu'environ 70 p. 100 de l'approvisionnement mondial en isotopes médicaux, soit la production de ces deux réacteurs, ne sera pas disponible pendant cette période. Cela laisse supposer que le redémarrage du réacteur NRU et du RFE se fera sans embûches. Tout retard ne ferait qu'augmenter la gravité de la situation en prolongeant la période de pénurie.
L'incidence de la pénurie devient critique tant ici, au Canada, qu'a l'échelle mondiale. En outre, il est possible que d'avril à septembre 2010, pendant certaines périodes, seulement un ou deux réacteurs soient en exploitation en raison de mises hors service prévues régulièrement à des fins de maintenance. Aussi, de nouveaux entrants d'approvisionnement prévus d'entrer en service plus tôt cette année continuent d'accuser des retards. Il est essentiel que les réparations du réacteur NRU soient complétées. La CCSN a octroyé au réacteur NRU une licence d'exploitation jusqu'en 2011 et le gouvernement a prié EACL de demander un prolongement de cette licence, ce qui permettrait d'aider a prolonger la durée de vie du réacteur NRU.
Nous appuyons ces efforts. Cependant, la prolongation de la licence du réacteur NRU ne constitue pas une solution à long terme pour l'approvisionnement en isotopes médicaux. Elle ne prévient pas les problèmes futurs liés au réacteur NRU et ne fournit pas de solution pour l'approvisionnement au-delà de la période de prolongation.
J'aborde maintenant mon deuxième point, soit les perspectives et les plans futurs à l'égard de la disponibilité à long terme des isotopes médicaux après 2011.
À la fin de juillet, des déclarations d'intérêt ont été présentées au groupe d'experts du gouvernement du Canada relativement à la production de générateurs de technétium et d'isotopes médicaux. MDS Nordion a présenté une proposition et a participé à diverses autres propositions. À ce jour, ni le groupe d'experts ni son expert consultant, SECOR, n'ont communiqué avec nous pour obtenir des détails ou une clarification sur ces propositions hautement techniques et propres au secteur d'activité. À l'heure actuelle, nous ne savons pas quelles décisions ou mesures seront prises à la suite du rapport du groupe d'experts, lequel vise à apporter des solutions au problème de l'approvisionnement en isotopes médicaux au Canada.
Nous ne savons pas non plus si un quelconque plan ou calendrier définitif a été établi relativement à ce qui se passera en novembre, une fois que les propositions seront examinées. De plus, il est difficile de prévoir ce qui découlera de la recommandation qui sera présentée au gouvernement, ainsi que le moment où une solution sera mise en oeuvre.
Dans l'intervalle, les Pays-Bas ont publiquement déclaré qu'ils n'ont aucune intention d'abandonner leur rôle de chef de file européen dans le secteur nucléaire en annonçant leur projet de réacteur Pallas, destiné à remplacer le réacteur Petten. Les États-Unis vont de l'avant en accordant un financement à l'approvisionnement domestique, et l'Australie fait son entrée sur le marché.
Quant au Canada, chef de file mondial de longue date et l'un des pays les plus durement touchés par la pénurie, il semble sacrifier sa position de chef de file, dépendant ainsi de pays étrangers pour combler ses besoins en isotopes médicaux. Ce scénario ne constitue pas une solution d'approvisionnement à long terme. Si les Pays-Bas ou les États-Unis disposaient aujourd'hui de l'actif MAPLE, je suis certain qu'ils seraient prêts à évaluer et à investir dans une solution qui permettrait la mise en service de ces réacteurs.
En tant que société mondiale oeuvrant dans le secteur des sciences de la santé située à Ottawa, l'assurance d'avoir un approvisionnement garanti et à long terme en isotopes a été et demeure une priorité fondamentale pour nous. Cet approvisionnement est essentiel pour la communauté médicale nucléaire mondiale, les patients et l'avenir de l'innovation en soins de santé.
