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Bonjour à tous. Nous allons reprendre aujourd'hui notre étude sur la contribution d'une approche intégrée des services énergétiques dans les collectivités canadiennes.
Nous accueillons les représentants de quatre groupes. Je vais présenter la personne qui, selon moi, fera l'exposé, puis je vais lui laisser le soin de présenter les autres membres de son groupe. Tout d'abord, il convient de préciser que cette partie de la séance se terminera à 17 heures. La sonnerie retentira à 17 h 15; par conséquent, nous disposerons d'un quart d'heure pour examiner les deux motions dont le comité est saisi aujourd'hui.
Revenons à l'ordre du jour principal. Nous entendrons Karen Farbridge, mairesse de la Ville de Guelph; Sean Pander, gestionnaire de programme pour la sauvegarde du climat à la Ville de Vancouver; Brendan Dolan, représentant et vice-président d'ACTO Gas, au sein de la communauté solaire Drake Landing; et enfin, Jamie James, représentant et partenaire du groupe Développement Windmill.
Encore une fois, je vous saurais gré de bien vouloir présenter les personnes qui vous accompagnent en début d'exposé. Comme il y a quatre groupes de témoins, pourrais-je vous demander de limiter votre déclaration à un peu moins de dix minutes, peut-être même à cinq? Cela nous aiderait beaucoup. Toutefois, si vous ne pouvez pas abréger votre exposé, ce n'est pas grave, pourvu que vous ne dépassiez pas les dix minutes qu'on vous accorde.
Nous allons donc procéder selon l'ordre indiqué à l'ordre du jour, en commençant par Karen Farbridge, mairesse de Guelph. Vous disposez d'un maximum de dix minutes.
C'est vraiment un plaisir que d'être ici aujourd'hui. Je suis accompagnée de Jasmine Urisk, vice-présidente de Guelph Hydro Inc., et de Janet Laird, directrice des services environnementaux à la Ville de Guelph.
Pour vous situer un peu, si vous prenez la deuxième diapositive, on y indique que Guelph est une ville de taille moyenne située à 100 kilomètres à l'ouest de Toronto. Nous sommes 121 000 habitants aujourd'hui et nous prévoyons en être 175 000 dans 25 ans. La Ville de Guelph est reconnue comme un centre de croissance urbaine dans le plan de développement régional du Grand Golden Horseshoe.
Le développement durable est un principe essentiel de notre stratégie, et c'est pourquoi nous sommes heureux de pouvoir vous parler des plans énergétiques communautaires auxquels nous travaillons. Cela a commencé en 2004, lorsque des organisations des secteurs privé, sans but lucratif et public se sont regroupées pour élaborer un plan énergétique communautaire. Je tiens particulièrement à souligner la participation de nos sociétés de service public, Guelph Hydro et Union Gas, qui ont joué un rôle clé dans cette initiative. De concert avec notre équipe de consultation, Garforth International, nous avons établi un plan énergétique communautaire qui a été adopté à l'unanimité en 2007 par le conseil municipal.
À la page suivante, vous trouverez les cinq objectifs du plan énergétique communautaire: tout d'abord, la Ville de Guelph sera reconnue comme un lieu d'investissement de premier choix; tous auront accès à une variété de services fiables et concurrentiels d'énergie, d'aqueduc et de transport; la consommation d'énergie par habitant et les émissions de gaz à effet de serre seront inférieures à la moyenne mondiale actuelle; la consommation d'eau et d'énergie par habitant sera inférieure à celle des villes canadiennes similaires; et enfin, tous les investissements publics contribueront ostensiblement à l'atteinte des quatre objectifs du plan énergétique communautaire.
La diapositive suivante illustre la filière énergétique dysfonctionnelle de la Ville de Guelph que nous avons dû modifier dans notre plan énergétique communautaire. Notre système d'approvisionnement en énergie perd jusqu'à 90 p. 100 de son énergie avant même que nous l'utilisions dans nos maisons et nos édifices. Le plan énergétique communautaire vise à renverser cette tendance afin que nous puissions récupérer cette énergie perdue et accroître l'efficience de notre système énergétique.
Pour ce faire, nous avons dû établir cinq priorités. Tout d'abord, nous attachons beaucoup d'importance à l'efficacité énergétique. Il ne faut pas consommer au-delà des besoins. Ensuite, il y a la récupération de la chaleur. Si cette chaleur est déjà produite, pourquoi ne pas en faire bon usage? Troisièmement, mentionnons la cogénération. Pourquoi gaspiller le carburant de la centrale? Nous pouvons générer à la fois de la chaleur et de l'électricité, puis utiliser les deux. En quatrième lieu, il faut miser sur l'énergie renouvelable. Lorsque c'est possible, optons plutôt pour une solution sans carbone. Enfin, nous faisons équipe avec nos sociétés de service public afin d'investir là où c'est nécessaire dans le but de maximiser le recours aux réseaux comme ressource, d'optimiser l'ensemble du système et d'assurer la fiabilité.
Nos stratégies prioritaires sont énumérées à la page suivante. Je ne vais pas m'éterniser sur chacune d'elles. Au verso de votre document, vous y trouverez plus de détails sur la façon dont nous comptons les réaliser. Les trois premières portent sur l'efficacité. Il est ensuite question de systèmes de récupération de chaleur et de réseaux énergétiques collectifs. À notre avis, l'énergie de la biomasse et l'énergie solaire sont les sources d'énergie renouvelables les plus favorables. Enfin, nous expliquons comment nous nous organisons en tant que société de services énergétiques diversifiés et comment nous menons des projets échelonnables qui seront éventuellement tous reliés. La liste des stratégies variera d'une communauté à l'autre selon les infrastructures en place; ce sera une combinaison de ces stratégies et des différents plans de mise en oeuvre.
Les deux prochaines diapositives illustrent la contribution cumulative des stratégies à l'atteinte de nos objectifs communautaires. Je les ai inscrites pour vous montrer que nous nous étions penchés sur l'efficacité et les énergies renouvelables, mais celles-ci n'entrent pas en ligne de compte. C'est ici que la composante intégrée prend toute son importance. Nous nous tournons donc vers les réseaux locaux de production et les réseaux énergétiques collectifs pour nous permettre de réaliser les objectifs que nous nous sommes fixés. Nous pouvons également voir la contribution des stratégies à la réduction de la consommation énergétique et à la réduction des émissions de gaz à effet de serre par habitant.