Nous sommes d'avis que le rôle du gouvernement du Canada est crucial. Les gouvernements fournissent une infrastructure biomédicale pour la recherche par l'intermédiaire des hôpitaux et des universités. La santé constitue un investissement... un investissement qui génère des ressources économiques, solidifie l'économie et crée un monde meilleur.
Le Canada est chef de file en production d'isotopes et il a favorisé la progression d'un secteur novateur qui crée des emplois de grande valeur au Canada, des possibilités de recherche et de développement, et une valeur économique. Les autres nations bénéficieront d'un investissement dans ce secteur novateur et en pleine croissance — un secteur qui a pris naissance ici, au Canada.
Afin de promouvoir la technologie en soins de santé pour les Canadiens, nous devons avoir une capacité de production d'isotopes médicaux, pour faire progresser l'innovation et maintenir notre leadership mondial.
Merci.
:
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, je vous remercie de me permettre de prendre la parole ici aujourd'hui.
Pendant le trajet pour me rendre ici, à Ottawa, je me suis rendu compte que le sujet d'aujourd'hui, après avoir fait les manchettes des journaux pendant des semaines, avait quelque peu sombré dans l'oubli. Les journaux, en tout cas, n'en parlent presque plus. Il n'en demeure pas moins que, pour moi et pour tous les collègues oeuvrant dans le domaine de la médecine clinique, c'est un sujet qui est encore brûlant d'actualité. Je dois d'ailleurs dire que je vous suis reconnaissant de l'avoir ramené sur le tapis et de nous permettre de vous rencontrer pour en discuter. Je n'ai certainement pas besoin de vous dire que je partage les inquiétudes de Jean-Luc et de Kevin quant aux répercussions cliniques que la situation aura sur nos patients respectifs.
Les Drs Urbain et Tracey vous ont tous deux dit que le système réussit à répondre à la demande. Il faut cependant dire que la stabilité ainsi obtenue est fragile, car on a parfois l'impression que l'équilibre peut être rompu à tout moment. Je tiens à souligner que, d'un bout à l'autre de la chaîne d'approvisionnement, des fournisseurs aux technologues, tout le monde s'est adapté de façon remarquable aux aléas de la situation. J'ai cru qu'il serait d'intérêt pour le comité de connaître quelques-unes des activités qui ont été entreprises et de passer en revue certains enjeux liés à la la question de l'approvisionnement en isotopes médicaux.
Premièrement, il faut prendre acte des répercussions sur nos patients. Même si, à ma connaissance, nous avons toujours réussi à offrir aux patients les soins dont ils avaient besoin, au moment où ils en avaient besoin, ils ont quand même dû endurer certains désagréments. Jean-Luc a parlé des nombreuses fois où nous avons dû appeler tel ou tel patient pour changer l'heure de son rendez-vous afin d'être certains d'avoir les isotopes requis.
Dans les provinces autant que dans la communauté médicale, rien n'a été ménagé pour revoir la manière dont les patients ont accès aux examens par scintigraphie. Les différents départements demeurent ouverts plus longtemps, les nouvelles technologies sont mises à profit lorsque les circonstances le permettent et tout le monde accepte de travailler les week-ends. Nous nous tournons également vers les produits radiopharmaceutiques — comme le thallium — dès que l'imagerie des patients atteints de maladies cardiaques peut se faire avec des produits qui ne sont pas faits à base de technétium.
On peut vraiment dire que l'industrie a mis la main à la pâte. Les sources de molybdène sont plus nombreuses, ce qui nous en assure une certaine réserve. Mais c'est loin d'être l'idéal, comme l'ont souligné les trois intervenants avant moi. Il suffirait qu'un autre réacteur tombe en panne pour dire « au revoir » à notre réserve. Les fournisseurs ont également accepté de partager leurs stocks de radioisotopes, ce qui a certainement donné un bon coup de main aux centres qui ne s'approvisionnaient qu'à une seule source. Je crois également que nous réussissons à mieux prévoir les fluctuations des stocks et à mieux faire passer le message entre nous.