Il serait faux de penser que nous pourrions faire fi d'une de ces stratégies et réussir. Ces stratégies sont intégrées et dépendent toutes l'une de l'autre.
Pour résumer rapidement le plan auquel nous travaillons, sachez que dans 25 ans, nous consommerons 50 p. 100 de moins d'énergie, et ce, même si la population aura augmenté de 54 000 habitants. Nous voulons dissocier la consommation énergétique de l'accroissement de la population. Ensuite, nous aurons réduit nos émissions de gaz à effet de serre de près de 60 p. 100, et notre approvisionnement énergétique sera plus abordable, ce qui permettra d'attirer de nouveaux investissements et de réduire les coûts pour la ville.
Très brièvement, il y a deux éléments semblables qui reviennent dans certains des projets d'envergure que nous menons. Tout d'abord, on y retrouve un plan énergétique intégré et un zonage énergétique. Ensuite, il est question de cogénération et de réseaux énergétiques collectifs, ce qui nous amène à la structure diversifiée de notre plan.
L'Université de Guelph et Guelph Hydro ont établi un partenariat afin d'installer une turbine à gaz qui produira à la fois de la chaleur et de l'électricité pour le système énergétique collectif. Comme vous pouvez l'observer, cela entraînera des économies pour l'université et une diminution des émissions de gaz à effet de serre. Il y a d'autres avantages, notamment la réduction de la charge locale de Guelph Hydro et d'Hydro One.
Nous nous penchons également sur des plans de faisabilité avec le quartier de l'hôpital. Celui-ci sera le point central du système énergétique collectif et fera partie de notre plan de remise en valeur et d'intensification du centre de croissance urbaine.
Il y a ensuite le quartier de l'innovation de Guelph, une friche industrielle de 1 000 acres. Nous travaillerons également à l'établissement d'un plan directeur intégré, qui comprend la cogénération et un système énergétique collectif. Cela permettra de créer des possibilités d'emplois dans la collectivité.
La diapositive suivante illustre ce qui pourrait être réalisé. Au milieu du graphique, vous pouvez voir l'usine de cogénération. Elle est en place et appartient à Guelph Hydro. Nous utilisons des gaz d'enfouissement à cette usine pour produire de l'électricité.
Grâce à un digesteur anaérobique industriel qui recueillera davantage de méthane et l'acheminera vers l'usine, nous serons en mesure d'accroître sa productivité. Au moment où l'on se parle, nous gaspillons la chaleur; c'est pourquoi nous voulons trouver un moyen de la conserver. Nous discutons actuellement avec un promoteur local de la possibilité de canaliser et d'acheminer cette chaleur vers un nouveau lotissement pour y chauffer les maisons. Cela montre donc à quel point nous pouvons relier tous ces éléments afin de tirer profit de ce qui n'était autrefois que des rebuts.
Par ailleurs, depuis que le plan énergétique communautaire a été approuvé en 2007, nous avons pris un incroyable élan. Nous avons mis en branle 60 projets au sein de la communauté.
Guelph Hydro mène les études de faisabilité des projets échelonnables. J'ai parlé du partenariat avec l'Université de Guelph. Nous nous sommes également associés avec les centres d'excellence de l'Ontario pour non seulement préparer un plan et le mettre à exécution, mais aussi élaborer un modèle qui pourrait être reproduit dans d'autres collectivités. Ce printemps, nous allons créer un groupe de réflexion pour aller de l'avant avec notre mise en oeuvre.
Quels sont les obstacles que nous devons surmonter?
Tout d'abord, au niveau municipal, de nouveaux processus sont requis pour passer à des méthodes de conception intégrées. Nos processus ont tendance à être linéaires. Nous devons donc élaborer des modèles extensibles et reproductibles pouvant être utilisés dans d’autres collectivités.
Ensuite, à l'échelle provinciale, des retards dans la promulgation de règles claires nous empêchent de progresser. Le projet de l'université sera retardé jusqu'à ce que nous connaissions l'offre relative à l'énergie propre. Nous devons avoir en place des règles claires.
Au fédéral, l’approche cloisonnée fait en sorte que les plans intégrés doivent être « démontés » pour correspondre aux critères. Cela représente un obstacle.
En ce qui a trait aux secteurs public et privé, de nouveaux modèles sont requis pour reproduire un modèle intégré et diversifié.
Enfin, le gouvernement fédéral doit comprendre que c'est bien réel; c'est en marche; il y a de plus en plus d’élan au niveau local. Il doit aussi promouvoir une vision nationale pour des systèmes d’énergie urbains intégrés, durables et fiables dans les collectivités canadiennes.
De plus, le gouvernement doit contribuer à l’élan croissant, au moyen du financement accordé, des politiques, des fonds alloués aux programmes, de la technologie, et de la recherche et développement, pour soutenir des villes qui adhèrent aux systèmes d’énergie urbains intégrés. Des pratiques durables au niveau de la collectivité nous aideraient certainement à poursuivre et à maintenir cet élan.
Merci beaucoup.
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Je vais aller rapidement. Nous nous concentrerons principalement sur l'aménagement de Southeast False Creek, lieu d'accueil du Village olympique, afin d'illustrer comment nous procédons à la planification énergétique intégrée et déployons ces systèmes. Je parlerai brièvement des avantages que cela présente selon nous, puis je vous montrerai à quel point, au-delà d'un simple projet, cela change notre façon de fonctionner et notre manière de concevoir la planification et le développement partout dans la ville.
Je vais commencer par parler de Southeast False Creek. Il s'agit d'une friche industrielle compacte à usage mixte qui comprend des bâtiments verts, un système de chauffage renouvelable de quartier ainsi que des réseaux et des plans de transport électrique et durable. Je ne soulignerai jamais assez l'importance de l'usage des terrains par des collectivités mixtes à haute densité. Ce type d'aménagement est propice aux transports en commun et au transport actif, favorise les bâtiments verts et constitue vraiment un élément clé pour que le chauffage de quartier et les systèmes à énergie renouvelable de quartier fonctionnent sur le plan économique. C'est un élément fondamental.
Le service public d'énergie de quartier de Southeast False Creek, notre réseau thermique de quartier, est en construction. Nous fournirons de la chaleur au village lorsque la construction sera terminée. Le centre énergétique lui-même sera achevé dans quelques mois. Il est pratiquement prêt à entrer en fonction. Je vais vous expliquer en quoi cela consiste.
Il s'agit en réalité d'un service de chauffage assurant la distribution de la chaleur dans l'ensemble du quartier, lequel, au terme de son aménagement, accueillera 16 000 résidents. Nous distribuons cette énergie thermique dans le quartier en utilisant des conduites d'eau chaude souterraines, ce qui est réellement l'élément central. J'y reviendrai un peu plus tard. Cette chaleur est transportée depuis l'infrastructure de chauffage du quartier vers les édifices au moyen d'échangeurs de chaleur, puis la chaleur sert au chauffage de l'eau ou des locaux dans l'ensemble des édifices.
La majeure partie de la chaleur est produite dans un centre d'énergie du quartier, et je compte y revenir en plus grand détail dans une diapositive qui suivra. Avant d'aborder la question des édifices verts, je vais vous parler encore un peu des diverses sources de chaleur du quartier utilisées à cette fin.
Je le répète, l'élément central d'un système de quartier est en fait l'infrastructure de distribution énergétique. Il existe bien des options pour produire de la chaleur de manière durable, et il n'y a pas de solution unique. J'insiste sur l'importance de ne pas s'arrêter à une seule technologie, car les possibilités sont nombreuses et variées, et il existe de nombreuses technologies diverses qui fonctionneront dans différents contextes.
À Southeast False Creek, nous avons examiné toute une gamme de possibilités. Nous avons envisagé la géothermie, la biomasse et l'extraction de chaleur des eaux usées, et avons finalement opté pour un système d'extraction de chaleur des eaux usées. En fait, nous étions de toute manière en train de reconstruire un poste de pompage des eaux d'égout adjacent à ce quartier. Nous avons examiné les choses et avons déclaré qu'en extrayant la chaleur du réseau d'assainissement grâce à une technologie de pompe à chaleur, cette source d'énergie résiduelle nous permettrait de combler 70 p. 100 des besoins en chauffage du quartier en entier. C'est donc cette technologie que nous avons choisie pour fournir l'essentiel de la chaleur. Lorsqu'il fera très froid et que nous aurons besoin d'un peu de chaleur supplémentaire, nous nous servirons de chaudières au gaz naturel comme source de chaleur d'appoint pour faire face à ces charges thermiques de pointe.
L'autre chose à retenir en ce qui concerne ce système qui est à la base de l'eau chaude, c'est qu'il favorise également les solutions intégrées aux immeubles. Ainsi, trois des édifices de Southeast False Creek auront des capteurs de chaleur solaire sur leurs toits. Lorsque ces panneaux capteurs de chaleur solaire produiront plus de chaleur que n'en requiert l'édifice, ils pourront envoyer l'excédent dans cette infrastructure, et le réseau de conduites d'eau chaude souterraines permettra de le distribuer dans tout le quartier.
Pour en revenir à la diapositive précédente concernant les édifices verts, comme l'a dit tout à l'heure la mairesse de Guelph, il s'agit d'abord et avant tout d'efficacité. À Southeast False Creek, nous avons commencé par là. Tous les édifices de cet aménagement de cinq millions de pieds carrés se classeront LEED or ou mieux, et le centre communautaire sera certifié LEED platine. Enfin, nous construisons un projet pilote d'habitation à consommation énergétique nette zéro qui deviendra, une fois sa construction achevée, un complexe domiciliaire plurifamilial pour personnes âgées.
Le but est de nous aider à faire en sorte que d'ici 2030, toutes les nouvelles constructions soient neutres en carbone. Le conseil a donné à son équipe l'objectif que tous les nouveaux lotissements soient neutres en carbone d'ici 2030. Pour y arriver, nous devons accorder la priorité à l'efficacité en matière d'édifices et de sources d'énergie renouvelables. Encore une fois, un système énergétique de quartier est un élément d'infrastructure habilitant en matière d'énergie renouvelable.
Le dernier élément de l'exemple de Southeast False Creek illustre comment nous avons procédé en matière de transports durables. J'ai déjà parlé de l'importance des aménagements compacts à usage mixte pour permettre les transports publics, la marche et la bicyclette. Ce système se trouve à proximité immédiate du centre-ville, le plus grand centre d'emploi de la province. En procédant comme d'habitude, on aurait utilisé des plinthes électriques pour le chauffage de ces édifices. Mais en mettant en place un système de chauffage de quartier, nous avons laissé la capacité thermique dans le centre-ville et permis à cette électricité d'être produite par d'autres sources.
L'une des applications que nous considérons très importantes dans une perspective d'avenir faible en carbone, c'est l'électrification des transports. Ainsi, tous les édifices de Southeast False Creek auront des circuits dédiés pour le rechargement des véhicules électriques. Il y aura également une électrification des transports publics. Le nouveau réseau Canada Line pour les transports de l'aéroport au centre-ville, qui sera bientôt ouvert, fonctionne à l'électricité. La ville jugeait assez important de financer la construction d'une station pour ces quartiers afin d'appuyer les choix effectués, mais de plus, nous considérons qu'il s'agit d'une formidable occasion de réintroduire des tramways dans Vancouver. Durant les Olympiques, nous mettrons en oeuvre un projet pilote en espérant pouvoir l'étendre et le maintenir au-delà des Olympiques et prolonger la ligne jusqu'au centre-ville.
Quels sont donc, selon nous, les avantages des systèmes d'énergie intégrés? Nous considérons réellement que les édifices, les routes et les infrastructures énergétiques que nous construisons aujourd'hui seront encore là dans 50 à 100 ans. Il s'agit là d'investissements à long terme, et c'est pour nous une simple question de bon sens, si nous devons utiliser des biens publics, d'investir pour faire face aux défis de demain et de rechercher des aménagements dont les coûts de cycle de vie sont peu élevés. De plus, lorsque nous construisons des édifices, nous le faisons de manière à répondre à des défis multiples, au lieu de faire en sorte qu'un seul élément d'infrastructure relève un défi unique.