Santé Canada a facilité le processus d'approbation réglementaire: je pense notamment à la nouvelle source d'iodine-131, qui sert à traiter les cancers de la thyroïde, aux essais cliniques du fluorine-18, qui nous permettra d'utiliser moins de technétium MDP, et à l'approbation, avant même qu'il ne commence à être produit, du molybdène-99 de provenance australienne.
Le document d'orientation que le groupe d'experts a publié et continue de mettre à jour nous a été très utile. Je crois que l'ACTRM donne quelques exemples de la manière dont il a permis d'aider concrètement certains départements.
Nous devons enfin signaler les efforts colossaux déployés par nos technologues, grâce à qui nous avons pu changer nos façons de faire. Et c'est justement parce que nous avons pu changer nos façons de faire que nous avons réussi à assurer les services aux patients. Nous avons ainsi atteint une certaine stabilité, même si, comme je le disais tout à l'heure, elle ne tient qu'à un fil.
Nous avons réussi, je crois, à faire en sorte que tous les patients qui avaient besoin d'une scintigraphie puissent y avoir accès. Il faut absolument souligner la manière incroyable dont nos départements ont géré cette crise. J'ai été ravi ce matin de voir que l'AMC avait reconnu publiquement, dans une lettre, la contribution de la communauté médicale et du milieu de la technologie médicale.
Plusieurs choses nous ont cependant aidés, notamment le fait qu'en règle générale, les stocks de technétium-99 étaient légèrement plus élevés que nous l'avions craint pendant la période critique qui a suivi la mise en arrêt du réacteur NRU. Je vous ai remis deux graphiques, dont l'un représente les stocks de technétium à l'échelle nationale. On y constate qu'à long terme, les stocks nationaux n'ont jamais chuté sous la barre des 50 p. 100, sauf au tout début. On peut donc dire que le Canada s'en tire bien dans l'ensemble. Mais ce que ce graphique ne montre pas, ce sont les difficultés éprouvées par certains établissements.
Le second graphique illustre les stocks de différents établissements du Québec et de l'Ontario — cette semaine et la semaine dernière. Nous avons choisi ces deux provinces parce que c'est là que la crise s'est fait le plus gravement sentir.
Permettez-moi de prendre une minute pour vous expliquer le graphique devant vous. À gauche, la colonne où vous voyez « 7 500 mCi » représente la quantité de produits radioactifs qui étaient fournis à chacun des établissements avant le début de la crise. Les colonnes « ordre livré » correspondent à la quantité fournie pour chacune des deux semaines. Vous devinerez évidemment que le pourcentage juste à côté illustre la proportion de produits livrés aujourd'hui par rapport à la quantité livrée avant la mise en arrêt du réacteur NRU. Les cases ombrées signifient que c'est l'hôpital qui a demandé moins de produits. Vous pouvez donc voir que, la première semaine, il n'y a pas eu de problèmes majeurs nulle part. Cette semaine, par contre, les stocks sont peu élevés. Et parce que le réacteur Petten a été mis en arrêt, nous prévoyons que les stocks de la semaine prochaines ne seront pas mieux.
Nous avons recueilli les données que vous voyez pour chaque établissement hospitalier depuis que le réacteur a été mis en arrêt. C'est quand même remarquable que nous ayons réussi à soigner un aussi grand nombre de patients avec moins de produits qu'avant.
Vous savez, la dernière fois que j'ai comparu devant vous, je vous disais à quel point il était important de comprendre les différences, surtout en Ontario, entre les grands hôpitaux et les petits. Comme le mentionnait le Dr Tracey, certains petits établissements hospitaliers de l'Ontario ont un mal fou à réagir si les stocks viennent à manquer ou si un problème survient soudainement. Je vous donne un exemple: il y a deux semaines, comme un des pilotes d'Air France a refusé de transporter des produits radioactifs dans son avion, son chargement ne s'est jamais rendu. Résultat: les petits centres ont été pris de panique, car ils peuvent moins bien réagir aux imprévus que les grands centres.