Nous considérons donc que ces initiatives sont importantes pour l'atteinte de nos cibles de réduction des gaz à effet de serre. Nous estimons qu'elles sont cruciales sur le plan de la capacité de nos communautés à s'adapter à une réduction de leur dépendance aux combustibles fossiles pour des fins de transport, de chauffage et d'énergie. À nos yeux, c'est vraiment important. Le fait d'avoir cette infrastructure d'eau chaude et d'utiliser ces pompes à chaleur aujourd'hui implique que le réseau sera prêt à accepter facilement la technologie, peu importe la forme qu'elle prendra, dans 15 ans. Nous ignorons ce que sera la technologie de demain, mais l'eau chaude permet cela. C'est viable sur le plan économique. Il ne s'agit pas d'une folle idée dans laquelle nous injectons de l'argent parce qu'elle semble bonne. Ce projet est financé au moyen des frais de services facturés aux consommateurs, lesquels frais seront concurrentiels par rapport à ce qu'on paierait pour de l'électricité. Enfin, j'estime que c'est très important parce que cela favorise le développement économique ainsi qu'une économie innovatrice.
Il y a une dernière initiative dont j'aimerais vous parler. Il s'agit d'un exemple précis, mais nous appliquons les concepts en question à toute la ville. Nous avons une stratégie d'édifices verts dans le cadre de laquelle nous appliquons des contrôles de l'utilisation du sol et des codes du bâtiment. Vancouver administre son propre code du bâtiment, ce qui est très rare au Canada. Nous recourons à ces mécanismes de contrôle pour améliorer systématiquement l'efficacité de nos édifices, et nous voulons commencer à les utiliser pour mettre en place des exigences relatives à l'énergie renouvelable au fur et à mesure que nous avancerons. Nous faisons cela à l'échelle de la ville entière, et nous avons les meilleures exigences en matière d'efficacité énergétique de tous les codes en Amérique du Nord pour ce qui est de nos habitats individuels. Notre méthode prescriptive prévoit des niveaux plus élevés que ceux d'ÉnerGuide 80 pour toutes les nouvelles maisons unifamiliales.
L'autre sujet dont j'aimerais traiter est celui de l'énergie de quartier. Southeast False Creek est un bon projet, mais beaucoup de gens prétendent que ce n'est qu'un énorme aménagement qui se développe très rapidement. Nous avons commencé à dresser le portrait des possibilités sur le plan des systèmes énergétiques de quartier. Cet exercice implique d'examiner réellement la demande en chaleur existante et sa densité, de même que les besoins futurs en matière de nouveaux réaménagements d'envergure, qui seront denses — et il y aura beaucoup de nouveaux besoins.
Nous avons commencé à examiner les sources de chaleur perdue. Nous avons étudié nos systèmes d'extraction de chaleur des eaux usées, là où nous avions des réseaux de quartier en place. Vous verrez, à la dernière diapositive — je l'ajoute simplement pour vous en donner une illustration —, que tout notre centre-ville est actuellement approvisionné en énergie par un ancien système à vapeur. En ce moment, ce système comporte des chaudières au gaz naturel mais, puisque cette production de chaleur est centralisée, cela nous donne la possibilité de travailler avec cet équipement de chauffage et d'introduire une source de chaleur plus renouvelable. L'Université de la Colombie-Britannique fait également appel à des chaudières au gaz naturel, et désire changer de source de chaleur. Nous avons le projet de Southeast False Creek, qui est presque terminé. Il est situé tout près du Broadway Corridor, où les charges thermiques sont de forte densité. Les édifices qui s'y trouvent utilisent un système de chauffage central à eau chaude; on devrait donc pouvoir le relier à un service public. Juste au sud, nous avons l'Hôpital général avec son système à vapeur; plus bas, le Children and Women's Health Centre; et beaucoup plus bas encore, dans le sud de la ville, on trouve le site d'East Fraserlands, pour lequel nous avons fait une étude de faisabilité.
Un système à énergie renouvelable de quartier paraît viable et, en ce moment, nous négocions pour acheminer de la chaleur depuis un incinérateur de déchets de la municipalité adjacente de Burnaby afin d'assurer l'approvisionnement en chaleur de ce site.
J'aimerais terminer en soulignant que le cas de Southeast False Creek est formidable, mais pas isolé. Il y a de multiples possibilités à Vancouver et dans toutes les communautés urbaines pour la mise en oeuvre de telles stratégies et approches.
Merci.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Aujourd'hui, je suis accompagné de Shahrzad Rahbar, de l'Association canadienne du gaz.
J'ai le plaisir de vous présenter la communauté solaire Drake Landing, un projet qui démontre de quelle manière un système d'énergie intégré faisant appel à une technologie de pointe et à de l'énergie renouvelable répond efficacement aux besoins des clients d'Okotoks en matière de chauffage d'eau et de locaux.
J'aimerais vous parler brièvement d'ATCO Gas. Nous sommes une entreprise de services publics appartenant au secteur privé qui assure l'approvisionnement sécuritaire, fiable et économique de gaz naturel à plus d'un million de clients répartis dans 300 collectivités de l'Alberta. Nous sommes très fiers du fait que nos employés vivent et travaillent dans nos communautés et améliorent la qualité de vie dans ces collectivités que nous desservons. Par ailleurs, à titre de service public du secteur privé, nous sommes régis par l'Alberta Uitlities Commission.
Le but de ce projet était de démontrer la possibilité d'utiliser un système de stockage saisonnier de l'énergie solaire thermique pour combler 90 p. 100 des besoins annuels en chauffage d'une résidence. Dans la collectivité de Drake Landing, il y a 52 maisons. L'un des obstacles de longue date à une telle technologie était l'acceptation de la technologie thermique solaire dans des climats froids, où le soleil est peu présent durant la saison hivernale. Des journées courtes, des ciels ennuagés et des panneaux solaires couverts de neige sont d'autres exemples d'obstacles. Ce projet démontre comment l'intégration efficace de technologies à haut rendement énergétique utilisant un système de stockage saisonnier de l'énergie solaire thermique permet de surmonter ces obstacles.
Ce projet est construit sur les fondations d'un système de chauffage de quartier conçu pour stocker sous terre l'abondante énergie solaire durant les mois d'été, et pour distribuer l'énergie à chacune des maisons à haute efficacité énergétique afin de répondre à leurs besoins en chauffage pendant l'hiver. De plus, des panneaux solaires ont été installés sur chaque habitation pour combler 60 p. 100 de ses besoins annuels domestiques en eau chaude.
Je vais vous donner un aperçu du projet lui-même. C'est dans la communauté solaire de Drake Landing qu'on a procédé à la première mise en oeuvre majeure d'un système de stockage saisonnier de l'énergie solaire en Amérique du Nord. C'est une initiative sans précédent dans le monde, en ce qu'elle est conçue pour fournir 90 p. 100 des besoins en chauffage de chaque maison grâce à l'énergie solaire. Au moment de la construction, il s'agissait du plus grand lotissement de maisons H-2000 au Canada. Chacune des maisons est 30 p. 100 plus efficace qu'une maison normale.
Les principaux partenaires, dans ce projet, étaient le gouvernement du Canada, par l'entremise de Ressources naturelles Canada; le gouvernement de l'Alberta; la Fédération des municipalités canadiennes; la ville d'Okotoks; ATCO Gas; Sterling Homes, le constructeur de résidences; et United Communities, le promoteur du lotissement.
La diapositive suivante montre le fonctionnement du système. On a construit des garages isolés derrière les maisons, et on les a reliés aux bâtiments par des passages couverts. Quatre ensembles de garages ont été bâtis, et sur ces garages, un système de panneaux solaires totalisant 800 panneaux a été installé. On a construit des systèmes à circuit fermé. Il y a un capteur solaire à circuit fermé qui recueille toute l'énergie de ces panneaux solaires et la transmet à un centre énergétique, qui est réellement le coeur et le pivot du système en entier. Juste derrière ce centre d'énergie se trouve un puits de stockage saisonnier de l'énergie thermique.
Durant les mois d'été, l'énergie solaire est accumulée grâce à ces panneaux solaires, qui comportent un mélange d'eau glycolée. L'énergie solaire se rend jusqu'au système de chauffage central, chauffe l'eau de ces larges réservoirs, puis emmagasine l'énergie dans le puits de stockage.
Au cours de l'hiver, les panneaux solaires continuent d'accumuler de l'énergie, qui se rend jusqu'au centre énergétique. Cette charge énergétique est complétée par l'énergie emmagasinée dans le puits de stockage. Elle fournit de la chaleur permettant de chauffer l'eau, et cet approvisionnement en eau passe par les maisons. On s'en sert pour chauffer les résidences en recourant à un appareil de traitement d'air, qui remplace les fournaises traditionnelles.
À la page suivante, vous pouvez voir que pendant l'hiver, les capteurs solaires généreront environ 50 p. 100 des besoins énergétiques des maisons où ils sont installés. Quarante pour cent proviendra du stockage en puits de l'énergie thermique, et 10 p. 100, de chaudières au gaz naturel qui se trouvent dans l'installation énergétique centrale à des fins de chauffage d'appoint.
La page suivante montre la réduction des émissions de GES que ce système permet de réaliser par rapport à un système traditionnel de chauffage au gaz naturel. Chaque maison réduit ses émissions de GES de 5,5 tonnes par année, et pour toute la communauté, cela représente donc 286 tonnes annuellement.
Étant donné qu'il s'agit d'un projet pilote, on a fait face à d'importants défis, à commencer par le coût en capital initial nécessaire à la construction de ce système. Ce coût s'élevait à 7,1 millions de dollars, ce qui équivaut à plus de 136 000 $ par maison. Sans un financement gouvernemental important, ce projet n'aurait pas été possible. Il est difficile de convaincre le secteur privé d'investir dans un projet à risque élevé comme celui de Drake Landing, à moins que des incitatifs financiers soient mis en place aux paliers fédéral et provinciaux.
Une autre difficulté est la coordination entre les promoteurs, les constructeurs, les planificateurs municipaux et les divers ordres de gouvernement pour la réalisation de ce système. De plus, on fait face au scepticisme des consommateurs. Ils ne savent pas grand-chose de ces types de systèmes. Ils en ignorent les coûts, le fonctionnement, l'entretien, la fiabilité et la longévité. Il aurait été impossible également que les gens investissent et paient 136 000 $ de plus.
L'emplacement constitue également un défi. Okotoks a été retenue pour ce projet parce qu'elle est située dans une région du Canada qui compte parmi celles recevant le plus d'heures d'ensoleillement par année. Le total d'heures est équivalent à celui de Miami. De plus, la municipalité d'Okotoks a élaboré le programme des collectivités durables du même nom, qui exige qu'on applique des principes de durabilité à l'ensemble des activités et services de la ville.
Il s'agit d'un projet de recherche et développement, qui suppose des inconnues. C'est la première fois qu'on applique ce concept à des maisons unifamiliales. En Europe, on a réalisé de tels projets dans des lotissements semblables, mais il s'agissait de résidences multifamiliales. L'objectif est de 90 p. 100 pour ce qui est des services assurés par l'énergie solaire.
Du point de vue de l'exploitation et de l'entretien, il y a également eu des défis. Notre personnel local a dû être formé, en plus de devoir acquérir une expertise relativement à nos activités. C'est une difficulté sur laquelle nous avons dû travailler.
Il nous a également fallu comprendre quel entretien serait nécessaire pour le système. Pour ce projet, on a utilisé des matériaux uniques. Par exemple, la conduite dans laquelle coule cette eau est un tuyau isolé en acier. Si quelque chose devait arriver et que quelqu'un y fasse un trou, comme cela s'est déjà produit une fois, on devra faire venir de l'Ontario, par avion, du matériel de réparation. Nous devons constituer une expertise locale pour rendre ce projet durable à long terme.
La prochaine page de notre présentation vous montre qu'à notre avis, le rôle d'un service de distribution de gaz est très important pour ces projets. Nous assurons ce service depuis longtemps. Nous offrons des services d'approvisionnement énergétique depuis presque 100 ans en Alberta, et nous en sommes arrivés là en faisant de la fiabilité et de la sécurité la pierre angulaire de nos activités.
Nous nous soucions également de l'environnement relativement à l'apport de nouvelles initiatives. À titre d'exemple, ATCO Gas a récemment ouvert un centre opérationnel à Viking, en Alberta, où nous utilisons des technologies géothermiques pour le chauffage de notre nouvel édifice. Nous voulons en apprendre sur ces technologies, et nous avons à coeur de réduire notre bilan de carbone.