Deuxièmement, je m'inquiète de constater que, partout au pays, le nombre de patients que l'on envoie en médecine nucléaire diminue de plus en plus. Je crois que c'est parce que les gens craignent que les tests qu'on leur prescrit ne se fassent pas. Cette situation m'inquiète pour deux raisons: primo, parce que cela signifie que les patients n'ont pas accès aux meilleurs tests du premier coup; secundo, parce que ce sont les autres secteurs du réseau d'imagerie médicale qui écopent, vu que ce sont eux qui se retrouvent avec le surplus de patients.
Nous entendons également beaucoup parler des coûts. Comme la crise dure depuis déjà six mois, je pense que nous commençons à comprendre les effets des augmentations de coûts que nous avons connues, qu'il s'agisse des augmentations qui étaient déjà prévues avant la mise en arrêt du réacteur NRU ou des augmentations directement liées à la crise. Nous commençons donc à en comprendre les effets, plus particulièrement sur les départements de moindre envergure, qui n'ont pas les ressources des plus grands. Selon nous, il faudra absolument comprendre les effets réels des coûts pour le prochain cycle de planification.
Enfin, je tenais à vous dire qu'il y a quelques semaines, l'Association canadienne des technologues en radiation médicale a publié un sondage dans lequel elle recense un certain nombre de problèmes. Au premier rang arrive le surmenage chez les technologues, à qui on demande de faire l'impossible sur de très longues périodes. L'association nous apprend également que de 8 à 9 p. 100 des établissements interrogés pensent être obligés de couper dans le personnel à cause de la diminution des activités.
Qui plus est, il faut absolument que nous ne perdions pas de vue, comme le disait M. West, que l'année 2010 risque d'être difficile. L'une de mes tâches consistera, au cours des prochains mois, à bien comprendre la portée des six derniers mois et à m'en servir pour planifier l'année 2010. Dans le meilleur des mondes, le réacteur NRU reprendrait du service, le Petten ne serait arrêté que pour la période prévue et nous survivrions sans trop de peine. Mais il ne faut pas oublier que l'équilibre est fragile et que nous parvenons tout juste à garder la tête hors de l'eau.
C'est pourquoi je me permettrai de suggérer trois ou quatre initiatives au comité, monsieur le président. Premièrement, conjointement avec l'Institut canadien d'information sur la santé, nous prévoyons organiser un grand sondage national sur les effets qu'ont eus les six derniers mois sur le nombre de patients envoyés en médecine nucléaire, sur le recours aux autres modalités et sur le recours aux produits radiopharmaceutiques. Les résultats nous aideront ensuite à mieux planifier l'avenir.
Deuxièmement, je crois que le concours organisé par l'institut produira plusieurs idées innovatrices dont nous aurions avantage à nous inspirer et que les résultats de la recherche nous permettront peut-être d'obtenir de l'aide à moyen terme. Mais rien à court terme, malheureusement.
Troisièmement, nous attendons tous impatiemment les résultats du groupe d'experts. Tous les quatre, cet après-midi, avons parlé du groupe d'experts. Je suis convaincu que, sur les 22 propositions, il y en aura au moins quelques-unes qui seront innovatrices. Il suffira ensuite de dégager celles qui nous aideront le plus.
Il faut également comprendre les retombées des avancées technologiques. Qu'il s'agisse des produits radiopharmaceutiques, des nouvelles technologies ou des caméras gamma de nouvelle génération, nous devons utiliser le processus et la période de planification pour bien en comprendre les retombées potentielles et pour répertorier les données qu'il faudra réunir pour en valider la mise en service, toujours dans le but d'offrir les meilleurs soins possible aux patients.
Enfin, nous estimons qu'il faudra certainement travailler main dans la main avec les gens du milieu et bien comprendre les enjeux financiers et de planification qui nous attendent, car il faudra être préparé au pire comme au meilleur en 2010. Quant à moi, je ferai tout en mon pouvoir, en collaboration avec mes collègues praticiens autant qu'avec l'industrie et le ministre, pour trouver les meilleures options afin que les soins aux patients ne soient jamais compromis.
Comme lors de mon dernier passage devant vous, monsieur le président, je terminerai en rappelant aux membres du comité que je suis d'abord et avant tout un praticien. Tous les jours, à ma clinique, je rencontre des patients, je pose des diagnostics et je donne des traitements. Tous les jours, je discute avec mes patients, comme le font tous mes collègues praticiens. Il ne faut jamais oublier que ce sont eux, les patients, qui doivent être au centre de nos réflexions.
Je vous remercie.
L'enquête menée par l'ACTRM était très utile parce qu'elle a répondu à certaines questions. Si l'on regarde à quel point la situation les inquiète, la plupart d'entre eux — environ deux tiers des centres qui ont répondu — doivent ajouter des postes et du travail.
Lorsqu'on jette un coup d'oeil sur l'ensemble du Canada, on remarque que la situation varie beaucoup d'une région à l'autre. La Colombie-Britannique et l'Alberta se débrouillent très bien. Certaines parties de l'Ontario gèrent très bien la situation; d'autres, pas bien du tout.
J'ai l'impression que cela reflète les plus petits centres qui sont approvisionnés par un seul générateur. Un centre qui reçoit une petite quantité d'un petit générateur aura plus de difficulté que si la petite quantité provenait d'un très grand générateur.
Une des tâches qui me revient et qui n'est pas facile, c'est de comprendre les centres qui ont beaucoup de difficulté. La situation est la même au Québec. Certains centres se débrouillent très bien. D'autres — encore une fois, surtout les plus petits — ont de la difficulté à s'en sortir.
Je dois me pencher sur trois ou quatre grandes questions pour l'avenir. La première, c'est la supposition que Petten et le NRU fonctionneront bien tous les deux l'an prochain; si c'est bien le cas, la communauté pourra, en gros, continuer à travailler comme elle le fait, sans la tension. Or, cela ne change pas le fait que nous devons planifier la prochaine génération de médecine nucléaire, de services et de tests. Toutefois, si nous avons des problèmes avec le NRU ou Petten l'an prochain, alors nous devrons vraiment trouver d'autres options.
J'espère que les IRSC accompliront de grandes choses, notamment l'élaboration de mécanismes servant à fournir des preuves pour mettre en place, par exemple, un nouveau test en imagerie cardiaque ou un nouveau test en imagerie des reins. C'est important de réunir les preuves très vite afin d'introduire les mesures dans la pratique clinique dès que possible.
Nous devons examiner très attentivement les résultats du groupe d'experts de RNCan. Nous connaissons tous une ou deux des propositions qui ont été présentées — probablement pas les mêmes unes ou deux. Notre communauté est petite, et nombre d'entre nous participent soit directement, soit indirectement à certaines des propositions. Certaines sont très innovatrices. Certaines coûtent très cher. Nous devons comprendre à quelle vitesse elles peuvent nous permettre de commencer à produire du technétium de façon régulière pour nos patients.
Il est important que nous pensions aussi à la transition. Utiliserons-nous le technétium pendant les 200 prochaines années, ou devons-nous nous pencher sur l'élaboration de la prochaine génération de tests? C'est un point primordial. Au fur et à mesure que le concept de médecine personnalisée gagne du terrain, il devient très important que nous planifiions de façon proactive la manière d'inclure la médecine nucléaire dans tout cela.
J'ai déclaré dans le cadre de séances que dans un sens, la crise actuelle offre une belle occasion à la communauté, car elle nous donne les moyens et les conditions nécessaires pour examiner comment employer nos techniques pour aider la prochaine génération de patients.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie, messieurs, de vos déclarations.