Nous croyons que les services de distribution de gaz sont des véhicules adéquats pour fournir des sources d'énergie de rechange, en raison de notre long parcours sur le plan de la prestation de services fiables et sécuritaires aux Canadiens. Par ailleurs, le mode de prestation de ce service public apportera de la crédibilité à ces projets de sources d'énergie de remplacement.
Enfin, il y a le rôle du gouvernement fédéral. C'est avec un soutien de celui-ci que nous pourrons reproduire ces systèmes dans d'autres collectivités du Canada. Le secteur privé souhaite participer au marché des énergies de rechange; cependant, les risques et les coûts liés à ces technologies demeurent trop grands. Si le gouvernement fédéral souhaite encourager un tel développement, il devrait envisager de jouer un rôle de premier plan pour la mise au point de ces nouvelles technologies et ce, au moyen d'une approche en deux volets.
Le premier est le financement: le fédéral doit investir dans ces nouvelles technologies vertes afin de faire avancer la connaissance, de réduire les coûts et, ultimement, de créer une nouvelle industrie autosuffisante. Le deuxième consiste à ajuster les critères de financement des programmes gouvernementaux pour encourager l'intégration. Du point de vue des politiques, le gouvernement fédéral peut, d'une part, introduire des politiques fiscales favorables comme la déduction pour amortissement accéléré applicable aux systèmes intégrés, lesquels requièrent des coûts d'immobilisations initiaux élevés. D'autre part, il peut élaborer des codes du bâtiment et de l'énergie qui tiennent compte de la pleine efficacité des carburants et encouragent leur polyvalence.
Je peux vous dire qu'à la fin de la deuxième saison d'emmagasinage de l'énergie solaire, soit à la fin de juillet 2008, les maisons du projet de la communauté solaire Drake Landing recevaient 55 p. 100 du total de leurs besoins annuels de chauffage en énergie solaire. Comme nous n'en sommes qu'à la deuxième année d'emmagasinage de l'énergie, nous croyons être en avance sur l'échéancier.
Nous sommes très fiers de ce projet et nous croyons en son avenir au Canada.
Merci.
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Je vous remercie beaucoup de m'avoir invité pour vous donner un bref aperçu de Dockside Green, un projet de réaménagement urbain durable lancé il y a quatre ans à Victoria, en Colombie-Britannique. Je suis accompagné du fondateur et associé directeur de l'entreprise, Jonathan Westeinde.
J'ai apporté quelques documents pour vous donner un aperçu de l'entreprise et de nos autres projets. Je ne vais pas nécessairement les suivre, puisque j'ai déjà préparé des notes, mais cela va vous donner un point de repère visuel pour suivre mes propos.
Les projets fournissent un contexte utile, puisqu'ils représentent la courbe d'apprentissage de notre jeune entreprise ambitieuse, qui cherche à améliorer les normes en matière d'aménagement urbain au Canada. Pour commencer, notre entreprise se fonde sur les trois volets du développement durable, c'est-à-dire les personnes, la planète et les profits. C'est un aspect important de notre philosophie d'entreprise, et cela fait partie de notre vision de la promotion immobilière et du réaménagement urbain pour les prochaines décennies. Les diapositives vous donnent des exemples d'immeubles que nous avons récemment terminés. Nous avons comme objectif, entre autres, d'être le premier promoteur à proposer les immeubles certifiés écologiques les mieux cotés dans chaque marché, tout en y intégrant des technologies vertes d'avant-garde.
À Ottawa, par exemple, notre but était de présenter le nouveau modèle d'immeuble écologique, ce qui a conduit à une certification LEED platine ou or. Dans ce cas-ci, la technologie verte que nous avons mise en place est un mur solaire à plusieurs niveaux sur la façade sud — visible de la rue — qui emmagasine la chaleur du soleil et réduit les besoins de chauffage au gaz naturel en hiver. Nous avons également créé et consortialisé un instrument de prêts verts qui nous a permis de financer les coûts d'investissement supplémentaires de l'efficacité énergétique en tirant profit des économies réalisées à long terme sur les coûts d'exploitation. Aujourd'hui, le même modèle est utilisé par des promoteurs importants dans les principaux marchés, en particulier à Toronto et à Montréal.
À Calgary, nous avons mis en oeuvre le premier projet de condominiums à usage mixte certifié LEED platine. Des chaudières ultramodernes, un contrôle d'éclairage, la pénétration de lumière naturelle et l'énergie solaire passive ont réduit la consommation d'énergie de l'immeuble de plus de 45 p. 100. Il convient de signaler que nos immeubles de Calgary sont situés dans une zone de réaménagement formée selon un plan directeur de la ville et dans laquelle les infrastructures sont conventionnelles, comme dans tout autre quartier. En gros, tout ce que nous avons eu à faire en tant que promoteurs, c'est de nous brancher et de construire nos immeubles. Cette formule est un peu comme un carcan pour ceux d'entre nous qui veulent vraiment innover et considérer le développement durable plus globalement. Puisque nous avions la volonté de faire davantage, la ville a probablement raté là une occasion intéressante sur le plan des systèmes énergétiques intégrés. Mais heureusement, la Ville de Victoria nous a donné la latitude dont nous avions besoin pour être plus inventifs.
J'ai inclus ces exemples pour illustrer l'évolution de notre pensée, mais également pour fournir un contexte approprié à la discussion sur les systèmes énergétiques intégrés, à savoir que les immeubles écologiques sont un élément essentiel de tout système énergétique. Cet argument a été avancé très efficacement par les intervenants précédents. Les immeubles sont les principaux utilisateurs finaux au sein des réseaux énergétiques. Comprendre, gérer et réduire leurs charges va rapporter les plus importants dividendes en ce qui concerne les investissements dans les systèmes énergétiques.
En effet, l'efficacité énergétique de l'exploitation diminue les besoins d'investissement dans une nouvelle capacité. C'est vrai autant pour l'échelle communautaire que pour le réseau. C'est d'autant plus pertinent que différentes zones du pays commencent à investir dans les technologies propres et les énergies renouvelables plus coûteuses. C'est aussi la façon même dont nous envisageons le projet Dockside Green.
Des renseignements sur le projet vous sont fournis aux pages 5 à 9 du document. Pour vous faire un bref résumé du développement, Windmill et notre partenaire, Vancity Enterprises, ont acquis la zone désaffectée de 15 acres située près du rivage de l'arrière-port de Victoria en 2004, à la suite d'une offre acceptée dans une adjudication publique gérée par la ville. Le processus d'appel d'offres lui-même a contribué à la viabilité du projet parce qu'il était fondé sur les trois volets du développement durable, ce qui a permis à une firme comme la nôtre de concurrencer d'importants promoteurs locaux.
Nous prévoyons aménager environ un million de pieds carrés de nouvelles constructions résidentielles, commerciales et industrielles légères, de même que des magasins et des structures d'accueil au cours des 10 prochaines années, de grands ensembles à usage mixte semblables à Southeast False Creek, mais à plus petite échelle.
Jusqu'ici, nous avons achevé la construction des deux premiers immeubles et habitations. Durant le processus d'appel d'offres et nos discussions avec la ville, nous avons pris auprès de la ville de Victoria trois engagements importants concernant le projet Dockside Green.
Premièrement, nous nous sommes engagés à ce que chaque immeuble reçoive la certification LEED platine du Conseil du bâtiment durable du Canada, sans quoi le promoteur devra payer une forte amende. Nous avons accepté de payer une amende pour cela. Jusqu'ici, les premières phases du projet ont obtenu la plus haute certification LEED de tous les immeubles dans le monde.
Deuxièmement, Dockside Green sera la première communauté à Victoria à traiter ses eaux d'égout entièrement sur place. Jusqu'à maintenant, nous avons installé un bioréacteur à membrane afin de récupérer toutes les eaux usées et de les réutiliser pour les toilettes et les systèmes d'irrigation.
En lien avec les discussions d'aujourd'hui, notre troisième engagement consiste à raccorder chaque immeuble à un système centralisé de chauffage à la biomasse ne produisant pas d'émissions nettes de gaz à effet de serre. C'est l'élément qui revêt un intérêt particulier pour le comité dans son étude sur la qualité des systèmes énergétiques urbains.
Notre équipe a envisagé un certain nombre de stratégies, y compris la production combinée électricité-chaleur, la combustion directe de copeaux de bois et l'énergie géothermique. Compte tenu de l'emplacement de la centrale d'énergie au milieu d'un quartier urbain à forte densité, les émissions étaient une source de préoccupations. Même si nous savions qu'il existait des technologies modernes d'épuration qui auraient pu être efficaces, elles étaient très coûteuses, et nous ne voulions pas de problème d'image.
Finalement, nous avons choisi une technologie de gazéification de la biomasse fabriquée par Nexterra, une jeune entreprise de Vancouver. L'avantage de l'équipement, c'est qu'au lieu de brûler le bois, il le gazéifie d'abord, ce qui permet d'éliminer les émissions de particules, problème courant posé par la plupart des projets de combustion. Nous avons aussi un échangeur thermique d'eaux usées qui fait partie du programme global, mais c'est un élément secondaire, et je vais mettre l'accent principalement sur le système de biomasse.
De plus, le fait de savoir que vous allez investir dans une installation centrale d'énergie est une puissante source de motivation pour adopter une approche globale en ce qui a trait à l'ensemble du système énergétique et pour découvrir le plus d'occasions possible de limiter les coûts. Nous savions qu'il fallait éviter de prévoir une puissance excédentaire de production d'eau chaude. C'est l'une des principales raisons pour laquelle tous les immeubles de Dockside Green sont conçus pour être de 45 à 50 p. 100 plus efficaces que ne l'exige le code.
En même temps, nous sommes déterminés à optimiser la production de la puissance installée. Pour ce faire, Dockside a conclu une entente avec un hôtel et un centre de conférence du voisinage pour leur vendre de l'eau chaude au même coût que le gaz naturel qu'ils auraient dû acheter pour alimenter leurs chaudières. Cela signifie que durant la journée, lorsque l'utilisation résidentielle sur place est faible, il y a à l'extérieur des clients à qui on peut en exporter. De plus, l'exportation d'eau chaude neutre en carbone pour remplacer les combustibles fossiles a une incidence importante sur notre bilan global du carbone et permet à Dockside de respecter ses engagements de ne pas produire d'émissions nettes de gaz à effet de serre.
Il est également important de regarder au-delà des phases de conception et de construction pour prévoir la façon dont l'immeuble et les infrastructures vont réagir à moyen ou à long terme. Afin d'encourager encore plus les gens à utiliser l'énergie de façon judicieuse, chaque unité résidentielle de Dockside est munie d'un système de contrôle de l'énergie et de l'eau sur le Web. Chaque résidant peut surveiller sa consommation énergétique et même la comparer à celle de ses voisins. Grâce à notre travail de sensibilisation, nous croyons pouvoir influer encore plus sur la consommation d'énergie par le déplacement de la charge et la conservation.
En matière de systèmes énergétiques intelligents pour les communautés, nous croyons qu'il est peut-être mieux qu'ils soient petits; toutefois, il y a de grands obstacles à surmonter. Les services publics en place bénéficient d'économies d'échelle et d'une influence énorme pour faciliter des solutions réparties de microservices publics. Par conséquent, les services publics sont des partenaires essentiels.
B.C. Hydro est un instrument important du succès de Dockside Green. L'entreprise reconnaît que la décision de ne pas utiliser l'électricité pour chauffer les résidences de Dockside Green comporte des avantages économiques chiffrables en amont. Elle voit avec raison l'aménagement comme un million de pieds carrés de nouvelles surfaces de plancher pour lesquels elle n'aura pas besoin d'investir davantage pour accroître la capacité de répondre à la demande en électricité de pointe, l'hiver, une capacité qui ne serait utilisée que quelques semaines par année.
En outre, la province s'est déjà engagée à ne pas utiliser de nouveaux combustibles fossiles; le projet Dockside Green aide donc de deux façons: a) il contribue à éviter les pointes de consommation et b) il n'a aucun impact différentiel sur le budget du carbone de la province. B.C. Hydro a transformé cette logique en mesures incitatives qui aident à soutenir le modèle de gestion de la centrale d'énergie. Ces mesures incitatives sont calculées selon le coût éludé par la province et le service public.