Je viens d'une région rurale du Canada et je ne peux m'empêcher de penser à ce que doivent ressentir les personnes qui souffrent du cancer ou celles qui ont de la parenté qui souffre du cancer. Elles doivent s'inquiéter de ce qui pourrait arriver dans les prochains mois.
Compte tenu de ce que je vous ai entendu dire, j'ai l'impression que l'approvisionnement se détériorera avant de s'améliorer. Je mets cela sur le compte de l'inaction gouvernementale, en particulier en ce qui a trait au projet MAPLE.
Monsieur West, vous avez dit que l'Europe s'occupe d'elle-même, mais qu'en Amérique du Nord, la chaîne d'approvisionnement est différente. Cela m'inquiète. Habituellement, je ne siège pas à ce comité. Je m'occupe principalement du secteur agricole. Nous, les Canadiens, sommes les scouts du monde entier, et nous continuons d'approvisionner les États-Unis, même lorsque, parfois, nous ne le devrions pas, en particulier lorsqu'il s'agit du pétrole. En revanche, ils n'hésitent pas longtemps à nous couper les vivres pour une raison ou pour une autre.
S'il y a une pénurie en Amérique du Nord, quelle est la probabilité que nous soyons approvisionnés par les États-Unis de manière proportionnelle? Quelle est la probabilité que cela se produise, et pourquoi est-ce le cas? Est-ce parce que les États-Unis possèdent un système de santé privé et des chaînes d'approvisionnement différentes? Nous devons examiner cette question et la régler.
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Merci, monsieur le président.
Je suis accompagné aujourd'hui de M. Richard Côté, vice-président responsable du commerce des isotopes.
M. Hugh MacDiarmid, Ie président-directeur général d'EACL, m'a demandé de vous dire qu'il regrettait de ne pas pouvoir être présent aujourd'hui. II assiste au mariage de sa fille en Alberta et il espère que vous comprendrez son absence.
J'aimerais faire Ie point sur I'avancement des travaux de réparation du réacteur national de recherche universel aux installations de Chalk River. Comme vous Ie savez peut-être, nous continuons de faire preuve de la plus grande transparence possible. Nous continuons de divulguer nos progrès de façon proactive sur une base hebdomadaire. Mercredi dernier, nous avons publié notre 25e rapport d'étape sur Ie NRU, dans lequel nous communiquons au public toute I'information sur I'état d'avancement des travaux de réparation.
En outre, nous utilisons toujours notre site Web sur la mise hors service, nrucanada.ca, dans lequel nous fournissons une large gamme de renseignements sur Ie NRU et les réparations. Jusqu'à maintenant, nous avons affiché dans Ie site huit vidéos traitant de divers aspects des réparations. Je vous recommande de visiter ce site et de visionner les vidéos.
Dans nos comptes rendus sur la mise hors service, nous donnons une estimation de la durée de I'arrêt du réacteur. Cette estimation est toujours fondée sur les meilleures preuves disponibles, y compris les plus récentes analyses des données d'inspection, I'évolution des stratégies de réparation et Ie cheminement critique pour la remise en service après un arrêt prolongé. Pour I'instant, je peux vous assurer que nous respectons I'échéancier établi qui prévoit la remise en service du réacteur au cours du premier trimestre de I'année civile 2010.
Nos progrès continus sont attribuables en grande partie aux employés talentueux et dévoués des installations de Chalk River et de leurs collègues d'EACL à Mississauga. Les travaux sur Ie réacteur se poursuivent sept jours sur sept, jour et nuit, depuis la mise hors service qui a eu lieu en mai. Je tiens également à souligner Ie dévouement de nos partenaires fournisseurs, comme Promation à Mississauga, en Ontario, et Liburdi Engineering à Dundas, en Ontario, qui ont travaillé sans relâche avec les groupes d'EACL chargés de la conception et de la fabrication des outils. Ils nous ont aidés à concevoir et à fabriquer les nombreux outils dont nous avons besoin pour effectuer les travaux pendant la mise hors service du réacteur.