Le mode de construction par phases est un autre défi majeur, surtout en période de ralentissement économique, ce qui oblige à reporter certaines échéances. Le système de chauffage a déjà été installé, mais la société d'énergie de Dockside Green ne touchera pas tous les revenus tant que la construction n'aura pas pris fin. Heureusement, le gouvernement fédéral a accordé une subvention et un prêt dans le cadre du programme de mesures d'action précoce en matière de technologie. Cette aide financière a permis d'encourager les autres investisseurs à contribuer au financement du système en diminuant le risque de capital bloqué dès le début du projet.
La raison pour laquelle le projet bénéficie du soutien de l'État, c'est que le système procure des avantages importants sur le plan de la démonstration des technologies et des gaz à effet de serre, mais que c'est le domaine public, plutôt que l'entreprise privée, qui en profite. En offrant un appui financier, le gouvernement s'est assuré que les investisseurs du secteur privé n'auraient pas à supporter injustement les coûts de l'innovation.
En conclusion, nous croyons que les immeubles verts constituent un élément essentiel des systèmes énergétiques urbains intelligents et du tissu économique et social des villes canadiennes. Toutefois, les solutions de conception intégrée ne peuvent pas rester à l'extérieur des murs d'un immeuble. Il faut savoir comment ces immeubles se comportent avec le temps et comment ils influent sur l'infrastructure à laquelle ils sont raccordés. Nous devons prendre des décisions responsables et globales pour la planification et les investissements touchant les systèmes de production et de distribution d'énergie supplémentaire, et il nous faut une collaboration entre les secteurs et les compétences. Étant donné le nombre d'intervenants qui contribuent au succès du projet Dockside, je crois qu'il s'agit d'un exemple d'aménagement urbain dont nous pouvons tous être fiers.
Merci.
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La codification, qu'elle soit municipale, provinciale ou, même, fédérale est vraiment importante, mais ce n'est pas la première étape, qui est le leadership. Nous pouvons investir davantage dans nos propres installations car nous pouvons récupérer ces coûts. C'est en fait un bon investissement de l'argent du contribuable, car vous savez que vous aurez l'hôtel de ville, le Parlement ou tout autre édifice pendant longtemps.
Le leadership a un rôle à jouer, mais en ce qui concerne la codification, il faut que l'industrie puisse déterminer ce qui est possible. Les architectes peuvent-ils concevoir le tout? Est-ce approuvé par l'ACNOR? L'étanchéité est-elle suffisante? C'est ce qu'il faut établir avant de codifier, et il existe des outils pour ce faire. Le code est vraiment important. C'est pour qu'il y ait une uniformisation.
Le problème de Vancouver, c'est sa taille relativement petite. Nous nous trouvons dans une grande zone métropolitaine, mais la ville compte moins de 600 000 habitants. En fait, nous sommes en faveur du code provincial du bâtiment. Dans notre code, nous faisons référence à d'autres codes, dont les exigences ne correspondent pas à nos objectifs.
On fait souvent référence aux normes ASHRAE, qui comportent de graves lacunes. La norme 90.1 porte sur le chauffage, la climatisation et la réfrigération. Elle n'est pas très valable. Je sais qu'une mise à jour a été entreprise. Cependant, notre code modèle national de l'énergie pour les bâtiments est tout à fait dépassé.
Quant à votre question sur le prix du carbone, je répondrais que l'initiative prise en ce sens en Colombie-Britannique nous oblige à changer la façon dont nous construisons nos installations municipales. Je pense qu'il y a d'autres exemples. L'arrondissement de Merton, à l'extérieur de Londres, s'est doté d'une règle qui porte son nom, la règle Merton. À titre d'innovation, le code du bâtiment de ce comté a établi des exigences minimales en matière d'énergie renouvelable. En raison des prix élevés, tous ont été forcés de réduire leurs besoins en énergie. On ne voulait pas être tenu de construire un énorme système de panneaux solaires. Par conséquent, les constructeurs ont dû faire preuve de beaucoup d'innovation pour réduire...
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De notre point de vue, le gouvernement fédéral peut jouer un rôle clé sur plusieurs plans.
Tout d'abord, nous avons brièvement parlé de la faisabilité, de la planification et du repérage des possibilités. Nous avons du pain sur la planche, et les possibilités ne manquent pas. Nous comptons un grand nombre de nouveaux partenaires novateurs du secteur privé qui veulent s'engager, mais si la ville n'a pas de plan cohérent, vous ne profiterez pas des effets positifs. C'est un aspect qui, selon moi, pourrait accélérer la mise en oeuvre partout au pays.
Deuxièmement, il y a bien entendu le financement pour l'infrastructure et la technologie. C'est essentiel. Comme nos collègues de la municipalité de Guelph l'ont mentionné, ce sont des initiatives intégrées, et le cloisonnement d'un petit projet ou d'une portion d'un projet après l'autre n'est pas très utile pour mettre en oeuvre ces initiatives de manière systématique dans toute une municipalité ou une ville. Une stratégie intégrée pour nous permettre de faire avancer ces projets intégrés serait d'une grande utilité pour un plan d'investissement de l'infrastructure.
Pour ce qui est de créer les réseaux, M. Pander a notamment parlé d'installer les conduites souterraines et d'assurer un service public de district, par exemple, pour attirer de nombreux autres clients, que ce soient de nouveaux clients pour de nouveaux projets d'aménagement ou des clients pour des projets de rénovation dans des immeubles existants. C'est un énorme investissement dans l'infrastructure. C'est là où vont la plupart de nos dépenses.
Ce serait utile. Il faut beaucoup plus de temps avant d'obtenir un rendement sur ce type d'investissements. C'est là où se trouvent certains des risques importants.
Enfin, il faut des terrains pour aménager un service public de quartier. Ils sont parfois difficiles à trouver dans les centres urbains. Les administrations municipales ont des terrains. Nous en offrons pour certains de ces projets. C'est l'un des éléments que nous pouvons offrir. Le gouvernement fédéral possède beaucoup de terres. Il s'agit d'une contribution en nature à laquelle vous n'avez peut-être pas songé. Peu importe les installations que vous aménagez, la modélisation des rôles et l'établissement de partenariats vous permettront de tester une partie de cette technologie. À mon avis, les municipalités qui disposent d'installations fédérales seraient intéressées de travailler avec vous sur ce plan également.
De plus, je pense que les recherches et les sciences en évolution sont d'une importance capitale au chapitre de l'investissement.