À ce jour, plus de 20 nouveaux outils uniques ont été créés pour le travail d'inspection, de nettoyage et de réparation. La collaboration avec ces fournisseurs et I'intégration de I'expertise d'EACL à celle d'autres entreprises canadiennes et multinationales qui possèdent d'autres compétences dans Ie domaine nucléaire sont impressionnantes et revêtent une très grande importance.
Par exemple, dans Ies activités de conception des outils, nos partenaires ont travaillé en collaboration avec les spécialistes d'EACL. Des employés d'EACL se sont installés dans les locaux des fournisseurs, où ils sont en mesure de mettre à I'essai et d'homologuer Ie matériel et de s'exercer avec les maquettes du réacteur NRU. Les travaux effectués dans les installations de Promation et de Liburdi sont transférés sans heurts à Chalk River pour la mise à I'essai finale et la formation à I'aide de la maquette grandeur nature du réacteur NRU.
Lors d'une séance antérieure, j'ai indiqué au comité les trois phases du plan de remise en service. J'aimerais aujourd'hui faire Ie point sur les progrès que nous avons accomplis par rapport à chacune de ces trois phases.
La première phase comprenait une évaluation de I'état du réacteur et Ie choix d'une technique de réparation. Cette phase a été achevée à la fin du mois d'août.
Pour la réparation elle-même, nous avons opté pour une technique de renforcement par soudage à six endroits précis. La deuxième phase consiste à mettre en oeuvre la stratégie de réparation.
Comme nous en avons déjà discuté, les difficultés liées aux réparations découlent du fait que I'accès se limite à une ouverture de 12 centimètres située à 9 mètres de la zone à réparer, et qu'il s'agit d'un milieu radioactif. Comme je I'ai déjà mentionné, des essais exhaustifs du processus de réparation et des outils spécialisés sont en cours.
En ce qui a trait à la réparation, je peux également signaler que la Commission des normes techniques et de la sécurité (CNTS) a presque terminé les travaux d'homologation du processus de soudage pour les outils de réparation nouvellement fabriqués. D'après deux essais de soudage réalisés la semaine dernière, la technique proposée respecte les exigences de la CNTS. D'autres essais d'homologation de I'outil de soudage et d'autres essais de soudage sont actuellement réalisés dans les installations des fournisseurs.
En parallèle avec les activités d'homologation relatives au soudage, on prépare les emplacements où celui-ci sera effectué. Le premier nettoyage contrôlé à distance est en cours; on enlève I'accumulation normale qui se forme sur la paroi du réacteur lors de son fonctionnement. D'autres travaux de préparation de la surface sont actuellement élaborés. Ces activités sont nécessaires pour préparer les emplacements pour Ie soudage. Une fois les réparations terminées et une dernière inspection faite pour confirmer les résultats, la troisième phase consistera à remettre Ie réacteur en service, sous I'entière surveillance de la CCSN. Ces trois phases sont étroitement liées et se chevauchent en partie. Cette démarche nous permettra de remettre Ie réacteur en service aussitôt que possible, sans compromettre la sécurité, pendant Ie premier trimestre de 2010.
J'aimerais mentionner que mon collègue Richard Côté communique régulièrement avec les autres producteurs d'isotopes de partout dans Ie monde. Ensemble, les producteurs déploient tous les efforts pour établir un calendrier de production et d'arrêts planifiés pour les travaux d'entretien de manière à maximiser la production d'isotopes et à réduire au minimum les interruptions dans I'approvisionnement.
Avant de terminer, je tiens à réitérer notre conviction qu'il est possible de réparer Ie réacteur NRU et que Ie programme de réparation est la meilleure option qui soit pour assurer I'approvisionnement continu en isotopes médicaux aux patients.
Merci.